Par Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous
publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas
nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et
de faire progresser la pensée
centriste.           
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen,
défenseur d’une mondialisation humaniste.
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Vladimir Poutine
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Il fut un temps, fort lointain aujourd’hui, où un obscur
fonctionnaire des services de surveillance – le successeur de Boris Eltsine,
obligé de laisser le pouvoir avant terme suite à ses problèmes d’alcool et de
corruption – fut considéré comme celui qui pourrait assoir la jeune démocratie
russe sur des bases un peu plus solide même s’il demeurait largement une énigme
et que son passage au KGB avait de quoi inquiéter pour son engagement en faveur
des libertés et de la transparence...
 
Mais ses années post-URSS, notamment celles auprès du maire
de Saint-Pétersbourg, semblaient lui donner crédit d’une volonté de mettre en
place un Etat de droit basé sur les valeurs de la démocratie libérale.
Rapidement on déchanta sur la capacité et surtout la volonté
de ce Vladimir Poutine de moderniser le pays et d’en faire une terre de
progressisme.
Sa vision centralisatrice, son obsession d’une Russie
puissance militaire, ses accointances avec les milieux les plus corrompus et
son désir d’en tirer partie personnellement pour devenir désormais l’homme le
plus riche du pays, montrèrent, au contraire, qu’il avait toutes les tendances
requises pour devenir un dirigeant autocrate.
Pour y parvenir, il fit la chasse à l’intérieur à tous ses
opposants et à l’extérieur montra toute l’agressivité possible même si sa
réelle puissance n’existe que parce qu’il possède un arsenal nucléaire alors
même que l’héritière de l’armée rouge est en déliquescence, faute de réels
moyens.
Et il prétexta que tous ses compatriotes qui n’étaient pas
d’accord avec lui étaient des ennemis de l’intérieur et que le monde occidental
fourbissait un complot pour abattre définitivement la Russie et la reléguer au
rang de vassal de deuxième rang.
 Ce qui lui permit de
justifier ses alliances avec tous les régimes les plus exécrables du monde que
ce soit ceux de Chine, de Syrie, de Corée du Nord, de Turquie, d’Iran, de
Biélorussie, du Venezuela, etc.
Mais son incapacité à développer l’économie du pays (la
seule richesse russe demeure ses matières premières pillées allègrement par ses
amis oligarques qui se remplissent les poches) ainsi que de créer une vraie
classe moyenne capable de paver le chemin vers un modernisme ainsi que ses
courtes vues sur les enjeux sociaux et sociétaux auxquels la Russie est
confrontée, font de celle-ci une nation plus proche du Brésil que de la Chine si
l’on veut encore utiliser la terminologie de pays émergents et des BRICS (club
regroupant le Brésil, la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud).
La situation dans laquelle est la Russie aujourd’hui est
entièrement de sa faute si l’on considère qu’il n’a jamais cherché à la relever
autrement que militairement du désastre du communisme tout en détournant des
milliards de dollars et en développant un pathétique culte de la personnalité
(ses divers portraits torses nus valorisant le mâle slave dans toute sa
splendeur agressive).
Pour éviter le fiasco et son renvoi, voire son incarcération
pour les multiples fautes qu’il a commises, il a décidé de durcir de plus en
plus son régime qui n’est plus désormais une autocratie mais un bien un
totalitarisme avec une sorte de dictateur à sa tête si l’on se rappelle que les
élections sont truquées depuis de nombreuses années, sans oublier que le
pouvoir empêche de se présenter tous les opposants comme aujourd’hui Navalny en
train de mourir dans un camp de concentration, legs du tristement célèbre
Goulag et que certains appellent d’un euphémisme indigne, colonie pénitentiaire...
Face à cette réalité, comment les démocraties républicaines
libérales doivent se comporter?
Avec la plus grande fermeté.
Parce que s’il faut parler et traiter avec le régime
poutinien en place à Moscou, il ne faut rien lui céder et ne rien laisser
passer.
N’oublions pas que celui-ci tente par tous les moyens d’interférer
dans les élections des pays démocratiques que ce soit en France, aux Etats-Unis
(où Trump lui devait son pouvoir), au Royaume Uni (où il a œuvré avec succès
pour le Brexit), en Allemagne.
Faire des compromis avec un tel ennemi n’est pas une erreur,
c’est une faute que les démocraties paieraient très cher comme nous l’apprend l’Histoire. 
Aris de Hesselin