En 2007, lorsque François Bayrou crée le Mouvement démocrate, plus connu aujourd’hui comme le MoDem, c’est pour capitaliser sur son bon score à l’élection présidentielle où il vient de terminer en troisième position avec plus de 18% des voix.
Pourquoi veut-il une nouvelle formation politique?
Deux raisons principales.
La première et la plus importante, c’est qu’il veut un outil entièrement dédié à son ambition élyséenne.
Il croit qu’il a un destin présidentiel depuis longtemps, destin que lui a prédit… François Mitterrand!
La deuxième est qu’il pense que l’UDF, dont il est le leader, est trop marquée au centre, voire au centre-droit.
Or, pour gagner une présidentielle, il doit ratisser le plus large possible.
Il pense que les centristes lui sont acquis et sa volonté est de s’ouvrir à la fois à la mouvance gaulliste et, surtout, au centre-gauche et à la social-démocratie.
D’ailleurs, à des militants UDF qui lui demandent alors comment il se définirait, il répond qu’il n’est pas centriste mais qu’il cherche encore une appellation qui serait plus en accord avec ce qu’est son positionnement politique.
Et le MoDem va être cet objet peu identifié au départ qui va être uniquement axé sur la présidentielle de 2012 et les suivantes.
Ces échéances électorales seront plus que décevantes pour Bayrou qui ne réussira jamais à réunir autant d’électeurs derrière son nom qu’en 2007.
En même temps, son parti est devenu une coquille vide où les élus se comptent quasiment sur les doigts d’une main, ayant sacrifié toutes les autres élections et n’ayant plus aucune alliance qui lui permettrait de gagner quelques sièges.
Cette situation deviendra critique en 2016, à l’orée de la présidentielle qui verra la victoire d’Emmanuel Macron le 7 mai 2017.
François Bayrou veut évidemment se présenter une nouvelle fois mais les sondages sont si bas que les membres du MoDem le découragent de se lancer dans une aventure qui détruira le parti et l’engagent à soutenir Macron ce qu’il fera du bout des lèvres après avoir été son principal pourfendeur…
En récompense, il aura des postes ministériels et un groupe à l’Assemblée nationale, un véritable sauvetage politique qu’il doit uniquement à Emmanuel Macron.
Et il réinstallera son parti au Centre en revendiquant qu’il est le seul centriste de l’échiquier politique…
Ce long rappel était nécessaire pour bien comprendre pourquoi aujourd’hui lorsque les dirigeants du MoDem comme Marc Fesneau ou Jean-Noël Barrot ruent dans les brancards en accusant Renaissance et plus particulièrement Gabriel Attal de ne penser qu’à la présidentielle de 2027, c’est l’hôpital qui se fout de la charité!
Sans doute que c’est en partie vraie mais c’est aussi le cas du MoDem!
Car François Bayrou n’a pas renoncé à son ambition présidentielle et se verrait bien candidat dans deux ans.
Mais il part de très loin et ses chances sont infimes sauf s’il montre qu’il est le seul vraiment du Centre alors que ses concurrents de l’axe central et de la coalition présidentielle, Edouard Philippe, Gérald Darmanin et surtout Gabriel Attal sont des hommes de droite ce que sont en train d’entreprendre ses lieutenants notamment en accusant ce dernier d’un virage qui flirte avec l’extrême-droite!
Une attaque sous la ceinture qui a fait les choux gras de tous les médias anti-Macron.
Oui, le MoDem a aussi les yeux fixés sur 2027 parce que c’est dans son ADN et parce qu’elle a besoin pour continuer à exister après le départ d’Emmanuel Macron de l’Elysée de représenter le «vrai» Centre dont les sympathisants sont sa base électorale.
C’est ainsi que l’on peut comprendre l’offensive contre Renaissance qui était jusqu’à maintenant à fleuret moucheté et qui a pris un tour plus agressif parce que Bayrou et Fesneau comme Attal savent compter et connaissent le nombre de jours avant le scrutin de 2027.
Jean-Louis Pommery
Alexandre Vatimbella
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.