Si l’on en croit le narratif de Trump lui-même, il a anéanti le programme nucléaire iranien, affaibli le régime des mollahs et imposer un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, de quoi, selon ses profonds espoirs, obtenir le prix Nobel de la paix comme Barack Obama en son temps.
Qu’en est-il?
D’abord, Trump décide de bombarder l’Iran alors même que les services de renseignements américains avaient conclu que ce pays n’était pas prêt à avoir la bombe nucléaire avant longtemps.
Trump ne les a pas écoutés parce qu’il avait «le sentiment» qu’il y avait matière à bombarder!
Il a donc décidé d’une éventuelle guerre uniquement par un ressenti…
Pas de quoi pavoiser.
Ensuite, Trump n’a été qu’un faire-valoir de Netanyahu qui, lui, à l’inverse des services de renseignements au service du Président des Etats-Unis, a réussi à le convaincre de bombarder l’Iran pour ses propres intérêts politiciens.
Toujours pas de quoi pavoiser.
De plus, le régime iranien est toujours en place, il n’a renié aucun de ses objectifs intérieurs et extérieurs et personne ne peut dire actuellement dans quel état est exactement son programme nucléaire.
Car, selon le New York Times citant un rapport classifié, si «l’attaque a scellé les entrées de deux installations nucléaires», en revanche elle «n’a pas fait s’effondrer les bâtiments souterrains» si bien que les proclamations de victoire de Trump et de ses mignons étaient «exagérés»...
Tout cela est bien loin de certains messages de Trump qui affirmait que ce régime était en fin de course et qu’il allait s’effondrer.
Quant au cessez-le-feu de Trump a imposé à Israël et l’Iran, il est bien trop tôt pour savoir s’il tiendra mais il a déjà été violé par les deux pays justes après que Trump se soit félicité de l’avoir imposé!
Ce qui a carrément enragé l’extrémiste populiste de la Maison blanche qui s’en est pris vertement à Netanyahu et qui a demandé aux Israéliens «de se calmer»!
Tout cela relativise beaucoup les autocongratulations de Trump et les félicitations de nombre de commentateurs dont les analyses manquent beaucoup de recul et de profondeur.
Et puis, victoire ou pas dans cette séquence, reste que les échecs de Trump sont légion depuis le début de son deuxième mandat.
En matière de politique étrangère, ils sont nettement plus importants que son «succès» au Moyen-Orient avec son incapacité à stopper l’agression de Poutine contre l’Ukraine et à faire le début du début d’une paix, ses très mauvaises relations avec les alliés historiques des Etats-Unis, son inaptitude à régler la crise de Gaza, l’absence d’une position vis-à-vis de la Chine, pourtant principale menace pour le monde libre et ainsi de suite.
Pour finir, si vraiment le programme nucléaire iranien a été détruit, il faut évidemment s’en féliciter, de même que si le régime des mollahs a été réellement affaibli.
Mais attendons pour en être sûrs.
[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.