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lundi 5 mai 2025

Propos centristes. France – Production trop faible et dette écrasante / Proportionnelle / Attirer les chercheurs en Europe / Nouveau modèle pour le service national…


Voici une sélection, ce 5 mai 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Discours lors de l'événement Choose Europe for science] Je suis très heureux de, si je puis dire, revenir à la Sorbonne. Plusieurs fois ici, nous avons parlé ensemble d'Europe et de cette Europe de la liberté, de la prospérité, de l'humanisme, du savoir. Et au fond, je voudrais commencer par là.
C'est véritablement ce qui est en jeu aujourd'hui. (…) Personne n'aurait pu imaginer, il y a quelques années, qu'une des plus grandes démocraties du monde allait supprimer des programmes de recherche sous prétexte qu'il y avait le mot «diversité» dans ce programme. Personne ne pouvait penser qu'une des plus grandes démocraties du monde allait biffer d'un trait la capacité à avoir des visas de tel ou tel chercheur, parfois de ceux qui avaient contribué à sa propre sécurité numérique. Personne ne pouvait penser que cette très grande démocratie du monde, dont le modèle économique repose si fortement sur la science libre, sur l'innovation et sur sa capacité, d'ailleurs, durant les trois décennies passées, à avoir innové davantage que les Européens et à avoir diffusé plus cette innovation, qu'ils allaient faire une telle erreur. Mais nous en sommes là.
Et en commençant par les enjeux, il faut mesurer que nous sommes à un moment de rupture très profond où l'impensable est au cœur de notre actualité. Au fond, c'est comme si depuis la pandémie du Covid19, nous vivions constamment dans des temps où les impensables se succédaient ; rupture géopolitique, rupture économique, rupture des repères politiques, mais c'est le monde auquel nous sommes livrés. Alors, quand je disais que ce qui est évidemment en jeu, c'est le cœur de ce que nous sommes, je le dis dans ce lieu, et j'ai eu l'occasion de le dire, d'ailleurs, il y a quelques semaines à l'université du Caire, c'est encore plus vrai pour l'Europe.
Parcourir l'Europe — et vous avez fait référence à Bologne, les lieux les plus anciens, les institutions les plus anciennes qui nous tiennent, sont nos universités. Et l'Europe de la Renaissance, puis celle des Lumières, s'est construite par cette volonté de comprendre le monde, d'avoir une science libre, de pouvoir former les meilleurs esprits et de pouvoir comprendre le monde à la mesure de l'homme, au sens générique du terme. Et tout ce qui nous lie repose sur cette capacité de former des individus libres et rationnels, et libres parce que rationnels, parce qu'ayant accès justement à cette science libre, ouverte à la possibilité de débattre, mais à partir de faits, des vérités à un moment scientifiquement établies, puis ensuite qui seront peut-être désavouées par d'autres chercheurs, jugés à chaque fois par leurs pairs. C'est tout ce qui nous lie et ce qui nous tient. C'est ce qui a conçu nos modèles, et c'est ce qui tient notre rapport à la connaissance, mais aussi notre rapport à la démocratie et notre rapport à l'efficacité économique et la compétitivité.
Sans science libre, nous perdons ces trois piliers de nos sociétés, ce qui fait le cœur même des démocraties libérales occidentales. Et d'abord, ce rapport, en effet, à la vérité. Si on considère que la vérité est révélée, si on considère qu'il y a des recherches interdites, si on considère qu'il y a du bien et du mal dans la recherche et qu'on peut décider de ces financements ou les interdire, alors on perd cette capacité de « ne pas être d'accord ensemble », comme disait Voltaire. C'est-à-dire c'est la possibilité même de savoir et d'avoir une liberté d'opinion solidement établie. Rien de moins que cela. Et donc oui, chérissons la science libre ouverte qui est au cœur de nos sociétés et refusons un dictat qui consisterait à dire qu'un gouvernement, quel qu'il soit, puisse dire : il est interdit de chercher ceci ou cela, et qu'il serait interdit de chercher sur la santé des femmes, qu'il serait interdit de chercher sur les cyclones ou le climat, parce qu'à chaque fois, ce sont, là aussi, des vies qui sont mises en jeu, parce que là, à chaque fois aussi, ce sont les progrès de notre humanité qui sont remis en cause.
C'est un impératif moral et humain, mais c'est la base même de notre Europe, de nos sociétés. Et vous l'avez dit, Madame la Présidente, à l'instant, le « Stand-up for Science », qui a été poussé par beaucoup de chercheurs, et je vais, ici, leur dire toute notre gratitude, et relayé aujourd'hui par ce « Choose Europe for Science », qui a pour vocation d'accompagner cette initiative et au fond de permettre aux chercheuses, aux chercheurs du monde entier qui croient dans cette science libre, ouverte, pour toutes et pour tous, de rejoindre l'Europe et de pouvoir, y travailler, y chercher, y enseigner, eux et leurs familles, en toute liberté.
La deuxième chose, c'est qu'il n'y a pas de démocratie qui tienne longtemps s'il n'y a pas une science libre et ouverte. Comment débattre dans nos sociétés si le rapport au fait et à la vérité est remis en cause, soit par une espèce de relativisme absolu, de scepticisme complet, soit au fond, encore une fois, parce qu'il y aurait une vérité révélée, parce que le pouvoir politique d'un moment donné pourrait dire, ceci est vrai, ceci est faux ? La possibilité même de nos démocraties est de débattre, mais de débattre sur des faits qui sont, à un moment, solidement établis et où il y a une autorité scientifique, et beaucoup ici sont plus éminents que moi pour le dire, mais où il existe une autorité qui a une légitimité. Légitimité reconnue par les pairs, celle d'avoir plus étudié, lu plus de livres, d'être reconnu, d'avoir ainsi gravi les échelons d'un grand organisme de recherche, d'une université, d'avoir été habilité à diriger les travaux des autres et à pouvoir enseigner.
À côté de la liberté académique, il y a, en effet, une autorité du savoir, mais elle est essentielle pour nos démocraties parce qu'elle départit le vrai du faux, elle permet de dire ce qui est un fait, ce qui n'en est pas. Sinon, nous vivons, nous nous mettrions à vivre, peut-être y sommes-nous déjà, dans des démocraties liquides où démêler le vrai du faux devient impossible et qui est, au fond, le lit des complotismes. Du coup, des émotions, puisqu'il n'y a plus de relation véritable au réel ou aux faits. Et ce faisant, nous mettons en danger le cœur même de nos démocraties, de nos démocraties dans leurs racines, c'est-à-dire la possibilité d'avoir un débat public et des opinions publiques ainsi forgées.
Puis enfin, cette science libre est la condition de notre compétitivité. Vous l'avez rappelé dans vos propos, je sais que vous l'avez défendu ce matin. Et au fond, la meilleure démonstration de cela, c'est le modèle américain, qui a tant et tant fondé sa science libre, qui a eu un des modèles les plus efficaces au monde de transmission de la recherche fondamentale à la recherche appliquée, et qui, par ses spécialités sectorielles et ses capacités de financement, a diffusé massivement ces trente dernières années de la science et de la recherche dans son modèle économique. Ce qui, d'ailleurs, a fait que ce modèle a été plus efficace que le modèle européen durant les trois dernières décennies. Il a créé deux fois plus de recherches par tête et c'est ça que nous voulons rattraper, nous, Européens, ce en quoi nous croyons. Mais vous le voyez, au fond, cette autonomie stratégique à laquelle nous croyons n'est pas possible sans une science libre, ouverte, sans un investissement massif et durable dans la recherche fondamentale et évidemment dans la recherche appliquée, dans la capacité, ensuite, à la transmettre du public au privé.
Et c'est pourquoi il est si important dans nos sociétés, dans nos démocraties, de garder cette science libre et ouverte dans nos universités, nos organismes de recherche, de permettre à celles et ceux qui sont menacés de rejoindre notre Europe comme, en quelque sorte, un port d'attache nouveau. Et l'exemple de Marie Curie est admirable à cet égard. Mais il y a beaucoup de Marie Curie à venir, j'espère, dans cet amphithéâtre, à coup sûr dans nos laboratoires et dans les laboratoires du monde entier. Et je veux ici dire ma reconnaissance à toutes celles et ceux qui ont, ces dernières années, cherché sans relâche pour améliorer notre compréhension des grands fonds marins, des dérèglements climatiques, des cyclones à venir, qui ont cherché sans relâche pour avoir une approche libre, ouverte, indépendante de la compréhension des algorithmes, de l'indépendance de nos sociétés face à ces modèles qui se sont aussi privatisés et qui, en quelque sorte, considèrent que, oui, nous avons besoin d'avoir cette science libre et ouverte parce qu'elle est un trésor de l'humanité, ce qui nous permet d'avoir simplement un ordre mondial qui ne soit pas la propriété de quelques-uns, mais qui soit offert à tous pour la liberté de chacune et de chacun.
C'est cela ce que nous défendons, c'est cela ce en quoi nous croyons, et c'est cela ce que nos pères fondateurs et mères fondatrices, même s'il y a moins de femmes autour de cet amphithéâtre, il y en aura, je l'espère, demain, quand on fera ainsi les grandes figures de la recherche et de la pensée européenne. Mais c'est ce pourquoi elles se battent, et c'est ce pourquoi nous devons continuer de nous battre. Alors, dans ce contexte, nous avons fait ensemble beaucoup ces dernières années.
Dès 2017, oserais-je rappeler que, face au scepticisme climatique, nous avions lancé un programme Make Our Planet Great Again. Je sais que ce matin, quelques-unes et quelques-uns l'ont évoqué, qui avait permis d'accueillir les meilleures chercheuses et chercheurs avec des conditions d'accueil dont je veux féliciter nos universités et organismes de recherche, et ce qui a permis de continuer certains programmes qui étaient menacés. Au nom de cet universalisme scientifique, jumeau de l'universalisme européen, en 2017, le programme PAUSE, sous l'impulsion du Collège de France, a été créé. Nous avons déjà engagé 33 millions d'euros pour accueillir près de 600 scientifiques. Et l'État continuera à soutenir cette ambition. À travers ce programme, comme à travers d'autres propositions, y compris législatives, visant à mieux protéger les réfugiés scientifiques et, avec eux, la liberté académique.
Être un refuge suppose aussi d'être attractif et compétitif. Beaucoup de choses ont été faites. Je pense aux chaires de professeurs juniors qui ont permis de recruter, sur 600 lauréats, 60 % de chercheurs étrangers ou exerçants à l'international, ce qui est six fois plus que ce qui est à court d'habitude dans nos recrutements. Alors, contrairement à ce que laissent entendre les esprits chagrins et malthusiens, il n'y a pas d'effet d'éviction, mais au contraire, une émulation, une complémentarité. Et toutes les chercheuses et chercheurs qui sont là dans cet amphithéâtre le savent. La science se nourrit, justement, de cette émulation, de confrontation, d'une capacité aussi à attirer les meilleurs talents qui permettront de former nos meilleurs talents et d'attirer les meilleurs talents chez nous.
Pour l'État, ce sont des moyens supplémentaires qui sont annoncés. Et je veux ici aussi clarifier beaucoup de choses que j'ai pu entendre, entre 2020 et 2025, grâce à la loi de programmation pour la recherche, qui est une première dans l'histoire de la nation, nous avons augmenté les budgets de plus de 6 milliards d'euros en cumulés. Et à l'horizon 2030, ce seront ainsi 25 milliards d'euros qui ont été ajoutés au budget de la recherche. En matière de rémunération, depuis 2020, les primes des enseignants-chercheurs et des chercheurs ont déjà plus que doublé et, en 2027, bénéficieront d'une revalorisation moyenne de 6 000 à 8 000 euros par an supplémentaires par rapport à 2020. Et l'Agence Nationale de la Recherche soutient plus et mieux les projets. En plus des budgets des ministères, France 2030 engage plus de 8 milliards d'euros à travers l'ensemble des actions menées en faveur de l'enseignement et de la recherche, dont 4 milliards d'euros investis dans de très nombreux dispositifs et programmes de recherche dans tous les secteurs : quantique, hydrogène, batterie, intelligence artificielle, maladie infectieuse, santé numérique, où nous continuons de réinvestir.
Ces moyens pluriannuels qui couplent revalorisation, «soutien bottom-up» comme on dit, et programme thématique sur nos priorités nous permettent de poser les bases de notre stratégie. Est-ce que, pour autant, c'est suffisant ? Non. Et je soutiens grandement le Gouvernement et les ministres qui veulent, ici, créer les conditions pour consolider cette trajectoire et avoir pour l'année prochaine et l'année suivante les marches qui conviennent et qui sont ainsi programmées. Le Gouvernement fera bientôt des propositions en ce sens, elles sont indispensables, car c'est grâce à ces efforts et aux moyens que nos organismes et universités renforcent que nos stratégies nationales, justement, se consolident. Et ces efforts se doublent aussi d'une transformation en profondeur de notre organisation de recherche, indispensable tout autant. Transformer nos organismes en agences de programme, consolider les 29 pôles universitaires, avoir su consolider aussi des sites qui, depuis trop longtemps, étaient divisés. Je pense à l'exemple de Saclay, ô combien illustratif. Aller plus loin aussi dans nos contrats d'objectifs, de moyens et de performances de nos universités qui, jusqu'alors, n'étaient qu'une infime part du budget de celles-ci et qui, pour les premières, dès l'année prochaine, couvrira 100 % justement de leur capacité de financement.
Nous avons besoin, en effet, d'une réforme en profondeur dans notre organisation, du système de recherche et d'enseignement supérieur, d'assumer celle-ci en même temps que nous continuons d'y investir et que nous continuons d'attirer les meilleurs. C'est un ensemble, il est cohérent et il doit être défendu comme tel. Alors, au-delà de ces efforts, sur la base de ce que vous venez d'annoncer, Madame la Présidente, et de ce que nous voulons faire au niveau national, nous allons continuer d'avancer, de bâtir notre avenir et d'investir dans l'excellence. D'abord, pour les chercheurs et enseignants-chercheurs. Face aux menaces que j'ai décrites, à cette appréhension internationale, l'Europe, oui, doit devenir un refuge. Et le programme de 500 millions que vous venez d'annoncer, les simplifications, les chaires supplémentaires, les dispositifs d'accueil sont des éléments extrêmement importants de cette attractivité européenne. Dans le contexte international que nous connaissons, un grand nombre d'établissements français, et je veux les en remercier, Aix-Marseille Université, le CNRS, Centrale Supélec, PSL, bien d'autres, ont lancé des programmes visant à faire venir les chercheurs sans attendre.
Notre Europe doit faire plus. C'est le programme que vous venez d'annoncer, «Choose Europe for Science» avec des actes, des financements, des principes. Et au fond, le message est simple, si vous aimez la liberté, venez nous aider à rester libres, à chercher ici, à nous aider à être meilleurs, à investir dans notre avenir. C'est aussi le sens de Choose France for Science, que nous avons lancé il y a quelques semaines, qui a suscité plus de 30 000 connexions, dont un tiers depuis les États-Unis, plusieurs centaines de dossiers ouverts. Et l'objectif est du doctorant au prix Nobel, en passant par les post-docs, les professeurs juniors, d'accueillir autant que de besoins et avec une seule exigence de qualité des candidats.
Des moyens supplémentaires seront mis en place, 100 millions d'euros que l'État apportera à travers France 2030. Et je remercie les équipes et le secrétaire général ici présent. Et je le dis avec force, un chercheur étranger ne remplacera pas un chercheur français ou un chercheur européen. C'est l'esprit même de la science de chercher cette coopération, cette émulation, cette conversation. C'est pourquoi ce sera un financement spécifique qui est ainsi déployé et annoncé aujourd'hui. Voilà aussi pourquoi c'est un appel au cofinancement de tous les dispositifs locaux par les entreprises, les fondations, tous ceux attachés à notre indépendance et à la liberté pour mettre en place ce mécanisme d'attractivité des chercheurs et des enseignants-chercheurs.
Ensuite, l'autre enjeu, ce sont les plateformes de collaboration et des données. Et ne le sous-estimons pas. Il y a l'accueil, en effet, des chercheurs en quête des libertés, mais il y a l'environnement, les collaborations, la mise à disposition des données nécessaires. Et au-delà des trajectoires individuelles, ce qui est remis en cause aujourd'hui, principalement compte tenu du rôle pivot des États-Unis pour la science mondiale, ce sont les grandes plateformes de recherche structurante à l'échelle planétaire, les bases de données essentielles en épidémiologie, en climatologie, qui risquent d'être arrêtées, rendues inaccessibles, voire dans certains cas, irrémédiablement perdues pour la science. Ce sujet n'est pas des moindres. Un monde sans rapport du GIEC, pour dire la vérité du changement climatique, ne serait pas le même. En effet, le GIEC, l'IPES sont aujourd'hui menacées ; je ne parle pas de NOAA ou d'autres, ou des bases de données du NIH et de plusieurs autres grandes structures.
La France et l'Europe ne peuvent pas laisser faire cela, c'est pourquoi il nous faut d'urgence mettre à l'abri ou recréer ces bases de données pour prendre le relais. Dans le cadre des programmes que nous sommes en train de bâtir, et c'est là où nous avons besoin de toutes et tous, il nous faut justement construire les financements et les coopérations pour récupérer et sécuriser ces bases de recherche, ces plateformes de collaboration, pour permettre à nos chercheurs et nos laboratoires, qui souvent y ont contribué en partageant leurs données et leurs recherches, mais qui en ont besoin pour la recherche future, puissent continuer ses travaux. Je souhaite que dans les prochains mois, nous puissions finaliser les initiatives essentielles pour préserver ces bases de recherche, leur financement au niveau européen.
Nous avons commencé dans ce sens et c'est exactement la philosophie que nous avons lancée en matière d'intelligence artificielle, chère Anne, avec le soutien de la Commission européenne et là aussi un financement public-privé pour créer ces communs du numérique en matière d'intelligence artificielle. En effet, ce Current AI, la fondation que nous avons mise en place, a exactement cet objectif et a commencé à sécuriser des bases de données, des plateformes coopératives pour, sur l'intelligence artificielle, ne pas dépendre de quelques acteurs privés et créer ces mécanismes de coopération, de recherche ouverte, de sécurisation des données au service de l'intérêt général.
En matière de climat, de connaissances de la planète, en matière de sciences du vivant, nous avons besoin de poursuivre ce travail, de consolider les plateformes et d'avancer. Réfléchissons collectivement à la lourde tâche d'archivage de certains savoirs spécifiques. Je pense aux travaux aussi de Software Heritage, qui, en France, archive l'ensemble des logiciels créés dans le monde, avec une initiative européenne à construire sur le sujet. Je souhaite, au-delà de la question de notre capacité, à attirer chercheurs, enseignants-chercheurs, que nous ayons aussi une capacité à préserver, consolider, attirer plateformes de collaboration et données au service de l'intérêt général.
Cet investissement massif dans notre recherche doit être aussi pensé en européens, et à travers nos programmes. Je l'ai dit, et c'était d'ailleurs au cœur du rapport de Mario Draghi que vous aviez commandé, Madame la présidente, il n'y a pas d'indépendance de notre Europe, pas d'autonomie stratégique sans une science libre et forte en Europe.
Choisir la science, c'est en quelque sorte, c'est même résolument aussi, refuser la vassalité. Et je le dis ici parce que je vois beaucoup, et nous avons toujours eu cette hésitation en Europe. Regardons les dernières années. Ici même, en 2017, j'ai plaidé pour une Europe plus souveraine en matière scientifique. Je vais être honnête avec vous, je n'ai pas toujours été totalement suivi. Nous avons parfois échoué parce que c'était tellement confortable d'être main dans la main avec les Américains. Il y avait une conviction forte de beaucoup d'Européens. Jamais on ne sera lâchés. Et puis, c'est comme si c'était nous. Ce n'est pas vrai. Le cloud, nous avons tenté, la France a beaucoup poussé, nous avons fait, je pense, une erreur très profonde de ne pas avoir un vrai cloud européen. Et d'ailleurs, nous devons nous réatteler à cette tâche. Nous ne pouvons pas dépendre de quelques entreprises américaines pour avoir un véritable cloud, parce qu'il en va aussi de l'intérêt général européen. C'est une nécessité. Et à chaque fois que nous avons des dépendances, nous créons une vassalité.
Nous avons eu raison de préserver l'accès libre et souverain des Européens à l'espace. Nous avons eu le tort de laisser une certaine partie de la couverture satellitaire à des acteurs privés. Nous l'avons encore vu avec les menaces faites en Ukraine il y a quelques semaines. Je vais le dire ici très clairement, il n'y a pas de vassalité heureuse. Il peut y avoir une vassalité inconsciente, quelques instants. Il peut y avoir un côté agréable à ne pas faire l'investissement qui suppose de redevenir indépendant. Mais à la fin, on finit toujours par le payer.
Le réveil stratégique que nous vivons depuis quelques mois ne doit pas être en quelque sorte vécu comme un simple mauvais moment à passer. C'est un réveil stratégique. Nous devons donc retrouver partout, dans tous les segments de la recherche et de notre industrie, cette autonomie stratégique qui est indispensable. Et je veux une Europe, pour ma part, où la capacité à chercher, comprendre, enseigner, innover, ne dépend ni de la Chine ni des États-Unis d'Amérique quand il s'agit des algorithmes qui rythment nos sociétés, qu'il s'agisse de l'accès à l'espace, de la compréhension de nos océans, de la compréhension du climat, des semi-conducteurs, etc.
Nous avons tout pour le faire. Simplement, parfois, il faut nous organiser. Simplement, parfois, il faut accepter de retrouver du financement et de la compétitivité européenne. À ce titre, il nous faut, pour ça, simplifier. On a commencé à le faire. On doit aller beaucoup plus loin. Ça fait partie de ces réformes indispensables pour le paysage français : simplifier la gestion des laboratoires, simplifier les partenariats entre laboratoire et secteur privé. C'est aussi ce que vous poursuivez au niveau européen. Allons-y vite et fort ! La deuxième, responsabiliser pour que chacun conduise une politique scientifique ambitieuse dans le cadre d'une discussion stratégique unique avec tous les partenaires. Puis la troisième, c'est de consolider cette volonté en européen.
Ce que vous avez rappelé, Madame la Présidente, est essentiel. Le programme Horizon sont un levier essentiel. ERC Synergy, c'est un trésor et beaucoup ici sont issus de ces programmes qui financent les meilleurs projets. Je pense que nous pouvons passer à plusieurs initiatives supplémentaires. Nous avons su faire en France ce qui a été un trésor inventé il y a une quinzaine d'années, les LABEX, initiative qui permet de soutenir les laboratoires d'excellence sur plusieurs années. Nous voulons la prolonger au niveau français. Nous devrions, plusieurs, ici, ont poussé pour cela, je veux les en remercier, nous devrions porter au niveau européen une capacité à financer des LABEX, c'est-à-dire pas simplement des projets, mais des équipes pendant plusieurs années au niveau européen avec des financements européens. C'est plus de simplicité, plus de visibilité, et ça repose sur un jugement et une évaluation des pairs. C'est comme ça que nous créerons plus de compétitivité pour nos recherches.
Nous devons aussi mieux définir nos ambitions programmatiques dans les domaines critiques. Et en même temps que nous finançons la recherche bottom-up, nous devons assumer, comme on l'a fait avec les PIIEC sur quelques grands projets, de se dire que nous avons peut-être une dizaine de chantiers du siècle sur lesquels il faut assumer d'investir massivement, de prioriser et de créer des synergies. En matière de santé, maladies infectieuses, vaccinologie, zoonose et transmission à l'homme, en matière spatiale, qu'il s'agisse d'accès à la Lune ou des missions d'observation, en matière de quantique, en matière d'intelligence artificielle, en matière d'économie circulaire qui est si importante pour la souveraineté de notre Europe, nous qui n'avons ni des énergies fossiles, ni les minerais et terres rares sur lesquelles nous recréons des dépendances pour faire notre transition écologique. L'économie circulaire est clé pour ça. En matière de vieillissement et de régénération, défi immense de nos sociétés, en matière de nucléaire, d'énergie, de fusion, en matière de climat, qu'il s'agisse de la compréhension de la Terre ou de la recherche sur nos océans, en matière d'électronique, et des puces les plus avancées, et, pour en citer un dixième, en matière d'esprit critique et de lutte contre la désinformation, qu'il s'agisse de la santé, du climat ou des sciences.
Je n'ai cité là que 10 chantiers du siècle. Je ne suis sans doute pas exclusif, mais je pense que ces 10 chantiers sont fondamentaux, sur lesquels il nous faut investir massivement en Européens. Dans ces 10 chantiers, il y a les défis de nos sociétés. Société, nous le savons, qui vieillit, une société qui est dépendante d'énergies fossiles et de matériaux et terres rares qu'elle ne produit pas, et une société qui peut créer des dépendances sur les transitions de demain, sur quelques-unes de ces ruptures technologiques, et une société qui veut préserver son esprit critique et sa liberté académique. Sur ces 10 grands secteurs, investissons massivement, lançons 10 grands programmes européens, et essayons aussi de bâtir des coopérations entre pays.
Nous allons commencer dans quelques jours à le faire avec nos partenaires allemands, mais ouvrons-le aussi à tous nos partenaires hors de l'Union européenne, nos voisins britanniques, qui veulent, ô combien, revenir avec nous, mais de l'Inde à d'autres grands pays. Engageons plus largement autour de l'Europe la capacité à penser ces thématiques.
Au-delà de ces programmes, après les chercheurs, les plateformes, les données, il y a la question des infrastructures et de l'innovation. Vous l'avez rappelé, Madame la présidente, nous avons parmi les plus belles infrastructures au monde, le CERN, le synchrotron, en effet, nos accélérateurs, nos réacteurs expérimentaux qui ont permis de magnifiques succès industriels. Il nous faut réinvestir dedans, et ne pas oublier que ces magnifiques instruments de recherche, là aussi, coopératives et ouvertes, où le monde entier est autour de la table, sont des trésors. Nous avons à bâtir des infrastructures de demain, en même temps que nous avons à réinvestir sur ces dernières.
Vous avez annoncé, il y a quelques semaines, à Paris, lors du Sommet sur l'intelligence artificielle, votre volonté de financer des supercalculateurs européens, ouverts pour la recherche publique. Ce sont des infrastructures indispensables. Nous avons besoin aussi de bâtir des infrastructures de stockage pour les sciences du système Terre, pour les activités d'observation in situ de l'océan, nous y reviendrons lors de l'UNOC, ou en biosanté sur le génome notamment. Qu'il s'agisse de la Terre, de son observation des océans, de leur compréhension, de la santé et du génome, là aussi, nous avons des infrastructures extrêmement coûteuses que nous avons à financer et sur lesquelles nous devons créer de la pérennité, de la stabilité.
Enfin, au-delà de ces infrastructures, il y a le système d'innovation et son efficacité. Au fond, ça repose sur des choses assez simples : les talents, le capital et la capacité à aller vite. Je crois que vous l'avez parfaitement résumé ce matin, et c'est ce que les grands chefs d'entreprise et chercheurs qui sont là savent parfaitement. Alors, continuons à accélérer sur l'European Initiative Council que vous avez lancée, Madame la Présidente. Assumons des programmes plus indépendants et plus risqués afin de mobiliser aussi d'autres façons de procéder.
Simplifions et accélérons la capacité à transmettre entre la recherche fondamentale, la recherche appliquée et les débouchés industriels. Là aussi, simplifions avec des contrats types de coopération entre industriel et laboratoire, parce que nos procédures, on le sait, sont trop longues, sont encore trop hétérogènes en Europe. Simplifions et accélérons toutes les procédures de transmission. Nous sommes encore beaucoup trop longs. Je pense aux essais cliniques et à d'autres. Regardons, on ne peut pas avoir six mois aux États-Unis et deux ans ou cinq ans en Europe. Ce n'est pas de l'argent, ça. C'est simplement de la simplification de la capacité à aller vite. Les meilleures équipes peuvent arriver sur la base de cette simplification et cette accélération.
Et puis, il nous faut investir, et ça, c'est de l'argent, public et privé, pour améliorer aussi certains segments de la recherche finalisée et leur capacité à se transférer en innovation et à accélérer. Le plan Deep Tech dans le cadre de France 2030 a permis la création de plus de 1 500 startups Deep Tech en cinq ans, doublant le rythme annuel de création qui atteint plus de 380 startups en 2024. Là aussi, je pense que nous devons et pouvons viser haut au niveau européen, avec des plans de financement de la Deep Tech et avec des plans aussi massifs de financement de la croissance de nos startups.
Nous avons, il y a deux ans, lancé ce ScaleUP Europe, qui avait pour vocation de, en quelque sorte, européaniser ce qui avait très bien fonctionné en France, avec notre capacité à amener beaucoup plus d'argent du secteur privé sur l'innovation et sur la création de startups, mais aussi la croissance de ces dernières. C'est une révolution que nous avons à gagner au niveau européen. Et pour ça, la base, c'est en effet de mobiliser notre épargne sur plus de financements en fonds propres et plus de financements risqués. C'est au cœur de l'urgence des prochains mois et de votre agenda, la titrisation, la mobilisation des fonds privés, le marché unique de l'épargne et du financement européen, ou Capital Market Union en bon français. En tout cas, sur chacun de ces leviers, c'est une Europe qui innove davantage et qui accélère le transfert de technologies qui s'impose.
Voilà, mesdames et messieurs, les quelques axes sur lesquels il me semble que nous devons nous engager, et nous voulons nous engager avec Madame la Présidente de la Commission européenne, messieurs mesdames les vice-présidentes et commissaires, mais également avec tous nos collègues en Europe, car cette aventure est européenne et nous engage tous.
Au fond, aujourd'hui, c'est un appel de la Sorbonne que nous voulons lancer au-delà de ces financements, de ces annonces, de ces priorités. Un appel de la Sorbonne qui s'adresse à tous les esprits libres qui veulent œuvrer pour la science et défendre notre modèle, qui veulent faire le choix d’un certain modèle de sociétés contre un autre, qui ont une certaine idée de la liberté, un modèle fort d'une vision de l'égalité entre les femmes et les hommes, fort aussi de la place du rôle de la science, fort de la fraternité entre les peuples pour trouver des réponses aux défis du siècle.
Nous croyons très profondément que notre Europe s'est faite de la renaissance aux Lumières par cette capacité à nous émanciper de tous les dogmes et à créer la seule liberté vraie, celle qui commence là où l'ignorance s’arrête, pour paraphraser Hugo. J'appelle toutes les chercheuses et les chercheurs du monde entier à rejoindre ce grand projet européen, à s'unir pour et avec l'Europe, parce que nous croyons très profondément, oui, que nos démocraties sont plus fortes et que ce sont elles qui ont le mieux lutté contre le Covid il y a quelques années, par les controverses, les débats ouverts, mais une science aussi qui avance à ciel ouvert en cherchant, en tâtonnant, en innovant, en créant, en se contredisant et en contredisant.
Nous ne croyons pas à un modèle de décision qui ne serait basé que sur le diktat de quelques-uns, ou les décisions basées sur une science révélée, ou les choix de l'une ou de l'autre. Rejoignez cette Europe qui croit en effet que les démocraties seront demain plus fortes pour éradiquer le cancer, pour permettre la transition climatique, pour mieux comprendre l'espace comme les grands fonds marins, et au fond, bâtir une connaissance au service du progrès humain.
Unissez-vous pour ce modèle de liberté, de savoir, de connaissance qui est cette espérance européenne. Ce modèle, c’est celui dans lequel nous croyons, et cet appel est un appel aux chercheuses et aux chercheurs du monde entier, mais un appel aussi à la jeunesse. Oui, j'appelle ici tous les jeunes à rejoindre et à s'engager pour la science, et en particulier un appel aux jeunes filles. Notre nation a besoin d'attirer tous les talents vers la science, et en particulier d'attirer davantage de jeunes filles et de jeunes femmes vers les filières scientifiques et techniques.
C'est un appel pour cette science libre, indépendante à laquelle nous croyons, pour la lucidité, la raison, pour ce continent qui a su former plus de 500 prix Nobel et qui continuera d'en former encore davantage. L'Europe continuera de bâtir son indépendance, sa solidité, sa force par le savoir, la recherche libre, ouverte, et par les jeunes d'aujourd'hui et de demain qui le rejoindront.
Cet appel de la Sorbonne aujourd'hui que nous lançons avec Madame la présidente et avec vous toutes et tous, c'est au fond l'affirmation profonde que nous croyons dans ce qui nous a fait. Le savoir, la liberté, la capacité à ce que les plus jeunes dans nos nations continuent de revenir parfois sur les dogmes dans lesquels nous croyons, soient constamment menés par le doute, réinterrogent les fondamentaux qui étaient les nôtres, mais le fassent de manière libre, dans un dialogue permanent avec leurs pairs dans le monde entier, et le fasse au service de cette vision que nous avons de l'universalisme et de rien d'autre.
Vive la recherche, vive la science libre, ouverte, vive l'Europe, vive la République et vive la France.

> Félicitations, cher Premier ministre Anthony Albonese, pour ta réélection. Face aux défis du monde, l’Australie et la France ont tant à accomplir ensemble, en particulier dans l’Indopacifique. Continuons d’écrire avec ambition et fraternité le nouveau chapitre de notre partenariat.

> Félicitations au Premier ministre Lawrence Wong pour sa victoire aux élections. Singapour est un partenaire clé de la France en Asie. Nous nous retrouverons fin mai, lors de ma visite d’État, pour approfondir une relation fondée sur la confiance et l’ambition.

 

► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]

Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> Notre pays a devant lui deux défis massifs, les plus lourds de son histoire récente : une production trop faible et une dette écrasante. Année après année, depuis plusieurs décennies, tous gouvernements confondus, les déficits sont devenus la règle, financés par l’endettement, et cette dette peu à peu nous asphyxie. On peut supporter des déficits temporaires si l’on n’a pas de dette trop lourde, on peut supporter une dette importante si l’on n’a pas de déficits. Mais quand la dette devient écrasante, les déficits deviennent insupportables. Notre pays est engagé sur une pente terriblement risquée, qui nous conduit d’ici trois ou quatre années à une situation angoissante : le seul service de la dette – c’est-à-dire les intérêts annuels – pourrait atteindre 100 milliards d’euros. Chaque année. C’est l’équivalent des budgets de l’Éducation nationale et de la Défense réunis. C’est un risque considérable pour notre modèle social, pour notre souveraineté, pour notre avenir commun. Toute explosion des taux d’intérêt suffirait à nous faire entrer dans une crise économique et financière d’ampleur historique.

> L’État n’a pas assez de ressources, les foyers manquent de revenus, les salaires sont trop bas. Pourquoi ? La réponse est toute simple : parce que nous produisons moins que nos voisins. Si nous avions, par habitant, le même niveau de production que l’Allemagne ou les Pays-Bas, les salaires seraient supérieurs de 10 ou 20 % et l’État disposerait de marges budgétaires autrement plus solides. C’est pourquoi, en tant que citoyen et en tant que chef du gouvernement, je le dis clairement : il n’y a pas d’autre voie que celle du ressaisissement national ; un pays qui se reprend en main, les yeux ouverts, et décide de retrouver son équilibre. (…) Il faut un plan complet de retour à l’équilibre. Un volet production et un volet finances publiques. Les deux sont indispensables.

> Pour la production agricole, industrielle, intellectuelle, ce qui est fascinant, c’est que nous sommes l’un des pays les plus avancés au monde pour tout ce qui est de la plus haute exigence technologique : nous savons produire des satellites, des lanceurs spatiaux, des centrales nucléaires, les meilleurs avions du monde, nous sommes remarquables en génétique, en algorithmes, en intelligence artificielle. Et nous ne savons pas produire une machine à laver. Pendant longtemps, nous ne pouvions pas rivaliser avec les pays où le travail était à des coûts dérisoires. Or, même si nous ne nous en rendons pas encore compte, nous avons changé d’époque : les temps nouveaux, grâce à l’intelligence artificielle, à la robotique, à la production d’énergie décarbonée, vont nous permettre de rivaliser à égalité avec tous ceux qui nous ont supplantés sur ces marchés. Il faut donc une stratégie de reconquête de toutes les productions, une stratégie offensive où la production n’est plus le parent pauvre mais la fierté nationale.

 > Le deuxième volet, le plus impressionnant, c’est celui du retour à l’équilibre des finances. Ce plan doit proposer des solutions précises, avec un objectif clair : être moins dépendant de la dette dès cette année, et à l’horizon de quatre ans, revenir sous le seuil des 3 % de déficit public. Cela passera par une baisse déterminée des dépenses. Par la simplification. Par une meilleure efficacité de l’État et de l’action publique en général. La solution n’est pas dans de nouveaux impôts. Même si, historiquement, la France et ses responsables ont une imagination fiscale très inventive !

> Il y aura, un jour, je le crois, une refonte nécessaire de la fiscalité locale, pour donner plus d’autonomie aux collectivités locales. Mais ne pas oublier que la suppression de la taxe d’habitation a rapporté près de 800 euros en moyenne à chaque contribuable local, et elle a été intégralement compensée, à l’euro près, aux collectivités locales.

> Je refuse de faire un bouc émissaire de telle ou telle catégorie de Français, les retraités pas plus que les autres. Ils ont acquis des droits, ils jouent souvent un rôle de soutien essentiel dans leurs familles. Je ne réglerai pas la question des finances publiques par des ponctions individuelles ou des sacrifices ciblés. Le plan que je prépare sera un plan substantiel, et il devra reposer sur un effort partagé, porté collectivement par les Français.

> Nous avons, de tous les pays comparables au monde, la dépense publique la plus élevée… et le taux d’insatisfaction à l’égard des services publics le plus fort. C’est une contradiction insupportable. Je suis convaincu que, pour une part significative, la dépense publique en France est mal utilisée. La baisse des effectifs de la fonction publique et des collectivités locales est possible et salutaire. Mais elle sera une conséquence des réorganisations et de meilleure efficacité. Mon objectif n’est pas de taper à l’aveugle, mais de rendre l’action publique plus cohérente, plus lisible, plus efficace (…) avec l’examen des missions et la vérification de leur pertinence, l’évaluation de leur efficacité, la suppression des doublons, des mêmes tâches réalisées par plusieurs services. Dès le mois de février, j’ai demandé à tous les ministères d’écrire, de façon claire et compréhensible, quelles étaient leurs missions. Administration par administration. Et j’ai transmis cette cartographie aux commissions parlementaires, pour que chacun puisse juger sur pièce. Je veux aussi interroger les fonctionnaires eux-mêmes : leurs missions sont-elles remplies ? Les moyens sont-ils bien utilisés ? Cette démarche de vérité est indispensable. (…)
Les Français sont assommés de paperasse. Mais ils ont peu de réponses lorsqu’ils demandent de l’aide ou du soutien. Aujourd’hui, grâce à l’intelligence artificielle, on peut considérablement réduire la charge bureaucratique et libérer du temps. Car ce sont toujours les mêmes questions qui reviennent. Cela permet de redéployer des agents sur des missions plus utiles, au lieu de les mobiliser sur des tâches mécaniques. Ce n’est pas une logique de suppression, c’est une logique d’efficacité.

> Les 40 milliards d’économie, c’est un ordre de grandeur. L’objectif, c’est la réduction de notre dépendance à la dette et le retour le plus vite possible sous la barre des 3 % de déficit public. 3 %, c’est un seuil très important, c’est celui à partir duquel le montant de la dette n’augmente plus. Je présenterai un plan cohérent, avec des propositions claires, lisibles par tous. Il demandera des efforts. Et ces efforts ne seront acceptés que s’ils s’accompagnent d’une prise de conscience collective. Je ne m’adresse pas ici aux partis politiques. Ce que je vise, c’est l’adhésion des Français. (…)
Je pense que la question est assez grave, assez lourde de conséquences pour l’avenir de la nation, pour qu’elle s’adresse directement aux citoyens. Je n’écarte donc aucune possibilité. (…)
C’est un plan d’ensemble que je veux soumettre, il demandera des efforts à tout le monde, et par l’ampleur qui doit être la sienne, il ne peut réussir si le peuple français ne le soutient pas. Sans cette approbation, rien ne tiendra. C’est pourquoi je veux tout présenter, dans le détail. La méthode qui est suivie depuis des années pour la construction du budget, c’est la méthode de l’artichaut : on retire une feuille ici, on en rajoute une là… Chacun plaide, parfois fait du chantage pour son secteur d’activité. Jamais on ne voit le tableau d’ensemble. On n’avance pas. Or c’est une question de survie pour notre modèle de société et pour notre pays. C’est pourquoi c’est l’affaire des citoyens, de nous tous. C’est à nous tous que cette question s’adresse. (…)
Un référendum ne peut être décidé que par le président de la République. Le gouvernement propose, le président décide. Mais la question de l’adhésion des Français aux réformes est bien la question centrale. Quand on réforme par les voies classiques, par le passage en force, que se passe-t-il ? Le pays entre en grève, les manifestations s’enchaînent, et personne ne sait si ceux qui défilent connaissent vraiment le contenu de ce qu’ils contestent. Nous ne sommes plus à l’heure des demi-mesures. Il faut désormais de l’imagination et de la justice. Car nous sommes face à une immense question, qui s’adresse non aux technocrates ou aux experts, mais à chaque citoyen.

Les entrepreneurs et les patrons, il faut les aider, bien sûr. Les aider à comprendre, à prévoir, à analyser ce qui est en train de se jouer. Mais il faut aussi être clair : on ne pourra pas les aider en ouvrant de nouvelles lignes de dépenses, comme cela a trop souvent été le réflexe par le passé. J’ai été pleinement d’accord pour que l’État intervienne massivement au moment de la crise du Covid. Il fallait sauver les entreprises, protéger les familles, tenir le pays debout. Mais aujourd’hui, face à l’ampleur des bouleversements qui s’annoncent, nous ne pouvons plus répondre par le carnet de chèques. Ce n’est plus possible.

> Quand j’ai été nommé, j’ai dit : « Nous faisons face à un Himalaya. » Et un Himalaya, ce n’est pas une montagne, c’est une chaîne. Avec plusieurs sommets, tous au-dessus de 8 000 mètres. Le premier de ces sommets, c’était le budget. Imaginez : un pays sans majorité, un gouvernement renversé, aucun budget adopté pour faire fonctionner l’action publique. Ni pour l’État, ni pour les collectivités locales, ni pour la santé, ni pour la Sécurité sociale, ni pour les retraites. Une situation inédite depuis plus d’un demi-siècle. Mon premier « 8 000 », donc, ce furent les budgets. Et nous l’avons franchi. Nous avons échappé à six motions de censure – six ! – rien que dans les deux premiers mois de l’année. Et fin février, le pays avait un budget… et un gouvernement encore en place. Puis nous avons fait adopter la loi d’orientation agricole. Puis la loi d’urgence Mayotte. Puis la loi si importante sur les narcotrafics. Cela fait, en quatre mois, beaucoup d’ascensions menées à terme.

> [Déserts médicaux] Dans chacun de mes déplacements, je rencontre une cinquantaine de maires. Ce qui m’a bouleversé, c’est de voir certains d’entre eux la gorge serrée pour ne pas pleurer. Parce que quand vous êtes à la tête d’une commune où l’entreprise a fermé et où il n’y a plus de médecin, que reste-t-il ? C’est la mort annoncée de la commune. Alors oui, cette question des déserts médicaux est d’une extrême sensibilité. Et le dossier était bloqué depuis des années. Pourquoi ? Parce que le monde médical s’opposait catégoriquement à ce que beaucoup, y compris des parlementaires, proposaient : que l’État se charge d’interdire ou d’autoriser l’installation des médecins. Alors nous avons trouvé une autre méthode, en quelques semaines : tous les médecins, généralistes ou spécialistes, seront appelés si besoin à prendre leur part, un ou deux jours par mois, à la permanence médicale dans les zones rouges. Et ces zones, nous allons les définir, avec les élus locaux, dans le mois qui vient. C’est une solidarité qui ne peut pas peser que sur les jeunes médecins, mais sur tous les praticiens français, sauf ceux qui sont déjà installés dans ces zones prioritaires.

> Tous les médecins sont rémunérés par la Sécurité sociale, et leurs études ont été financées par la collectivité. C’est un investissement de la nation. On ne peut pas bénéficier de tout ce que le pays offre sans en accepter les responsabilités. Dire « aucune contrainte », c’est à mes yeux une forme d’indifférence ou de manque de responsabilité. Nous ne sommes pas une addition d’individus, chacun occupé de son propre sort. Nous sommes un pays. Et dans ce pays, le système éducatif et le système de santé sont financés par la solidarité. Et la solidarité ne se divise pas.

>[Fin de vie] J’ai pris la décision de séparer le débat sur les soins palliatifs des débats sur l’euthanasie. Cela ne m’a pas valu que des amis, je le sais bien. Mais ma démarche est simple. Il y a d’abord un devoir national : les soins palliatifs. Sur ce point, deux principes formulés par Jean Leonetti résument tout : « Je ne te laisserai pas seul » et « Je ne te laisserai pas souffrir ». Voilà, selon moi, l’engagement qu’un pays doit prendre envers ceux qui arrivent au terme de leur vie. Et pourtant, encore aujourd’hui, près de 30 % des départements n’ont aucune structure de soins palliatifs. C’est une honte. Et puis, il y a la question de la fin de vie elle-même, de l’aide active à mourir, de l’euthanasie, pour employer le mot juste. Cette question touche à la conscience la plus intime. Je comprends que l’on puisse être pour, contre, ou simplement dans le doute. C’est une question éthique majeure, qu’on ne peut trancher à la légère et sur laquelle chacun doit prendre en conscience sa responsabilité. (…)
Je suis spontanément du côté du soin et de la défense de la vie. La vie, c’est unique, fragile et irremplaçable. Mais je ne suis pas aveugle. Il existe des situations extrêmes, des cas de souffrance et de désespoir que nul ne peut ignorer. C’est désormais au Parlement de conduire le travail de discernement. Ce n’est pas une question technique, c’est une question d’humanisme. Une question de civilisation. Ce débat mérite gravité et respect. Parce qu’il touche à ce qu’il y a de plus sacré dans notre condition humaine. (…)
Faire sauter les garde-fous, ce n’est pas ma sensibilité, ni comme citoyen, ni comme chef du gouvernement. Mais j’ai confiance dans notre démocratie. L’Assemblée nationale, dans sa diversité, et le Sénat veilleront à l’équilibre. Je ne crois pas que cette pluralité mène aux excès. Et je serai vigilant, de toutes mes forces. Je me souviens d’une lettre bouleversante, reçue il y a quelques années. Une mère me parlait de sa fille trisomique : « Elle est si douce, disait-elle. Elle veut toujours faire plaisir. Quand je ne serai plus là, il suffira de peu pour la convaincre que ce serait mieux de venir me rejoindre. » Je n’ai jamais oublié cette phrase. Je sais que, pour beaucoup, l’euthanasie active est un combat de liberté. Je respecte cela. Mais on peut, avec la même force, défendre une autre idée de la dignité humaine.

> [Islamophobie] Oui, je l’assume. Je vois bien qu’il y a beaucoup de débats. Et il m’arrive assez souvent, je dois vous le dire, de ne pas comprendre certaines de ces polémiques. Refuser un mot parce qu’on ne veut pas regarder la réalité en face, c’est une attitude que j’ai déjà rencontrée dans ma vie politique. Ici, les faits sont clairs : un garçon de 22 ans, assassiné dans une mosquée pendant qu’il priait. Et son agresseur filme sa mort en proférant des insultes contre Allah. Alors je pose la question : si ce n’est pas de la haine dirigée contre l’islam, qu’est-ce que c’est ? Pourquoi refuser les mots justes ? On ne peut pas combattre ce que l’on ne veut pas nommer. Et il faut avoir le courage de dire les choses telles qu’elles sont. (…)
Ce qui m’importe, ce n’est pas le mot, c’est ce qui est en train de se passer : une forme d’explosion en chaîne de la société française. Et il faut bien voir ce sur quoi elle porte. Elle touche à l’essentiel : l’unité du pays, notre capacité à vivre ensemble sous les principes de l’universalisme républicain. Je vois monter un danger : celui de ne plus regarder ses concitoyens que par leur origine, leur couleur de peau ou leur religion. Je vois la détestation des musulmans et de l’Islam, la détestation des Juifs et du judaïsme. Et la détestation des chrétiens. Avec des crimes dans les trois cas. Et d’autres haines encore bientôt, je n’en doute pas hélas ! Et cela, la détestation d’un concitoyen pour ce qu’il est, pour son origine, pour sa foi, pour sa philosophie, je ne l’accepterai jamais. Ce sont les guerres de religion, c’est le symptôme du pire, et la négation de la République. (…)
Des extrémistes qui tuent parce qu’on leur fait croire qu’une religion doit se défendre avec des balles ou un couteau. Des gens qui voudraient que leur loi s’applique contre toute autre raison. Qui parce qu’ils refusent la critique et la caricature se donnent le droit de tuer. Nous, le peuple de la laïcité, nous avons à présenter et à défendre un autre modèle, qui est d’affirmer un principe de pluralisme, tout le monde a droit de cité, et en même temps de comprendre la sensibilité des autres, de mettre les bons mots sur ce que les autres éprouvent pour désamorcer la folie.

> [Proportionnelle] J’ai commencé des consultations. J’ai reçu Marine Le Pen et Jordan Bardella, Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve. Et je vais continuer, bien sûr. Parce que le fonctionnement de notre démocratie est un sujet majeur. (…)
Nous sommes, je le rappelle, le seul pays de l’Union européenne à ne pas appliquer la proportionnelle. Posez-vous cette question : les autres pays ont-ils mieux réussi leurs réformes ? La réponse est oui. Leur vie civique est-elle plus apaisée ? Oui. Leur démocratie fonctionne-t-elle plus mal que la nôtre ? Non. La proportionnelle permet d’abord une chose fondamentale : que chaque courant du pays soit justement représenté, à la mesure de ce qu’il pèse. C’est un acquis démocratique essentiel. Je vous rappelle qu’en 2007, j’ai obtenu 19 % des voix à l’élection présidentielle. Et à l’Assemblée nationale, cela s’est traduit par… deux députés. Deux sur 577.
Deuxièmement, le scrutin majoritaire pousse à la polarisation. Face à chaque décision, il vous force à être totalement pour ou totalement contre. Il fabrique des clivages artificiels, pousse à la caricature, empêche la nuance, rend les compromis difficiles, voire impossibles. C’est l’une des causes profondes de notre blocage institutionnel. Troisièmement, et cela mérite d’être dit clairement : la proportionnelle est aussi une digue. Elle protège contre les vagues de colère ou de peur qui, dans un scrutin majoritaire, peuvent donner le pouvoir total à une force extrémiste. Elle disperse, elle oblige à composer, et c’est cela qui sauve les démocraties. (…)
En 1986, nous avons connu un scrutin proportionnel sans prime, et il a permis une majorité. La prime majoritaire, ce n’est plus la proportionnelle. Si je rencontre chaque formation politique, c’est pour cela : écouter. Et j’ai montré, sur d’autres dossiers, que je sais le faire.

> [Affaire Bétharram] Je serai entendu par la commission d’enquête parlementaire. Et ce sera l’occasion de démontrer, point par point, que les accusations portées contre moi — des accusations extrêmement blessantes — sont infondées. On m’a accusé d’être intervenu dans cette affaire. On m’a accusé d’avoir bénéficié d’informations privilégiées. Tout cela est profondément injuste, humainement douloureux, familialement éprouvant. La question est simple : est-ce qu’on peut prouver que c’est faux ? Je crois que oui. Et je le ferai. (…) C’est précisément pour cela que je participerai à cette audition. Pour que les faits soient établis et que la vérité soit dite.

 

Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> L’Appel de la Sorbonne lancé aujourd’hui par Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, tend la main à tous les esprits libres prêts à défendre une recherche et une science ouverte. 500M€ investis par l’UE et 100M€ par la France permettront d'attirer les chercheuses et chercheurs, de protéger leur liberté académique, de simplifier leur démarche administrative et bien d'autres choses encore. Choose Europe for science, c’est un plan pour défendre une science libre au cœur du modèle démocratique européen et de sa prospérité.

 

Manuel Valls (ministre d’Etat, ministre des Outre-mer)
> [Nouvelle-Calédonie] Moi je crois, je l’ai dit au moment de la coutume de réception, que contrairement à ce que l’on dit, on peut mélanger l’huile et l’eau, on peut construire une terre de mélange, de cultures, et de compréhension dans le respect des uns et des autres.
C’est ce que nous devons essayer de faire en conciliant l’aspiration à la souveraineté, elle est légitime. Et l’aspiration à rester sur une terre française, tout aussi légitime. Comment faire ? Il faudra de l’intelligence. C’était celle de Yeiwene Yeiwene qui savait qu’il prenait des risques. Dans ces moments-là, il faut en prendre et avoir du courage.

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> Il n'y a pas d'autre voie que celle du ressaisissement national. Un pays qui se reprend en main, les yeux ouverts, et décide de retrouver son équilibre.

> Une presse libre est le pilier de toute démocratie. Pour garantir une information fiable, des journalistes s’engagent parfois au péril de leur vie : en 2024, 68 ont été tués en mission. La France agit pour mieux les protéger. Pensée pour Arman Soldin, tué en Ukraine il y a 2 ans.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> La transition écologique, est un sujet économique avant tout. C’est inventer aujourd’hui les filières industrielles qui prendront toutes les parts de marché demain. Je suis dans le camp de ceux qui prennent acte de cette transformation profonde de nos chaînes de valeur, et qui se battent pour en faire une force.

> Il y a plus de 5 millions de Français musulmans dans notre pays qui vivent leur foi dans la paix, dans la discrétion, dans le respect de la loi de la République. Les amalgames les blessent et nous affaiblissent.

> Je considère que l’islamisme, ce n’est pas une religion, c’est une entreprise d’embrigadement et d’entrisme, portée par des intérêts étrangers. C’est inacceptable et nous devons le combattre systématiquement.

> Je veux concilier le droit à circuler avec la lutte contre la pollution de l’air : les deux doivent aller ensemble et personne ne doit être laissé sans solution.

 

Patrick Mignola (ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Relations avec le Parlement)
> Le procès en immobilisme est nul est non avenu ! Peu de gouvernements ont autant avancé en 4 mois sur des textes essentiels : lois agricoles, narcotrafic, urgence à Mayotte, collectivités locales... L'important, c'est que les Français voient les résultats dans leur quotidien.

> Le président vient d'ouvrir à tous les cahiers de doléances issus du Grand Débat. Le pluralisme et une meilleure représentation des forces politiques à l'Assemblée faisaient partie des priorités exprimées. Nous voulons y donner suite en engageant ce chantier.

> Ne versons pas dans l'antiparlementarisme. Lorsque les députés ne sont pas dans l'hémicycle, ils sont en commission ou sur le terrain, dans leur circonscription. Nous avons d'ailleurs abouti à un accord pour conclure l'examen de textes majeurs les 3 derniers weekends de mai.

 

Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)
> Le fait de poser la question sur nos finances publiques est essentiel.

> Ce budget sera celui du courage. Par nécessité, par conviction. Parce que nous avons le sens de l’Etat. Oui nous risquons la censure mais ça doit justement nous pousser à prendre des risques. Pour le pays. Sans tabou, ni totem.

> J'entends ceux qui commentent, ceux qui pensent qu'on peut perdre 2 ans. Je ne m'y résous pas. Nous avons 2 ans de travail avant 2027. Viendra le temps de l’élection présidentielle. Il faudra du courage pour agir. Il faudra de la clarté sur les valeurs. Il faudra des idées neuves. Dans ce débat, je n’entends pas passer mon tour.

> Aucun Français ne doit vivre dans la peur d'être qui il est. Face à l'antisémitisme et au racisme, il est temps de nous réarmer. Moralement, politiquement, légalement. Il est minuit moins le quart. Mais moins le quart ce n’est pas trop tard ! Je veux convaincre, bouger les lignes, faire changer la loi.

> Face à l'antisémitisme, il n'y a qu'une seule réponse : l'intransigeance. La droite a placé un cordon sanitaire face au FN/RN. La gauche doit le faire avec LFI. Il est plus que temps : faites le ménage !

 

Astrid Panosyan-Bouvet (ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
Il y a objectivement un durcissement de la situation économique. Tout n’est pas négatif pour autant. Le taux d’emploi est quasiment à son plus haut niveau jamais atteint (68,8 %), soit 3 points de plus qu’en 2017, et le taux de chômage de 7,3 % est l’un des plus bas depuis de nombreuses années. Les chiffres sont ensuite plus complexes dans leur lecture qu’on ne le croit. (…)
Avec l’inscription automatique de tous les allocataires du RSA à France Travail, les chiffres sont « artificiellement gonflés ». En effet, moins de la moitié de ces personnes étaient inscrites auparavant. L’augmentation réelle en catégorie A n’est donc pas de près de 9 % comme j’ai pu le lire mais de 0,8 %. Enfin, les réformes structurelles sur le marché du travail conduites depuis 2016 avec la loi El Khomri et les ordonnances travail portent leurs fruits. Dans un tel contexte, on aurait pu s’attendre à une augmentation beaucoup plus forte du chômage. Travaillons aussi sur le fait que nous avons toujours 430 000 emplois non pourvus en France. La moitié (50 %) des employeurs continue à dire qu’ils ont du mal à recruter. Nous pouvons encore améliorer nos dispositifs de reconversion et de transition professionnelle.

> Échange très constructif avec Esther Lynchs, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats. Nous partageons les mêmes priorités : améliorer la qualité des emplois et renforcer le dialogue social à l’échelle de l’Union européenne. L’occasion aussi de faire un point sur l’assurance chômage des travailleurs transfrontaliers et européens.

> Le droit de grève est constitutionnel mais la grève doit être vue comme un outil en cas de blocage et non pas détournée comme point d’entrée dans le cadre d’une négociation. Je pense enfin qu’il y a une vraie tradition de dialogue social à la SNCF. Je suis plus inquiète sur le développement des collectifs en dehors des organisations syndicales. C’est important d’avoir des organisations structurées avec lesquelles conduire un dialogue dans la durée sur l’apprentissage, les seniors, les retraites. Les collectifs risquent de polariser les questions sociales sans les faire progresser. Nous avons besoin de pouvoir construire des compromis.

> [Retraites] Le débat est nécessaire. Les pensions représentent un euro sur quatre de nos dépenses publiques. Elles pèsent par ailleurs près de 30 % du « super brut » des salariés, avec 16 % versés par l’employeur et 14 % par le salarié.

 

Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> Nous devons sortir d'une forme de soumission aux énergies fossiles.

> Les 6 nouveaux EPR seront en marche à partir de 2038.

> Nous devons investir dans l'énergie hydroélectrique pour renforcer les barrages existants.

> [Économies budgétaires] Certaines dépenses ne sont pas efficaces. Nous devons évaluer l’efficacité des politiques publiques.

> L'apprentissage est un formidable succès.

> [Guerre commerciale de Trump] La négociation est en cours, ça avance. Nous voulons revenir à la situation antérieure. Sinon, l’UE appliquera une riposte, mais nous ne souhaitons pas l’escalade.

> Aujourd'hui, l'acier européen fait face à une concurrence déloyale de l'acier chinois. Il faut plus de protection. Nous poussons pour des droits de douane plus élevés et des quotas d'importation.

> Aujourd'hui, la mise sous tutelle d'Arcelor n'est pas la bonne solution. Il existe des solutions industrielles. Appeler à la tutelle ou à la nationalisation, c’est un réflexe pavlovien qui ne résout pas tout.

> [Contrôle technique annuel véhicules de plus de 10 ans] Ça mérite débat, mais tous les ans, c’est trop fréquent.

> [Référendum sur le Budget] C’est une piste de réflexion. L’idée de consulter les Français, de manière générale, sur nos finances est légitime. Ils doivent avoir leur mot à dire sur cette question.

> Je crois en l’esprit de responsabilité (...) Le dialogue social doit être la clé de sortie du conflit.

> Financement de la transition énergétique, dans un contexte marqué par une contrainte croissante sur les finances publiques.
Objectif : maximiser l'impact de chaque euro d'argent public dépensé pour la baisse des émissions de gaz à effet de serre, l'emploi industriel et l'autonomie stratégique de l'Europe Dans un monde plus instable, nous avons besoin d'un plan d'action clair et lisible pour mener cette révolution industrielle qu'est la décarbonation. C'est l'objectif de la PPE et ce sera le guide de notre action pour les enjeux énergétiques du PLF 2026.

 

Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> En ce 4 mai, à l’occasion de la Journée internationale des pompiers, rendons hommage aux femmes et hommes qui, chaque jour en France, affrontent le danger pour protéger, secourir et sauver des vies. Leur courage, leur engagement et leur dévouement forcent l’admiration. Merci à tous les soldats du feu pour leur présence essentielle, leur professionnalisme et leur humanité.

> [Plaque en mémoire des enfants juifs déportés depuis le Château de la Verdière, érigée à Marseille a été vandalisée] Abject. L’attaque de cette stèle nous rappelle que la mémoire reste un combat quotidien. Profaner un lieu dédié aux enfants déportés est un acte indigne qui ne peut rester sans réponse. Il est essentiel de protéger les lieux de mémoire et de continuer.

 

Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> [Gaza] L’aide humanitaire doit franchir les barrières. C’est un impératif et Netanyahou doit l’entendre enfin.

> Les lycéens de notre pays doivent avoir accès à une éducation par définition nationale c’est à dire qui assure l’enseignement de notre devise : liberté égalité fraternité. Et je le dirai pour tous les lycées sous contrat. C’est vrai à Paris 6e, à Pau, et dans les quartiers politiques de la ville dont les habitants ont besoin de la protection des lois de la République.

> Face au défi des 40 milliards d’économies à réaliser, le Premier ministre propose un chemin de vérité et de responsabilité. S’adresser directement aux Français, c’est un acte de clarté et de confiance dans la vox populi.

 

Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger)
> Choose Europe for science ! Emmanuel Macron l’a annoncé : 100M€ pour attirer davantage de chercheurs étrangers en France. Une excellente nouvelle pour notre compétitivité et notre attractivité. Le savoir n’a pas de frontières, la France accueille les talents du monde entier.

 

Autres ministres
Philippe Baptiste (ministre délégué auprès de la ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> L'Europe est terriblement en retard, nous n'investissons pas assez.

> Comment attirer les scientifiques étrangers en France ? Pour Philippe Baptiste, ministre chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche : "On a fait notre part, mais l'effort doit être européen, collectif et coordonné.

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> [Opinion: « Proportionnelle : nous en avons déjà les effets, pourrions-nous en avoir les bienfaits?»]
Ne nous y trompons pas. ­L'Assemblée nationale, aujourd'hui comme en 2022, est au travail : elle vote des textes, contrôle et évalue conformément à la Constitution. Mais force est de constater que nous pourrions faire bien plus. Et que si nous ne le faisons pas, c'est en partie parce que les forces politiques qui composent l'institution sont restées dans une stricte logique de majorité et d'opposition.
2027 est déjà dans de nombreuses têtes. Et chacun garde l'espoir de devenir majoritaire à lui seul. La tactique politicienne l'emporte donc régulièrement sur la recherche de consensus, et le compromis nous échappe trop souvent. Au fond, les détracteurs de la proportionnelle ou ceux qui, comme le RN, défendent une proportionnelle avec prime au vainqueur n'arrivent pas à se départir de leur volonté de gouverner seuls à l'avenir grâce à une majorité absolue, ni de leur conviction que cela reste possible.
Mauvais calcul. Au regard de notre paysage politique, il n'est plus possible de gagner seul. La tripartition de notre vie politique est durable et la nécessité de rassembler largement entre les deux extrêmes pour pouvoir gouverner est devenue absolue. Nous avons changé d'ère et il serait temps de le comprendre  : l'existence d'une nette majorité n'est plus la règle, c'est l'exception.
Dans ce contexte-là, le scrutin majoritaire lui-même devient source d'instabilité, lui dont le compromis ne parvient à naître qu'au forceps. Soyons réalistes : aucun candidat à la présidentielle ne l'emportera demain sans rassembler au-delà de son parti. Imaginer obtenir une majorité aux législatives qui suivront sans adopter cette logique d'alliance est une fiction. Pourquoi alors refuser un schéma favorisant des alliances auxquelles nous finirons contraints quoi qu'il arrive ?
Le compromis n'est pas une faiblesse
La proportionnelle, nous en avons déjà les effets, pourrions-nous en avoir les bienfaits  ? Il est temps de changer de logiciel  : laissons de côté cette logique d'alternance au profit d'une vraie logique d'alliance, passons de la pure opposition à la recherche de coalitions, marquons la fin des alternances subies et le début des alliances choisies.
Rappelons-le, la proportionnelle permet de mieux représenter la diversité des opinions des Français, de manière durable. Mais elle permet aussi d'éviter les alliances préélectorales, la « tambouille » pour beaucoup de nos concitoyens. Chacun a sa chance et peut se présenter sous ses propres couleurs au départ. Mais chacun sait aussi qu'il faudra ensuite composer avec d'autres pour agir. La conflictualité est moindre, le compromis n'est pas tué dans l'œuf, la démarche constructive après l'élection devient obligatoire.
Or aujourd'hui, même dans un hémicycle fragmenté comme le nôtre, cela reste difficile tant les vieux réflexes liés au mode de scrutin majoritaire subsistent. Je ne crois pas qu'il soit possible d'y mettre fin sans en changer. Acter la proportionnelle, c'est donc acter cette fin du fait majoritaire et un impossible retour en arrière. C'est au contraire aller de l'avant en actant la nécessité de travailler en coalition et installer enfin une véritable culture du compromis.
Chez nombre de nos voisins européens, la proportionnelle existe, des coalitions se forment, des compromis sont trouvés. Pourquoi n'en serions-nous pas capables  ? Le compromis n'est pas une faiblesse, mais une noblesse. Il se fait partout dans nos vies, nos entreprises, nos villes, nos conseils municipaux, départementaux ou régionaux. Preuve qu'une culture politique qui privilégie la coopération plutôt que la confrontation, qui vise à convaincre plutôt qu'à contraindre et qui permet d'apaiser plutôt que d'embraser est à portée de main. Un mode de scrutin que demandent les Français, une volonté politique qu'espèrent les Français et le tour serait peut-être enfin joué. 

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Sylvain Maillard (député) 
> Nous sommes contre toute augmentation d’impôts. Nous ne travaillons pas assez collectivement en France. Il nous faut changer notre logiciel social désormais trop généreux et parfois désincitatif au travail.

 

Laure Miller (députée)
> Tik Tok et les réseaux sociaux ne veulent pas le bien de nos enfants. Ils veulent leur attention — pour la monnayer, seconde après seconde. Nos enfants ne sont pas des utilisateurs, ils sont devenus leurs produits.

 

● MoDem 
Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> Quand bien même la droite de gouvernement et la gauche de gouvernement se reconstitueraient - ce que je souhaite plutôt - il faut que le centre existe. 
Je pense que le drame français, ça a été d'écrabouiller le centre pendant des années et de ne pas écouter cette voix.
Actuellement, nous occupons cet espace, au centre, où l'on essaie de faire dialoguer la gauche et la droite, tout en portant nos propres idées. Nous avons une pensée singulière sur la question européenne, sur la justice fiscale... Nous avons aussi un regard particulier sur les questions démocratiques, sur la manière dont on peut améliorer le travail parlementaire. 
À la fois comme député et comme ministre des Relations avec le Parlement, j'ai beaucoup regardé ces sujets. C'est désespérant de voir la façon dont tout cela fonctionne et dont on embouteille le calendrier pour, au fond, ne rien voter. 
Aujourd'hui, je pense qu'il faut faire moins de lois. Il faut juste que les lois soient appliquées.

> Budget, dette, impôts : François Bayrou veut un référendum Les temps qui viennent exigent courage, lucidité et audace. De tenter ce qui ne l'a jamais été. Il dessine un chemin pour rendre chaque jour utile. Nous serons à ce rendez-vous.

> [Municipales de 2026] Je suis un ancien maire d'une commune de 700 habitants et j'ai toujours pensé que c'est plus une œuvre de rassemblement qu'une œuvre de confrontation, idiote, stérile. Et nous qui sommes au centre de l'échiquier politique, je pense que le centre, ce n'est pas la disparition de la gauche et de la droite, c'est le point vers lequel ces deux pôles peuvent discuter. En essayant de franchir une espèce de frontière qu'on crée et qui ferait que parce qu'on est à gauche, on ne pourrait jamais parler à la droite dans aucune ville de France, et réciproquement.
Il y a une partie de la gauche qui a envie de se détacher de la tutelle LFI/Mélenchon, il y a une partie de la droite qui n'a pas envie d'aller courir derrière les thèses du Rassemblement national... C'est l'espace de dialogue. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas, en tout cas on sera là pour essayer de le faire prospérer.

> [Présidentielle de 2027] Je ne crois pas du tout aux primaires, parce que dans une primaire, il faut être le plus radical possible... Je pense qu'une personnalité s'impose ou ne s'impose pas. Et ça, c'est l'opinion qui le dit, qui le fait. Ma première préoccupation en 2027, ce sera d'éviter de livrer le pays aux populistes. En deux, faire en sorte qu'il y ait des rassemblements intelligents qui ne permettent pas seulement de gagner mais de gouverner, de mener une politique qui puisse faire diminuer la colère des gens. Trois, il n'est pas question que nous disparaissions du paysage au motif simplement qu'il faudrait favoriser une victoire.
Si l'on veut construire une victoire collective, le rassemblement ce n'est pas la disparition, c'est « Voilà ce que tu es, voilà ce que je suis, on décide de travailler ensemble »...
Mais c'est en 2027 et, personnellement, je n'ai nulle intention qu'on perde deux ans. Je vois bien que la course de petits chevaux est lancée. Mais, je considère, et vous aurez remarqué que François Bayrou l'a dit assez clairement, que si l'on plante les deux années qu'on a devant nous, ce n'est pas la peine d'aller aux élections, les gens vont nous ratatiner.

 

► Autres 
Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie industrielle)
> Le respect de leur indépendance et de leur liberté, des infrastructures de recherche parmi les meilleures au monde, une capacité de collaboration sans égal. Voici ce que l’Europe, avec la force de son modèle démocratique, promet à ses chercheurs.

 

● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Le candidat de la famille Renew Europe, Dan Nicusor, est qualifié pour le second tour de la présidentielle roumaine. Bravo à lui et à nos amis d’USR. J’appelle tous les Roumains démocrates pro-européens à le soutenir pour battre le candidat eurosceptique d’extrême droite arrivé en tête du premier tour. La victoire est impérative le 18 mai prochain : la place de la Roumanie est dans l’Union européenne, pas du côté de Trump ou de Poutine.

> Je salue l’initiative « Choose Europe for Science » lancée ce matin par Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen depuis l’amphithéâtre de La Sorbonne. L’Union européenne doit renforcer son attractivité en matière de recherche et continuer d’attirer les meilleurs talents. Il s’agit d’un enjeu de souveraineté et de compétitivité. Il s’agit également de la défense de nos valeurs : nous croyons à la liberté scientifique menacée partout dans le monde par les populismes.

> Je ne veux pas que l'argent des Français et des Européens soit utilisé pour enrichir les amis de Viktor Orbán ! Il est normal que les fonds européens soient conditionnés au respect de l'État de droit.

> Je défends un budget européen autonome, qui ne dépende pas uniquement de la contribution des États membres. Comment ? Avec des ressources propres à l'Union européenne.

> L'Union européenne gagne de nouvelles compétences. Ne le regrettons pas ! Félicitons-nous du fait que nous agissions à l'échelle européenne pour résoudre des problèmes que nous avons en commun. Exemple : le logement.

 

Bernard Guetta (député)
> Il faut réenclencher le débat national. Quand le président de la République parle d’un débat sur les rythmes scolaires, il a raison, c’est une vraie question.

> [Présidentielle en Roumanie] Attendons de voir s'il [l’extrémiste populiste de droite] arrive au pouvoir, ce qui n’est pas encore joué. Il n’y a aucune certitude.

> On va vers la naissance d’une nouvelle Allemagne par rapport à celle que nous connaissons depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

> [Choose Europe for science] Je pense que cela va se transformer en un mouvement important, mais il faut que ce soit un effort collectif.

 

● Personnalités centristes
Clément Beaune (haut-commissaire au Plan)
> Attention au «yakafokon», même appuyé sur les sondages.

> [Service militaire et civique] Une option qui serait hybride, à la fois civile et militaire (...) pourrait créer un creuset commun (...) Ce serait une façon de retrouver une cohésion nationale très forte. Il faut probablement réfléchir à l'obligation. (…)
Il faudrait une sorte de mobilisation collective de l'État, des collectivités, des entreprises... Je pense que c'est possible, c'est un projet de société.

> [Editorial à la note du Haut-commissariat «Service national : construire un nouveau modèle français (et européen)»]
La France a suspendu son service militaire il y a presque trente ans, sans abandonner des formes d’engagement, plus ciblées, volontaires et principalement civiles : service militaire adapté ou volontaire, service civique, service national universel (SNU) refondé en 2019… En Europe, près de la moitié des pays de l’Union européenne dispose d’un service militaire obligatoire, assorti de nombreuses alternatives, exceptions et dérogations.
Dans notre pays, comme sur tout le continent, ressurgit le débat sur de nouvelles formes d’engagement, plus fortes. Ce débat mêle deux enjeux : un enjeu de cohésion (retrouver un creuset national dans des sociétés fragmentées et polarisées) et un enjeu de sécurité (mieux préparer nos sociétés aux menaces, y compris militaires, dans une optique de résilience), qui se renforcent l’un et l’autre. Pour aborder cette question essentielle, notre note revient avec précision sur les exemples européens et les débats en cours chez nos voisins, qui éclairent les nôtres. Elle examine ensuite quatre scénarios, suivant deux axes : service civil ou militaire, engagement volontaire ou obligatoire. Opter pour l’une de ces grandes options est un choix politique majeur, qui mérite d’être chiffré, évalué, débattu. Ce travail y contribue, et pourra être approfondi. Il examine enfin la piste novatrice de dispositifs hybrides, associant ces différentes dimensions de manière ambitieuse et pragmatique – l’engagement de toute une génération, un moment de cohésion, une culture militaire, avec un coût raisonnable dans le cadre de notre effort de défense et une capacité opérationnelle réaliste.
L’hypothèse d’un service mixte, fondé sur une période de cohésion commune suivie d’un engagement civil ou militaire pour chaque jeune, semble ainsi une voie très prometteuse. Ce service civilo-militaire universel dessinerait un modèle français original, adapté à notre temps. Les options ici explorées présentent des coûts très variables, d’environ 600 millions d’euros par an pour une amplification du SNU à près de 15 milliards s’agissant d’un service militaire obligatoire pour tous les jeunes hommes et femmes. Un service civilo-militaire universel coûterait quant à lui autour de 5 milliards d’euros par an. Ce montant pèserait lourd à l’heure des nécessaires économies budgétaires. Toutefois, il se substituerait à l’effort financier actuel consacré aux différents dispositifs et qui atteint presque 1 milliard d’euros par an ; surtout, il s’inscrirait dans le cadre d’un effort national de défense massif à mener au cours des prochaines années, dont il pourrait constituer une partie.
Ce nouveau modèle français aurait aussi une vocation européenne. À trois égards : d’abord parce que plusieurs partenaires, en premier lieu l’Allemagne, réfléchissent à des modèles analogues, renforçant le caractère obligatoire et la dimension militaire de leurs dispositifs ­ nous pourrions bâtir ainsi un vrai projet franco-allemand avec la nouvelle coalition. Ensuite, car des échanges européens pourraient être intégrés au service national, par exemple en développant les missions civiles effectuées dans un autre pays européen. Enfin, en envisageant des financements européens pour ce grand projet de cohésion et de sécurité.
Un tel projet est à l’évidence un choix de société, inscrit dans la durée. L’article 11 de notre Constitution pourrait permettre un référendum sur un projet de service civil étendu ou obligatoire, voire sur un dispositif hybride où la dimension militaire demeurerait facultative, mais plus difficilement sur un projet à seule dimension militaire. Un vaste débat politique apparaît en tout cas indispensable, au Parlement ou sous la forme d’une convention citoyenne en amont, si la voie référendaire (qui serait légitime) était fermée.
Nous engageons ici le débat le plus important sur la cohésion sociale et nationale depuis la suspension de la conscription. Il devra s’accompagner d’une réflexion plus large, ‑ à la finlandaise, sur des modalités d’engagement tout au long de la vie : développement de la réserve, service civil ou militaire fractionné (quelques jours par an), etc.

 

Sarah El Hairy (haut-commissaire à l’Enfance)
> La réalité des enfants n’attend pas. Nous devons repenser l’Aide sociale à l’enfance dans l’intérêt de l’enfant et apporter une réponse institutionnelle de qualité.

> Le monde économique partage avec les pouvoirs publics une responsabilité majeure : construire des leviers durables pour les générations futures.

> Protéger les enfants, c’est répondre à l’un des premiers défis de notre société et construire un avenir plus juste.