Emmanuel Macron a-t-il «réussi» son intervention télévisée d’hier
sur TF1 au cours de laquelle il était interviewé par une floppée personnes plus
ou moins légitimes, plus ou moins sans intérêt?
Au-delà de la réponse à cette question, ce sont les critères
employés par les journalistes pour la juger qui interpellent, notamment les
deux principaux: il n’a rien annoncé d’extraordinaire dans ses futures
décisions et il n’a rien révélé de fracassant.
En résumé, pas de scoop et de sensationnalisme à se mettre
sous la dent!
D’où des commentaires à charge dans la plupart des médias.
Mais la politique, ce n’est pas cela.
Vouloir expliquer sa politique, rappeler ce qui a été fait et
envisager l’avenir n’a rien d’une intervention au rabais.
Expliquer n’est pas se justifier, c’est ce que devrait faire
de toutes les personnalités politiques alors que les citoyens sont souvent dans
une incompréhension de ce qu’elles veulent et qu’elles sont souvent incapables
d’expliciter.
D’ailleurs, dans son propos introductif, Emmanuel Macron a bien
déclaré qu’il était là pour, d’abord, faire un bilan explicatif de ses huit
années de présidence.
Peut-être ce que l’on pourrait reprocher au président de la
république c’est d’avoir accepter de participer à une telle émission dont la
forme était faite pour créer plus ou moins artificiellement de la controverse
et donc le buzz.
Toujours est-il qu’il est venu sur le plateau de TF1 pour,
donc, dresser un bilan de sa politique après huit années de présidence mais également
faire un tour d’horizon des problèmes actuels en France et dans le monde et
pour annoncer son action dans les deux années à venir.
Sans scoop et propos fracassants.
► Voici les
principaux propos d’Emmanuel Macron au cours de cette intervention ainsi que
les ajouts qu’il en a fait ensuite:
> Rester libres: une armée plus forte, une économie plus
indépendante, une jeunesse protégée et éduquée. Nous y arriverons.
> Depuis 8 ans, nous avons fait face aux crises. Ne
doutons pas, regardons devant !
> Moi je veux qu’avant la fin de ce quinquennat on fasse
le versement social unique c’est-à-dire une solidarité à la source. Beaucoup,
beaucoup moins de paperasse.
> Quand il y a une souffrance qui est réfractaire à tous
les traitements, quand il n’y a plus d’espoir, je suis pour que l’on puisse
aider à partir dans la dignité. Humanité et fraternité.
> Sur 1000 euros de dépenses publiques, nous devons faire
70 euros d’économies d’ici 2029. Le cœur de la bataille : permettre à tous
de travailler et maîtriser nos dépenses.
> Notre modèle social a 80 ans cette année. C’est un
trésor de la République. Je souhaite que le gouvernement lance dans les
prochaines semaines un travail avec l'ensemble des forces syndicales et
patronales pour réfléchir à la façon de le financer dans les années à venir.
> Oui, la dette a augmenté. Pas pour rien : on a fait le
quoi qu’il en coûte pour protéger, fait face à des crises exceptionnelles,
réformé, baissé les impôts de manière inédite pour soutenir les Français et les
entreprises. Et réduit le déficit depuis 2020. Nous y arriverons.
> [Réforme des retraites] Cette réforme, on ne l'a pas
faite de gaité de cœur, on l'a faite pour sauver le système par répartition
auquel je crois. Notre système était rentré en déficit et si on ne le réformait
pas, on accumulait des déficits. Cette réforme, elle permettra de dégager
environ 17 milliards d'euros et on réinvestit un tiers dans les mesures
sociales. Si on abroge cette réforme, chaque année, on a une dizaine de
milliards d'euros qu'il faut trouver, a argumenté le président de la
République. Si on revient à ce que vous proposez, c'est 28 milliards d'euros
par an, la retraite à 60 ans. C'est beaucoup d'argent, et on ne sait pas où le
trouver.
> [Référendum] Je souhaite qu’on puisse organiser une
consultation multiple, c’est-à-dire un référendum, plusieurs référendums en
même temps, dans les mois qui viennent sur les grandes réformes économiques,
éducatives ou sociales. On a des réformes institutionnelles qui sont à prévoir,
on a de grandes réformes économiques. C’est au gouvernement de finir ce travail
et, après, à moi de prendre la décision. Mais l’esprit, c’est qu’on puisse, sur
des grandes réformes économiques, éducatives ou sociales, saisir nos
compatriotes.
> [Fin de vie] [Le projet de loi sur la fin de vie est] un
texte d’équilibre, une loi d’humanité et de fraternité. En cas d’enlisement, je
pense que le référendum peut être une voie pour débloquer et permettre aux
Françaises et aux Français de s’exprimer. » « Mais je le ferai
d’abord avec beaucoup de précaution et je ne le ferai que si c’était bloqué. Je
pense que d'abord il y a le travail du Parlement et j'espère qu'il y aura un
cheminement respectueux et équilibré qui se fera dans les jours, les semaines
et les mois qui viennent.
> [Signes religieux dans les compétitions sportives] Je
suis pour la Charte olympique qui interdit le port de tout signe religieux dans
les compétitions. Après je distinguerais les compétitions et la pratique
sportive dans des infrastructures. Là, c’est à chaque fédération de voir. Après,
dans des infrastructures sportives, pour aller s’entraîner, pour aller initier,
je pense qu’il faut là du pragmatisme. Et notre loi ne l’empêche pas.
> [Immigration] Si on parle de l’immigration légale, nous
la pilotons. (…) L’essentiel du regroupement familial, ce sont des Français ou
des Françaises qui épousent des étrangers qui veulent les faire venir.
> [Places de prison] Le garde des sceaux va mettre en
place deux choses : une accélération des 5 000 places qui sont
en cours de construction pour les sortir dans les deux ans (…) et on va prendre
des dispositions pour avoir des structures plus légères et plus rapides à
construire. Le temps moyen aujourd’hui pour construire une prison, c’est sept
ans. (…) Il y a aussi beaucoup d’élus, il faut être honnête, qui ne veulent pas
de prison chez eux. (…)
Et oui, on louera, si besoin était, des places de prison là où elles sont
disponibles. Il n’y a pas de tabou là-dessus.
> [Détenus payant des frais de détention] Je pense que
c’est une mesure qui est tout à fait pertinente.
> [Récidive] La réponse, c’est simple il faut aller plus
vite dans les jugements. Il faut des peines plus sûres.
> [Narcotrafic] Je suis en faveur d’une loi qui
donnera la possibilité à tous les maires qui le souhaitent de travailler avec
leur police municipale sous l’autorité du procureur pour pouvoir faire les
saisines, les enquêtes de flagrance, les amendes forfaitaires délictuelles, les
actes du quotidien qui sont parfois nécessaires, que ne peut pas faire une
police municipale contre les trafiquants de drogue ou les gens du voyage qui
utilisaient illégalement tel ou tel terrain. Il y a eu des lois qui ont fait
bouger, qui ont rapproché les choses, mais il n’y a pas de lois qui sont allées
jusque-là.
> [Gaza] Ce n’est pas à un responsable politique
d’employer ces termes [de génocide], ce sont aux historiens le moment venu. (…)
C’est un drame humanitaire inacceptable (…). Ce qu’il fait, c’est une honte,
c’est une honte. (…) Ce que fait le gouvernement de Benyamin Nétanyahou est
inacceptable. Mon boulot, c’est de tout faire pour que ça s’arrête. (…) Nous
devons faire monter la pression au sujet des sanctions.
> Je ne crois pas que la solution soit dans
l’augmentation de la taxation. Il faut aider davantage les Français à
constituer un patrimoine plus important au cours de leur vie.
> [Blocage des dépenses publiques en 2026] C’est non
parce que sinon on va avoir des gens qu’on ne pourra plus soigner.
> Il y en a encore trop et de normes françaises et de
normes européennes. Ce combat de simplification, c’est pour moi une des
priorités et c’est pour le coup un point sur lequel je pense qu’on peut avoir
des majorités. (…)
Le nombre de circulaires à partir de 2018-2019, a fondu. Par contre les
règlements et les lois, on en a beaucoup trop, c’est vrai .
> Par an, on a augmenté la dette publique de
1,8 point. On a subi des crises, mais mes prédécesseurs ont aussi connu
des augmentations, de 1,5 point pour François Hollande et sans crise. (…) J’assume
totalement le «quoi qu’il en coûte» pendant la crise du covid19. Oui, on a
dépensé beaucoup d’argent, mais on a préservé notre appareil productif. (…) On
a évité le chômage.
> Je souhaite que l’on organise une conférence sociale
sur le mode de financement de notre modèle social. (…) Je souhaite de nouvelles
négociations sur les plus âgés des salariés, la qualité du travail et
l’évolution des formes de travail.
> Je ne vais pas nationaliser Arcelor, ce serait dépenser
des milliards d’euros. Nous allons sauver les sites de Dunkerque et Fos-sur-Mer
en ayant une politique européenne qui protège le marché européen de l’acier. On
va s’assurere qu’on n’a pas de concurrence déloyale (…). Si on fait des deux
choses-là, nous aurons la consolidation des sites de Dunkerque et Fos. (…) Nationaliser
une entreprise qui n’arrive pas à s’installer sur un marché, ce n’est pas une
bonne utilisation de l’argent.
> La politique que je mène depuis 2017 a permis d’enrayer
la baisse du nombre d’emplois industriels (…). On a baissé de deux points le
taux de chômage dans notre pays, on est le pays le plus attractif d’Europe.