Voici une sélection, ce 26 juin 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Face à une Russie
agressive et révisionniste qui ne cesse de déstabiliser nos frontières,
l’Europe doit se réarmer. Ces deux jours au Sommet de l’OTAN, nous l’avons
acté. Entre alliés européens, nous nous sommes engagés à augmenter nos efforts
de défense et en cela à renforcer le pilier européen de l’OTAN. Ces efforts de
défense, nous les devons à nous-mêmes, pour notre sécurité, pour notre
souveraineté, pour notre indépendance. En France, nous n’avions pas attendu ce
sommet pour avancer : au terme des deux lois de programmation militaire, notre
pays sera passé de 32 milliards d’euros à plus de 60 milliards dans sa défense.
L’Ukraine qui se bat depuis plus de trois ans contre l’agresseur russe doit
aussi être notre priorité. Car ce qui se joue en Ukraine impacte la sécurité de
tout notre continent. Je l’ai dit à tous mes homologues et l’ai réaffirmé au
Président Zelensky : nous continuerons de soutenir l’Ukraine aussi longtemps
que nécessaire.
> Avec le Président Zelensky en marge du Sommet de l’OTAN pour lui redire le soutien indéfectible de la France. J’ai condamné avec fermeté l’attaque massive de la Russie sur Dnipro et les attaques des dernières semaines sur les villes ukrainiennes. Alors que l’Ukraine a accepté depuis plus de trois mois le cessez-le-feu proposé par le Président Trump, la Russie persiste à refuser la paix. Elle bombarde, elle tue, elle viole le droit international sans jamais répondre de ses actes. La Russie ne peut pas continuer à tuer en toute impunité. Nous continuerons avec nos partenaires à mettre la pression pour parvenir à une paix robuste et durable en Ukraine.
> Je viens de m’entretenir avec le Premier ministre Netanyahu. J’ai souligné l’importance que toutes les parties respectent la trêve en cours. Nous partageons le même objectif : que l’Iran ne se dote jamais de l’arme nucléaire. Pour le garantir dans la durée, j’ai souligné l’importance de reprendre le chemin de la négociation qu’il s’agisse du nucléaire comme du balistique. Il en va de la sécurité d’Israël et de la sécurité de tous dans la région. J’ai redit au Premier ministre l’absolue nécessité d’instaurer un cessez-le-feu à Gaza. La libération de tous les otages, l’accès massif d’aide humanitaire dans la bande de Gaza et la recherche d’une solution politique à deux États, restent les priorités.
> Avec le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique Rafael Grossi. La France est engagée aux côtés de l’AIEA dont le rôle est essentiel pour la sûreté et la sécurité nucléaire. Il est urgent que l’agence puisse reprendre sa mission en Iran.
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ;
néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres
centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de
coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne
disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
● Ministres
centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Politique étrangère du gouvernement / Intervention à l’Assemblée]
La politique étrangère de la France engage le gouvernement,
au titre de ses prérogatives dans la conduite de la politique de la nation.
Mais c’est le président de la République, investi par les Français, élu par eux
au suffrage universel direct, qui, traditionnellement, définit la politique
étrangère, la met en œuvre dans tout ce qui relève des relations directes avec
les chefs d’État et représente la France sur la scène internationale.
Cela constitue l’inspiration et la nature même de ce qu’on appelle traditionnellement
le domaine réservé, mais qui, en réalité, en tout cas dans notre exercice, est
pratiqué en coresponsabilité.
Si nous sommes là ce soir pour débattre de la politique étrangère du pays,
c’est parce que nous avons assisté ces dernières années, à la fois en
spectateurs et en tant que partie prenante, à un immense basculement du monde.
Ce basculement du monde est parfaitement caractérisé et nous l’avons analysé
comme tel dès le jour où il s’est produit.
Le 24 février 2022, lorsque l’armée de M. Poutine a franchi la
frontière ukrainienne, le monde de l’après-guerre a changé de face, il a perdu
les repères autour desquels il s’était construit.
Depuis 1945, même s’il y a eu des manquements nombreux, nous vivions avec
l’idée – certains
diront l’illusion – que c’était le droit qui constituait à la fois le principe des relations internationales et la
protection de tous, en premier lieu des plus faibles. Telle est la fonction du
droit depuis qu’il a été codifié pour la
première fois, il y a
trente-neuf siècles, dans le code établi par Hammourabi, roi de Babylone, et
dont le prologue énonce le principe suivant : « Pour empêcher le
puissant d’opprimer le faible, j’instituerai dans la contrée le droit et la
justice ».
Cela a été le cas à la fin de la seconde – peut-être
faudrait-il dire la deuxième – guerre mondiale, dans les
grandes zones du monde. Ce droit était
fondé sur l’intangibilité des frontières,
le respect des droits fondamentaux des personnes, l’égalité des
nations, petites et grandes, principes gravés dans la Charte des Nations unies,
dont nous célébrons le quatre-vingtième anniversaire.
Lorsque Vladimir Poutine a massé son armée près de l’Ukraine, alors même qu’un
certain nombre d’intervenants dans le débat public prétendaient qu’il n’y avait
pas de risque, lorsque cette armée a franchi la frontière, nous sommes entrés
dans un nouveau monde.
Ce monde, il faut le nommer. Il est celui de la primauté de la force. Il se
caractérise par la même désinvolture et le même mépris à l’égard de toutes les
formes du droit qu’avaient affichés les puissances armées dans les années 1930
et 1940.
Nous sentions bien – pour certains d’entre
nous, nous l’avions dit dès le premier jour – qu’il y aurait un effet de contagion et que ce séisme dont l’épicentre était à Kharkiv, en Ukraine, provoquerait
un tsunami qui se répandrait
sur la planète entière. Cela n’a pas tardé : la Russie a fait naître autour d’elle et
animé un axe maléfique qui compte la Corée du Nord et la république islamique
d’Iran, les uns armant les autres, les autres protégeant leurs intérêts les
plus discutables, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies. Il suffit
de regarder la provenance du déluge de bombes, de missiles et de drones que la
Russie envoie sur l’Ukraine pour dessiner la géographie de ce mouvement de
contestation profonde du droit, au bénéfice de la violence.
Ce tsunami s’est rapidement étendu. Nous sont parvenues de Chine des
affirmations qui désignaient Taïwan comme cible. Les bruits de bottes se sont
multipliés : le 47e président des États-Unis les a fait
résonner au Groenland et au Mexique, le président du Venezuela au Guyana ;
ces bruits se sont, en plusieurs endroits, amplifiés jusqu’à l’affrontement,
comme entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, avec l’offensive du Haut-Karabakh en
septembre 2023.
Tout cela, jusqu’au 7 octobre 2023. Ce matin-là, un deuxième épicentre est
apparu. Au milieu de la musique et de la danse à Réïm, au début d’une journée
qui devait être normale et même gaie dans les kibboutz de Kfar Aza, de Nir Oz
et de Be’eri, s’est perpétré le plus grand pogrom que le monde ait connu depuis
la Shoah : 1 200 victimes, tant de jeunes débordant de vie, des
femmes qui portaient des enfants à naître, des nouveau-nés à qui la vie était
promise. Parmi ces victimes se trouvaient 49 de nos compatriotes ; 14
autres ont été blessés et 8 enlevés. Un de ces otages est mort peu après, dans
des conditions de détention abominables.
Le coupable de ces actes sauvages, le Hamas, ne s’est pas rendu responsable
d’un simple incident de frontière, mais d’un acte terroriste délibérément
choisi pour obtenir un but politique très clair : rendre la haine
inexpiable, rendre à jamais impossible toute réconciliation entre Israël et ses
voisins, entre Israël et la Palestine, entre Israël et Gaza, entre Israël et le
monde arabe. Son but était de faire disparaître l’espoir qu’avaient fait naître
les accords d’Abraham.
Ces accords liaient déjà Israël à des puissances du monde musulman – les Émirats arabes unis, le Maroc, le Soudan et Bahreïn – et on pouvait espérer
qu’à force de dialogue et de
travail, ils incluraient même
le pays qui garde les lieux les plus saints de l’Islam, l’Arabie
Saoudite. Cette tentative de paix, ouverte, patiente et réaliste, voilà la cible réelle
des attaques du 7 octobre !
Après, il y a eu le 8 octobre. Qui a immédiatement
profité de ce crime pour semer plus de haine et de guerre encore ? Dès le
8 octobre, ceux qui forment ce que la république islamique d’Iran appelle
l’axe de la résistance ont décidé d’exploiter cette faiblesse soudaine d’Israël
pour se lancer à l’assaut de l’ennemi désigné : le Hezbollah au Liban, les
milices armées chiites en Syrie et en Irak, les houtistes au Yémen et dans le
golfe persique ont pris le relais du Hamas en Palestine.
Les répliques du séisme ont continué ainsi jusqu’en avril 2024, quand Israël a
engagé l’acte suivant d’un conflit qui, en réalité, dure depuis des décennies.
À Damas, où la république islamique d’Iran n’a jamais interrompu sa présence,
Israël a frappé plusieurs de ceux qui actionnent leurs auxiliaires dans la
région, des haut-gradés de l’armée et des gardiens de la révolution. En
septembre, Israël a décimé l’encadrement du Hezbollah au moyen de bipeurs et de
talkies-walkies piégés. Enfin, ces derniers jours, un an et demi après le
7 octobre, cette guerre a connu un épisode décisif avec la campagne
intensive de frappes menées par Israël contre le programme nucléaire et
balistique iranien.
Tout cela forme un continuum. À quoi cet enchaînement mènera-t-il, pour la
région et le monde ? Nul ne peut le dire. Il y a une vérité que nous ne
pouvons pas nous dissimuler : la république islamique d’Iran constitue un
défi stratégique et sécuritaire pour la région. Mais elle l’est également pour
nous – la
France et l’Europe.
Car la république islamique d’Iran est sur le point d’obtenir l’arme nucléaire.
Jamais le programme nucléaire
iranien n’a été aussi avancé qu’aujourd’hui, sans aucune justification civile crédible.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a affirmé qu’elle n’était
plus en mesure de garantir le caractère pacifique de ce programme. Et pour
cause, la république islamique d’Iran enrichit l’uranium à des niveaux que ne
justifie pas une simple production d’électricité. À ceux qui voudraient
l’ignorer, le combustible pour une centrale électronucléaire est de l’uranium
enrichi à hauteur de 5 % à 7 %. En violation de ses engagements et de
ses obligations internationales, la république islamique d’Iran enrichit son
uranium à 60 % et en a accumulé 409 kilogrammes.
Une fois réenrichi à 90 % et passé de l’état gazeux à l’état métallique,
ce stock permettrait de produire près de dix bombes atomiques. Méthodiquement,
cet État a construit toutes les briques de l’arme nucléaire. Personne ne peut
le nier. Grâce à son programme de missiles balistiques, dont le stock est
estimé à plus de 2 000 unités, elle est susceptible de transporter
cette bombe et de viser Israël. La république islamique d’Iran ne cache pas le
but de cette opération. Elle appelle depuis un demi-siècle à ce que l’État
d’Israël « soit rayé de la carte ». Elle a affiché son soutien aux
massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre.
Nous devons toujours écouter les dictateurs. Une grande partie du malheur du
monde est venue de l’idée qu’on pouvait passer leurs discours sous silence et
ignorer leurs affirmations. On n’a pas écouté Hitler quand, en 1925, il
publiait sa haine viscérale du peuple juif. On n’a pas écouté la paranoïa de
Staline contre la paysannerie ukrainienne, dans laquelle se lisait déjà
l’Holodomor, la grande famine organisée qui fit en Ukraine entre 3 et
5 millions de morts entre 1932 et 1933. On n’a pas écouté Pol Pot, au
Cambodge, et sa haine des intellectuels.
Nous aurions dû prêter plus d’attention aux discours du dirigeant de la Russie.
Six ans après être parvenu au pouvoir, le dirigeant russe a engagé sa révision
de l’histoire, en commençant par qualifier la chute de l’URSS de « plus
grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ». Il a
ensuite contesté l’ordre international dans un grand discours à Munich en 2007.
Puis, ce furent l’invasion de la Géorgie en 2008, de la Crimée et du Donbass en
2014. Nous aurions tous vu, si nous l’avions voulu, où les points de cette
ligne interrompue conduisaient : à l’Ukraine.
De la même manière, les déclarations de la figure centrale de la république
islamique d’Iran qualifiant Israël, dès 2009, de « tumeur
cancéreuse », déclarant en 2014 que la seule solution aux problèmes de la
région, si ce n’est du monde, était « l’anéantissement de l’État
d’Israël », où conduisent-elles, sinon à l’usage de l’arme nucléaire
contre l’ennemi désigné ?
De tels discours, de telles entreprises, sont des facteurs de profonds
déséquilibres, alors que tout ce dont la région a besoin, et tout ce que la
France cherche à y favoriser, est l’équilibre fondé sur le droit.
Le développement du programme nucléaire iranien est une
menace existentielle pour l’État d’Israël. Nous aussi, Européens, sommes
menacés, car les missiles balistiques de l’Iran ont une portée suffisante pour
atteindre le sud-est de l’Europe et une partie de l’Hexagone.
La France salue comme une première étape le cessez-le-feu, certes fragile,
annoncé hier entre Israël et l’Iran, qui a permis de mettre fin à un cycle de
violences dont les conséquences seraient catastrophiques ; elle appelle
l’ensemble des parties à le respecter.
Dans le contexte actuel, notre première préoccupation reste la sécurité de nos
agents et de nos ressortissants dans la région. À commencer par les deux otages
français, Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis plus de trois ans dans
la prison d’Evin, au nord de Téhéran, dans des conditions indignes.
Nous mobilisons tous les moyens pour obtenir leur libération immédiate. La
France compte 985 ressortissants en Iran, dont 373 ont exprimé leur
souhait de quitter le pays. En Israël, où vit une importante communauté
française, 1 500 personnes sont en demande de retour, dont 200 avec
un caractère d’urgence. Des moyens civils et militaires, aériens et maritimes
sont déployés, d’autres en cours de déploiement. Ils ont permis à plus d’un
millier de Français de quitter l’Iran et Israël, comme vous l’avez annoncé,
monsieur le ministre de l’Europe et des affaires étrangères. Je remercie
l’ensemble des services de l’État en France et dans la région pour leur entière
mobilisation en soutien à nos ressortissants.
Face au retour des empires qui déchirent le paysage mondial, face au retour des
volontés dominatrices et de la violence désinhibée, que dit la politique
étrangère de la France ? Comment la France applique-t-elle, aujourd’hui,
les principes qui la guident depuis 1945 ?
Je commence par le front le plus brûlant : le soutien permanent à
l’Ukraine, sans faille, sur tous les aspects, et aussi profondément que
possible, pour soutenir la résistance de ce pays martyrisé à Vladimir Poutine.
Dans ce soutien que nous assurons avec plusieurs de nos partenaires, la France
conserve une orientation particulière : mettre en garde, infatigablement,
contre la lassitude de l’Occident, empêcher qu’elle s’insinue parmi les
peuples, les états-majors et les gouvernements. Il ne faudra jamais laisser
l’Ukraine, qui est une part de nous-mêmes, succomber à cause de notre
découragement.
La deuxième application de nos principes est la solidarité envers Israël. La
France s’honore d’avoir été l’un des premiers pays du monde à reconnaître
l’État d’Israël. Nous n’oublions pas les liens personnels, culturels,
scientifiques qui ont uni notre pays à Israël et à son peuple. La France
réaffirme que, face au pogrom, la première des solidarités est de ne pas
oublier les victimes, à commencer par les victimes françaises, de ne pas
oublier les otages, ceux qui sont morts en détention et ceux qui sont encore
retenus, qu’ils soient israéliens ou d’une autre nationalité. Il ne faut pas
oublier non plus qui a armé le détonateur, qui est le premier responsable de
l’horreur et de ses suites.
Ce soutien au peuple israélien, à son droit à l’existence et à la sécurité,
n’enlève rien à notre liberté de parole, rien à nos désaccords avec la
politique du gouvernement israélien, en particulier en ce qui concerne le sort
terrible des civils à Gaza. Depuis la rupture du cessez-le-feu, les combats se
sont intensifiés, et le nombre de victimes dépasse désormais les
50 000 personnes, dont une majorité de civils. La situation
humanitaire y est inacceptable. Le blocage de l’aide alimentaire, le fait que
les secours et les conditions sanitaires ne puissent pas être mis en place pour
le peuple de Gaza, la République française ne peut en aucune manière
l’accepter. La France continuera à soutenir les efforts en cours afin d’obtenir
un cessez-le-feu à Gaza.
Afin de rendre possible un règlement politique du conflit israélo-palestinien,
la France prône une solution à deux États, en sachant qu’elle repose sur des
conditions : des garanties données aux deux peuples, et en particulier des
garanties de sécurité données par l’ensemble des acteurs à Israël, et la
possibilité donnée au peuple palestinien de disposer de l’État auquel il a
droit et auquel il aspire légitimement.
Face à ce monde désormais régi par la force, quel est le double devoir de la
politique étrangère française ? Le premier axe est une nécessité, une
urgence, qui correspond à une détermination et à une conviction profondes :
nous devons construire la puissance européenne. À l’heure du retour des
impérialismes, si nous voulons continuer à défendre le droit et la justice,
nous devons aussi comprendre que la justice sans la force est impuissante. La
France, si elle veut exister, doit construire sa puissance ; il en va de
même pour l’Europe.
Construire la puissance européenne, c’est non seulement s’intéresser aux
moyens, c’est surtout forger la volonté européenne d’organiser sa défense et de
bâtir son autonomie stratégique. C’est aussi faire de l’Europe une puissance
capable de résister sur les fronts économique, financier, commercial et
industriel, ce qui exige qu’elle soit soumise à des règles également respectées
par les autres puissances. Cela exige aussi que nous unissions nos efforts.
Ensemble, nous pouvons aller plus haut, plus loin. C’est notre seule
sauvegarde.
Il y a quelques années, dans une campagne présidentielle, j’avais évoqué le
fait que 27 pays – 18 à l’époque – qui construisent chacun leur bâtiment à un étage, cela fait 27 bâtiments à un étage, mais que si nous unissons nos
efforts, cela fait un bâtiment à 27 étages.
Il y a par exemple des domaines militaires dans lesquels c’est ensemble que
nous devons construire. Nous devons notamment soutenir l’industrie européenne
de défense et exiger une préférence européenne en matière d’acquisition
d’armement. Nous ne pourrons assurer notre autonomie stratégique si nous ne
sommes pas à même de nous équiper nous-mêmes, en Européens. Or, l’année
dernière, les Européens ont acheté environ 79 % de leur équipement
militaire hors de l’Union européenne, dont 63 % aux États-Unis. Nous
devons renverser ces logiques d’approvisionnement. De premières étapes ont été
franchies au niveau européen, avec l’adoption par le Parlement européen d’un
programme européen de l’industrie de défense.
La situation nous oblige à conclure qu’en Europe, il n’y a que le président de
la République qui défende constamment et inlassablement une telle volonté pour
le projet européen. Dans son discours de la Sorbonne de 2017, il
affirmait déjà la nécessité de bâtir une Europe forte, dotée d’une autonomie
stratégique en matière de défense. Il appelait alors tous les dirigeants
européens, tous les parlementaires à retrouver l’ambition de bâtir une
« Europe souveraine, unie, démocratique ». Je me souviens très bien
avec quel scepticisme ce discours avait été accueilli. Nous voyons aujourd’hui
exactement ce qu’il en est. Seule l’Europe peut assurer une souveraineté
réelle, c’est-à-dire notre capacité à exister dans le monde actuel pour y
défendre nos intérêts, y compris nos intérêts moraux.
Le deuxième axe tient au rôle singulier de la France. La construction de
l’Union européenne et la participation de notre pays à cette construction ne
retirent rien au rôle singulier qui est le nôtre dans l’histoire des
nations : porter un message affirmant l’importance de la loi et la
nécessité du dialogue.
Dans le cas du programme nucléaire iranien, la France a joué depuis le début un
rôle de premier plan, notamment lors des négociations de l’accord de Vienne, en
2015, qu’elle a contribué à renforcer. Ce programme nucléaire a reculé, par le
passé, grâce à la diplomatie française. Je rappelle que c’est Donald Trump qui
a décidé de sortir de l’accord en 2018 ; la France l’a regretté et a
déployé tous les efforts pour faire revenir les États-Unis et inciter l’Iran à
se conformer à ses engagements.
µPour garantir à long terme que l’Iran ne se dote pas de l’arme nucléaire et
pour que le régime mondial de non-prolifération devienne enfin efficace, un
accord robuste, vérifiable et durable est indispensable. Des engagements clairs
et concrets devront être pris par l’Iran pour démontrer à la communauté
internationale que Téhéran souhaite s’engager dans cette voie et que des
résultats rapides pourront être atteints.
La vocation singulière de la France, c’est aussi de n’oublier aucune des
parties du monde avec lesquelles nous avons des liens ineffaçables. Il s’agit
de dire à tous, à commencer par nos partenaires européens, que nous ne pouvons
pas oublier l’Afrique ni l’Indo-Pacifique : nous avons un devoir à l’égard
de ces immenses parties du monde, menacées par les déséquilibres économiques et
démographiques. Nous ne pouvons pas laisser ces grandes régions du monde être
la proie des puissances extérieures, des prédateurs qui viennent s’installer
chez eux.
Nous savons à quoi nous assistons : à la mondialisation des problèmes. Le
séisme géostratégique qui fait que nous sommes réunis ce soir a aussi des
répliques dans le champ commercial, économique et industriel, qui
déséquilibrent des États entiers dans le monde. À cette mondialisation des
problèmes doit répondre une mondialisation des solutions. Cela ne signifie pas
qu’un pays imposera sa solution à tous, mais que ces solutions doivent être le
fruit de discussions menées en commun.
Le principe de la France en politique étrangère, c’est l’équilibre : nous
ne voulons pas d’un monde dominé par une seule puissance, et pas davantage d’un
monde déchiré entre deux ou trois puissances ! Nous voulons un monde
équilibré, au sein duquel les efforts en faveur de la paix et du développement
soient une charge et une responsabilité partagées.
La France est au rendez-vous que l’histoire lui impose ; la situation que
nous vivons nous permet de retrouver l’inspiration et de réaffirmer le rôle qui
est celui de notre nation depuis quatre-vingts ans.
> [Retraites / Intervention au Sénat]
Il est faux de penser que le conclave,
comme certains l'ont appelé a été un échec - au contraire. Nous
verrons, je l'espère, dans quelques heures, que cela n'a pas été le cas. Des
avancées importantes ont été consenties par tous les acteurs présents autour de
la table : syndicats de salariés et représentants des entreprises. Ces
avancées allaient dans le sens de ce que le Gouvernement et la nation
souhaitent : un équilibre pour le régime des retraites et un traitement
plus juste de certaines situations, notamment celle des femmes qui ont eu des
enfants.
Après avoir constaté que les participants à cette réunion s'étaient séparés
sans accord, je les ai invités à venir me rencontrer ; ils sont tous
venus. Un chemin existe pour ne rien perdre des avancées consenties. Je
continuerai à travailler avec eux jusqu'à demain après-midi, et je dirai alors
aux Français quel accord nous pouvons trouver. S'il demeure des points de
désaccord, le Gouvernement les tranchera.
Je serai ainsi absolument fidèle au texte que vous avez imparfaitement
cité : je me suis engagé à ce que, si cet accord entraînait des
dispositions législatives, elles soient soumises au Parlement. C'est une
obligation morale l'égard des générations qui viennent.
> [Retraites / Intervention au Sénat]
À mes yeux, pour avoir suivi les négociations presque minute
par minute depuis quatre mois, des progrès considérables ont été accomplis et
l'accord était à portée de la main - nous étions à quelques centimètres de
la réussite.
Allons-nous laisser ces progrès sans suites ? Non : nous allons
prendre en compte, autant que possible, toutes les concessions et volontés de
se rapprocher qui se sont manifestées. Le Gouvernement prendra ses
responsabilités.
Non pas, parce que nous serions sous la menace d'une censure : nous le
sommes constamment, puisque, chacun s'en est aperçu, il n'y a pas de majorité à
l'Assemblée nationale. Il est donc inutile de penser, comme Chantecler, que le
soleil se lève parce qu'on chante.
Je suis un défenseur de la démocratie sociale, tout le monde le sait. Le
travail accompli ne restera pas vain. Le Gouvernement l'assumera devant les
Français.
> [Retraites / Intervention au Sénat] Parmi mes
convictions, il y a l'attachement à l'idéal de démocratie sociale. Je pense que
certains domaines de la vie collective relèvent non pas du politique, mais de
la société civile organisée et des corps intermédiaires. C'est ainsi qu'on peut
apaiser la société au lieu de la rendre sans cesse plus conflictuelle.
Les retraites sont l'un de ces domaines. En la matière, la responsabilité des
partenaires sociaux peut être bienfaisante : nous l'avons cru et le
croyons toujours.
La négociation récente peut aboutir positivement ; en tout cas, elle a
fait considérablement progresser les choses. Je vous confirme la détermination
du Gouvernement à garantir que rien ne soit perdu du chemin accompli et à mener
à son terme le travail de concertation des organisations syndicales et
patronales.
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Ce ministère a besoin de stabilité, après le passage de six
ministres en deux ans et demi, avec des relations parfois tendues avec les
organisations syndicales. L’année a été marquée par des évènements imprévus,
comme le cyclone à Mayotte, le scandale de Bétharram qui a provoqué un flot de
témoignages d’anciens élèves qui ont raconté leurs traumatismes. Aujourd’hui, des
dizaines de collectifs de victimes de violences physiques et sexuelles se sont
constitués. Nous faisons aussi face à un contexte de violence, avec des
meurtres commis par des élèves dans un lycée à Nantes et plus récemment dans un
collège de Nogent-sur-Marne.
> Face à la circulation d’armes blanches, j’ai souhaité que les fouilles de sacs s’intensifient. Plus de 6 000 opérations ont été menées par les forces de l’ordre depuis avril, 200 couteaux ont été trouvés. Nous poursuivons cette démarche. Il faut combiner ces mesures avec les actions menées sur la sécurisation des enceintes scolaires, en lien avec les collectivités, et poursuivre une politique en faveur de la santé mentale des élèves.
> Près de 50 % des postes de médecins scolaires sont vacants, il faut améliorer leur attractivité.
Manuel Valls (ministre d’Etat, ministre des Outre-mer)
> Le trafic de drogue représente un danger mortel pour les sociétés
antillaises et guyanaise. Le narcotrafic utilise en effet la Martinique et la
Guadeloupe pour faire transiter des dizaines ou des centaines de tonnes de
cocaïne vers l’Europe. Il représente donc un danger existentiel. Il faut donc
agir.
Au niveau international, cette action implique de coopérer avec les autres pays
jouxtant la mer des Caraïbes, notamment les États-Unis d’Amérique, car toute la
zone est infestée par ce trafic qui mène une véritable guerre aux sociétés.
Il faut aussi augmenter les moyens humains et matériels. Nous devons en faire
plus sur terre, sur mer, dans les airs, en intensifiant la surveillance. Avec
les collectivités territoriales, nous devons engager une action opiniâtre,
notamment dans les ports. Les grands ports maritimes qui continueront à prendre
de l’importance dans les prochaines années doivent faire l’objet d’une
surveillance très stricte, ce qui passe notamment par le déploiement de
scanners. Il faut mener une action résolue avec les services de sécurité, la
justice et les collectivités territoriales.
C’est une cause nationale – la loi sur le narcotrafic, les textes votés au Sénat et les rapports sur ces sujets le montrent bien. Comme
ministre des outre-mer, j’appelle
à la mobilisation et à l’unité nationale.
Il ne faut pas d’une vie
politique qui passe à côté de l’essentiel : vous poursuivez des objectifs
qui ne permettront pas de fournir des réponses
concrètes à nos compatriotes antillais.
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> Avec Rafael Grossi, Directeur général de l’Agence Internationale de
l’énergie atomique. La France réaffirme son plein soutien à l’AIEA, pilier
essentiel de la non-prolifération, de la sûreté et de la sécurité nucléaires.
Dans le contexte actuel, il est impératif qu’elle puisse reprendre sans délai
l’exercice de sa mission en Iran.
> Au Sommet de l’OTAN, les Européens renforcent leur sécurité, leur indépendance et leur souveraineté. Face à l’agression russe : cessez-le-feu, sanctions coordonnées avec les États-Unis, et consolidation de la coalition des volontaires pour assurer la sécurité durable de l’Ukraine.
> Le Président de la République: c'est un fait, il n'y a
pas de légalité à ces frappes américaines. La France refuse absolument et
depuis longtemps que l'Iran puisse accéder à l'arme nucléaire. Les frappes
détruisent, elles peuvent retarder, mais en aucun cas elles peuvent empêcher
que ces capacités nucléaires puissent être reconstruites un jour. C'est donc
par la négociation que nous parviendrons durablement à écarter cette menace
existentielle - pour Israël, pour la région et pour nous-mêmes - du nucléaire
iranien. Nous ne les avons pas soutenues. Nous n'avons pas participé à ces
frappes. Nous n'étions pas informés au préalable. (…)
Seule la négociation nous prémunira durablement contre les risques existentiels
soulevés par le nucléaire iranien. Nous l'avons démontré il y a dix ans,
lorsque la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ont négocié un accord qui a
permis de réduire à la portion congrue ce programme nucléaire iranien. C'est le
même esprit qui nous anime aujourd'hui. (…)
Je crois que le droit international reste absolument valide. Et je suis
convaincu que la seule manière de sortir de cette crise, de nous prémunir
contre la menace, de protéger nos intérêts dans la région, ainsi que nos
partenaires, c'est de retourner à la négociation, comme nous l'avons fait il y
a dix ans, avec des résultats qui étaient à la hauteur de nos attentes.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> À la question « Qu’est-ce que le Gouvernement a fait en matière
écologique ? », ma réponse :
Qui a baissé de 20% nos émissions de gaz à effet de serre en 7 ans ? C'est nous
!
La baisse de la pollution de l’air de 31% ? C'est nous !
La planification écologique ? C'est nous !
L’augmentation de l’enveloppe Barnier ? La création du fonds vert ? C'est
encore nous !
Les 1,2 million de rénovations thermiques grâce à MaPrimeRénov’ ? Le million de
bonus écologique ? Le leasing social ? Là encore, c’est nous !
Plutôt que de rester les bras croisés, nous, nous agissons !
> Est-ce que les populistes veulent que demain, nous n’ayons plus d’eau ? Plus d’industries ? Le dérèglement climatique est à nos portes. Et quand certains, comme hier, votent contre les énergies renouvelables sans proposer aucune solution pour sortir des énergies fossiles qui dérèglent le climat et nous rendent dépendant de la Russie, du Moyen-Orient et des Etats-Unis, ils mettent les Françaises et les Français en danger. Au Gouvernement et au bloc central, nous, nous avons pris nos responsabilités. Je salue la position très claire de Gabriel Attal et de mon groupe Ensemble pour la république pour refuser des reculs écologiques inacceptables.
> La Cour des comptes l’a dit : notre régime de retraites est déséquilibré. Qu’est-ce que propose le NFP ? Le déséquilibrer encore plus, au risque de priver les jeunes actifs de toute retraite demain ? C’est absolument irresponsable.
> La négociation sur les retraites est difficile. Mais nous ne pouvons pas nous permettre de mettre en danger notre système avec des décisions court-termistes qui priveraient les plus jeunes d’une retraite. Le Parti socialiste dépose une motion de censure sans avoir la moindre idée de ce que donneront les discussions. Personne n’est dupe : c’est une manœuvre politique et un geste d’allégeance à la France insoumise pour les municipales.
> Depuis mon arrivée au ministère, je n’ai pas ménagé mes efforts pour défendre les chasseurs, en particulier devant la Commission européenne, et notamment sur la chasse à la Palombe. Ma boussole, c’est l’état de conservation des espèces, sur la base des études scientifiques disponibles. Les scientifiques mandatés par la Commission européenne relèvent le déclin de neuf espèces de gibier d’eau. Les recommandations de la Commission qui en découlent sont claires, et connues depuis 2024 : moratoire ou baisse de 50% des prélèvements, avec effet 2025. Réinterrogée par mes soins à ce sujet, la Commission me l'a confirmé ce matin. En France, nous tenons une ligne simple : réduire les prélèvements sur les espèces en déclin, les augmenter là où les populations progressent, et réserver les moratoires aux espèces les plus menacées. Sur cette base et pour répondre au cadre européen, nous avons soumis à la discussion, après un certain nombre d’échanges, plusieurs projets d’arrêtés qui visent à traduire les recommandations scientifiques. Ce sont des projets. La Fédération Nationale des Chasseurs vient tout juste de faire des propositions alternatives. Elles sont en cours d’examen. Je vais être très claire : j’ai une obligation de résultat, pas de moyens. Mon objectif est d’avoir des mesures robustes qui ne tombent pas au contentieux. Si d’autres propositions que les nôtres permettent d’atteindre les mêmes objectifs, nous les regarderons sans tabou. Nous continuons à travailler avec les représentants des chasseurs.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> J’ai signé avec mon homologue Naïma Ben Yahia un accord de coopération
inédite franco-américaine pour la lutte contre les violences faites aux femmes.
C’est une première! Formation, outils de prévention, aide aux victimes et
création d’un réseau franco-marocain d’associations de terrain : nous avançons
main dans la main.
> À Casablanca, on produit des pièces de haute technicité pour l’aéronautique mondiale. Et la France, avec Safran notamment, est aux avant-postes. Un emploi créé au Maroc est un emploi supplémentaire créé en France. L’excellence s’y construit au quotidien, portée par les femmes, qui représentent 50% des ingénieurs. C’est en investissant dans les compétences que nous préparons l’avenir de l’industrie aéronautique, au service de nos deux pays
Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée des Comptes publics)
> [Arrêts maladie] Aujourd'hui nous avons 40% d'arrêts en plus, (...) la
moitié de la hausse est portée par les moins de 30 ans, doit nous interroger
sur les conditions de travail, le management mais aussi la responsabilité des
assurés.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> [Politique énergétique / Intervention au Sénat] Le cap de notre
politique énergétique reste inchangé : sortir de la dépendance aux
énergies fossiles. C'est un enjeu climatique, mais aussi de souveraineté, dans
la mesure où ces énergies pèsent sur notre balance commerciale à hauteur de
70 milliards d'euros et nous mettent à la merci de pays dont certains nous
sont désormais hostiles.
Ce cap, nous l'atteindrons grâce à une stratégie reposant
sur deux jambes : le nucléaire et les énergies renouvelables. La
proposition de loi de Daniel Gremillet, dont je salue le travail, fournissait
un cadre. Elle a été dénaturée à l'Assemblée nationale par des mesures absurdes
du point de vue industriel, comme la réouverture de Fessenheim et d'autres très
fragiles du point de vue du respect du droit européen. Quant au moratoire sur
les énergies renouvelables, il serait dévastateur pour nos filières et
l'économie de nos territoires.
Ce texte a été rejeté : je pense que c'était nécessaire. Il va poursuivre
son cheminement et revenir devant vous le 8 juillet. La sérénité doit
reprendre ses droits dans les débats.
Le décret portant programmation pluriannuelle de l'énergie est réclamé par les
filières industrielles et nécessaire pour mettre notre politique nucléaire en
cohérence avec nos objectifs, mais il ne sera publié qu'une fois que la
représentation nationale aura pu converger sur un texte et le voter.
> Dans un contexte où l’Europe doit reprendre la main sur
ses capacités productives, deux convictions simples :
- Mon rêve pour l’industrie ? Qu’elle redevienne un moteur de fierté
collective.
- Mon attente ? Que nos industriels renouent avec l’audace, misent sur les
coopérations, et s’engagent résolument dans la transition écologique et
numérique.
Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre
des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> Honneur à ceux de Corée. Ceux qui, il y a 75 ans, ont répondu à
l’appel des Nations Unies pour défendre la liberté. 3 400 soldats français ont
combattu, sous des températures extrêmes, parfois jusqu’au sacrifice. Leur
bravoure à Chipyong-ni, Crèvecœur ou sur la cote 281 reste un sommet
d’engagement et de fidélité. Ils furent les premiers de nos OPEX. Leur mémoire
est une exigence pour la République. Aujourd’hui, j’ai salué leur courage. Et
rappelé ce que la France leur doit. Une pensée émue pour André Datcharry,
vétéran de la guerre de Corée, l’un des 3 400, qui nous a quittés en mars.
> [Dépenses en matière de défense/ Intervention à l’Assemblée]
Le PLF 2025 prévoit 50,5 milliards pour la mission Défense. C’est
une hausse considérable par rapport aux 32 milliards qui y étaient consacrés en
2017.
Cependant, la motion de censure et deux mois de services votés ont retardé
certaines commandes : la DGA n’a pu engager de nouveaux contrats qu’à
partir du mois de mars. Ce retard est en voie d’être résorbé. La moitié des
crédits d’équipement gelés en début d’année ont été libérés en avril et
consommés depuis par la DGA. L’autre moitié sera dégelée d’ici la fin du mois
de juin. Le dégel sera alors complet.
En matière de commandes, 3,2 milliards d’euros ont déjà été engagés,
contre 4 milliards à la même date en 2024, malgré un début d’année
contraint. En crédits de paiement, 10 milliards ont été dépensés, soit
1 milliard de plus qu’à la même période l’an passé. Cela fait en moyenne
60 millions de paiements par jour ouvré.
Vous avez raison de souligner l’importance pour les PME de la visibilité du
plan de commandes. La loi de programmation militaire offre ce cadre :
268 milliards de commandes sur sept ans ont été planifiés et votés par le
Parlement. C’est une hausse notable par rapport à la précédente LPM, qui
prévoyait 170 milliards de commandes aux industriels. En outre, le tableau
des équipements votés en LPM donne à la base industrielle et technologique de
défense la visibilité sur les programmes dont elle a besoin.
Désormais, le véritable enjeu est bien que nos grands maîtres d’œuvre
industriels répercutent cette visibilité sur leurs sous-traitants et les PME de
la BITD. C’est un sujet sur lequel nous sommes pleinement mobilisés, en lien
avec les filières industrielles concernées.
Nos industries nous font honneur. Nous les soutenons. Notre réarmement n’est
pas une option, c’est une nécessité. Je sais que vous et votre groupe êtes
pleinement engagés sur le sujet.
Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> J’ai accueilli ce matin, au ministère de la Ville, la « Matinée
de l’inclusion économique » avec de plus de 150 entreprises, nous avons
annoncé un tournant pour l’emploi dans les quartiers prioritaires de la
politique de la Ville (QPV). → Notre objectif : 100 000 recrutements inclusifs
d’ici 2026, en particulier pour les jeunes diplômés, les femmes, et les
entrepreneurs issus de QPV. Nous voulons mettre l’accent sur l’émancipation
économique des femmes des quartiers populaires, trop souvent invisibilisées
dans les politiques de l’emploi. Parce que l’égalité des chances passe aussi
par des réponses ciblées. Avec ce plan, le Gouvernement agit concrètement pour
une économie plus inclusive, pour une égalité réelle et, surtout, pour que les
talents des quartiers aient enfin leur place. L’heure n’est plus au constat,
mais à l’action.
Le jobdating organisé au ministère illustre cette volonté :
- Mise en relation directe via la plateforme diversifiezvostalents.com, qui
collecte et valorise les offres des entreprises engagées.
- Utilisation d’outils innovants pour réaliser des mini-bilans de compétences
personnalisés.
- Valorisation des compétences transversales et orientation vers les secteurs
en tension. →
- Accompagnement ciblé pour améliorer l’employabilité, notamment via des
programmes universitaires et la formation à l’intelligence artificielle.
Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des
Français de l’étranger)
> Nous avons le même objectif que les États-Unis et que les pays
européens à ce sujet : empêcher l’Iran de développer son programme d’armement
nucléaire et balistique.
> [Conflit Israël-Iran / Intervention à l’Assemblée] La
position de la France concernant le conflit israélo-iranien demeure la
même : ce n’est pas par l’action militaire que l’on réglera le problème du
programme atomique et balistique en Iran.
Néanmoins ne vous [LFI] faites pas l’avocat du régime iranien. Voulez-vous voir
le régime iranien islamiste radical se doter de l’arme nucléaire ?
Dites-le clairement !
Nous, nous luttons pour que l’Iran n’accède pas à l’arme nucléaire et ne
développe pas son programme balistique. Nous disons tout aussi clairement que
le droit d’Israël à se défendre est un droit fondamental. J’aimerais vous
l’entendre dire aussi.
> Il faut souhaiter ardemment la fin définitive du
conflit entre Israël et l’Iran. Par définition, c'est encore fragile. Mais cela
semble effectivement être un cessez-le-feu qui commence à durer. Ce qu'a dit la
France depuis le début de ce conflit, c'est que ce n'est pas par la seule voie
militaire que devait se régler la problématique du dossier nucléaire et
balistique iranien. Donc il va falloir poursuivre les discussions
diplomatiques, les négociations à plusieurs pays avec l'Iran, pour pouvoir nous
assurer qu'après ce conflit ne reprenne pas le programme nucléaire iranien -
qui était, je le rappelle, et qui reste aujourd'hui une menace pour Israël
d'abord, mais aussi pour la région et pour l'Europe. Et donc, effectivement,
nous devons collectivement être très vigilants à cela. (…)
Je crois que ce qui a gagné, c'est le fait que l'Iran, aujourd'hui, ne puisse
pas démontrer sa possibilité de poursuivre ses objectifs nucléaires et
balistiques.
> La sécurité d'Israël n'est pas négociable. Et ça, c'est effectivement quelque chose qui a encore été démontré ces derniers jours. Nous l'avons dit et répété. En revanche, là où la position française a parfois été assez singulière - mais, je crois, extrêmement claire -, c'est que ce n'est pas uniquement par la voie militaire que cela se règle. Et le respect du droit international, d'une part, mais aussi la nécessité du dialogue permanent sur la question du programme nucléaire iranien doit perdurer.
> La France n'a pas souhaité participer aux attaques en Iran. La France considère que ce qui a été fait il y a 10 ans avec les Britanniques et les Allemands pour permettre, justement, de contenir le programme nucléaire et balistique iranien a fonctionné.
> Nous disons que nous sommes ensemble pour dire une chose très claire : non au programme nucléaire iranien. Ce dont on doit se féliciter ensemble, c'est qu'effectivement, cette guerre, ces attaques prennent fin. Parce qu'à la fin, derrière, pardon de le dire avec un peu de solennité, mais ce sont aussi des civils qui sont tués. Ce sont des victimes collatérales dans ce conflit, qui n'ont rien à voir avec la politique du régime des mollahs. Donc nous sommes opposés à cette politique-là. Nous sommes unis avec les Etats-Unis et l'ensemble des pays européens sur le fait que l'Iran ne doit pas disposer de l'arme nucléaire. Et donc, effectivement, la voix de la France est importante du point de vue diplomatique et de la négociation pour rappeler à quel point c'est important et nécessaire aussi de passer par là pour résoudre ces problématiques.
> Les Etats-Unis sont des alliés et des amis. On n'a jamais dit le contraire. Est-ce que vous avez entendu la voix française diverger là-dessus ? Nous avons parfois des différences d'appréciation sur la façon, effectivement, d'atteindre un objectif commun. Cet objectif commun, c'est "Non au nucléaire iranien". On l'a toujours dit très clairement. La France, avec ses partenaires, notamment européens, a su démontrer la voie du dialogue, de la diplomatie, de la négociation. C'est ça qu'on répète. Et pardon si, aujourd'hui, on s'est assuré de la fin d'un conflit, la fin de morts civiles... Parce que c'est aussi pour cela que nous sommes toujours réticents à passer par la seule voie militaire : elle ne règle pas la problématique du changement de régime, elle ne règle pas la problématique nucléaire iranien, par contre elle fait des morts. Et pardon d'avoir une voix française qui parfois sait le rappeler.
> [La voix de la France depuis le début du conflit
Israël-Iran]. Nous appelons à un cessez-le-feu dans l'ensemble de la région
depuis le début du conflit. Nous considérons que l'Iran ne doit pas se doter de
l'arme nucléaire. Nous considérons que l'Iran doit cesser ses programmes
nucléaires et balistiques, mais que cela passera d'abord par le dialogue, la
négociation, ce que la France a toujours dit et ce en quoi la France a toujours
cru. Preuve en est, il y a une décennie, c'était la France avec ses partenaires
britanniques et allemands qui avaient permis, par la négociation, justement, à
mieux encadrer et à faire reculer le programme nucléaire iranien. Nous
continuons à croire que c'est la meilleure des solutions, mais cela doit
évidemment d'abord passer par un cessez-le-feu. (…)
Ce qui compte aujourd'hui pour nous, la France, c'est qu'effectivement nous
puissions reprendre des discussions, un dialogue, et que cessent justement les
combats, pour ne pas faire rentrer cette région dans une incertitude et un
embrasement que nous considérons comme dangereux, non seulement pour la région,
à commencer par Israël, mais aussi pour le reste de l'Europe. Et donc, ça nous
concerne directement.
Thani Mohamed Soilihi (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de la Francophonie et des Partenariats
internationaux)
> La France réaffirme l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et
permanent à Gaza, la libération inconditionnelle de tous les otages et un accès
humanitaire immédiat, massif et sans entrave vers Gaza.
> La France et Djibouti renouvellent leur partenariat de défense au service de la stabilité régionale. Je salue l’adoption hier par le Parlement du projet de loi de ratification du traité de coopération en matière de défense entre la France et la République de Djibouti. Ce texte vient renforcer un partenariat stratégique entre nos deux pays à travers une coopération de défense renforcée. La présence de nos forces armées à Djibouti est un atout essentiel pour protéger les intérêts de sécurité de la France, dans une zone par laquelle transite une importante partie de nos approvisionnements. Cette présence française a par ailleurs été un relai essentiel pour assurer les approvisionnements de Mayotte suite au passage du cyclone Chido.
● Autres
ministres
Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des
Familles)
> Un accord sur les retraites est encore possible. Des évolutions
peuvent être apportées, notamment sur l’usure professionnelle ou le travail des
femmes. Le gouvernement est déterminé à trouver une réponse qui rassemble, dans
l'intérêt des Français.
Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de
la Souveraineté industrielle et numérique)
> [Finances publiques / Intervention au Sénat] Avec la ministre des Comptes
publics, nous allons recevoir les présidents de groupe, de commission et les
rapporteurs généraux pour écouter les propositions et élaborer un projet de loi
de finances dont le Premier ministre donnera les premières lignes mi-juillet.
Nous poursuivrons la concertation à la rentrée, afin de trouver l'accord le
plus large possible.
Sur les retraites, le Premier ministre a été limpide : les partenaires
sociaux étaient à quelques centimètres d'un accord, il nous faut trouver
les voies et moyens d'y parvenir.
Les engagements en matière fiscale seront tenus - vous connaissez le
Premier ministre. Le texte va se construire dans le dialogue. Nous sommes prêts
à travailler avec vous pour élaborer un budget efficace et utile.
Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> Nos armées n'ont pas participé aux frappes sur l'Iran. Mais nous
protégeons nos bases dans la région, en légitime défense. Nos systèmes de
défense sol-air et Rafale déployés ont intercepté plusieurs drones iraniens,
dont la trajectoire vers Israël survolait nos emprises.
> Arrivé au sommet de l'OTAN à La Haye aux côtés d'Emmanuel Macron. Coordination avec mes homologues allemand, britannique, italien et polonais. Pour partager nos appréciations respectives de la situation au Moyen-Orient et son évolution à venir. Ainsi que faire le point sur nos travaux menés au sein de la Coalition des volontaires pour l'Ukraine. Et travailler sur nos efforts de défense et le nécessaire réarmement européen.
François Rebsamen (ministre de l’Aménagement du
territoire et de la Décentralisation)
> [Logemenrts / Intervention au Sénat] En matière de production de logements, la situation est très difficile -
nul ne peut le nier. La ministre du logement a signé une feuille de
route avec l'ensemble des bailleurs sociaux, appuyée sur la baisse de la réduction
de loyer de solidarité (RLS) et sur celle du taux du livret A, afin de
produire plus de 110 000 logements sociaux.
µIl faut aussi relancer la production de logements locatifs privés de qualité,
grâce notamment à l'exonération temporaire de droits de succession en cas de
donation pour l'achat d'un logement neuf.
Nous soutenons aussi l'accession à la propriété, grâce à l'extension du PTZ à
tout le territoire : au 1er avril, plus de
10 000 prêts avaient déjà été souscrits.
À la fin du mois d'avril, les permis de construire sont en hausse de 11 %
par rapport aux trois mois précédents.
Nous devons adapter le calendrier de la décence énergétique, pour continuer à
rénover les logements tout en permettant leur location. Il nous faut trouver un
consensus rapide sur le sujet. Nous y sommes prêts.
Enfin, pour les plus fragiles, le plan Logement d'abord permettra d'offrir un
logement décent à plus de 80 000 personnes.
Annie Genevard (ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté
alimentaire)
> Depuis mon arrivée à la tête du ministère de l’agriculture, je n’ai
pas ménagé mes efforts en faveur de la filière viticole, dont vous avez
souligné l’importance à juste titre.
Nous avons d’abord appliqué le plan d’arrachage définitif, pour un coût de
110 millions d’euros. Nous avons lancé des prêts structurels et
conjoncturels pour soutenir des trésoreries très affaiblies. Nous avons accordé
une aide de 9 millions aux jeunes viticulteurs, et une autre de
1 million à la filière des pépinières viticoles. Nous avons aussi débloqué
des fonds pour la prise en charge exceptionnelle des cotisations à la Mutualité
sociale agricole, en particulier pour les viticulteurs.
Au niveau européen, la France participe au groupe de haut niveau consacré à la
viticulture – elle
en est même l’un des leaders. Nous avons défendu diverses mesures et nous
pouvons dire avec satisfaction que nous avons obtenu gain de cause sur
plusieurs sujets, comme la régulation
du potentiel viticole ou l’allongement
de la durée des droits de
plantation, ce qui laissera plus de marge de manœuvre aux producteurs.
Nous nous sommes surtout attaqués avec succès à un problème qui intéresse
particulièrement la Champagne et sur lequel mon attention a été également
appelée par Charles de Courson : il s’agit de protéger les zones
bénéficiant d’une indication géographique protégée de la mixité avec des
plantations sans IGP. C’était une demande très forte, notamment en Champagne.
Nous serons extrêmement attentifs à la traduction juridique de cette avancée.
Soyez assuré que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, ici et à Bruxelles,
pour protéger ce joyau de notre agriculture qu’est la viticulture.
> La France est une championne de production d’œufs au plan européen puisque
nous sommes presque autosuffisants, à 95 % – les filières
qui peuvent se prévaloir d’un tel niveau ne sont pas très nombreuses. Les œufs constituent une source de protéine peu chère et très appréciée des Français,
qui en sont de gros consommateurs. Toutefois, nous ne devons pas tenir cette
position pour acquise. Tout est toujours fragile et nous devons veiller à maintenir la production à ce niveau élevé.
Comment maintenir, voire améliorer, la production d’œufs dans notre pays ?
Je veux tout d’abord saluer le projet de filière du CNPO, qui prévoit la
construction de 300 nouveaux poulaillers d’ici à 2030. Cette ambition est
à portée de la main à condition que nous favorisions la construction de ces
poulaillers. Pour cela, nous devons commencer par convaincre nos concitoyens
qu’ils sont utiles, parce qu’ils produisent des œufs et des poulets, dont la
consommation ne cesse de progresser, ainsi que les importations, en particulier
celles de poulets. Il faut ensuite simplifier les procédures, qui sont trop
compliquées. Tel est l’objet du projet de loi visant à lever les contraintes à
l’exercice du métier d’agriculteur, dont un article est destiné à simplifier la
procédure des ICPE de façon à ne pas décourager les porteurs de projet. Nous
avons la chance d’avoir des porteurs de projet, ne les décourageons pas par des
mesures trop contraignantes !
Marie Barsacq (ministre des Sports, de la Jeunesse et de
la Vie associative)
> Face à la violence, le football français mérite des solutions
concrètes. Ses supporters aussi !
Signature ce matin, d'une convention inédite entre l'État et la LFP - Ligue de football
professionnel. Cette convention précise les responsabilités de chacun dans la
sécurisation des matchs. Elle prolonge la circulaire du 6 mars.
Le cœur battant de notre football, ce sont les supporters. Ceux qui chantent,
qui se déplacent, qui vivent leur passion en tribune.
On ne peut plus accepter que des matchs soient entachés par des violences, des
propos discriminatoires ou des affrontements dans et autour des stades.
En créant les conditions pratiques pour permettre plus de sanctions
individuelles, notamment des interdictions de stade, contre les auteurs de
débordements et de violences, nous agissons pour permettre à l'immense majorité
des supporters de vivre leur passion, à domicile, et en déplacement.
Etat, Ligue, clubs, supporters : nous devons nous engager et agir ensemble pour
un football populaire, festif et sûr.
> 2030, ça commence maintenant ! Je me félicite de
l’adoption par le Sénat du projet de loi relatif à l’organisation des Jeux
Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030. C'est une première étape.
Ce texte doit nous permettre de nous doter collectivement des outils
nécessaires pour livrer des Jeux à la hauteur de nos ambitions. Il offre un
cadre clair, adapté et exigeant, pour répondre aux défis d’un événement
international d’ampleur, dans un territoire de montagne, dans le respect des
équilibres budgétaires et environnementaux.
Je remercie les sénatrices et les sénateurs pour la qualité de leurs échanges
et de leurs travaux, qui ont permis d’enrichir ce texte. En cohérence avec
l’expérience des Jeux de Paris 2024, ce texte prévoit des mesures concrètes en
matière de sécurité, d’infrastructures, d’éthique, de lutte contre le dopage,
et d’héritage territorial.
Le projet de loi devrait être examiné par l’Assemblée nationale à l'automne
avec pour objectif une adoption définitive d’ici la fin de l’année.
Je suis pleinement mobilisée pour accompagner ces travaux dans un esprit de
dialogue et de responsabilité, afin que les Jeux d’hiver 2030 soient un succès
pour notre pays, ses territoires et le sport français dans son ensemble.
Yannick Neuder (ministre délégué auprès de la ministre du
Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la Santé et
de l’Accès aux soins)
> [Violences contre le corps médical / Intervention à l’Assemblée] C’est
avec un grand plaisir que je vous retrouve aujourd’hui pour l’ultime étape de
l’examen d’une proposition de loi importante.
Je commencerai par rendre hommage aux parlementaires de tous horizons, députés
et sénateurs, qui se sont investis sur ce sujet majeur de la sécurité des
professionnels de santé. Leur engagement a permis de faire aboutir ce texte
tant attendu. Je ne manquerai pas de mentionner particulièrement Philippe
Pradal, qui fut à l’initiative de ce texte et rapporteur lors de la précédente législature
à l’Assemblée nationale.
Je mentionnerai également ma prédécesseure, Agnès Firmin Le Bodo, qui
s’est beaucoup investie sur cet enjeu.
Je salue la qualité des travaux menés en commission, en séance et en commission
mixte paritaire.
J’ai déjà eu l’occasion de le rappeler : le plus grand danger pour une
société serait de s’habituer à la violence. L’adoption de ce texte traduit un
refus catégorique de toute banalisation et affirme que la violence, quelle que
soit sa forme, est toujours inacceptable.
Ce texte proclame haut et fort qu’il n’y a ni petite violence, ni violence
ordinaire ; que tout coup, toute menace, toute blessure, tout crachat,
toute insulte envers un professionnel de santé ou envers ceux qui concourent
aux soins est une attaque en règle envers notre système de santé.
La proposition de loi adresse un message fort à nos soignants et à tous ceux
qui concourent aux soins : l’État est à vos côtés ; nous serons
intransigeants. Nous adressons également un avertissement clair à tous les
agresseurs : nous ne laisserons rien passer.
Grâce à ce texte, nous franchissons une étape décisive dans notre combat commun
pour protéger nos soignants et pour ne laisser aucun répit à ceux qui leur
portent atteinte. L’actualité rend cette exigence encore plus pressante, lui
conférant un caractère d’urgence. Chaque jour, dans notre pays, soixante-cinq
professionnels de santé sont agressés. Ce n’est pas acceptable.
Je le dis avec gravité, car je l’ai vécu de plusieurs façons. En tant que
médecin chef de pôle d’abord, inquiet pour mes équipes, aux côtés de collègues
victimes ; en tant qu’élu local, face à la détresse de certains
professionnels de santé ; en tant que député aussi, puisque je me suis
investi sur ce sujet avec conviction et avais porté des propositions
législatives en ce sens ; en tant que ministre de la santé enfin, puisque
ce sujet est pour moi une priorité incontournable.
Mon arrivée au ministère, au début de mois de janvier 2025, a
malheureusement été marquée par l’un de ces drames. Dès ma prise de fonction,
je me suis rendu à Annemasse, en Haute-Savoie, auprès de quatorze soignants
agressés et d’une communauté bouleversée. Devant eux, j’ai pris un
engagement : d’ici septembre 2025, de nouvelles mesures seraient
prises pour renforcer leur sécurité.
C’est aussi l’un des engagements forts de notre pacte de lutte contre les
déserts médicaux.
Mon objectif est de marquer un tournant décisif dans la lutte contre les
violences. Cela passe bien sûr par un renforcement des moyens d’action en amont
des violences : la reconduction pour l’année 2025 d’une enveloppe annuelle
de 25 millions d’euros allouée à la sécurisation des établissements de
santé et la poursuite des campagnes de communication et de sensibilisation dans
la continuité du plan ministériel pour la sécurité des professionnels de santé
lancé en septembre 2023 par Agnès Firmin Le Bodo.
Je veux aussi souligner combien les professionnels eux-mêmes se sont saisis de
l’enjeu. Médecins, étudiants, infirmiers et paramédicaux, en ville comme à
l’hôpital, se sont mobilisés.
Le présent texte prévoit également le renforcement de l’Observatoire national
des violences en milieu de santé. Dans sa nouvelle version, il ne sera pas une
simple chambre d’enregistrement mais une véritable instance de suivi, d’écoute
et d’orientation. Il intégrera également les violences sexistes et sexuelles,
qui ont longtemps fait l’objet d’une omerta dans le monde de la santé et contre
lesquelles la tolérance zéro s’impose avec la même force.
Je n’oublie naturellement pas les soignants en exercice libéral, qui doivent
eux aussi pouvoir bénéficier de dispositifs de protection efficace.
Enfin, je compte beaucoup sur l’implication des élus locaux ; ils ont un
rôle important à jouer dans leurs collectivités, notamment à travers leurs
polices municipales ou leurs systèmes de vidéosurveillance. Je voudrais
notamment citer le dispositif de bouton d’alerte : relié aux forces de
l’ordre, il offre aux soignants un moyen direct et discret de donner l’alerte
en cas de danger. J’avais moi-même mis ce dispositif en place dans ma région, Auvergne-Rhône-Alpes,
et en tant que maire. Je sais qu’il marche bien et qu’il est déployé dans des
collectivités de plus en plus nombreuses, en Haute-Vienne ou en Guyane par
exemple.
Renforcer la sécurité, prévenir, dissuader, c’est indispensable. Mais il faut
aussi, lorsque les violences surviennent, durcir notre réponse pénale. Ma ligne
est claire : tolérance zéro, zéro impunité. C’est une nécessité que ce
texte vient concrètement traduire dans notre droit.
D’abord, les peines seront aggravées en cas de violences ou de vol en milieu de
santé. Notre code pénal prévoit déjà des circonstances aggravantes en cas
d’agression des professionnels de santé dans l’exercice ou du fait de leurs
fonctions. Cette proposition de loi nous permet d’aller plus loin en réprimant
les violences commises à l’encontre de tous les personnels et dans tous les
secteurs de la santé, à l’hôpital comme en ville et dans les établissements
médico-sociaux.
Les violences verbales et les insultes contre les soignants ou envers les
professionnels des structures médicales seront aussi plus fermement réprimées.
C’est très important : la tolérance zéro, c’est de ne rien laisser
passer ! Une insulte, qu’elle soit en face ou en ligne, n’est jamais
anodine. Il faut briser la spirale de la violence dès son premier stade. C’est
pourquoi je salue la création d’un délit d’outrage élargi à l’ensemble des
professionnels qui concourent aux soins, qu’ils soient considérés ou non comme
exerçant une mission de service public.
Enfin, afin d’accompagner, de soutenir et de protéger les professionnels
victimes, nous facilitons le dépôt de plainte. Celui-ci est, en effet, souvent
ressenti comme une épreuve difficile par les professionnels confrontés aux
violences. Certains craignent également les représailles. Cela aboutit à de
nombreux renoncements – laissant les actes et les auteurs impunis.
C’est pourquoi le texte ouvre à l’employeur d’un
professionnel de santé la
possibilité de déposer plainte à sa place, avec son accord écrit, pour certaines infractions.
Cela concerne les établissements
de santé – hôpitaux, cliniques, Ehpad –, mais aussi les cabinets,
laboratoires ou encore pharmacies.
La question des libéraux, qui
sont leur propre employeur, s’est
naturellement posée : un décret viendra préciser
quels sont les organismes représentatifs
autorisés à porter plainte. Je veillerai à ce qu’une concertation ait lieu et à ce qu’il soit
publié rapidement. Les
discussions avec les ordres ainsi qu’avec
les unions régionales des
professionnels de santé (URPS)
sont en cours.
L’objectif est que la victime
se sente soutenue et que le dépôt de plainte devienne un réflexe. C’est
pourquoi, pour faciliter et sécuriser encore plus ce dépôt de plainte, je
travaille en ce moment même, avec les ministres de l’intérieur et de la
justice, à la mise en place d’un dispositif spécifique de visio-plainte pour
les soignants victimes.
Face aux violences physiques, verbales ou numériques contre nos soignants et
tous ceux qui concourent aux soins, vous l’aurez compris, je n’ai qu’une seule
ligne, celle de la fermeté ; je n’ai qu’un seul mot d’ordre, la tolérance
zéro.
Ces violences sont une question qui se pose à toute notre société. Nous
apportons aujourd’hui à ces actes qui menacent directement celles et ceux qui
nous soignent, qui nous sauvent, qui prennent soin de nous et de notre santé,
une réponse à la hauteur de l’enjeu, à la hauteur de leur engagement, à la
hauteur de ce que nous leur devons.
Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> [Conflit Israël-Iran / Intervention au Sénat] Voilà trois ans que nos
compatriotes Cécile Kohler et Jacques Paris sont retenus otages de la
République islamique d'Iran, dans des conditions indignes et inacceptables, qui
relèvent de la torture au regard du droit international.
Vous le savez, leur libération est une priorité pour la diplomatie française et, au vu des tensions dans la région, le Président de la République a eu l'occasion de le rappeler en des termes très clairs à son homologue iranien, au téléphone, dans les derniers jours. À la suite de la frappe israélienne sur la prison d'Evin que vous avez mentionnée, le ministre [de l'Europe et] des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s'est entretenu avec son homologue iranien pour s'enquérir du sort de nos compatriotes, pour exiger un accès consulaire et pour rappeler, encore une fois en des termes très clairs, l'exigence de leur libération immédiate et inconditionnelle.
Nous avons obtenu l'assurance que nos compatriotes, Cécile et Jacques, n'ont pas été blessés dans ces frappes.
Je voudrais, dans ce moment, avoir une pensée particulière pour leurs familles, qui vivent un véritable calvaire du fait de la République islamique d'Iran et, à cet égard, saluer le travail de nos diplomates, de nos personnels consulaires, du centre de crise et de soutien, qui accompagnent quotidiennement les familles dans cette épreuve.
La politique d'otage d'Etat de la République islamique
d'Iran est une violation du droit international. Nous la condamnons dans les
termes les plus fermes. C'est la raison pour laquelle la France a déposé une
requête au mois de mai auprès de la Cour internationale de justice pour faire
observer et condamner la violation par l'Iran de la Convention de Vienne de
1963 sur les relations consulaires.
Nous continuerons à nous mobiliser quotidiennement pour assurer la sécurité et
surtout la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris, pour qu'ils puissent
retrouver notre pays et leurs proches.
> [Conflit Israël-Iran / Intervention au Sénat] Sur ce
sujet si grave, la voix et la position de la France ont toujours été claires et
constantes. Claires et constantes pour dénoncer les activités déstabilisatrices
du régime iranien, qui ne peut pas et ne doit pas se doter de l'arme nucléaire.
Et on a vu, révélé par l'AIEA, les dernières violations du Traité de
non-prolifération par l'Iran. Le régime iranien qui développe son programme de
missiles balistiques, qui pourraient frapper Israël, qui est menacé par l'Iran
directement. L'Iran dit vouloir menacer, détruire Israël, mais aussi les pays
européens, dont la France. L'Iran qui soutient le terrorisme à travers la
région, que ce soit le Hamas, responsable des attentats barbares du 7 octobre,
que ce soit le Hezbollah qui a entraîné le Liban dans une guerre dévastatrice,
ou encore les Houthis au Yémen qui déstabilisent la région. L'Iran, dont les
missiles et les drones sont utilisés quotidiennement par la Russie dans sa
guerre d'agression contre les civils ukrainiens, et qui continue d'emprisonner
de façon indigne et inacceptable nos compatriotes Cécile Kohler et Jacques
Paris depuis aujourd'hui trois ans.
La voix de la France a toujours été claire et constante pour protéger nos
ressortissants à travers la région. Et je vous remercie de ce que vous avez dit
pour la mobilisation de nos personnels diplomatiques et consulaires, pour
l'action quotidienne, jour et nuit, du centre de crise. Et nous avons
aujourd'hui plus de 1.000 ressortissants français qui ont été sortis d'Israël
par la mobilisation des A400M dans les derniers jours. Et nous continuerons
bien sûr à nous mobiliser pour le rapatriement de tous nos ressortissants.
Une action et une voix constante et claire aussi, pour appeler partout à la
diplomatie, au respect du droit international et au multilatéralisme. Car,
Madame la Sénatrice, il n'y a pas de solution durable au problème nucléaire
iranien uniquement par la voie militaire. C'est la voix qu'a toujours porté la
France, déjà à l'époque de la négociation du JCPOA, l'accord nucléaire iranien
de 2015, qui a été dénoncé, on le sait, par l'administration Trump lors de son
premier mandat. Et alors que le fragile cessez-le-feu commence à prendre effet,
nous appelons toutes les parties à se remettre autour de la table des
négociations pour pouvoir trouver une solution diplomatique durable et un cadre
de sécurité qui protégera nos partenaires de la région. C'est la voix que
continuera à porter la France avec ses partenaires européens.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Dialogue politique, équilibres commerciaux, enjeux globaux : je me
rends en Chine jusqu'à dimanche avec une délégation de parlementaires pour
porter la voix de la France et faire vivre un partenariat à la hauteur des
défis du monde. Des échanges essentiels dans un contexte international en
pleine recomposition.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Pieyre-Alexandre Anglade (député)
> [Politique étrangère du gouvernement / Intervention à l’Assemblée]
Au terme de ces douze jours d’embrasement au Proche-Orient, une évidence, que
nous connaissions depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la
Russie, s’impose : nous avons basculé dans un autre monde car désormais la
force prime le droit international. Nous, Français et Européens, devons prendre
lucidement toute la mesure de ce basculement, faute de quoi, à la merci des
empires qui ne savent s’imposer que par la force, nous serons réduits au rôle
de spectateurs. C’est pourquoi – vous l’avez
rappelé, monsieur le premier
ministre, en préambule – nous devons bâtir sans tarder une véritable
puissance européenne, seule manière d’affirmer et de défendre notre modèle dans
ce siècle brutal ; mais la lucidité nécessaire à la compréhension du monde
tel qu’il est ne doit pas nous faire renoncer à la voie de l’équilibre et de la
raison, seule possible pour accéder à une paix durable.
Face aux frappes préventives menée contre l’Iran par Israël avec l’appui des
États-Unis, vous avez eu raison, monsieur le premier ministre, avec votre
gouvernement, avec le président de la République, de défendre opiniâtrement le
droit international, la désescalade, la négociation diplomatique. Notre pays
doit continuer de privilégier ce chemin, seul susceptible d’empêcher durablement
l’accès de l’Iran à l’arme nucléaire et d’établir une paix durable au
Proche-Orient. Nous le devons, non par angélisme, mais parce que nous savons
qu’aucune idéologie ne meurt sous des tapis de bombes, pas plus que la
conception du programme nucléaire iranien ; c’est pourquoi, je le répète,
vous avez eu raison de défendre cette voie.
Ce soir, à cette tribune, nombreux sont ceux qui ont affiché toutes sortes de
certitudes ; à les entendre, certains, notamment à l’extrême droite, se
sont laissé impressionner par les rodomontades du président américain. Qui peut
aujourd’hui prétendre, sans évaluation sérieuse, que le programme nucléaire et
balistique iranien a été détruit par les frappes américaines et
israéliennes ? Qui peut croire, en dépit des dégâts, que le danger
nucléaire iranien est définitivement écarté ?
Qui peut garantir la sécurité d’Israël et de la région pour les années à
venir ? Personne, car personne ne peut exclure que des composantes du
programme nucléaire aient été déplacées avant les frappes, donc conclure que
les capacités nucléaires iraniennes ont été totalement détruites.
Il faut se rendre à l’évidence : le danger nucléaire demeure, la question
du contrôle du programme nucléaire et balistique iranien reste en suspens tant
qu’une solution négociée n’a pas été entérinée. Même si les frappes
israéliennes et américaines ont freiné ce programme, le risque du développement
d’un programme nucléaire clandestin perdure puisque la république islamique
d’Iran semble vouloir couper les ponts avec l’AIEA, comme l’a semble-t-il
entériné son parlement. Si l’on ne peut que se réjouir du cessez-le-feu, qui
paraît tenir pour le moment, la situation reste volatile et instable.
Lors de cette crise, monsieur le premier ministre, et ce soir encore, nous
avons entendu bien des critiques à l’égard de la position de la France, y
compris de la part de ceux qui ont les mots les plus durs pour notre
diplomatie, nos agents consulaires, mais rampent devant les dirigeants
étrangers – drôle de conception du patriotisme,
vous en conviendrez, qui vient là
encore des bancs de la droite nationaliste, de l’extrême droite.
Pourtant, tout au long de cette crise, notre pays est resté fidèle à un
engagement de longue date, celui du respect du droit international. La France a
participé il y a quelques années à la négociation du JCPOA, défendu une
exigence de transparence et de contrôle. Elle est restée fidèle à ce cadre, que
d’autres ont fragilisé. Cette constance, cette exigence, c’est ce qui fait que
la France est crédible, que la voix de la diplomatie française porte, ce qui
permet d’affirmer qu’il n’existe pas de solution pérenne au nucléaire iranien
par la force.
Alors que le cessez-le-feu est en vigueur, la reprise des discussions
diplomatiques et techniques reste donc le seul moyen d’atteindre l’objectif que
nous partageons tous : que la république islamique d’Iran ne puisse se
doter de l’arme nucléaire, qu’elle cesse de menacer Israël, de soutenir les
groupes terroristes dans la région ; qu’elle libère nos otages, Cécile
Kohler et Jacques Paris, que nous n’oublions pas ; qu’elle cesse de
fournir des drones ou autres technologies meurtrières à la Russie qui s’en sert
pour bombarder l’Ukraine et nous déstabiliser.
Si la guerre entre l’Iran et Israël semble pour un moment terminée, elle ne
doit pas faire oublier ce qui se passe en Ukraine, ce qui se passe à Gaza. Il
importe, monsieur le premier ministre, d’y obtenir un cessez-le-feu et de
permettre la reprise de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, indispensable
à la survie des civils palestiniens affamés, la fin de la colonisation en
Cisjordanie, la libération de tous les otages israéliens encore retenus à Gaza,
enfin la recherche d’une solution politique à deux États, que vous avez raison
de soutenir.
Constance Le Grip (députée)
> [Politique étrangère du gouvernement / Intervention à l’Assemblée]
À cette heure tardive de la nuit, beaucoup de choses ont déjà été
évoquées : la paix, la guerre, la force, la paix par la force, le retour
de la conflictualité partout et le basculement du monde. Aussi, dans les
quelques minutes qui me sont imparties, je voudrais m’attacher à parler, à mon
tour, de la menace qu’a fait peser et que continue de faire peser la république
islamique d’Iran.
Depuis la révolution islamique de 1979, ce régime s’est engagé dans une
hostilité structurelle et idéologique à l’égard de l’État d’Israël, qu’il
souhaite « rayer de la carte », et des États-Unis d’Amérique. De
manière générale, il applique une stratégie de déstabilisation agressive à
l’encontre des nations occidentales.
Cette stratégie inclut régulièrement le recours au terrorisme. Hamas,
Hezbollah, Houthis, milices chiites en Irak et en Syrie : les proxies du
régime des mollahs sont coordonnés, financés et armés par Téhéran. Nombreux
furent les attentats qui ont ensanglanté nos rues, qui ont tué dans nos villes,
en France et en Europe. Comment ne pas évoquer le souvenir des cinquante-huit
militaires, soldats de la paix au Liban, qui ont été assassinés à Beyrouth
devant l’immeuble Drakkar ?
Oui, depuis des années, la république islamique d’Iran est engagée dans une
stratégie de confrontation globale agressive, qui dépasse largement le cadre du
Moyen-Orient. Elle viole toutes les normes du droit international : le
respect de la souveraineté des États, la convention de Vienne sur les relations
consulaires et, bien sûr, l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Elle
pratique la diplomatie d’otages d’État – j’ai une
pensée émue pour nos otages, Cécile
Kohler et Jacques Paris.
La théocratie des mollahs
exerce l’une des répressions les plus sévères du monde à l’encontre de son propre peuple, qu’elle opprime, emprisonne, torture,
pend, viole, asservit et appauvrit. Le formidable et courageux mouvement
« Femme, vie, liberté » est réprimé dans le sang.
Qu’un régime théocratique, parrain du terrorisme mondial, puisse se
sanctuariser avec l’arme nucléaire, représenterait un péril irréversible pour
l’humanité tout entière. Il ne s’agit pas seulement de la sécurité de l’État
d’Israël et de la région, mais aussi de notre sécurité à nous tous. Vous l’avez
rappelé, monsieur le premier ministre : les missiles balistiques iraniens
peuvent atteindre de nombreuses portions du territoire européen, y compris de
l’Hexagone.
Monsieur le ministre des Armées, nous avons la chance de vous avoir parmi nous,
aux côtés du premier ministre et du ministre de l’Europe et des affaires
étrangères. Dans une récente interview donnée au Parisien, vous avez été
très clair : « Nos services de renseignement français produisent des
analyses qui nous permettent de certifier que l’Iran dispose bien des
différentes pièces pour faire une bombe nucléaire. » Vous avez rappelé
que, s’il le décidait, le régime iranien pourrait, en quelques jours seulement,
pousser l’enrichissement de l’uranium à 90 %.
J’ai deux questions à vous poser. Nos forces armées ont-elles pris part, d’une
manière ou d’une autre – planification, accompagnement – aux campagnes de frappes israéliennes et américaines ? Pourriez-vous également nous dire comment nos
militaires ont protégé nos nombreuses emprises dans la région ? Et s’ils
ont été amenés à participer à la défense de
certains pays ciblés par les
frappes iraniennes ?
Enfin, je voudrais terminer mon propos en exprimant tout mon soutien, toute ma
solidarité et toute ma
compassion envers le très grand peuple iranien. La situation actuelle à Téhéran
et dans toutes les grandes villes iraniennes est devenue dramatique. Arrestations
et exécutions arbitraires s’y multiplient. Des milices lourdement armées
occupent le terrain, partout. Des dizaines de milliers d’Iraniens reçoivent des
SMS menaçants.
Jamais le régime des mollahs n’a été aussi affaibli et divisé. Jamais il ne
s’est livré à une telle fuite en avant dans la violence contre son propre
peuple. Il a d’ailleurs annoncé la reprise de son programme nucléaire et la
suspension de toute coopération avec l’AIEA.
J’appelle à la lucidité et à la fermeté. Si nous, Européens et Américains,
devons aller vers un encadrement diplomatique du fragile cessez-le-feu, ne
soyons pas naïfs et ne répétons pas les erreurs du passé.
Emmanuelle Hoffman (députée)
> [Politique étrangère du gouvernement / Intervention à l’Assemblée]
Je prends la parole devant vous, dans cette enceinte de la République, pour
appeler à la responsabilité face à la menace que fait peser le régime des
mollahs en Iran sur son propre peuple, sur la région et sur l’ensemble du monde
libre.
Ce que nous vivons aujourd’hui au Moyen-Orient n’est pas un simple épisode de
tensions entre deux États. C’est l’expression tragique d’un affrontement
fondamental entre deux visions du monde : celle de la démocratie face à
celle de l’autoritarisme.
Depuis plus de quarante ans, le peuple iranien subit un régime dont la
brutalité n’a d’égale que la longévité. Les prisons de Téhéran, d’Evin à
Qarchak, sont remplies de femmes et d’hommes dont le seul crime est d’avoir osé
penser autrement.
Les minorités ethniques et religieuses vivent sous une menace permanente. Elles
sont toutes victimes d’une discrimination institutionnalisée et d’une
répression féroce. La peine de mort, appliquée à une échelle industrielle, est
utilisée comme un instrument de terreur pour briser toute contestation. Les
femmes, en particulier, sont les premières cibles de cette oppression. Leur
courage force l’admiration du monde, mais le régime répond par la violence, la
prison, la torture et, souvent, la mort.
Ce régime, qui prétend parler au nom de Dieu, n’a en réalité qu’un seul
but : la préservation de son pouvoir, au prix du sang et de la souffrance
de son peuple. Il a transformé l’Iran en une prison à ciel ouvert, où la
jeunesse, pourtant si éduquée et dynamique, n’a d’autre horizon que l’exil ou
la soumission. Nous ne pouvons pas détourner le regard : ce qui se joue en
Iran, c’est le combat universel pour la dignité humaine.
La république islamique n’est pas seulement un danger pour ses propres
citoyens. Au fil des décennies, elle est devenue un acteur majeur de la
déstabilisation régionale et mondiale. Depuis 1979, ce régime a fait du rejet
de l’Occident et de la haine d’Israël le cœur de sa politique étrangère. Il
finance, arme et dirige des groupes terroristes : le Hezbollah au Liban,
le Hamas à Gaza, les milices chiites en Irak et en Syrie ainsi que les Houthis
au Yémen.
La haine d’Israël et de l’Occident, proclamée haut et fort par les dirigeants
iraniens, n’est pas une simple posture rhétorique. C’est un projet politique,
une obsession idéologique et un appel permanent à la destruction. La république
islamique ne reculera devant rien pour atteindre ses objectifs. La course à
l’arme nucléaire donne à cette menace une dimension infiniment plus grave.
Il faut le dire avec clarté : la volonté de la république islamique
d’acquérir la bombe atomique n’est pas dictée par le souci de sa propre
sécurité. Au contraire, c’est une arme offensive destinée à bouleverser
l’équilibre régional et à menacer directement ses ennemis, au premier rang
desquels Israël, mais aussi l’Europe et l’ensemble des démocraties.
Nous avons cru, un temps, que la diplomatie seule pouvait contenir cette
menace. L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, signé en 2015, avait
permis d’instaurer un cadre de contrôle strict. Depuis, la république islamique
a repris sa course folle et franchi toutes les lignes rouges.
Les sanctions économiques, aussi dures soient-elles, n’ont pas suffi à inverser
la tendance. Il fallait, à un moment, taper du poing sur la table, pour montrer
que la menace de la force n’était pas un vain mot.
Les frappes américaines et israéliennes de ces dernières semaines ont envoyé un
message clair : nous ne pouvons pas tolérer la prolifération nucléaire et
le chantage du régime des mollahs. Toutefois, la force n’est pas une fin en
soi. À ce titre, nous saluons la proposition d’un cessez-le-feu, après les
frappes, et la réouverture d’un dialogue.
Nous devons exiger de la république islamique des garanties vérifiables. Nous
devons être prêts à sanctionner toute violation et à réagir avec force à toute
provocation, car nous vivons dans un monde où les prédateurs avancent masqués
et où les régimes autoritaires testent sans cesse la résistance des
démocraties.
Nous ne pouvons plus nous permettre l’angélisme. Le combat qui se joue aujourd’hui
n’est pas seulement celui d’Israël contre la république islamique d’Iran, c’est
aussi celui de la liberté contre la tyrannie, celui de la démocratie contre
l’arbitraire. C’est le combat de notre temps, celui qui décidera de l’avenir de
l’ordre international et de la paix.
Dans cette bataille, la France doit être à la hauteur de son histoire. Elle
doit soutenir sans ambiguïté les peuples qui luttent pour leur liberté. L’heure
est à l’unité des démocraties, face à la montée des périls. Défendons la liberté
partout où elle est menacée. Défendons la paix partout où elle vacille.
Défendons la dignité humaine partout où elle est bafouée. C’est le sens de
notre engagement. C’est l’honneur de la France. (Mme Constance
Le Grip applaudit.)
● MoDem
Bruno Fuchs (député)
> [Politique étrangère du gouvernement / Intervention à l’Assemblée]
Permettez-moi, en préambule, d’avoir une pensée pour le peuple iranien, de lui
adresser tout notre soutien, toute notre solidarité. Après avoir perçu une
lueur d’espoir, la population iranienne est à nouveau livrée à elle-même,
première victime, depuis quarante-cinq ans, de la dictature des mollahs.
Je voudrais aussi m’adresser à nos compatriotes Cécile Kohler et Jacques Paris,
emprisonnés depuis trois ans dans les pires conditions, pour leur dire que nous
sommes tous les jours avec eux. Je verrai d’ailleurs Mireille Kohler, la
maman de Cécile, vendredi.
Comme l’a très bien expliqué le premier ministre, le 7 octobre a marqué le
début d’une reconfiguration des équilibres au Proche et au Moyen-Orient. Après
qu’il s’est attaché méthodiquement à dévitaliser le Hamas à Gaza, le Hezbollah
au Liban, après la chute opportune de Bachar al-Assad en Syrie, il paraissait
assez logique pour Israël que l’on puis6se s’attaquer à la source même du mal,
à l’Iran. Je le dis ici : nous ne devons avoir aucune complaisance pour le
régime des mollahs. Le 12 juin dernier, le Conseil des gouverneurs de
l’AIEA a adopté une résolution déclarant que l’Iran ne respectait pas ses
engagements, ses obligations, en matière de non-prolifération nucléaire. Traité
sur la non-prolifération des armes nucléaires, convention de Vienne sur les
relations consulaires, Pacte international relatif aux droits civils et
politiques ; multiples violations de résolutions de l’ONU, diplomatie des
otages, détention de navires étrangers, attentats, tortures, exécutions
illégales, les violations du droit international par l’Iran sont si nombreuses
qu’on ne peut les énumérer dans le temps imparti. La question qui se pose à
nous, qui s’est posée toute la soirée, est celle de savoir s’il faut répondre à
ce non-respect iranien du droit par la force.
Cette guerre éclair, jusqu’à l’intervention américaine, a été militairement
bien préparée et bien exécutée ; en revanche, ses conséquences à moyen et
long termes sur les équilibres régionaux ont bien sûr été insuffisamment
pensées – elles
ont été évoquées ce soir. Si la question du droit
se pose toujours, l’opération militaire israélo-américaine s’impose
à nous. Elle a existé, elle est là ; il faut désormais
voir en avant, dans le futur, dans les prochaines heures et semaines, ce qu’il convient de faire. À présent, nous devons agir – c’est le rôle de
la France, tel qu’expliqué par le premier ministre et d’autres intervenants – avec toute notre détermination, nos partenaires européens, en vue de la relance d’un
processus diplomatique fécond, notamment autour de l’accord sur le nucléaire
iranien, le plan d’action global commun (PAGC) ou JCPOA. Bien qu’imparfait,
celui-ci demeure à ce jour l’un des rares instruments concrets de non-prolifération
dans la région, et l’abandon de ce cadre a précipité l’instabilité actuelle.
Fidèle à sa tradition diplomatique, à son attachement à l’équilibre des
puissances, la France doit agir sans ambiguïté en médiatrice engagée, en
puissance de dialogue, en défenseur du multilatéralisme. Ce n’est qu’à travers
la coopération internationale, l’action concertée au sein des Nations unies,
que nous pourrons espérer une sortie de crise. Notre époque est marquée par la
brutalité des rapports de force : ce n’est pas la vision du monde que nous
avons, pas le monde auquel nous croyons, pas le monde, surtout, que nous
voulons pour nos enfants. Multilatéralisme, coopération, diplomatie, respect du
droit international ne sont pas des options mais un devoir, notre boussole, la
condition de notre sécurité collective. Monsieur le premier ministre, monsieur
le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, nous comptons sur vous.
Frédéric Petit (député)
> [Politique étrangère du gouvernement / Intervention à l’Assemblée]
Je me félicite de la tenue de ce débat sur la situation au Moyen-Orient. Je
veux tout d’abord avoir une pensée pour nos deux otages, Cécile Kohler et
Jacques Paris, retenus depuis trois ans dans la prison d’Evin, au nord de
Téhéran, qui a été visée récemment par une attaque israélienne. Nous exigeons
leur libération sans délai.
J’ai aussi une pensée pour les autres otages, déjà libérés, dont nous savons
qu’ils seront sans doute marqués à vie par cette épreuve.
J’en profite enfin pour saluer ici l’action de la cellule de crise du Quai
d’Orsay, qui fournit une assistance à nos ressortissants français au
Moyen-Orient et s’attache depuis plusieurs jours à rapatrier en toute
sécurité nos compatriotes depuis cette région.
Si le Moyen-Orient est au centre de toutes nos préoccupations depuis plusieurs
semaines, n’oublions pas que la région est en réalité un foyer d’instabilité
depuis des décennies. Avons-nous parfois manqué de courage ? Avons-nous
parfois fait preuve d’excès de confiance ? Sommes-nous demeurés
prisonniers de certaines de nos traditions diplomatiques ? Avons-nous cédé
à la tentation de parfois simplifier les enjeux ? Disposions-nous de
capteurs insuffisamment fiables ? Les raisons sont multiples mais nous
avons sans doute trop longtemps fermé les yeux sur la gravité de la situation
dans la région.
Samedi 21 juin, les États-Unis se sont engagés dans une nouvelle guerre au
Moyen-Orient, sous l’autorité de leur président Donald Trump. Celui-ci a pris
un risque historique, auquel ses prédécesseurs s’étaient refusés.
Je ne reviendrai pas sur la question de la légalité de cette intervention – du point de vue du droit
international, elle est incontestablement illégale.
La question de sa légitimité, ou plutôt de son utilité, de son efficacité,
pourra être posée.
Depuis des décennies, l’Iran est l’un des acteurs majeurs de l’instabilité dans
cette région, à travers notamment ses proxys, que ce soit le Hezbollah au Liban
ou, bien sûr, le Hamas à Gaza.
Les États-Unis disent avoir mené l’opération aérienne contre l’Iran afin de
compromettre définitivement son programme nucléaire. À l’issue de ces frappes,
le président américain a appelé à un cessez-le-feu dont le maintien apparaît
toutefois très incertain et qui ne saurait suffire. Nous appelons donc
désormais à reprendre la voie de la diplomatie afin de prévenir une nouvelle
escalade et d’écarter le risque de la prolifération.
Des questions restent en suspens : où se trouve l’uranium enrichi ?
Quelle est l’exacte répartition des moyens ? Enfin, quel est l’impact réel
des frappes israéliennes et américaines sur le programme nucléaire
iranien : le délai pour parvenir à la détention de la bombe a-t-il été
allongé ? Selon un rapport, à la suite des frappes américaines, ce
programme serait au mieux retardé de quelques mois.
Au-delà de ces constats, je nous invite à élargir la focale pour considérer que
ce n’est pas uniquement cette région qui pourrait être remodelée dans un avenir
proche, mais bien un ordre nouveau qui se recompose d’ores et déjà sous nos
yeux. Aussi grave et dramatique soit-il, le conflit entre Israël et l’Iran n’en
est que l’un des soubresauts.
Nous vivons une crise mondiale profonde – le premier ministre l’a rappelé –, où les questions de frontières, de langues et
de religion s’entrechoquent. Dans ce monde qui se dessine, les impérialismes
reviennent en force au mépris du droit et de la coopération entre nations.
L’obscurantisme sévit. La vie humaine compte peu.
Je veux illustrer mon propos à travers un exemple concret. Il arrive, même dans
notre pays, et y compris au Parlement, que certains glosent sur nos valeurs
démocratiques – elles ne seraient que de grands mots. Aujourd’hui, pourtant, la Russie nous
bombarde aussi avec des narrations et des concepts orwelliens qui viennent
percuter notre débat public pour l’affaiblir et créer le trouble. Elle attaque
le multilatéralisme d’un Occident qu’elle qualifie de « décadent »
pour lui substituer l’idée d’un monde multipolaire, susceptible de fédérer une
« majorité mondiale ».
Ne nous y trompons pas, ce qui se cache derrière cette notion, c’est la
multinationale des autocraties et des théocraties, la Troisième Rome – en référence à une tradition dont le Kremlin
affirme toujours être le dépositaire.
La suite logique de cette multipolarité,
c’est l’exact contraire du multilatéralisme que nous construisons patiemment depuis des décennies. Elle ne consiste pas à bâtir des coopérations
nécessitant d’accepter, par exemple, l’intervention d’autorités indépendantes
telle que l’AlEA. Je vous
rappelle au passage que celle-ci est engagée et contestée à la fois en Iran et en Ukraine.
Non, cette multipolarité permet à chacun d’avoir les mains libres dans son
empire, dans sa zone d’influence, dans son espace propre. Je vous rappelle que
Goebbels disait en substance, en 1936 : personne ne me dira ce que je dois
faire avec mes Juifs et avec mes communistes.
Ce modèle permet à la Russie d’annexer sous couvert de protéger des minorités,
à l’Iran de répandre la guerre et le massacre par milices interposées hors de
ses frontières, et même à l’extrême droite israélienne de justifier le
nettoyage ethnique rampant et permanent en Cisjordanie.
L’Europe et la France ne peuvent l’accepter. Nous devons défendre nos valeurs
et les principes démocratiques qui fondent l’Union européenne en tout temps et
en tout lieu – pas
uniquement quand tout va bien, quand nous sommes alignés avec nos alliés
et amis traditionnels ou en situation d’être
écoutés.
Dans la recomposition du monde à
l’œuvre aujourd’hui, la voix de la France et de l’Union européenne est celle qui prône
l’émergence de nations
citoyennes et non de nations ethniques, linguistiques, de droit divin voire de
légende. Une nation, à nos yeux, est avant tout une communauté de citoyens
éclairés et responsables. Ce message peut être entendu bien au-delà de nos
frontières et faire écho à l’aspiration profonde des peuples de cette région – comme d’autres d’ailleurs.
Notre voix ne doit pas disparaître.
En tant que députés du groupe Démocrates, nous souhaitons pour le peuple iranien qu’il se libère un jour d’un
pouvoir théocratique
autoritaire et violent, mais c’est
aux Iraniennes et aux Iraniens, seuls, de décider de leur destin.
En tant que démocrates, nous souhaitons que nos amis israéliens se rallient à
la solution des deux États et abandonnent leur dérive théocratique.
Nous pouvons les y aider, non par la force mais par une diplomatie qui
accompagne et soutienne les changements sur place. Même si cette attitude nous
expose à être caricaturés par ceux qui aiment et ne comprennent que la
brusquerie, les grands chambardements, les bifurcations et la politique à
l’emporte-pièce sur les réseaux sociaux, ceux qui préfèrent l’autoritarisme,
ceux qui nient les conflits, les écrasent et les instrumentalisent en lieu et
place de la coopération qui permet de les dépasser de façon durable.
Je reconnais que cela ne se fait pas en vingt-quatre heures. Oui, je le dis,
monsieur le ministre, cela ne me gêne pas, dans cette période troublée, que
notre parole diplomatique, au risque d’être caricaturée, cherche toujours le
meilleur équilibre entre les réalités brutales et nos aspirations
démocratiques, entre la fidélité à nos valeurs et la lucidité devant la
violence et le chaos. À cet égard, chers collègues, je salue la constance et la
clarté de la position portée par le président de la République et le ministre
de l’Europe et des affaires étrangères qui, dans ce contexte trouble, n’ont
jamais cessé de défendre une ligne de fermeté lucide, de dialogue exigeant et
d’attachement intransigeant au droit international.
Je voudrais conclure mon propos en revenant plus concrètement sur la diplomatie
globale. Nous possédons un savoir-faire et notre action dans la région est
multiforme : culturelle – notre pays est le seul à disposer d’un
institut de recherche des deux côtés de la ligne verte à Jérusalem –,
scientifique et universitaire – je pense à l’Institut français
du Proche-Orient – et économique – nous avons des compatriotes qui vivent dans les pays en
question, des entreprises qui y ont investi ou essaient d’y investir. Nous avons un lycée français à Téhéran, un à Damas,
qui n’a jamais fermé, un nouveau à Jaffa, qui rassemble, à
côté de Tel-Aviv, des familles juives, chrétiennes et musulmanes
autour d’un projet éducatif français. Permettez-moi de citer également la plus
ancienne cathédrale orthodoxe du monde, dont le site de fouille, à une dizaine
de kilomètres de Gaza, fait partie des projets financés par la France et
associe chercheurs et écoliers gazaouis dans la réappropriation d’un passé
prestigieux, un passé qui devrait faire la fierté commune de ceux qui pourtant
se déchirent aujourd’hui.
Demain, l’Iran devrait donc aussi avoir besoin de nous, besoin, dans son
administration centrale et au sein de ses régions, d’expertises, d’accompagnement
par des fonctionnaires et des territoriaux français – ces derniers sont très appréciés, comme vous
le savez, monsieur le ministre.
Cette diplomatie, que j’appelle
diplomatie des sociétés civiles, constitue un formidable
atout que nous devons nous employer à
faire fructifier. Je suis le rapporteur pour avis sur le programme Diplomatie
culturelle et d’influence. À ce titre, je le dis depuis longtemps : ne
prenons pas de retard au moment des conflits, en particulier dans cette région
du monde, comme nous en avons pris dans certains domaines en Ukraine. C’est dès
maintenant qu’il faut agir et s’engager pour aider à la reconstruction d’un
Moyen-Orient apaisé et ouvert sur le monde.
Cela exigera probablement une réorganisation de nos opérateurs et une
utilisation plus agile de nos moyens, financiers ou, surtout, humains, mais
commençons dès à présent ! Je sais que nous ne sommes pas habitués à
travailler ainsi, monsieur le ministre, mais, quand ce travail sera devenu
facile, il sera déjà trop tard !
Geneviève Darrieussecq (députée)
> La France se tiendra toujours aux côtés de ceux qui
défendent le droit international, cette garantie des peuples et des nations
nécessaire pour protéger la paix, les civils, la stabilité du monde. Nous le
faisons bien sûr sans naïveté quand les menaces grandissent.
Les frappes américaines de la nuit du 21 au 22 juin sur les trois sites
iraniens de Natanz, Ispahan et Fordo avaient pour objectif de compromettre
définitivement le programme nucléaire de ce pays. Si l’affaiblissement de ses
capacités dissuasives est indiscutable, les conséquences de ces frappes pour
les prochains mois ou années restent encore imprécises. Nous saluons le
cessez-le-feu qui a mis un terme à cette guerre de douze jours et appelons
désormais à ce que la diplomatie reprenne afin de prévenir toute nouvelle
escalade, d’écarter tout risque de prolifération : ce cessez-le-feu ne
saurait suffire.
Nous restons très inquiets pour nos otages, Cécile Kohler et Jacques Paris,
retenus arbitrairement en Iran depuis trois ans. Vous avez tout à l’heure parlé
d’eux, monsieur le ministre : je souhaiterais savoir si vous pouvez nous
assurer qu’ils sont aujourd’hui indemnes, que la diplomatie française reste
entièrement mobilisée en vue de leur libération sans délai, qu’une visite
consulaire sera bientôt programmée. Plus largement se pose la question
du devenir de la population civile iranienne. Il faut rappeler que nous
condamnons de la façon la plus vive la terreur imposée aux femmes par le
pouvoir en place : détentions arbitraires, poursuites judiciaires iniques,
coups de fouet, voire peine de mort, la répression à leur égard continuant de
s’intensifier depuis le début de l’année. Nous avons toujours en mémoire le
meurtre de l’étudiante Mahsa Amini et le soulèvement « Femme, vie,
liberté » de 2022, qui avaient donné lieu, à travers le pays, à une large
mobilisation notamment des femmes, des hommes jeunes et des jeunes filles.
Malgré la répression à laquelle se heurte la revendication de leurs droits, cet
espoir ne doit pas s’éteindre : nous continuerons de leur apporter notre
soutien sans faille.
► Autres
● Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie
industrielle)
> Les aides d’Etats doivent
mieux accompagner notre politique industrielle. Le nouveau cadre présenté ce
jour :
- accélère les procédures
- s’étend au nucléaire
- répond à la hausse des prix de l’électricité
- intègre le made in Europe (clause anti-délocalisation et préférence européenne).
● Organisations centristes
> La famille libérale, démocratique et centriste est unie! Notre message
est clair : l’Europe doit être libre d’agir, de choisir et de grandir.
Notre déclaration est une feuille de route pour un leadership audacieux en ces
temps incertains. Remettons la liberté à l’offensive.
> Renew Europe
appelle la Commission européenne à revenir immédiatement sur sa menace de
retirer la directive sur les allégations écologiques avertissant qu’une
décision de retrait de la Commission nuirait non seulement à la
crédibilité environnementale de l’UE, mais établirait également un précédent
préjudiciable pour la coopération interinstitutionnelle et l'intégrité
législative.
La directive proposée vise à lutter contre les allégations
environnementales trompeuses et à renforcer la confiance des consommateurs dans
le marché unique.
Renew Europe demande :
- que la Commission renonce explicitement à son intention de retirer la
directive sur les allégations écologiques
- que la Commission clarifie sa position auprès de la présidence
polonaise et de l’ensemble des membres du Conseil des ministres;
- la reprise immédiate des négociations sur le texte en trilogue;
- le plein respect de l’accord interinstitutionnel sur l’amélioration de
la législation ;
- des clarifications de la part de la présidente von der Leyen lors du
Conseil européen.
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Samedi 28 juin prochain, je serai à la Pride de Budapest interdite par
Viktor Orbán, avec plus de 70 députés européens de tous bords. Une mobilisation
historique pour défendre les valeurs fondamentales de l’UE et soutenir les
communautés LGBTQI+ discriminées en Hongrie.
> Majorité numérique, DSA… En France comme en Europe, nous devons mieux protéger nos enfants des dangers d’Internet et réguler plus efficacement les géants du numérique.
Pascal Canfin (député)
> Trump menace de sanctions les pays qui appliqueront l’accord mondial
sur l’imposition minimum des bénéfices des multinationales.
L’Europe ne doit pas céder à ce chantage, la France doit le dire clairement !
Tout le monde connait la guerre que Donald Trump mène sur le front commercial.
Mais son combat contre les règles multilatérales est loin de s’arrêter là.
Après être sorti de l’Accord de Paris sur le climat et de l’Organisation
mondiale de la Santé, il cherche à vider de sa portée l’accord mondial sur
l’imposition minimum des bénéfices des très grandes entreprises. Cet aspect de
son combat est moins connu. Il est pourtant tout aussi dommageable pour nos
intérêts et nos valeurs.
En 2021, les États ont réussi à trouver un accord sur le fait d’imposer à un
taux minimum de 15 % les bénéfices réalisés par les très grandes entreprises,
où qu’ils soient réalisés dans le monde, afin de contrer l’optimisation dans
les paradis fiscaux. Cet accord n’implique pas que tout le monde l’applique
pour être mis en œuvre. C’est le résultat d’un mécanisme intelligent mis au
point pendant cette négociation, et inconnu du grand public : l’UTPR pour «undertaxed
profits rule». Et c’est ce mécanisme, qui doit être activé au 1er janvier 2026,
que Trump cherche à abolir en faisant pression notamment sur l’Europe.
Dans ce bras de fer, la Commission européenne et certains Etats membres
semblent prêt à céder. Cette attitude est inacceptable et incompréhensible.
Inacceptable car cela revient à céder au chantage contre un accord
international que nous avons toujours soutenu. Et cela est incompréhensible au
moment où nous avons besoin de recettes fiscales pour financer, par exemple,
les investissements dans la défense et la transition écologique et réduire nos
déficits. De plus, donner un tel avantage aux Etats-Unis, c’est non seulement
faire un cadeau aux entreprises américaines qui optimisent massivement leur
fiscalité, mais en plus donner des raisons aux entreprises européennes de
localiser plus d'activités aux Etats-Unis où elles seront assurées d’être moins
taxées ! Bref, c'est perdre sur toute la ligne. Le gouvernement français doit,
au plus vite, exprimer publiquement son opposition à une telle capitulation.
Car une partie de cet accord potentiel n’implique pas de changer la directive
européenne en vigueur, mais se passe uniquement dans les négociations en cours
à l’OCDE. Et le temps presse : les Américains font pression pour qu'une telle
disposition fasse l'objet d'un accord avant la date d'adoption de leur propre
budget, possiblement le 4 juillet. Comme sur le plan commercial, l'Europe doit
tenir bon et protéger un accord historique qui est l'une des pièces maitresses
pour introduire plus de justice fiscale et d’équité entre les pays.
Christophe Grudler (député)
> La Commission va proposer un véritable «code de la route» pour les
satellites dans l’espace. En 2015, nous avions moins de 2 000 satellites en
orbite. Dix ans plus tard, nous en avons plus de 10 000 — et ce chiffre ne
cesse d’augmenter. L’espace commence à ressembler à une jungle. Il est temps
d’agir.
Une industrie commune a besoin de règles communes. Cette Loi espace constitue
un premier pas vers une industrie spatiale à l’échelle européenne et basée en
Europe. Cela, combiné au futur Programme spatial européen, permettra à l’Europe
de se positionner dans la course spatiale mondiale.
● Personnalités
centristes
Clément Beaune (haut-commissaire au
Plan)
> Editorial à la note du Haut-commissariat : «Une France à
sec ? De vives tensions sur l’eau et ses usages d’ici 2050»]
Une nouvelle étude [du commissariat au Plan], d’une précision inédite car
cartographiant la France en quarante bassins versants, est le troisième et
dernier volet d’une prospective engagée en 2024, portant sur la ressource en
eau, la demande en eau et, aujourd’hui, la confrontation des deux, à l’horizon
2050. Pour mémoire, les précédents travaux de France Stratégie montraient une
révolution en cours dans les usages de l’eau, qui guide nos évaluations et les
réponses à apporter : alors qu’en 2020, la production d’énergie était le
premier secteur préleveur d’eau ‑ (pour environ la moitié des prélèvements),
en 2050 c’est l’agriculture (via l’irrigation) qui deviendra le premier
préleveur (pour environ un tiers des prélèvements). La confrontation des
ressources et des usages met en évidence un constat brutal. En raison du
changement climatique, en 2050 l’ensemble du territoire métropolitain devrait connaître
des situations de stress chronique sur la ressource en eau, plus
particulièrement dans le sud-ouest et le sud-est de la France. À l’horizon
2050, pour une année marquée par un printemps-été sec, dans le scénario tendanciel
(sans inflexion notable de la situation actuelle), 88 % du territoire hexagonal
seraient en situation de tension hydrique modérée ou sévère en été. À titre de
comparaison, en 2022, année particulièrement sèche, les mesures de restriction
des usages de l’eau (via des arrêtés sécheresse) s’appliquaient à 86 % du
territoire. La situation normale ‑, demain, pourrait donc ressembler à cet
été 2022 jugé exceptionnel ‑ pour les standards actuels. Si la situation
s’annonce particulièrement tendue pendant les trois mois estivaux, l’analyse
par les prélèvements (eau prélevée et en partie restituée directement aux
milieux) montre d’ici 2050 une dégradation et des tensions probables non
seulement en été, mais également en hiver, dans la grande majorité du
territoire de France métropolitaine. Ces tensions pourraient même être
aggravées par la dégradation de la qualité de l’eau, qui réduirait encore la
quantité d’eau disponible pour les différents usages humains, notamment la
consommation d’eau potable. Pour une ressource aussi vitale, un constat aussi
grave nécessite une prise de conscience immédiate et des actions renforcées à
court terme. Personne n’imagine vivre, en France, avec des restrictions
massives et chroniques, entièrement subies. Il s’agit d’abord d’actions de
protection et de restauration ambitieuses des milieux (reméandrage…) : car la
capacité des écosystèmes à faire face à un stress hydrique dépend étroitement
de leur diversité et de leur richesse. Il s’agit aussi de prolonger et
amplifier les mesures du Plan Eau lancé en mars 2023. Plus largement, une
planification générale est indispensable, sur la base de nos travaux notamment,
pour engager une transformation radicale des usages – et limiter ainsi les
pressions sur les écosystèmes et les conflits à venir entre les usagers de
l’eau. Tout particulièrement, la régulation de l’irrigation par les pouvoirs
publics, le soutien à des pratiques agro-écologiques plus sobres en eau, des
mesures de sobriété énergétique dans l’ensemble de nos activités sont autant de
solutions qui devront être mobilisées, en même temps et rapidement. À cet
égard, pour assurer la prise de conscience collective comme la prise de mesures
effectives, un débat parlementaire annuel devrait se tenir dans chaque chambre,
afin de permettre le suivi des mesures de sobriété et de réduction des tensions
et d’en suggérer d’autres, sur la base d’un document de prévision Eau ‑, qui
serait préparé conjointement par le Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan
et le Secrétariat général à la planification écologique. Éclairer et débattre,
pour anticiper et agir !