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jeudi 26 juin 2025

La Quotidienne centriste du 26 juin 2025. Non, le prochain maire de New York ne sera pas automatiquement un socialiste pro-palestinien


Ce n’est guère étonnant que le New York Times considère la victoire du socialiste Zohran Mamdani, inconnu largement du grand public, lors de la primaire démocrate pour désigner le candidat à la mairie de New York comme un «tremblement de terre» politique.

D’abord parce que Mamdani représente tout ce que le quotidien désormais soutient, une gauche woke, propalestinienne et tout ce qu’il rejette, le Centre et la modération.

Ensuite, parce qu’il est vrai que la victoire d’un musulman socialiste dans une ville qui a connu le 11 septembre, qui compte près de 2,5 millions de juifs (ce qui en fait la première ville juive de la planète), la plupart votant démocrates et qui choisit généralement des modérés comme édiles mais pas toujours et au moment où le Parti démocrate n’a pas encore digéré sa défaite lors des élections générales de 2024 et se cherche une voie entre ses ailes droitières, centristes et socialistes, est autant une surprise qu’un possible chamboulement du paysage politique.

Ainsi, après le tournant vers l’extrême-droite du Parti républicain, le Parti démocrate a su résister jusqu’à présent à une prise de pouvoir de son aile gauche où l’on trouve notamment la représentante de New York, Alexandria Ocasio-Cortez, soutenue par l’ancien candidat à la présidentielle, Bernie Sanders (dont on rappelle qu’il n’a jamais été démocrate).

Mais avec la nouvelle présidence de Trump et ses tentatives d’instaurer une autocratie aux Etats-Unis, il est vrai qu’il y a une radicalisation chez les démocrates, un souhait des républicains qui pensent ainsi les éloigner du pouvoir pendant longtemps si cette aile gauche parvient à prendre le parti.

Pour autant, la victoire de Zohran Mamdani n’est pas encore ce tremblement de terre espéré ardemment par le New York Times.

D’abord parce que le décompte des voix dans un scrutin à choix multiples (avec la possibilité de désigner plusieurs candidats ce qui entraîne des pondérations) n’est pas encore terminé.

Mais si le socialiste devait être le candidat officiel du Parti démocrate, ce qui semble probable, rien ne garantit sa victoire.

Oui, New York est une ville de centre gauche où le Parti démocrate est dominateur depuis longtemps et les scores de Trump sont assez ridicules sauf dans le borough de Staten Island (encore qu’il a réuni plus de votes en 2024 qu’en 2016 ou 2020).

En revanche, les maires sont loin d’être toujours des démocrates.

Ainsi, si l’on prend les cinq derniers maires, trois étaient démocrates (Bill Dinkins, Bill de Blasio et l’actuel en poste, Eric Adams, bien que son appartenance au parti soit en suspens depuis les accusations de corruption et l’immunité que lui a procurée Trump…), deux étaient républicains (le droitiste radical puis trumpiste déplorable Rudy Giuliani et le centriste Mike Bloomberg qui, lors de son second mandat, était devenu «independent» lors des deux suivants).

Par ailleurs, même si Mamdani est le candidat et l’emporte, la pratique du pouvoir d’anciens maires se définissant également comme socialistes ou très à gauche, comme Bill de Blasio, a été loin de répondre aux canons du socialisme…

Pour expliquer, en partie, la victoire de Mamdani, rappelons que lors des primaires, que ce soient celles des démocrates ou des républicains, ce sont surtout les plus ultras et les plus extrémistes qui se mobilisent le plus, ce qui donne, à New York, une prime aux plus à gauche du côté des démocrates même si ça ne garantit pas toujours qu’ils l’emportent.

De même, le fait que son principal adversaire était l’ancien gouverneur de l’Etat, Andrew Cuomo, l’a certainement aidé puisque celui-ci avait dû démissionner de son poste après des allégations d’harcèlements sexuels contre plusieurs de ses collaboratrices.

Un Cuomo qui n’a pas écarté de se présenter comme «independent» et qui pourrait in fine être le vainqueur.

Ainsi, si Mamdani part aujourd’hui favori, la route est encore longue pour lui avant de s’installer à la mairie de New York.

 

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 

 


Vues du Centre. Destruction des sites nucléaires iraniens: qui croire?

Par Aris de Hesselin


Succès ou pas, telle est la question qui se pose après les bombardements ordonnés par Trump sur les sites nucléaires iraniens.

Evidemment, l’extrémiste populiste toujours dans l’outrance, l’autocongratulation et la réécriture des faits, s’est extasié devant une opération qui aurait changé la face du monde, un peu comme les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, a-t-il expliqué le plus sérieusement du monde…

Il devait d’autant plus faire son service après-vente qu’un rapport des renseignements militaires américains est venu contredire son emphase en estimant que les dégâts n’étaient pas aussi importants qu’il tentait de le faire accroire.

Furieux Trump a immédiatement répliqué en faisant donner l’artillerie lourde de ses mignons et de ses soutiens, de son secrétaire d’Etat à la défense au Premier ministre israélien en passant par le directeur de la CIA – nommé par lui – ainsi que les médias d’extrême-droite et/ou pro-israéliens.

De même, il a prétendu que des agents du Mossad – sans doute bien meilleurs selon lui que ses propres services secrets – se sont rendus sur place et ont constaté une «destruction absolue» des sites sans évidement que ce soit démontrable pour l’instant.

Et il a même reçu un soutien pour le moins inattendu mais, en réalité, compréhensible du régime iranien qui a déclaré que ses installations ont été «considérablement endommagées» tout en affirmant néanmoins que son stock d’uranium enrichi n’avait pas été détruit.

Qui croire?

A part le renseignement américain qui parle de peu de dégâts, tous les autres, Trump, le Parti républicain, Netanyahu et ses soutiens ainsi que le régime iranien ont tout intérêt à prétendre que l’opération «marteau de minuit» a été un succès pour des raisons différentes.

Trump, on l’a dit, pour sa propre gloire, Netanyahu pour justifier, à la fois, son attaque de l’Iran puis son acceptation d’un cessez-le-feu et le régime des mollahs pour dissimuler ses installations qui n’auraient pas subi de destruction qui, si c’était finalement avéré, nécessiterait peut-être une nouvelle opération militaire.

D’ailleurs, non seulement, le Parlement iranien a décidé de mettre un terme à l’accord avec l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui ne pourra donc pas vérifier l’étendu des dégâts mais on a appris des experts qui suivent la question qu’il existe un autre site qui n’a pas été bombardé par les Américains et qui se trouve enfoui à plus de 140 mètres sous terre, celui de Kuh-e Kolang Gaz La et qui pourrait être le réel centre de confection de la bombe.

Dans ce genre d’affaire, avant d’avoir les preuves définitives de ce qui s’est réellement passé, la raison ainsi que la sagesse est d’être plus enclin à croire ceux qui n’ont aucun intérêt dans l’affaire à dire ou non qu’il s’agir d’un succès pour des raisons personnelles, politiques ou idéologiques, en l’occurrence, le renseignement militaire américain.

L’histoire des conflits s’accompagne toujours d’une intense propagande et est remplie de fausses informations qui servent les protagonistes.

On ne peut donc faire confiance à une version officielle, surtout quand elle manque de preuves incontestables.

Surtout quand elle vient de Trump…

Mais n’est-ce pas lui qui nous montre la voie en mettant systématiquement en doute tout ce qui ne va pas dans son sens même quand les preuves incontestables sont au rendez-vous?!

Aris de Hesselin

 

[Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste. 
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.]