2005-2025: 20 ANS D'INFORMATION SUR LE CENTRE ET LE CENTRISME

mardi 13 mai 2025

Propos centristes. France – Fin de vie / Soumission chimique / Stéréotypes garçons-filles / Soutien à l’Ukraine / Crises au Moyen-Orient / lutte contre la pollution de l’air…


Voici une sélection, ce 13 mai 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Soit la Russie de Monsieur Poutine est sérieuse et veut la paix, soit elle n'est pas sérieuse et nous devons sanctionner encore davantage.

> Soulagement après la libération d’Edan Alexander. Chaque vie rendue à la liberté est une victoire et une étape vers la paix. Nous n’oublions pas les otages toujours retenus par le Hamas : ils doivent être libérés sans délai. Je compte sur le Président Trump et sa visite cruciale dans la région. Plein appui à un cessez-le-feu à Gaza !

> Juif, Résistant, sur la route des maquis, Daniel Bloch mena une vie de liberté. Avec éternellement au cœur le chagrin des siens, le souvenir de son père, Marc Bloch, héros du siècle bientôt dans notre Panthéon. Nous penserons alors à lui, Daniel. À son combat de mémoire.

 

► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]

Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Discours à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions]]
En voyant les deux visages évoqués dans cette statue, face, cher François Cuillandre, à la plus belle rade du monde. On entend le vers de Baudelaire, et on aurait aimé qu'il fût vrai au travers de toutes les époques. « Homme libre, toujours, tu chériras la mer ». Et pourtant, l'histoire que cette statue nous raconte, c'est celle de millions d'hommes, de garçons, d'adultes, de femmes et de jeunes filles, pour qui l'océan signifia la perte de leur liberté, de leur identité et leur réduction à l'esclavage. 
En ce 10 mai, Journée nationale des mémoires de la traite de l'esclavage et de leurs abolitions, c'est à ces hommes, à ces enfants, que nous rendons hommage, spécialement à ces femmes qui ont porté le combat. Et en regardant, cher Max, cette magnifique œuvre, j'ai observé qu'il y avait deux visages. Un visage masculin, tourné vers l'océan, et un visage féminin, tourné vers nous. Et nous leur rendons hommage, ici, devant cette sculpture dont vous avez été, cher Max Relouzat, l'initiateur, et cher Marc Morvan. C'est cette sculpture qui nous invite à nous mettre à l'écoute de notre histoire. Je ne dis pas seulement l'histoire des esclaves et de ceux qui portent la responsabilité de leur sort si malheureux, mais notre histoire. C'est au milieu du XVIIe siècle que débuta la traite négrière, au XVIIIe siècle, période à laquelle la traite prit son essor - écoutez bien le chiffre : 3 321 expéditions négrières partirent de nos côtes ; du port de Brest, 7 navires. Et comme chacun sait, en évoquant ce commerce triangulaire, ils quittaient la France les cales pleines de textiles, de métaux, de vins et de liqueurs, qu'ils échangeaient en Afrique contre des milliers d'hommes et de femmes, entassés captifs sur les ponts inférieurs, et revenaient d'Amérique chargés de produits tropicaux, de sucre, de café et d'indigo.
Une histoire terrible et monstrueuse, par ses dimensions comme par son objet. Environ quatre millions de femmes, d'hommes et d'enfants ont connu l'esclavage de 1625 à 1848 dans les colonies françaises. La moitié d'entre eux naît en Afrique, l'autre dans les colonies. Quatre millions de femmes, d'hommes et d'enfants qui comme le fixe désormais la loi, sont victimes d'un crime contre l'humanité. Depuis l'asservissement en Afrique, la capture, les violences, jusqu'à la plantation, en passant par le voyage à bord du négrier, violences et terreurs ont marqué corps et esprits de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants. Plus d'un sur dix trouvaient la mort pendant la traversée. Beaucoup d'autres, qui enduraient cette traversée, mouraient en un ou trois mois. Beaucoup d'autres mouraient dans les deux premières années de leur présence sur ces territoires. Et ceux qui survivaient, survivaient littéralement dans un contexte de promiscuité, d'insalubrité et de morbidité, qu'ils réussirent cependant à surmonter tant ils avaient de vitalité pour développer une culture originale caractérisée par une langue originale, des croyances, des traditions, des rites festifs nouveaux. 
Les masques de cette sculpture nous appellent aujourd'hui au recueillement face à l'atrocité de la traite et de l'esclavage, au recueillement - mais nous devons conjurer tous nos concitoyens, non pas au silence, car les esclaves ne se sont pas tus - ils ont dit non, un non catégorique au système esclavagiste, à la privation de liberté des uns par les autres. À la voix des esclaves révoltés se sont jointes celles des libres de couleur, ainsi qu'on nommait les affranchis et descendants d'affranchis, des Blancs, des intellectuels engagés, des philanthropes décidés. Non dire, tant de figures féminines - Claire en Guyane, Eva à la Réunion, qui a été tout à l'heure évoquée par les jeunes élèves, toutes deux figures féminines du marronnage au XVIIIe siècle - qui fuirent l'oppression au risque de subir la torture, les mutilations et la mort. « Non », dirent Solitude en Guadeloupe et tant d'autres femmes dont l'histoire n'a pas toujours retenu le nom, et les combats à Mayotte, à Saint-Martin, à Saint-Barthélemy, mais dont nous célébrons tout particulièrement les actes de résistance cette année. «Non», dit Toussaint l'ouverture à Saint-Domingue en août 1791. « Non », dit Jean-Baptiste Belley, le premier député Noir français qui encouragea le vote pour l'abolition de l'esclavage le 4 février 1794. Pour ce non, tous deux, Toussaint Louverture et Jean-Baptiste Belley, furent déportés et débarqués ici même, au port de Brest, après leur arrestation. « Non, au fait de mettre hors d'humanité des êtres humains », dit Félicité de La Mennais en 1840, reprenant à son tour le combat mené par Montesquieu, Olympe de Gouges, Jean-Pierre Brissot, l'abbé Grégoire, et poursuivi par Victor Schœlcher jusqu'à l'abolition définitive de l'esclavage par le gouvernement provisoire de la Troisième République, le 27 avril 1848. 
Aucun d'entre eux ne s’est tu. Nous ne devons pas nous taire. Cette histoire de l'esclavage doit d'abord être connue, comme le dit ici justement l'historien Marc Bloch : « L'ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent. Elle compromet dans le présent l'action même. » Elle compromet donc la possibilité et l'espoir d'un avenir partagé. Nous devons savoir, et pour savoir, nous devons nommer, chiffrer, analyser cette réalité. C'est, Jean-Marc Ayrault l'a rappelé, le travail des historiens, essentiel et complexe, car les esclaves ne nous ont pas laissé, à de rares exceptions près, de sources écrites. 
Ils sont nombreux, aujourd'hui, à continuer de faire avancer cette recherche sur les questions liées aux esclavages, aux traites et à leurs héritages. Selon le Livre blanc remis le 30 avril 2025 au ministre chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, il y a 256 chercheurs qui, aujourd'hui, travaillent sur ces sujets, et 67 doctorants qui préparent des thèses. Et aux mots des historiens doivent s'ajouter, bien sûr, les mots des professeurs, qui ont la tâche immense de transmettre le savoir aux nouvelles générations pour que jamais nous n'oublions ce qui s'est passé. Et les mots des écrivains qui peuvent révolter, émouvoir, choquer : Aimé Césaire, que nous avons entendu tout à l'heure, se fait ainsi le porte-parole des millions de femmes, d'hommes et d'enfants. Et c'est ce que dit cette œuvre. Écoutez Césaire : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche. Ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir ». La mémoire est faite de mots, mais elle s'incarne aussi dans l'espace et le temps, à travers des lieux et des moments dédiés à la commémoration. 
Et c'est pourquoi je veux exprimer notre gratitude à la Fondation pour la mémoire de l'esclavage et à Jean-Marc Ayrault qui la préside et qui mène un travail en profondeur pour accompagner l'État et les collectivités durant les commémorations du temps des mémoires, et qui trouve des relais auprès des élus locaux, comme ici, à Brest, auprès de vous, cher François Cuillandre. Ce à quoi travaillent aussi tous les militants, associatifs, artistes, personnalités de la société civile, qui s'engagent au sein d'associations comme Mémoire des esclavages, à l'origine de ce lieu de souvenirs qui nous rassemble aujourd'hui. Un label va être prochainement créé afin de rassembler tous ces lieux de mémoire de l’esclavage. Lieux de l’esclavage en tant que tel, principalement dans les Outre-mer, et les lieux évoquant les combats pour l’abollition partout sur le territoire, par exemple à Fessenheim, ville de la famille de Victor Schœlcher. D’autres lieux doivent encore voir le jour comme le Mémorial des victimes de l’esclavage au Trocadéro. 
Plusieurs expositions se tiendront l’an prochain à l’occasion des 25 ans de la loi du 10 mai 2001 portée par Christiane Taubira, qui a reconnu la traite et l’esclavage comme des crimes contre l’humanité. Elles associeront étroitement les territoires et permettront de donner, à voir, à lire, à entendre cette histoire partout en France. 
Je tiens enfin à dire un mot particulier sur Haïti, dont je salue l’ambassadeur, son excellence Monsieur Louino Volcy. Cette année marque le bicentenaire de l’ordonnance de Charles X qui reconnaissait l’indépendance de Haïti tout en l’écrasant sous une très lourde indemnité financière. Le port de Brest vit débarquer de 1826 à 1843 ces chargements de pièces d’or, tout à l’heure, évoqués, envoyés par Haïti pour payer sa double dette ; la double dette qu’on a osé lui imposer, l’indemnité proprement dite, et le remboursement des intérêts du capital emprunté pour la régler. Comme l'a annoncé le président de la République le 17 avril 2025, une commission mixte franco-haïtienne, composée d'historiens des deux nations, aura pour mission d'examiner ce passé commun. Je me réjouis de cette initiative qui doit aussi nous permettre de bâtir ensemble un avenir solidaire. La France doit se tenir aux côtés de Haïti, particulièrement en ces temps difficiles où le peuple haïtien se trouve victime des agissements inhumains des gangs. J'adresse aujourd'hui à ce peuple martyr et fraternel un message de solidarité. Cette démarche engagée à Haïti illustre, je crois, le juste rapport que nous devons avoir avec notre passé, un rapport lucide, fondé sur la vérité, qui vise à resserrer les liens entre les vivants. 
Il s'agit, selon le mot d'Édouard Glissant, d'un processus de relation, lui qui écrivait dans son essai Une Nouvelle région du monde, que, je le cite, chacun de nous a besoin de la mémoire de l'autre, parce qu'il n'y a pas une vertu de compassion ni de charité, mais d'une lucidité nouvelle dans un processus de la relation. 
Que peuvent donc encore aujourd'hui nous dire ces masques ? Que nous devons nous garder de nous croiser les bras dans l'attitude de spectateurs, car il nous revient aujourd'hui de continuer à œuvrer pour que grandisse la liberté ici et dans le monde. Notre projet national, le projet national français, vient de loin, et la Révolution l'a gravé dans la sensibilité et la mémoire profonde du pays. Ce projet, on l’entend dès le premier couplet de La Marseillaise : « Contre nous de la tyrannie, l'étendard sanglant est levé ». C'est de toutes les tyrannies que la France se déclare ennemie, et c'est d'ailleurs ce désir inextinguible de liberté qui fait de nous tous des Français, des citoyens du monde libre, de part et d'autre des océans. 

 

Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> A Bruxelles pour un Conseil des ministres européens de l’éducation et c’est l’occasion d’échanger collectivement sur les enjeux de l’Europe de l’éducation. Je voudrais peut-être évoquer deux sujets importants qui seront discutés.
Tout d’abord, le diplôme européen de l’enseignement supérieur. Les textes que nous allons adopter vont permettre de poser les bases de cette future qualification européenne qui est une garantie de pouvoir renforcer la mobilité et l’employabilité de nos étudiants, et aussi de renforcer le rayonnement de nos formations grâce à cette dimension européenne qu’auront les diplômes.
On veut démarrer par les diplômes d’ingénieur qui sont un enjeu très important, et c’est aussi l’occasion de valoriser l’excellence de nos formations tout en veillant à attirer plus de jeunes femmes, de jeunes filles dans ces formations d’ingénieurs. C’est un combat que je porte en France et c’est naturellement que je le porte aussi au niveau européen.
Pouvoir avoir ces diplômes européens d’ingénieur est un enjeu de souveraineté et de compétitivité pour l’Union européenne.
L’autre volet qu’on doit évoquer c’est l’union des compétences. Là aussi, c’est sur la base de la communication qui a été présentée par la Commission européenne en mars dernier. Renforcer les compétences, pouvoir s’appuyer sur les compétences des citoyens européens dans un monde qui est soumis à des crises multiples, c’est un enjeu essentiel et il s’agit à la fois de renforcer les compétences de base notamment en sciences, dans les métiers de l’ingénierie en STEM en général, et puis aussi de renforcer les compétences tout au long de la vie, donc c’est là encore un gage de compétitivité et de souveraineté pour l’Union européenne.

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] A la demande du Président de la République, je me suis entretenu avec mon homologue, ministre des affaires étrangères américain, les ministres des affaires étrangères des pays européens qui étaient présents à Kiev ce week-end, et puis le ministre ukrainien. Nous avons réitéré notre souhait de voir un cessez-le-feu de 30 jours sans condition et sans délai. Et puis nous avons marqué notre soutien à cette idée qu'un contact puisse avoir lieu jeudi prochain entre le président Zelensky de l'Ukraine et le président Poutine de la Russie.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Vladimir Poutine a proposé un contact direct avec Volodymyr Zelensky. Volodymyr Zelensky l'a accepté. Vladimir Poutine doit désormais tenir sa part du contrat. Il doit se présenter jeudi à Istanbul pour un contact avec Volodymyr Zelensky. Ensuite, pour que des discussions puissent avoir lieu sereinement et conduire à la paix, il faut impérativement un cessez-le-feu, parce qu'on ne peut pas négocier sous les bombes ni sous les attaques de drones.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Nous nous préparons à mettre en place des sanctions particulièrement puissantes et massives, de manière à contraindre Vladimir Poutine, s'il n'allait pas au cessez-le-feu, à le faire. Ces sanctions, elles seraient coordonnées avec les sanctions américaines que les sénateurs américains ont préparées, avec des droits de douane de 500%, s'appliquant aux importations de pétrole et s'appliquant aux pays qui importent aujourd'hui du pétrole russe. (…)
C'est au niveau européen que nous prenons des sanctions. Ça fait 17 fois que nous prenons des paquets de sanctions visant les entités, les individus russes qui contribuent à contourner les sanctions, qui contribuent à déstabiliser les opinions publiques européennes, et puis les institutions financières, les institutions énergétiques. Ce que nous préparons, ce sont des sanctions supplémentaires qui seront massives et qui viseront le secteur énergétique et le secteur financier. (…)
Il y a déjà eu un certain nombre de sanctions de prises, et nous avons demandé ce week-end, après les échanges qui ont eu lieu à Kiev, à la Commission européenne de préparer de nouvelles sanctions, plus importantes encore, pour contraindre Vladimir Poutine à entrer dans une logique de paix, sur le pétrole en particulier, qui représente 25% du budget de la Russie aujourd'hui.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] On a assisté ce week-end à Kiev à une démonstration de force et d'unité européenne, avec l'appel unanime à un cessez-le-feu de 30 jours sans condition, avec le soutien des Etats-Unis. Vladimir Poutine a tergiversé en proposant une rencontre ce jeudi à Istanbul. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a saisi la balle au bond, et il a proposé de se rendre lui-même à Istanbul. C'est désormais ce à quoi nous appelons Vladimir Poutine à consentir également. Mais évidemment, il n'y aura de négociations sur une paix juste et durable qu'avec un cessez-le-feu, parce qu'on ne peut pas négocier sereinement sous les bombes et sous les attaques de drones.

> [Guerre commerciale de Trump] Bien sûr, il y a une inquiétude, non seulement parce que ça peut renchérir le prix des produits, mais plus généralement du fait de l'impact que ces guerres commerciales pourraient avoir sur la croissance économique mondiale et donc sur la propension, sur la capacité des consommateurs à acheter ces produits, que ce soit le calvados ou d'autres spiritueux français d'ailleurs. Mais ils ont aussi insisté sur le fait qu'il y a pour le calvados et pour les productions du Calvados des marges de développement considérables aux Etats-Unis qu'il faut continuer à promouvoir en même temps que nous négocions pied à pied les intérêts des producteurs français. (…)
Je crois que personne n'a intérêt aux guerres commerciales. Nous avons intérêt à pouvoir commercer avec les Etats-Unis comme avec d'autres. Mais nous avons autour de nous, proche de nous, des pays européens qui constituent des débouchés très intéressants pour les entreprises françaises. Aujourd'hui, il existe encore des entraves à la circulation des biens, à la circulation des services au sein même de l'Union européenne, alors même que nous avons un marché unique. Il faut lever ces entraves, il faut unifier le marché européen pour pouvoir donner les pleines opportunités à toutes les entreprises françaises.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] On a assisté hier à Kiev à un moment d'histoire, puisqu'un pas décisif a été franchi vers la paix en Ukraine. Et puis ensuite, parce que cet appel unanime des Européens, des Ukrainiens, avec le soutien des Américains, à un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours, à compter de lundi, a provoqué un mouvement dans la bonne direction de la part de Vladimir Poutine, qui, hier soir, s'est dit prêt à entrer dans des négociations conduisant à la paix. C'est une bonne chose, et nous y sommes prêts. Nous sommes prêts, dès jeudi prochain, à entrer dans des discussions menant à une paix durable en Ukraine. Mais pour ça, il faut un cessez-le-feu. Pourquoi ? Eh bien parce qu'on ne négocie ni sous les bombes, ni sous les drones. Et la dernière fois qu'on l'a fait, c'était justement à Istanbul, et c'était en 2022, et ça a conduit à l'échec. Et ça n'a pas empêché Vladimir Poutine de perpétrer les massacres de Boutcha qui ont horrifié la planète entière. Donc oui pour la négociation, pour la paix, mais le cessez-le-feu d'abord.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] S'il n'y a pas de cessez-le-feu, vous pouvez compter sur les Européens et sur les Américains pour accentuer la pression sur Vladimir Poutine. Nous avons la capacité de prendre des sanctions massives qui auraient un effet dévastateur sur l'économie russe. (…)
Les sanctions infligées par les Européens depuis trois ans sur l'économie russe ont coûté à Vladimir Poutine 400 milliards d'euros. C'est l'équivalent de trois années de budget de guerre. Et nous pouvons aller plus loin. Je me suis entretenu il y a dix jours avec le sénateur américain Lindsey Graham, proche de Donald Trump, qui a préparé un paquet de sanctions massif, avec des droits de douane de 500% sur le pétrole et sur les pays qui importeraient du pétrole russe. Nous avons décidé hier, avec les Européens qui se sont retrouvés à Kiev, de nous coordonner avec ces sénateurs américains qui veulent accentuer la pression pour que le cessez-le-feu puisse intervenir et que les négociations puissent commencer sereinement.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Aujourd'hui, les Ukrainiens se battent avec des armes américaines. Ils continuent de bénéficier du soutien américain dans leur effort de résistance contre la guerre d'agression. Alors oui, peut-être qu'à un moment ou à un autre, le soutien américain s'interrompra. Mais je crois que la question aujourd'hui, c'est celle du cessez-le-feu. Et les messages deviennent très clairs en provenance de l'Europe, en provenance des Etats-Unis. Si Vladimir Poutine ne consent pas au cessez-le-feu, alors des sanctions massives s'abattront sur lui.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine]  Un cessez-le-feu, ça se surveille pour vérifier qu'il n'est pas violé par l'une ou l'autre des deux parties. Nous avons formulé des propositions, grâce au travail qui a été mené avec, vous savez, les pays associés à cette coalition des volontaires, pour contribuer, aux côtés des Américains, à la surveillance de ce cessez-le-feu, de manière à ce que cette dimension un peu technique du cessez-le-feu ne soit pas un obstacle à ce qu'il puisse intervenir rapidement. Donc pas d'inquiétude sur ce plan-là. L'important c'est que les armes se taisent.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Rappelons ce que c'est que cette guerre d'agression. Au fond, c'est une guerre coloniale d'un pays, ou d'un dirigeant plutôt, Vladimir Poutine, qui a décidé qu'il allait reprendre possession d'un pays qui a obtenu son indépendance en 1991. Eh bien, nous, les Européens, si nous soutenons les Ukrainiens, c'est parce que nous refusons de voir se déployer en Europe des guerres coloniales.

> [Défilé du 9 mai à Moscou] Je pense que de voir aux côtés de Vladimir Poutine tous les adversaires traditionnels des Etats-Unis, je pense que ça a dû refroidir peut-être un certain nombre d'Américains qui se disaient «Vladimir Poutine, après tout, pourquoi pas».

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] D'abord le cessez-le-feu, pour que cessent les bombes et que cessent les drones et que des discussions puissent sereinement s'engager, qui porteront nécessairement sur la question territoriale d'un côté, une question qui appartient aux Ukrainiens, et puis la question des garanties de sécurité, question à laquelle nous sommes très attachés puisque notre sécurité en dépend. Sur cette question-là, nous avons, avec le Royaume-Uni, engagé des discussions au niveau des chefs militaires. Des chefs militaires qui se sont réunis avec tous les pays amis et alliés de l'Ukraine. Des chefs militaires qui se sont rendus une première fois à Kiev pour rencontrer leurs homologues ukrainiens. Des chefs militaires qui se sont rencontrés hier en présence du Président de la République, du Premier ministre britannique et du président ukrainien. Et ce que je peux vous dire, c'est que la contribution des Européens à ce que l'on appelle les arrangements ou les garanties de sécurité qui permettront de dissuader définitivement toute forme de nouvelle agression par la Russie de l'Ukraine, eh bien, elles avancent dans le bon sens, puisque ce dialogue, d'abord entre l'Ukraine qui est la première concernée et les Européens, a franchi des étapes significatives et que, pas à pas, nous nous préparons à ce que, le moment venu, quand les discussions s'ouvriront, nous puissions proposer, si je puis dire, des solutions crédibles. Le premier niveau de cette sécurité apportée à l'Ukraine, c'est le soutien à son armée. Aujourd'hui, l'armée ukrainienne est quasiment la première armée du continent européen, et il nous faudra la renforcer.
Et puis ensuite, il y aura sans doute en deuxième rideau des capacités militaires qui viendront envoyer un signal stratégique à tout agresseur de l'Ukraine que l'Ukraine est défendue. Je ne veux pas préempter ces discussions. Ce sont des discussions difficiles, ce sont des discussions techniques, ce sont des discussions nouvelles pour des Européens qui ont traditionnellement conçu leur sécurité au sein de l'OTAN et qui, cette fois-ci, doivent la concevoir différemment. Mais ce sont des discussions qui avancent.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Il y a eu, dans les discussions, l'apparition d'une idée contre laquelle le Président de la République, contre laquelle la France s'est dressée. Celle d'une forme de reconnaissance en droit d'une annexion par la Russie de la Crimée. Cette idée-là, qui appartiendrait donc, ou cette reconnaissance-là qui appartiendrait donc non pas à l'Ukraine mais à d'autres, nous l'avons combattu farouchement. Pourquoi ? Eh bien parce que si nous acceptions qu'on puisse reconnaître en droit, en droit international, l'annexion d'un territoire comme la Crimée. (…)
Il n'y a pas de raison que ça s'arrête. Et on verrait exploser de toutes parts les conflits dans le monde entier, puisque vous savez que l'ordre international, fondé sur le droit, repose sur cette idée simple, fragile : "Tu ne touches pas à mes frontières, je ne touche pas aux tiennes." Si on commence à reconnaître les frontières contestées, alors ce sont des conflits évidemment qui prolifèrent, qui se multiplient. Et puis évidemment, c'est une autre tentation, qui elle est très dangereuse. La tentation de beaucoup de pays de se dire : "Après tout, quelle est la garantie de sécurité ultime pour moi pour ne pas être attaqué ? Soit je deviens un vassal d'une puissance comme la Russie ou les Etats-Unis, soit je me dote de l'arme nucléaire." Et si on voit se développer une crise de la prolifération nucléaire aujourd'hui dans le monde parce qu'on prendrait les mauvaises décisions s'agissant du sort des territoires ukrainiens, eh bien nous entrons dans un monde beaucoup plus instable, beaucoup plus dangereux que nous voulons écarter à tout prix.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Nous plaidons, avec les Américains d'ailleurs, depuis des mois, pour dire que dès lors que les armes se seront tues, les négociations pourront s'engager et il est bien naturel que les deux dirigeants puissent à ce moment-là entrer dans une discussion directe.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine]  Volodymyr Zelensky a fait un pas gigantesque lorsqu'il a accepté le principe d'un cessez-le-feu inconditionnel en Arabie saoudite, à la demande des Américains. Il s'agit d'un pays et d'un peuple qui a été victime d'une agression, qui voit une puissance coloniale tenter de l'asservir, qui se bat courageusement depuis trois ans et qui a réussi à tenir en échec l'une des armées les plus puissantes du monde.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] On ne peut quand même pas considérer que l'opération spéciale de Vladimir Poutine dont on nous annonçait qu'elle allait faire chuter l'Ukraine en trois semaines est un succès. Et ça, c'est la force et la résistance des Ukrainiens qui sont en train de devenir une armée du XXIe siècle dont nous finirons par nous inspirer, notamment pour les technologies de drones, etc. Et donc, les Ukrainiens, décider comme ça d'entrer ou de cesser le feu, ça n'est pas rien. C'est un compromis majeur. Et ils l'ont fait en premier, ce qui montre leur disposition à cheminer vers la paix.

> Le Triangle de Weimar. Et il a été à l'honneur cette semaine puisque juste après son élection, le chancelier Merz est venu à Paris, c'est à la France qu'il a consacré son premier déplacement. J'ai moi-même accueilli mon homologue. Et puis juste après, il est parti en Pologne rencontrer Donald Tusk, le Premier ministre polonais. Quant au Président de la République, après avoir accueilli à Paris le chancelier allemand, il est allé à Nancy cette fin de semaine signer avec le Premier ministre polonais un traité d'exception avec la Pologne. Et ce Triangle de Weimar que nous avons réactivé l'année dernière, il forme, si l'on peut dire, un attelage très puissant et susceptible d'entraîner les Européens, notamment sur les questions de sécurité.

> [Dissuasion nucléaire] Le Président de la République a rappelé ce que tous ses prédécesseurs ont dit jusqu'au général de Gaulle, à savoir qu'il y a une dimension européenne des intérêts vitaux, ce qui signifie qu'il y a une composante européenne dans la dissuasion française. Il a proposé, il y a quelques mois déjà, que s'ouvre un dialogue stratégique avec nos partenaires, et c'est vrai de la Pologne, c'est vrai de l'Allemagne, au moment où ils se réarment pour parer aux menaces, d'avoir ce dialogue pour bien comprendre ce que c'est que la dissuasion nucléaire française, comment elle fonctionne, de manière à pouvoir aussi prendre leurs propres décisions pour ce qui les concerne, en ayant la pleine conscience de ce que représente la dissuasion française. Il a aussi dit qu'à l'issue de ce dialogue stratégique, peut-être que des coopérations se dessineraient. Nous n'en sommes pas là, mais cette ouverture à un dialogue stratégique par le Président de la République a été effectivement très bien accueillie par les partenaires européens.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Nous souhaitons, pour pouvoir avoir un agenda de coopération avec la Chine, qu'elle cesse de faciliter le contournement des sanctions par la Russie, qu'elle cesse de fournir à la Russie ces fameux biens à double usage qui permettent à la Russie en quelque sorte de les détourner, de les dévoyer pour en faire des armes. Et nous souhaitons qu'elle cesse de soutenir implicitement la guerre d'agression russe en Ukraine. (…)
Nous voulons qu'ils fassent mouvement désormais, surtout avec tout ce qu'on a vu. Parce que nous représentons pour eux, au moment où surviennent les guerres commerciales, un partenaire, un marché qu'ils ne veulent pas négliger. Mais nous leur disons: «Pourquoi pas un agenda positif?» Nous y sommes ouverts sur les questions commerciales comme d'ailleurs sur les questions climatiques, où nous avons souvent travaillé avec la Chine. À condition, bien sûr, qu'on règle un certain nombre de différends qui entachent notre relation avec la Chine. Je pense au cognac et à l'armagnac, bien sûr. Et à condition que la Chine tienne compte de notre sécurité. Et aujourd'hui, notre sécurité, elle est menacée par la Russie. (…)
La Chine a un partenariat ancien, solide, multidimensionnel avec la Russie. C'est la raison pour laquelle il est totalement vain d'imaginer pouvoir briser cette relation, ce que certains idéologues aux Etats-Unis ont cru penser possible. En revanche, je ne crois pas que la Chine accueille très favorablement l'attitude de Vladimir Poutine en Ukraine. Pourquoi ? Eh bien parce que ça pose un sujet majeur de sécurité aux Européens, avec lesquels la Chine aimerait pouvoir travailler, mais aussi parce que selon la manière dont cette guerre se termine et avec l'implication de la Corée du Nord, la Chine ne voudrait pas, elle qui se voit, qui se vit comme un gardien de l'ordre international, que les conséquences d'une capitulation de l'Ukraine entraînent la multiplication des conflits.

> Il ne faut pas croire qu'on puisse diviser la Russie et la Chine. Ce qui n'empêche pas les Européens, la France au premier chef, de passer des messages très clairs à la Chine, d'amener la Russie à, je dirais, cheminer vers la paix.

> Je ne veux pas approuver la participation des Européens à cette parade du 9 mai, mais ce que je voudrais dire, c'est qu'il y a quelques mois encore, on nous a annoncé la dislocation rapide de l'Union européenne avec des pays qui, de manière bilatérale, auraient été chercher les faveurs de l'administration Trump en se faisant la concurrence les uns aux autres. Moi, j'ai vu, vendredi à Lviv et samedi à Kiev, une unité extrêmement forte des Européens. Alors, elle est fragile, enfin, en tout cas, il faut toujours la cultiver, mais en tout cas, j'étais très fier de participer à ces deux moments d'unité européenne.

> Je pense que les opinions publiques ont compris que nous étions entrés dans une ère nouvelle, où la menace est plus élevée, et pas uniquement celle de la Russie, mais aussi celle de l'Iran, celle du terrorisme et d'autres. Et dans un moment où il est clair, depuis l'altercation dans le bureau Ovale, que ce que nous disent les Etats-Unis depuis des années va se concrétiser. Les Etats-Unis vont réduire le niveau d'engagement qu'ils ont eu pendant des décennies dans l'OTAN. Et donc, au moment où la menace s'élève, le niveau de sécurité diminue, eh bien, chacun a compris qu'il va nous falloir prendre les choses en main, prendre notre propre sécurité en main. Mais ça, et c'est peut-être là où il y a encore du travail à faire, ça suppose un certain nombre d'efforts. Parce que se défendre, ça coûte cher. Ça suppose des investissements. Et tout cela, il faut nous y préparer si nous ne voulons pas prendre le risque en continuant nos bonnes vieilles habitudes, soit de nous laisser entraîner un jour ou l'autre dans une guerre qu'on n'aurait pas choisie, soit d'être condamnés à être les vassaux de grandes puissances auprès desquels nous irions chercher la protection.

> Je pense que l'objectif premier du président Trump, lors de sa visite à venir en Arabie saoudite, aux Emirats et au Qatar, concerne les relations économiques avec la région du Golfe. Mais nous espérons et nous poussons à la fois les Etats-Unis et nos partenaires dans le Golfe à faire de ce moment l'occasion de porter des messages politiques. Je rappelle que le président Trump, lors de son premier mandat, a engagé ce qu'on a appelé la logique des accords d'Abraham, c'est-à-dire le rapprochement entre certains pays de la région et Israël en contrepartie de la perspective politique pour la Palestine et la solution à deux Etats. Je ne vous dis pas que le conflit israélo-palestinien pourrait être réglé dans les prochains jours grâce à la visite du président Trump. Mais je pense que ce que nous voulons et ce vers quoi nous poussons, ce sont des déclarations politiques qui nous permettent de cheminer dans le même sens et, je dirais, d'abonder dans la direction sur laquelle nous travaillons, avec le Président de la République, qui est la préparation de cette conférence que nous allons co-présider en juin sur la solution à deux Etats.

> [Crise au Moyen-Orient] D'abord, il faut mettre des mots sur la réalité. La réalité, c'est que les Palestiniens à Gaza sont affamés, qu'ils sont assoiffés, qu'ils manquent de tout et que la bande de Gaza est aujourd'hui au bord du chaos et de l'effondrement, de la famine. Je crois que tout le monde s'en aperçoit. On entend, y compris dans la communauté juive, des voix s'émouvoir de cette attitude incompréhensible du gouvernement israélien. Et c'est en donnant de la voix qu'on peut sans doute espérer infléchir la position du gouvernement israélien. (…)
Nous avons, pour ce qui concerne la colonisation, l'occupation des territoires, pris des mesures, pris des sanctions, à titre national, contre les colons extrémistes et violents. Nous en avons désigné 28 par le passé. Je n'exclus pas d'ailleurs de reprendre des sanctions à l'encontre de ceux qui prolongeraient cette politique de colonisation extrémiste et violente. Et puis, au niveau européen, nous avons été à l'initiative pour proposer deux paquets de sanctions contre ces mêmes colons. Et nous travaillons à faire adopter un troisième paquet, puisque la colonisation, qui est un autre sujet que celui des restrictions à l'accès de l'aide humanitaire, menace très concrètement la perspective d'une solution politique et menace donc à long terme la sécurité d'Israël.

> Vous savez, si nous ne défendons pas les intérêts et la sécurité des Français, personne ne le fera à notre place. C'est depuis la Syrie, sous le régime sanguinaire de Bachar al-Assad, que les attentats du Bataclan ont été fomentés. C'est depuis la Syrie, à peu près au même moment, en 2015, qu'est partie la plus grande vague d'immigration de notre histoire récente, avec ces millions de Syriennes et de Syriens qui fuyaient les persécutions et cherchaient refuge en Europe. Alors oui, nous pouvons mettre notre tête dans le sable, faire comme si tout ça n'existait pas, et voir une Syrie à nouveau fragmentée, Daech que nous combattons depuis dix ans en Syrie reprendre du poil de la bête et venir une nouvelle fois ensanglanter notre pays.
Ça n'est pas notre approche. Et je me suis rendu moi-même, quelques semaines à peine après la chute de Bachar al-Assad, en Syrie. Pour demander quoi ? Pour demander une négociation avec les Kurdes, qui sont nos alliés dans la lutte contre Daech depuis dix ans. Cette négociation est entamée. Pour demander les inspections et la destruction du stock d'armes chimiques. Ces inspections, ces destructions ont commencé. Pour demander à ce que le gouvernement puisse être représentatif de l'ensemble des composants de la société syrienne. Un nouveau gouvernement a été formé. (…)
Quelles sont nos demandes aujourd'hui ? Eh bien, c'est que tous les responsables de ces massacres contre les alaouites ou les Druzes soient jugés et punis. Je vais même vous dire qu'avant même que les décisions soient rendues en Syrie, j'ai demandé à ce que nous prenions des sanctions européennes, ce sera le cas dans les prochains jours, contre les responsables que nous avons identifiés de ces massacres. Et puis surtout, nous demandons à ces autorités de transition à Damas, qui luttent sans aucune forme d'ambiguïté contre Daech.

> Je vois la menace de Daech ressurgir. Je vois Daech se reconstituer dans la Badiya syrienne, au milieu du pays. Je vois les dizaines de milliers de combattants terroristes et leurs familles qui sont détenus aujourd'hui dans des camps. (…) Ma priorité numéro un, c'est de protéger les Français contre la menace de Daech. Et aujourd'hui, où se reconstitue Daech ? Eh bien, c'est en Syrie.

> [Relations franco-algériennes] Si la relation est bloquée et si elle est gelée, c'est par la faute des autorités algériennes, qui ont décidé brutalement d'expulser 12 de nos agents. 12 de nos agents. Et pour que tout le monde l'entende, ce n'est pas uniquement une décision brutale sur le plan administratif. Ce sont des hommes et des femmes qui ont dû quitter précipitamment leur famille, leurs enfants, leurs domiciles, pour rentrer en France. C'est quand même très brutal comme décision.

> La bonne idée, c'est d'interroger les Français, de les associer le plus largement possible aux décisions qui les concernent et par tous les moyens. Et je suis favorable à ce qu'on ait des référendums. Je suis favorable à ce qu'on ait des conventions citoyennes. Je suis favorable à ce qu'on modifie le mode de scrutin pour le rendre, je dirais, à la fois plus représentatif et plus utile avec la proportionnelle. Je suis même favorable à ce qu'on facilite les modalités de vote, le vote électronique, que le ministère des affaires étrangères rend possible pour nos compatriotes à l'étranger, qui fonctionne parfaitement. Il doit être généralisé.

> [Projet de loi sur la fin de vie] Sur la fin de vie, pour le coup, je vais vous dire, je salue le travail de très grande qualité qui a été mené, d'abord au travers d'une Convention citoyenne, dont les travaux - je vous dirais après mon avis - ont été équilibrés. Travaux qui ont ensuite été repris par le Parlement, qui a commencé son travail il y a quelques mois déjà et qui l'a repris. Et cette articulation entre démocratie dite participative et représentative est, à mon sens, exemplaire. Maintenant, sur la fin de vie, je suis très favorable au texte sur les soins palliatifs. (…)
Sur le texte sur le droit à l'aide à mourir, malgré le travail de grande qualité qui a été fait par Olivier Falorni, par tous les parlementaires impliqués, je considère pour ma part que le texte sorti de commission va trop loin. Et qu'à mon sens, le préalable nécessaire à l'ouverture de ces nouveaux droits, c'est de garantir l'accès de tous les Français aux soins palliatifs. (…)
Je souhaite, que tous les Français, quel que soit le département dans lequel ils vivent, puissent avoir accès aux soins palliatifs. Je souhaite aussi que la loi Claeys-Leonetti puisse être pleinement appliquée. Et si besoin, effectivement, qu'elle puisse être corrigée à la marge pour être rendue plus efficace. Mais le texte tel qu'il est présenté, et chacun sera libre de son vote, chacun se décide sur ses sujets en âme et conscience, mon âme et ma conscience me disent que le texte tel qu'il a été présenté, tel qu'il est sorti de la commission, va trop loin.

> [Union européenne et agression de Poutine contre l’Ukraine]  75 ans plus tard, face au réveil des empires, face au révisionnisme de la Russie notamment, face à la dislocation et aux fragmentations du monde, il nous appartient de reprendre le flambeau de Robert Schuman, et de faire que l’Europe redevienne ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, un phare pour le monde, le phare de la démocratie, le phare de la liberté, le phare de la dignité de la personne.
Nous sommes ici le 9 mai 2025, à Lviv, en Ukraine, à 1500 km de Strasbourg, dans un pays européen, dans un pays en guerre, qui depuis plus de trois ans maintenant, résiste contre la guerre d’agression lancée par la Russie, une guerre coloniale, celle d’une puissance impérialiste, qui voudrait entraver l’aspiration de l’Ukraine, indépendante depuis 1991, à la liberté, à la démocratie et à l’ambition européenne. Une guerre meurtrière, comme nous l’avons vu ce matin au cimetière de Lviv, une guerre dont les stigmates humains sont colossaux, comme nous avons pu le constater à l’hôpital de Lviv, que la France soutient, où nous avons vu des corps brisés, où nous avons vu des gueules cassées et où nous avons vu des esprits invaincus. Et si nous sommes venus avec l’ensemble des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, c’est pour affirmer notre solidarité indéfectible à la résistance ukrainienne et exprimer avec beaucoup de force que nous voulons la paix. La paix par la force et la paix par la justice. La paix par la force, d’abord, et nous annoncerons tout à l’heure que grâce à la mobilisation des revenus tirés des actifs gelés, la France va pouvoir, au travers de son entreprise KNDS, assurer la maintenance opérationnelle des canons César que la France a fournis à l’Ukraine pour résister aux coups de boutoir de la Russie. La paix par la justice et nous annoncerons tout à l’heure la création du tribunal spécial pour le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine.
Il n’y aura pas de paix tant que tous les crimes de guerre qui ont été commis depuis trois ans n’auront pas été punis. Nous voulons la paix et aujourd’hui le seul obstacle à la paix se trouve à Moscou, il parade, il s’appelle Vladimir Poutine. Hier, le Président de la République s’est entretenu à plusieurs reprises avec le Président Trump auquel il a exprimé cette conviction forte. Il nous faut par la force amener Vladimir Poutine à consentir à un cessez-le-feu. Nous avons pris acte de l’appel du Président Trump à un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours. Cessez-le-feu que l’Ukraine a accepté le 9 mars dernier, il y a deux mois maintenant et auquel il va nous falloir pousser Vladimir Poutine à consentir. J’ai eu moi-même hier Lindsey Graham, le sénateur américain qui porte un paquet de sanctions massif contre la Russie avec 70 sénateurs démocrates et républicains et je lui ai assuré qu’avec les européens nous prendrions nous aussi dans les prochains jours un nouveau paquet de sanctions pour mettre la pression sur la Russie.
«La paix mondiale ne sera sauvegardée qu’avec des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent». Ainsi Robert Schuman terminait-il cette déclaration, ces efforts créateurs c’est à nous les européens qu’il faut désormais consentir.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Je crois qu’il n’y aura pas de paix sans la justice, il n’y aura pas de justice sans la vérité, le Conseil de l’Europe a mis en place des mécanismes d’enregistrement de tous les préjudices qui ont été causés et ils sont nombreux, par la Russie au peuple ukrainien. Sur cette base-là, justice devra être rendue, c’est la condition d’une paix durable. (…)
Je suis sûr [qu’il n’y aura pas d’]impunité, contre tous les crimes de guerre qui ont été commis au cours de cette guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine.

> Les Européens, ils protestaient il y a 10 ans à Maïdan, et c’est la raison pour laquelle la Russie a décidé de déclencher sa guerre coloniale contre l’Ukraine, pour tenter de réaffirmer sa propriété d’un pays indépendant depuis 1991. Et c’est la raison pour laquelle les pays européens sont si nombreux à être représentés ici aujourd’hui à Lviv, et pourquoi nous refusons ces guerres coloniales, non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour nous-mêmes.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> Je le crois profondément : la lutte contre la pollution de l’air est une priorité de santé publique. 40 000 décès prématurés par an, des années d’espérance de vie en moins, des risques accrus d’asthme infantile, de cancers, de diabète, d’infarctus, d’AVC. J’ai lancé le Roquelaure de la qualité de l’air.
À cette occasion, nous avons annoncé :
- La mise à jour des données 2022-2025 sur les liens entre qualité de l’air et santé, et sur le coût économique de la pollution ;
- Un soutien direct de 150 millions d’euros aux plans climat-air-énergie territoriaux ;
- La mobilisation des préfets sur les plans locaux de baisse des polluants des chauffages au bois ;
- La reprise du leasing social en septembre 2025, avec un accès privilégié pour les habitants des zones concernées par les ZFE ;
- La relance du Comité de la qualité de l’air en ville.

> La pollution de l’air, c’est des dizaines de milliers de morts prématurées chaque année. Mais c’est aussi des maladies chroniques graves, qui frappent enfants comme adultes. Une menace invisible, bien réelle — sur laquelle les politiques publiques ont un vrai impact. En 7 ans, la pollution de l’air a baissé de 31 % dans les plus grandes agglomérations françaises. Quand on agit, ça marche. Mais le chemin reste long pour atteindre les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé.

> Sur l’aide active à mourir, la France est en retard par rapport à un certain nombre de démocraties. Et pourtant, nous aimons nous penser comme un pays de progrès et de liberté. J’entends les réticences, qui dépassent largement les clivages partisans. Oui, cette loi appelle à la précaution. Mais entendons les Françaises et les Français, et n’ayons pas peur de leur faire confiance.

> 74 % des médecins sont favorables à l’aide active à mourir, selon l’Ifop. Un chiffre fort, parce qu’il vient de celles et ceux qui sont en première ligne. Les médecins savent ce que représente la fin de vie. Ils accompagnent, écoutent, soulagent — et ils sont aujourd’hui une large majorité à soutenir ce projet de loi. Je le soutiens moi aussi. C’est une avancée majeure, attendue, et un engagement de longue date de notre famille politique, porté par une approche profondément humaine et digne. J’entends les doutes, les interrogations, parfois intimes ou spirituelles. Je les respecte. Mais faisons confiance aux soignants. Faisons confiance aux Françaises et aux Français.

> Le Gouvernement porte un amendement de simplification et de clarification des zones à faibles émissions, avec un objectif : rassurer les Françaises et les Français. Deux éléments clés : rendre les zones à faibles émissions obligatoires uniquement à Paris et Lyon — ailleurs, ce seront les maires qui décideront — et instaurer un droit à circuler, pour s’assurer que chacun puisse avoir une solution.

 

Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)
> La soumission chimique est une prédation insupportable, froide, méthodique. Pour dominer. Sans lutte, sans refus. Sensibiliser largement la société pour déconstruire les préjugés, éduquer au respect, former les professionnels au contact des victimes, lever le secret médical afin de protéger les victimes... Le Gouvernement sera au rendez-vous dans ce combat.

> Jamais je n'accepterai la banalisation de la Shoah. Jamais je n'accepterai l'essentialisation des Français juifs comme s'ils étaient responsables de la situation à 4000 kms de la France. Jamais je ne me résoudrai à l'antisémitisme.

 

Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargée des Comptes publics)
> Ce lundi matin, j’étais auprès des équipes de Tracfin pour célébrer les 35 ans de ce service de renseignement financier. Tracfin, ce sont plus de 230 agents engagés au quotidien pour défendre les intérêts fondamentaux de notre pays. Lutte contre le terrorisme, contre la criminalité organisée, contre les fraudes aux finances publiques, contre les ingérences étrangères, contre le blanchiment d’argent, contre le détournement des crypto-actifs : leur champ d’action est large, leur expertise est reconnue, leur efficacité est précieuse. Dans un contexte de menaces croissantes, je suis pleinement engagée pour renforcer leurs moyens. Le budget de Tracfin a été augmenté d’un million d’euros cette année. Les effectifs se sont accrus. Le cadre juridique a été consolidé, notamment dans le cadre de la loi de lutte contre le narcotrafic. Je défends également, au niveau européen, une régulation ambitieuse et une coordination renforcée entre nos services. Tracfin joue aujourd’hui un rôle déterminant pour protéger les Français et préserver notre souveraineté. Je suis fière d'être leur ministre et de continuer à m'engager pour eux.

 

Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> Clairement : la reconquête industrielle française est un combat que je mène depuis le premier jour. À la veille de mon déplacement aux Fonderies de Bretagne, je reviens sur l’engagement de l’État, aux côtés des élus, pour sauver cette entreprise et ouvrir un nouvel avenir industriel, notamment dans la défense. Mais ce combat dépasse un seul site. Notre industrie a des atouts, il nous faut cependant la protéger, au niveau européen, en particulier pour les filières stratégiques (acier, chimie, auto…), face à une concurrence déloyale. Le cas des colis exemptés de droit de douane illustre les failles exploitées par des producteurs extra-européens peu scrupuleux.

> La sidérurgie est un enjeu existentiel pour l’Europe.

> EssilorLuxottica choisit la France pour investir et produire. Aux côtés du président de la République, j’étais ce matin à Wissous en Essonne avec Yannick Neuder et Clara Chappaz pour inaugurer le nouveau site d’EssilorLuxottica. Ce Laboratoire d’Excellence (Labex) illustre la réindustrialisation que nous portons :
- Un investissement de 70 millions d’euros,
- 300 emplois industriels qualifiés,
- Des lignes de production à la pointe de l’automatisation,
- Un ancrage fort dans nos territoires.
EssilorLuxottica est un fleuron européen. Son choix de renforcer sa présence industrielle en France confirme l’attractivité de notre économie et la solidité de notre filière santé visuelle.
À quelques jours du sommet Choose France, cette inauguration envoie un message clair : La France est prête à accueillir les projets industriels les plus ambitieux Nous savons conjuguer innovation, savoir-faire et emploi local. Bravo aux équipes mobilisées.
Cette dynamique industrielle, nous la faisons avancer chaque jour.

 

Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> [350 millions d'euros pour les quartiers prioritaires de la ville] Mon objectif, c'est de soutenir l'enfance et l'adolescence, (...) et l'économie. Je voudrais une économie légale dans les quartiers. Il faut que les entreprises investissent.

> [Projet de loi sur la fin de vie] Je ne suis pas opposée au suicide assisté. En revanche, l'euthanasie, demander à un tiers de commettre ce geste-là, c'est beaucoup plus complexe.

> [Pompier blessé lors d'un rodéo urbain à Evian] Le geste de l'auteur du rodéo a vraiment été de le frapper volontairement, de le percuter et de revenir lui cracher dessus. Il y a quelque chose qui dysfonctionne plein tube.

> [Logements sociaux] La mixité sociale, ce n'est pas forcément d'empêcher qu'il y ait des revenus un peu plus élevés que la moyenne. Lorsque vous avez la chance (...) d'avoir quelqu'un qui gagne plus de 3.500 euros, vous faites tout pour qu'il reste.

> Je pense que le Parti socialiste s'est trahi, notamment dans ses accords électoraux avec La France insoumise, qui vise un projet de destruction de la République, qui pousse des slogans antisémites.

> [Manifestation néofasciste à Paris] C'est très grave, et la République va mal. On ne sait pas enrayer cette spirale de l'exclusion, de la haine de l'autre et du fascisme.

 

Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger)
> L’annonce d’une suspension de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine est une bonne nouvelle pour l’économie mondiale ! La France et l’Union européenne continuent à œuvrer pour obtenir une désescalade des tensions commerciales. Essentielle pour protéger nos filières et nos consommateurs.

 

Autres ministres
Gérald Darmanin (ministre d’Etat, Garde des sceaux, ministre de la Justice)
> Révolutionner le modèle des prisons.

> Créer le plaider-coupable en matière criminelle pour accélérer la justice.

> Systématiser les saisies-confiscations et procéder à la vente des véhicules avant même le jugement, comme la loi le permet.

> Simplifier de manière radicale le code pénal en passant de plus de 200 peines possibles à 4.

> Créer des « peines minimales » pour garantir une certitude de la peine, dès le premier fait commis.

 

Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée] Tous, dans cet hémicycle, nous partageons je crois la volonté de soulager la souffrance des malades en fin de vie. Pour y parvenir, en revanche, nous divergeons sur les moyens. Nous sommes donc appelés à débattre d’un sujet extrêmement sensible : un sujet éthique, médical et juridique ; un sujet qui appelle de notre part humilité et humanité. C’est tout l’honneur du Parlement de s’emparer des sujets les plus graves, les plus bouleversants, et de trouver le point d’équilibre respectant les attentes des uns et les préventions, voire les oppositions, des autres.
J’ai de nouveau l’honneur de m’exprimer à cette tribune pour examiner cette question qui touche chacune et chacun d’entre nous, une question intime à laquelle nul ne peut rester étranger. C’est à la fois une femme, une fille, une mère, une élue que les expériences de la vie ont fait évoluer, qui aborde ce débat avec toute l’humilité que requiert le sujet. Pour reprendre les mots du président de la République, la fin de vie est un vertige, un vertige qui bouscule, qui interroge, qui convoque des convictions intimes et personnelles, souvent profondes.
Les Français se sont saisis de ce débat parce qu’il les concerne intimement. Tous savent qu’un jour ils pourraient être confrontés à ces questions, pour eux-mêmes ou pour un proche.
Pour toutes ces raisons, je suis animée par la conviction que le Parlement doit débattre, en conscience, de cette question essentielle. Comment traitons-nous la vie qui prend fin ? Refuser ce débat alors que notre droit ne répond pas à toutes les situations, c’est laisser celles et ceux qui attendent sans réponse. C’est fermer les yeux devant une souffrance à laquelle seuls celles et ceux qui peuvent partir à l’étranger trouvent une issue. C’est manquer à notre devoir d’écoute et d’humanité.
Je souhaite le rappeler au moment où nous entamons nos débats, le fait générateur est la maladie. C’est bien la maladie in fine qui entraîne la mort, ce n’est pas l’âge. Je le répète en conscience, dans notre société vieillissante.
Je sais l’implication de nos médecins et de nos équipes soignantes. Et je rappelle l’importance des soins palliatifs, que chacun reconnaît dans cet hémicycle. Oui, nous devons garantir un accès aux soins palliatifs partout sur le territoire. C’est tout le sens de la première proposition de loi, déposée par Annie Vidal, adossée à la stratégie décennale que j’ai eu l’honneur d’initier. L’accompagnement et la prise en charge de la douleur sont encore très largement insuffisants.
Conscients toutefois que la loi Claeys-Leonetti de 2016 ne répond pas à toutes les situations, nous devons proposer une autre réponse, strictement encadrée et fondée sur cinq conditions cumulatives et précises, pour que les patients dont rien ne peut apaiser la souffrance, malgré tous les accompagnements possibles, aient la liberté de choisir leur fin de vie. C’est ce que permet la seconde proposition de loi, défendue par Olivier Falorni et beaucoup d’entre vous depuis de nombreuses années.
Ces deux textes ne s’opposent pas, ils ne se contredisent pas. Ils sont le fruit d’un travail collectif : celui des sociétés savantes, du rapport du professeur Franck Chauvin, de la Convention citoyenne sur la fin de vie, du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et de plusieurs semaines de débats parlementaires, en commission, en séance, puis de nouveau en commission.
Ils reposent sur un même socle : assurer une prise en charge continue de la douleur, dans le respect de la dignité de chacun, en tenant compte de la volonté exprimée par le patient.
Depuis plusieurs années, cette question traverse notre société. Elle nous confronte à l’indicible. Comment mieux accompagner celles et ceux qui approchent de l’inéluctable ? Comment leur offrir la fin de vie la plus digne possible ? Comment leur tendre la main pour qu’ils puissent choisir librement et avec discernement la manière dont ils souhaitent être accompagnés ?
Ces questions dépassent largement les clivages partisans. Elles échappent aux appartenances politiques, car nous cherchons une réponse humaine à une souffrance humaine.
Ces deux propositions de loi, dans le prolongement du projet de loi que j’ai soutenu l’an dernier, sont animées par une même ambition : offrir à chacun une fin de vie digne, dans le respect de son autonomie.
Commençons par la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs. Comme nombre d’entre vous, mesdames et messieurs les députés, j’ai visité des unités de soins palliatifs ; j’ai écouté des patients, des familles, des soignants, des amis, des proches, des femmes et des hommes confrontés à l’un des moments les plus éprouvants de leur vie, des malades entourés de professionnels engagés, portés par une humanité admirable. À leurs côtés, j’ai vu la tendresse, la dignité, la douleur aussi –⁠ des souffrances parfois insoutenables. La semaine dernière encore, j’étais à lhôpital Jean-Jaurès, à Paris, auprès des patients et des équipes de soins palliatifs. Je veux ici saluer l’engagement de celles et ceux qui accompagnent jusqu’au bout, avec une force tranquille et une infinie bienveillance.
Développer les soins palliatifs, c’est affirmer que la République ne détourne jamais le regard de la souffrance. Pourtant, aujourd’hui encore, l’accès aux soins palliatifs reste inégal selon les territoires. C’est un déchirement pour les familles ; c’est un échec pour la puissance publique. Face à cette réalité, nous prenons nos responsabilités.
Votre rapporteure Annie Vidal vient de le rappeler : nous agissons, même si le temps est toujours trop long. Il y a un an, nous avons lancé une stratégie décennale des soins d’accompagnement, adossée à un financement inédit de 1 milliard d’euros sur dix ans. La dernière loi de financement de la sécurité sociale en porte déjà la traduction concrète, avec 100 millions d’euros supplémentaires chaque année. Notre ambition est claire : garantir à chaque Français, quel que soit son âge, quel que soit son lieu de vie, un accès effectif aux soins palliatifs.
Dès 2024, cette stratégie a commencé à produire ses effets, notamment à domicile, car nous savons combien nos concitoyens souhaitent être accompagnés, aussi longtemps que possible, dans le cadre familier de leur vie quotidienne. Plus de 17 000 visites longues ont été assurées chaque trimestre par les médecins de ville, pour offrir un accompagnement renforcé à domicile. Le nombre de patients pris en charge dans le cadre de l’hospitalisation à domicile a connu une hausse de 22 %. Des équipes d’intervention rapide ont été déployées, capables d’intervenir en quelques heures auprès des patients. Désormais, 420 équipes mobiles de soins palliatifs sont actives sur tout le territoire, apportant leur expertise aux soignants comme aux familles.
À l’hôpital, également, le renforcement de l’offre s’est poursuivi. Le nombre de lits identifiés en soins palliatifs a progressé. Treize départements, jusque-là dépourvus d’unités spécialisées, en ont ouvert ou en ouvriront dans les prochains mois. Il s’agit du Cher, des Ardennes, des Vosges, de l’Orne, de la Corrèze, du Lot, des Hautes-Pyrénées, de la Lozère, de la Guyane, de la Sarthe, de l’Eure-et-Loir, des Pyrénées-Orientales et de la Meuse. En outre, deux premières unités pédiatriques de soins palliatifs ouvriront cette année.
En parallèle –⁠ cest indispensable –, nous avons investi dans la formation, levier décisif pour faire émerger une véritable culture palliative. Plus de cent postes ont été ouverts pour la rentrée universitaire 2024-2025, posant les bases dune filière dédiée. Yannick Neuder et moi-même savons quil faut continuer, voire accélérer, autant que possible. Cest tout notre engagement. Nous devons aussi mieux faire connaître les droits des patients. Une campagne nationale d’information sera lancée cette année sur la désignation de la personne de confiance et la rédaction des directives anticipées.
Nous devons désormais aller plus loin dans l’accompagnement et dans l’organisation des soins. C’est tout l’objet de la proposition de loi de la députée Annie Vidal, qui reprend le cœur du texte gouvernemental. Elle est articulée autour de trois priorités structurantes : créer des organisations territoriales dédiées aux soins palliatifs et à l’accompagnement, pour garantir un accès effectif partout en France ; prévoir une formation spécifique pour les professionnels du soin et de l’accompagnement ; généraliser le plan personnalisé d’accompagnement, afin d’assurer un suivi cohérent et respectueux des volontés du patient.
Ce plan ne sera pas un document de plus, mais le fruit d’un véritable dialogue entre le soignant et le patient. Les professionnels sont unanimes : cet échange, à cette étape de la maladie, est indispensable. Chaque patient a des attentes spécifiques et doit pouvoir les exprimer, pour que son parcours soit le plus adapté possible. Je souhaite préciser clairement que ce plan ne contiendra aucune mention de l’aide à mourir –⁠ votre rapporteur François Gernigon la rappelé tout à lheure. Ce nest ni sa vocation, ni le moment opportun pour aborder cette question.
Parmi les avancées majeures du texte figure le développement de structures dhébergement à taille humaine, offrant une alternative au domicile. Elles permettront d’accueillir des patients pour des séjours temporaires ou plus longs, tout en respectant pleinement leurs souhaits d’accompagnement. Je le redis, le personnel de ces structures n’a pas vocation à pratiquer l’aide à mourir. Si un patient formulait une telle demande, elle serait instruite dans les mêmes conditions que s’il était à son domicile, conformément au cadre prévu par la loi.
Ce texte a été adopté à l’unanimité en commission. Nous espérons qu’il le sera également en séance publique. Nous partageons une exigence : être à la hauteur des attentes des Françaises et des Français en la matière.
J’en viens à la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir. C’est l’attente de certains de nos concitoyens qui nous conduit à examiner les limites du cadre actuel pour certaines situations de fin de vie. J’entends toutes celles et ceux qui se demandent pourquoi nous légiférons à nouveau puisque nous avons déjà la loi Claeys-Leonetti. La sédation profonde et continue jusqu’au décès est une avancée majeure, et cette loi du 2 février 2016 doit aujourd’hui être mieux connue et mieux appliquée.
Je veux le rappeler ici, il ne s’agit pas d’un acte anodin. La sédation profonde et continue, lorsqu’un patient atteint d’une affection grave et incurable et dont le pronostic vital est engagé en fait la demande, entraîne l’arrêt des traitements –⁠ de tous les traitements, y compris la nutrition et lhydratation – et lendormissement irréversible. Cest donc une démarche lourde, qui accompagne inéluctablement vers la mort.
Je respecte profondément les deux auteurs de cette loi, à laquelle je suis attachée, mais ils n’en ont pas la même lecture. Pour Alain Claeys, « ce n’est pas un acte létal, mais c’est déjà de l’aide à mourir, on ne se réveille pas ». Jean Leonetti considère en revanche que « c’est une façon de soulager les souffrances du malade, dormir n’est pas mourir ».
Les professionnels de santé que j’ai rencontrés m’ont précisé que cette pratique reste peu utilisée. L’accompagnement global et la prise en charge de la douleur en soins palliatifs répondent, dans de nombreux cas, aux besoins des patients.
Mais cette loi, je le redis, ne répond pas à toutes les situations. Même avec une prise en charge palliative exemplaire, certains patients subissent des douleurs physiques réfractaires et une perte d’autonomie vécue comme une atteinte insupportable à leur dignité. Ne devons-nous pas les entendre quand ils considèrent, connaissant l’évolution plus que probable de leur maladie, que c’est à eux de déterminer s’ils souhaitent, ou non, subir ces situations ? Oui, la question est lourde ; elle est même vertigineuse. Mais, parce qu’elle est vertigineuse, devons-nous la repousser ou bien chercher ensemble une réponse ?
C’est la question posée par le rapporteur général, Olivier Falorni, et c’est tout le sens de sa proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir. Il est des souffrances qu’aucun traitement ne peut plus apaiser. Il est des parcours où les soins palliatifs, malgré leur qualité, ne suffisent pas.
Il ne s’agit pas d’opposer la vie et la mort. Il ne s’agit pas davantage d’opposer les soins palliatifs et l’aide à mourir. Il ne s’agit pas non plus d’opposer la sédation profonde et continue et l’aide à mourir. Pour l’immense majorité des patients, la question d’une sédation profonde ou d’un recours à l’aide à mourir ne se posera pas, car les soins palliatifs suffiront à apaiser leur souffrance jusqu’au terme de la vie. Mais pour d’autres, la question reste entière car la souffrance de leur fin de vie n’est pas apaisée.
Mesdames et messieurs les députés, comme vient de le souligner la rapporteure Brigitte Liso, avons-nous le droit de ne pas penser à ces malades ? Ne serait-ce pas une forme d’abandon ? N’est-il pas de notre devoir de rechercher une autre réponse, une autre forme d’accompagnement de la fin de vie d’un patient qui nous le demande ? Si certains expriment, en conscience, la volonté d’accéder à l’aide à mourir, notre responsabilité sera de leur garantir une réponse médicale claire dans un cadre strictement encadré, fondé sur le respect de leur discernement, de leur volonté, de leur dignité. Un cadre clair avec des principes non négociables et des lignes à ne pas franchir, voilà ce qu’il nous appartient de construire ; voilà ce que pourrait être le modèle français de la fin de vie.
Je le répète, c’est une lourde responsabilité et je veux fixer devant vous les limites essentielles de cette aide à mourir.
Premièrement, l’aide à mourir ne s’adressera qu’aux patients en phase avancée d’une maladie grave et incurable et dont le pronostic vital est engagé. La Haute Autorité de santé vient de définir la phase avancée comme « l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé qui affecte la qualité de vie ». Le gouvernement proposera d’inscrire dans la loi cette définition de la phase avancée issue des travaux de la HAS.
Cette définition confirme que l’aide à mourir sera réservée à des patients en fin de vie répondant à l’ensemble des critères cumulatifs, après que leur auront été proposés des soins palliatifs et un accompagnement. L’avis de la HAS est utile : aucun critère temporel individuel ne peut fonder une approche satisfaisante ; ni « moyen terme » ni une autre formulation ne sont jugés pertinents.
Deuxièmement, l’autonomie du patient doit rester au cœur de notre réflexion. Pour que cette autonomie soit réellement garantie, jamais l’aide à mourir ne pourra être proposée, suggérée, encouragée. C’est un choix intime et réitéré, que seule la personne malade, dans son for intérieur, peut formuler. Pour que cette autonomie soit respectée, le texte initial prévoyait que le patient s’administre lui-même la substance létale. Ce n’est que dans de rares exceptions, lorsque l’état physique du patient ne le permet pas, qu’un professionnel de santé pourrait intervenir.
La commission est revenue sur cet équilibre : je défendrai le rétablissement de la rédaction initiale. L’autoadministration doit rester la première intention. Aussi, garantir l’autonomie suppose de laisser au patient un temps de réflexion incompressible, une fois la demande acceptée par le médecin. Le délai de quarante-huit heures, inscrit dans le projet initial, est une garantie supplémentaire : le rétablir me paraît une nécessité.
Troisièmement, le discernement du patient doit être plein et constant tout au long du processus : au moment de la demande, dans les jours et dans les semaines qui suivent, jusqu’à l’instant même de l’administration de la substance létale. Comme je m’y étais engagée, j’ai saisi le Comité consultatif national d’éthique. L’avis rendu est sans ambiguïté : pour que l’aide à mourir reste fidèle à la dignité humaine, le patient doit être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée à chaque instant de la procédure. Aucune demande d’aide à mourir ne pourra être formulée par l’intermédiaire des directives anticipées.
Quatrièmement, les conditions d’accès doivent être strictement encadrées et strictement définies. L’aide à mourir ne pourra être accordée qu’aux personnes majeures, de nationalité française ou résidant en France de manière stable et régulière, atteintes d’une affection grave et incurable avec un pronostic vital engagé, souffrant de douleurs devenues insupportables et réfractaires aux traitements, exprimant leur volonté de manière libre et éclairée.
Ces critères sont autant de garanties. En modifier un seul reviendrait à déséquilibrer l’ensemble du dispositif. Je tiens à saluer le travail de la commission, qui les a sanctuarisés, et à remercier les rapporteurs ainsi que les députés qui ont contribué à les préserver.

> [Projet de loi sur la fin de vie] Je souhaite que l’aide à mourir soit strictement encadrée. Elle doit être réservée à des patients qui en font la demande en plein discernement, dont le pronostic vital est engagé en raison du stade d’avancement de leur maladie, lorsqu’elle atteint un stade irréversible. L’aide à mourir s’adresse à des patients dont les souffrances ne peuvent plus être soulagées.

> [Projet de loi sur la fin de vie] Je dépose un amendement dans lequel je précise que c'est le malade qui doit s'administrer lui-même le produit

> [Projet de loi sur la fin de vie] Si le patient perd son discernement, la procédure s'arrête",

> [Projet de loi sur la fin de vie] Aucun soignant ne sera obligé de pratiquer l'acte létal.

> Nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale des infirmiers. Une journée pour saluer leur engagement essentiel dans notre système de santé. À l’hôpital, en ville, comme dans les territoires ruraux, ils assurent la continuité des soins avec compétence et humanité. Nous faisons concrètement évoluer leur profession avec l’adoption récente d’une proposition de loi, afin de leur donner plus de prérogatives et de reconnaître leur rôle central. Je tiens à leur exprimer et au nom du gouvernement, ma reconnaissance la plus totale pour leur engagement au quotidien.

 

Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique)
> [Déclaration lors de la réunion de l’Eurogroupe, le 12 mai 2025] Nous nous réunissons à Bruxelles dans un contexte géopolitique qui reste très agité. Dans ce contexte, l’Europe avance.
Nous avons aujourd’hui sur la table un texte historique sur le financement de la défense européenne avec un prêt de 150 milliards d’euros et nous pourrons très rapidement parvenir à un accord et c’est une belle avancée pour l’Union européenne.
Je voudrais revenir aussi sur le sujet des droits de douane. Il y a un début de désescalade entre les États-Unis et la Chine, ce qui est une bonne chose, mais il faudra aller plus loin. Les discussions doivent se poursuivre entre la Commission européenne et les États-Unis d’Amérique puisque c’est effectivement une compétence de la Commission. Nous suivons cela de près. Il faut impérativement revenir à une désescalade pour baisser substantiellement les droits par rapport au niveau qu’ils ont atteint aujourd’hui afin de faire repartir l’économie mondiale.
Enfin, dans tous ces domaines, nous allons continuer à travailler très étroitement avec nos amis allemands. J’ai eu le plaisir de recevoir à Paris vendredi mon homologue Lars Klingbeil, le nouveau vice-chancelier allemand. Nous nous voyons à nouveau ce soir et nous allons travailler ensemble avec tous nos collègues de l’Union européenne afin de mettre en place très activement un agenda de compétitivité et de souveraineté.

> L’esprit du multilatéralisme français, c’est de parler à tous pour ne dépendre exclusivement de personne. Dans un monde de plus en plus incertain, les partenariats solides comptent. Avec les Émirats arabes unis, nous construisons une coopération politique et économique, basée sur de multiples coopérations, notamment dans l’intelligence artificielle, l’équipement ou la culture.

 

Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> Renseigner pour protéger. Depuis 153 ans, les agents de la Direction du Renseignement et de la Sécurité de la Défense et leurs prédécesseurs protègent nos armées et nos entreprises de défense. De l’espionnage, de la subversion, du sabotage, du vol de données et de technologies. Alors que le contexte international se durcit, leur mission de contre-ingérence est plus que jamais essentielle. C’est pourquoi la loi de programmation militaire 2024-2030 prévoit le doublement du budget de la DRSD. Symbole de cet investissement initié en 2017, nous inaugurons aujourd’hui le nouveau bâtiment de leur siège du fort de Vanves.

 

Marie Barsacq (ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative)
> [Conseil européen jeunesse] Les enjeux qui sont à l’ordre du jour sont extrêmement importants. Le premier autour de la jeunesse, évidemment, avec le pacte d’engagement pour les jeunes. C’est vraiment un moment important pour soutenir les initiatives des jeunes, pour notamment les encourager à participer à la gouvernance de l’Union européenne pour qu’ils sentent ce sentiment d’appartenance à l’Union. Et puis qu’ils se sentent aussi responsables de l’avenir de l’Union européenne. Et donc c’est notre responsabilité de mieux les associer au décisionnel de la Commission européenne. Donc ce moment-là est très important.
Le deuxième enjeu, c’est évidemment de travailler aussi pour lutter contre les manipulations en ligne et la désinformation auprès des jeunes. Ces enjeux-là sont extrêmement importants. On doit aussi renforcer et soutenir les initiatives qui sont prises en ce sens puisqu’aujourd’hui on voit qu’à travers toute l’Europe, c’est un sujet commun et sur lequel il va falloir être volontariste.

 

Yannick Neuder (ministre délégué auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la Santé et de l’Accès aux soins)
> Aux côtés d’Aurore Bergé, pour la remise du rapport de la députée Sandrine Josso et de la sénatrice Véronique Guillotin sur la soumission chimique. Ce rapport met en lumière une réalité insidieuse et trop souvent ignorée qui appelle une réponse claire coordonnée et déterminée pour améliorer la prévention et l’accompagnement des victimes. Pour mieux protéger les victimes, nous lancerons prochainement une expérimentation inédite dans trois régions, telle que votée dans le PLFSS 2025 : elle permettra de rembourser, sans dépôt de plainte, les analyses capables de détecter ces substances dans le sang, les urines et les cheveux. C’est une avancée concrète, attendue, pour ne plus laisser ces violences sans réponse.

> Je veux avoir une pensée pour le sapeur-pompier volontaire grièvement blessé samedi à Évian-les-Bains, et pour ceux agressés dimanche soir à Saint-Cergues, en Haute-Savoie. Je condamne avec la plus grande fermeté ces violences inacceptables. Je veux aussi exprimer tout mon soutien aux victimes et à leurs proches. Avec le Gouvernement, je suis pleinement engagé pour ne laisser aucun répit à ceux qui s’en prennent à ceux qui nous protègent, viennent à notre secours et prennent soin de nous.

> Le 12 mai est la Journée internationale des infirmières et infirmiers. Cette journée est un appel à la reconnaissance réelle, concrète, durable et politique de leur place dans notre système de santé. Dans les services hospitaliers comme en ville, dans l’urgence comme dans la prévention, les infirmières et les infirmiers tiennent ensemble le fil du soin : celui qui relie la technique, l’écoute, l’engagement, et le lien humain. Cette année, après deux ans de travail de fond avec les professionnels, leurs représentants et les équipes de mon ministère, le Parlement a adopté en séance une proposition de loi qui engage une transformation profonde du métier infirmier. C’est une étape fondatrice. Demain, elle devra être suivie d’une refonte de la formation, d’un accompagnement des pratiques, et d’un déploiement structuré sur le terrain. Reconnaître les infirmiers, c’est leur donner les moyens d’agir en reconnaissant, sans ambiguïté, leur rôle indispensable dans la coordination des soins, dans les parcours complexes, dans la prévention, dans l’innovation. C’est les inscrire au cœur d’un collectif professionnel exigeant, complémentaire et solidaire. Ce 12 mai, je réaffirme mon engagement à leurs côtés.

 

Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] A Londres avec nos partenaires, nous avons porté un message clair : nous devons continuer de soutenir l’Ukraine et agir ensemble pour la sécurité des Européens. Notre sécurité en dépend. Notre unité est notre force.
Dans le prolongement de la déclaration faite ce week-end à Kiev par les dirigeants français, britannique, allemand, polonais et ukrainien, nous avons réaffirmé notre soutien durable à l’Ukraine :
- nécessité d’un cessez le feu complet de 30 jours, sans condition, pour permettre la négociation;

- maintenir la pression sur la Russie;
- assurer des garanties de sécurité à l’Ukraine;
- poursuivre notre soutien, notamment militaire.
L’Ukraine a accepté il y a un mois un cessez-le-feu complet. La Russie continue de bombarder les civils ukrainiens. Le cessez-le-feu proposé samedi est nécessaire pour discuter et permettre la paix. Nous attendons une réponse claire. Si la Russie continue de se dérober, des sanctions massives seront adoptées.

 

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée] Depuis six ans, je porte le combat pour la fin de vie. Malgré les débats interrompus, les échecs, les occasions manquées, je n’ai jamais cessé d’agir pour remettre ce sujet à l’agenda parlementaire. Ce combat a payé puisque ce débat reprend enfin aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Le moment est venu pour le Parlement de se prononcer. Ce texte touche à l’intime, à l’éthique, à ce que chacun a de plus personnel. Mais il mérite un débat à la hauteur : respectueux, digne, courageux. C’est ce que le sujet exige. Et c’est ce que les Français attendent. Depuis le perchoir, je veillerai à ce que notre Assemblée soit à la hauteur de ce moment démocratique et humain.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, secrétaire général de Renaissance, président du groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> Niccolo Scardi, père de famille, pompier volontaire en Haute-Savoie, s'est interposé pour mettre fin à un rodéo urbain. Percuté par un voyou, il est aujourd’hui entre la vie et la mort. Je pense à lui, à ses proches. Je pense à tous les pompiers de France à qui je renouvelle mon soutien. L'émotion et la colère qui les traversent sont partagées par tout le pays. Merci aux forces de l'ordre pour l'interpellation rapide du responsable de cet acte abject.

 

Annie Vidal (députée)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée] Accompagner une personne en fin de vie, c’est lui reconnaître sa valeur, même dans la fragilité, même dans la souffrance, et lui dire qu’elle compte. C’est un acte de solidarité, et d’humanité. Il ne s’agit pas seulement de soigner, il s’agit d’accompagner la vie jusqu’à son terme de considérer, d’écouter et d’entourer une personne dans l’ultime étape de son parcours, qui –⁠ je le crois – est un des moments les plus importants de sa vie : un moment où se mêlent les contradictions, les questionnements, voire les angoisses, la vulnérabilité et, parfois, la vérité de toute une vie !
Pourtant, aujourd’hui encore, trop de malades –⁠ 48 % dentre eux – nont pas accès à un tel accompagnement. Trop de familles vivent ces derniers moments dans langoisse et le désarroi, parfois dans lisolement. À ce jour, près de vingt départements ne disposent pas dunités de soins palliatifs (USP) et laccès à ces services reste inégal selon les territoires, bien quil sagisse dun droit fondamental, inscrit dans la loi du 9 juin 1999.
L’enjeu sociétal des soins palliatifs ne se résume pas à l’exercice d’une spécialité : il s’agit au contraire de reconfigurer le rapport à la mort, à la maladie, au malade et à son entourage, au terme d’une transition aussi nécessaire à celui qui meure qu’à celles et ceux qui vont continuer à vivre. Pour toutes ces raisons, je me suis engagée pour ce que chaque personne dont l’état de santé le requiert puisse avoir effectivement accès à l’accompagnement et aux soins palliatifs.
Avant de dire quelques mots du contenu de la proposition de loi que mon collègue François Gernigon et moi-même rapportons, je tiens à rappeler qu’elle est soutenue par une ambitieuse et dynamique stratégie décennale présentée par le gouvernement, qui prévoit d’allouer 1,1 milliard d’euros, soit 66 % de budget supplémentaire, aux soins palliatifs. Cela permettra, entre autres, de créer des unités de soins palliatifs dans les départements qui en sont dépourvus. Ainsi, trois départements ont été dotés d’une USP en 2024, six le seront d’ici la fin de cette année et quatre autres d’ici fin 2026.
Permettez-moi de le souligner du haut de cette tribune : les USP sont de véritables lieux de vie, où les mots « accompagnement » et « soins » vont de pair, tout comme l’engagement médical et sociétal ; les professionnels –⁠ que je veux saluer ici –, y travaillent avec empathie et humanité, en associant les proches et des bénévoles.
À la relecture de la présente proposition de loi, issue du titre Ier du projet de loi de 2024 tel qu’amendé lors de nos précédents débats, il m’est apparu nécessaire d’en améliorer la rédaction ; j’ai donc déposé des amendements en ce sens en commission et en séance publique.
En commission, dès l’article premier et à mon initiative, nous avons renforcé l’assise législative des soins palliatifs en l’adossant à la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), connue et reconnue, tout en y ajoutant la notion plus large d’accompagnement, proposée dans le rapport dirigé par Franck Chauvin.  Ajouter la mention de l’accompagnement à celle des soins palliatifs permet de reconnaître toute l’importance de ces deux dimensions du soin.
Les articles 1 à 9 et l’article 14 du texte prévoyaient déjà la création d’organisations territoriales dédiées, un droit opposable à l’accompagnement et aux soins palliatifs assorti de voies de recours, une évaluation de la stratégie décennale, une loi de programmation pluriannuelle, des formations renforcées ou encore un plan personnalisé d’accompagnement. À l’issue des travaux en commission, ils prévoient en outre la tenue d’un débat annuel au Parlement, des formations supplémentaires et la création d’indicateurs pour évaluer la stratégie décennale.
Certains sujets transcendent les clivages et les intérêts partisans. L’accompagnement et les soins palliatifs en font partie, car ils touchent à ce qu’il y a de plus fondamental : la dignité humaine. À travers ces questions de l’accompagnement de la fin de vie, de la mort, de la protection des plus fragiles, se pose au fond la question de la société que nous voulons. Si notre objectif commun est de garantir à toutes et tous à une fin de vie apaisée et accompagnée, notre politique doit aussi refléter notre volonté commune de construire une société humaine et solidaire, qui ne laisse personne seul face à la mort. Tels sont ma conviction la plus profonde et l’enjeu de cette proposition de loi.
Chers collègues, je vous invite à voter massivement en faveur de cette proposition de loi à l’issue de nos débats. Nous l’avons adoptée à l’unanimité en commission, fixons-nous ce même objectif en pensant à celles et ceux qui grâce à nous pourront approcher de leur mort et mourir le plus sereinement possible ! Je vous remercie pour eux.

 

Brigitte Liso (députée)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée] Alors que nous allons étudier un texte qui porte l’espoir de millions de Français, il nous faudra répondre à l’attente d’une société qui regarde la fin de vie avec lucidité, courage et espoir. Dans le prolongement des lois fondatrices qui ont permis de lutter contre l’acharnement thérapeutique et de mieux prendre en considération la volonté des malades, nous devons une réponse claire à ces derniers. Les conclusions du Conseil économique, social et environnemental (Cese) sont sans équivoque : plus de 75 % des citoyens se déclarent favorables à la possibilité, dans des conditions strictes, de recourir à une aide à mourir. Ce chiffre ne peut pas rester sans écho dans notre hémicycle.
Lorsqu’une telle majorité de nos concitoyens s’exprime avec clarté, notre responsabilité, en tant que législateurs, est d’écouter et d’agir. Je pense à ces hommes, à ces femmes, à leurs familles et à leurs soignants parfois désarmés : nous ne pouvons plus détourner le regard et esquiver nos responsabilités. Ce texte n’est pas un recul ; c’est au contraire une avancée pour une société qui, s’agissant des derniers instants, choisit encore l’humanité.
C’est le sens des quatre premiers articles du texte, dont je suis la rapporteure. L’article 1er, inchangé en commission, adapte le code de la santé publique en modifiant le titre du chapitre Ier du titre Ier du livre Ier de sa première partie, pour y intégrer pleinement la fin de vie. L’article 2 introduit la définition de l’aide à mourir. L’article 3, également inchangé en commission, précise que le droit « d’avoir une fin de vie digne et accompagnée du meilleur apaisement possible de la souffrance », reconnu par le code de la santé publique, comprend celui d’accéder à l’aide à mourir. Enfin, l’article 4 fixe les conditions strictes et précises qui encadreront l’exercice de ce nouveau droit.
Cet article 4 pose cinq conditions cumulatives qui doivent être remplies pour accéder à l’aide à mourir. Ce sont des conditions cumulatives car notre volonté est claire : poser un cadre rigoureux, éviter toute dérive et surtout garantir le respect absolu de la volonté libre et éclairée de la personne.
Pour avoir accès à ce droit, il faut donc être âgé d’au moins 18 ans, être de nationalité française ou résider de façon stable et régulière en France, être atteint d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, engageant le pronostic vital en phase avancée ou terminale, présenter une souffrance physique ou psychologique, réfractaire ou insupportable, liée à cette affection, et enfin –⁠ et surtout – être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée.
Dans son avis du 6 mai 2025, la HAS précise qu’« il n’existe pas de consensus médical sur la définition du pronostic vital engagé à moyen terme, ni sur la notion de phase avancée » : pour définir cette dernière, qui n’est pas une donnée temporelle, il faut s’appuyer sur une logique plus large « d’anticipation », reposant elle-même sur un processus continu de discussion, sur une approche pluridisciplinaire et sur une attention individuelle portée à la personne et à sa souffrance.
Les dispositions de la présente proposition de loi s’inscrivent parfaitement dans une telle logique. Tout au long des travaux en commission, j’ai défendu une position d’équilibre, car il ne s’agit en aucun cas de banaliser la mort et encore moins de fragiliser notre modèle de soins. Il s’agit d’ouvrir, dans des circonstances exceptionnelles, une voie d’apaisement qui est l’issue d’un choix strictement encadré, profondément accompagné et mûrement réfléchi, un choix de liberté dans les ultimes instants.
Alors, parce que l’on ne choisit pas ses douleurs physiques ni ses souffrances psychiques, on doit pouvoir choisir d’être aidé et accompagné pour y mettre fin, si on le souhaite. Je ne doute pas que cette partie du texte fera une nouvelle fois l’objet de débats très nourris, certains souhaitant étendre l’aide à mourir quand d’autres voudraient au contraire en restreindre la portée. Néanmoins, je forme le vœu que nos discussions soient à la hauteur de l’exigence de dignité dont nous mesurons toutes et tous l’importance, quelles que soient nos convictions respectives.
C’est ainsi que je suis très honorée de pouvoir défendre ce texte avec mes collègues rapporteurs Laurent Panifous, Stéphane Delautrette et Élise Leboucher, sans oublier bien sûr le rapporteur général Olivier Falorni, que je remercie infiniment pour son engagement de longue date. Ensemble, nous avons bâti un texte d’équilibre, porteur d’une ambition forte : permettre à chacun de choisir sa fin de vie avec dignité. J’espère que nos débats en séance permettront de répondre enfin à l’attente de tant de Français.

 

Nicole Dubré-Chirat (députée)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée]
Il y a près d’un an, nous débutions l’examen du projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie. Nous n’avions pas pu aller à son terme en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale. On ne peut donc que se féliciter que le débat reprenne sur ce sujet fondamental. Celui-ci est d’ailleurs largement plébiscité par les Français : d’après les dernières enquêtes d’opinion, ils sont 80 % à 90 % à souhaiter une évolution législative concernant l’aide à mourir. La même tendance se retrouve chez les médecins : d’après un sondage Ifop publié hier, 74 % d’entre eux sont favorables à l’aide à mourir.
La proposition de loi sur la fin de vie s’inscrit dans la continuité et la complémentarité de la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs. Elle est défendue par notre collègue Olivier Falorni, dont je veux saluer l’engagement depuis une quinzaine années sur ce sujet !
Je veux également remercier les corapporteurs Brigitte Liso, Élise Leboucher, Stéphane Delautrette et Laurent Panifous pour leur travail.
Ce texte est la traduction concrète des travaux menés depuis longtemps sur cette question intime et complexe. La Convention citoyenne sur la fin de vie, le groupe d’études dédié à cette question, la commission spéciale qui s’est tenue l’année dernière à l’Assemblée nationale ou encore le Comité consultatif national d’éthique –⁠ je pense à son avis 139 – ont, grâce à leurs propositions, permis d’aboutir à un texte solide, renforcé et équilibré qui institue une aide à mourir.
Il s’agit avant tout d’un nouveau droit : il n’enlève rien à personne ; il offre une possibilité, une réponse à la demande du patient, dont l’éventuelle mise en œuvre est conditionnée par un choix qui lui appartiendra et que nous n’avons pas à juger.
L’aide à mourir s’inscrit dans un cadre juridique précis, reposant sur des conditions rigoureuses et cumulatives, prévues par l’article 4, ainsi que sur une procédure très encadrée, qui fait l’objet des articles 5 à 13. Ce texte s’adresse à des patients atteints d’une maladie grave et incurable sans possibilité de traitement. Il exclut à juste titre l’éligibilité des personnes atteintes d’une maladie psychiatrique ainsi que les mineurs. Le patient qui fera sa demande d’aide à mourir devra pouvoir manifester sa volonté de façon libre, éclairée et réitérée. J’appelle votre attention sur le fait que cette dernière condition ne permettra pas aux personnes dans l’incapacité d’exprimer leur demande d’accéder à l’aide à mourir, par exemple si elles souffrent d’une maladie neurodégénérative.
Nous examinerons plusieurs amendements relatifs à une éventuelle anticipation de l’aide à mourir ; il y a là un vrai débat. Je défendrai ainsi un amendement permettant la création d’une demande anticipée d’aide à mourir, laquelle me semble particulièrement utile pour certains patients qui se trouveraient sinon hors du champ d’application du texte. Ce dispositif est inspiré du modèle québécois où, depuis octobre 2024, la demande anticipée permet à un patient, sous certaines conditions, de recevoir l’aide médicale à mourir même s’il n’est plus en mesure de consentir à ce moment-là.
Les débats en commission des affaires sociales –⁠ près de soixante-quinze heures sur neuf jours ! – ont été respectueux des positions de chacun et ont permis lintroduction de plusieurs dispositions pertinentes, sur lesquelles il me semble important de revenir.
Ainsi, le périmètre de laffection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, élément indispensable pour être éligible à l’aide à mourir, a été précisé afin de ne pas exclure les patients souffrant d’une affection d’origine accidentelle.
De plus, la personne éligible qui souhaite recourir à l’aide à mourir disposera de la faculté de choisir entre une autoadministration du produit létal et une administration par un tiers : il est en effet essentiel de laisser le choix au patient des modalités de réalisation d’un tel acte.
Nous avons également précisé qu’un patient dont la mort résulte d’une aide à mourir est réputé décédé de mort naturelle afin d’épargner à la famille du défunt d’éventuelles difficultés liées aux engagements contractuels souscrits de son vivant.
J’insiste sur un point très important : le droit de recourir à l’aide à mourir est un double choix. En effet, le texte donne le choix au malade, dans le respect de la dignité de la personne, mais aussi le choix aux soignants de participer ou non à ce dispositif, dans le respect de leurs convictions, puisqu’il prévoit une clause de conscience à l’article 14.
Après autant d’attente, il est temps pour la représentation nationale de se prononcer sur ce sujet d’importance. Je crois qu’il est de notre devoir de répondre à la demande exprimée depuis des années par des malades, par des associations qui les représentent et par des soignants. Le droit français doit permettre à chacun et à chacune une fin de vie libre et choisie, dans les conditions les plus dignes, lorsque la maladie ou la douleur n’est plus supportable et qu’aucun traitement n’est efficace. Mais le droit français doit aussi assurer la protection des soignants –⁠ que je salue pour le travail quils assurent.
Si jappelle à titre personnel à faire évoluer favorablement notre cadre législatif, le groupe Ensemble pour la République laissera une liberté de vote sur lensemble du texte, au nom du respect des valeurs de chacun de ses membres.

 

● MoDem 
Marc Fesneau (président du groupe à l’Assemblée nationale))

> Nous sommes dans une situation fragile à l'Assemblée nationale. Il y a une difficulté assez profonde à poser des débats d’abord et à trouver des solutions au travers des projets de loi. Il faut regarder cette situation politique avec à la fois modestie et en même temps avec une détermination.

> Nous sommes face à des déflagrations mondiales qui ont des effets très importants, une situation budgétaire qui est très difficile et un pays qui est singulièrement fracturé.

> Tous ceux qui exercent le pouvoir finissent par avoir en tête cette maxime : «les emmerdes, ça vole toujours en escadrille».

> On a tendance un peu dans la vie politique à oublier les faits tels qu’ils se sont déroulés. Un mois de décembre sans budget, la réforme des retraites en cours, la préparation du budget 2026.

> Bayrou a ouvert le champ avec des solutions qui manifestement prennent (…) autour des questions de santé, au sujet des questions d’enseignement.

> Le temps politique - je suis un élu local, je suis un élu national - il nécessite un peu de temps et donc je comprends les impatiences. 

> Les Français ont envie d'être consultés sur des sujets qui soient des sujets de moyen long terme et des sujets solides puisque arrivent en tête les questions budgétaires, les questions de retraite -qui sont d'ailleurs d’une certaine façon liée-, les questions d'immigration. 
C'est intéressant qu'on puisse ressaisir les Français de questions qui parfois ont été trop longtemps pendantes au débat.

> [Affaire Bétharram] C’est un dysfonctionnement majeur qui a fait qu’aucun ministre de l’Éducation nationale, aucun ministre de la Justice ne s’est dit qu’on a un problème structurel. On a dans plein d’établissements soit le recours à la violence éducative ordinaire, soit des violences sexuelles qui relèvent pour le coup déjà du pénal. (…)
Il y a bien une question qui doit être posée collectivement d’un truc qui nous a échappé. (...)
Il ne faut pas se défausser de la responsabilité collective que nous avons.

> [Projet de loi sur la fin de vie] On ne peut pas avoir une discipline de groupe sur des sujets qui renvoient à sa conscience, à son histoire, à ce qu'on a pu vivre les uns et les autres. (…)
Sur la partie «fin de vie», je demande à voir. (...) Je ne veux juste pas qu’on ouvre une porte sur quelque chose qui irait beaucoup plus loin. (…)
Attention à ce que les plus fragiles n’aient pas le sentiment qu’au fond, ils délesteraient la société d’un poids en acceptant de mettre fin d’une certaine façon à leur vie. (…)
Quand on voit la loi Leonetti-Claeys, l’intelligence des parlementaires, il ne faut jamais en désespérer.

 

Sandrine Josso (députée)
> [Soumission chimique] La menace, elle est dans notre sphère privée. On pensait que ça arrivait plutôt dans les soirées, boîtes de nuit. Alors que dans 82% des cas, ça arrive dans la sphère privée, amicale, familiale à des fins nombreuses d'agressions, de viols, d'incestes. (…)
Ce que j’ai appris au fil du temps, c’est que la menace ne vient pas d’ailleurs, elle est dans notre sphère privée [82 % des cas de soumission chimique ont lieu dans un cadre amical, familial ou intime]. (…)
Plus j'ai avancé sur le sujet, plus j'ai découvert l'enfer du décor et l'envers du décor. (…)
Le regard de la société a changé, mais la bataille aujourd’hui, c’est celle de la preuve. (…) Il faut agir dans les heures qui suivent. Le prélèvement de sang ou d’urine doit être rapide, sinon la preuve disparaît. (…) C'est pour ça que moi j'ai qu'une obsession dans ce rapport, c'est de faciliter l'accessibilité à la preuve et aussi le traitement judiciaire. (…) Il faut un fléchage précis vers les laboratoires certifiés. Tout le monde ne peut pas expertiser un cas de soumission chimique.(…)
On ne peut pas demander à une victime sidérée d’aller porter plainte immédiatement. Mais quand elles voient les résultats, elles trouvent souvent la force. Il faut encourager la démarche en tout point.  (…)
L’impunité des prédateurs ne doit plus perdurer

 

Olivier Falorni (député)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée] Il n’y a rien de plus beau que la vie et l’aimer comme je l’aime, c’est vouloir qu’elle soit la plus belle possible, jusqu’à sa fin.
Il n’y a rien de plus beau que la vie, mais il y a parfois pire que la mort. Oui, il y a encore pire que la mort, quand la vie est devenue une inexorable agonie. Oui, il y a pire que la mort quand la vie n’est plus qu’un océan de souffrances que rien ne peut apaiser. Oui, il y a pire que la mort, quand la vie est devenue une survie hurlante, avec pour seule espérance celle de l’ultime délivrance.
Qui parmi nous n’a jamais été confronté, dans sa vie, à cette question existentielle ? Que veut dire « vivre » quand vivre n’est plus que souffrir, sans espoir de guérison ? Cette question, nous ne devons pas l’occulter. Au contraire, nous devons l’aborder avec respect et humilité : le respect d’écouter les malades et de ne pas s’arroger le pouvoir de décider pour eux ; l’humilité de ne pas prétendre détenir la vérité et d’avoir des convictions mais pas de certitudes –⁠ certitudes qui se fracassent dailleurs parfois sur la réalité d’expériences personnelles et douloureuses, susceptibles de bouleverser les points de vue sur la fin de vie.
Au fil des ans et des lois, depuis 1999 jusqu’à 2016, deux droits essentiels ont été conquis : le droit de ne pas souffrir, puisque nous avons obtenu que la souffrance ne soit plus considérée comme inévitable ni –⁠ encore moins – nécessaire ; et le droit de ne pas subir, puisquil est désormais possible de dire non à lacharnement thérapeutique, de dire stop à lobstination déraisonnable. Ce qui semble aujourdhui évident ne l’était pas il ny a pas si longtemps.
Notre devoir est donc de faire de ces droits une réalité, partout et pour tous. Cela passe par le renforcement et le développement massif des soins palliatifs, qui constituent notre réponse principale. Mais malgré leur professionnalisme et leur dévouement, les soignants, dans certaines circonstances –⁠ cest le lot de toute médecine humaine –, peuvent se retrouver démunis face à des souffrances réfractaires ou insupportables. Cest pour cela que le texte relatif à la fin de vie propose un ultime recours, celui d’une aide à mourir destinée à des malades condamnés par la maladie mais qui ne veulent pas être condamnés à l’agonie.
Une réponse principale, donc, et un ultime recours : deux propositions de loi qui, loin de s’opposer, se complètent. C’est sur cette conviction que repose le texte relatif au droit à l’aide à mourir, dont j’ai l’honneur d’être le rapporteur général. C’est un texte qui a été largement adopté en commission, par les deux tiers des députés ; un texte solide et équilibré, solide car équilibré –⁠ et je veillerai, en faisant preuve de responsabilité, à ce quil le reste ; un texte, enfin, qui respecte nos valeurs républicaines.
Oui, c’est une loi de liberté, la liberté de disposer de sa mort, à l’image de la liberté de disposer de son corps que nous avons sanctuarisée dans notre Constitution. Oui, c’est une loi d’égalité, qui permettra de ne plus avoir à s’en remettre à la clandestinité ou à l’exil pour éteindre la lumière de son existence. Oui, c’est une loi de fraternité, la fraternité d’accompagner chacune et chacun jusqu’au bout du chemin, conformément à ses choix et à sa volonté.
Alors, à l’orée de nos débats, je forme un vœu double : d’abord que nous sachions collectivement nous montrer à la hauteur de l’exigence de respect et de dignité qui s’impose à nous tous, comme cela a été le cas en commission ; et ensuite que la représentation nationale soit à l’unisson de la nation, d’une immense majorité de Françaises et de Français qui aspirent à pouvoir mourir comme ils ont vécu, en voyant leur volonté, leur dignité et leur liberté respectées.

 

► Autres 
Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie industrielle)
> Les garanties financières de Invest EU ont prouvé leur efficacité pour dé-risquer & mobiliser l’investissement privé. Cela doit être un élément clé du prochain fonds de compétitivité, qui permettra de financer la politique industrielle de l’Europe.

> Chimie, mère de toutes les industries. Aujourd’hui nous avons réuni les principaux acteurs de la chimie. D’ici l’été, nous présenterons un plan d’action sectoriel avec des mesures spécifiques pour redresser la compétitivité de ce secteur clé de l’économie européenne.

 

● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (députée, présidente)
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Il y a deux leviers pour faire pression sur Vladimir Poutine :
- Les sanctions, qui fonctionnent.
Et la clé c'est d'avoir une stratégie commune avec les Américains pour les renforcer.
- L'accélération du soutien à l'économie de guerre ukrainienne.

> La fake news autour du mouchoir du président de la République est consternante. Mais on connaît la stratégie des Russes et de leurs relais contre la France : la désinformation sur les réseaux sociaux, les menaces hybrides, les cyberattaques. Cela témoigne de la fébrilité de la part de Vladimir Poutine.

> C'est un des faits majeurs des derniers jours : les Européens ont réussi à ramener Donald Trump dans le camp de l'Ukraine.

> Mon « tort » selon Marion Maréchal, André Bercoff et d’autres relais de l’extrême droite française ? Organiser une réunion de soutien au candidat roumain Renew Europe, Nicusor Dan. Je leur suggère de revoir leur définition de l’ingérence. Oui, j’assume de soutenir un candidat pro-européen car nous avons besoin d’une Roumanie pro-européenne. Eux assument de soutenir un candidat pro-Poutine. Cela ne surprendra personne.

 

Bernard Guetta (député)
> Tout laisse craindre que Vladimir Poutine ne veuille rien négocier. Il doit donc savoir que les démocraties européennes sont non seulement prêtes, s’il le fallait, à prendre de nouvelles sanctions mais également à très significativement augmenter leur aide à l’Ukraine, avec ou sans les Etats-Unis.

> [Opinion: It’s Time] Mais quoi, lui ai-je demandé ? Vous voudriez tous les tuer ? Mon voisin de terrasse a blêmi : « Mais non ! Je ne veux tuer personne », s’est-il indigné alors même qu’il venait de m’expliquer, navré, sans haine, mais c’est ainsi, qu’Israël, non, ne pouvait pas cesser de bombarder Gaza car il fallait éradiquer le Hamas avant qu’il ne reprenne la main et ne réenclenche le cycle des guerres.
En fait, il était perdu. Ce qu’il aurait voulu c’est que le plus grand nombre possible de Gazaouis partent d’eux-mêmes, en Egypte, en Europe, dans le Golfe, n’importe où mais ne restent pas puisqu’ils avaient tous applaudi le 7 octobre, chanté, dansé de joie, « regardez les photos, qu’est-ce qu’on peut faire avec ces gens-là ? ». Il a fini par dire « avec ces animaux » avant de regretter ce mot. Il lui faisait honte mais il savait que les Gazaouis resteraient à Gaza et il en était complètement retourné, perdu comme le sont presque tous les Israéliens, sauf l’extrême-droite nationale-religieuse.
A la droite de Benjamin Netanyahou, tout est simple. Il faut que quelque 10% des Gazaouis s’en aillent, « c’est possible », en Amérique latine par exemple, que des colons viennent rebâtir les fermes détruites après le retrait israélien d’il y a 20 ans et que les Gazaouis restants y travaillent « pour le bien commun ». Vraiment ? Vous croyez à ce que vous dîtes ? Oui, absolument, ils le croient, car « les Arabes ne comprennent que la force et si nous ne cédons pas, la paix reviendra comme après 67 », comme après la Guerre des 6 Jours, la défaite arabe et l’occupation des territoires palestiniens.
Le seule chose qui fasse vaciller les certitudes des nationaux-religieux est le nom de Trump. Avant même qu’on ne sache que le président américain allait rencontrer les présidents palestinien, libanais et syrien à Ryhad, l’extrême-droite s’inquiétait déjà que la Maison-Blanche ne veuille signer, derrière le dos des Israéliens, un compromis avec l’Iran après en avoir conclu un avec les Houthis.
Quoi qu’elle en dise, le doute gagne aussi l’extrême-droite et de l’autre côté de l’échiquier politique, au centre, à gauche et au centre-droit, la confusion est encore profonde. Ancien patron du renseignement intérieur et partisan de longue date de la solution à 2 Etats, l’amiral Ayalon ne croit pas que cette coalition des droites dure et extrême puisse durer jusqu’aux élections d’octobre 2026. Comme beaucoup, il pense que Netanyahou n’arrivera pas à arbitrer entre ses propres électeurs et les nationaux-religieux sur la question de l’exemption de service militaire des ultra-orthodoxes. Cela va déchirer les droites, dit-il, mais il n’est pour autant pas confiant en la capacité de l’opposition à prendre la relève.
Là non plus, il n’est pas le seul car les démocrates israéliens, tous ceux qui veulent à la fois défendre la démocratie, arrêter les bombardements et relancer des négociations de paix avec les Palestiniens souffrent d’un double mal : la même usure politique que toutes les gauches du monde et une incapacité à convaincre une solide majorité d’Israéliens qu’un compromis historique avec les Palestiniens serait encore possible.
Le 7 octobre a été ravageur. Cette tuerie a tant horrifié ce pays qu’il veut tout à la fois obtenir la libération des otages, à tout prix, et ne rien céder au Hamas dont dépend pourtant la fin de ce calvaire.
Quant aux Palestinien, leur désarroi est tout aussi profond car leur désir de paix est aussi total que leur manque de leaders capables d’en retrouver le chemin.
Alors samedi, à Jérusalem, lors de ce forum pour la paix où je représentais l’Intergroupe du Parlement européen pour la solution à 2 Etats, deux choses frappaient. La première est le nombre d’organisations de toute sorte réunissant des Israéliens et des Palestiniens autour d’une même volonté de coexistence. Les jeunes Israéliens n’ont plus rien à voir avec les pionniers d’hier, rescapés des pogroms et de la Shoah. Ce sont des enfants de ce siècle qui veulent, pas tous mais beaucoup, trouver les moyens de vivre en paix dans ce qui est leur pays de naissance.
Les jeunes Palestiniens, pas tous mais beaucoup, ceux d’Israël en tout cas, ont fait leurs études et grandi avec eux dans ce même pays et aspirent – devinez quoi – à une vie normale pour leurs enfants et eux-mêmes aux côtés, forcément, des jeunes Israéliens.
C’est ce qui s’entendait avec une force bouleversante dans ce forum qui proclamait « It’s time ». Il y avait là beaucoup de vieux dirigeants politiques, arabes et juifs, en âge de passer le relais. Une nouvelle génération et de nouvelles figures émergent, très fortes, mais l’autre chose qui frappait est que ces jeunes hommes et femmes sont encore impuissants.
Aux tonnerres d’applaudissements recueillis par Emmanuel Macron et la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, venus apporter leur soutien sur écran, on sentait à quel point Israéliens et Palestiniens attendent de l’Europe et des Etats-Unis qu’ils imposent la paix car ils n’ont pas les moyens de la sceller à eux seuls.
J’ai assuré que le Parlement européen y pousserait. J’ai promis que la France reconnaitrait la Palestine. J’ai dit mon espoir qu’elle ne le ferait pas seule. Peut-être me suis-je trop avancé mais je l’ai fait car it’s time : il est temps.

 

● Personnalités centristes
Clément Beaune (haut-commissaire au Plan)
> [Editorial à une note du plan «Lutter contre les stéréotypes filles-garçons»: «Stéréotypes femmes-hommes :un retour en arrière préoccupant chez les jeunes, un combat à amplifier»]
Clichés persistants, presque anodins ou insurmontables ? Pourquoi s’intéresser aux stéréotypes de genre, dix ans après un rapport de France Stratégie sur la même question?
Parce que la volonté de faire reculer ces stéréotypes nécessite durée, suivi et constance, qui manquent parfois dans nos politiques publiques. Parce que, surtout, l’on voit poindre des signaux alarmants, d’une remise en cause brutale des politiques d’égalité aux États-Unis à une jeunesse en réaction ‑ pour laquelle l’égalité filles-garçons n’a rien d’évident… Enfin, parce que la lutte contre les stéréotypes n’est pas la cerise sur le gâteau ‑ de l’égalité entre les sexes, mais son socle : ces représentations dans les têtes nourrissent les inégalités dans les faits, les discriminations, voire les violences sexuelles ou sexistes. C’est un continuum, un esprit d’égalité qu’il faut bâtir, dès la petite enfance.
Cette nouvelle étude est très ambitieuse et originale. Elle s’appuie sur des données détaillées, une enquête inédite auprès des plus jeunes, un groupe de travail large et des consultations multiples, ainsi que sur une analyse de très nombreux champs – la famille et la garde d’enfants, l’école, l’orientation scolaire et professionnelle, la culture et le sport, la santé et, nouveauté essentielle, les réseaux sociaux.
On peut en tirer quatre enseignements clés.
D’abord, les stéréotypes de genre reculent sur longue période. En France, la part de la population adhérant à l’idée que les femmes devraient rester à la maison ‑ a ainsi été divisée par deux entre 2000 et 2014 (de 44 % à 22 %). Et notre pays se situe parmi les moins stéréotypés ‑, sur le podium européen derrière la Suède et l’Islande (European Values Study de 2017). Mais la baisse ralentit… Depuis le milieu des années 2010, une stagnation s’observe, sans doute en partie parce que l’on touche au socle le plus difficile à éroder des stéréotypes dans la population. Ainsi, en 2022, un quart des Français continue d’adhérer fortement ou modérément aux stéréotypes de genre, avec un écart significatif entre femmes et hommes.
Quel bilan de la décennie, quelles priorités d’ici 2030 ? par Marine de Montaignac (coord.), Cécile Jolly et Peggy Furic Sur certains stéréotypes, liés au care, il existe même un retour en arrière. Si les stéréotypes sur le partage des tâches économiques et domestiques continuent de reculer, il n’en va pas de même sur la prédisposition supposée des femmes au travail parental et au soin des autres. Par exemple, 59 % des Français partagent en 2022 l’idée que les mères savent mieux répondre aux besoins des enfants que les pères ‑, soit un niveau d’adhésion supérieur à 2014 (54%). Surtout, de nombreux stéréotypes ressurgissent chez les jeunes (18-24 ans), alors que les plus jeunes étaient précédemment les plus progressistes ‑. C’est notamment le cas sur la vocation parentale des mères : en 2022, 56% des 18-24 ans pensent que les mères savent mieux répondre aux besoins des enfants que les pères ‑, contre 50% en 2014. Et la part des 18-24 ans se disant tout à fait d’accord ‑ avec l’affirmation selon laquelle les filles ont autant l’esprit scientifique que les garçons ‑ a nettement reculé, de 62 % en 2014 à 53 % en 2022.
Ce sont ces signaux, notamment, qui nous ont conduits à enquêter, de manière inédite, sur les 11-17 ans. Le sondage CSA-France Stratégie met en évidence une adhésion précoce aux stéréotypes d’aptitudes et de rôles sociaux différenciés. La vision stéréotypée des adolescents baisse en moyenne avec l’âge, mais l’écart se creuse entre les filles et les garçons, plus marqués par les stéréotypes. Il faudra suivre cette catégorie d’âge dans la durée pour mieux connaître la formation, l’ancrage ou la persistance des stéréotypes chez les plus jeunes.
C’est un risque social de double polarisation que fait apparaître cette étude : entre les générations, si la cohorte actuelle des jeunes adultes confirme dans la durée sa vision plus genrée de la société ; entre les hommes et les femmes, si l’écart d’adhésion aux stéréotypes entre adolescents filles et garçons se maintient ou s’amplifie. Le développement massif des réseaux sociaux, dont on ne perçoit que les premiers effets, est à cet égard alarmant : ils agissent comme une arme de construction massive des stéréotypes de genre, en les relayant et les amplifiant, dès le plus jeune âge.
Une certitude émerge en tout cas : l’impératif d’une politique publique de lutte contre les stéréotypes plus ambitieuse, plus constante et plus globale. La nécessité d’aller au cœur des réflexes les plus ancrés et d’agir le plus tôt possible est bien démontrée par un fait éloquent, persistant : alors que les filles affichent de meilleures compétences en mathématiques que les garçons en début de CP, l’écart s’inverse dès le milieu de l’année scolaire…
L’étude formule ainsi vingt propositions, dans tous les domaines. Avec, en particulier, des idées fortes en matière de petite enfance (répartition obligatoire du congé parental, allongement du congé paternité) ou d’orientation scolaire et professionnelle (bonus dans Affelnet ou Parcoursup pour inciter au choix des filières les moins mixtes). Le nouveau combat, sans doute le plus difficile, portera sur le monde numérique : au delà des violences directes, la régulation des plateformes et des réseaux sociaux, au niveau européen, devra intégrer la lutte contre les stéréotypes eux-mêmes, faute de quoi tous les efforts (et progrès) de meilleure représentation dans les médias traditionnels seront absolument vains.