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mardi 6 mai 2025

Vues du Centre. Le populisme trumpiste vénère l’argent et déteste le savoir

Par Aris de Hesselin et Alexandre Vatimbella


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste. 
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. 
Alexandre Vatimbella est éditorialiste au CREC et son fondateur

Le populisme a historiquement deux ennemis: la «classe dominante» et l’argent.

Dans cette classe on trouve les politiques – les «menteurs» – mais aussi les riches – les «possédants» – et les intellectuels – les «sachants» – , tous ceux qui ne sont pas ou ne font pas «peuple» et qui sont sensés utiliser le «système» uniquement pour leur profit, surtout au détriment de ce même «peuple» qu’ils grugent de manière éhontée.

Le populisme porté par Trump, lui, ne remplit pas ce cahier des charges.

S’il est bien un adversaire de cette «classe dominante», celle-ci, toutefois, selon ses critères ne comprend pas les «possédants», ceux qui s’enrichissent sur le dos du «peuple».

Car, Trump, lui-même milliardaire, vénère plus que tout la réussite financière et les riches pourtant au cœur même des ressentiments populaires qui fondent le populisme.

Bien évidemment, le fait qu’il soit riche en est la raison principale de son côté.

En revanche, il est étonnant que cela soit aussi le cas de ceux qui le suivent et qui cochent pourtant les cases du portrait-robot du bon populiste.

Cette masse de gens qui ne sont généralement pas aisés, ne pourfendent pas toutes les élites financières, loin de là.

Au contraire.

On l’a vu avec la popularité, sans doute éphémère, d’Elon Musk auprès d’eux…

Une des raisons est sans doute que nous sommes aux Etats-Unis où l’argent pour une grande partie de la population est le seul signe distinctif de la réussite de son existence et où les «success story» s’écrivent en millions ou milliards de dollars.

Néanmoins, cela ne peut suffire.

Comment les riches peuvent ainsi échapper à la vindicte des trumpistes de base alors que ce n’est pas le cas des intellectuels?

Parce que pour eux, la réussite matérielle les fait rêver alors qu’ils se sentent rabaisser par des qualités intellectuelles qu’ils ne pourront jamais acquérir selon eux ou tout simplement de par leur manque de capacités en la matière.

Ici, l’intoxication au «rêve américain» est à l’œuvre et plus particulièrement sa version de droite où la réussite de sa vie passe par le matériel et par une existence fidèle aux «valeurs traditionnelles» de l’Amérique qui sont, pour cette droite souvent extrême, la famille avec son chef, l’homme, la religion, avec une lecture littérale de la Bible, et le droit de posséder une arme à feu, considéré comme le summum de la liberté, le tout dans le souvenir mythique de pionniers largement fantasmés et dans la foi de la soi-disant exceptionnalité des Etats-Unis, nation choisie par Dieu, sorte de nouvelle Israël.

Tout ce qui est déviant à cette vision simpliste est rejeté, ce qui est le cas évidemment des «sachants» qui forment la communauté des «anti-américains» parce qu’ils n’adhèrent pas à celle-ci ou juste parce qu’ils voient le monde tel qu’il est, voire seulement qu’ils se posent des questions.

En réalité, plus que de populisme au sens strict de sa définition, on est ici en face d’un mouvement de foule où prédomine l’adhésion au chef suprême qui indique toujours le bon chemin, qui ne peut se tromper et qui a été désigné par des forces plus ou moins surnaturelles.

Ici le trumpisme s’apparente plutôt à un fascisme qu’à un populisme où l’on peut comparer la ferveur de ses fan(atique)s à celle qui animait ceux de Hitler dans l’Allemagne nazie.

C’est pourquoi on ne peut parler uniquement de populisme en ce qui concerne le trumpisme mais également d’extrémisme.

Aris de Hesselin
Alexandre Vatimbella

 

 


La Quotidienne centriste du 6 mai 2025. Protéger la France, l’Europe et la démocratie, c’est le devoir de tous

 


Le haut-commissariat au Plan vient de publier une note sur un possible service national qui serait également européen et qui aurait deux dimensions, un aspect civil couplé avec un aspect militaire.

Faire en sorte que les citoyens participent, par un service pour une période donnée ou par plusieurs périodes au cours de leur existence, à la protection du pays a toujours posé problème et la fin du service militaire décrétée par Jacques Chirac en 1997 ainsi que la suspension de la conscription en 2001 ont été assez bien accueillies au moment où il semblait que les menaces extérieures vis-à-vis de la France pouvaient être gérées par une armée de métier aux effectifs limités et s’appuyant sur la dissuasion nucléaire et que le service militaire ne servait à rien à ceux qui l’accomplissaient.

Reste que l’idée de passer du temps dans le cadre d’un service au pays n’a jamais été abandonnée mais est devenue volontaire et plus obligatoire.

Et cette idée est loin d’être incongrue.

La France étant un pays démocratique et républicain, il semble normal que les citoyens qui bénéficient de ses bienfaits, donnent un peu de leur temps à la collectivité.

C’est l’idée du SNU, créé en 2019 par Emmanuel Macron avec des jeunes participant à des missions d’intérêt général.

Reste que le monde a changé.

Aujourd’hui, les menaces contre la France et les valeurs de la démocratie venues de l’extérieur sont réelles et graves.

De plus, on se rend compte qu’il faut développer l’esprit civique pour faire prendre conscience à la population qu’elle vit dans une communauté libre qui protège chacun et qui, en retour, a besoin d’être protégée.

D’où la volonté de réinstituer un service national obligatoire.

Encore faut-il que celui-ci ait du sens et ne soit pas seulement une corvée où l’on aurait l’impression de perdre son temps plutôt que de gagner en expérience au service de la nation et dorénavant, de l’Europe.

Ce n’est que dans ces circonstances qu’il sera, à la fois, un plus pour le citoyen et un bienfait pour la communauté.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]