Dans cette rubrique, nous
publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas
nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat
et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen,
défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est éditorialiste au CREC et son fondateur
Le populisme a historiquement deux ennemis: la «classe dominante» et l’argent.
Dans cette classe on trouve les politiques – les «menteurs» – mais aussi les riches – les «possédants» – et les intellectuels – les «sachants» – , tous ceux qui ne sont pas ou ne font pas «peuple» et qui sont sensés utiliser le «système» uniquement pour leur profit, surtout au détriment de ce même «peuple» qu’ils grugent de manière éhontée.
Le populisme porté par Trump, lui, ne remplit pas ce cahier des charges.
S’il est bien un adversaire de cette «classe dominante», celle-ci, toutefois, selon ses critères ne comprend pas les «possédants», ceux qui s’enrichissent sur le dos du «peuple».
Car, Trump, lui-même milliardaire, vénère plus que tout la réussite financière et les riches pourtant au cœur même des ressentiments populaires qui fondent le populisme.
Bien évidemment, le fait qu’il soit riche en est la raison principale de son côté.
En revanche, il est étonnant que cela soit aussi le cas de ceux qui le suivent et qui cochent pourtant les cases du portrait-robot du bon populiste.
Cette masse de gens qui ne sont généralement pas aisés, ne pourfendent pas toutes les élites financières, loin de là.
Au contraire.
On l’a vu avec la popularité, sans doute éphémère, d’Elon Musk auprès d’eux…
Une des raisons est sans doute que nous sommes aux Etats-Unis où l’argent pour une grande partie de la population est le seul signe distinctif de la réussite de son existence et où les «success story» s’écrivent en millions ou milliards de dollars.
Néanmoins, cela ne peut suffire.
Comment les riches peuvent ainsi échapper à la vindicte des trumpistes de base alors que ce n’est pas le cas des intellectuels?
Parce que pour eux, la réussite matérielle les fait rêver alors qu’ils se sentent rabaisser par des qualités intellectuelles qu’ils ne pourront jamais acquérir selon eux ou tout simplement de par leur manque de capacités en la matière.
Ici, l’intoxication au «rêve américain» est à l’œuvre et plus particulièrement sa version de droite où la réussite de sa vie passe par le matériel et par une existence fidèle aux «valeurs traditionnelles» de l’Amérique qui sont, pour cette droite souvent extrême, la famille avec son chef, l’homme, la religion, avec une lecture littérale de la Bible, et le droit de posséder une arme à feu, considéré comme le summum de la liberté, le tout dans le souvenir mythique de pionniers largement fantasmés et dans la foi de la soi-disant exceptionnalité des Etats-Unis, nation choisie par Dieu, sorte de nouvelle Israël.
Tout ce qui est déviant à cette vision simpliste est rejeté, ce qui est le cas évidemment des «sachants» qui forment la communauté des «anti-américains» parce qu’ils n’adhèrent pas à celle-ci ou juste parce qu’ils voient le monde tel qu’il est, voire seulement qu’ils se posent des questions.
En réalité, plus que de populisme au sens strict de sa définition, on est ici en face d’un mouvement de foule où prédomine l’adhésion au chef suprême qui indique toujours le bon chemin, qui ne peut se tromper et qui a été désigné par des forces plus ou moins surnaturelles.
Ici le trumpisme s’apparente plutôt à un fascisme qu’à un populisme où l’on peut comparer la ferveur de ses fan(atique)s à celle qui animait ceux de Hitler dans l’Allemagne nazie.
C’est pourquoi on ne peut parler uniquement de populisme en ce qui concerne le trumpisme mais également d’extrémisme.
Aris de Hesselin
Alexandre Vatimbella
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.