Par Jean-François Borrou
Dans cette rubrique, nous
publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas
nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat
et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées
centristes.
Qui peut imaginer que
le gentil soldat Fesneau, toujours fidèle au chef et jamais frappé d’ostracisme
ni de mise au placard, ce qui est un exploit au MoDem de l’époque de sa
création et encore aujourd’hui, a pu organiser une offensive contre Renaissance
mais aussi, en sous-main, contre Macron sans l’aval de Bayrou?
Personne de sensé et
qui connait un peu le fonctionnement de ce mouvement si particulier et
totalement dédié à son créateur-leader.
D’autant que les
éléments de langage et les phrases chocs ne sont pas sorties de nulle part et
sont encore moins spontanées.
Or donc, le Premier
ministre est en accord avec messieurs Fesneau, Barrot et consorts quand ils
attaquent la droitisation de Renaissance et d’Attal donc celle de Macron.
La question, ici, n’est
pas de savoir si le Président de la République et ses troupes se sont droitisés
ou sont en train de le faire, ayant quitté le Centre et pas loin non plus d’avoir
dérivé au-delà de l’axe central selon les responsables du MoDem.
Non pas que la
question soit sans intérêt, bien au contraire.
Mais ce qu’on se demande
en l’espèce dans cette controverse initiée uniquement par le MoDem et à
laquelle Renaissance n’a pas encore répondu explicitement, c’est pourquoi et
pourquoi maintenant.
Pourquoi?
Parce que François
Bayrou «allié», «fidèle d’entre les fidèles», «visiteur du soir» et autres appellations
qu’il a utilisées et surutilisées pour prétendre qu’il était un très proche d’Emmanuel
Macron et qu’il avait une relation privilégiée avec lui, n’a en réalité jamais
digéré que celui-ci lui pique la place à laquelle il prétend être légitime à occuper
depuis trente ans, celle de président de la république centriste.
Pourquoi maintenant?
Il n’a échappé à
personne que la présidentielle est dans moins de deux ans et que la place va
être libérée, donc à prendre puisque son titulaire ne peut se représenter.
Il y a donc de la
revanche dans l’air contre un président qui n’est plus actuellement en position
de force pour prendre des mesures de rétorsion ainsi qu’une ambition dévorante
à rassasier et qui n’a jamais renoncé.
Pour cela, il faut
sécuriser son espace électoral.
Les attaques de Marc
Fesneau et de ses amis sont là pour ça.
Certains trouveront
que cette offensive du MoDem de Bayrou est bien ingrate quand on se rappelle ce
qu’était l’état politique de ce parti et son chef en 2017.
Mais en politique
politicienne, ce genre de scrupules n’existent pas.
Dans ce domaine, François
Bayrou est un expert
Et il veut sa revanche.
Jean-François Borrou