mardi 9 janvier 2024

La quotidienne centriste du 9 janvier 2024. De la nomination de Gabriel Attal comme Premier ministre


Or donc, jamais premier ministre de la France n’aura été aussi jeune (34 ans).

Notons, toutefois que ni la jeunesse, ni la vieillesse ne sont des atouts en soi.

Ni le dynamisme prêté au jeun âge, ni la sagesse dont on affuble ceux d’un âge avancé ne sont donnés à tous et ne caractérisent forcément tous les individus d’un groupe ou de l’autre.

Autre remarque générale: la deuxième femme première ministre n’aura pas gouverné deux ans (un an, sept mois et vingt-quatre jours pour être plus précis) ce qui est moins qu’Edouard Philippe qui a occupé la fonction pendant trois ans et un peu moins de deux mois et moins aussi que Jean Castex (un an, dix mois et treize jours).

Ce qui est nettement mieux que le passage à Matignon de la première, Edith Cresson, qui n’avait duré qu’un peu moins de onze mois avant que François Mitterrand ne la congédie, mais montre que les femmes n’ont pas encore dépassé le plafond de verre en politique.

D’autant qu’Emmanuel Macron aurait pu nommé une nouvelle femme mais a préféré, donc, Gabriel Attal.

Ce dernier a été dans une autre vie membre du Parti socialiste et se dit encore de gauche.

Au vu de ses dires et de ses actes, on peut le considérer comme un libéral de gauche qui fait donc partie intégrante de l’axe central mais il n’est pas un centriste.

On peut d’ailleurs remarquer qu’aucun des quatre premiers ministres d’Emmanuel Macron n’a été et n’est un centriste (Borne vient du PS, Philippe et Castex de LR).

Evidemment, les réactions ont été nombreuses suite à cette nomination ainsi que les récits plus ou moins fantaisistes des médias qui, comme d’habitude, ont dramatisé cette séquence pour des raisons commerciales et/ou idéologiques.

Comme on pouvait le présager, toute la Gauche a critiqué cette nomination ainsi que l’extrême-droite mais la Droite a été plus diverse dans ses propos et attend de voir sur pièce.

Il reste à attendre qu’elle sera la composition de son gouvernement pour se faire une idée de son orientation et surtout sa feuille de route qu’il aura l’occasion de détailler à l’Assemblée nationale.

Ses premières mots, où il a déclaré qu’il emmenait avec lui l’école à Matignon, laisse penser que  de son passage au ministère de l’Education n’aura pas été un simple intermède et qu’il s’inscrira, bien sûr, dans cette grande priorité de la présidence d’Emmanuel Macron et, plus spécifiquement, de son deuxième mandat.

Il a dit:
«Ces derniers mois, j’ai consacré toute mon énergie à redonner espoir aux Français en œuvrant au redressement de notre École. J’emmène avec moi, ici à Matignon, cette cause. C’est la mère de toutes les batailles. Elle sera l’une des priorités absolues de mon action à la tête du Gouvernement.»

Quant à ses priorités, il a défini «trois axes majeurs» sensés «transformer notre économie» avec «l’objectif de garder le contrôle de notre destin et libérer notre potentiel français»:
«D’abord, la priorité donnée au travail. Travailler doit toujours être mieux valorisé que ne pas travailler, alors que l’inflation, je le sais, continue de peser sur la vie des Français. Ensuite, c’est l’acte deux de la libération de notre économie, notamment avec la simplification drastique de la vie de nos entreprises et de nos entrepreneurs. Et c’est enfin l’action résolue que nous devons mener pour notre jeunesse dont le talent ne demande qu’à s’exprimer.»

Après l’avoir nommé, Emmanuel Macron a tweeté:
«Cher Gabriel Attal, je sais pouvoir compter sur votre énergie et votre engagement pour mettre en œuvre le projet de réarmement et de régénération que j’ai annoncé. Dans la fidélité à l’esprit de 2017: dépassement et audace. Au service de la Nation et des Français.»

Et son nouveau premier ministre a répondu:
«
Merci Monsieur le Président pour votre confiance. Je mesure l’honneur qui m’est fait d’être nommé Premier ministre. Un cap : garder le contrôle de notre destin, libérer le potentiel français et réarmer notre pays. Au travail, avec force, humilité et sans tabou au service des Français.
»

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie aurait du nous protéger des dirigeants crapuleux, corrompus et apprentis dictateurs


S’il fonctionnait correctement, le régime démocratique n’aurait jamais du permettre l’arrivée du pouvoir de Donald Trump, de Boris Johnson, de Vladimir Poutine ou de Benjamin Netanyahou, notamment.

Et il aurait du disqualifier bien d’autres, d’être en mesure de candidater pour le conquérir comme Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour et tous les extrémistes et populistes de la galerie politicienne française.

Evidemment, on ne peut s’empêcher de penser à Adolf Hitler ou Benito Mussolini qui parvinrent au pouvoir par des moyens légaux et avec le soutien d’une partie des électeurs.

Pourquoi la démocratie aurait du nous protéger des dirigeants crapuleux, corrompus et apprentis dictateurs?

Parce que son fonctionnement «normal» implique des électeurs bien formés et informés qui doivent être un rempart naturel contre ce genre de personnages.

Donc des citoyens rationnels et raisonnables capables de résister aux passions.

Et que cela n’est pas le cas.

C’est donc à la base que le système faillit depuis toujours.

C’était normal lors de son apparition parce que la tâche de formation et d’information des individus pour ne faire de vrais citoyens responsables capables de discernement suffisant et éveillés n’avait pu, par définition, être menée à bien.

Au bout de près de 250 ans d’existence, cela s’appelle un échec.

Reste à savoir si cet échec est inévitable ce qui remettrait en question l’existence même d’un régime démocratique sur la planète puisque, collectivement, les humains seraient incapables de le faire fonctionner, même pas correctement, mais même basiquement.

Un premier point rassurant est que l’arrivée au pouvoir de dangereux individus demeurent, sinon, une exception, en tout cas minoritaire.

Cependant, il suffit souvent d’une fois pour que tout se dérègle.

Un deuxième est que nous ne savons pas si nous sommes capables de devenir réellement, tous, des vrais citoyens parce que nous n’avons jamais essayé et/ou réussi à mettre sur pied et à faire fonctionner un système de formation et d’information de l’individu qui lui assure cette qualification.

En revanche, nous avons vu qu’une partie des populations des pays démocratiques s’était emparée des bienfaits du régime démocratique pour en abuser, voire le pervertir.

C’est le cas de la liberté d’expression quand elle devient une logorrhée de haine, de violence et de menaces.

C’est aussi le cas de l’autonomisation grandissante des individus qui, au lieu de déboucher sur un citoyen responsable, produit des personnes irresponsables, égocentriques, assistées, insatisfaites et irrespectueuses, demandant sans cesse une sur-égalité pour elles-mêmes et ayant un comportement consumériste vis-à-vis de la politique.

D’où le titre d’un de mes ouvrages: «L’individu du 21e siècle, grand prédateur de la démocratie?»

Tout est-il perdu pour autant comme la situation actuelle du monde libre semblerait nous le démontrer?

Pas si sûr.

Non pas qu’il faille se bercer d’illusions et de rêves chimériques en la matière.

Une des raisons d’espérer c’est la lutte de nombre de peuples asservis pour acquérir la liberté et vivre en démocratie.

Une autre est l’attachement des populations des pays démocratiques à de valeurs humanistes.

Mais cela ne suffit pas alors que plane sur les Etats-Unis le retour au pouvoir de Donald Trump et que les pays d’Europe sont de plus en plus gangrénés par la montée des extrémismes de gauche et de droite avec, en France, le spectre d’une présidence Le Pen en 2027.

Il faut donc réagir et vite en espérant que les mesures prises ne viendront pas trop tard.

Cela suppose un effort sans précédent pour le système de formation soit performant et que l’on crée un système d’information citoyenne qui n’existe pas aujourd’hui.

Une tâche immense à la hauteur des enjeux: la liberté dans l’égalité et l’égalité dans la liberté, seule formuler pour assurer la dignité de chacun dans la fraternité.