Zohran Mamdani est donc le nouveau maire de New York.
Il a emporté l’élection avec plus de 50% des voix devançant
un autre démocrate qui se présentait comme «independent» après avoir perdu la
primaire contre lui, Andrew Cuomo.
Petite parenthèse: si l’on fait le total des voix pour un
candidat démocrate, on arrive à plus de 90% dans une ville, rappelons-le, qui a
vu naitre Donald Trump!
C’est donc une déculottée pour l’extrémiste populiste dont
les fan(atique)s commencent évidemment à parler d’élection truquée…
Venons-en à la signification de cette élection pour les
démocrates.
Deux données doivent être prises en compte:
La première est que Mamdani – qui devient en outre le
premier maire musulman de NYC et le plus jeune – s’est présenté clairement en
tant que «démocrate socialiste». Et contrairement à Bernie Sanders, le sénateur
du Vermont qui s’est présenté aux primaires démocrates contre Hillary Clinton,
notamment, qui n’est pas membre du parti, Mamdani, lui, est bien encarté chez
les démocrates et il est un des représentants de l’aile gauche du parti, voire
de son aile radicale avec un programme souvent très marqué idéologiquement.
La deuxième est que sa candidature a divisé le parti partout
dans le pays, certains élus refusant même de répondre à la question de savoir
s’ils lui apportaient leur soutien.
Ainsi, nombre de ses leaders n’ont pas appelé à voter pour
lui comme Chuck Schumer le leader des sénateurs démocrates au Congrès, un
Newyorkais pur jus, né à Brooklyn et élu de la ville.
Et une fois son bulletin mis dans l’urne, il a refusé de
dire quel nom y était inscrit…
Quant à Barack Obama, s’il l’a encouragé, il ne l’a pas
soutenu publiquement.
En revanche, le leader des représentants au Congrès, Hakeem
Jeffries, lui aussi élu de New York, lui a apporté son soutien officiel.
Il faut dire que le cas Mamdani est épineux pour les
démocrates.
Car, depuis l’élection de George W Bush en 2000 et,
évidemment, depuis les victoires de Trump en 2016 et surtout en 2024, le Parti
démocrate est partagé entre demeurer une force centrale progressiste ou pencher
vraiment à gauche.
Pour les centristes du parti, l’élection se gagne en séduisant
les modérés alors que pour les socialistes, la victoire passe par un programme
résolument à gauche pour s’attacher les jeunes et les classes moyennes les
moins fortunées ainsi que les plus précaires.
Jusqu’à présent, la stratégie des centristes a toujours été
celle de la victoire si l’on se rappelle des échecs cuisants des candidats
socialistes du Parti démocrate comme George McGovern en 1972 contre Richard
Nixon.
Mais le virage à droite des républicains sous l’ère Reagan,
confirmée sous celle de George W Bush et devenu extrême avec Trump a radicalisé
une part de plus en plus importante des démocrates (ainsi que le souhaitaient
les initiateurs de ce virage afin de provoquer des confrontations idéologiques
jusqu’au-boutistes).
Bien sûr, dans le cas de l’élection de Mamdani, on parle de
New York, une ville où la gauche démocrate est forte et compte de nombreux élus
dont son égérie, la représentante Alexandria Ocasio-Cortez, encore plus
socialiste que le nouveau maire.
Reste que l’aile gauche progresse partout et est soutenue
par de plus en plus d’électeurs.
Pour autant, on ne
peut pas dire qu’aujourd’hui le Parti démocrate est un parti de gauche même si
les idées socialistes progressent chez ses membres et sympathisants.
Il demeure encore un parti essentiellement central et
progressiste avec une forte aile centriste.
En revanche, cette aile dominante est de plus en plus
concurrencée par l’aile de gauche voire socialiste.
Celle-ci ne recherche plus le consensus et le compromis mais
estime, à l’instar des républicains radicaux et extrêmes que la bataille
frontale doit avoir lieu contre l’autre camp, les victoires de Trump le
démontrant mais pas seulement.
La présidence actuelle de ce dernier sera peut-être un
moment pivot pour les démocrates.
Et il faudra bien analyser les résultats des élections de
mi-mandat l’année prochaine avec le nombre d’élus démocrates venant de son aile
gauche.
Ce qui aura une incidence sur les chances d’un candidat de
gauche aux primaires de la présidentielle de 2027.
A moins que Trump n’instaure une autocratie et reporte
indéfiniment les élections pour demeurer au pouvoir…
Alexandre Vatimbella