Demander aux riches une participation financière plus grande
à la communauté semble du bon sens à moins de considérer comme les néo-libéraux,
les ultra-conservateurs et les libertariens qu’un individu ne doit rien à la
société de sa fortune, acquise soit personnellement grâce à ses compétences,
soit à sa famille, refusant ainsi de prendre en compte ce que la société fait
pour qu’il puisse réussir, de la formation qu’elle lui a donné à son
utilisation de ses infrastructures.
Cela devient plus controversé lorsqu’il s’agit de savoir
quel montant de leur revenu ou de leur fortune les plus aisés doivent verser.
Et ici, entre en scène, au-delà même des notions de justice
et de morale, les réalités du monde dans lequel nous vivons.
Et plus particulièrement deux d’entre elles qui compliquent de
mettre en œuvre de manière simpliste le slogan «faire payer les riches» dont
raffolent la Gauche et l’extrême-gauche.
La première est que nous vivons dans un monde où chaque pays
joue son propre jeu en la matière.
Attirer les riches et surtout des grandes fortunes ainsi que
les investissements étrangers est une volonté de tous les pays du monde.
Certains s’y sont spécialisés avec des fiscalités inexistantes
ou très basses ainsi qu’avec d’autres outils comme le secret bancaire.
Face à cette compétition mondiale, imposer les riches
fortement est contre-productif notamment pour l’économie.
Non pas que la présence de riches sur son territoire permet
le fameux «ruissellement» – la dépense des plus riches bénéficiant in fine au
plus pauvres –, théorie qui n’a jamais été prouvée concrètement, mais elle
permet de retenir les capitaux de ses ressortissants et d’attirer ceux de l’étranger
qui remplissent les caisses des banques et s’investissent sur son territoire.
Jouer seul contre tous les autres pays, c’est ainsi se tirer
une balle dans le pied, la justice et la morale n’étant pas la préoccupation de
tous vos concurrents…
Le deuxième est que l’argent reste la récompense favorite d’une
majorité de ceux qui crée de la richesse dont bénéficie la société.
Qu’on le veuille ou non, qu’ils soient sympathiques ou détestables,
beaucoup des entrepreneurs qui réussissent le font pour devenir riches, c’est
la carotte qui les fait avancer prioritairement et ils ne s’en cachent pas même
si la passion peut également les animer.
Les échecs des régimes communistes, au-delà de leur
caractère totalitaire, viennent en partie de ce qu’il était impossible de fonder
sa propre entreprise et/ou de devenir riche (à part pour la nomenklatura mais
de manière parasitaire).
La Chine en est l’exemple parfait qui n’a pu devenir la
deuxième puissance mondiale qu’en permettant à ceux qui entreprennent d’amasser
des fortunes.
Ces deux réalités ne doivent évidemment pas empêcher une
société de demander à ses concitoyens les plus aisés de participer monétairement
de manière plus large.
C’est la position du Centre et du Centrisme.
Cependant, vouloir matraquer le riche, si cela peut se justifier
dans certains cas au nom de la justice et de la morale, est, dans ce monde que
nous avons créé et tel qu’il existe aujourd’hui, improductif et allant à l’encontre
de ceux que l’on veut soi-disant protéger, les plus précaires.