► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Soit la Russie de
Monsieur Poutine est sérieuse et veut la paix, soit elle n'est pas sérieuse et
nous devons sanctionner encore davantage.
> Soulagement après la libération d’Edan Alexander. Chaque vie rendue à la liberté est une victoire et une étape vers la paix. Nous n’oublions pas les otages toujours retenus par le Hamas : ils doivent être libérés sans délai. Je compte sur le Président Trump et sa visite cruciale dans la région. Plein appui à un cessez-le-feu à Gaza !
> Juif, Résistant, sur la route des maquis, Daniel Bloch mena une vie de liberté. Avec éternellement au cœur le chagrin des siens, le souvenir de son père, Marc Bloch, héros du siècle bientôt dans notre Panthéon. Nous penserons alors à lui, Daniel. À son combat de mémoire.
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ;
néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres
centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de
coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne
disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
● Ministres
centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Discours à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la
traite, de l'esclavage et de leurs abolitions]]
En voyant les deux visages évoqués dans cette statue, face, cher François
Cuillandre, à la plus belle rade du monde. On entend le vers de Baudelaire, et
on aurait aimé qu'il fût vrai au travers de toutes les époques. « Homme libre,
toujours, tu chériras la mer ». Et pourtant, l'histoire que cette statue nous
raconte, c'est celle de millions d'hommes, de garçons, d'adultes, de femmes et
de jeunes filles, pour qui l'océan signifia la perte de leur liberté, de leur
identité et leur réduction à l'esclavage.
En ce 10 mai, Journée nationale des mémoires de la traite de l'esclavage et de
leurs abolitions, c'est à ces hommes, à ces enfants, que nous rendons hommage,
spécialement à ces femmes qui ont porté le combat. Et en regardant, cher Max,
cette magnifique œuvre, j'ai observé qu'il y avait deux visages. Un visage
masculin, tourné vers l'océan, et un visage féminin, tourné vers nous. Et nous
leur rendons hommage, ici, devant cette sculpture dont vous avez été, cher Max
Relouzat, l'initiateur, et cher Marc Morvan. C'est cette sculpture qui nous
invite à nous mettre à l'écoute de notre histoire. Je ne dis pas seulement
l'histoire des esclaves et de ceux qui portent la responsabilité de leur sort
si malheureux, mais notre histoire. C'est au milieu du XVIIe siècle que débuta
la traite négrière, au XVIIIe siècle, période à laquelle la traite prit son
essor - écoutez bien le chiffre : 3 321 expéditions négrières partirent de nos
côtes ; du port de Brest, 7 navires. Et comme chacun sait, en évoquant ce
commerce triangulaire, ils quittaient la France les cales pleines de textiles,
de métaux, de vins et de liqueurs, qu'ils échangeaient en Afrique contre des
milliers d'hommes et de femmes, entassés captifs sur les ponts inférieurs, et
revenaient d'Amérique chargés de produits tropicaux, de sucre, de café et
d'indigo.
Une histoire terrible et monstrueuse, par ses dimensions comme par son objet.
Environ quatre millions de femmes, d'hommes et d'enfants ont connu l'esclavage
de 1625 à 1848 dans les colonies françaises. La moitié d'entre eux naît en
Afrique, l'autre dans les colonies. Quatre millions de femmes, d'hommes et
d'enfants qui comme le fixe désormais la loi, sont victimes d'un crime contre
l'humanité. Depuis l'asservissement en Afrique, la capture, les violences,
jusqu'à la plantation, en passant par le voyage à bord du négrier, violences et
terreurs ont marqué corps et esprits de ces hommes, de ces femmes et de ces
enfants. Plus d'un sur dix trouvaient la mort pendant la traversée. Beaucoup
d'autres, qui enduraient cette traversée, mouraient en un ou trois mois. Beaucoup
d'autres mouraient dans les deux premières années de leur présence sur ces
territoires. Et ceux qui survivaient, survivaient littéralement dans un
contexte de promiscuité, d'insalubrité et de morbidité, qu'ils réussirent
cependant à surmonter tant ils avaient de vitalité pour développer une culture
originale caractérisée par une langue originale, des croyances, des traditions,
des rites festifs nouveaux.
Les masques de cette sculpture nous appellent aujourd'hui au recueillement face
à l'atrocité de la traite et de l'esclavage, au recueillement - mais nous
devons conjurer tous nos concitoyens, non pas au silence, car les esclaves ne
se sont pas tus - ils ont dit non, un non catégorique au système esclavagiste,
à la privation de liberté des uns par les autres. À la voix des esclaves
révoltés se sont jointes celles des libres de couleur, ainsi qu'on nommait les
affranchis et descendants d'affranchis, des Blancs, des intellectuels engagés,
des philanthropes décidés. Non dire, tant de figures féminines - Claire en
Guyane, Eva à la Réunion, qui a été tout à l'heure évoquée par les jeunes
élèves, toutes deux figures féminines du marronnage au XVIIIe siècle - qui fuirent
l'oppression au risque de subir la torture, les mutilations et la mort. « Non
», dirent Solitude en Guadeloupe et tant d'autres femmes dont l'histoire n'a
pas toujours retenu le nom, et les combats à Mayotte, à Saint-Martin, à
Saint-Barthélemy, mais dont nous célébrons tout particulièrement les actes de
résistance cette année. «Non», dit Toussaint l'ouverture à Saint-Domingue en
août 1791. « Non », dit Jean-Baptiste Belley, le premier député Noir français
qui encouragea le vote pour l'abolition de l'esclavage le 4 février 1794. Pour
ce non, tous deux, Toussaint Louverture et Jean-Baptiste Belley, furent
déportés et débarqués ici même, au port de Brest, après leur arrestation. «
Non, au fait de mettre hors d'humanité des êtres humains », dit Félicité de La
Mennais en 1840, reprenant à son tour le combat mené par Montesquieu, Olympe de
Gouges, Jean-Pierre Brissot, l'abbé Grégoire, et poursuivi par Victor Schœlcher
jusqu'à l'abolition définitive de l'esclavage par le gouvernement provisoire de
la Troisième République, le 27 avril 1848.
Aucun d'entre eux ne s’est tu. Nous ne devons pas nous taire. Cette histoire de
l'esclavage doit d'abord être connue, comme le dit ici justement l'historien
Marc Bloch : « L'ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance
du présent. Elle compromet dans le présent l'action même. » Elle compromet donc
la possibilité et l'espoir d'un avenir partagé. Nous devons savoir, et pour
savoir, nous devons nommer, chiffrer, analyser cette réalité. C'est, Jean-Marc
Ayrault l'a rappelé, le travail des historiens, essentiel et complexe, car les
esclaves ne nous ont pas laissé, à de rares exceptions près, de sources
écrites.
Ils sont nombreux, aujourd'hui, à continuer de faire avancer cette recherche
sur les questions liées aux esclavages, aux traites et à leurs héritages. Selon
le Livre blanc remis le 30 avril 2025 au ministre chargé de l'Enseignement
supérieur et de la Recherche, il y a 256 chercheurs qui, aujourd'hui,
travaillent sur ces sujets, et 67 doctorants qui préparent des thèses. Et aux
mots des historiens doivent s'ajouter, bien sûr, les mots des professeurs, qui
ont la tâche immense de transmettre le savoir aux nouvelles générations pour
que jamais nous n'oublions ce qui s'est passé. Et les mots des écrivains qui
peuvent révolter, émouvoir, choquer : Aimé Césaire, que nous avons entendu tout
à l'heure, se fait ainsi le porte-parole des millions de femmes, d'hommes et
d'enfants. Et c'est ce que dit cette œuvre. Écoutez Césaire : « Ma bouche sera
la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche. Ma voix, la liberté de celles
qui s'affaissent au cachot du désespoir ». La mémoire est faite de mots, mais
elle s'incarne aussi dans l'espace et le temps, à travers des lieux et des
moments dédiés à la commémoration.
Et c'est pourquoi je veux exprimer notre gratitude à la Fondation pour la
mémoire de l'esclavage et à Jean-Marc Ayrault qui la préside et qui mène un
travail en profondeur pour accompagner l'État et les collectivités durant les
commémorations du temps des mémoires, et qui trouve des relais auprès des élus
locaux, comme ici, à Brest, auprès de vous, cher François Cuillandre. Ce à quoi
travaillent aussi tous les militants, associatifs, artistes, personnalités de
la société civile, qui s'engagent au sein d'associations comme Mémoire des
esclavages, à l'origine de ce lieu de souvenirs qui nous rassemble aujourd'hui.
Un label va être prochainement créé afin de rassembler tous ces lieux de
mémoire de l’esclavage. Lieux de l’esclavage en tant que tel, principalement
dans les Outre-mer, et les lieux évoquant les combats pour l’abollition partout
sur le territoire, par exemple à Fessenheim, ville de la famille de Victor
Schœlcher. D’autres lieux doivent encore voir le jour comme le Mémorial des
victimes de l’esclavage au Trocadéro.
Plusieurs expositions se tiendront l’an prochain à l’occasion des 25 ans de la
loi du 10 mai 2001 portée par Christiane Taubira, qui a reconnu la traite et
l’esclavage comme des crimes contre l’humanité. Elles associeront étroitement
les territoires et permettront de donner, à voir, à lire, à entendre cette
histoire partout en France.
Je tiens enfin à dire un mot particulier sur Haïti, dont je salue
l’ambassadeur, son excellence Monsieur Louino Volcy. Cette année marque le
bicentenaire de l’ordonnance de Charles X qui reconnaissait l’indépendance de
Haïti tout en l’écrasant sous une très lourde indemnité financière. Le port de
Brest vit débarquer de 1826 à 1843 ces chargements de pièces d’or, tout à
l’heure, évoqués, envoyés par Haïti pour payer sa double dette ; la double
dette qu’on a osé lui imposer, l’indemnité proprement dite, et le remboursement
des intérêts du capital emprunté pour la régler. Comme l'a annoncé le président
de la République le 17 avril 2025, une commission mixte franco-haïtienne,
composée d'historiens des deux nations, aura pour mission d'examiner ce passé
commun. Je me réjouis de cette initiative qui doit aussi nous permettre de
bâtir ensemble un avenir solidaire. La France doit se tenir aux côtés de Haïti,
particulièrement en ces temps difficiles où le peuple haïtien se trouve victime
des agissements inhumains des gangs. J'adresse aujourd'hui à ce peuple martyr
et fraternel un message de solidarité. Cette démarche engagée à Haïti illustre,
je crois, le juste rapport que nous devons avoir avec notre passé, un rapport
lucide, fondé sur la vérité, qui vise à resserrer les liens entre les
vivants.
Il s'agit, selon le mot d'Édouard Glissant, d'un processus de relation, lui qui
écrivait dans son essai Une Nouvelle région du monde, que, je le cite, chacun
de nous a besoin de la mémoire de l'autre, parce qu'il n'y a pas une vertu de
compassion ni de charité, mais d'une lucidité nouvelle dans un processus de la
relation.
Que peuvent donc encore aujourd'hui nous dire ces masques ? Que nous devons
nous garder de nous croiser les bras dans l'attitude de spectateurs, car il
nous revient aujourd'hui de continuer à œuvrer pour que grandisse la liberté
ici et dans le monde. Notre projet national, le projet national français, vient
de loin, et la Révolution l'a gravé dans la sensibilité et la mémoire profonde
du pays. Ce projet, on l’entend dès le premier couplet de La Marseillaise : «
Contre nous de la tyrannie, l'étendard sanglant est levé ». C'est de toutes les
tyrannies que la France se déclare ennemie, et c'est d'ailleurs ce désir
inextinguible de liberté qui fait de nous tous des Français, des citoyens du
monde libre, de part et d'autre des océans.
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> A Bruxelles pour un
Conseil des ministres européens de l’éducation et c’est l’occasion d’échanger
collectivement sur les enjeux de l’Europe de l’éducation. Je voudrais peut-être
évoquer deux sujets importants qui seront discutés.
Tout d’abord, le diplôme européen de l’enseignement supérieur. Les
textes que nous allons adopter vont permettre de poser les bases de cette
future qualification européenne qui est une garantie de pouvoir renforcer la
mobilité et l’employabilité de nos étudiants, et aussi de renforcer le
rayonnement de nos formations grâce à cette dimension européenne qu’auront les
diplômes.
On veut démarrer par les diplômes d’ingénieur qui sont un enjeu très
important, et c’est aussi l’occasion de valoriser l’excellence de nos
formations tout en veillant à attirer plus de jeunes femmes, de jeunes filles
dans ces formations d’ingénieurs. C’est un combat que je porte en France et
c’est naturellement que je le porte aussi au niveau européen.
Pouvoir avoir ces diplômes européens d’ingénieur est un enjeu de
souveraineté et de compétitivité pour l’Union européenne.
L’autre volet qu’on doit évoquer c’est l’union des compétences. Là
aussi, c’est sur la base de la communication qui a été présentée par la
Commission européenne en mars dernier. Renforcer les compétences, pouvoir
s’appuyer sur les compétences des citoyens européens dans un monde qui est
soumis à des crises multiples, c’est un enjeu essentiel et il s’agit à la fois
de renforcer les compétences de base notamment en sciences, dans les métiers de
l’ingénierie en STEM en général, et puis aussi de renforcer les compétences
tout au long de la vie, donc c’est là encore un gage de compétitivité et de
souveraineté pour l’Union européenne.
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> [Agression de Poutine contre
l’Ukraine] A la demande du Président de la République, je me suis
entretenu avec mon homologue, ministre des affaires étrangères américain, les
ministres des affaires étrangères des pays européens qui étaient présents à
Kiev ce week-end, et puis le ministre ukrainien. Nous avons réitéré notre
souhait de voir un cessez-le-feu de 30 jours sans condition et sans délai. Et
puis nous avons marqué notre soutien à cette idée qu'un contact puisse avoir
lieu jeudi prochain entre le président Zelensky de l'Ukraine et le président
Poutine de la Russie.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Vladimir Poutine a proposé un contact direct avec Volodymyr Zelensky. Volodymyr Zelensky l'a accepté. Vladimir Poutine doit désormais tenir sa part du contrat. Il doit se présenter jeudi à Istanbul pour un contact avec Volodymyr Zelensky. Ensuite, pour que des discussions puissent avoir lieu sereinement et conduire à la paix, il faut impérativement un cessez-le-feu, parce qu'on ne peut pas négocier sous les bombes ni sous les attaques de drones.
> [Agression de
Poutine contre l’Ukraine] Nous nous préparons à mettre en place des
sanctions particulièrement puissantes et massives, de manière à contraindre
Vladimir Poutine, s'il n'allait pas au cessez-le-feu, à le faire. Ces
sanctions, elles seraient coordonnées avec les sanctions américaines que les
sénateurs américains ont préparées, avec des droits de douane de 500%,
s'appliquant aux importations de pétrole et s'appliquant aux pays qui importent
aujourd'hui du pétrole russe. (…)
C'est au niveau européen que nous prenons des sanctions. Ça fait 17 fois que
nous prenons des paquets de sanctions visant les entités, les individus russes
qui contribuent à contourner les sanctions, qui contribuent à déstabiliser les
opinions publiques européennes, et puis les institutions financières, les
institutions énergétiques. Ce que nous préparons, ce sont des sanctions
supplémentaires qui seront massives et qui viseront le secteur énergétique et
le secteur financier. (…)
Il y a déjà eu un certain nombre de sanctions de prises, et nous avons demandé
ce week-end, après les échanges qui ont eu lieu à Kiev, à la Commission
européenne de préparer de nouvelles sanctions, plus importantes encore, pour
contraindre Vladimir Poutine à entrer dans une logique de paix, sur le pétrole
en particulier, qui représente 25% du budget de la Russie aujourd'hui.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] On a assisté ce week-end à Kiev à une démonstration de force et d'unité européenne, avec l'appel unanime à un cessez-le-feu de 30 jours sans condition, avec le soutien des Etats-Unis. Vladimir Poutine a tergiversé en proposant une rencontre ce jeudi à Istanbul. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a saisi la balle au bond, et il a proposé de se rendre lui-même à Istanbul. C'est désormais ce à quoi nous appelons Vladimir Poutine à consentir également. Mais évidemment, il n'y aura de négociations sur une paix juste et durable qu'avec un cessez-le-feu, parce qu'on ne peut pas négocier sereinement sous les bombes et sous les attaques de drones.
> [Guerre commerciale de Trump] Bien sûr, il y a une
inquiétude, non seulement parce que ça peut renchérir le prix des produits,
mais plus généralement du fait de l'impact que ces guerres commerciales
pourraient avoir sur la croissance économique mondiale et donc sur la
propension, sur la capacité des consommateurs à acheter ces produits, que ce
soit le calvados ou d'autres spiritueux français d'ailleurs. Mais ils ont aussi
insisté sur le fait qu'il y a pour le calvados et pour les productions du
Calvados des marges de développement considérables aux Etats-Unis qu'il faut
continuer à promouvoir en même temps que nous négocions pied à pied les
intérêts des producteurs français. (…)
Je crois que personne n'a intérêt aux guerres commerciales. Nous avons intérêt
à pouvoir commercer avec les Etats-Unis comme avec d'autres. Mais nous avons
autour de nous, proche de nous, des pays européens qui constituent des
débouchés très intéressants pour les entreprises françaises. Aujourd'hui, il
existe encore des entraves à la circulation des biens, à la circulation des
services au sein même de l'Union européenne, alors même que nous avons un
marché unique. Il faut lever ces entraves, il faut unifier le marché européen
pour pouvoir donner les pleines opportunités à toutes les entreprises
françaises.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] On a assisté hier à Kiev à un moment d'histoire, puisqu'un pas décisif a été franchi vers la paix en Ukraine. Et puis ensuite, parce que cet appel unanime des Européens, des Ukrainiens, avec le soutien des Américains, à un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours, à compter de lundi, a provoqué un mouvement dans la bonne direction de la part de Vladimir Poutine, qui, hier soir, s'est dit prêt à entrer dans des négociations conduisant à la paix. C'est une bonne chose, et nous y sommes prêts. Nous sommes prêts, dès jeudi prochain, à entrer dans des discussions menant à une paix durable en Ukraine. Mais pour ça, il faut un cessez-le-feu. Pourquoi ? Eh bien parce qu'on ne négocie ni sous les bombes, ni sous les drones. Et la dernière fois qu'on l'a fait, c'était justement à Istanbul, et c'était en 2022, et ça a conduit à l'échec. Et ça n'a pas empêché Vladimir Poutine de perpétrer les massacres de Boutcha qui ont horrifié la planète entière. Donc oui pour la négociation, pour la paix, mais le cessez-le-feu d'abord.
> [Agression de
Poutine contre l’Ukraine] S'il n'y a pas de cessez-le-feu, vous pouvez
compter sur les Européens et sur les Américains pour accentuer la pression sur
Vladimir Poutine. Nous avons la capacité de prendre des sanctions massives qui
auraient un effet dévastateur sur l'économie russe. (…)
Les sanctions infligées par les Européens depuis trois ans sur l'économie russe
ont coûté à Vladimir Poutine 400 milliards d'euros. C'est l'équivalent de trois
années de budget de guerre. Et nous pouvons aller plus loin. Je me suis
entretenu il y a dix jours avec le sénateur américain Lindsey Graham, proche de
Donald Trump, qui a préparé un paquet de sanctions massif, avec des droits de
douane de 500% sur le pétrole et sur les pays qui importeraient du pétrole russe.
Nous avons décidé hier, avec les Européens qui se sont retrouvés à Kiev, de
nous coordonner avec ces sénateurs américains qui veulent accentuer la pression
pour que le cessez-le-feu puisse intervenir et que les négociations puissent
commencer sereinement.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Aujourd'hui, les Ukrainiens se battent avec des armes américaines. Ils continuent de bénéficier du soutien américain dans leur effort de résistance contre la guerre d'agression. Alors oui, peut-être qu'à un moment ou à un autre, le soutien américain s'interrompra. Mais je crois que la question aujourd'hui, c'est celle du cessez-le-feu. Et les messages deviennent très clairs en provenance de l'Europe, en provenance des Etats-Unis. Si Vladimir Poutine ne consent pas au cessez-le-feu, alors des sanctions massives s'abattront sur lui.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Un cessez-le-feu, ça se surveille pour vérifier qu'il n'est pas violé par l'une ou l'autre des deux parties. Nous avons formulé des propositions, grâce au travail qui a été mené avec, vous savez, les pays associés à cette coalition des volontaires, pour contribuer, aux côtés des Américains, à la surveillance de ce cessez-le-feu, de manière à ce que cette dimension un peu technique du cessez-le-feu ne soit pas un obstacle à ce qu'il puisse intervenir rapidement. Donc pas d'inquiétude sur ce plan-là. L'important c'est que les armes se taisent.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Rappelons ce que c'est que cette guerre d'agression. Au fond, c'est une guerre coloniale d'un pays, ou d'un dirigeant plutôt, Vladimir Poutine, qui a décidé qu'il allait reprendre possession d'un pays qui a obtenu son indépendance en 1991. Eh bien, nous, les Européens, si nous soutenons les Ukrainiens, c'est parce que nous refusons de voir se déployer en Europe des guerres coloniales.
> [Défilé du 9 mai à Moscou] Je pense que de voir aux côtés de Vladimir Poutine tous les adversaires traditionnels des Etats-Unis, je pense que ça a dû refroidir peut-être un certain nombre d'Américains qui se disaient «Vladimir Poutine, après tout, pourquoi pas».
> [Agression de
Poutine contre l’Ukraine] D'abord le cessez-le-feu, pour que cessent les
bombes et que cessent les drones et que des discussions puissent sereinement
s'engager, qui porteront nécessairement sur la question territoriale d'un côté,
une question qui appartient aux Ukrainiens, et puis la question des garanties
de sécurité, question à laquelle nous sommes très attachés puisque notre
sécurité en dépend. Sur cette question-là, nous avons, avec le Royaume-Uni,
engagé des discussions au niveau des chefs militaires. Des chefs militaires qui
se sont réunis avec tous les pays amis et alliés de l'Ukraine. Des chefs
militaires qui se sont rendus une première fois à Kiev pour rencontrer leurs
homologues ukrainiens. Des chefs militaires qui se sont rencontrés hier en
présence du Président de la République, du Premier ministre britannique et du
président ukrainien. Et ce que je peux vous dire, c'est que la contribution des
Européens à ce que l'on appelle les arrangements ou les garanties de sécurité
qui permettront de dissuader définitivement toute forme de nouvelle agression
par la Russie de l'Ukraine, eh bien, elles avancent dans le bon sens, puisque
ce dialogue, d'abord entre l'Ukraine qui est la première concernée et les
Européens, a franchi des étapes significatives et que, pas à pas, nous nous
préparons à ce que, le moment venu, quand les discussions s'ouvriront, nous
puissions proposer, si je puis dire, des solutions crédibles. Le premier niveau
de cette sécurité apportée à l'Ukraine, c'est le soutien à son armée.
Aujourd'hui, l'armée ukrainienne est quasiment la première armée du continent
européen, et il nous faudra la renforcer.
Et puis ensuite, il y aura sans doute en deuxième rideau des capacités
militaires qui viendront envoyer un signal stratégique à tout agresseur de
l'Ukraine que l'Ukraine est défendue. Je ne veux pas préempter ces discussions.
Ce sont des discussions difficiles, ce sont des discussions techniques, ce sont
des discussions nouvelles pour des Européens qui ont traditionnellement conçu
leur sécurité au sein de l'OTAN et qui, cette fois-ci, doivent la concevoir
différemment. Mais ce sont des discussions qui avancent.
> [Agression de
Poutine contre l’Ukraine] Il y a eu, dans les discussions, l'apparition
d'une idée contre laquelle le Président de la République, contre laquelle la
France s'est dressée. Celle d'une forme de reconnaissance en droit d'une
annexion par la Russie de la Crimée. Cette idée-là, qui appartiendrait donc, ou
cette reconnaissance-là qui appartiendrait donc non pas à l'Ukraine mais à
d'autres, nous l'avons combattu farouchement. Pourquoi ? Eh bien parce que si
nous acceptions qu'on puisse reconnaître en droit, en droit international,
l'annexion d'un territoire comme la Crimée. (…)
Il n'y a pas de raison que ça s'arrête. Et on verrait exploser de toutes parts
les conflits dans le monde entier, puisque vous savez que l'ordre
international, fondé sur le droit, repose sur cette idée simple, fragile :
"Tu ne touches pas à mes frontières, je ne touche pas aux tiennes."
Si on commence à reconnaître les frontières contestées, alors ce sont des
conflits évidemment qui prolifèrent, qui se multiplient. Et puis évidemment,
c'est une autre tentation, qui elle est très dangereuse. La tentation de
beaucoup de pays de se dire : "Après tout, quelle est la garantie de
sécurité ultime pour moi pour ne pas être attaqué ? Soit je deviens un vassal
d'une puissance comme la Russie ou les Etats-Unis, soit je me dote de l'arme
nucléaire." Et si on voit se développer une crise de la prolifération
nucléaire aujourd'hui dans le monde parce qu'on prendrait les mauvaises
décisions s'agissant du sort des territoires ukrainiens, eh bien nous entrons
dans un monde beaucoup plus instable, beaucoup plus dangereux que nous voulons
écarter à tout prix.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Nous plaidons, avec les Américains d'ailleurs, depuis des mois, pour dire que dès lors que les armes se seront tues, les négociations pourront s'engager et il est bien naturel que les deux dirigeants puissent à ce moment-là entrer dans une discussion directe.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Volodymyr Zelensky a fait un pas gigantesque lorsqu'il a accepté le principe d'un cessez-le-feu inconditionnel en Arabie saoudite, à la demande des Américains. Il s'agit d'un pays et d'un peuple qui a été victime d'une agression, qui voit une puissance coloniale tenter de l'asservir, qui se bat courageusement depuis trois ans et qui a réussi à tenir en échec l'une des armées les plus puissantes du monde.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] On ne peut quand même pas considérer que l'opération spéciale de Vladimir Poutine dont on nous annonçait qu'elle allait faire chuter l'Ukraine en trois semaines est un succès. Et ça, c'est la force et la résistance des Ukrainiens qui sont en train de devenir une armée du XXIe siècle dont nous finirons par nous inspirer, notamment pour les technologies de drones, etc. Et donc, les Ukrainiens, décider comme ça d'entrer ou de cesser le feu, ça n'est pas rien. C'est un compromis majeur. Et ils l'ont fait en premier, ce qui montre leur disposition à cheminer vers la paix.
> Le Triangle de Weimar. Et il a été à l'honneur cette semaine puisque juste après son élection, le chancelier Merz est venu à Paris, c'est à la France qu'il a consacré son premier déplacement. J'ai moi-même accueilli mon homologue. Et puis juste après, il est parti en Pologne rencontrer Donald Tusk, le Premier ministre polonais. Quant au Président de la République, après avoir accueilli à Paris le chancelier allemand, il est allé à Nancy cette fin de semaine signer avec le Premier ministre polonais un traité d'exception avec la Pologne. Et ce Triangle de Weimar que nous avons réactivé l'année dernière, il forme, si l'on peut dire, un attelage très puissant et susceptible d'entraîner les Européens, notamment sur les questions de sécurité.
> [Dissuasion nucléaire] Le Président de la République a rappelé ce que tous ses prédécesseurs ont dit jusqu'au général de Gaulle, à savoir qu'il y a une dimension européenne des intérêts vitaux, ce qui signifie qu'il y a une composante européenne dans la dissuasion française. Il a proposé, il y a quelques mois déjà, que s'ouvre un dialogue stratégique avec nos partenaires, et c'est vrai de la Pologne, c'est vrai de l'Allemagne, au moment où ils se réarment pour parer aux menaces, d'avoir ce dialogue pour bien comprendre ce que c'est que la dissuasion nucléaire française, comment elle fonctionne, de manière à pouvoir aussi prendre leurs propres décisions pour ce qui les concerne, en ayant la pleine conscience de ce que représente la dissuasion française. Il a aussi dit qu'à l'issue de ce dialogue stratégique, peut-être que des coopérations se dessineraient. Nous n'en sommes pas là, mais cette ouverture à un dialogue stratégique par le Président de la République a été effectivement très bien accueillie par les partenaires européens.
> [Agression de
Poutine contre l’Ukraine] Nous souhaitons, pour pouvoir avoir un agenda
de coopération avec la Chine, qu'elle cesse de faciliter le contournement des
sanctions par la Russie, qu'elle cesse de fournir à la Russie ces fameux biens
à double usage qui permettent à la Russie en quelque sorte de les détourner, de
les dévoyer pour en faire des armes. Et nous souhaitons qu'elle cesse de
soutenir implicitement la guerre d'agression russe en Ukraine. (…)
Nous voulons qu'ils fassent mouvement désormais, surtout avec tout ce qu'on a
vu. Parce que nous représentons pour eux, au moment où surviennent les guerres
commerciales, un partenaire, un marché qu'ils ne veulent pas négliger. Mais
nous leur disons: «Pourquoi pas un agenda positif?» Nous y sommes ouverts sur
les questions commerciales comme d'ailleurs sur les questions climatiques, où
nous avons souvent travaillé avec la Chine. À condition, bien sûr, qu'on règle
un certain nombre de différends qui entachent notre relation avec la Chine. Je
pense au cognac et à l'armagnac, bien sûr. Et à condition que la Chine tienne
compte de notre sécurité. Et aujourd'hui, notre sécurité, elle est menacée par
la Russie. (…)
La Chine a un partenariat ancien, solide, multidimensionnel avec la Russie.
C'est la raison pour laquelle il est totalement vain d'imaginer pouvoir briser
cette relation, ce que certains idéologues aux Etats-Unis ont cru penser
possible. En revanche, je ne crois pas que la Chine accueille très
favorablement l'attitude de Vladimir Poutine en Ukraine. Pourquoi ? Eh bien
parce que ça pose un sujet majeur de sécurité aux Européens, avec lesquels la
Chine aimerait pouvoir travailler, mais aussi parce que selon la manière dont
cette guerre se termine et avec l'implication de la Corée du Nord, la Chine ne voudrait
pas, elle qui se voit, qui se vit comme un gardien de l'ordre international,
que les conséquences d'une capitulation de l'Ukraine entraînent la
multiplication des conflits.
> Il ne faut pas croire qu'on puisse diviser la Russie et la Chine. Ce qui n'empêche pas les Européens, la France au premier chef, de passer des messages très clairs à la Chine, d'amener la Russie à, je dirais, cheminer vers la paix.
> Je ne veux pas approuver la participation des Européens à cette parade du 9 mai, mais ce que je voudrais dire, c'est qu'il y a quelques mois encore, on nous a annoncé la dislocation rapide de l'Union européenne avec des pays qui, de manière bilatérale, auraient été chercher les faveurs de l'administration Trump en se faisant la concurrence les uns aux autres. Moi, j'ai vu, vendredi à Lviv et samedi à Kiev, une unité extrêmement forte des Européens. Alors, elle est fragile, enfin, en tout cas, il faut toujours la cultiver, mais en tout cas, j'étais très fier de participer à ces deux moments d'unité européenne.
> Je pense que les opinions publiques ont compris que nous étions entrés dans une ère nouvelle, où la menace est plus élevée, et pas uniquement celle de la Russie, mais aussi celle de l'Iran, celle du terrorisme et d'autres. Et dans un moment où il est clair, depuis l'altercation dans le bureau Ovale, que ce que nous disent les Etats-Unis depuis des années va se concrétiser. Les Etats-Unis vont réduire le niveau d'engagement qu'ils ont eu pendant des décennies dans l'OTAN. Et donc, au moment où la menace s'élève, le niveau de sécurité diminue, eh bien, chacun a compris qu'il va nous falloir prendre les choses en main, prendre notre propre sécurité en main. Mais ça, et c'est peut-être là où il y a encore du travail à faire, ça suppose un certain nombre d'efforts. Parce que se défendre, ça coûte cher. Ça suppose des investissements. Et tout cela, il faut nous y préparer si nous ne voulons pas prendre le risque en continuant nos bonnes vieilles habitudes, soit de nous laisser entraîner un jour ou l'autre dans une guerre qu'on n'aurait pas choisie, soit d'être condamnés à être les vassaux de grandes puissances auprès desquels nous irions chercher la protection.
> Je pense que l'objectif premier du président Trump, lors de sa visite à venir en Arabie saoudite, aux Emirats et au Qatar, concerne les relations économiques avec la région du Golfe. Mais nous espérons et nous poussons à la fois les Etats-Unis et nos partenaires dans le Golfe à faire de ce moment l'occasion de porter des messages politiques. Je rappelle que le président Trump, lors de son premier mandat, a engagé ce qu'on a appelé la logique des accords d'Abraham, c'est-à-dire le rapprochement entre certains pays de la région et Israël en contrepartie de la perspective politique pour la Palestine et la solution à deux Etats. Je ne vous dis pas que le conflit israélo-palestinien pourrait être réglé dans les prochains jours grâce à la visite du président Trump. Mais je pense que ce que nous voulons et ce vers quoi nous poussons, ce sont des déclarations politiques qui nous permettent de cheminer dans le même sens et, je dirais, d'abonder dans la direction sur laquelle nous travaillons, avec le Président de la République, qui est la préparation de cette conférence que nous allons co-présider en juin sur la solution à deux Etats.
> [Crise au Moyen-Orient] D'abord, il faut mettre des
mots sur la réalité. La réalité, c'est que les Palestiniens à Gaza sont
affamés, qu'ils sont assoiffés, qu'ils manquent de tout et que la bande de Gaza
est aujourd'hui au bord du chaos et de l'effondrement, de la famine. Je crois
que tout le monde s'en aperçoit. On entend, y compris dans la communauté juive,
des voix s'émouvoir de cette attitude incompréhensible du gouvernement
israélien. Et c'est en donnant de la voix qu'on peut sans doute espérer infléchir
la position du gouvernement israélien. (…)
Nous avons, pour ce qui concerne la colonisation, l'occupation des territoires,
pris des mesures, pris des sanctions, à titre national, contre les colons
extrémistes et violents. Nous en avons désigné 28 par le passé. Je n'exclus pas
d'ailleurs de reprendre des sanctions à l'encontre de ceux qui prolongeraient
cette politique de colonisation extrémiste et violente. Et puis, au niveau
européen, nous avons été à l'initiative pour proposer deux paquets de sanctions
contre ces mêmes colons. Et nous travaillons à faire adopter un troisième
paquet, puisque la colonisation, qui est un autre sujet que celui des
restrictions à l'accès de l'aide humanitaire, menace très concrètement la
perspective d'une solution politique et menace donc à long terme la sécurité
d'Israël.
> Vous savez, si nous ne défendons pas les intérêts et la
sécurité des Français, personne ne le fera à notre place. C'est depuis la
Syrie, sous le régime sanguinaire de Bachar al-Assad, que les attentats du
Bataclan ont été fomentés. C'est depuis la Syrie, à peu près au même moment, en
2015, qu'est partie la plus grande vague d'immigration de notre histoire
récente, avec ces millions de Syriennes et de Syriens qui fuyaient les
persécutions et cherchaient refuge en Europe. Alors oui, nous pouvons mettre
notre tête dans le sable, faire comme si tout ça n'existait pas, et voir une
Syrie à nouveau fragmentée, Daech que nous combattons depuis dix ans en Syrie
reprendre du poil de la bête et venir une nouvelle fois ensanglanter notre
pays.
Ça n'est pas notre approche. Et je me suis rendu moi-même, quelques semaines à
peine après la chute de Bachar al-Assad, en Syrie. Pour demander quoi ? Pour
demander une négociation avec les Kurdes, qui sont nos alliés dans la lutte
contre Daech depuis dix ans. Cette négociation est entamée. Pour demander les
inspections et la destruction du stock d'armes chimiques. Ces inspections, ces
destructions ont commencé. Pour demander à ce que le gouvernement puisse être
représentatif de l'ensemble des composants de la société syrienne. Un nouveau
gouvernement a été formé. (…)
Quelles sont nos demandes aujourd'hui ? Eh bien, c'est que tous les
responsables de ces massacres contre les alaouites ou les Druzes soient jugés
et punis. Je vais même vous dire qu'avant même que les décisions soient rendues
en Syrie, j'ai demandé à ce que nous prenions des sanctions européennes, ce
sera le cas dans les prochains jours, contre les responsables que nous avons
identifiés de ces massacres. Et puis surtout, nous demandons à ces autorités de
transition à Damas, qui luttent sans aucune forme d'ambiguïté contre Daech.
> Je vois la menace de Daech ressurgir. Je vois Daech se reconstituer dans la Badiya syrienne, au milieu du pays. Je vois les dizaines de milliers de combattants terroristes et leurs familles qui sont détenus aujourd'hui dans des camps. (…) Ma priorité numéro un, c'est de protéger les Français contre la menace de Daech. Et aujourd'hui, où se reconstitue Daech ? Eh bien, c'est en Syrie.
> [Relations franco-algériennes] Si la relation est bloquée et si elle est gelée, c'est par la faute des autorités algériennes, qui ont décidé brutalement d'expulser 12 de nos agents. 12 de nos agents. Et pour que tout le monde l'entende, ce n'est pas uniquement une décision brutale sur le plan administratif. Ce sont des hommes et des femmes qui ont dû quitter précipitamment leur famille, leurs enfants, leurs domiciles, pour rentrer en France. C'est quand même très brutal comme décision.
> La bonne idée, c'est d'interroger les Français, de les associer le plus largement possible aux décisions qui les concernent et par tous les moyens. Et je suis favorable à ce qu'on ait des référendums. Je suis favorable à ce qu'on ait des conventions citoyennes. Je suis favorable à ce qu'on modifie le mode de scrutin pour le rendre, je dirais, à la fois plus représentatif et plus utile avec la proportionnelle. Je suis même favorable à ce qu'on facilite les modalités de vote, le vote électronique, que le ministère des affaires étrangères rend possible pour nos compatriotes à l'étranger, qui fonctionne parfaitement. Il doit être généralisé.
> [Projet de loi sur la fin de vie] Sur la fin de vie,
pour le coup, je vais vous dire, je salue le travail de très grande qualité qui
a été mené, d'abord au travers d'une Convention citoyenne, dont les travaux -
je vous dirais après mon avis - ont été équilibrés. Travaux qui ont ensuite été
repris par le Parlement, qui a commencé son travail il y a quelques mois déjà
et qui l'a repris. Et cette articulation entre démocratie dite participative et
représentative est, à mon sens, exemplaire. Maintenant, sur la fin de vie, je
suis très favorable au texte sur les soins palliatifs. (…)
Sur le texte sur le droit à l'aide à mourir, malgré le travail de grande
qualité qui a été fait par Olivier Falorni, par tous les parlementaires
impliqués, je considère pour ma part que le texte sorti de commission va trop
loin. Et qu'à mon sens, le préalable nécessaire à l'ouverture de ces nouveaux
droits, c'est de garantir l'accès de tous les Français aux soins palliatifs.
(…)
Je souhaite, que tous les Français, quel que soit le département dans lequel
ils vivent, puissent avoir accès aux soins palliatifs. Je souhaite aussi que la
loi Claeys-Leonetti puisse être pleinement appliquée. Et si besoin,
effectivement, qu'elle puisse être corrigée à la marge pour être rendue plus
efficace. Mais le texte tel qu'il est présenté, et chacun sera libre de son
vote, chacun se décide sur ses sujets en âme et conscience, mon âme et ma
conscience me disent que le texte tel qu'il a été présenté, tel qu'il est sorti
de la commission, va trop loin.
> [Union européenne et agression de Poutine contre
l’Ukraine] 75 ans plus tard, face au réveil des empires, face au révisionnisme de la
Russie notamment, face à la dislocation et aux fragmentations du monde, il nous
appartient de reprendre le flambeau de Robert Schuman, et de faire que l’Europe
redevienne ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, un phare pour le monde,
le phare de la démocratie, le phare de la liberté, le phare de la dignité de la
personne.
Nous sommes ici le 9 mai 2025, à Lviv, en Ukraine, à 1500 km de
Strasbourg, dans un pays européen, dans un pays en guerre, qui depuis plus de
trois ans maintenant, résiste contre la guerre d’agression lancée par la
Russie, une guerre coloniale, celle d’une puissance impérialiste, qui voudrait
entraver l’aspiration de l’Ukraine, indépendante depuis 1991, à la liberté, à
la démocratie et à l’ambition européenne. Une guerre meurtrière, comme nous
l’avons vu ce matin au cimetière de Lviv, une guerre dont les stigmates humains
sont colossaux, comme nous avons pu le constater à l’hôpital de Lviv, que la
France soutient, où nous avons vu des corps brisés, où nous avons vu des
gueules cassées et où nous avons vu des esprits invaincus. Et si nous sommes
venus avec l’ensemble des ministres des Affaires étrangères de l’Union
européenne, c’est pour affirmer notre solidarité indéfectible à la résistance
ukrainienne et exprimer avec beaucoup de force que nous voulons la paix. La
paix par la force et la paix par la justice. La paix par la force, d’abord, et
nous annoncerons tout à l’heure que grâce à la mobilisation des revenus tirés
des actifs gelés, la France va pouvoir, au travers de son entreprise KNDS,
assurer la maintenance opérationnelle des canons César que la France a fournis
à l’Ukraine pour résister aux coups de boutoir de la Russie. La paix par la
justice et nous annoncerons tout à l’heure la création du tribunal spécial pour
le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine.
Il n’y aura pas de paix tant que tous les crimes de guerre qui ont été
commis depuis trois ans n’auront pas été punis. Nous voulons la paix et aujourd’hui
le seul obstacle à la paix se trouve à Moscou, il parade, il s’appelle Vladimir
Poutine. Hier, le Président de la République s’est entretenu à plusieurs
reprises avec le Président Trump auquel il a exprimé cette conviction forte. Il
nous faut par la force amener Vladimir Poutine à consentir à un cessez-le-feu.
Nous avons pris acte de l’appel du Président Trump à un cessez-le-feu
inconditionnel de 30 jours. Cessez-le-feu que l’Ukraine a accepté le 9 mars
dernier, il y a deux mois maintenant et auquel il va nous falloir pousser
Vladimir Poutine à consentir. J’ai eu moi-même hier Lindsey Graham, le sénateur
américain qui porte un paquet de sanctions massif contre la Russie avec 70
sénateurs démocrates et républicains et je lui ai assuré qu’avec les européens
nous prendrions nous aussi dans les prochains jours un nouveau paquet de
sanctions pour mettre la pression sur la Russie.
«La paix mondiale ne sera sauvegardée qu’avec des efforts créateurs à la
mesure des dangers qui la menacent». Ainsi Robert Schuman terminait-il cette
déclaration, ces efforts créateurs c’est à nous les européens qu’il faut
désormais consentir.
> [Agression de
Poutine contre l’Ukraine] Je crois qu’il n’y aura pas de paix sans la
justice, il n’y aura pas de justice sans la vérité, le Conseil de l’Europe a
mis en place des mécanismes d’enregistrement de tous les préjudices qui ont été
causés et ils sont nombreux, par la Russie au peuple ukrainien. Sur cette
base-là, justice devra être rendue, c’est la condition d’une paix durable. (…)
Je suis sûr [qu’il n’y aura pas d’]impunité,
contre tous les crimes de guerre qui ont été commis au cours de cette guerre
d’agression de la Russie contre l’Ukraine.
> Les Européens, ils protestaient il y a 10 ans à Maïdan, et c’est la raison pour laquelle la Russie a décidé de déclencher sa guerre coloniale contre l’Ukraine, pour tenter de réaffirmer sa propriété d’un pays indépendant depuis 1991. Et c’est la raison pour laquelle les pays européens sont si nombreux à être représentés ici aujourd’hui à Lviv, et pourquoi nous refusons ces guerres coloniales, non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour nous-mêmes.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> Je le crois profondément : la lutte contre la pollution de l’air est
une priorité de santé publique. 40 000 décès prématurés par an, des années
d’espérance de vie en moins, des risques accrus d’asthme infantile, de cancers,
de diabète, d’infarctus, d’AVC. J’ai lancé le Roquelaure de la qualité de
l’air.
À cette occasion, nous avons annoncé :
- La mise à jour des données 2022-2025 sur les liens entre qualité de l’air et
santé, et sur le coût économique de la pollution ;
- Un soutien direct de 150 millions d’euros aux plans climat-air-énergie
territoriaux ;
- La mobilisation des préfets sur les plans locaux de baisse des polluants des
chauffages au bois ;
- La reprise du leasing social en septembre 2025, avec un accès privilégié pour
les habitants des zones concernées par les ZFE ;
- La relance du Comité de la qualité de l’air en ville.
> La pollution de l’air, c’est des dizaines de milliers de morts prématurées chaque année. Mais c’est aussi des maladies chroniques graves, qui frappent enfants comme adultes. Une menace invisible, bien réelle — sur laquelle les politiques publiques ont un vrai impact. En 7 ans, la pollution de l’air a baissé de 31 % dans les plus grandes agglomérations françaises. Quand on agit, ça marche. Mais le chemin reste long pour atteindre les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé.
> Sur l’aide active à mourir, la France est en retard par rapport à un certain nombre de démocraties. Et pourtant, nous aimons nous penser comme un pays de progrès et de liberté. J’entends les réticences, qui dépassent largement les clivages partisans. Oui, cette loi appelle à la précaution. Mais entendons les Françaises et les Français, et n’ayons pas peur de leur faire confiance.
> 74 % des médecins sont favorables à l’aide active à mourir, selon l’Ifop. Un chiffre fort, parce qu’il vient de celles et ceux qui sont en première ligne. Les médecins savent ce que représente la fin de vie. Ils accompagnent, écoutent, soulagent — et ils sont aujourd’hui une large majorité à soutenir ce projet de loi. Je le soutiens moi aussi. C’est une avancée majeure, attendue, et un engagement de longue date de notre famille politique, porté par une approche profondément humaine et digne. J’entends les doutes, les interrogations, parfois intimes ou spirituelles. Je les respecte. Mais faisons confiance aux soignants. Faisons confiance aux Françaises et aux Français.
> Le Gouvernement porte un amendement de simplification et de clarification des zones à faibles émissions, avec un objectif : rassurer les Françaises et les Français. Deux éléments clés : rendre les zones à faibles émissions obligatoires uniquement à Paris et Lyon — ailleurs, ce seront les maires qui décideront — et instaurer un droit à circuler, pour s’assurer que chacun puisse avoir une solution.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> La soumission chimique est une prédation insupportable, froide,
méthodique. Pour dominer. Sans lutte, sans refus. Sensibiliser largement la
société pour déconstruire les préjugés, éduquer au respect, former les
professionnels au contact des victimes, lever le secret médical afin de
protéger les victimes... Le Gouvernement sera au rendez-vous dans ce combat.
> Jamais je n'accepterai la banalisation de la Shoah. Jamais je n'accepterai l'essentialisation des Français juifs comme s'ils étaient responsables de la situation à 4000 kms de la France. Jamais je ne me résoudrai à l'antisémitisme.
Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée des Comptes publics)
> Ce lundi matin, j’étais auprès des équipes de Tracfin pour célébrer
les 35 ans de ce service de renseignement financier. Tracfin, ce sont plus de
230 agents engagés au quotidien pour défendre les intérêts fondamentaux de
notre pays. Lutte contre le terrorisme, contre la criminalité organisée, contre
les fraudes aux finances publiques, contre les ingérences étrangères, contre le
blanchiment d’argent, contre le détournement des crypto-actifs : leur champ
d’action est large, leur expertise est reconnue, leur efficacité est précieuse.
Dans un contexte de menaces croissantes, je suis pleinement engagée pour
renforcer leurs moyens. Le budget de Tracfin a été augmenté d’un million
d’euros cette année. Les effectifs se sont accrus. Le cadre juridique a été
consolidé, notamment dans le cadre de la loi de lutte contre le narcotrafic. Je
défends également, au niveau européen, une régulation ambitieuse et une
coordination renforcée entre nos services. Tracfin joue aujourd’hui un rôle
déterminant pour protéger les Français et préserver notre souveraineté. Je suis
fière d'être leur ministre et de continuer à m'engager pour eux.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> Clairement : la reconquête industrielle française est un combat que je
mène depuis le premier jour. À la veille de mon déplacement aux Fonderies de
Bretagne, je reviens sur l’engagement de l’État, aux côtés des élus, pour
sauver cette entreprise et ouvrir un nouvel avenir industriel, notamment dans
la défense. Mais ce combat dépasse un seul site. Notre industrie a des atouts,
il nous faut cependant la protéger, au niveau européen, en particulier pour les
filières stratégiques (acier, chimie, auto…), face à une concurrence déloyale.
Le cas des colis exemptés de droit de douane illustre les failles exploitées
par des producteurs extra-européens peu scrupuleux.
> La sidérurgie est un enjeu existentiel pour l’Europe.
> EssilorLuxottica choisit la France pour investir et
produire. Aux côtés du président de la République, j’étais ce matin à Wissous
en Essonne avec Yannick Neuder et Clara Chappaz pour inaugurer le nouveau site
d’EssilorLuxottica. Ce Laboratoire d’Excellence (Labex) illustre la
réindustrialisation que nous portons :
- Un investissement de 70 millions d’euros,
- 300 emplois industriels qualifiés,
- Des lignes de production à la pointe de l’automatisation,
- Un ancrage fort dans nos territoires.
EssilorLuxottica est un fleuron européen. Son choix de renforcer sa présence
industrielle en France confirme l’attractivité de notre économie et la solidité
de notre filière santé visuelle.
À quelques jours du sommet Choose France, cette inauguration envoie un message
clair : La France est prête à accueillir les projets industriels les plus
ambitieux Nous savons conjuguer innovation, savoir-faire et emploi local. Bravo
aux équipes mobilisées.
Cette dynamique industrielle, nous la faisons avancer chaque jour.
Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> [350 millions d'euros pour les quartiers prioritaires de la ville] Mon
objectif, c'est de soutenir l'enfance et l'adolescence, (...) et l'économie. Je
voudrais une économie légale dans les quartiers. Il faut que les entreprises
investissent.
> [Projet de loi sur la fin de vie] Je ne suis pas opposée au suicide assisté. En revanche, l'euthanasie, demander à un tiers de commettre ce geste-là, c'est beaucoup plus complexe.
> [Pompier blessé lors d'un rodéo urbain à Evian] Le geste de l'auteur du rodéo a vraiment été de le frapper volontairement, de le percuter et de revenir lui cracher dessus. Il y a quelque chose qui dysfonctionne plein tube.
> [Logements sociaux] La mixité sociale, ce n'est pas forcément d'empêcher qu'il y ait des revenus un peu plus élevés que la moyenne. Lorsque vous avez la chance (...) d'avoir quelqu'un qui gagne plus de 3.500 euros, vous faites tout pour qu'il reste.
> Je pense que le Parti socialiste s'est trahi, notamment dans ses accords électoraux avec La France insoumise, qui vise un projet de destruction de la République, qui pousse des slogans antisémites.
> [Manifestation néofasciste à Paris] C'est très grave, et la République va mal. On ne sait pas enrayer cette spirale de l'exclusion, de la haine de l'autre et du fascisme.
Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des
Français de l’étranger)
> L’annonce d’une suspension de la guerre commerciale entre les Etats-Unis
et la Chine est une bonne nouvelle pour l’économie mondiale ! La France et l’Union
européenne continuent à œuvrer pour obtenir une désescalade des tensions
commerciales. Essentielle pour protéger nos filières et nos consommateurs.
● Autres
ministres
Gérald Darmanin (ministre d’Etat, Garde des sceaux, ministre de la Justice)
> Révolutionner le modèle des prisons.
> Créer le plaider-coupable en matière criminelle pour accélérer la justice.
> Systématiser les saisies-confiscations et procéder à la vente des véhicules avant même le jugement, comme la loi le permet.
> Simplifier de manière radicale le code pénal en passant de plus de 200 peines possibles à 4.
> Créer des « peines minimales » pour garantir une certitude de la peine, dès le premier fait commis.
Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des
Solidarités et des Familles)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée] Tous,
dans cet hémicycle, nous partageons je crois la volonté de soulager la
souffrance des malades en fin de vie. Pour y parvenir, en revanche, nous
divergeons sur les moyens. Nous sommes donc appelés à débattre d’un sujet
extrêmement sensible : un sujet éthique, médical et juridique ; un
sujet qui appelle de notre part humilité et humanité. C’est tout l’honneur du
Parlement de s’emparer des sujets les plus graves, les plus bouleversants, et
de trouver le point d’équilibre respectant les attentes des uns et les
préventions, voire les oppositions, des autres.
J’ai de nouveau l’honneur de m’exprimer à cette tribune pour examiner cette
question qui touche chacune et chacun d’entre nous, une question intime à
laquelle nul ne peut rester étranger. C’est à la fois une femme, une fille, une
mère, une élue que les expériences de la vie ont fait évoluer, qui aborde ce
débat avec toute l’humilité que requiert le sujet. Pour reprendre les mots du
président de la République, la fin de vie est un vertige, un vertige qui bouscule,
qui interroge, qui convoque des convictions intimes et personnelles, souvent
profondes.
Les Français se sont saisis de ce débat parce qu’il les concerne intimement.
Tous savent qu’un jour ils pourraient être confrontés à ces questions, pour
eux-mêmes ou pour un proche.
Pour toutes ces raisons, je suis animée par la conviction que le Parlement doit
débattre, en conscience, de cette question essentielle. Comment traitons-nous
la vie qui prend fin ? Refuser ce débat alors que notre droit ne répond pas
à toutes les situations, c’est laisser celles et ceux qui attendent sans
réponse. C’est fermer les yeux devant une souffrance à laquelle seuls celles et
ceux qui peuvent partir à l’étranger trouvent une issue. C’est manquer à notre
devoir d’écoute et d’humanité.
Je souhaite le rappeler au moment où nous entamons nos débats, le fait
générateur est la maladie. C’est bien la maladie in fine qui entraîne la
mort, ce n’est pas l’âge. Je le répète en conscience, dans notre société
vieillissante.
Je sais l’implication de nos médecins et de nos équipes soignantes. Et je
rappelle l’importance des soins palliatifs, que chacun reconnaît dans cet
hémicycle. Oui, nous devons garantir un accès aux soins palliatifs partout sur
le territoire. C’est tout le sens de la première proposition de loi, déposée
par Annie Vidal, adossée à la stratégie décennale que j’ai eu l’honneur
d’initier. L’accompagnement et la prise en charge de la douleur sont encore
très largement insuffisants.
Conscients toutefois que la loi Claeys-Leonetti de 2016 ne répond pas à toutes
les situations, nous devons proposer une autre réponse, strictement encadrée et
fondée sur cinq conditions cumulatives et précises, pour que les patients dont
rien ne peut apaiser la souffrance, malgré tous les accompagnements possibles,
aient la liberté de choisir leur fin de vie. C’est ce que permet la seconde
proposition de loi, défendue par Olivier Falorni et beaucoup d’entre vous
depuis de nombreuses années.
Ces deux textes ne s’opposent pas, ils ne se contredisent pas. Ils sont le
fruit d’un travail collectif : celui des sociétés savantes, du rapport du
professeur Franck Chauvin, de la Convention citoyenne sur la fin de vie, du
Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et de plusieurs semaines de débats
parlementaires, en commission, en séance, puis de nouveau en commission.
Ils reposent sur un même socle : assurer une prise en charge continue de
la douleur, dans le respect de la dignité de chacun, en tenant compte de la
volonté exprimée par le patient.
Depuis plusieurs années, cette question traverse notre société. Elle nous
confronte à l’indicible. Comment mieux accompagner celles et ceux qui
approchent de l’inéluctable ? Comment leur offrir la fin de vie la plus
digne possible ? Comment leur tendre la main pour qu’ils puissent choisir
librement et avec discernement la manière dont ils souhaitent être
accompagnés ?
Ces questions dépassent largement les clivages partisans. Elles échappent aux
appartenances politiques, car nous cherchons une réponse humaine à une
souffrance humaine.
Ces deux propositions de loi, dans le prolongement du projet de loi que j’ai
soutenu l’an dernier, sont animées par une même ambition : offrir à chacun
une fin de vie digne, dans le respect de son autonomie.
Commençons par la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins
palliatifs. Comme nombre d’entre vous, mesdames et messieurs les députés, j’ai
visité des unités de soins palliatifs ; j’ai écouté des patients, des
familles, des soignants, des amis, des proches, des femmes et des hommes
confrontés à l’un des moments les plus éprouvants de leur vie, des malades
entourés de professionnels engagés, portés par une humanité admirable. À leurs
côtés, j’ai vu la tendresse, la dignité, la douleur aussi – des souffrances parfois
insoutenables. La semaine dernière
encore, j’étais à l’hôpital
Jean-Jaurès, à Paris, auprès des patients et des équipes
de soins palliatifs. Je veux ici saluer l’engagement de celles et ceux qui
accompagnent jusqu’au bout, avec une force tranquille et une infinie
bienveillance.
Développer les soins palliatifs, c’est affirmer que la République ne détourne
jamais le regard de la souffrance. Pourtant, aujourd’hui encore, l’accès aux
soins palliatifs reste inégal selon les territoires. C’est un déchirement pour
les familles ; c’est un échec pour la puissance publique. Face à cette
réalité, nous prenons nos responsabilités.
Votre rapporteure Annie Vidal vient de le rappeler : nous agissons, même
si le temps est toujours trop long. Il y a un an, nous avons lancé une
stratégie décennale des soins d’accompagnement, adossée à un financement inédit
de 1 milliard d’euros sur dix ans. La dernière loi de financement de la
sécurité sociale en porte déjà la traduction concrète, avec 100 millions
d’euros supplémentaires chaque année. Notre ambition est claire : garantir
à chaque Français, quel que soit son âge, quel que soit son lieu de vie, un
accès effectif aux soins palliatifs.
Dès 2024, cette stratégie a commencé à produire ses effets, notamment à
domicile, car nous savons combien nos concitoyens souhaitent être accompagnés,
aussi longtemps que possible, dans le cadre familier de leur vie quotidienne.
Plus de 17 000 visites longues ont été assurées chaque trimestre par
les médecins de ville, pour offrir un accompagnement renforcé à domicile. Le
nombre de patients pris en charge dans le cadre de l’hospitalisation à domicile
a connu une hausse de 22 %. Des équipes d’intervention rapide ont été
déployées, capables d’intervenir en quelques heures auprès des patients.
Désormais, 420 équipes mobiles de soins palliatifs sont actives sur tout
le territoire, apportant leur expertise aux soignants comme aux familles.
À l’hôpital, également, le renforcement de l’offre s’est poursuivi. Le nombre
de lits identifiés en soins palliatifs a progressé. Treize départements,
jusque-là dépourvus d’unités spécialisées, en ont ouvert ou en ouvriront dans
les prochains mois. Il s’agit du Cher, des Ardennes, des Vosges, de l’Orne, de
la Corrèze, du Lot, des Hautes-Pyrénées, de la Lozère, de la Guyane, de la
Sarthe, de l’Eure-et-Loir, des Pyrénées-Orientales et de la Meuse. En outre,
deux premières unités pédiatriques de soins palliatifs ouvriront cette année.
En parallèle – c’est indispensable –, nous avons investi dans la
formation, levier décisif pour
faire émerger une véritable culture palliative. Plus de
cent postes ont été ouverts pour la rentrée universitaire 2024-2025, posant
les bases d’une filière dédiée. Yannick
Neuder et moi-même savons qu’il faut continuer, voire accélérer, autant que possible. C’est tout notre engagement. Nous devons aussi mieux faire
connaître les droits des patients. Une campagne nationale d’information sera
lancée cette année sur la désignation de la personne de confiance et la
rédaction des directives anticipées.
Nous devons désormais aller plus loin dans l’accompagnement et dans
l’organisation des soins. C’est tout l’objet de la proposition de loi de la
députée Annie Vidal, qui reprend le cœur du texte gouvernemental. Elle est
articulée autour de trois priorités structurantes : créer des
organisations territoriales dédiées aux soins palliatifs et à l’accompagnement,
pour garantir un accès effectif partout en France ; prévoir une formation
spécifique pour les professionnels du soin et de l’accompagnement ;
généraliser le plan personnalisé d’accompagnement, afin d’assurer un suivi
cohérent et respectueux des volontés du patient.
Ce plan ne sera pas un document de plus, mais le fruit d’un véritable dialogue
entre le soignant et le patient. Les professionnels sont unanimes : cet
échange, à cette étape de la maladie, est indispensable. Chaque patient a des
attentes spécifiques et doit pouvoir les exprimer, pour que son parcours soit
le plus adapté possible. Je souhaite préciser clairement que ce plan ne
contiendra aucune mention de l’aide à mourir – votre rapporteur François Gernigon l’a
rappelé tout à l’heure. Ce n’est
ni sa vocation, ni le moment opportun pour aborder cette question.
Parmi les avancées majeures du
texte figure le développement
de structures d’hébergement à taille humaine, offrant une alternative au domicile. Elles
permettront d’accueillir des patients pour des séjours temporaires ou plus
longs, tout en respectant pleinement leurs souhaits d’accompagnement. Je le
redis, le personnel de ces structures n’a pas vocation à pratiquer l’aide à
mourir. Si un patient formulait une telle demande, elle serait instruite dans
les mêmes conditions que s’il était à son domicile, conformément au cadre prévu
par la loi.
Ce texte a été adopté à l’unanimité en commission. Nous espérons qu’il le sera
également en séance publique. Nous partageons une exigence : être à la
hauteur des attentes des Françaises et des Français en la matière.
J’en viens à la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir. C’est
l’attente de certains de nos concitoyens qui nous conduit à examiner les
limites du cadre actuel pour certaines situations de fin de vie. J’entends
toutes celles et ceux qui se demandent pourquoi nous légiférons à nouveau
puisque nous avons déjà la loi Claeys-Leonetti. La sédation profonde et
continue jusqu’au décès est une avancée majeure, et cette loi du 2 février
2016 doit aujourd’hui être mieux connue et mieux appliquée.
Je veux le rappeler ici, il ne s’agit pas d’un acte anodin. La sédation
profonde et continue, lorsqu’un patient atteint d’une affection grave et
incurable et dont le pronostic vital est engagé en fait la demande, entraîne
l’arrêt des traitements – de tous les traitements, y compris la nutrition et l’hydratation – et l’endormissement
irréversible. C’est donc une démarche lourde, qui accompagne
inéluctablement vers la mort.
Je respecte profondément les deux auteurs de cette loi, à laquelle je suis
attachée, mais ils n’en ont pas la même lecture. Pour Alain Claeys, « ce
n’est pas un acte létal, mais c’est déjà de l’aide à mourir, on ne se réveille
pas ». Jean Leonetti considère en revanche que « c’est une façon de
soulager les souffrances du malade, dormir n’est pas mourir ».
Les professionnels de santé que j’ai rencontrés m’ont précisé que cette
pratique reste peu utilisée. L’accompagnement global et la prise en charge de
la douleur en soins palliatifs répondent, dans de nombreux cas, aux besoins des
patients.
Mais cette loi, je le redis, ne répond pas à toutes les situations. Même avec
une prise en charge palliative exemplaire, certains patients subissent des
douleurs physiques réfractaires et une perte d’autonomie vécue comme une
atteinte insupportable à leur dignité. Ne devons-nous pas les entendre quand
ils considèrent, connaissant l’évolution plus que probable de leur maladie, que
c’est à eux de déterminer s’ils souhaitent, ou non, subir ces situations ?
Oui, la question est lourde ; elle est même vertigineuse. Mais, parce
qu’elle est vertigineuse, devons-nous la repousser ou bien chercher ensemble
une réponse ?
C’est la question posée par le rapporteur général, Olivier Falorni, et c’est
tout le sens de sa proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir. Il
est des souffrances qu’aucun traitement ne peut plus apaiser. Il est des
parcours où les soins palliatifs, malgré leur qualité, ne suffisent pas.
Il ne s’agit pas d’opposer la vie et la mort. Il ne s’agit pas davantage
d’opposer les soins palliatifs et l’aide à mourir. Il ne s’agit pas non plus
d’opposer la sédation profonde et continue et l’aide à mourir. Pour l’immense
majorité des patients, la question d’une sédation profonde ou d’un recours à
l’aide à mourir ne se posera pas, car les soins palliatifs suffiront à apaiser
leur souffrance jusqu’au terme de la vie. Mais pour d’autres, la question reste
entière car la souffrance de leur fin de vie n’est pas apaisée.
Mesdames et messieurs les députés, comme vient de le souligner la rapporteure
Brigitte Liso, avons-nous le droit de ne pas penser à ces malades ? Ne
serait-ce pas une forme d’abandon ? N’est-il pas de notre devoir de
rechercher une autre réponse, une autre forme d’accompagnement de la fin de vie
d’un patient qui nous le demande ? Si certains expriment, en conscience,
la volonté d’accéder à l’aide à mourir, notre responsabilité sera de leur
garantir une réponse médicale claire dans un cadre strictement encadré, fondé
sur le respect de leur discernement, de leur volonté, de leur dignité. Un cadre
clair avec des principes non négociables et des lignes à ne pas franchir, voilà
ce qu’il nous appartient de construire ; voilà ce que pourrait être le
modèle français de la fin de vie.
Je le répète, c’est une lourde responsabilité et je veux fixer devant vous les
limites essentielles de cette aide à mourir.
Premièrement, l’aide à mourir ne s’adressera qu’aux patients en phase avancée
d’une maladie grave et incurable et dont le pronostic vital est engagé. La
Haute Autorité de santé vient de définir la phase avancée comme « l’entrée
dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé qui
affecte la qualité de vie ». Le gouvernement proposera d’inscrire dans la
loi cette définition de la phase avancée issue des travaux de la HAS.
Cette définition confirme que l’aide à mourir sera réservée à des patients en
fin de vie répondant à l’ensemble des critères cumulatifs, après que leur
auront été proposés des soins palliatifs et un accompagnement. L’avis de la HAS
est utile : aucun critère temporel individuel ne peut fonder une approche
satisfaisante ; ni « moyen terme » ni une autre formulation ne
sont jugés pertinents.
Deuxièmement, l’autonomie du patient doit rester au cœur de notre réflexion.
Pour que cette autonomie soit réellement garantie, jamais l’aide à mourir ne
pourra être proposée, suggérée, encouragée. C’est un choix intime et réitéré,
que seule la personne malade, dans son for intérieur, peut formuler. Pour que
cette autonomie soit respectée, le texte initial prévoyait que le patient
s’administre lui-même la substance létale. Ce n’est que dans de rares
exceptions, lorsque l’état physique du patient ne le permet pas, qu’un
professionnel de santé pourrait intervenir.
La commission est revenue sur cet équilibre : je défendrai le rétablissement
de la rédaction initiale. L’autoadministration doit rester la première
intention. Aussi, garantir l’autonomie suppose de laisser au patient un temps
de réflexion incompressible, une fois la demande acceptée par le médecin. Le
délai de quarante-huit heures, inscrit dans le projet initial, est une garantie
supplémentaire : le rétablir me paraît une nécessité.
Troisièmement, le discernement du patient doit être plein et constant tout au
long du processus : au moment de la demande, dans les jours et dans les
semaines qui suivent, jusqu’à l’instant même de l’administration de la
substance létale. Comme je m’y étais engagée, j’ai saisi le Comité consultatif
national d’éthique. L’avis rendu est sans ambiguïté : pour que l’aide à
mourir reste fidèle à la dignité humaine, le patient doit être apte à
manifester sa volonté de façon libre et éclairée à chaque instant de la
procédure. Aucune demande d’aide à mourir ne pourra être formulée par
l’intermédiaire des directives anticipées.
Quatrièmement, les conditions d’accès doivent être strictement encadrées et
strictement définies. L’aide à mourir ne pourra être accordée qu’aux personnes
majeures, de nationalité française ou résidant en France de manière stable et
régulière, atteintes d’une affection grave et incurable avec un pronostic vital
engagé, souffrant de douleurs devenues insupportables et réfractaires aux
traitements, exprimant leur volonté de manière libre et éclairée.
Ces critères sont autant de garanties. En modifier un seul reviendrait à
déséquilibrer l’ensemble du dispositif. Je tiens à saluer le travail de la
commission, qui les a sanctuarisés, et à remercier les rapporteurs ainsi que
les députés qui ont contribué à les préserver.
> [Projet de loi sur la fin de vie] Je souhaite que l’aide à mourir soit strictement encadrée. Elle doit être réservée à des patients qui en font la demande en plein discernement, dont le pronostic vital est engagé en raison du stade d’avancement de leur maladie, lorsqu’elle atteint un stade irréversible. L’aide à mourir s’adresse à des patients dont les souffrances ne peuvent plus être soulagées.
> [Projet de loi sur la fin de vie] Je dépose un amendement dans lequel je précise que c'est le malade qui doit s'administrer lui-même le produit
> [Projet de loi sur la fin de vie] Si le patient perd son discernement, la procédure s'arrête",
> [Projet de loi sur la fin de vie] Aucun soignant ne sera obligé de pratiquer l'acte létal.
> Nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale des infirmiers. Une journée pour saluer leur engagement essentiel dans notre système de santé. À l’hôpital, en ville, comme dans les territoires ruraux, ils assurent la continuité des soins avec compétence et humanité. Nous faisons concrètement évoluer leur profession avec l’adoption récente d’une proposition de loi, afin de leur donner plus de prérogatives et de reconnaître leur rôle central. Je tiens à leur exprimer et au nom du gouvernement, ma reconnaissance la plus totale pour leur engagement au quotidien.
Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de
la Souveraineté industrielle et numérique)
> [Déclaration lors de la réunion de l’Eurogroupe, le 12 mai 2025] Nous
nous réunissons à Bruxelles dans un contexte géopolitique qui reste très agité.
Dans ce contexte, l’Europe avance.
Nous avons aujourd’hui sur la table un texte historique sur le financement de
la défense européenne avec un prêt de 150 milliards d’euros et nous pourrons
très rapidement parvenir à un accord et c’est une belle avancée pour l’Union
européenne.
Je voudrais revenir aussi sur le sujet des droits de douane. Il y a un
début de désescalade entre les États-Unis et la Chine, ce qui est une bonne
chose, mais il faudra aller plus loin. Les discussions doivent se poursuivre
entre la Commission européenne et les États-Unis d’Amérique puisque c’est
effectivement une compétence de la Commission. Nous suivons cela de près. Il
faut impérativement revenir à une désescalade pour baisser substantiellement
les droits par rapport au niveau qu’ils ont atteint aujourd’hui afin de faire
repartir l’économie mondiale.
Enfin, dans tous ces domaines, nous allons continuer à travailler très
étroitement avec nos amis allemands. J’ai eu le plaisir de recevoir à Paris
vendredi mon homologue Lars Klingbeil, le nouveau vice-chancelier allemand.
Nous nous voyons à nouveau ce soir et nous allons travailler ensemble avec tous
nos collègues de l’Union européenne afin de mettre en place très activement un
agenda de compétitivité et de souveraineté.
> L’esprit du multilatéralisme français, c’est de parler à tous pour ne dépendre exclusivement de personne. Dans un monde de plus en plus incertain, les partenariats solides comptent. Avec les Émirats arabes unis, nous construisons une coopération politique et économique, basée sur de multiples coopérations, notamment dans l’intelligence artificielle, l’équipement ou la culture.
Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> Renseigner pour protéger. Depuis 153 ans, les agents de la Direction
du Renseignement et de la Sécurité de la Défense et leurs prédécesseurs
protègent nos armées et nos entreprises de défense. De l’espionnage, de la
subversion, du sabotage, du vol de données et de technologies. Alors que le
contexte international se durcit, leur mission de contre-ingérence est plus que
jamais essentielle. C’est pourquoi la loi de programmation militaire 2024-2030
prévoit le doublement du budget de la DRSD. Symbole de cet investissement
initié en 2017, nous inaugurons aujourd’hui le nouveau bâtiment de leur siège
du fort de Vanves.
Marie Barsacq (ministre des Sports, de la Jeunesse et de
la Vie associative)
> [Conseil européen jeunesse] Les
enjeux qui sont à l’ordre du jour sont extrêmement importants. Le premier
autour de la jeunesse, évidemment, avec le pacte d’engagement pour les jeunes.
C’est vraiment un moment important pour soutenir les initiatives des jeunes,
pour notamment les encourager à participer à la gouvernance de l’Union
européenne pour qu’ils sentent ce sentiment d’appartenance à l’Union. Et puis
qu’ils se sentent aussi responsables de l’avenir de l’Union européenne. Et donc
c’est notre responsabilité de mieux les associer au décisionnel de la
Commission européenne. Donc ce moment-là est très important.
Le deuxième enjeu, c’est évidemment de travailler aussi pour lutter
contre les manipulations en ligne et la désinformation auprès des jeunes. Ces
enjeux-là sont extrêmement importants. On doit aussi renforcer et soutenir les
initiatives qui sont prises en ce sens puisqu’aujourd’hui on voit qu’à travers
toute l’Europe, c’est un sujet commun et sur lequel il va falloir être
volontariste.
Yannick Neuder (ministre délégué auprès de la ministre du
Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la Santé et
de l’Accès aux soins)
> Aux côtés d’Aurore Bergé, pour la remise du rapport de la députée
Sandrine Josso et de la sénatrice Véronique Guillotin sur la soumission
chimique. Ce rapport met en lumière une réalité insidieuse et trop souvent
ignorée qui appelle une réponse claire coordonnée et déterminée pour améliorer
la prévention et l’accompagnement des victimes. Pour mieux protéger les
victimes, nous lancerons prochainement une expérimentation inédite dans trois
régions, telle que votée dans le PLFSS 2025 : elle permettra de rembourser,
sans dépôt de plainte, les analyses capables de détecter ces substances dans le
sang, les urines et les cheveux. C’est une avancée concrète, attendue, pour ne
plus laisser ces violences sans réponse.
> Je veux avoir une pensée pour le sapeur-pompier volontaire grièvement blessé samedi à Évian-les-Bains, et pour ceux agressés dimanche soir à Saint-Cergues, en Haute-Savoie. Je condamne avec la plus grande fermeté ces violences inacceptables. Je veux aussi exprimer tout mon soutien aux victimes et à leurs proches. Avec le Gouvernement, je suis pleinement engagé pour ne laisser aucun répit à ceux qui s’en prennent à ceux qui nous protègent, viennent à notre secours et prennent soin de nous.
> Le 12 mai est la Journée internationale des infirmières et infirmiers. Cette journée est un appel à la reconnaissance réelle, concrète, durable et politique de leur place dans notre système de santé. Dans les services hospitaliers comme en ville, dans l’urgence comme dans la prévention, les infirmières et les infirmiers tiennent ensemble le fil du soin : celui qui relie la technique, l’écoute, l’engagement, et le lien humain. Cette année, après deux ans de travail de fond avec les professionnels, leurs représentants et les équipes de mon ministère, le Parlement a adopté en séance une proposition de loi qui engage une transformation profonde du métier infirmier. C’est une étape fondatrice. Demain, elle devra être suivie d’une refonte de la formation, d’un accompagnement des pratiques, et d’un déploiement structuré sur le terrain. Reconnaître les infirmiers, c’est leur donner les moyens d’agir en reconnaissant, sans ambiguïté, leur rôle indispensable dans la coordination des soins, dans les parcours complexes, dans la prévention, dans l’innovation. C’est les inscrire au cœur d’un collectif professionnel exigeant, complémentaire et solidaire. Ce 12 mai, je réaffirme mon engagement à leurs côtés.
Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] A Londres avec nos partenaires,
nous avons porté un message clair : nous devons continuer de soutenir l’Ukraine
et agir ensemble pour la sécurité des Européens. Notre sécurité en dépend.
Notre unité est notre force.
Dans le prolongement de la déclaration faite ce week-end à Kiev par les
dirigeants français, britannique, allemand, polonais et ukrainien, nous avons
réaffirmé notre soutien durable à l’Ukraine :
- nécessité d’un cessez le feu complet de 30 jours, sans condition, pour
permettre la négociation;
- maintenir la pression sur la Russie;
- assurer des garanties de sécurité à l’Ukraine;
- poursuivre notre soutien, notamment militaire.
L’Ukraine a accepté il y a un mois un cessez-le-feu complet. La Russie continue
de bombarder les civils ukrainiens. Le cessez-le-feu proposé samedi est
nécessaire pour discuter et permettre la paix. Nous attendons une réponse
claire. Si la Russie continue de se dérober, des sanctions massives seront
adoptées.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée] Depuis
six ans, je porte le combat pour la fin de vie. Malgré les débats interrompus,
les échecs, les occasions manquées, je n’ai jamais cessé d’agir pour remettre
ce sujet à l’agenda parlementaire. Ce combat a payé puisque ce débat reprend
enfin aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Le moment est venu pour le Parlement
de se prononcer. Ce texte touche à l’intime, à l’éthique, à ce que chacun a de
plus personnel. Mais il mérite un débat à la hauteur : respectueux, digne,
courageux. C’est ce que le sujet exige. Et c’est ce que les Français attendent.
Depuis le perchoir, je veillerai à ce que notre Assemblée soit à la hauteur de
ce moment démocratique et humain.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, secrétaire
général de Renaissance, président du groupe Ensemble pour la république à
l’Assemblée nationale)
> Niccolo Scardi, père de famille, pompier volontaire en Haute-Savoie,
s'est interposé pour mettre fin à un rodéo urbain. Percuté par un voyou, il est
aujourd’hui entre la vie et la mort. Je pense à lui, à ses proches. Je pense à
tous les pompiers de France à qui je renouvelle mon soutien. L'émotion et la
colère qui les traversent sont partagées par tout le pays. Merci aux forces de
l'ordre pour l'interpellation rapide du responsable de cet acte abject.
Annie Vidal (députée)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée] Accompagner
une personne en fin de vie, c’est lui reconnaître sa valeur, même dans la
fragilité, même dans la souffrance, et lui dire qu’elle compte. C’est un acte
de solidarité, et d’humanité. Il ne s’agit pas seulement de soigner, il s’agit
d’accompagner la vie jusqu’à son terme de considérer, d’écouter et d’entourer
une personne dans l’ultime étape de son parcours, qui – je le crois – est un des moments les plus
importants de sa vie : un
moment où se mêlent les contradictions, les
questionnements, voire les angoisses, la vulnérabilité et, parfois, la vérité
de toute une vie !
Pourtant, aujourd’hui encore, trop de malades – 48 % d’entre eux – n’ont pas
accès à un tel accompagnement. Trop de familles vivent ces derniers
moments dans l’angoisse et le désarroi, parfois dans l’isolement. À ce jour, près
de vingt départements ne
disposent pas d’unités de soins palliatifs (USP) et l’accès à ces services
reste inégal selon les
territoires, bien qu’il s’agisse d’un droit fondamental, inscrit dans la loi du 9 juin 1999.
L’enjeu sociétal des soins palliatifs ne se résume pas à l’exercice d’une
spécialité : il s’agit au contraire de reconfigurer le rapport à la mort,
à la maladie, au malade et à son entourage, au terme d’une transition aussi
nécessaire à celui qui meure qu’à celles et ceux qui vont continuer à vivre.
Pour toutes ces raisons, je me suis engagée pour ce que chaque personne dont
l’état de santé le requiert puisse avoir effectivement accès à l’accompagnement
et aux soins palliatifs.
Avant de dire quelques mots du contenu de la proposition de loi que mon
collègue François Gernigon et moi-même rapportons, je tiens à rappeler qu’elle
est soutenue par une ambitieuse et dynamique stratégie décennale présentée par
le gouvernement, qui prévoit d’allouer 1,1 milliard d’euros, soit
66 % de budget supplémentaire, aux soins palliatifs. Cela permettra, entre
autres, de créer des unités de soins palliatifs dans les départements qui en
sont dépourvus. Ainsi, trois départements ont été dotés d’une USP en 2024, six
le seront d’ici la fin de cette année et quatre autres d’ici fin 2026.
Permettez-moi de le souligner du haut de cette tribune : les USP sont de
véritables lieux de vie, où les mots « accompagnement » et
« soins » vont de pair, tout comme l’engagement médical et
sociétal ; les professionnels – que je veux saluer ici –, y travaillent avec empathie et humanité, en associant les proches et des bénévoles.
À la relecture de la présente proposition de loi, issue du titre Ier
du projet de loi de 2024 tel qu’amendé lors de nos précédents débats, il m’est
apparu nécessaire d’en améliorer la rédaction ; j’ai donc déposé des
amendements en ce sens en commission et en séance publique.
En commission, dès l’article premier et à mon initiative, nous avons renforcé
l’assise législative des soins palliatifs en l’adossant à la définition de
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), connue et reconnue, tout en y
ajoutant la notion plus large d’accompagnement, proposée dans le rapport dirigé
par Franck Chauvin. Ajouter la mention de l’accompagnement à celle des
soins palliatifs permet de reconnaître toute l’importance de ces deux
dimensions du soin.
Les articles 1 à 9 et l’article 14 du texte prévoyaient déjà la
création d’organisations territoriales dédiées, un droit opposable à
l’accompagnement et aux soins palliatifs assorti de voies de recours, une
évaluation de la stratégie décennale, une loi de programmation pluriannuelle,
des formations renforcées ou encore un plan personnalisé d’accompagnement. À
l’issue des travaux en commission, ils prévoient en outre la tenue d’un débat
annuel au Parlement, des formations supplémentaires et la création d’indicateurs
pour évaluer la stratégie décennale.
Certains sujets transcendent les clivages et les intérêts partisans.
L’accompagnement et les soins palliatifs en font partie, car ils touchent à ce
qu’il y a de plus fondamental : la dignité humaine. À travers ces
questions de l’accompagnement de la fin de vie, de la mort, de la protection
des plus fragiles, se pose au fond la question de la société que nous voulons.
Si notre objectif commun est de garantir à toutes et tous à une fin de vie
apaisée et accompagnée, notre politique doit aussi refléter notre volonté
commune de construire une société humaine et solidaire, qui ne laisse personne
seul face à la mort. Tels sont ma conviction la plus profonde et l’enjeu de
cette proposition de loi.
Chers collègues, je vous invite à voter massivement en faveur de cette
proposition de loi à l’issue de nos débats. Nous l’avons adoptée à l’unanimité
en commission, fixons-nous ce même objectif en pensant à celles et ceux qui
grâce à nous pourront approcher de leur mort et mourir le plus sereinement
possible ! Je vous remercie pour eux.
Brigitte Liso (députée)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée] Alors
que nous allons étudier un texte qui porte l’espoir de millions de Français, il
nous faudra répondre à l’attente d’une société qui regarde la fin de vie avec
lucidité, courage et espoir. Dans le prolongement des lois fondatrices qui ont
permis de lutter contre l’acharnement thérapeutique et de mieux prendre en
considération la volonté des malades, nous devons une réponse claire à ces
derniers. Les conclusions du Conseil économique, social et environnemental
(Cese) sont sans équivoque : plus de 75 % des citoyens se déclarent
favorables à la possibilité, dans des conditions strictes, de recourir à une
aide à mourir. Ce chiffre ne peut pas rester sans écho dans notre hémicycle.
Lorsqu’une telle majorité de nos concitoyens s’exprime avec clarté, notre
responsabilité, en tant que législateurs, est d’écouter et d’agir. Je pense à
ces hommes, à ces femmes, à leurs familles et à leurs soignants parfois
désarmés : nous ne pouvons plus détourner le regard et esquiver nos
responsabilités. Ce texte n’est pas un recul ; c’est au contraire une
avancée pour une société qui, s’agissant des derniers instants, choisit encore
l’humanité.
C’est le sens des quatre premiers articles du texte, dont je suis la
rapporteure. L’article 1er, inchangé en commission, adapte le
code de la santé publique en modifiant le titre du chapitre Ier du
titre Ier du livre Ier de sa première partie,
pour y intégrer pleinement la fin de vie. L’article 2 introduit la
définition de l’aide à mourir. L’article 3, également inchangé en
commission, précise que le droit « d’avoir une fin de vie digne et
accompagnée du meilleur apaisement possible de la souffrance », reconnu
par le code de la santé publique, comprend celui d’accéder à l’aide à mourir.
Enfin, l’article 4 fixe les conditions strictes et précises qui
encadreront l’exercice de ce nouveau droit.
Cet article 4 pose cinq conditions cumulatives qui doivent être remplies
pour accéder à l’aide à mourir. Ce sont des conditions cumulatives car notre
volonté est claire : poser un cadre rigoureux, éviter toute dérive et
surtout garantir le respect absolu de la volonté libre et éclairée de la
personne.
Pour avoir accès à ce droit, il faut donc être âgé d’au moins 18 ans, être
de nationalité française ou résider de façon stable et régulière en France,
être atteint d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause,
engageant le pronostic vital en phase avancée ou terminale, présenter une
souffrance physique ou psychologique, réfractaire ou insupportable, liée à
cette affection, et enfin – et surtout –
être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée.
Dans son avis du 6 mai 2025, la HAS précise qu’« il n’existe pas de
consensus médical sur la définition du pronostic vital engagé à moyen terme, ni
sur la notion de phase avancée » : pour définir cette dernière, qui
n’est pas une donnée temporelle, il faut s’appuyer sur une logique plus large
« d’anticipation », reposant elle-même sur un processus continu de
discussion, sur une approche pluridisciplinaire et sur une attention
individuelle portée à la personne et à sa souffrance.
Les dispositions de la présente proposition de loi s’inscrivent parfaitement
dans une telle logique. Tout au long des travaux en commission, j’ai défendu
une position d’équilibre, car il ne s’agit en aucun cas de banaliser la mort et
encore moins de fragiliser notre modèle de soins. Il s’agit d’ouvrir, dans des
circonstances exceptionnelles, une voie d’apaisement qui est l’issue d’un choix
strictement encadré, profondément accompagné et mûrement réfléchi, un choix de
liberté dans les ultimes instants.
Alors, parce que l’on ne choisit pas ses douleurs physiques ni ses souffrances
psychiques, on doit pouvoir choisir d’être aidé et accompagné pour y mettre
fin, si on le souhaite. Je ne doute pas que cette partie du texte fera une
nouvelle fois l’objet de débats très nourris, certains souhaitant étendre
l’aide à mourir quand d’autres voudraient au contraire en restreindre la
portée. Néanmoins, je forme le vœu que nos discussions soient à la hauteur de
l’exigence de dignité dont nous mesurons toutes et tous l’importance, quelles
que soient nos convictions respectives.
C’est ainsi que je suis très honorée de pouvoir défendre ce texte avec mes
collègues rapporteurs Laurent Panifous, Stéphane Delautrette et Élise
Leboucher, sans oublier bien sûr le rapporteur général Olivier Falorni, que je
remercie infiniment pour son engagement de longue date. Ensemble, nous avons
bâti un texte d’équilibre, porteur d’une ambition forte : permettre à
chacun de choisir sa fin de vie avec dignité. J’espère que nos débats en séance
permettront de répondre enfin à l’attente de tant de Français.
Nicole Dubré-Chirat (députée)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée]
Il y a près d’un an, nous débutions l’examen du projet de loi relatif à
l’accompagnement des malades et de la fin de vie. Nous n’avions pas pu aller à
son terme en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale. On ne peut donc
que se féliciter que le débat reprenne sur ce sujet fondamental. Celui-ci est
d’ailleurs largement plébiscité par les Français : d’après les dernières
enquêtes d’opinion, ils sont 80 % à 90 % à souhaiter une évolution
législative concernant l’aide à mourir. La même tendance se retrouve chez les
médecins : d’après un sondage Ifop publié hier, 74 % d’entre eux sont
favorables à l’aide à mourir.
La proposition de loi sur la fin de vie s’inscrit dans la continuité et la
complémentarité de la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux
soins palliatifs. Elle est défendue par notre collègue Olivier Falorni, dont je
veux saluer l’engagement depuis une quinzaine années sur ce sujet !
Je veux également remercier les corapporteurs Brigitte Liso, Élise Leboucher,
Stéphane Delautrette et Laurent Panifous pour leur travail.
Ce texte est la traduction concrète des travaux menés depuis longtemps sur
cette question intime et complexe. La Convention citoyenne sur la fin de vie,
le groupe d’études dédié à cette question, la commission spéciale qui s’est
tenue l’année dernière à l’Assemblée nationale ou encore le Comité consultatif
national d’éthique – je pense à
son avis 139 – ont, grâce à leurs propositions, permis d’aboutir à un texte solide,
renforcé et équilibré qui institue une aide à mourir.
Il s’agit avant tout d’un nouveau droit : il n’enlève rien à
personne ; il offre une possibilité, une réponse à la demande du patient,
dont l’éventuelle mise en œuvre est conditionnée par un choix qui lui
appartiendra et que nous n’avons pas à juger.
L’aide à mourir s’inscrit dans un cadre juridique précis, reposant sur des
conditions rigoureuses et cumulatives, prévues par l’article 4, ainsi que
sur une procédure très encadrée, qui fait l’objet des articles 5 à 13. Ce
texte s’adresse à des patients atteints d’une maladie grave et incurable sans
possibilité de traitement. Il exclut à juste titre l’éligibilité des personnes
atteintes d’une maladie psychiatrique ainsi que les mineurs. Le patient qui
fera sa demande d’aide à mourir devra pouvoir manifester sa volonté de façon
libre, éclairée et réitérée. J’appelle votre attention sur le fait que cette
dernière condition ne permettra pas aux personnes dans l’incapacité d’exprimer
leur demande d’accéder à l’aide à mourir, par exemple si elles souffrent d’une
maladie neurodégénérative.
Nous examinerons plusieurs amendements relatifs à une éventuelle anticipation
de l’aide à mourir ; il y a là un vrai débat. Je défendrai ainsi un
amendement permettant la création d’une demande anticipée d’aide à mourir,
laquelle me semble particulièrement utile pour certains patients qui se
trouveraient sinon hors du champ d’application du texte. Ce dispositif est
inspiré du modèle québécois où, depuis octobre 2024, la demande anticipée
permet à un patient, sous certaines conditions, de recevoir l’aide médicale à
mourir même s’il n’est plus en mesure de consentir à ce moment-là.
Les débats en commission des affaires sociales – près de
soixante-quinze heures sur neuf jours ! – ont été respectueux
des positions de chacun et ont permis l’introduction
de plusieurs dispositions pertinentes, sur lesquelles il me semble important de
revenir.
Ainsi, le périmètre de l’affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause,
élément indispensable pour être éligible à l’aide à mourir, a été précisé afin
de ne pas exclure les patients souffrant d’une affection d’origine
accidentelle.
De plus, la personne éligible qui souhaite recourir à l’aide à mourir disposera
de la faculté de choisir entre une autoadministration du produit létal et une
administration par un tiers : il est en effet essentiel de laisser le
choix au patient des modalités de réalisation d’un tel acte.
Nous avons également précisé qu’un patient dont la mort résulte d’une aide à
mourir est réputé décédé de mort naturelle afin d’épargner à la famille du
défunt d’éventuelles difficultés liées aux engagements contractuels souscrits
de son vivant.
J’insiste sur un point très important : le droit de recourir à l’aide à
mourir est un double choix. En effet, le texte donne le choix au malade, dans
le respect de la dignité de la personne, mais aussi le choix aux soignants de
participer ou non à ce dispositif, dans le respect de leurs convictions,
puisqu’il prévoit une clause de conscience à l’article 14.
Après autant d’attente, il est temps pour la représentation nationale de se
prononcer sur ce sujet d’importance. Je crois qu’il est de notre devoir de
répondre à la demande exprimée depuis des années par des malades, par des
associations qui les représentent et par des soignants. Le droit français doit
permettre à chacun et à chacune une fin de vie libre et choisie, dans les
conditions les plus dignes, lorsque la maladie ou la douleur n’est plus
supportable et qu’aucun traitement n’est efficace. Mais le droit français doit
aussi assurer la protection des soignants – que je salue pour le travail qu’ils assurent.
Si j’appelle à titre personnel à faire évoluer favorablement notre cadre législatif, le groupe Ensemble pour la République laissera une liberté de vote sur l’ensemble
du texte, au nom du respect des valeurs de chacun de ses membres.
● MoDem
Marc Fesneau (président du groupe à l’Assemblée nationale))
> Nous sommes dans une situation fragile à l'Assemblée nationale. Il y a une difficulté assez profonde à poser des débats d’abord et à trouver des solutions au travers des projets de loi. Il faut regarder cette situation politique avec à la fois modestie et en même temps avec une détermination.
> Nous sommes face à des déflagrations mondiales qui ont des effets très importants, une situation budgétaire qui est très difficile et un pays qui est singulièrement fracturé.
> Tous ceux qui exercent le pouvoir finissent par avoir en tête cette maxime : «les emmerdes, ça vole toujours en escadrille».
> On a tendance un peu dans la vie politique à oublier les faits tels qu’ils se sont déroulés. Un mois de décembre sans budget, la réforme des retraites en cours, la préparation du budget 2026.
> Bayrou a ouvert le champ avec des solutions qui manifestement prennent (…) autour des questions de santé, au sujet des questions d’enseignement.
> Le temps politique - je suis un élu local, je suis un élu national - il nécessite un peu de temps et donc je comprends les impatiences.
> Les Français ont envie d'être consultés sur des
sujets qui soient des sujets de moyen long terme et des sujets solides puisque arrivent
en tête les questions budgétaires, les questions de retraite -qui sont
d'ailleurs d’une certaine façon liée-, les questions d'immigration.
C'est intéressant qu'on puisse ressaisir les Français de questions qui parfois
ont été trop longtemps pendantes au débat.
> [Affaire Bétharram] C’est un dysfonctionnement majeur
qui a fait qu’aucun ministre de l’Éducation nationale, aucun ministre de la
Justice ne s’est dit qu’on a un problème structurel. On a dans plein
d’établissements soit le recours à la violence éducative ordinaire, soit des
violences sexuelles qui relèvent pour le coup déjà du pénal. (…)
Il y a bien une question qui doit être posée collectivement d’un truc qui nous
a échappé. (...)
Il ne faut pas se défausser de la responsabilité collective que nous avons.
> [Projet de loi sur la fin de vie] On ne peut pas avoir
une discipline de groupe sur des sujets qui renvoient à sa conscience, à son
histoire, à ce qu'on a pu vivre les uns et les autres. (…)
Sur la partie «fin de vie», je demande à voir. (...) Je ne veux juste pas qu’on
ouvre une porte sur quelque chose qui irait beaucoup plus loin. (…)
Attention à ce que les plus fragiles n’aient pas le sentiment qu’au fond, ils
délesteraient la société d’un poids en acceptant de mettre fin d’une certaine
façon à leur vie. (…)
Quand on voit la loi Leonetti-Claeys, l’intelligence des parlementaires, il ne
faut jamais en désespérer.
Sandrine Josso (députée)
> [Soumission chimique] La menace, elle est dans notre sphère
privée. On pensait que ça arrivait plutôt dans les soirées, boîtes de nuit.
Alors que dans 82% des cas, ça arrive dans la sphère privée, amicale, familiale
à des fins nombreuses d'agressions, de viols, d'incestes. (…)
Ce que j’ai appris au fil du temps, c’est que la menace ne vient pas
d’ailleurs, elle est dans notre sphère privée [82 % des cas de soumission
chimique ont lieu dans un cadre amical, familial ou intime]. (…)
Plus j'ai avancé sur le sujet, plus j'ai découvert l'enfer du décor et l'envers
du décor. (…)
Le regard de la société a changé, mais la bataille aujourd’hui, c’est celle de
la preuve. (…) Il faut agir dans les heures qui suivent. Le prélèvement de sang
ou d’urine doit être rapide, sinon la preuve disparaît. (…) C'est pour ça que
moi j'ai qu'une obsession dans ce rapport, c'est de faciliter l'accessibilité à
la preuve et aussi le traitement judiciaire. (…) Il faut un fléchage précis
vers les laboratoires certifiés. Tout le monde ne peut pas expertiser un cas de
soumission chimique.(…)
On ne peut pas demander à une victime sidérée d’aller porter plainte
immédiatement. Mais quand elles voient les résultats, elles trouvent souvent la
force. Il faut encourager la démarche en tout point. (…)
L’impunité des prédateurs ne doit plus perdurer
Olivier Falorni (député)
> [Projet de loi sur la fin de vie / Intervention à l’Assemblée] Il n’y
a rien de plus beau que la vie et l’aimer comme je l’aime, c’est vouloir
qu’elle soit la plus belle possible, jusqu’à sa fin.
Il n’y a rien de plus beau que la vie, mais il y a parfois pire que la mort.
Oui, il y a encore pire que la mort, quand la vie est devenue une inexorable
agonie. Oui, il y a pire que la mort quand la vie n’est plus qu’un océan de
souffrances que rien ne peut apaiser. Oui, il y a pire que la mort, quand la
vie est devenue une survie hurlante, avec pour seule espérance celle de
l’ultime délivrance.
Qui parmi nous n’a jamais été confronté, dans sa vie, à cette question
existentielle ? Que veut dire « vivre » quand vivre n’est plus
que souffrir, sans espoir de guérison ? Cette question, nous ne devons pas
l’occulter. Au contraire, nous devons l’aborder avec respect et humilité :
le respect d’écouter les malades et de ne pas s’arroger le pouvoir de décider
pour eux ; l’humilité de ne pas prétendre détenir la vérité et d’avoir des
convictions mais pas de certitudes – certitudes qui se fracassent d’ailleurs parfois sur la réalité d’expériences personnelles et
douloureuses, susceptibles de bouleverser les points de vue sur la fin de vie.
Au fil des ans et des lois, depuis 1999 jusqu’à 2016, deux droits essentiels
ont été conquis : le droit de ne pas souffrir, puisque nous avons obtenu
que la souffrance ne soit plus considérée comme inévitable ni – encore moins – nécessaire ;
et le droit de ne pas subir, puisqu’il
est désormais possible de dire
non à l’acharnement thérapeutique,
de dire stop à l’obstination déraisonnable. Ce qui semble aujourd’hui évident ne l’était pas il n’y a pas si longtemps.
Notre devoir est donc de faire de ces droits une réalité, partout et pour tous.
Cela passe par le renforcement et le développement massif des soins palliatifs,
qui constituent notre réponse principale. Mais malgré leur professionnalisme et
leur dévouement, les soignants, dans certaines circonstances – c’est le lot de toute médecine
humaine –, peuvent se
retrouver démunis face à des souffrances réfractaires ou insupportables. C’est pour cela que le texte relatif à la fin de vie propose un ultime
recours, celui d’une aide à mourir destinée à des malades condamnés par la
maladie mais qui ne veulent pas être condamnés à l’agonie.
Une réponse principale, donc, et un ultime recours : deux propositions de
loi qui, loin de s’opposer, se complètent. C’est sur cette conviction que
repose le texte relatif au droit à l’aide à mourir, dont j’ai l’honneur d’être
le rapporteur général. C’est un texte qui a été largement adopté en commission,
par les deux tiers des députés ; un texte solide et équilibré, solide car
équilibré – et
je veillerai, en faisant preuve de responsabilité, à ce qu’il le reste ; un texte, enfin, qui respecte nos valeurs républicaines.
Oui, c’est une loi de liberté, la liberté de disposer de sa mort, à l’image de
la liberté de disposer de son corps que nous avons sanctuarisée dans notre
Constitution. Oui, c’est une loi d’égalité, qui permettra de ne plus avoir à
s’en remettre à la clandestinité ou à l’exil pour éteindre la lumière de son
existence. Oui, c’est une loi de fraternité, la fraternité d’accompagner
chacune et chacun jusqu’au bout du chemin, conformément à ses choix et à sa
volonté.
Alors, à l’orée de nos débats, je forme un vœu double : d’abord que nous
sachions collectivement nous montrer à la hauteur de l’exigence de respect et
de dignité qui s’impose à nous tous, comme cela a été le cas en
commission ; et ensuite que la représentation nationale soit à l’unisson
de la nation, d’une immense majorité de Françaises et de Français qui aspirent
à pouvoir mourir comme ils ont vécu, en voyant leur volonté, leur dignité et
leur liberté respectées.
► Autres
● Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie
industrielle)
> Les garanties financières de Invest
EU ont prouvé leur efficacité pour dé-risquer & mobiliser l’investissement
privé. Cela doit être un élément clé du prochain fonds de compétitivité, qui
permettra de financer la politique industrielle de l’Europe.
> Chimie, mère de toutes les industries. Aujourd’hui nous avons réuni les principaux acteurs de la chimie. D’ici l’été, nous présenterons un plan d’action sectoriel avec des mesures spécifiques pour redresser la compétitivité de ce secteur clé de l’économie européenne.
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Il y a deux leviers pour faire
pression sur Vladimir Poutine :
- Les sanctions, qui fonctionnent.
Et la clé c'est d'avoir une stratégie commune avec les Américains pour les
renforcer.
- L'accélération du soutien à l'économie de guerre ukrainienne.
> La fake news autour du mouchoir du président de la République est consternante. Mais on connaît la stratégie des Russes et de leurs relais contre la France : la désinformation sur les réseaux sociaux, les menaces hybrides, les cyberattaques. Cela témoigne de la fébrilité de la part de Vladimir Poutine.
> C'est un des faits majeurs des derniers jours : les Européens ont réussi à ramener Donald Trump dans le camp de l'Ukraine.
> Mon « tort » selon Marion Maréchal, André Bercoff et d’autres relais de l’extrême droite française ? Organiser une réunion de soutien au candidat roumain Renew Europe, Nicusor Dan. Je leur suggère de revoir leur définition de l’ingérence. Oui, j’assume de soutenir un candidat pro-européen car nous avons besoin d’une Roumanie pro-européenne. Eux assument de soutenir un candidat pro-Poutine. Cela ne surprendra personne.
Bernard Guetta (député)
> Tout laisse craindre que Vladimir Poutine ne veuille rien négocier. Il
doit donc savoir que les démocraties européennes sont non seulement prêtes,
s’il le fallait, à prendre de nouvelles sanctions mais également à très
significativement augmenter leur aide à l’Ukraine, avec ou sans les Etats-Unis.
> [Opinion: It’s Time] Mais quoi, lui ai-je
demandé ? Vous voudriez tous les tuer ? Mon voisin de terrasse a
blêmi : « Mais non ! Je ne veux tuer personne », s’est-il
indigné alors même qu’il venait de m’expliquer, navré, sans haine, mais c’est
ainsi, qu’Israël, non, ne pouvait pas cesser de bombarder Gaza car il fallait
éradiquer le Hamas avant qu’il ne reprenne la main et ne réenclenche le cycle
des guerres.
En fait, il était perdu. Ce qu’il aurait voulu c’est que le plus grand nombre
possible de Gazaouis partent d’eux-mêmes, en Egypte, en Europe, dans le Golfe,
n’importe où mais ne restent pas puisqu’ils avaient tous applaudi le 7 octobre,
chanté, dansé de joie, « regardez les photos, qu’est-ce qu’on peut faire
avec ces gens-là ? ». Il a fini par dire « avec ces animaux »
avant de regretter ce mot. Il lui faisait honte mais il savait que les Gazaouis
resteraient à Gaza et il en était complètement retourné, perdu comme le sont
presque tous les Israéliens, sauf l’extrême-droite nationale-religieuse.
A la droite de Benjamin Netanyahou, tout est simple. Il faut que quelque 10%
des Gazaouis s’en aillent, « c’est possible », en Amérique latine par
exemple, que des colons viennent rebâtir les fermes détruites après le retrait
israélien d’il y a 20 ans et que les Gazaouis restants y travaillent « pour
le bien commun ». Vraiment ? Vous croyez à ce que vous dîtes ?
Oui, absolument, ils le croient, car « les Arabes ne comprennent que la
force et si nous ne cédons pas, la paix reviendra comme après 67 », comme
après la Guerre des 6 Jours, la défaite arabe et l’occupation des territoires
palestiniens.
Le seule chose qui fasse vaciller les certitudes des nationaux-religieux est le
nom de Trump. Avant même qu’on ne sache que le président américain allait
rencontrer les présidents palestinien, libanais et syrien à Ryhad,
l’extrême-droite s’inquiétait déjà que la Maison-Blanche ne veuille signer,
derrière le dos des Israéliens, un compromis avec l’Iran après en avoir conclu
un avec les Houthis.
Quoi qu’elle en dise, le doute gagne aussi l’extrême-droite et de l’autre côté
de l’échiquier politique, au centre, à gauche et au centre-droit, la confusion
est encore profonde. Ancien patron du renseignement intérieur et partisan de
longue date de la solution à 2 Etats, l’amiral Ayalon ne croit pas que cette
coalition des droites dure et extrême puisse durer jusqu’aux élections
d’octobre 2026. Comme beaucoup, il pense que Netanyahou n’arrivera pas à
arbitrer entre ses propres électeurs et les nationaux-religieux sur la question
de l’exemption de service militaire des ultra-orthodoxes. Cela va déchirer les
droites, dit-il, mais il n’est pour autant pas confiant en la capacité de
l’opposition à prendre la relève.
Là non plus, il n’est pas le seul car les démocrates israéliens, tous ceux qui
veulent à la fois défendre la démocratie, arrêter les bombardements et relancer
des négociations de paix avec les Palestiniens souffrent d’un double mal :
la même usure politique que toutes les gauches du monde et une incapacité à
convaincre une solide majorité d’Israéliens qu’un compromis historique avec les
Palestiniens serait encore possible.
Le 7 octobre a été ravageur. Cette tuerie a tant horrifié ce pays qu’il veut
tout à la fois obtenir la libération des otages, à tout prix, et ne rien céder
au Hamas dont dépend pourtant la fin de ce calvaire.
Quant aux Palestinien, leur désarroi est tout aussi profond car leur désir de
paix est aussi total que leur manque de leaders capables d’en retrouver le
chemin.
Alors samedi, à Jérusalem, lors de ce forum pour la paix où je représentais
l’Intergroupe du Parlement européen pour la solution à 2 Etats, deux choses
frappaient. La première est le nombre d’organisations de toute sorte réunissant
des Israéliens et des Palestiniens autour d’une même volonté de coexistence.
Les jeunes Israéliens n’ont plus rien à voir avec les pionniers d’hier,
rescapés des pogroms et de la Shoah. Ce sont des enfants de ce siècle qui
veulent, pas tous mais beaucoup, trouver les moyens de vivre en paix dans ce
qui est leur pays de naissance.
Les jeunes Palestiniens, pas tous mais beaucoup, ceux d’Israël en tout cas, ont
fait leurs études et grandi avec eux dans ce même pays et aspirent – devinez
quoi – à une vie normale pour leurs enfants et eux-mêmes aux côtés, forcément,
des jeunes Israéliens.
C’est ce qui s’entendait avec une force bouleversante dans ce forum qui
proclamait « It’s time ». Il y avait là beaucoup de vieux dirigeants
politiques, arabes et juifs, en âge de passer le relais. Une nouvelle
génération et de nouvelles figures émergent, très fortes, mais l’autre chose
qui frappait est que ces jeunes hommes et femmes sont encore impuissants.
Aux tonnerres d’applaudissements recueillis par Emmanuel Macron et la cheffe de
la diplomatie européenne, Kaja Kallas, venus apporter leur soutien sur écran,
on sentait à quel point Israéliens et Palestiniens attendent de l’Europe et des
Etats-Unis qu’ils imposent la paix car ils n’ont pas les moyens de la sceller à
eux seuls.
J’ai assuré que le Parlement européen y pousserait. J’ai promis que la France
reconnaitrait la Palestine. J’ai dit mon espoir qu’elle ne le ferait pas seule.
Peut-être me suis-je trop avancé mais je l’ai fait car it’s time : il est
temps.
● Personnalités
centristes
Clément Beaune (haut-commissaire au
Plan)
> [Editorial à une note du plan «Lutter contre les stéréotypes
filles-garçons»: «Stéréotypes femmes-hommes :un retour en arrière préoccupant
chez les jeunes, un combat à amplifier»]
Clichés persistants, presque anodins ou insurmontables ? Pourquoi s’intéresser
aux stéréotypes de genre, dix ans après un rapport de France Stratégie sur la
même question?
Parce que la volonté de faire reculer ces stéréotypes nécessite durée, suivi et
constance, qui manquent parfois dans nos politiques publiques. Parce que,
surtout, l’on voit poindre des signaux alarmants, d’une remise en cause brutale
des politiques d’égalité aux États-Unis à une jeunesse en réaction ‑ pour
laquelle l’égalité filles-garçons n’a rien d’évident… Enfin, parce que la lutte
contre les stéréotypes n’est pas la cerise sur le gâteau ‑ de l’égalité entre les
sexes, mais son socle : ces représentations dans les têtes nourrissent les
inégalités dans les faits, les discriminations, voire les violences sexuelles
ou sexistes. C’est un continuum, un esprit d’égalité qu’il faut bâtir, dès la
petite enfance.
Cette nouvelle étude est très ambitieuse et originale. Elle s’appuie sur des
données détaillées, une enquête inédite auprès des plus jeunes, un groupe de
travail large et des consultations multiples, ainsi que sur une analyse de très
nombreux champs – la famille et la garde d’enfants, l’école, l’orientation
scolaire et professionnelle, la culture et le sport, la santé et, nouveauté essentielle,
les réseaux sociaux.
On peut en tirer quatre enseignements clés.
D’abord, les stéréotypes de genre reculent sur longue période. En France, la
part de la population adhérant à l’idée que les femmes devraient rester à la
maison ‑ a ainsi été divisée par deux entre 2000 et 2014 (de 44 % à 22 %). Et
notre pays se situe parmi les moins stéréotypés ‑, sur le podium européen
derrière la Suède et l’Islande (European Values Study de 2017). Mais la baisse
ralentit… Depuis le milieu des années 2010, une stagnation s’observe, sans doute
en partie parce que l’on touche au socle le plus difficile à éroder des
stéréotypes dans la population. Ainsi, en 2022, un quart des Français continue
d’adhérer fortement ou modérément aux stéréotypes de genre, avec un écart
significatif entre femmes et hommes.
Quel bilan de la décennie, quelles priorités d’ici 2030 ? par Marine de
Montaignac (coord.), Cécile Jolly et Peggy Furic Sur certains stéréotypes, liés
au care, il existe même un retour en arrière. Si les stéréotypes sur le partage
des tâches économiques et domestiques continuent de reculer, il n’en va pas de
même sur la prédisposition supposée des femmes au travail parental et au soin
des autres. Par exemple, 59 % des Français partagent en 2022 l’idée que les
mères savent mieux répondre aux besoins des enfants que les pères ‑, soit un
niveau d’adhésion supérieur à 2014 (54%). Surtout, de nombreux stéréotypes
ressurgissent chez les jeunes (18-24 ans), alors que les plus jeunes étaient
précédemment les plus progressistes ‑. C’est notamment le cas sur la vocation parentale
des mères : en 2022, 56% des 18-24 ans pensent que les mères savent mieux
répondre aux besoins des enfants que les pères ‑, contre 50% en 2014. Et la
part des 18-24 ans se disant tout à fait d’accord ‑ avec l’affirmation selon
laquelle les filles ont autant l’esprit scientifique que les garçons ‑ a
nettement reculé, de 62 % en 2014 à 53 % en 2022.
Ce sont ces signaux, notamment, qui nous ont conduits à enquêter, de manière
inédite, sur les 11-17 ans. Le sondage CSA-France Stratégie met en évidence une
adhésion précoce aux stéréotypes d’aptitudes et de rôles sociaux différenciés.
La vision stéréotypée des adolescents baisse en moyenne avec l’âge, mais
l’écart se creuse entre les filles et les garçons, plus marqués par les
stéréotypes. Il faudra suivre cette catégorie d’âge dans la durée pour mieux
connaître la formation, l’ancrage ou la persistance des stéréotypes chez les
plus jeunes.
C’est un risque social de double polarisation que fait apparaître cette étude :
entre les générations, si la cohorte actuelle des jeunes adultes confirme dans
la durée sa vision plus genrée de la société ; entre les hommes et les femmes,
si l’écart d’adhésion aux stéréotypes entre adolescents filles et garçons se
maintient ou s’amplifie. Le développement massif des réseaux sociaux, dont on
ne perçoit que les premiers effets, est à cet égard alarmant : ils agissent
comme une arme de construction massive des stéréotypes de genre, en les
relayant et les amplifiant, dès le plus jeune âge.
Une certitude émerge en tout cas : l’impératif d’une politique publique de
lutte contre les stéréotypes plus ambitieuse, plus constante et plus globale. La
nécessité d’aller au cœur des réflexes les plus ancrés et d’agir le plus tôt
possible est bien démontrée par un fait éloquent, persistant : alors que les
filles affichent de meilleures compétences en mathématiques que les garçons en
début de CP, l’écart s’inverse dès le milieu de l’année scolaire…
L’étude formule ainsi vingt propositions, dans tous les domaines. Avec, en
particulier, des idées fortes en matière de petite enfance (répartition
obligatoire du congé parental, allongement du congé paternité) ou d’orientation
scolaire et professionnelle (bonus dans Affelnet ou Parcoursup pour inciter au
choix des filières les moins mixtes). Le nouveau combat, sans doute le plus
difficile, portera sur le monde numérique : au delà des violences directes, la
régulation des plateformes et des réseaux sociaux, au niveau européen, devra
intégrer la lutte contre les stéréotypes eux-mêmes, faute de quoi tous les
efforts (et progrès) de meilleure représentation dans les médias traditionnels
seront absolument vains.
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