Le feuilleton entre Trump et Musk peut bien faire s'esclaffer et ravir les opposants aux deux protagonistes.
Il y a de quoi avec les dernières péripéties.
Mais se rend-on bien compte dans cette dispute grandguignolesque digne de tous les programmes les plus miteux de téléréalité ou de télénovelas qu’on est là face à un épisode du délitement de la démocratie particulièrement représentatif de ce qui se passe en ce moment aux Etats-Unis.
Le face à face des deux extrémistes autrefois les meilleurs amis du monde, dont l’un, Musk, fut le principal donateur de la campagne présidentielle de l’autre, Trump, qui n’hésita pas à le nommer à la tête d’un organisme, Doge, pour détruire les services publics, et à faire de la publicité pour ses voitures électriques alors même qu’il détestent celles-ci, montre à quel point le débat politique étasunien tombe de plus en plus dans la médiocrité la plus crasse et dans l’extrémisme le plus dangereux.
Quand Musk annonce la création de son nouveau parti, le «America party» (le Parti Amérique) dont l’appellation fleure bon le populisme le plus bas, nous ne devons pas oublier qu’il a soutenu, et par la voix, et par le porte-monnaie, tous les partis fascistes et néo-nazis de la planète, qu’il a fait le salut hitlérien lors d’un meeting et qu’il a participé à la destruction des services publics américains tout en faisant de X, anciennement Twitter, un réseau social où toutes les opinions les plus haineuses, les plus complotistes et charriant les fake news les plus improbables peuvent s’exprimer en toute liberté.
Voilà le CV et les «exploits» de monsieur Musk.
D’ailleurs, il n’est qu’à écouter la présentation qu’il a fait de son futur parti, affirmant que sa volonté de le créer était pour lutter contre le «parti des cochons qui se goinfrent».
Et de poursuivre: «Quand il s'agit de ruiner notre pays par le gaspillage et la corruption, nous vivons dans un système à parti unique, pas dans une démocratie».
Autant dire que Trump et Musk sont les deux faces du même projet qui a pour objectif de détruire la démocratie républicaine libérale américaine.
Voir que leurs querelles font la une des médias montre à quel point le débat politique est dominé par un populisme qui fait honte à la plus vieille démocratie de la planète dont les jours sont peut-être comptés.
Ceux qui pourraient se féliciter que Musk va causer des problèmes à Trump, voire le priver de la majorité au Congrès lors des élections de mi-mandat de 2026, oublient que l’homme le plus riche du monde est tout aussi dangereux que l’extrémiste populiste de la Maison blanche, voire plus.
Alors, sans doute que son initiative, si elle se poursuit et qu’il ne se rabiboche pas avec son ami Trump, in fine – qui est peut-être le véritable objectif de ce parti – aura du mal à chambouler le paysage politique des Etats-Unis.
Ce qui n’empêche pas qu’elle est une nouvelle attaque contre la démocratie.
[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]
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