François Bayrou a présenté ses solutions pour réduire le déficit des dépenses publiques mais aussi pour remettre la France au travail et assurer une croissance durable, solutions qui commenceront à être mise en œuvre dans le Budget 2026.
C’est donc deux plans qu’il a rédigés, «Stop à la dette» et «En avant la production!».
Ses propositions, prises sous le sceau du principe centriste que chacun doit être servie au mieux de ses intérêts dans une vision de juste équilibre, ne sont guère révolutionnaires mais sont rationnelles pour s’attaquer à la dette et créer un environnement favorable pour l’activité économique.
Seront-elles suffisantes et, surtout, seront-elles votées par les députés, ce sont deux questions qui vont agiter le débat politique dans les semaines à venir.
Selon le ministre de l’Economie, des Finances et de la
Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard:
«Le Premier ministre a présenté les lignes d’un budget de combat, un effort
collectif pour endiguer l’augmentation de notre dette. Nous proposons aux
parlementaires le cap que les Français attendent de nous : maîtriser nos
dépenses publiques, protéger notre économie et défendre notre liberté de choix
parce que nous aurons pris les décisions courageuses maintenant. Dans un monde
devenu plus compétitif et plus dangereux, c’est une nécessité.»
Pour le ministre délégué du Commerce extérieur et des
Français de l’étranger, Laurent Saint-Martin:
«Le Premier ministre François Bayrou est à la tâche depuis le 1er jour pour
poursuivre le redressement de nos finances publiques. L’effort pour 2026 est
important. Il est nécessaire. Il n’y a pas de compétitivité, pas d’attractivité
sans finances publiques assainies.»
Quant à au ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc
Ferracci, il a estimé:
«Le Premier ministre a présenté son plan pour redresser nos comptes publics,
avec un axe majeur sur la production. Plusieurs combats que j'ai portés ont
nourri ce plan d'ensemble :
- Une énergie abordable pour nos industriels, afin qu’ils bénéficient des
atouts de notre parc nucléaire historique et puissent lutter à armes égales
dans la compétition internationale. Les travaux menés avec EDF depuis début
2025 doivent se poursuivre en ce sens ;
- La bascule du financement du modèle social sur d’autres assiettes que le
travail, car réduire le coût du travail est indispensable au renforcement de
notre compétitivité;
- La préférence européenne intégrant un contenu local dans les marchés publics,
les aides publiques et les normes, afin de sortir de la naïveté face à nos
partenaires commerciaux. L'avis que j’ai fait adopter par le conseil national
de l'industrie le 13 juin dernier est ainsi repris dans le plan du Premier
ministre ;
- La formation de davantage d’ingénieurs, et notamment de plus de femmes
ingénieures
- La décarbonation de l'industrie restera un enjeu essentiel pour le budget
2026, afin de poursuivre les efforts initiés en loi de finances pour 2025.
Je continuerai de porter ces combats, sous l'égide du Premier ministre, afin de
poursuivre la trajectoire de réindustrialisation initiée depuis 2017.»
Si le parti Renaissance n’a pas encore réagi officiellement,
le MoDem par la voix du président du groupe Les démocrates à l’Assemblée, Marc
Fesneau s’est félicité des annonces de Bayrou
«Le moment de vérité. Un moment de courage. Un plan global, aux efforts
répartis avec justice et justesse. Merci François Bayrou d'avoir eu cette
lucidité et cette audace. C'est désormais à nous tous, citoyens, engagés,
responsables publics d'être à la hauteur du moment.»
► Discours
de François Bayrou sur le Budget 2026, la dette et l’activité économique
Introduction
Mesdames et messieurs les ministres d'État, mesdames et messieurs les
ministres, mesdames et messieurs les députés et sénateurs, mesdames et
messieurs.
Il est des moments dans l'histoire des peuples où ils ont rendez-vous avec
eux-mêmes, et ce moment est un de ceux-là. Il ne s'agit plus de savoir
seulement quelles sont nos exigences, quelles sont nos préférences, mais qui
nous sommes ? Quel peuple formons-nous ? À quoi ce peuple croit-il ? De quel
ciment est-il soudé ? Et quelle part chacun de nous, citoyennes et citoyens,
est-il prêt à prendre à notre avenir collectif ?
Alors je ne vais pas refaire sur cette question des finances publiques la
longue histoire de notre étrange défaite, comme disait Marc Bloch, pour un
autre temps. Il y a plus de 50 ans que notre pays, tous courants politiques
confondus, n'a pas présenté un budget en équilibre. 50 années que nos dépenses
publiques dépassent chaque année les recettes. Et peu à peu, on s'est habitué à
ce déficit et cette habitude du déficit a gagné aussi - ce qui est
invraisemblable - les budgets sociaux, santé et retraite qu'on devrait
pourtant assumer ensemble chaque année. Et les collectivités locales
contribuent, par leur dynamisme même, aux besoins de financement public.
Or, le déficit en soi, ça n'existe pas. Le déficit, c'est purement et
simplement de la dette. C'est comme ça dans toutes les familles, c'est comme ça
dans toutes les associations, dans toutes les entreprises : ce qu'on
dépense en plus de ses revenus, en plus de ses ressources, il faut l'emprunter.
Alors, encore faut-il savoir à quoi servent les sommes empruntées. Si dans
votre famille vous avez de quoi boucler les fins de mois sans difficulté et que
vous empruntez pour l'avenir, pour construire une maison ou pour investir dans
un appartement ou dans de nouvelles technologies ou des équipements, tout va
bien, c'est normal. C'est un effort bien sûr, mais c'est un effort pour la
famille, pour l'entreprise. C'est le développement, l'éternel mouvement des
êtres humains qui permet d'avancer.
Et si vous êtes un État, si vous empruntez pour construire des universités,
des voies de chemin de fer ou des hôpitaux, alors ce sont les générations qui
viennent qui en profiteront autant que vous, il est donc normal qu'elles
remboursent leur part des annuités, qu'elles assument une partie de la charge.
Mais si vous êtes tous les mois en déficit, si vous êtes obligé d'emprunter
non pas pour investir pour une maison ou pour un équipement, mais pour payer
les dépenses de tous les jours. Et que tous les mois, votre mensualité
augmente. Mois après mois, vous vous asphyxiez, et ça s'appelle le
surendettement. Tous les Français savent de quelle malédiction il s'agit. C'est
une malédiction pour les familles, pour les entreprises, et pour un pays, c'est
la même chose.
Être obligé d'emprunter tous les mois pour payer les retraites ou payer les
salaires des fonctionnaires, c'est une malédiction qui n'a pas d'issue.
Alors bien sûr, pendant longtemps, on ne voit pas le risque, on s'en
accommode, on détourne les yeux, et puis un jour, on est rattrapé et on ne peut
plus payer ce qu'on doit. Alors c'est la crise, la vraie crise. Votre pays est
acculé, il est traqué et vous ne pouvez plus éviter le piège. Un pays qui ne
peut pas faire ses fins de mois sans emprunter et qui un beau jour ne retrouve
plus de prêteurs : il ne peut plus payer les fonctionnaires, il ne peut
plus payer les retraites, alors il n'y a plus aucune échappatoire. Et alors,
sans l'ombre d'un doute, sans l'ombre d'une hésitation, ce pays-là ne peut pas
survivre, il est obligé de plier.
Et ceci n'est pas une théorie en l'air. C'est arrivé à des pays aussi
dignes et aussi respectables que le Canada ou la Suède dans les années 90, que
le Portugal, l'Italie ou l'Espagne au début des années 2010. Tout d'un coup,
les prêteurs cessent d'avoir confiance et nous l'avons vu sous nos yeux arriver
à la Grèce. Et je pense qu'il ne faut jamais oublier l'histoire de la Grèce ou
l'exemple de la Grèce. Le Premier ministre d'alors s'appelait Aléxis Tsípras.
Il était à la tête d'une coalition qui s'appelait Syriza, de gauche et
d'extrême-gauche. Et pour éviter cet obstacle, il a convoqué un référendum du
peuple grec pour que son pays dise non et que, officiellement, son pays
derrière lui refuse les conditions de redressement qui lui étaient faites par
l'Union européenne et le FMI. Ce référendum pour dire non, Aléxis Tsípras l'a
gagné très largement le dimanche et le jeudi, quatre jours après, il a été
obligé de signer tout ce qu'on lui demandait, tout ce qu'il avait juré de ne
jamais accepter. Et le peuple grec, l'État grec, ont dû consentir des
sacrifices immenses, ils ont dû baisser de 30% les retraites et de 15% le
salaire des fonctionnaires.
Et c'est exactement ce que nous ne voulons pas. Et c'est pourquoi il faut
constater que c'est là que nous en sommes et c'est pourquoi c'est notre moment
de vérité.
La dette de notre pays représente aujourd'hui plus de 3 300 milliards
d'euros. Ça signifie 114% du produit national de chaque année, ce qui signifie
que cette dette représente plus d'une année de la totalité de ce que notre pays
a produit dans toutes ses activités agricoles, industrielles, intellectuelles,
dans le secteur du commerce, des services, de la santé ou du soin, la totalité
de cela, la dette le dépasse d'au moins deux mois entiers.
Et plus la dette s'accroît, plus c'est la double peine. Car si les taux
d'intérêt progressent, il faut emprunter toujours davantage si l'on veut
continuer à dépenser autant et payer en même temps les mensualités de la dette.
Et la charge de la dette devient un poste budgétaire écrasant. En 2029, si nous
ne changeons rien, la part des dépenses publiques consacrées au paiement des
intérêts de cette dette serait de 100 milliards d'euros, c'est-à-dire de loin
le premier poste budgétaire de l'État, bien plus que le budget consacré à
l'Éducation nationale.
Alors ce sont des chiffres qu'on a beaucoup de mal à se représenter. 3 300
milliards, c'est 3 300 fois 1 000 millions d'euros. Et cette dette augmente de
plus de 150 milliards par an. Et pour le dire plus simplement, et pour que
chacun mesure exactement la charge immense qui pèse sur nos épaules, ça
signifie que chaque seconde qui passe, chaque seconde, la dette de la France
augmente de 5 000 euros. 5 000 euros de dette supplémentaire par seconde. Voilà
où nous en sommes.
Et c'est pourquoi je crois que, comme nous le disons depuis l'installation
du gouvernement, nous avons désormais le devoir de prendre nos responsabilités.
Je crois que c'est la dernière station avant la falaise. Et l'écrasement par la
dette, il faut l'appeler par son nom, c'est un danger mortel pour un pays.
Voilà si l'on voit dans la vérité l'arme des citoyens, voilà ce qu'il faut
partager avec les Français.
La vie a fait que j'ai, personnellement, comme citoyen engagé, comme
candidat, comme élu depuis plus de 20 ans, identifié ce risque, que j'en ai
fait le sujet de plusieurs campagnes présidentielles et que le hasard ou le
destin, qui est un autre nom du hasard, m'a confié la charge d'en saisir le
pays à ce moment critique de notre histoire.
Je dis moment critique parce que l'urgence est là. Moment critique parce
qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale, ni majorité absolue, ni
majorité relative, pour affronter les choses avec détermination et constance.
Et c'est la première fois depuis plus de 60 ans que nous sommes dans une telle
situation politique. Un moment critique parce que, disons la vérité, le monde
politique depuis des années n'est pas en voie de ressaisissement, mais
disons-le, en voie de division, de progressive violence et de délitement, sans
doute aussi à l'image de la société française tout entière.
C'est donc un moment de vérité, parce que nous ne pouvons plus, en tout cas
c'est notre conviction et c'est la mienne, nous ne pouvons plus ni éluder ni
retarder cette menace. Je crois qu'il est tard, mais qu'il est encore temps. Il
est encore temps, dans les temps de crise grave, c'est le mot d'ordre des
peuples courageux.
Alors il faut agir, agir vite et agir fort, mais il faut agir avec justesse
et justice. Et pour cela, il faut essayer de comprendre ce qui s'est passé dans
notre pays plus que dans aucun autre pour que nous nous retrouvions dans la
situation où nous sommes aujourd'hui. Et je vois deux grandes raisons. Nous
avons considéré comme normal dans notre pays depuis des années, des décennies,
que l'État, puissance publique et sécurité sociale, que l'État paie tout. Nous
sommes devenus accros à la dépense publique. Il n'y a pas de difficulté du
pays, il n'y a pas de changement nécessaire, il n'y a pas d'obstacle à
surmonter, ni d'ordre sanitaire, ni d'ordre climatique, ni d'ordre énergétique
ou familial devant lesquels les élus, les citoyens, les médias n'aient eu chaque
fois qu'une seule réponse à la bouche, se tourner vers l'État. Que l'État
prenne en charge les difficultés sectorielles. Ça a été réclamé pour tous les
secteurs, des personnes, aux familles et aux entreprises.
Et la France est ainsi devenue le pays du monde qui dépense le plus
d'argent public : 57% de notre production nationale chaque année, 57%
dépensés, contre 50% seulement de recettes. Je vous invite à mesurer avec moi
le paradoxe français : nous sommes le pays du monde qui mobilise le plus
de dépenses publiques, nous sommes le pays du monde qui a les impôts et les
charges sociales les plus élevés. Et si l'abondance des impôts faisait la
richesse et le bien-être d'une nation, nous serions le pays le plus prospère et
le plus heureux de la planète. Et pourtant, les Français sont de plus en plus
mécontents de leurs services publics. Et pourtant, notre économie souffre. Et
pourtant, ce qui est plus frappant encore, nous sommes le pays le plus
pessimiste au monde, selon la mesure de tous les sondages disponibles. Le pays
le plus pessimiste au monde est le pays où l'on dépense le plus d'argent
public.
Et en revanche, si vous comparez avec les pays que j'ai cités tout à
l'heure où les efforts de réduction des dépenses publiques ont été mis en
œuvre, alors ce sont précisément ceux qui se déclarent, dans les mêmes
comparaisons internationales, les plus heureux, alors que deux tiers des
Français se déclarent pessimistes pour l'avenir national.
Ça, c'est la première raison. Accro aux dépenses publiques, accro aux
dépenses de l'État. Mais la seconde de ces raisons, de fuite vers la dette,
c'est que nous avons peu à peu perdu de vue que pour distribuer, il fallait
produire. Or, distribuer toujours plus en produisant toujours moins, c'est une
condamnation. Et cela se traduit dans notre commerce extérieur sur les 25
dernières années, depuis le début des années 2000 jusqu'en 2024. Notre solde,
notre résultat du commerce extérieur, ce que nous achetons contre ce que nous
vendons, notre résultat du commerce extérieur est passé de l'équilibre dans les
années 2000 à un déficit massif tous les ans répété, qui est une fois de plus
cette année comme depuis 5 ans, supérieur à 100 milliards d'euros pour la quatrième
année consécutive.
Nous sommes donc devant deux mouvements d'affaiblissement face auxquels
nous devons mettre en œuvre deux plans d'action que je vous propose d'examiner
maintenant et qui forment un ensemble cohérent. Un plan pour dire stop à la
dette et un plan pour dire en avant la production.
Un tel mouvement de redressement serait déjà difficile en temps ordinaire.
Mais les temps que nous vivons aujourd'hui à l'échelle de la planète sont
menaçants comme ils ne l'ont jamais été.
Le changement climatique est une menace en soi, même si plusieurs
continents ne peuvent pas y faire face et que d'autres ont décidé de l'ignorer.
Mais surtout, le grand basculement que nous avons vécu, c'est que la violence
est devenue la loi universelle. Le basculement du monde qui a commencé avec
l'invasion de l'Ukraine par les armées de la Russie de Poutine, ce basculement
du monde nous a montré, avec d'autres, avec le 7 octobre, avec le drame à Gaza,
que le monde était prêt à s'embraser. Et on nous annonce régulièrement des
mouvements de cet ordre du côté de la mer de Chine. Et nous avons vu récemment,
avec le conflit opposant l'Iran à Israël, que tout cela était en train de
devenir une règle générale pour, hélas, toutes les régions de notre planète.
Et cela nous dicte un devoir qu'il faut oser formuler. Cela nous oblige à
organiser notre propre défense pour l'avenir. Cela nous oblige à organiser et à
renforcer notre autonomie stratégique. Cela nous oblige à un effort
d'amélioration de notre capacité militaire. Et cet effort inédit de réarmement,
il mobilise en même temps toutes les nations européennes et la France ne peut
pas rester à la traîne. Nous savons tous que l'armée française, et nous croyons
tous, j'imagine, que l'armée française doit rester au niveau de ses
responsabilités, afin de faire face aux nouvelles menaces, aux nouvelles formes
d'affrontements dont nous connaissons les visages, l'espace, le numérique, la
désinformation, les armes nouvelles, les drones, les missiles, tout ce qui fait
aujourd'hui l'actualité et la vie quotidienne de tant de nations soumises à la
violence.
Et donc, il faut dire clairement que nous devons nous donner les moyens
d'affronter ces enjeux, ce qui passe d'abord par le respect de la loi de
programmation militaire 2024-2030. Mais aussi exigeant que cela paraisse et
presque hors d'atteinte, nous allons en plus devoir accentuer cet effort.
Tous les pays européens se réveillent face à la même obligation. À la même
urgence, et tout d'un coup ils comprennent ce que la France leur dit depuis
longtemps, depuis 60 ans, depuis le général de Gaulle, et spécialement depuis 8
ans, depuis l'élection du président de la République, et qui se résume en une
formule toute simple : dans le monde qui vient, vous ne pouvez compter que
sur vous-même.
Et tout se réveille donc sous la pression de la même urgence et des mêmes
menaces. Partout, la guerre est revenue et elle se mondialise. Nous savons tous
que les armes avec lesquelles la Russie écrase les villes ukrainiennes, ce sont
pour partie l'Iran et la Corée du Nord qui les produisent. La guerre est
revenue et nous ne pouvons pas laisser notre continent désarmé ou soumis au
seul choix américain.
D'autant plus que, pour compliquer encore les choses, non seulement il y a
cette violence partout dans le monde, mais cette violence s'est aussi étendue
dans le monde économique. Industriel, commercial. Et la bataille des droits de
douane fait de nous une cible, en tout cas nous impose une fragilité en face de
laquelle nous allons devoir réagir. Et c'est pourquoi le gouvernement veut une
politique européenne déterminée dans la guerre des droits de douane.
Et c'est pourquoi, pour parler de notre responsabilité et de notre devoir,
le gouvernement assume en accord avec le président de la République et dans la
ligne qu'il a tracée dimanche, assume l'impératif de protection de notre
défense nationale vers l'avenir, vers les nouvelles menaces et vers les armes
nouvelles qui garantissent la liberté. Et cela se traduira par quelques 3,5
milliards d'investissements supplémentaires en 2026 et 3 milliards de plus en
2027. Et bien sûr, nous aurions tous préféré des temps plus paisibles, mais ce
sont les nôtres, et la responsabilité est la nôtre. Alors nous devons faire
face, et quelle que soit la difficulté des temps, nous ne braderons pas notre
impératif de sécurité.
Plans d’action
Alors j'en viens donc, si vous voulez bien, à la présentation des deux
plans. Stop à la dette, par lequel je vais commencer, et en avant la production
que je traiterai ensuite et qui vise à enrayer l'engrenage néfaste dans lequel
nous sommes entraînés, ou pour être plus exact, dans lequel nous nous sommes
laissés entraîner.
Ces plans n'ont pas été pensés par le gouvernement en solitaire. Les
contributions à cette réflexion ont été nombreuses. Issues notamment des
travaux des parlementaires, des partenaires sociaux, des groupes politiques,
des associations d'élus locaux, des think tanks et de la société civile au sens
large. Je veux remercier en particulier le président du Sénat et les
commissions de la Haute Assemblée pour leurs propositions concrètes. Je
remercie aussi tous les groupes parlementaires de l'Assemblée nationale qui ont
pris part aux rencontres organisées avec le gouvernement sur la préparation du
budget 2026.
Toutes ces propositions ont été utiles, mais il est vrai que c'est moi,
dans mes fonctions de chef de gouvernement qui ai tranché, je l'ai fait en
conscience, sans aucune considération de quelque intérêt personnel ou
catégoriel que ce soit. Je l'ai fait avec le seul souci du retour de notre
nation à l'équilibre ou pour commencer à un meilleur équilibre. Et je l'ai fait
pour défendre notre liberté. Et de tous ces choix, bien sûr, je suis content de
rendre compte aux Français.
« Stop à la dette »
Alors d'abord, le plan Stop à la dette. Ce plan repose sur cinq principes.
Il s'agit d'un plan pluriannuel de retour à l'équilibre de la dette sur
quatre ans. 2026, 2027, 2028 et 2029. C'est un plan réaliste et un objectif que
nous affirmons atteignable. La promesse de ce plan et de notre engagement
devant les Français est toute simple, c'est d'arrêter l'augmentation de la
dette en quatre ans. C'est une trajectoire que nous avons choisie et qui se
décline précisément. Nous sommes entrés en fonction alors que la France était
presque à 6% de déficit, 5,8%. Nous réaliserons, conformément à notre
engagement, un déficit de 5,4% en 2025. Ce déficit doit passer, la marche est
haute, à 4,6% en 2026, à 4,1% en 2027, à 3,4% en 2028 pour atteindre le seuil
de 2,8% en 2029. Alors 2,8%, c'est un peu moins de 3%, ce ne sont pas des
chiffres choisis au hasard. C'est un chiffre qui a une signification
extrêmement simple : c'est le seuil à partir duquel, dans un pays comme le
nôtre, la dette n'augmente plus. Elle est stabilisée. Alors, on peut sans doute
souffler un peu, on peut compter, comme les bateaux, sur la marée de la
croissance pour remettre le navire à flot.
Et ce plan, deuxième principe, passe avant tout par la stabilisation et la
baisse de la dépense publique. Parce que son emballement n'est compatible ni
avec l'accroissement de notre richesse nationale, ni, puisque nous sommes le
pays le plus imposé du monde, en tout cas de l'OCDE, ni avec une hausse
continue des impôts.
Troisième principe : tout le monde devra participer à l'effort. Face à
l'ampleur de l'enjeu, il est illusoire de penser qu'une catégorie ou une autre
puisse seule porter le fardeau.
Quatrième principe : le travail et la compétitivité de nos entreprises
doivent être autant que possible épargnées. Ils sont notre seule arme pour
aller de l'avant et pour ne pas vivre dans le cauchemar de l'amputation
perpétuelle des dépenses et investissements que nous avons à faire.
Cinquième principe et dernier : cet effort, enfin, est défini pour
être supportable par tous. Il n'impose pas de baisse des salaires dans la
fonction publique, ni de baisse des pensions de retraite. Il ralentit la
croissance des dépenses mais ne la supprime pas et il n'entraîne pas de
récession.
Alors, la première étape dans notre plan pluriannuel de retour à
l'équilibre de la dette concerne l'année 2026. Nous devons réduire pour l'année
prochaine, pour 2026, notre déficit annuel à 4,6%. C'est ça la marche que nous
avons définie pour arriver à retrouver cet équilibre en 2029. Alors ça a une
signification précise, c'est que nous devons retrouver la maîtrise de la
dépense publique, nous devons contenir l'accroissement quasi mécanique des
charges, et cela signifie un effort, je vous épargne le calcul que nous avons
défini depuis longtemps, au moins à hauteur de 40 milliards d'euros.
Mais, comme je vous l'ai indiqué, nous vivons au milieu de dangers
particuliers qui pèsent sur le monde cette année, que l'effort de notre défense
ne peut pas être éludé, et nous ne pouvons pas courir le risque de laisser se
dégrader notre situation faute de prévoyance. Au lieu de 40 milliards prévus si
la situation ne s'était pas aggravée en matière de défense, nous avons décidé
de porter ce chiffre à 43,8 milliards, soit près de 44 milliards.
Alors tout ceci a des conséquences. Il faut que nous contenions de manière
durable la progression des dépenses de l'État, des collectivités et du système
social. Et c'est tout d'abord l'État qui va montrer l'exemple et stabiliser ses
dépenses et même réduire son train de vie. L'État se fixe comme première règle
de ne pas dépenser davantage à l'euro près en 2026 qu'en 2025, à l'exception de
l'augmentation de la charge de la dette et des dépenses supplémentaires pour le
budget des armées. Les dépenses d'intervention seront contenues et s'il le faut
réorientées. Pour y parvenir, aucun département ministériel ne sera exempté.
Tous les ministères seront solidaires de cet effort collectif. Il pourra
arriver que certains projets de loi de programmation soient décalés de quelques
mois, pas davantage, et que le lancement de grands projets coûteux programmés
soit reporté par exemple de six mois.
L'État va diminuer ses charges. Il va reprendre sa maîtrise de la masse
salariale en réduisant de 3 000 postes le nombre d'emplois publics des 2026,
hors les postes d'élèves-professeurs créés dans le cadre de la réforme des
enseignants. Cet effort sera inscrit dans la durée. Les administrations et les
opérateurs devront repenser leurs moyens en anticipant dès à présent une règle
que nous fixons pour les années qui viennent et qui sera une règle de
non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant à la retraite.
Mais l'État doit aussi mieux maîtriser son patrimoine. L'État est
propriétaire de très nombreux biens immobiliers pour un montant de plusieurs
centaines de milliards, il y a même des chiffres plus importants encore qui
sont articulés. Patrimoine qu'il ne connaît pas toujours en détail et dont il
ne fait pour ainsi dire rien, patrimoine important et improductif. Nous allons
créer une société foncière pour réduire, réaliser chaque fois que possible en
tout cas gérer et rendre utile le patrimoine improductif de l'État.
L'État détient aussi des participations dans de grandes entreprises.
Plusieurs sont essentielles, elles doivent être protégées pour jouer leur rôle
stratégique. Mais dans certaines de ces entreprises, la participation de l'État
pourrait être diminuée sans réduire son influence. Et le patrimoine ainsi
dégagé doit être mise en œuvre, par exemple, pour aider à de grands programmes
de recherche.
Enfin, l'ensemble des opérateurs de l'État, et en particulier les très
nombreuses, j'avais écrit innombrables agences ou comités, prendront pleinement
leur part à cet effort. Je salue le travail initié par la commission d'enquête
sénatoriale sur lequel nous nous appuierons. Nous allons supprimer des agences
improductives qui dispersent l'action de l'État. Les dépenses seront
recentrées. Plusieurs centaines, peut-être entre 1 000 et 1 500 emplois seront
supprimés, mais surtout dans le cadre de l'exercice de la refondation de
l'action publique. Une réorganisation des opérateurs doit être menée, qui
passera soit par des ré-internalisations, l'État reprendra la responsabilité de
certaines de ses actions, soit par des fusions.
À cet effort de maîtrise des dépenses publiques, les collectivités devront
aussi prendre leur part. Elles sont proches des Français, elles sont au cœur de
l'investissement public, mais elles doivent participer à l'effort général. La
règle sera que leurs dépenses ne dépassent pas dans les années qui viennent la
progression des ressources de la nation. Pour ce faire, le dispositif qui porte
un nom compliqué de lissage, de lissage conjoncturel est-il écrit, des recettes
fiscales, dans le monde des initiés, on appelle ça le DILICO, sera reconduit et
les financements apportés par l'État aux collectivités territoriales seront
régulés. Mais en contrepartie, un soutien exceptionnel de 300 millions d'euros
sera accordé aux départements les plus en difficulté, avec un travail conjoint
pour maîtriser durablement la dynamique de la dépense sociale.
Enfin, la maîtrise des dépenses publiques passe aussi par celle des
dépenses sociales. Nous sommes, et nous pouvons être fiers de notre système de
santé, mais nous devons aussi être conscients que si nous ne faisons rien, la
dérive automatique nous conduit à des déséquilibres que nous ne pourrons pas
supporter. Si nous ne faisons rien, cette dépense augmentera l'année prochaine
de 10 milliards d'euros. Ce n'est pas soutenable. Je propose que nous fassions
l'effort de limiter cette hausse de moitié, ce qui fait que nous devons
collectivement réaliser un effort de l'ordre de 5 milliards d'euros.
Alors comment va-t-on faire ? Des parlementaires, des partenaires sociaux,
des acteurs de la santé, au premier rang desquels la Caisse nationale
d'assurance maladie, ont fait dans des études courageuses de nombreuses
propositions sur lesquelles le gouvernement entend s'appuyer.
Nous devons responsabiliser les patients pour que le coût de la santé soit
plus concret pour nos concitoyens. Nous consommons par exemple en France deux
fois plus d'antibiotiques qu'en Allemagne. Et je ne crois pas que nous soyons
en meilleure santé que les Allemands. Chaque fois que nous achetons une boîte
de médicaments, nous en payons une partie. La somme totale que nous déboursons,
additionnée, est plafonnée à 50 euros par an. Nous pousserons ce plafond à 100
euros, ce qui signifie pour ceux qui consomment le plus de médicaments, une
dépense de l'ordre de 8 euros par mois. La responsabilisation passe aussi par
la prévention, notamment la vaccination. Je voudrais que vous ayez ce chiffre
en tête que donne souvent la ministre de la Santé : les trois quarts des
personnes en réanimation au moment des épidémies de grippe ne sont pas
vaccinées.
Un autre défi auquel nous devons nous attaquer concerne les infections de
longue durée. 20% des Français sont en infection de longue durée, contre 5% de
la population allemande. Et je ne crois pas davantage que tout à l'heure que
les Français sont en plus mauvaise santé que les Allemands. De la même manière,
la multiplication déraisonnable, un certain nombre de pratiques qu'il faut
réguler. La multiplication déraisonnable par certains patients, des visites
pour contrôler un diagnostic ou pour contrôler ce que leur a dit le médecin
précédent. Ou la multiplication, toujours déraisonnable, des mêmes radios ou
des mêmes scanners, parfois à 15 jours d'intervalle. Tout cela n'apporte rien
au patient. La santé ne peut pas être seulement un marché sur lequel les consommateurs
soient sans frein et sans limite.
La mise au point définitive, je m'exprime avec prudence, la mise au point
définitive parce qu'il y a 30 ans qu'on en parle, du dossier médical partagé
sur lequel chacun aura la totalité des examens qu'il a reçus pour que le
médecin suivant sache à quel patient et à quelle pathologie il peut avoir
affaire. Le dossier médical partagé et sa tenue obligatoire par les praticiens
feront, avec le concours de l'intelligence artificielle, faire des pas de géant
au diagnostic et à la prévention et à l'aggravation des affections. Cela, tous
les médecins et tous les professionnels de santé le savent. Nous allons donc
engager une réforme en profondeur de prise en charge de ces affections, avec
dès 2026, des mesures visant à sortir du remboursement à 100% des médicaments
qui sont sans lien avec l'affection déclarée. Évidemment, il ne s'agit pas des
médicaments qui touchent l'affection en question. Et aussi à pousser qu'on
puisse sortir du statut d'affection de longue durée lorsque l'état de santé ne
le justifie plus.
Une plus grande efficience, comme on dit, une plus grande efficacité, sera
demandée à l'hôpital, notamment dans les achats, et grâce à la médecine
ambulatoire. Et de la même manière dans les soins de ville. Je donne un exemple
de meilleure gestion qui ne coûterait rien, bien au contraire. Lorsqu'un
médicament, lorsqu'un hôpital, pardon, a un médicament, même très coûteux, et
que ce médicament approche de la date de péremption, il ne peut ni le donner ni
le vendre à un autre établissement. Il est obligé de le détruire. Et l'autre
doit l'acquérir au prix fort. C'est de bon sens qu'on puisse ainsi faire des
économies en partageant ou en mutualisant les achats et le risque.
De la même manière, j’ai toujours été frappé que les dispositifs médicaux
et médicalisés, les fauteuils pour les personnes infirmes gravement malades, en
fin de vie, les cannes anglaises, le nombre si important d'aides, de matériel
mobilisé pour une personne gravement atteinte, il faut pouvoir les réutiliser
après que la personne n'en a plus besoin, par exemple après qu'elle a
disparu.
En ce qui concerne les arrêts maladie, nous devons mettre fin à une dérive.
Les contrôles qui ont été exécutés sur les arrêts maladie de plus de 18 mois,
ont montré que pour 50% d'entre eux, ces arrêts de travail n'étaient plus
justifiés au moment où le contrôle a lieu. Et ceci n'est pas acceptable dans un
pays comme le nôtre et dans une période comme celle que nous vivons.
Il y a d'autres blocages que je trouve à contre-courant. Par exemple,
au-delà de 30 jours d'arrêt, le salarié ne peut pas reprendre le travail sans
l'avis d'un médecin du travail. Or, comme nous manquons cruellement de médecins
du travail, comme d'autres spécialités, des dizaines de milliers de personnes
qui souhaiteraient reprendre le travail en sont empêchées. Et je trouve que
c'est absurde. Ça fait des dépenses inutiles, ça pourrait faire des économies
utiles, et surtout ça pourrait servir à leur vie, au meilleur équilibre de leur
vie. Eh bien, à l'exception des maladies professionnelles et des accidents du
travail, on dira que c'est le médecin, généraliste ou spécialiste, qui
déterminera la possibilité de reprise du travail.
Ce sont ainsi, c'étaient des exemples pour montrer que ce sont des
modifications dans nos comportements individuels qui contribueront au retour à
l'équilibre, en tout cas à un meilleur équilibre de la sécurité sociale sans
dégrader la qualité des soins.
Tous ces efforts qui impliquent l'État, les collectivités, les dépenses
sociales que je viens de décrire, si je fais des additions exactes, ils ne
suffiront pas à eux seuls. Ils représentent quelque chose comme 21 milliards.
Or, nous nous sommes fixés, je vous rappelle, d'atteindre 44 milliards. Il nous
faut donc mettre en œuvre d'autres stratégies. Et je vous propose plusieurs de
ces autres stratégies.
La première, c'est que nous devons partager en 2026 une année blanche.
Qu'est-ce que c'est une année blanche ? C'est une année dans laquelle on
n'augmente plus ni les prestations, ni les barèmes. Une année blanche, c'est
une année où, en 2026, on aura exactement le même montant des retraites pour
chaque pensionné que celle qu'on avait en 2025. C'est un effort collectif qui
concerne toutes les catégories de Français et cette règle sera de ne pas
dépenser plus en 2026 qu'en 2025. Pas moins, mais pas plus pour chacun d'entre
nous. C'est un effort très important, temporaire, demandé à tous, mais qui
n'aura de sens que s'il est juste et si chacun contribue à hauteur de ses
moyens.
Donc l'ensemble des prestations sociales seront maintenues en 2026 à leur
niveau de 2025 et il n'y aura pas d'exception. Les Français concernés,
c'est-à-dire un grand nombre d'entre nous, seront aidés dans cet effort par la
presque disparition de l'inflation qui nous a tant pénalisés ces dernières
années. Vous savez que l'inflation est prévue cette année à 1% ou un peu moins
de 1%. Ce qui veut dire que les retraites, dans leur montant, ne baisseront pas
et qu'elles seront l'année prochaine maintenues au même montant que cette
année. Et je le disais, la règle, ce n'est pas plus, mais pas moins.
Cela concernera aussi la masse salariale publique. En 2026, il n'y aura pas
de mesures de revalorisation générale ou catégorielle dans les ministères. En
revanche, nous avons tenu à ce que les règles d'avancement dans la carrière des
fonctionnaires soient intégralement respectées. Toujours la même idée, le
travail mérite d'être pris en compte et valorisé. Les barèmes de l'impôt sur le
revenu et de la contribution sociale généralisée seront eux aussi maintenus à
leur niveau de cette année.
Au total, l'ensemble de ces décisions d'année blanche permettront de
contenir pour 7 milliards d'euros la progression des dépenses sur une totalité
des dépenses dont vous savez qu'elles représentent 1 700 milliards ou quelque
chose de cet ordre-là. Ces efforts sont exigeants et j'en ai pleinement
conscience, et ils ne seront acceptables que si nous prenons des initiatives
fortes en termes de justice sociale et fiscale.
Tout d'abord, nous devons être intransigeants avec ceux qui cherchent à
rompre l'équité, à frauder et à ne pas remplir donc leur part du contrat
social. Nous accentuerons la lutte contre la fraude en améliorant la détection
des fraudes et surtout le recouvrement de ces fraudes et des amendes. En 2023,
15 milliards de fraudes ont été détectées. Mais seulement 11 milliards ont été
recouvrés. En 2024, c'est presque 17 milliards de fraudes, 16,6 milliards qui
ont été mis en évidence, mais seulement 11 milliards qui ont été recouvrés. Il
y a donc, vous le voyez bien, une possibilité d'améliorer de beaucoup le
recouvrement des fraudes, des amendes et des pénalités constatées dans la
fraude. Nous nous attaquerons à tous les types de fraudes. La fraude fiscale,
en lien avec les travaux qui ont été menés au Sénat, la fraude aux aides
publiques comme celle qui concerne Ma Prime Rénov' ou le Compte Personnel De
Formation, la fraude à la dépense de santé. Cette lutte doit s'inscrire dans la
durée. Nous allons déposer un projet de loi à l'automne contre la fraude
sociale et fiscale pour mieux la détecter, la sanctionner et recouvrer l'argent
perdu. Une mission sera confiée à trois parlementaires pour suivre la mise en
œuvre de ce plan.
Ensuite, nous allons demander un effort particulier à ceux qui ont la
capacité de contribuer davantage, soit parce qu'ils bénéficient d'un certain
nombre d'avantages fiscaux, soit parce que leur capacité leur permettrait de
prendre une plus grande part de la solidarité. Nous nous concentrerons d'abord
sur les niches fiscales, niches fiscales et sociales, qui profitent d'abord aux
ménages les plus aisés et aux grandes entreprises. Nous ferons la chasse aux
niches fiscales inutiles, inefficaces, en commençant par les dispositifs qui
arrivent à extinction.
Nous ferons enfin la différence entre ceux des foyers qui ont besoin d'aide
ou dont les revenus méritent qu'on s'y attache, et ceux qui sont au-dessus en
termes de capacité. C'est pourquoi le fameux abattement de 10% pour le calcul
de l'impôt sur les revenus, sur le revenu pour les retraités, alors ce n’est
pas les pensions de retraite, c'est la part dans le calcul de l'impôt sur le
revenu de ces pensions de retraite. Ce sont des pensions de retraite pour frais
professionnels. On peut vérifier que des avantages pour frais professionnels
pour les retraités ne sont pas absolument justifiés, mais il ne faut pas
toucher les petites retraites et les retraites moyennes. C'est pourquoi nous
n'exprimerons plus en pourcentage cette possibilité, mais nous allons créer un
forfait annuel, ce qui permettra d'avantager les petites retraites, de garantir
un pouvoir d'achat inchangé aux retraites moyennes et de remettre dans le droit
commun les retraites les plus importantes.
Enfin, cet effort de justice doit passer par une contribution des plus
fortunés. Une contribution de solidarité sera créée, que nous définirons avec
les commissions compétentes des deux assemblées et cette contribution devra
faire participer à l'effort national les plus hauts revenus. Et comme je m'y
suis engagé lors de l'adoption du budget, nous prendrons des mesures
complémentaires pour lutter contre l'optimisation abusive des patrimoines non
productifs.
L'effort de la nation se doit d'être équitable, c'est-à-dire de demander
peu à ceux qui ont peu et plus à ceux qui ont davantage.
Voilà donc l'ensemble des mesures qui permettront de sortir de la spirale
de l'endettement. Et puis je voudrais passer maintenant au deuxième volet du
plan, c'est-à-dire en avant la production.
« En avant la production ! »
La reconquête de la production dans notre pays est aussi cruciale que la
lutte contre les déséquilibres budgétaires. Si notre production par habitant
était dans la même gamme que celle de nos voisins européens, nous n'aurions
plus de déficit budgétaire, et nos concitoyens qui gagnent 2 000 euros par mois
approcheraient les 2 500, et ceci changerait leur vie.
Notre dette, je l'ai dit, représente 114% du PIB, et nous devons avoir
l'obsession, non pas seulement de diminuer la dépense, mais d'augmenter notre
produit national. Nous ne produisons pas assez et il n'y a aucune raison
acceptable pour un tel retard. Et de même que notre objectif est de réduire le
déficit budgétaire, à 3% d'ici 2029, nous devons réduire notre déficit
commercial. Ce qui passera par le renforcement de notre tissu productif et le
soutien à nos entreprises partout en France.
Je voudrais d'abord aborder la question du travail. J'ai la conviction
qu'il faut réconcilier notre pays avec le travail, avec l'emploi, avec
l'épanouissement au travail. Il est devenu insupportable pour beaucoup d'entre
nous, j'en suis sûr, quel que soit le courant de pensée auquel nous
appartenons… Il est devenu insupportable de voir toutes les entreprises
artisanales, tous les commerces, tous les secteurs industriels, se plaindre et
parfois mettre la clé sous la porte parce qu'ils ne trouvent plus les salariés,
jeunes ou motivés, dont leurs entreprises ont besoin et dont ils espéraient
qu'ils pourraient un jour prendre la succession.
Ce blocage-là, ce désenchantement face au travail, c'est un ennemi public
et je vous propose que nous le combattions. Il faut travailler plus, il faut
que toute la nation travaille plus pour produire et pour que l'activité du pays
dans son ensemble soit plus importante dans l'année et pour que la situation de
la France s'améliore.
Je propose donc que deux jours fériés soient supprimés pour tout le pays.
Je cite comme exemple, mais je suis prêt à accepter d'autres idées, le lundi de
Pâques, qui n'a aucune signification religieuse, et le 8 mai, dans un mois de
mai devenu un véritable gruyère, où l'on saute de pont en viaduc de congés, et
qui est en avance de phase, comme on dit, un mois qui porte vers les vacances.
Ce sont des propositions. Je suis prêt à en accepter ou en examiner d'autres.
Si d'autres idées surgissent, bienvenue, et nous pourrons voir. Mais vous voyez
bien que ça n'est pas du tout la même chose pour les spécialistes
parlementaires que d'autres idées qui avaient été proposées l'année dernière,
qu'il y ait pour chaque travailleur une journée de solidarité dont on ne vérifierait
pas vraiment si elle est accomplie ou pas, et qui se traduirait uniquement par
des prélèvements sur les entreprises. Ce n'est pas du tout la même chose. C'est
le pays tout entier qui se met au travail, ou qui se remet au travail, un jour
où, depuis longtemps, il ne travaillait plus.
Au passage, cette modification de notre calendrier des jours fériés
rapportera plusieurs milliards au budget de l'État, simplement parce que les
entreprises, les commerces, la fonction publique, la nation travaillera et que
notre production sera améliorée.
Si nous ne produisons pas assez aujourd'hui, c'est aussi parce que nous ne
sommes pas assez nombreux à travailler. Alors ça a une signification très
simple, nous devons augmenter la part de nos concitoyens qui travaille, faire
en sorte que ceux qui le veulent puissent travailler davantage et que tous
travaillent dans de meilleures conditions. Il n'est pas normal qu'un pays comme
le nôtre, avec autant d'emplois offerts, conserve un taux de chômage au-dessus
de 7% et que le nombre d'emplois non pourvus soit aussi élevé. L'accent doit
notamment être mis sur les jeunes et les seniors pour qui les taux d'emploi
sont particulièrement faibles, par comparaison avec nos voisins
européens.
Pour améliorer cette situation, nous devons lever les obstacles qui
tiennent beaucoup de Français éloignés du marché du travail. Dans les prochains
jours, je vais proposer deux négociations, s'ils l'acceptent aux partenaires
sociaux, un nouveau chantier sur l'assurance chômage dont beaucoup d'analyses
indiquent qu'elle porte une responsabilité dans son organisation actuelle sur
l'absence de reprise d'emploi ; et aussi un chantier sur le droit du
travail pour améliorer les conditions de travail pour tous, faciliter les
recrutements, augmenter les offres de travail lorsque c'est possible.
Nous devons avoir comme but que le travail soit toujours un choix gagnant,
qu'il n'y ait plus aucun frein au fait de travailler ou de travailler plus. En
coordination avec les collectivités, je proposerai au Parlement avant la fin de
l'année un projet de loi créant une allocation sociale unifiée pour une
solidarité plus lisible et qui donne toujours la priorité au travail.
Et si le travail devient un choix gagnant, alors notre système de retraite
en sortira aussi gagnant. Comme je m'y suis engagé à l'issue du conclave, entre
guillemets, avec les partenaires sociaux, les mesures assurant l'équilibre
financier du régime et un traitement plus juste, notamment pour les femmes dont
la maternité est venue bousculer les carrières, et la prise en compte de la
pénibilité, figureront dans le projet de loi de financement de la Sécurité
Sociale à l'automne. Tous ces progrès seront réalisés sans alourdir le coût du
travail.
Nous devons enfin, et c'est un chantier vraiment très important, c'est une
reconfiguration de notre système social au moment où il a 80 ans. Et si nous
voulons qu'il dure 80 années de plus, nous devons moins faire peser sur le
travail le financement de notre système social. C'est une question pas
seulement de compétitivité et de pouvoir d'achat, mais de justice. Nous devons
refonder ce modèle de financement en cherchant d'autres bases pour le financer
que le travail. Ce basculement d'assiettes, comme disent les initiés, est un
des très grands chantiers que nous avons devant nous.
Deuxième option dans ce chapitre « produire », c'est la
simplification. Nous devons créer un environnement propice à la production par
l'allègement et la simplification de toutes les procédures bureaucratiques qui
n’asphyxient pas seulement les entreprises, mais les foyers et les personnes,
les artisans par exemple, en créant des obligations de dossier toujours plus
lourdes et des normes toujours plus nombreuses.
Un rapport du Sénat vient de mettre en évidence la somme si importante que
l'État apporte aux entreprises : 211 milliards sur une seule année. Alors
j'ai tout à fait conscience, sans vouloir critiquer la Haute Assemblée, que
cette addition ajoute de manière un peu rapide des allègements de charges à des
subventions et à de multiples avantages de nature très différentes. Tout cela
est un peu vertigineux, mais 211 milliards, disons en tout cas plus de 100
milliards, ce sont des sommes très importantes. Et il me semble qu'il faut
reprendre la réflexion sur tout cet ensemble à partir d'orientations nouvelles
et franches.
Alors je vous propose que cette réflexion soit organisée autour d'un
principe d'échange d’avantages. Moins de subventions contre plus de liberté, de
simplification et de confiance. Les normes surtransposées, surabondantes,
supplémentaires, les obligations bureaucratiques toujours plus pénalisantes,
les absurdités de dossiers imposées à ceux qui peuvent le moins en avoir la
maîtrise, imposées aux artisans, aux maîtres d'œuvre, à l'achat public, les
retards de paiement, c'est un autre chapitre très important. Tout cela plombe
les acteurs de la production et pénalise, une étude européenne l'a montré, de
quelque 4% ou davantage leur chiffre d'affaires. Et pénalise bien sûr davantage
les « petits » qui travaillent seuls ou en famille, avec peu de collaborateurs,
que les plus gros qui ont à leur disposition des services juridiques,
administratifs ou des directions des ressources humaines puissantes. Mais c'est
vrai que ça pénalise davantage les petits que les plus importants, mais c'est
un filet qui ralentit et paralyse tout le monde.
Et je considère qu'au moment où nous sommes, au moment où, comme j'essaie
de le prouver depuis le début de cette intervention, notre pronostic vital
comme État est engagé, comme nation, comme société et comme pays, alors nous
avons le devoir de supprimer tout de suite ces handicaps. Et donc, baisser les
obligations, les contraintes, la bureaucratie, et en échange, baisser les
subventions et les aides de toute nature. Et je propose à tous les acteurs,
depuis les artisans, depuis les start-up, depuis les sociétés individuelles
jusqu'aux petites, aux moyennes entreprises et aux grandes, de mettre au point
avec le gouvernement, dès cet été, la liste des simplifications et des
allègements de liberté qui sont nécessaires, qui sont utiles ou qui sont
souhaitables.
Et le gouvernement qui a constaté que dans les assemblées, ce problème de
la simplification n'avançait pas à la vitesse la plus grande qu'on puisse
souhaiter, le gouvernement proposera de régler ces questions par ordonnance.
Parce qu'il s'agit d'urgence nationale, tout de suite et dès l'automne. Et
ensuite, sans trêve et tout au long de l'année, de nouveaux textes de
simplification seront proposés, toujours par voie d'ordonnance, afin de lever
les obstacles identifiés dans chaque secteur selon leurs besoins
spécifiques.
Ainsi, je crois, peut-être par naïveté, que tout le monde y gagne. L'action
publique retrouve des moyens, fait des économies, et les entreprises, petites,
toutes petites, moyennes et grandes, elles gagnent des marges de liberté,
d'action et d'efficacité. Les salariés y gagnent parce qu'ils pourront se
concentrer sur des actions utiles et l'efficacité du pays y gagne puisqu'il est
déterminé à se débarrasser du joug d'absurdité dont il est accablé depuis si
longtemps.
Ma conviction est que dès cette première année, nous pouvons attendre de ce
travail de donnant-donnant que je n'ai pas chiffré dans le plan, mais que je
considère comme possible à atteindre, nous pouvons, sur ces quelques 200
milliards à la destination des entreprises, gagner plusieurs milliards
d'économies pour l'État. Je ne les comptabilise pas, mais je les crois
plausibles.
Troisième grand chapitre dans cette action en faveur de la production, la
compétitivité. Nous devons améliorer de manière générale la compétitivité,
comme on dit, c'est-à-dire la capacité, l'efficacité, l'attractivité de notre
économie. Le premier facteur sur lequel nous allons agir, c'est l'énergie, car
nous avons en France un atout immense, disposant d'une énergie bon marché en
plus d'être abondante, souveraine et décarbonée. Nous devons davantage miser
sur cet atout et remercier tous ceux qui ont, au travers du temps, permis
l'édification de cette production d'électricité. Nous devons permettre aux
industriels de bénéficier d'accords qui réduisent leur exposition à la
volatilité des prix. Plus d'une dizaine d'accords ou de contrats de long terme
ont déjà été signés par les industriels avec EDF, au coût de production
nucléaire. Mais au-delà de ces dizaines d'accords, je pense qu'on peut viser
l'équivalent de 30 TWh de contrat d'ici la fin de l'année, soit près de 10% de
la production nucléaire.
Le deuxième facteur de compétitivité, c'est l'accès des entreprises au
financement. Le rapport de Mario Draghi, qui devrait servir de référence à un
très grand nombre des acteurs économiques et politiques dans notre Union
européenne, le rapport de Mario Draghi a montré que nous devons d'abord mettre
les financements européens au service de la croissance des entreprises
européennes. C'est dans ce but que le ministre de l'Économie, Éric Lombard, a
lancé un label européen pour l'investissement de long terme qui permettra
d'assurer le développement de produits d'épargne finançant notre croissance. Ce
qu'on appelle le capital-risque, c’est un outil puissant pour l'innovation et
la croissance des entreprises. Nous consacrerons 900 millions d'euros de
financement en fonds propres supplémentaires à l'investissement dans les
entreprises.
Enfin, parler de financement, c'est s'attaquer à l'un des problèmes
fondamentaux auxquels les entreprises, et notamment les PME, se trouvent
confrontées : les retards de paiement qui représentent aujourd'hui
quelques 15 milliards d'euros de trésorerie. C'est une manne considérable et
nous ne pouvons pas accepter qu'on baisse les bras en face des conduites qui la
produisent. L'État est déterminé à renforcer les sanctions à l'égard des
débiteurs en cas de retard de paiement de ces créances. À l'avenir, ces sanctions
pourront aller jusqu'à 1% du chiffre d'affaires pour mettre fin à des pratiques
qui fragilisent notre tissu économique.
Il nous faut aussi une stratégie globale de redressement de notre commerce
extérieur. C'est, comme vous le savez, un sujet, comme le savent quelques-uns
d'entre vous, c'est un sujet sur lequel j'ai beaucoup produit lorsque j'étais
dans la responsabilité de commissaire au plan. Nous allons passer en revue
toutes les filières déficitaires, repérer les produits les plus propices à une
localisation de la fabrication sur notre sol, en vue de réduire nos
importations.
Nous devrons également soutenir nos filières d'excellence pour qu'elles le
restent. Et donc, des stratégies de filières, associant les grandes entreprises
et les pouvoirs publics locaux et nationaux, devront rapidement être définies
et mises en œuvre. L'État fédérera les grandes entreprises, entreprises
moyennes et entreprises débutantes, il les réunira, mais il ne peut pas faire
tout seul. Et donc, nous avons devant nous un important enjeu de redéfinition
d'une stratégie nationale de reconquête de notre commerce extérieur.
Il faut aussi que cela s'accompagne de changements dans nos modes de
consommation, en encourageant davantage les circuits courts et les commerces de
proximité. C'est pourquoi une taxe va être proposée sur les petits colis, afin
de protéger nos commerces et nos producteurs de la marée de concurrence
déloyale qui les assaille.
L'une des clés pour la relance de la production, c'est l'innovation. Comme
je l'ai annoncé, nous orienterons davantage les financements de France 2030
vers les secteurs prioritaires de l'intelligence artificielle et du cyber. Dans
tous les secteurs de notre activité, l'intelligence artificielle peut et doit
devenir un outil concret utile qui améliore la productivité des entreprises. On
estime, dans les études les plus sérieuses, à 20% le gain de productivité lié à
l'intégration de l'intelligence artificielle dans les processus productifs. Et
c'est l'objectif que vise le plan qui a été défini, qui s'appelle « Oser
l'intelligence artificielle ».
Mais, madame la ministre de l'Éducation nationale et de la recherche, pour
tenir le rythme de l'innovation, nous avons besoin d'ingénieurs et de
techniciens. Nous avons sur notre sol des talents très nombreux, mais nous
manquons cruellement, notamment de femmes ingénieurs. Et comme d'ici 2035,
l'économie française devra recruter près de 100 000 nouveaux ingénieurs et
techniciens par an, alors le plan « filles et mathématiques » que
vous avez mis en œuvre est un plan très important. Il vise à encourager l'orientation
des femmes, des filles d'abord, et des femmes, vers les sciences de l'ingénieur
et du numérique.
Enfin, la commande publique sera aussi un élément déterminant dans la
reconquête de la production. Et pour cela, nous devons innover et, par exemple,
ne pas craindre de réformer l'union des groupements d'achats publics, l'UGAP,
que connaissent tous les élus locaux, assouplir le cadre national afin d'éviter
les lenteurs et les surcoûts dans les achats publics.
Nous devons également changer les règles au niveau européen pour nous
permettre d'acheter européen et de soutenir notre industrie dans un contexte
géopolitique, comme on dit, dans un contexte de la planète nouveau. C'est
l'introduction d'une véritable préférence européenne que nous appelons de nos
vœux, que des critères de contenu local puissent être introduits dans les
marchés publics, mais aussi dans les aides publiques ou dans les normes.
Conclusion
Mesdames et messieurs, j'ai tenu à vous parler un langage clair et vrai. Si
notre vie politique est menacée de dissolution aujourd'hui, c'est aussi parce
que nous craignons trop souvent de nommer les choses par leur nom, parce que
nous avons cessé de faire de la vérité le critère qui nous permette d'orienter
notre action. Hannah Arendt disait qu'un peuple à qui on a cessé de dire la
vérité ne peut plus rien croire. Il est privé, disait-elle, non seulement de sa
capacité d'agir, mais de sa capacité de penser et de juger.
Ce que j'ai voulu faire en m'exprimant devant vous aujourd'hui, c'est
permettre à tous de juger la gravité de la situation, d'examiner une
proposition cohérente, un plan global d'action du gouvernement, dont nous avons
la conviction qu'il est le seul qui puisse permettre à notre pays d'affronter
ces défis. Défis que nous ne pouvons plus faire semblant de ne pas voir. Et
ainsi donner à tous la capacité d'agir et d'avancer ensemble.
J'ai voulu le faire très tôt dans l'année, beaucoup plus tôt que
d'habitude. Plus de deux mois avant les dates habituelles, pour que nous ayons
plusieurs mois de réflexion et de travail. Toutes les idées d'amélioration
seront les bienvenues. Ce plan, s'il est perfectible, nous ne demandons qu'à le
perfectionner. Toutes ces idées seront examinées, qu'elles proviennent des
partis politiques, des groupes parlementaires, du Conseil économique, social et
environnemental, ou des partenaires sociaux, des collectivités territoriales ou
des citoyens de notre pays. Mais améliorer ne peut pas signifier reculer,
amoindrir ou atermoyer. Le gouvernement, il est bien sûr libre de ses moyens,
mais il considère qu'il est devant une obligation de résultat. Un changement de
pratique qui rende à la France son image et sa liberté, son indépendance et sa
souveraineté.
Ce plan pour l'année 2026 n'est qu'un préambule, car c'est un ensemble de
réformes de fond dont notre pays a besoin. Pas seulement pour faire des
économies, mais pour rendre plus efficaces, plus proches, plus réactives, plus
souples, plus compréhensibles et compréhensives toutes les organisations qui
sont celles de l'action publique, nationale et locale, et de la solidarité.
C'est un travail d'architecte dont nous avons besoin. Et l'année 2026, qui
précède l'année 2027, si vous voyez ce que je veux dire, l'année 2026 se
prêtera particulièrement à un tel travail de refondation.
Nous ne devons jamais oublier qu'il n'y a pas beaucoup de peuples comme le
nôtre. Pas beaucoup de peuples qui comptent autant de réussites scientifiques,
techniques et industrielles. Pas beaucoup de peuples qui portent un projet de
société à vocation universelle construit autour d'idées fondatrices comme la
laïcité, une idée qui affirme qu'on n'a pas besoin, parce qu'on croit quelque
chose, de vouloir obliger les autres à abandonner leurs idées. Cette idée qui
fait que nous formons, c'est l'étymologie du mot laïcité, que nous formons un
seul peuple.
Toutes ces réussites ont scandé l'histoire et fait de notre pays une
puissance. Parfois, souvent, la France a failli céder, mais toujours elle s'est
reprise pour résister au totalitarisme, aux guerres nationales et européennes.
Elle s'est reprise chaque fois pour résister à la force brutale.
La mission des gouvernants, c'est d'identifier les risques, de les affronter
en mobilisant l'énergie du pays sans crainte et sans préoccupation personnelle.
Alors, dans l'annonce de ce plan, y a-t-il des risques pour le gouvernement ?
La réponse est : il n'y a que des risques. Le gouvernement n'a pas de
majorité, il arrive même que ses soutiens ne soient pas totalement convaincus.
Tout concourt au fatalisme, à ce qu'on ne fasse rien, à ce qu'on décrète
impossibles les changements nécessaires et qu'on laisse dériver les choses. Je
vous rassure, le gouvernement le sait bien. Il sait parfaitement qu'il est à la
merci des oppositions, autant qu'ici ou là des doutes de ses soutiens. On voit
cela depuis des années.
Mais le gouvernement a le devoir, il a le désir et l'envie de renverser les
obstacles, de rendre à notre pays ses raisons de vivre, ses raisons d'y croire,
raisons d’estimer notre peuple et de s'aimer. Et il n'a, le gouvernement,
aucune autre préoccupation. Il ne cherche pas à se préserver, il ne cherche pas
à durer, il veut changer les choses, et pardonnez-moi de le dire ainsi,
qu'importe le risque. Par-dessus tout, le gouvernement croit. Et le
gouvernement sait que toujours notre pays a su retrouver le chemin de sa
liberté et reprendre son destin en main.
C'est à ce moment de vérité que nous sommes aujourd'hui. Nous savons que le
chemin est difficile, que la voie est étroite, mais que le chemin existe,
d'indépendance, de prospérité et de progrès humain. Et qu'ensemble nous pouvons
le choisir. Je devrais dire qu'ensemble nous allons le choisir.
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