mercredi 13 avril 2016

Actualités du Centre. Après Juppé, c’est au tour de Bayrou de critiquer Macron

Alain Juppé, François Bayrou, Emmanuel Macron
S’il y avait un baromètre permettant de calculer l’impact d’un coup médiatico-politique par les réactions négatives qu’il suscite auprès des principaux concurrents de celui qui l’a réalisé, alors Emmanuel Macron a réussi le sien avec la création de son mouvement En-marche qu’il a positionné au «ni gauche, ni droite».
Alain Juppé avait ainsi déclaré, «Un de nos principaux ministres, celui qui est chargé de l'Economie, qui a un très bon bilan à son actif depuis qu'il est ministre (...), eh bien ce ministre, au lieu de s'intéresser à son métier de ministre (...), il vient de créer un nouveau parti, pour préparer sa future trajectoire politique. (…) Vous pensez que c'est à ça qu'un ministre doit consacrer son temps aujourd'hui? Créer un nouveau parti plutôt que de faire son boulot de ministre?».
C’est maintenant  au tour de François Bayrou de monter au créneau sur le plateau de Public Sénat.
Dans une longue tirade qui est tout autant une critique de Macron qu’une défense de sa ligne politique, il dit d’abord que «le vocabulaire» entre lui est le ministre de l’Economie «est le même» pour, tout suite après s’en prendre au «ni droite, ni gauche» de Macron et à l’absence de fond de son projet:
«Dans cette affaire deux choses. La première est que l’on peut au moins voir que cette bipolarisation que j’ai depuis si longtemps diagnostiquée comme étant en fin de course, mourante et paralysante, bouge. Cette bipolarisation s’effondre sous nos yeux et que ce soit un ministre du gouvernement de gauche qui dise que ça n’a peu de sens d’une certaine manière accrédite le diagnostic que j’ai porté depuis longtemps. Et puis il y a une deuxième chose: quel est le fond de tout cela? Ou cela mène-t-il? Je suis un homme du Centre, je n’ai jamais pensé que la Droite et la Gauche n’existaient pas. J’ai dit que ce clivage ne pouvait plus être le clivage dans lequel nous pouvions nous reconnaître. Je crois qu’il y a un projet original au centre. Il y a une phrase que j’avais dite il y a longtemps, lorsque l’UMP a été créée et que les gens disaient «On pense tous à la même chose». J'ai répondu que si nous pensions tous la même chose, nous ne pensions plus rien! Il y a l’idée qu’indifféremment tout le monde se retrouve sans connaitre le projet, car ce que l’on entend n’a pas de sens ni de profondeur et ce qu’il me manque est un projet de société dans tout cela... L’absence de fond, l’absence de projet construit est pour moi une interrogation. Ce dont j’ai besoin est de savoir où l’on va. Par exemple, le sentiment qu’il n’y aurait que l’économie financière qu’il faudrait servir et qu’au fond tout le monde serait obligé de passer par là est une petite musique que l'on entend et qui ne correspond pas à ce que moi j’attends.»
Et, tout en affirmant qu’il ne fait pas un «procès» à Macron, il enfonce le clou, en ajoutant, «J'ai bien regardé ces derniers temps les lois proposées par monsieur Macron, je ne peux pas dire que je ressente qu'il y ait eu ces derniers mois des changements profonds sur la manière dont le pays est organisé».
Tout autant que les critiques de Juppé, celles de Bayrou s’adressent à un électron libre qui vient se positionner sur leurs plates-bandes, celle de la «centralité» pour Juppé et celle d’une «majorité centrale» et du «ni-ni» de Bayrou.
Car Emmanuel Macron peut bien être celui avec qui l’on veut bâtir une nouvelle majorité, même que l’on veut attirer dans son camp (voire dans son parti comme pour Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin pour l’UDI), il est surtout devenu un adversaire pour prendre le leadership de ce qu’on appelle l’axe central qui va des réformistes de droite au sociaux-libéraux de gauche en passant par les libéraux sociaux du Centre.
Un axe central qui se trouve, par ailleurs, légitimé par toutes ces réactions qui montrent, en outre, qu’il est bien une force qui pourrait s’imposer dans les années à venir sous forme d’une coalition électorale et gouvernementale.





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