samedi 18 juillet 2020

Une Semaine en Centrisme. Au revoir réforme, bonjour réconciliation?



Emmanuel Macron et Jean Castex
«Reconstruire» et, surtout, «reconquête» sont parmi les maîtres mots des discours officiels de Jean Castex (sans oublier évidemment celui d’«emploi»), notamment ceux de politique générale qu’il a délivrés devant l’Assemblé nationale et le Sénat.
Tout comme l’est encore celui de «réforme» mais avec des enrobages comme celui de l’existence d’un «nouveau contexte» qui tend à enfermer de manière stricte celle-ci dans celui-là voire à l’édulcorer fortement.
Et puis un nouveau venu ou plutôt un ancien réhabilité, celui de «réconciliation», certes encore peu utilisé mais qui, selon le Premier ministre, est une «première ambition» qualifiée d’«immense».
Car voilà peut-être la principale ligne directrice de la seconde et dernière partie du quinquennat d’Emmanuel Macron, réconcilier les Français entre eux et avec leurs gouvernants.
Pour certains il ne s’agit que d’une posture électoraliste à deux ans de la prochaine présidentielle.
Pour d’autres, ils se rappelleront que le Président de la république a souvent utilisé, par le passé, réconcilier et réconciliation, comme, par exemple, dans son premier discours après son élection, le 14 mai 2017 à l’Elysée où il affirmait, «j'aurai la volonté constante de réconcilier et rassembler l'ensemble des Français».
De même dans le discours délivré au Congrès réuni à Versailles en juillet 2017.
Il disait alors: «Ce qui nous est demandé par le peuple français, c’est de renouer avec l’esprit de conquête qui l’a fait, pour enfin le réconcilier avec lui-même.»
Ou encore:
«En retrouvant l’esprit de nos institutions, nous redonnerons à la nation tout entière le sentiment de retrouver la maîtrise de son destin et la fierté de reprendre en main le fil de son histoire. C’est la condition même de la réconciliation de notre pays.»
La réconciliation fait donc partie intégrante du projet macronien et du discours du Président.
En réalité, la réconciliation devait être la ligne directrice de la deuxième partie du quinquennat alors que la réforme était celle de la première partie.
Remettre d’abord la France à niveau avant de réunir et redistribuer, tel était l’agenda d’Emmanuel Macron.
Mais les événements (des gilets jaunes à la covid19) en ont décidé autrement.
Reste que la phase de réconciliation, si elle est dans l’ordre des choses, à la fois par le programme proposé par Macron aux Français et par la nécessité du moment, risque de porter un coup d’arrêt fatal à la phase de réforme qui n’était pas encore terminée, ayant pris le retard que l’on sait.
On comprend le dilemme dans lequel se trouve aujourd’hui le Président de la République.
Néanmoins, on se rappelle également que le cœur même de son élection était la promesse de réformer la France, ce qui aurait permis ensuite de la réconcilier.
Or, si la première phase reste inachevée dans ses objectifs affichés pour le quinquennat (la réforme, elle, en tant qu’outil est une nécessité constante de mise à niveau), cela risque d’empêcher une réelle réconciliation qui se fera sur un socle bancal.
A moins que cette dernière partie de quinquennat ne soit pas, comme l’on dit des commentateurs, d’inspiration sarkozyste mais plutôt chiraquienne où l’on parle de réformes que l’on ne fait jamais pour privilégier, non pas une réelle réconciliation, mais une paix politique et sociale.
Cela a certes permis à Jacques Chirac de faire deux mandats mais, en même temps, a fait perdre un terrain immense à la France qu’elle paie encore aujourd’hui.
C’est bien contre cet immobilisme «radsoc» comme le qualifiaient certains en mémoire des politiques consensuelles mais immobiles d’une partie des radicaux de la Troisième république et mis en pratique par Chirac, que Macron été élu.
Tourner le dos à cette nécessité réformatrice serait une sorte d’aveu d’échec même si l’on comprend bien l’importance de la nécessité réconciliatrice.
Ici, l’on attend avec un réel intérêt ce que peut donner le «en même temps».

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC


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