Voici une sélection, ce 14 juin 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Déclarions lors de la conférence
de presse sur la situation au Proche et Moyen-Orient avec le conflit entre
Israël et l’Iran, la crise de Gaza et la possibilité d’un embrasement mondial]
Israël a donc conduit,
ces dernières heures, des attaques contre l'Iran, son programme nucléaire et
ses missiles. La France n'a pas participé à la conduite de ces frappes. Elles
ont repris cet après-midi et elles devraient probablement durer. C'est une étape
nouvelle dans la guerre qui se joue dans la région. Je sais l'inquiétude
légitime de nos compatriotes face à ces événements.
La France a condamné depuis longtemps et à de multiples reprises l'accélération
du programme nucléaire et balistique iranien. L'Iran a continué d'enrichir de
l'uranium sans aucune justification civile et à des niveaux désormais très
proches de ce qui est nécessaire pour un engin nucléaire, accumulant près de 40
fois plus d'uranium enrichi que ce qui lui était autorisé. Elle s'est ainsi
affranchie de toutes ses obligations vis-à-vis de la Communauté internationale,
rompant ses propres promesses. Cette semaine encore, l'Agence internationale de
l'énergie atomique, juge de paix en la matière, a constaté l'impossibilité
d'assurer qu'il s'agissait d'un programme pacifique. Parallèlement, l'Iran
développe à marche forcée un programme de missiles. Certains sont en théorie
capables d'emporter un engin nucléaire et d'autres ont la portée permettant
d'atteindre certaines parties de notre territoire national.
L'Iran porte une lourde responsabilité dans la déstabilisation de toute la
région, a soutenu le Hamas, le Hezbollah, les Houthis, s'est félicité de
l'attentat terroriste du 7 octobre, à la suite duquel 50 compatriotes ont perdu
la vie, et détient toujours deux otages français, Cécile Kohler et Jacques
Paris. Et je veux ici redire à leur famille notre solidarité et notre
détermination à obtenir leur libération. L'Iran fournit aussi des missiles à la
Russie pour l'aider dans son agression contre l'Ukraine. Et donc, je le dis
avec la plus grande clarté, le risque de cette marche vers l'arme nucléaire par
l'Iran menace la région, l'Europe et, plus généralement, la stabilité
collective. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde où l'Iran posséderait la
bombe atomique, car c'est une menace existentielle et une menace pour notre
sécurité à tous. Mais nul n'est plus directement visé qu'Israël, dont l'Iran
appelle sans relâche à la destruction.
Je l'ai souvent répété, Israël a le droit, comme chaque peuple, de vivre
délivré de l'angoisse de l'anéantissement, du risque de l'attaque et de
la menace du terrorisme. Nous restons attachés à cette exigence pour la
sécurité d'Israël. Je l'ai réaffirmé ce matin au premier ministre Benyamin
Netanyahou. Face au risque majeur de déstabilisation pour toute la région, la
France appelle désormais toutes les parties à la plus grande retenue pour
éviter l'escalade. La question du nucléaire iranien est une question grave, une
question existentielle. C'est par la négociation qu'elle doit désormais être
réglée. C'est pourquoi je regrette que l'Iran n'ait pas pris au sérieux les
propositions avancées par les États-Unis et a refusé jusqu'alors toutes les
concessions comme les gestes nécessaires. Nous appelons à la reprise du
dialogue, à la conclusion d'un accord, seul chemin pour désamorcer la
situation, et nous sommes prêts à mettre tous nos efforts pour atteindre cet
objectif.
Depuis ce matin, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le président Trump,
nos alliés européens, en particulier britanniques et allemands, ainsi que nos
partenaires dans la région, jusqu'à l'instant même, les dirigeants d'Arabie
saoudite, du Bahreïn, de la Jordanie, du Qatar, des Émirats arabes unis, de
l'Égypte ou du Liban. Nous serons aux côtés de nos partenaires dans la région,
auxquels j'ai rappelé notre solidarité et notre engagement, y compris celui de
nos forces pour les protéger. Ce matin, j'ai tenu un Conseil de sécurité et de
défense nationale sur la situation au Proche et Moyen-Orient et ses
conséquences pour notre pays. Avec les ministres concernés, nous avons pris
toutes les décisions pour faire face aux évolutions de la situation et pour assurer
la sécurité des Français partout sur notre territoire. Nous avons, en
particulier, décidé du renforcement de notre dispositif SENTINELLE pour faire
face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national. Plusieurs
mesures ont aussi été actées pour garantir la sécurité de nos ressortissants,
de nos troupes et de nos ambassades dans la région. Je demande à nos
compatriotes de ne pas se rendre sur place, quel que soit le prétexte. Notre
dispositif militaire dans la région est quant à lui en alerte.
Ces événements de la nuit et ce que je viens de rappeler sont évidemment à
remettre dans la perspective du conflit plus large qui se joue dans la région
et l'histoire plus longue, et en particulier depuis les attaques terroristes du
7 octobre 2023 et la guerre en cours à Gaza. Et ces dernières heures ne doivent
pas nous détourner de la nécessité d'établir un cessez-le-feu permanent à Gaza,
assorti de la libération de tous les otages et d'une aide massive à la
population palestinienne soumise à un blocus humanitaire injustifiable. Je
viens ici de rappeler tout ce que nous avons à faire et la gravité de la
situation depuis cette nuit, mais ceci en aucun cas ne doit nous faire oublier
Gaza. Les efforts pour rétablir le cessez-le-feu, rompus depuis le 1er mars,
n'ont à ce stade pas abouti. Pourquoi ? Parce que cette logique militaire,
celle de l'occupation, des déplacements, du siège, ne mènent nulle part, si ce
n'est à un conflit permanent. Pour arrêter la guerre, il faut redonner une
perspective de paix afin de bâtir les deux États et assurer la paix et la
sécurité pour tous. C'est ce que porte la France depuis le 7 octobre, fidèle en
cela à son engagement historique. Et c'est aussi le rappel qu'une vie vaut une
vie et que pour la France, il n'y a pas de double standard. C'est par cette
exigence que seront restaurées la paix et la sécurité régionales.
Aujourd'hui, à Paris, la société civile israélienne et la société civile
palestinienne étaient venues porter ce message, et je regarde leur engagement
avec espérance. Elles se sont réunies au Conseil économique, social et
environnemental et ont remis au ministre des Affaires étrangères un appel à
l'action, l'appel de Paris, auquel je compte désormais donner suite. Ces voix
soutiennent en particulier l'initiative annoncée avec le prince héritier
d'Arabie saoudite pour relancer la création d'un État palestinien et la pleine
intégration d'Israël au Moyen-Orient qui se traduira par une conférence
internationale sous l'égide des Nations unies à New-York. Les objectifs que
nous poursuivons à travers cette conférence internationale coorganisée avec
l'Arabie saoudite sont les suivants. En premier lieu, sécuriser la libération
des otages et permettre l'arrivée dans la bande de Gaza d'une aide humanitaire
massive. Ensuite, consolider le cessez-le-feu le plus durable possible.
Troisièmement, enclencher un processus politique qui se substitue aux armes et
qui permette d'obtenir une réforme de l'autorité palestinienne et la mise en
place d'une administration sous l'autorité palestinienne dans la bande de Gaza,
excluant le Hamas, qui doit être désarmé. L'objectif, c'est donc un État
palestinien démilitarisé, reconnaissant l'existence et la sécurité d'Israël,
qui doit recevoir le soutien d'une mission internationale de stabilisation.
C'est le préalable indispensable à l'intégration régionale d'Israël et à
l'établissement de sa reconnaissance mutuelle. Si nous devons décaler la tenue
de cette conférence pour des raisons logistiques et sécuritaires, dans la
mesure où les dirigeants de l'autorité palestinienne ne peuvent rejoindre les
Nations unies, elle aura lieu au plus vite. Et dès les prochains jours, en lien
évidemment avec les dirigeants de la région et plus particulièrement avec
l'Arabie saoudite, une date sera refixée. Ce report ne saurait remettre en
cause notre détermination à avancer vers la mise en œuvre de la solution des
deux États, quelles que soient les circonstances.
J'ai dit ma détermination à reconnaître l'État de Palestine. Elle est entière
et c'est une décision souveraine. En ces heures, l'urgence d'un Moyen-Orient en
paix est d'autant plus grande. Je mettrai à profit les grandes échéances des
prochains jours et notamment le sommet du G7 dès la semaine prochaine pour
rapprocher les points de vue de nos partenaires, nous concerter plus avant avec
les États-Unis d'Amérique et avancer dans ce sens. Chaque jour, chaque heure,
la France agit pour la paix et la sécurité pour tous au Moyen-Orient. Je vous
remercie et je vais maintenant répondre à vos questions.
> [Etat
d'avancement du programme nucléaire iranien] Les informations que nous avons et
que nous partageons avec nos partenaires, ce dont nous disposons aussi des
informations de nos partenaires, et je dirais plus encore les informations qui
ont été partagées par l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique,
qui est en charge du suivi de ce programme, sont plus que préoccupantes. Et
c'est sur la base de ces informations que nous avons d'ailleurs eu un vote
majoritaire qui a, comme je le disais, qualifié le programme en cours, remis de
la pression sur l'Iran et demandé des précisions nouvelles. Et donc, oui,
L'Iran a poursuivi son programme ces derniers mois, a continué d'enrichir, et
est proche d'un stade critique, c'est-à-dire le stade qui permet, en effet, de
produire des engins nucléaires, et ensuite qui déclenche la mécanique qui
permet ensuite, en effet, d'avoir des armes nucléaires.
Donc, la situation est aujourd'hui très préoccupante à cet égard, et ce
programme ne répond pas aujourd'hui aux engagements qui avaient été pris,
naguère, l'Iran elle-même. Pour autant, la voie que la France continue avec
constance de poursuivre est une voie diplomatique, c'est-à-dire celle qui
consiste à redonner la légitimité à l'AIEA de poursuivre son programme, à
demander de suivre l'ensemble des sites d'enrichissement et de revenir à des
seuils qui correspondaient aux engagements internationaux.
Nous avons été parmi les pays les plus exigeants et les plus constants sur la
question du nucléaire iranien comme du balistique iranien, mais nous avons
toujours privilégié la voie de la discussion diplomatique et des exigences
techniques de l’AIEA plutôt que l'intervention militaire. C'est pourquoi la
France n'était pas engagée dans une discussion avec Israël sur ce sujet, et
c'est pourquoi la France ne recommandait pas des attaques de la part d'Israël.
La situation que je viens de décrire a conduit Israël à prendre cette décision.
Est-ce que, pour autant, nous la soutenons, nous avons voulu l'accompagner,
nous l'avons planifiée avec eux ? La réponse est non.
Je rappelais simplement un contexte qui fait que, oui, la situation dans
laquelle nous étions entrés était très clairement une menace pour Israël et une
menace pour nous tous. Nous, nous avions privilégié une autre voie. Les choses
se sont passées comme elles se sont passées ces dernières heures. Elles ont
d'ailleurs conduit à la neutralisation de responsables qui avaient eux-mêmes,
par leurs déclarations, parfois par leurs actes, conduit des activités qui
étaient dangereuses pour notre propre pays.
Aujourd'hui, notre souhait, comme je viens de le rappeler, c'est que les
discussions reprennent. Et donc, nous appelons d'une part à ce qu'il n'y ait
pas d'escalade dans les représailles iraniennes, et d'autre part, à ce qu'au
plus vite, Israël puisse, au contraire, aider les États-Unis d'Amérique, les
Européens, à reprendre les discussions avec les Iraniens pour se remettre
autour de la table et reprendre le contrôle sur ce programme.
La situation qui a été créée par ces frappes ouvre une ère nouvelle, je l'ai
dit, de la guerre dans la région et doit conduire Israël à accepter enfin le
cessez-le-feu, la libération des otages et une reprise des discussions
politiques. Je l'ai dit tout à l'heure au premier ministre Netanyahou, parce
que s'il y a une chose qui unit Israël avec tous ses voisins dans la région,
c'est la menace iranienne. Puisque celle-ci est redevenue aujourd'hui la
priorité, et puisqu’aujourd’hui, les heures, les jours, les semaines qui
viennent seront structurées par les risques de riposte, et donc, évidemment, la
sécurité d'Israël et de toute la région, plus que jamais, c'est l'intérêt même
politique et sécuritaire d'Israël d'acter un cessez-le-feu, d'obtenir la
libération des otages par le Hamas et de réenclencher cette dynamique.
Je pense que c'est cette fenêtre que nous devons saisir et c'est le travail que
nous conduirons dans les prochains jours avec Israël, d'une part, mais aussi
avec les États-Unis, le Qatar, l'Égypte et l'ensemble des négociateurs qui sont
impliqués dans cette discussion.
> [Soutien de la France
à Israël] Le soutien, celui que nous avons toujours apporté, j'ai toujours été
clair, ce n'est pas un soutien inconditionnel et sans limites. J'ai d'ailleurs
été clair lorsqu'il s'agit de lutter contre le terrorisme du Hamas, que nous
avons condamné avec force le 7 octobre dernier. Nous avons soutenu toutes les
opérations ciblées d'Israël, sa volonté de, très clairement, se protéger du
terrorisme, mais en aucun cas, nous n'avons soutenu les opérations qui
mettaient en danger la vie des civils, et c'est pourquoi nous avons appelé, dès
la fin octobre 2023, à un cessez-le-feu sur le territoire.
Pour ce qui est de l'Iran, nous soutenons la sécurité d'Israël. Si Israël
devait être attaqué dans le cadre d'une représaille par l'Iran, la France,
compte tenu de ses emprises, et si elle était en situation de le faire,
participerait aux opérations de protection et de défense d'Israël. J'ai marqué
notre disponibilité en ce sens. À l'inverse, je n'envisage aucunement de
participer à quelque opération offensive que ce soit. Ce n'est pas notre rôle
et ce n'est pas le chemin que nous choisissons, je l'ai déjà dit. Nous sommes
pour un chemin diplomatique sur la question du nucléaire et du balistique
iranien.
Pour ce qui est des négociations de cessez-le-feu, comme des négociations
nucléaires et balistiques, je crois à l'efficacité d'impliquer les Européens,
qui sont des partenaires de confiance. Nos contacts, comme notre travail, sont
permanents. J'ai passé la journée à échanger avec l'ensemble des négociateurs
du cessez-le-feu, comme avec tous les acteurs de la sous-région. Oui, mon
souhait, c'est que nous puissions être réinclus dans ces actions et ces
opérations, qu'il s'agisse du cessez-le-feu ou de la discussion sur le
nucléaire iranien.
Néanmoins, la lucidité me conduit à dire que si je vois une fenêtre rouvrir sur
les négociations sur le cessez-le-feu à Gaza, les prochaines heures et les
prochains jours seront difficiles pour rouvrir des négociations efficaces avec
l'Iran sur la question du nucléaire. Mais nous devons y travailler, nous devons
nous réengager sur ce sujet.
> [Liban] a France reste comme toujours vigilante et préoccupée par la sécurité du Liban, qui, vous avez raison, peut être menacée depuis son propre sol comme depuis l'extérieur dans ce contexte. Nous avons aussi des contacts multiples pour essayer de limiter ce risque et de tout faire pour qu'il n'y ait pas un embrasement.
La situation aujourd'hui, soyons honnêtes et lucides, est une situation à haut risque. Nul ne peut dire qu'elle est maîtrisée. Et les risques d'escalade, y compris d'escalade non contrôlée, existent. C'est pourquoi il faut la plus grande vigilance, c'est pourquoi il faut redoubler d'efforts de prise de contact et il faut garder un calme, une lucidité, un sérieux dans tout ce qui est fait. C'est ce que nous essayons de faire, mais très clairement, les heures, les jours qui viennent sont extrêmement dangereux pour toute la région et au-delà.
> [Conférence de New York sur la crise au Moyen-Orient annulée] C'est d'abord un choix de pragmatisme et de sécurité. Quel sens aurait une telle conférence, dans laquelle le prince héritier d'Arabie saoudite et moi-même devions être, que nous coprésidions, où le président de l'Autorité palestinienne devait prendre verbalement des engagements forts, au-delà même de la lettre qu'il a déjà écrite, et qui sont des engagements historiques et des déclarations historiques, si tous les dirigeants de la région, pour des raisons évidentes, sont tenus chez eux ? Aujourd'hui même, le prince héritier, comme le président de l'Autorité palestinienne, m'ont indiqué qu'il n'était pas en situation logistique, physique, sécuritaire et politique de se rendre à New-York. C'est juste des raisons pragmatiques et de la pure lucidité.
Néanmoins, la
dynamique créée par cette conférence est une dynamique inarrêtable.
D'abord parce que nous avons obtenu, ces dernières semaines, des engagements
historiques de plusieurs. De l'Autorité palestinienne, qui a enfin reconnu et
condamné les attaques terroristes du 7 octobre, qui s'est engagée, comme elle
ne l'avait jamais fait, dans un processus elle-même de reconnaissance avec
Israël et dans sa volonté de créer les conditions politiques sécuritaires des
deux États et d'une sécurité régionale. Dans la volonté affichée et réaffichée,
obtenue il y a quelques semaines lors de mon voyage en Égypte, d'avoir une
implication égyptienne dans la sécurité de Gaza le jour d'après. Mais aussi
dans les engagements obtenus, eux aussi historiques, il y a quelques jours à
peine, en Indonésie, du président Prabowo, affirmant pour la première fois haut
et fort une fois ce processus déclenché, sa capacité à reconnaître Israël et sa
sécurité.
Tout ça, c'est la dynamique de cette conférence qui l'a créée. Ce que la
rencontre d'aujourd'hui entre les sociétés civiles israéliennes et
palestiniennes, la convergence de vues, la même détresse, les mêmes souffrances
exprimées durant toute cette journée, mais exprimées depuis des mois et parfois
non entendues à travers le monde, de ces deux peuples nous obligent. Donc, je
vous le dis, ce mouvement est inarrêtable. Dès que les conditions sécuritaires
nous le permettront, nous le ferons.
Ensuite, pour les risques, je ne vais pas ici documenter le pire, mais nous
nous préparons à tout. Il est évident que selon les ripostes qui seront
décidées par l'Iran, mais aussi si Israël devait continuer des opérations en
Iran, sur le sol iranien qui aille au-delà des cibles jusqu'alors indiquées,
nous rentrerions dans des situations dont aujourd'hui, nul ne peut totalement
se figurer les conséquences.
Ensuite, nous restons très vigilants sur les solidarités qui se sont dessinées
ces derniers mois. Je note que les mêmes drones iraniens sont utilisés sur le
théâtre ukrainien par les Russes. Je note les propos que la Fédération de
Russie a commencé à tenir dès ce matin. Je vois des solidarités inquiétantes,
mais je les ai déjà dénoncées et nous avons marqué cette vigilance depuis des
mois. C'est pourquoi je pense qu'il est indispensable que les discussions
reprennent, sur la question du cessez-le-feu à Gaza et de la libération des
otages, et sur la question d'un cessez-le-feu en Ukraine et d'une reprise de
discussion sur une paix juste et durable, et sur la question du nucléaire
iranien pour lui donner un cadre négocié. C'est ce à quoi appelle la France et
ce à quoi elle œuvrera. Mais vous voyez les liens entre les acteurs les plus
dangereux et vous voyez le risque d'escalade lorsque certains de ces acteurs
ont manifesté ces derniers mois leur incapacité à calibrer leurs gestes.
> [Risques pour la France
d’une détérioration de la situation au Moyen-Orient] Il est trop tôt pour les
identifier, mais il y en a de manière évidente. Il y a très clairement, de
toute façon, une vigilance sécuritaire. C'est pourquoi nous décidons de ce
renforcement. Parce que l'Iran, par le passé, a aussi montré sa capacité dans ses
ripostes ou ses actions, à mener des actions terroristes sur des sols
étrangers. Ensuite, parce que l'Iran a des capacités balistiques qui peuvent
toucher le sol européen, et donc elle est aussi une menace à cet égard, même
si, comme je le rappelle, la France, comme d'ailleurs tous ses autres
partenaires européens et comme les États-Unis d'Amérique, n'ont en aucun cas
participé ni aux opérations des dernières heures ni à leur planification.
Ensuite, il est très clair qu'en fonction de l'évolution de la situation, des
bombardements, des cibles qui seront prises, l'économie mondiale peut être
impactée. Qu'il s'agisse des routes commerciales et des menaces sur le détroit
d'Ormuz, qu'il s'agisse des capacités de production pétrolière mondiales, qu'il
s'agisse de tous les autres sujets pour lesquels la région a un impact très
clair.
Notre principale préoccupation est sécuritaire aujourd'hui, mais compte tenu de
l'incapacité de qui que ce soit à se prononcer sur la durée, l'étendue des
opérations et des ripostes, nous devons nous préparer aussi à des conséquences
économiques. Il est trop tôt pour répondre à votre question de manière précise,
mais il n'est pas trop tôt pour nous tenir groupés, unis, conscients,
solidaires dans ce moment que nous avons à vivre. Et je sais que nous en avons
la capacité. Le peuple français a su le faire lorsque nous avons été frappés
par la crise énergétique qui était liée au conflit, à la guerre d'agression
russe menée en Ukraine. Et nous avons aussi continué à mener l'effort de
soutien. Donc, nous sommes aussi résistants. Simplement, il faut à chaque fois
dire les choses telles qu'elles sont, de la manière la plus précise. Et donc,
je vous dis aujourd'hui tout ce que je sais, je vous dis aussi tout ce que je
ne sais pas, et je reviendrai vers vous dès que, évidemment, la situation
évoluera pour vous en tenir informés et pour vous dire les conséquences pour
nos compatriotes qui sont dans la région, qu'ils soient diplomates, militaires
ou que ce soit nos ressortissants, mais aussi pour notre pays.
> [Frappes
israéliennes contre l’Iran] Écoutez, comme je vous l'ai dit, nous n'avons pas
participé à ces frappes. Nous ne partageons pas cette approche et la nécessité
d'une opération militaire. Néanmoins, quand je regarde les résultats de ces
frappes, elles ont permis de réduire des capacités d'enrichissement, elles ont
permis de réduire des capacités balistiques. Elles ont donc des effets qui vont
dans le sens recherché. Maintenant, il faut reprendre la discussion et essayer
d'avancer sur un terrain, je le disais, plus diplomatique et technique. Pour ce
qui est ensuite des Européens, je pense qu'ils ont, je le disais, un rôle à
jouer dans la mesure où les Européens, d'abord, ont la continuité du dossier
nucléaire en tête et que nous avons tenu une position constante et que nous
nous sommes avérés être, je dirais, pour tous les interlocuteurs de ce dossier,
au fond, les seuls à être véritablement constants. C'est-à-dire que nous avons
été un moment plus exigeant que les Américains à l'égard du programme nucléaire
iranien. Nous avons d'ailleurs durci la position en 2015 dans les dernières
étapes de cette négociation. Qu'ensuite nous, nous sommes restés attachés au
JCPOA et que nous n'avons pas quitté quand les Américains, eux, ont changé
d'avis, et que nous considérons que c'est toujours le même cadre qui doit
préexister et que d'ailleurs les discussions qui s'étaient tenues encore cette
semaine à l'AIEA se faisaient dans ce cadre. Et donc je pense que pour toutes
les parties prenantes, les Européens ont à la fois la connaissance dans la
profondeur du dossier, les compétences, en particulier pour la France, qui est
un État doté avec des compétences techniques nucléaires fortes, et une
cohérence.
Enfin, je considère qu'au fond, notre responsabilité, notre rôle, notre
position est toujours la même. Nous sommes attachés à la paix et la sécurité
pour tous. Eh oui, parfois, nous avons des désaccords avec Israël, et nous les
assumons. Ou plutôt, nous avons des désaccords avec le Premier ministre
Netanyahou et son gouvernement, et nous les assumons. Parce que parfois, nous
considérons que les décisions qu'il prend sont mauvaises pour la sécurité
d'Israël elle-même. Et lorsqu'il mène une opération massive, terrestre, qui
fait tant de victimes civiles à Gaza, nous considérons que c'est à la fois une
trahison de ce qu'est l'histoire même et l'identité d'Israël et dangereux pour
la sécurité d'Israël aujourd'hui et demain. Voilà. Et donc si je devais vous
résumer les choses et la position française, elle est assez simple. Nous sommes
pour la paix, la sécurité et la stabilité pour tous dans la région. Nous ne
voulons pas d'un Proche et Moyen-Orient avec un Iran qui soit doté de l'arme
nucléaire. Nous ne voulons pas d'un Proche et Moyen-Orient où Gaza soit
durablement occupée, des civils maltraités. Et nous croyons que la solution est
la stabilité, c'est un Israël vivant en paix à côté d'un État palestinien,
vivant en paix et en sécurité, et ayant reconnu l'existence et les droits
d’Israël à se défendre dans la région. C’est ça ce que nous poursuivons. Et je
crois que c’est honnêtement une perspective honnête, cohérente, et j’espère,
réaliste.
> Aujourd’hui à Paris, la société civile israélienne et la société civile palestinienne sont venues porter un message d’espérance. Ensemble. Ces voix soutiennent l’initiative annoncée par l’Arabie saoudite et la France pour relancer la création d’un État palestinien et la pleine intégration d’Israël au Moyen-Orient, qui se traduira par une conférence internationale sous l’égide des Nations unies à New York. Les objectifs que nous poursuivons à travers cette conférence internationale sont les suivants : 1. Sécuriser la libération des otages et permettre l’arrivée dans la bande de Gaza d’une aide humanitaire massive. 2. Consolider un cessez-le-feu durable. 3. Enclencher un processus politique qui se substitue aux armes et qui permette d’obtenir une réforme de l’Autorité palestinienne, ainsi que la mise en place d’une administration sous l’autorité palestinienne dans la bande de Gaza, excluant le Hamas, qui doit être désarmé. L’objectif, c’est donc un État palestinien démilitarisé, reconnaissant l’existence et la sécurité d’Israël, qui doit recevoir le soutien d’une mission internationale de stabilisation. C’est le préalable indispensable à l’intégration régionale d’Israël et à l’établissement de sa reconnaissance mutuelle. Si nous devons décaler la tenue de cette conférence pour des raisons logistiques et sécuritaires, dans la mesure où les dirigeants de l’Autorité palestinienne ne peuvent rejoindre les Nations unies, elle aura lieu au plus vite. Dès les prochains jours, en lien avec nos partenaires, une date sera refixée. Notre détermination à avancer vers la mise en œuvre de la solution des deux États, quelles que soient les circonstances, est totale.
> Ce matin, j'ai tenu un Conseil de sécurité et de défense nationale sur la situation au Proche et Moyen-Orient et ses conséquences pour notre pays. Nous avons pris toutes les décisions pour faire face aux évolutions de la situation et pour assurer la sécurité des Français. Nous avons décidé du renforcement de notre dispositif Sentinelle pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national. Plusieurs mesures ont aussi été actées pour garantir la sécurité de nos ressortissants, de nos troupes et de nos ambassades dans la région. Notre dispositif militaire dans la région est quant à lui en alerte. Je demande à nos compatriotes de ne pas se rendre sur place, quel que soit le prétexte.
> La France a plusieurs fois condamné le programme iranien en cours et a pris toutes les mesures diplomatiques en ce sens. Dans ce contexte, la France réaffirme le droit d’Israël à se protéger et à assurer sa sécurité. Pour ne pas mettre en péril la stabilité de toute la région, j’appelle les parties à la plus grande retenue et à la désescalade. Suite aux frappes israéliennes sur l’Iran et son programme nucléaire, j’ai tenu un Conseil de défense et de sécurité nationale ce matin. Toutes les dispositions seront prises pour protéger nos ressortissants et nos emprises diplomatiques et militaires dans la région. Toutes les mesures seront mises en place pour assurer la protection du territoire national et de nos concitoyens. La France est prête à travailler avec tous ses partenaires pour œuvrer à la désescalade au Proche et Moyen-Orient. Aujourd’hui, je me suis entretenu avec le Prince héritier d’Arabie saoudite, le Roi de Jordanie, le Président des Émirats arabes unis, l’Émir du Qatar, le Chancelier allemand, le Premier ministre britannique et le Président américain. La paix et la sécurité de tous dans la région doivent être notre boussole.
> Il y a 40 ans à Schengen, la France, l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas choisissaient la libre circulation pour leurs citoyens à l’intérieur de l’Union européenne et le renforcement commun de leurs frontières extérieures. Depuis, 450 millions de destins européens bénéficient de l’espace de libre circulation intérieure. L’espace Schengen est une force de l’Union européenne, une garantie de liberté et de sécurité.
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre
centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un
côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un
gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le
Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
●
Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Discours lors des Assises des petites villes de France]
(…) Il y a très longtemps, que dans la République, plusieurs décennies en tout
cas, le Premier ministre choisi de ne pas demeurer maire en même temps.
Et ça a fait des polémiques, comme vous le savez. J'ai considéré qu'il y avait
dans ce choix un message, qui est que l'exercice des responsabilités nationales
ne peut pas être séparé de l'exercice des responsabilités locales. Comme vous
savez, il y a un débat très important autour de ce sujet. Peut-être va-t-il
rebondir dans les mois ou années qui viennent, mais j'ai trop fait
l'expérience, et vous aussi, de ce que des décideurs nationaux pouvaient se
trouver très vite déracinés. Et je crois exactement le contraire. Je crois au
contact maintenu avec les réalités de la vie de tous les jours, avec la vie
d'un territoire, avec la vie de nos concitoyens, des associations, des
entreprises, le contact maintenu par force, parce que quand vous êtes maire,
même en ne consacrant qu'une partie de votre temps à cette mairie, vous êtes
obligé de suivre les difficultés, les enthousiasmes, mais aussi les difficultés
de ceux qui vous ont confié ce mandat.
Et donc, je vous salue mes chères collègues et mes chers collègues avec
respect, considération et amitié. J'aime particulièrement cette
assemblée.
D'abord, je vais le dire parce que je considère qu'il s'agit
de quelque chose comme la vie du pays, comme la trame du tissu national, avec
les 26 millions d'habitants. Et puis, je pense très souvent à vous, parce que j'étais
venu à Millau comme commissaire au plan il y a quelque deux ans, pour cette
assemblée, et il m'est arrivé à Millau quelque chose de formidable et que je
n'oublierai absolument jamais. Peut-être d'ailleurs la protagoniste est-elle
encore là, je ne sais pas. Et à Millau, alors vous savez, la vie d'un
responsable public qui a quelque notoriété, c'est de faire beaucoup de selfies.
Et moi, je passe ma vie, depuis très longtemps, ayant parcouru les campagnes
présidentielles, les vertes campagnes présidentielles, les oranges campagnes
présidentielles, pour mon cas, avoir parcouru ces campagnes. Alors oui, il
m'arrive très souvent de faire des selfies. Et l'histoire de ces selfies,
c'est l'histoire de ma vie, parce que quand j'étais très jeune, il y avait des
jeunes filles qui venaient me voir en disant : « est-ce que je peux faire un selfie
parce que je vous adore ? » Et puis, le temps a passé, et un grand nombre
de celles-là sont depuis venues me voir en disant : « est-ce que je peux faire
un selfie parce que ma mère vous adore ? » Et puis... le temps a encore
passé, et il y en a un certain nombre qui sont venus me voir en disant : «
est-ce que je peux faire un selfie parce que ma grand-mère vous adore ?
» Et à Millau, il y a deux ans précisément, il y a une jeune femme, peut-être
est-elle là, qui est venue me voir en disant, et ça a été un moment très, très
heureux de ma vie, elle m'a dit : « est-ce que je peux faire un selfie parce
que ma fille vous adore ? » Et ce renversement du temps, ce tour de la roue de
la vie a été, pour moi, délicieux. Alors, je suis très heureux d'être avec
vous en évoquant ce souvenir-là, qui, pour moi, Millau, il y a deux ans, c'est
cela.
Je vais m'efforcer de parler en vérité. Pas m'efforcer, je m'engage à parler en
vérité et pour répondre en vérité à tout ce que vous avez dit. Je suis très
content que vous défendiez dans la vie du pays la place éminente et, à mes yeux,
même prééminente, des petites villes qui font en effet le centre local de la
vie de nos territoires, comme on dit. C'est un mot que je n'aime pas beaucoup,
mais il faut bien l'utiliser, en tout cas, du terrain, des régions, des
campagnes et des petites villes. Et vous avez bien raison de les défendre,
parce que presque la moitié, 40 %, des habitants du pays sont représentés
dans des collectivités comme les vôtres. Et il est juste et légitime qu'elles
trouvent dans le débat national toute leur place.
Et vous êtes maire, c'est-à-dire que vous avez choisi, pour la plupart d'entre
vous, d'être maire. Vous avez choisi de consacrer une partie de votre vie à la
collectivité à laquelle vous appartenez. Et maire, c'est une responsabilité
particulière. Vous vous souvenez de Jules César qui, passant dans une campagne,
disait à ceux qui l'entouraient : « vous voyez, je préférerais être premier
dans ce village que le second à Rome » Alors, je ne vous invite pas à être
Jules César.
Mais il y a une chose que je sais, c'est que quand on est maire, on est en
première ligne. Très souvent, l'État, les administrations, les collectivités
locales ont une puissance d'organisation. Mais il n'y a qu'un responsable, une
ou un responsable, c'est celui qui porte l'écharpe. Le maire est en première
ligne.
Et ma conviction profonde, c'est que la société dans laquelle nous vivons
manque de responsables. Très souvent, lorsque les problèmes se posent, on
délègue. On dit, c'est tel responsable, telle administration que vous devez
saisir. Et je trouve que ceci a délayé, dans la société française, non
seulement le sentiment de la responsabilité, mais l'exercice de la
responsabilité. Et si l’on a évoqué les normes, l'inflation de normes dans
lesquelles nous vivons, je veux évoquer aussi l'inflation de déviation de
responsabilité. J'ai une collaboratrice qui a un verbe très haut. Elle est
béarnaise, elle est pyrénéenne. Et elle a trouvé une définition pour cela. Elle
appelle ce phénomène le « ce n'est pas moi qui s'en occupe ». Vous allez saisir
quelqu'un, et on vous renvoie de téléphone en téléphone quand on a la chance
d'avoir quelqu'un qui répond au bout du fil. On saisit une autre
administration : « je ne manquerai pas de vous tenir informé. » Les seuls
qui ne puissent pas faire ça, ce sontt les maires ou qui en tout cas se gardent
de faire ça parce qu'ils savent que la dévolution de confiance qui a été faite
par leurs concitoyens quand ils ont voté pour eux, cette dévolution de
confiance-là, elle dit : « c'est à toi que je confie la responsabilité. » Toi,
que je connais, que j'apprécie, à qui, en tout cas, je demanderai des comptes,
et quand on est maire, on ne peut pas reporter sur d'autres la responsabilité.
Et c'est quelque chose de tout à fait éminent pour l'évolution de la société dans
laquelle nous vivons, qui est une société, je le crains, de
déresponsabilisation, la plupart du temps. Et c'est vrai que c'est lourd.
Est-ce que je puis dire quelque chose qui va détonner ? Ne me le reprochez pas.
On dit : les maires démissionnent en masse. 450 dans l'année, ça veut dire 1 %
des maires de France. Et il y a beaucoup de responsabilités dans la société,
dans les associations, dans les entreprises dans lesquels il y a plus de 1 % de
démission. Moi, je crois que les maires sont, pour la plupart... Je vais me
faire très mal voir. Je crois que les maires sont, pour la plupart, heureux de
remplir la responsabilité qu'est la leur. La preuve, c'est que,
majoritairement, ils se représentent, et vous allez voir que, cette année
encore, vous allez rencontrer des personnalités qui vont vouloir se présenter
contre vous. Vous les éviteriez si vous pouviez peut-être, moi aussi. Mais, il va
y avoir des vocations. Et pardon de le dire, je lis partout dans tous les
articles le contraire, mais il n'est pas vrai que dans la société française,
les personnalités, ceux qui ont envie de s'affirmer, ceux qui ont envie de
réaliser leur destin, il n'est pas vrai qu'ils fuient les responsabilités. Ils
les recherchent et celle-là est une responsabilité d'humanité si profondément
affirmée que nous sommes nombreux à être fiers d'exercer ce mandat. Est-il
difficile ? Oui. Est-ce que les temps que nous vivons sont particulièrement
éprouvants ? Oui, moins que d'autres.
Je suis né et j'habite toujours dans un village qui, en août 14, avait 300
habitants. Il y a 29 noms sur le monument aux morts. Et les historiens savent
qu'il n'en était pas de même dans toutes les régions du pays, que le
pourcentage des sacrifiés était plus grand dans les petites communes rurales
qu'il ne l'était dans des unités urbaines plus exposées. Ça a d'ailleurs valu
des révoltes. 29 noms sur le monument aux morts. Si vous enlevez les femmes,
c'est-à-dire 160 sur 300, si vous enlevez les moins de 20 ans et les plus de 40
ans, alors vous vérifiez que le sacrifice du nombre de ceux qui ont été
fauchés, équivalait presque à un sur trois des garçons. Sans compter les
blessés, et plusieurs fois dans la même famille. Et je pense toujours au maire
de l'époque, parce que c'est lui qui recevait le télégramme et c'est lui qui
mettait sa cravate pour aller frapper à la porte ou au portail des familles. Et
du plus loin qu'elles le voyaient, les mamans, les épouses, les filles
comprenaient ce qu'elles allaient entendre. Ces maires-là ont été des héros
exactement à l'exemple et à l'identique de ceux dont la vie était sacrifiée.
Ils tenaient leur communauté, et on l'a bien vu pendant le Covid. Les maires
tenaient la communauté à laquelle ils appartenaient. Ils ont résisté avec vous,
Monsieur le préfet, raison pour laquelle je pense que les responsabilités des
préfets doivent être augmentées, améliorées, mieux prises en compte, et c'est
ce que nous allons faire dans les semaines qui viennent, en demandant aux
préfets d'être les coordinateurs de toutes les actions de l'État, pour ne plus
diluer la responsabilité. Les maires jouent ce rôle-là.
Il y a eu — pardon de le dire, parce que je prends le contrepied de la plupart
des discours que nous entendons — il y a eu des époques où il était plus
difficile d'être maire que ça ne l'est aujourd'hui. C'est exigeant. C'est
essentiel. On épanouit sa vie dans la responsabilité. Mais il y a des moments
dans lesquels, même dans les difficultés du dernier mandat, qui ont été
nombreuses, ces difficultés : le covid19, avant ça, les Gilets jaunes, puis le covid19,
puis la guerre en Ukraine avec l'explosion de l'inflation, puis tout ce que
nous avons connu ces derniers temps et que nous connaissons encore. Je n'oublie
pas qu'il y a, en ce moment-même, entre Israël et l'Iran, des lieux dans le
monde où se développent des risques dont nous savons tous la portée, qui vont
impacter notre vie de tous les jours, comme l'Ukraine a impacté notre vie de
tous les jours. Et plus largement encore, c'est un basculement du monde. On
était dans un ordre du monde dans lequel c'était la loi reconnue par tous, qui
organisait le présent et l'avenir. Et puis, quand l'armée de Poutine s'est
jetée sur l'Ukraine, à ce moment-là, quelque chose d'autre s'est passé, ça
n'était plus la force de la loi, c'était la loi de la force. Et depuis, partout
dans l'univers, et hélas aussi du côté des États-Unis d'Amérique depuis la
dernière élection, quelque chose s'est développé qui est d'une remise en cause
des principes qui étaient les nôtres, y compris entre alliés. Alors, nous nous
souviendrons de cette époque.
Moi, je crois que c'est par les maires que la société tient. Et c'est pourquoi
il est si important que nous ayons inscrit le statut de l'élu, dans toutes les
dimensions que le texte a développées. Et il y en a une que je veux reprendre
devant vous, c'est la validation des acquis, parce qu'on entre dans un mandat,
quel qu'il soit, mais il serait catastrophique que ce mandat soit, pour
l'avenir de celui ou celle qui l'exerce, un handicap. Il faut, au contraire,
que ce soit un avantage, un avantage amélioré pour les indemnités, les plus
petites, un avantage amélioré pour la retraite, et un avantage amélioré quand
on sort du mandat par une validation des acquis. Et cela est vrai pour les
parlementaires aussi, mes chers collègues parlementaires qui êtes là. Je pense
que de ce point de vue-là, on n'a pas préparé l'avenir suffisamment en donnant
toute sa part à la responsabilité. La responsabilité, ça veut dire aussi qu'on
ne laisse pas perpétuellement se complexifier le monde, qu'on est capable
d'affronter cette espèce de « marée montante de normes », d'obligations
perpétuelles à laquelle nous sommes confrontés.
On est en train d'étudier un texte sur la simplification, mais je pense qu'il
faut aller encore plus loin qu'on ne le fait. Je vais demander à tous ceux qui,
dans la société française, sont l'objet de la « marée montante des normes »,
ceux qui, à la base, doivent les affronter, je vais leur demander d'être en
première ligne dans la clarification, la simplification. Et les maires aussi.
Je vais demander aux foyers, je vais demander aux associations, je vais
demander aux entreprises de se placer en face des administrations, et il faut
bien le dire aussi, des élus, comme exigeant de comprendre pourquoi nous avons
augmenté de 1 000 pages le code de l'urbanisme et pourquoi nous avons augmenté
de 1 000 pages le code du travail. J'avais, dans une émission, autrefois, qui
avait fait un peu de bruit, j'étais venu avec le code du travail français, qui
pesait déjà un kilo, et le code du travail suisse, qui faisait 100 pages. Et en
Suisse, il n'y a pas de chômage — comme vous savez, ce n'est pas la seule
raison — mais en tout cas, on arrive très bien à vivre. Eh bien, depuis cette
émission, qui avait fait un peu de bruit, le code du travail français a pris 1
000 pages. Il pesait 1,5 kg, il pèse maintenant 2,5 kg. Il y a quelque chose
qui ne va pas dans tout ça, et il faut donc demander à ceux qui sont les
victimes, j'allais dire, en tout cas, à ceux qui sont obligés d'affronter ces
difficultés, de demander des explications à ceux qui multiplient ces
obligations. Et je suis tout à fait d'accord pour reprendre l'idée exprimée à
cette tribune à propos de l'article 40. L'article 40, ce n'est pas l'article 40
qui fait qu'on signale des délits ou des crimes, mais c'est l'article 40 qui
fait que, normalement, dans une Assemblée parlementaire, si vous proposez une
dépense vous devez proposer une recette et si on propose une nouvelle norme il
faut proposer la capacité de répondre à cette norme, et je reprends cette idée
que je trouve juste et intéressante.
Maintenant, je voudrais vous raconter non pas une anecdote de ma vie, mais ma
vie comme elle est aujourd'hui, tous les jours. C'est celle-ci: depuis 20 ans,
j'ai vu venir le mur de la dette. J'ai essayé, vainement, d'alerter les
décideurs. J'en ai même fait un sujet de campagne électorale présidentielle, ce
qui était, je l'avoue, une folie. Mais je sentais l'addiction de la société
française au déficit. Ce n'est pas grave, les déficits. Un jour, ça
s'arrangera. Et à la dette : pas grave, la dette ! Beaucoup de nos concitoyens
pensaient qu'on ne doit jamais la rembourser, pensent encore aujourd'hui qu'on
ne doit jamais la rembourser.
Nous sommes devant un danger mortel pour la nation. Nous sommes devant un
danger, demandez à vos collègues grecs ce qu'ils ont vécu. Laisser s'accroître
la dette du pays, c'est placer ce pays en situation de surendettement. Et
chacun d'entre vous, même rempli de doutes sur cette affirmation sur le pays,
en pensant que ça s'arrangerait toujours, chacun d'entre vous sait ce que les
foyers de vos concitoyens ou les entreprises de vos concitoyens vivent quand
ils sont en situation de surendettement. Ça n'est pas différent de la situation
que notre pays rencontre. Il faut que vous ayez un chiffre en tête, deux
chiffres en tête : l'accumulation des déficits, qui se traduit par
l'augmentation de la dette, représente 3 300 milliards d'euros. Et ça a une
signification extrêmement simple. La charge de la dette, ce qu'il faut
rembourser tous les ans pour payer les intérêts et continuer à emprunter pour
qu'on puisse faire face à ces obligations, la charge de la dette, va
représenter, si nous ne sommes pas capables de prendre conscience, va
représenter en 2029 100 milliards d'euros. C'est-à-dire, si l'on exclut les
retraites, plus que l'addition du budget de l'Éducation nationale et des
Armées, pour payer les intérêts de la dette. Et ça va continuer à croître
jusqu'au moment... Oh, ça ne croîtra pas longtemps, parce que les agences de
notation, qui portent à intervalles réguliers, tous les trimestres ou tous les
deux mois, un jugement sur la situation réelle de chaque pays au vu des
finances publiques, les agences de notation interviennent. Quand elles
interviennent, les taux d'intérêt augmentent. Si elles baissent la note, les
taux d'intérêt augmentent. Et si les taux d'intérêt augmentent, alors, qui sont
les victimes ? C'est vous et ceux qui vous ont élus. Parce que vous ne pouvez
plus emprunter pour acheter une voiture, vous ne pouvez plus emprunter pour
construire une maison, vous ne pouvez plus emprunter pour un appartement, et
vous vous trouvez surchargé d'impôts et de taxes. Tout ça est intimement lié.
Alors, on peut choisir la politique du déni ; en effet, on peut. Mais ce
déni-là, je demande à être démenti si quelqu'un pense le contraire, ce déni-là,
il conduit avec certitude à l'accident pour le pays.
Ce n'est pas agréable à dire, ça fait 20 ans que j'essaie, d'allumer tous les
feux orange et tous les clignotants orange pour que cette réalité-là devienne
une réalité que la nation prendrait en charge. Depuis qu'on a commencé la
communication, il y a deux mois, Françoise, sur ce sujet, la préoccupation des
Français sur ce point a augmenté de près de 30 %. Je considère que c'est un
très grand succès ou un début de succès. Mais le seul point sur lequel, pour
l'instant, ça n'ait pas progressé, les Français pensent qu'il y a un problème,
pensent qu'il faut agir rapidement, mais pas beaucoup d'entre eux ne pensent
qu'ils doivent participer à cet effort. Or, il est inéluctable, impossible,
qu'il en soit autrement. Et je commence ainsi, comme à répondre aux injonctions
exprimées. Ma vie, ayant essayé de planter ce décor dans l'esprit des Français
depuis 20 ans, ma vie, c'est celle-ci. Je suis assis à mon bureau — j'ai fait
le sketch à Françoise récemment — je suis assis à mon bureau, une table
transparente de verre, et chacun de mes interlocuteurs, les ministres du
Gouvernement, les directeurs d'administration centrale, les présidents
d'associations, les élus locaux, les présidents de régions qui veulent faire
réaliser des autoroutes pour les Jeux olympiques, tous ceux-là viennent me voir
et disent, selon le degré d'intimité qui est le nôtre, soit monsieur le Premier
ministre, soit François, tu as vraiment raison de t'attaquer aux finances
publiques. Franchement, nous comprenons, nous partageons. C'est très important,
mais — et c'est ici que commence le moment crucial de l'histoire — mais... moi,
qui je suis ministre de la Recherche, évidemment, ce n'est pas dans la
recherche qu'on peut faire... Au contraire, il nous faut des moyens
supplémentaires. Moi, qui je suis ministre de la Justice, tu te rends bien
compte de l'état de la société dans lequel nous sommes. On ne peut pas faire
des économies sur la justice. Moi, qui suis ministre au pluriel de l'Éducation,
de l'Enseignement supérieur, sachant qui tu es, toi, avec ton histoire, avec
l'éducation, ce n'est pas sur ce sujet qu'on peut faire des économies. Moi, qui
suis ministre de l'Intérieur, monsieur le préfet, bien sûr, il faut faire des
économies, mais chez nous, il nous faut des postes supplémentaires et des
crédits supplémentaires. Il n'est pas jusqu'aux grandes organisations de l'État
chargées de veiller à l'équilibre des finances publiques, que naît le même
discours et les mêmes revendications. Et les élus aussi, les collectivités
aussi. L'idée est qu'il faut que tu fasses des économies partout, mais pas chez
nous.
Cette idée-là, qui a été brillamment illustrée ce matin — je ne cherche
pas une confrontation, je vous ai expliqué pourquoi, immensément amicale.
Alors, je donne raison aux collectivités locales, aux maires, dont je suis sur
un point, c'est que c'est les collectivités locales qui assument
l'investissement du pays. L'État n'investit pas ou trop peu. Je serais trop
heureux qu'on ait emprunté pour investir. Mais ce n'est pas ce qu'on a fait. On
a emprunté pour le fonctionnement. Les élus locaux ont une immense qualité, ils
ont compris qu'il y avait deux colonnes dans le budget, fonctionnement d'un
côté, investissement de l'autre. Si je pouvais faire des confidences à voix
basse, je dirais, je ne suis pas sûr que tous les ministres du Gouvernement
aient compris qu'il y avait fonctionnement d'un côté et investissement de
l'autre. Parce que depuis 50 ans qu'on a laissé le fonctionnement absorber la
totalité des moyens qu'on aurait dû concentrer sur l'investissement, c'est la
preuve qu'ils n'avaient pas compris que là était la question. Emprunter pour
construire une université, un hôpital, une voie de chemin de fer, c'est normal,
puisque ça va être utilisé par des générations dans des décennies. Emprunter,
pour l'investissement destiné à diminuer les émissions de gaz à effet de serre
ou à se préparer aux changements climatiques, c'est normal, ça va être utilisé.
Mais ce n'est pas ce qu'on a fait.
On a emprunté pour les dépenses courantes. On a emprunté pour les retraites. Et
je me suis battu vraiment beaucoup sur ce sujet. J'ai essayé de convaincre le
COR que ces analyses dans la période précédente n'étaient pas absolument, à mes
yeux, fondées. Eux qui prétendaient que le système de retraite était à
l'équilibre. Et je suis très heureux que le COR, cette semaine, ait changé son
point de vue. Et on va avoir cette grande question des retraites devant nous.
J'ai voulu que les partenaires sociaux en soient saisis. Et je crois toujours
qu'il y a un chemin. On s'en est servi pour la Sécurité sociale, pour nos
dépenses de Sécurité sociale, pour nos dépenses quotidiennes de santé, et c'est
d'une absolue immoralité, parce que à qui va-t-on faire payer tout ça ? À deux
catégories, les générations qui sont au travail et les générations qui seront
au travail. Nous sommes ces irresponsables qui surchargeons le sac à dos de nos
enfants pour qu'ils viennent assumer les dettes que nous avons contractées
nous-mêmes pour le fonctionnement de notre vie de tous les jours.
Si je suis Premier ministre, à la tête de ce Gouvernement, sachant, puisque je
l'ai répété depuis des décennies, quelle est la situation dans laquelle on se
trouve et vers quelle situation on va, vers quelle impasse on va, vers quel
abandon des générations qui viennent, nous allons, tous ensemble, par
insouciance. Si je ne fais rien, est-ce que je suis digne d'être un citoyen ?
Est-ce que je suis digne d'être un maire ? Ma réponse est que, quelle que soit
la difficulté des temps, nous sommes, comme citoyens et comme élus, en devoir
de faire face à ce que nous voyons. Péguy disait : « Il y a deux sortes de
courage. Il y a le courage de dire ce qu'on voit, mais il y a un courage plus
grand encore. C'est le courage de voir ce qu'on voit. » Et ma conviction
profonde est que l'enjeu des mois qui viennent, des semaines qui viennent,
c'est que les Français, tous ensemble, comme citoyens, comme opinion publique,
soient capables de dire : « voilà l'iceberg qui vient devant notre navire ». Et
nous allons y faire face courageusement, en étant justes. C'est un combat qui
n'est pas simple ; en étant clairvoyant sur la différence de responsabilité. Je
ne dis pas que l'État et les collectivités locales aient la même
responsabilité. Je n'ai jamais prétendu que les collectivités locales que vous
êtes, contrairement à ce que disent un certain nombre d'autorités dans l'État,
en particulier du côté de Bercy, régulièrement, généralement, qui disent que
les collectivités locales sont les principaux responsables. J'ai souvent
entendu cette affirmation. Moi, je ne dis pas ça, mais je dis que, mes chers
collègues, tout le monde va devoir participer à cet effort, parce que si tout
le monde n'y participe pas, alors nous échouerons. Et si nous échouerons, ce
n'est pas nous qui le paierons, c'est ceux qui viennent. Moi, je ne laisse pas
cette responsabilité sans y faire face.
Et donc, je suis en situation de responsabilité. Et je ne dis pas : « ce n'est
pas moi qui m'en occupe ». Je dis : « oui, c'est notre génération qui s'en
occupe. » Elle doit s'en occuper pour le changement climatique, mais elle doit
s'en occuper aussi, en question de durabilité, sur notre patrimoine commun, sur
ce que nous allons construire, ce que nous allons laisser et sur le meilleur
usage de l'argent public. J'ai essayé de dire aussi franchement que possible ce
qu'il en était, ce qu'il en était du rôle central qu'est le vôtre, comme élus
de ces pôles nécessaires, indispensables pour le tissu du pays. Heureusement
que vous existez, à la fois comme petite ville et comme maires de petite ville.
C'est infiniment précieux. On va tout faire pour améliorer la situation des
responsables élus. On va tout faire pour que la marée montante des obligations
et des interdictions qu'on vous fait ne l'emporte pas. On va tout faire pour
que vous ayez des interlocuteurs responsables, que seront les préfets. On va
réarmer l'État local, mais on va faire face à nos responsabilités. Et je suis
persuadé qu'aucun des Français qui nous écouteront dans les semaines qui
viennent, s'ils mesurent la gravité du risque et le fait que j'affirme à cette
tribune que personne ne pourra éluder la question de ce risque. Personne. Ni ce
Gouvernement, ni les gouvernements qui viendront après, parce qu'il y a
toujours des gouvernements qui viennent après, à un rythme de plus en plus
soutenu, Enfin, nous, on arrive à 6 mois, là, aujourd'hui, ce n’est déjà pas si
mal. Il n'y avait pas grand monde qui le croyait.
J'ai commencé mon discours de politique générale à l'Assemblée en disant qu'il
y avait un sondage qui était sorti le matin qui disait qu'il y avait 14 % de
Français qui pensaient qu'on allait passer le mois. Il y en avait donc 86 % qui
ne le pensaient pas et j'ai dit ce que j'imaginais, c'est que j'aimerais bien
savoir d'où ils tenaient ces 14 %-là, leur optimisme. Parce que moi, je voyais
plus d'obstacles, j'avais parlé de l'Himalaya.
Ce que nous avons devant nous paraît infranchissable. Rationnellement
infranchissable. Si vous prenez les sondages, la connaissance que nous avons
des dynamiques d'opinion publique, le sentiment que tout le monde veut des
efforts, mais c'est les efforts du voisin plutôt que les siens. Ce que les
Anglais ont nommé « NIMBY », « Not in my backyard, Pas dans mon jardin ». Je
veux bien des usines, mais pas chez moi. Je veux bien des routes, mais pas chez
moi. Je veux bien des efforts, mais pas chez moi. Donc, rationnellement, ce
n'est pas possible. Mais c'est parce que ça n'est pas possible que nous sommes
là. Et c'est parce que ce n'est pas possible, je le crois, qu'encorder
ensemble, encorder les uns avec les autres, les uns sécurisant les autres et
les uns comprenant les autres, c'est pour ça que nous allons y arriver. En tout
cas, c'est ce que je crois de toutes mes fibres.
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> L’intelligence artificielle ouvre de nombreuses opportunités
pour l’éducation. Mais l’innovation doit aller de pair avec la responsabilité
et l'éthique, en gardant l'humain au centre. C’est tout le sens du cadre
d’usage de l’IA en éducation co-construit avec la communauté éducative et
publié aujourd’hui pour accompagner élèves, enseignants, agents administratifs
dans cette révolution.
> L’École de la République se bâtit jour après jour, dans chaque territoire. Parce que l’École est un projet collectif, j’ai signé une convention inédite pour instaurer un cadre de dialogue, de confiance et d’action commune avec les maires. Mieux anticiper la carte scolaire, garantir un climat apaisé à l’Ecole, et assurer la continuité éducative : autant de défis que nous relèverons ensemble.
Manuel Valls (ministre d’Etat, ministre des Outre-mer)
> L’océan est un lieu d’histoire et de transmission. On ne fore pas un
ancêtre. On ne marchande pas notre héritage.
Je veux saluer le courage politique et l’exemplarité des peuples qui se
dressent pour protéger notre bien commun.
En accueillant à Nice la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan, La
France, avec le Costa Rica, ont fait de ce rendez-vous un tournant mondial pour
la gouvernance de l’océan.
Je suis très heureux d’avoir souhaité et porté, avec la Polynésie française et
l’ensemble des territoires ultramarins, le Pavillon France des Trois Océans.
Il incarne une vision partagée, une responsabilité assumée et un engagement
collectif au service de notre ambition océanique.
La France est une grande puissance maritime et nous la devons à nos 11
territoires ultramarins répartis sur les trois océans - Atlantique, Indien,
Pacifique - et sur cinq continents, sans oublier Clipperton et les Terres
australes et antarctiques françaises.
Les Outre-mer sont en première ligne face aux effets du changement climatique,
mais ils sont aussi des formidables laboratoires d’innovation écologiques et
donc d’espérance.
Parce que chacun d’eux, avec sa culture, ses savoirs, ses relations à l’océan,
compose le visage pluriel et puissant de la France maritime. Il était naturel
que ces territoires ultramarins soient représentés lors de la plus grande
conférence jamais organisée sur l’océan.
Ce fut une immense fierté de voir les Outre-mer au cœur de cette ambition,
c’était là leur juste place.
C’est cela, la force de la France des Trois Océans : la diversité,
l’innovation, la protection.
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> La France suit avec la plus
grande attention l’évolution de la situation au Moyen-Orient, en étroite
coordination avec ses partenaires.
Nous appelons toutes les parties à la retenue et à éviter toute escalade
susceptible de compromettre la stabilité régionale.
Notre priorité est la sécurité de nos ressortissants et de nos intérêts
et nous adaptons notre posture en conséquence.
Nous avons exprimé à plusieurs reprises nos vives préoccupations à plusieurs
reprises concernant le programme nucléaire iranien. (…)
Nous réaffirmons le droit d’Israël à se défendre contre toute attaque.
Il est essentiel que toutes les voies diplomatiques soient mobilisées pour
désamorcer les tensions. La France est pleinement engagée pour y contribuer.
> Reconnaissons l’État de Palestine.
> Même les plus critiques le reconnaissent, le sommet de Nice marquera en tout cas une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie française.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> Je n’accepte pas ce « procès en déconnexion ». Qui sont les premières
victimes de la pollution de l’air ? Ce sont évidemment les plus modestes. Ce ne
sont pas les plus riches qui habitent avec vue sur un périphérique. Et c’est
inacceptable de les sacrifier sur l’autel d’un électoralisme crasse.
> Sur l'écologie, le Président de la République a raison. Parce qu’il pense à long terme. Parce qu’il voit que, si nous ne bougeons pas, nous allons perdre sur tous les fronts : la santé, l’environnement, l’industrie et notre souveraineté. La Chine est un bon exemple : elle a réduit de 50% le contenu carbone de sa production. Nous ne pouvons pas rester les bras ballants en pensant que nous gagnerons la guerre économique face à des pays qui investissent massivement dans les industries d’avenir.
> Le sujet du plastique, c’est d’abord celui de la production. Trier et recycler, c’est bien. Mais ça ne suffira pas. Il faut produire moins. Et pour ça, il faut consommer moins, et sortir des plastiques à usage unique. La France a été à l’avant-garde sur ce combat. C’est cette ambition que je porte aujourd’hui dans les négociations pour un traité international sur le plastique. Et j’ai réussi à rassembler autour de moi 96 pays déterminés à avancer dans ce sens.
> Après 20 ans de tergiversations, nous allons obtenir la ratification du traité de protection de la haute mer. 65% des eaux internationales, sur lesquelles il n’y avait aucune règle, vont enfin être soumises à un cadre contraignant. C’est un succès massif de la diplomatie française et de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan.
> Je vais être très claire sur la situation des orques Wiki et Keijo, à Marineland : c’est à Marineland de prendre ses responsabilités. Je trouve assez fort de café qu’un parc sous actionnariat espagnol, après un refus du gouvernement espagnol, se retourne vers la France pour lui reprocher d’avoir mal fait son travail. Je les interpelle clairement : ils doivent trouver une solution.
> La pêche illégale tue! Elle tue les écosystèmes marins, elle tue les économies locales et tue les droits humains fondamentaux en recourant au travail forcé. C’est une menace globale, organisée et criminelle. Un poisson sur cinq pêché dans le monde serait issu de la pêche illégale. Il y a urgence à agir ! Depuis la frégate Multi-missions de la Marine nationale, j’ai lancé un appel à la mobilisation mondiale contre ce fléau : la Conférence des Nations Unies sur l’océan doit être un moment de bascule dans la lutte contre la pêche illégale !
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> L'excellence n'est pas une affaire de naissance mais une affaire de
travail, d'audace et de courage. En saluant ce soir à Plougonvelin dans le
Finistère les jeunes diplômés, nous leur disons d'être fiers d'eux. Nous leur
disons que le moteur du progrès, c'est que chaque génération qui avance tire la
suivante.
> Je m'y étais engagée pendant les débats budgétaires. Et l'engagement sera tenu. Les 98 CIDFF [centres d'information sur les droits des femmes et des familles] verront le soutien de l'Etat augmenter pour compenser la prime Ségur. Ils percevront ces subventions la semaine du 23 juin. A Brest, comme partout en France, leur mission pour accompagner les victimes, les soutenir, les orienter est indispensable. L'Etat sera au rendez-vous.
Astrid Panosyan-Bouvet (ministre déléguée auprès de la
ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée du Travail
et de l’Emploi)
> Les métiers techniques doivent s’ouvrir pleinement aux femmes : pour
l'égalité salariale, la mixité des collectifs et la liberté de choisir. L’État
est au rendez-vous, avec les branches, les CFA, les entreprises. On continue !
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> À Vernon, l’esprit de conquête est bien vivant. Avec Éric Lombard,
Sébastien Lecornu et Philippe Baptiste nous étions en Normandie pour l'annonce
de la création de la future usine de MaiaSpace sur le campus de l’espace.
MaiaSpace conçoit le premier lanceur européen réutilisable. Une innovation
industrielle majeure, soutenue par France 2030, dans le cadre de notre
stratégie spatiale.
Une ambition claire : garantir notre souveraineté d’accès à l’espace.
L’accès autonome à l’espace n’est pas un luxe. Dans l’espace comme sur Terre,
qui dépend, abdique. Qui lance, décide.
> Faire de la préférence européenne un levier de réindustrialisation : c’est tout l’enjeu de l’avis adopté par le Conseil national de l’industrie le 13 juin qui sera transmis au Premier ministre. À travers trois priorités — orienter les achats publics, élargir les dispositifs publics, mieux informer les consommateurs — le CNI propose un plan d’action concret pour défendre notre souveraineté industrielle et soutenir nos filières. Un signal fort pour une Europe qui produit, innove et protège.
> Bonne nouvelle pour l’attractivité numérique de la
France À Vivatech, j’ai rencontré Hypertec, fleuron canadien sur les centres de
données.
Sur le salon, le consortium Hypertec, 5C et Together AI a annoncé un
investissement de 5 milliards de dollars en Europe pour déployer jusqu’à 2 GW
de capacités de centres de données et plus de 100 000 GPU nouvelle génération
d’ici 2028.
Je l’ai dit clairement : la France est prête. Nous offrons : • Une électricité
abondante, décarbonée et compétitive, • Du foncier disponible sur tout le
territoire, • Une procédure accélérée de raccordement électrique, Et des
mesures de simplification ambitieuses, portées par le Gouvernement.
À l’heure où l’IA structure notre avenir, pas d’IA sans infra. Les centres de
données sont la colonne vertébrale de la transformation numérique. La France
veut accueillir ces investissements, pour bâtir une IA européenne et durable.
Ce partenariat avec le Canada illustre notre ambition partagée de relever
ensemble les grands défis technologiques de demain.
Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre
des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> Bir Hakeim. Seize jours de résistance, 3 700 hommes face à une armée
dix fois plus nombreuse. Un désert, une bataille, un symbole éternel. Il y a 83
ans, la France libre relevait la tête. Légionnaires, marins, tirailleurs,
combattants venus de tous les continents ont tenu bon.
À La Cavalerie, aux côtés de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, nous
avons ravivé cette mémoire. Sous le regard du soldat de pierre, taillé dans la
roche comme dans l’Histoire, nous avons rappelé un devoir simple : être dignes
de nos anciens.
> Ils ont juré fidélité à la France. Aujourd’hui, la France les accueille comme citoyens. Ils viennent de Hongrie, de Pologne, du Brésil, du Népal, de Madagascar. Tous ont en commun d’avoir choisi de servir notre pays, parfois au péril de leur vie. Parce qu’ils incarnent cette belle phrase de Lucien Febvre « La France se nomme diversité », j’ai eu l’honneur de leur remettre leur décret de naturalisation, au cœur de la 13e DBLE. Désormais à la devise de la Légion — Honneur et Fidélité — ils peuvent désormais ajouter ce mot immense : patrie.
Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des
Français de l’étranger)
> Faire de l’export une priorité stratégique, c’est soutenir nos PME,
nos talents et notre compétitivité.
● Autres
ministres
Bruno Retailleau (ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur)
> [Conseil européen Justice et
Affaires intérieures] Je voudrais peut-être souligner trois points qui me
semblent les plus importants et pour lesquels j’interviendrai dans quelques
instants, pour lesquels j’ai déjà rencontré des homologues, notamment suédois
et autres, et qui sont fondamentaux.
Le premier, c’est que la France vient d’envoyer à la Commission
européenne sa déclaration pour le système qui va permettre de mieux contrôler
les entrées et les sorties vis-à-vis des ressortissants des pays tiers, qu’on
appelle EES. Vous savez que nous avions considéré il y a huit mois que le
système n’était pas suffisamment au point, pas suffisamment robuste. Nous
avions demandé à la Commission européenne une application progressive, nous
considérons désormais que les choses sont en place et la France a dit oui et a
adressé sa déclaration à la Commission pour qu’elle puisse participer à ce
système qui nous permettra de mieux contrôler les flux migratoires.
Un des points les plus importants de cette journée, c’est la révision de
la directive retour, ce qui sera demain, le règlement retour. Cela fait des
mois que je me bats pour que cette directive retour, que j’appelais la
directive anti-retour, puisqu’en réalité elle remettait le choix, c’est-à-dire
d’un délai volontaire de départ entre les mains du clandestin. Donc ça ne
pouvait pas fonctionner et depuis des mois et des mois avec mes collègues
ministres de l’Intérieur nous sommes mobilisés pour que la Commission puisse
mettre sur la table une proposition de législation, c’est fait. Il y aura donc
non pas une directive mais un règlement retour qui va profondément changer les
choses.
Je voudrais souligner trois points parce que je pense que c’est une
avancée, c’est une vraie avancée pour mieux maîtriser la question migratoire et
vous savez que tous les peuples européens sont unanimes, quel que soit leur
gouvernement de droite ou de gauche, conservateur ou social-démocrate, tous les
peuples nous demandent la même chose, c’est de reprendre le contrôle. Eh bien,
nous avons là une opportunité historique avec le règlement retour de reprendre
le contrôle, mais il faut que ce règlement aille dans le sens d’une plus grande
fermeté. Nous insisterons pour ce qui concerne la France, sur trois points.
Le premier point, c’est de faire en sorte qu’on inverse la logique.
Aujourd’hui, la logique, c’est qu’on donne au clandestin, qui est rentré donc
par effraction, sur les territoires nationaux, on lui donne un délai volontaire
de départ. Ils en profitent en règle générale pour s’évanouir dans la nature.
La Commission a prévu qu’on garde ce principe de délai de départ volontaire
mais qu’il y ait à peu près 80 % des cas qui échappent à cette règle.
Nous, nous disons tout simplement qu’il faut inverser les choses. Il faut que
la règle ne soit plus le délai de départ volontaire mais que ce soit l’inverse.
C’est-à-dire qu’il n’y ait plus de départ volontaire quitte à ce qu’il y ait
20 % d’exception. Ça, c’est fondamental, on inverse la logique pour que la
charge de la preuve repose sur le clandestin et non pas sur les États membres.
Le deuxième point, c’est le principe de reconnaissance mutuelle des
décisions de retour. Nous pensons que c’est un principe qui est dangereux.
Pourquoi ? Parce que lorsqu’on dissocie la prise de décision pour un
retour de l’exécution de cette décision, en clair, les pays de première arrivée
prendront des décisions de retour mais il y aura sûrement des effets de rebond
et que ce sont d’autres pays qui devront appliquer ce que d’autres auront
décidé. Ça, dans la vie, ça ne marche jamais bien. Le principe qui marche le
mieux, c’est le principe de responsabilité. Celui qui prend la décision doit
être celui qui fasse exécuter la décision. Ça, c’est un point sur lequel la
France s’est mobilisée.
Le troisième point, qui est un point important, où je pense qu’il y aura
une assez grande convergence, c’est la pénalisation du délit de séjour
irrégulier. C’est une question de principe. Quand on entre par effraction dans
votre maison, c’est un délit. Quand on entre par effraction sur un territoire
national, ça doit être un délit. Mais c’est au-delà du symbole. C’est
simplement en matière d’investigation, d’enquête, il nous faut avoir la
capacité de fouiller les téléphones portables. Pourquoi ? Parce qu’on se
rend compte quand on va dans les téléphones portables, il y a notamment des
images qui trahissent des liens, par exemple avec le terrorisme. Ça nous est
arrivé à plusieurs reprises en France. Et surtout, ça nous permet de retracer
par les images, par un certain nombre de données, la trajectoire du clandestin,
son pays d’origine, le pays de séjour, le pays de transit. Donc la question
pour nous du délit de séjour irrégulier n’est pas seulement une question de
principe ou de symbole. Ça nous permettra demain d’avoir des moyens
d’investigation. C’est la raison pour laquelle on demande aussi qu’on puisse
prévoir la fouille des téléphones portables si on veut être beaucoup plus
efficace.
Et puis, dernière question, c’est la stratégie de sécurité intérieure.
Il y a deux points sur lesquels j’insisterai parce qu’en France je me suis
beaucoup mobilisé sur la question du narcotrafic. Le narcotrafic, c’est un
tsunami de poudre blanche qui est en train de déferler sur les 27 pays
européens. C’est la cause racine dans nos pays, dans les États membres, d’une
violence qui est devenue hyperviolence, mais c’est aussi par le biais de la
corruption une menace pour nos institutions, pour nos démocraties. Donc je me
suis mobilisé et je pense que ces organisations criminelles ne connaissent pas
les frontières. Donc il faut que nous nous organisions, notamment à travers
l’alliance des ports, puisque on sait que les drogues désormais pénètrent dans
nos pays à 80 % via les ports. Il y a déjà l’alliance entre nous pour les
ports, mais je pense qu’on peut la rendre beaucoup plus ferme et beaucoup plus
efficace. Et l’autre point, c’est le terrorisme, c’est l’islamisme. Je pense
que trop souvent la Commission, en finançant des activités qui étaient liées,
par exemple, aux Frères musulmans, s’est trompée de chemin. Nous avons en
France publié un rapport de nos services qui montre la menace que constituent
les Frères musulmans sur nos démocraties, sur nos institutions républicaines et
sur notre cohésion nationale. Donc c’est un point sur lequel je pense que
l’Europe et particulièrement la Commission doit se saisir pour avoir une
politique beaucoup moins naïve et beaucoup plus ferme.
> [Contrôles à la frontière que l’Allemagne a renforcés] Je comprends que l’Allemagne doit donner des signes à son peuple de plus grande fermeté. Je lui ai indiqué que nous pouvions trouver des voies, par exemple avec des patrouilles mixtes qui nous permettent d’affirmer une volonté de fermeté sans pour autant bloquer notamment les déplacements pendulaires, quotidiens, transfrontaliers, pour les honnêtes gens qui vont travailler d’un pays à l’autre.
> [Schengen] Je pense qu’il faut refonder aujourd’hui un certain nombre de règles. Je pense que lorsque Schengen et d’autres règles ont été fondées, nous étions dans un autre monde. Aujourd’hui, les choses sont très simples. Nos peuples, tous nos peuples, dans tous les États membres, nous demandent de reprendre le contrôle de l’immigration. Si nous ne le faisons pas, ils nous chasseront et nous remplaceront par des partis d’extrême droite, par des partis populistes. Donc nous sommes des démocrates. Nous sommes des démocrates, nous sommes des démocraties. La démocratie, c’est d’écouter son peuple. Et précisément, puisque les choses ont changé, puisqu’on voit bien que l’immigration peut faire partie des armes de la guerre hybride. Mais j’ajoute qu’il faut aussi préserver une forme de solidarité. Le pacte asile et migration a trouvé un bon point d’équilibre entre la responsabilité et la solidarité. Mais la solidarité, ça n’est pas un menu à la carte. Je pense notamment au processus de Dublin. Cette solidarité ne pourra exister que pour les pays qui jouent, notamment le jeu avec les règles de Dublin. Ceux qui ne jouent pas le jeu ne devraient pas bénéficier de ces règles de solidarité.
Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des
Solidarités et des Familles)
> [Débat sur les politiques publiques de protection de l’enfance /
Intervention à l’Assemblée] La protection de l’enfance n’est pas un sujet parmi
d’autres – chacun
d’entre vous l’a exprimé avec ses mots. Elle est incontestablement au cœur du pacte républicain. Nous sommes confrontés à une crise
structurelle persistante dont les premières
victimes sont les enfants. Vous l’avez
rappelé, près de 397 000 enfants
sont suivis par l’aide sociale à l’enfance, principalement en raison de placements judiciaires ou
de mesures éducatives renforcées.
Dans le cadre d’une
articulation complexe mais essentielle avec l’État, les départements ont la
responsabilité de l’aide sociale à l’enfance et en assurent le financement.
Près de 10 milliards d’euros sont engagés chaque année par les
départements, en complément des financements de l’État, notamment pour la prise
en charge des mineurs non accompagnés ou dans le cadre de la
contractualisation. Cependant, le déploiement de cette politique reste trop
hétérogène : il présente des disparités territoriales marquées. Trop
souvent, les conditions de placement ou de prise en charge ne sont pas à la hauteur
des besoins des enfants.
Monsieur Woerth, je n’ai pas oublié le rapport «Décentralisation, le temps de
la confiance» dans lequel vous aviez notamment présenté la notion
d’établissement mixte. J’ai entendu les questions posées par plusieurs d’entre
vous sur la recentralisation. Je dois vous dire, mesdames et messieurs les
députés, que si d’aventure une décision de recentralisation était prise, elle
ne résoudrait pas tout – vous en êtes
tous conscients. Surtout, vous l’avez
tous dit, il est urgent d’agir.
En d’autres termes, je ne pense
pas que ma réponse puisse
consister à vous annoncer une
éventuelle recentralisation, en vous donnant rendez-vous dans quelques mois,
alors que nous devons agir dès maintenant.
Malgré des décisions de justice, trop d’enfants restent au sein de familles
dysfonctionnelles faute d’une autre solution. Certains juges renoncent même à
ordonner des placements pour cette raison. Élue de terrain comme vous, je
constate que de nombreux enfants échappent à des mesures de protection, mais
aussi que de nombreux parents ne se rendent pas dans un service de protection
maternelle et infantile (PMI) de peur que leur enfant leur soit retiré.
Nous devons aborder ce sujet avec les travailleurs sociaux car il est important
pour la protection de nos enfants.
L’application de la loi demeure inégale sur le territoire, ce qui n’est pas
acceptable – je
le dis avec gravité. Le
placement en hôtel est interdit
et doit donc cesser. C’est une
ligne rouge. La transition vers un accueil à caractère plus
familial, que je souhaite engager dans le cadre du plan de refondation, doit
apporter des réponses concrètes. Elle doit garantir des
conditions de prise en charge à la hauteur de ce que la République doit à ses
enfants : une protection effective, digne, humaine.
Au-delà de ce constat d’inégalités et de ruptures, nous devons mesurer
l’ampleur des tensions nouvelles qui fragilisent notre système. La protection
de l’enfance est confrontée à une pression sans précédent. Le nombre d’enfants
confiés à l’ASE ne cesse de croître, notamment parmi les plus jeunes. Cette
évolution interroge directement notre capacité à accueillir dignement les
enfants, en particulier les tout-petits, alors même que les pouponnières sont
saturées dans de nombreux territoires. Notons que certains départements
conduisent des expérimentations nouvelles tout à fait intéressantes.
À cette tension s’ajoute l’augmentation du nombre de mineurs non accompagnés.
Leur vulnérabilité est extrême et leur protection doit être assurée avec la
même exigence que pour tout autre enfant confié à l’aide sociale – les mineurs non accompagnés sont en effet des enfants, comme
vous l’avez souligné.
Par ailleurs, un quart des enfants protégés sont en situation de handicap. Ils
représentent à eux seuls près de la moitié des hospitalisations en psychiatrie
infantile. Ce n’est pas qu’un chiffre, mais une réalité que nous ne pouvons ni
ignorer ni relativiser.
Ces dernières semaines l’ont montré : la représentation nationale s’est
pleinement saisie des enjeux de la protection de l’enfance, et de manière
transpartisane. La commission d’enquête sur les manquements des politiques de
protection de l’enfance, dont Laure Miller était la présidente et Isabelle Santiago
la rapporteure, a rendu ses conclusions début avril, dressant un constat
rigoureux et précieux pour notre action. Elle m’a bien sûr auditionnée et,
depuis la publication du rapport, j’ai eu l’occasion de travailler avec
Isabelle Santiago. En outre, j’ai été auditionnée la semaine dernière par la
délégation aux droits des enfants présidée par Perrine Goulet. Vous le voyez,
monsieur le député Bonnet, nous nous réunissons !
Madame Santiago, j’ai évoqué la question du comité national de suivi avec
Départements de France, dont la participation est indispensable. Quant à la
création d’un conseil scientifique, jeudi dernier, je me suis rendue à
Marseille pour la remise des travaux sur Pégase, le protocole de santé
standardisé appliqué aux enfants ayant bénéficié avant l’âge de 5 ans
d’une mesure de protection de l’enfance. Je suis également attentive aux
travaux de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale
(Inserm), ainsi qu’à l’analyse des pratiques du Québec, que vous avez recommandée.
Analysons l’ensemble des dispositions existantes et adaptons-les à notre pays.
Le gouvernement est pleinement mobilisé. Lors de mon audition devant la
commission d’enquête, j’ai présenté un plan de refondation de la politique de
protection de l’enfance, avec un cap clair : garantir à chaque enfant un
parcours de vie sécurisé, stable et épanouissant. Nous avons commencé à
déployer ce plan qui engage l’ensemble des parties prenantes. Certaines mesures
nécessiteront un vecteur législatif. C’est pourquoi je déposerai d’ici à
l’automne un projet de loi sur les différents champs de la protection de
l’enfance, afin de faciliter l’accueil et la prise en charge des enfants et
d’en améliorer la qualité. Je souhaite que ce travail soit mené avec vous dans
un esprit de responsabilité partagée. Ce projet de loi associera également les
collectivités locales et les associations. Je n’ai qu’un guide : l’intérêt
supérieur de l’enfant.
Avant de détailler les grands axes de notre plan de refondation et de répondre
à vos questions, je veux évoquer des questions que vous m’avez posées et des
engagements que j’ai pris auprès de vous.
Le premier est celui de réviser le décret de 1974 encadrant les pouponnières.
Cet engagement est en passe d’être tenu. Le projet de décret a été élaboré en
concertation étroite avec Départements de France et les associations et, comme
je vous l’ai dit la semaine dernière, il sera examiné par le Conseil national
d’évaluation des normes (CNEN) le 17 juillet prochain. L’objectif est
clair : faire à terme des pouponnières des lieux de placement temporaire,
recentrés sur leur mission d’accueil d’urgence. Au-delà des pouponnières,
l’ensemble des structures d’accueil collectif doivent faire l’objet de notre
attention. Nous avons consolidé les constats, finalisé les chiffrages et des
travaux vont désormais s’ouvrir pour renforcer l’encadrement, améliorer
l’accompagnement et garantir un cadre plus protecteur et plus cohérent aux
enfants accueillis.
La deuxième priorité que j’ai fixée est de faire appliquer pleinement la loi du
7 février 2022 relative à la protection des enfants, la loi Taquet. Vous
avez été nombreux à m’interroger sur la publication des décrets d’application.
Sachez que nous avons travaillé en ce sens. Cinq décrets restaient en attente
et nous avons utilisé les leviers à notre disposition pour que cette loi votée
par le Parlement entre pleinement en vigueur.
Le décret relatif à la délivrance d’un nouvel agrément pour l’exercice de la
profession d’assistant maternel ou familial après un retrait pour faits de
violences a été publié en mars. Il constitue une avancée majeure pour sécuriser
les parcours des enfants confiés. S’agissant des décrets relatifs à
l’organisation des activités de PMI, des concertations vont s’engager dans les
prochaines semaines avec Départements de France. Une base de données nationale
des agréments pour l’adoption sera prochainement créée. Le décret correspondant
sera examiné ce mois-ci par le Conseil national d’évaluation des normes, puis
transmis au Conseil d’État avant publication. Une base similaire sera créée
pour les agréments liés aux assistants maternels et familiaux : les
développements informatiques sont en cours et la publication du décret est
prévue avant la fin de l’année.
J’aimerais à présent revenir sur les grands axes du plan de refondation de la
politique de protection de l’enfance que j’ai évoqué devant vous il y a deux
mois. Ce plan repose sur deux piliers : prévenir et éviter le placement
chaque fois que cela est possible en accompagnant les familles au plus près pour
leur permettre de faire face aux difficultés ; faire évoluer notre modèle
vers un recours renforcé à l’accueil familial, mieux accompagné et mieux
soutenu.
C’est en s’appuyant sur ces deux leviers que nous pourrons répondre durablement
aux fragilités du système, garantir des parcours plus stables et remettre
l’intérêt de l’enfant au centre de toutes nos décisions. Il est de la
responsabilité de l’État de ne pas laisser les familles seules face aux
épreuves en accompagnant les plus fragiles, en soutenant les liens et en
prévenant les ruptures. Je le rappelle, la première ligne de la protection de
l’enfance doit demeurer autant que possible la famille.
C’est dans cet esprit que j’ai confié à la haute-commissaire à l’enfance la
mission d’élaborer un plan ambitieux de soutien à la parentalité. Ce plan, dont
j’ai souhaité qu’il soit opérationnel à la rentrée 2025, repose sur trois
principes : mieux prévenir les ruptures, accompagner les vulnérabilités et
valoriser les compétences parentales.
En parallèle, j’ai relancé le chantier des 1 000 premiers jours. Nous
savons combien cette période est déterminante pour le développement de l’enfant
et la qualité des liens familiaux. La stratégie lancée en 2021 produit
quotidiennement des effets sur le terrain. Une nouvelle feuille de route pour
la période 2025-2027 est en cours de finalisation. Elle sera publiée début
juillet, avec trois priorités : la prévention, l’accompagnement renforcé
pendant la période périnatale et l’accompagnement des familles les plus
vulnérables.
Transformer notre politique de protection de l’enfance passe par la
reconnaissance du fait que, dans la très grande majorité des cas, c’est dans un
cadre familial que les enfants se reconstruisent le mieux. Nous lançons ainsi
dans deux départements volontaires, la Gironde et le Var, une expérimentation
visant la transition de l’accueil collectif vers l’accueil familial. Elle
permettra de tester l’ensemble des conditions de cette transition en associant
les acteurs de terrain et en s’appuyant sur un plan d’attractivité des métiers
d’assistants familiaux, sur des modalités d’examen et de décision de placement
mieux structurées, sur la création d’une offre d’accueil à caractère familial
et sur l’examen des questions de financement. La Gironde travaille déjà dans ce
sens et je rencontrerai vendredi prochain les représentants du Var.
Pour que l’accueil familial devienne la solution de premier recours, nous avons
besoin de soutenir et d’élargir le vivier des assistants familiaux. Au cœur du
dispositif de l’aide sociale à l’enfance, ils offrent un cadre de vie, une
écoute et une stabilité. Ils incarnent l’engagement au plus près de l’enfant,
souvent dans l’ombre, toujours avec une force silencieuse. Pour reconnaître
leur rôle et favoriser les vocations, plusieurs avancées concrètes ont été
engagées. Le diplôme d’État d’assistant familial a été revalorisé au
niveau 4. Par ailleurs, la capacité de formation a doublé, conformément au
décret du 1er avril 2025. Le projet de loi à venir comportera
également deux évolutions majeures sur le sujet. Il ouvrira d’abord la
possibilité de cumuler le métier d’assistant familial avec une activité
professionnelle, sous certaines conditions. La proposition de loi adoptée par
le Sénat en 2024 introduit un principe clair : lorsqu’un enfant est à
l’école, une activité professionnelle peut être exercée ; dès qu’il en
sort, l’assistant familial prend le relais. Ensuite, il créera un droit au
répit, indispensable pour prévenir l’épuisement et garantir la continuité de
l’accueil.
Parmi les autres formes d’accueil, l’accueil durable et bénévole par les tiers
dignes de confiance, tels que les proches, les membres de la famille élargie ou
les amis de longue date, joue un rôle décisif – je connais vos réflexions
sur le rôle de certains
avocats. Cependant, le statut des tiers dignes de confiance reste à parfaire car l’indemnisation et le dispositif d’honorabilité doivent être
encadrés. Il s’agit de reconnaître leur engagement et de lever les
obstacles matériels qui pèsent sur des parcours pourtant protecteurs. Dans
certaines situations, le retour dans la famille d’origine n’est pas possible.
Nous devons alors offrir à l’enfant une perspective claire, stable et durable.
Le projet de loi intégrera plusieurs mesures structurantes.
Il conviendra aussi d’examiner la question du délaissement parental et la
situation particulière des enfants de moins de deux ans me semble une priorité.
Lorsqu’un retour dans la famille est envisageable, il doit être accompagné et
préparé. Lorsqu’il ne l’est pas, nous devons ouvrir davantage la voie à un
accueil familial de long terme ou à une adoption, selon les cas. Une passerelle
entre l’agrément nécessaire pour l’adoption et l’agrément délivré à l’assistant
familial est également à étudier. Enfin, la haute-commissaire à l’enfance
proposera des modalités d’adoption simplifiées, inspirées du modèle québécois.
Réformer la protection de l’enfance ne consiste pas seulement à transformer les
modalités de placement, mais aussi à mobiliser toutes les politiques publiques
autour d’un impératif commun : garantir à chaque enfant protégé une santé
préservée, une scolarité continue et un avenir choisi.
La santé, d’abord. Trop d’enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance
présentent des troubles physiques ou psychiques non détectés, non traités ou
mal suivis. Avec Yannick Neuder, nous engagerons dès 2026 la généralisation des
enseignements tirés des expérimentations Pégase et Santé protégée. Nous
déploierons systématiquement un bilan de santé à l’entrée dans l’aide sociale à
l’enfance, en mobilisant les centres d’appui à l’enfance.
Avec Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’autonomie et
du handicap, nous renforçons l’articulation entre les besoins spécifiques des
enfants en situation de double vulnérabilité et les 50 000 solutions
médico-sociales prévues dans la stratégie dédiée. Chaque enfant a droit à une
scolarité protégée, adaptée à son rythme et à son histoire, d’où la nécessité
de renforcer l’accompagnement scolaire dans le cadre des parcours d’aide
sociale à l’enfance.
Je ne peux manquer d’évoquer les expérimentations menées avec la professeure
Céline Greco, citée par Isabelle Santiago. Le premier dispositif entrera
bientôt en vigueur à Paris – nous en avons posé
la première pierre il y a
quelques semaines. L’idée est d’étendre à d’autres départements l’accompagnement complet – médical, mais aussi scolaire, culturel et d’insertion professionnelle –
des enfants de 3 à 12 ans. C’est une démarche
tout à fait intéressante.
En matière d’insertion, il ne suffit évidemment pas de protéger l’enfant, il faut aussi lui permettre de se projeter dans une vie
adulte autonome, libre et digne. C’est
pourquoi, avec la ministre chargée
du travail et de l’emploi,
Astrid Panosyan-Bouvet, nous voulons mobiliser France Travail et les missions
locales, renforcer le parrainage et le mentorat, et travailler à la
valorisation de toutes les initiatives associatives, entrepreneuriales et
institutionnelles qui permettent aux jeunes de choisir leur avenir. Le chantier
est immense.
La semaine dernière, avec la préfète déléguée pour l’égalité des chances et la
représentante du recteur de l’académie d’Aix-Marseille, je me suis rendue
auprès de l’association départementale d’entraide des personnes accueillies en
protection de l’enfance (Adepape). J’ai rencontré des jeunes, scolarisés ou
étudiants, pour certains placés dans des familles. Leurs parcours scolaires et
universitaires montrent l’importance de bénéficier d’un réseau et la difficulté
de se projeter quand on n’en a pas ou quand on a décroché.
De ce point de vue, l’aide que nous apportons doit être améliorée pour
construire des parcours adaptés aux histoires de vie. On ne peut accepter qu’à
17 ans on soit privé d’opportunités ou d’avenir parce qu’on n’a pas été en
cours de l’année en troisième ou parce que finalement on n’aime pas la
restauration ou les services à la personne.
Nous avons collectivement un devoir fondamental : celui de garantir la
sécurité de l’enfant là où il est placé. Certains établissements et foyers sont
le théâtre de violences ou de négligences parfois graves. Cela ne concerne pas
que les foyers de l’aide sociale à l’enfance, car les enfants peuvent aussi
être menacés dans les familles. La prévention des abus dans les structures
d’accueil est une priorité absolue du gouvernement. Une première instruction a
été diffusée en juillet 2024 pour renforcer les contrôles. Nous allons
maintenant plus loin : d’ici la fin de l’année, des mesures seront
consolidées, en lien avec les départements, afin de renforcer la fréquence et
la qualité des inspections, la traçabilité des signalements et la transparence
des conditions d’accueil.
Parmi les leviers envisagés, je pense notamment à l’information systématique du
président du conseil départemental en cas de placement d’un enfant hors de son
département d’origine. Pour rendre cette information systématique, nous
recourrons au projet de loi. Vous avez raison, madame Santiago, cette voie est
indispensable : certaines mesures sont réglementaires, mais de nombreuses
autres méritent d’être inscrites dans un texte de loi.
La justice est également mobilisée. Il y a quelques semaines, le garde des
sceaux Gérald Darmanin a demandé aux procureurs d’assurer une coordination plus
fluide et réactive des contrôles. Nous avons par ailleurs confié à la
procureure générale Dominique Laurens une mission pour renforcer le maillage
des unités d’accueil pédiatrique pour l’enfance en danger. Cette mesure résulte
de l’initiative de femmes et d’hommes qui s’engagent pour la protection de
l’enfance, en particulier de Martine Brousse, présidente de la Voix de
l’enfant. J’insiste sur ce point, car les associations effectuent un travail
très intéressant, qui nous fait avancer.
De manière générale, nous renforcerons les plans de lutte contre les violences
faites aux enfants. L’objectif est notamment de faire mieux connaître le numéro
119, qui permet de signaler les suspicions de maltraitance – une campagne d’information sera de nouveau lancée à l’automne. De
plus, le travail de la Commission indépendante
sur l’inceste et les violences
sexuelles faites aux enfants (Ciivise) est prolongé jusqu’en
octobre 2026 – nombre de ses propositions ont été validées.
Enfin, nous porterons une vigilance accrue à la lutte contre la prostitution infantile. La stratégie nationale de lutte contre la
prostitution comporte un axe dédié et nous avons renforcé les moyens de cette
action dans le budget 2025.
Je mesure l’urgence et la nécessité d’offrir des réponses concrètes à tous les
enfants protégés afin de les accompagner dans toutes les dimensions de leur vie
vers l’autonomie. Je souhaite que chaque enfant protégé le soit réellement,
qu’il soit entouré, soigné, écouté, scolarisé et préparé à l’avenir. Je mesure
parfaitement ce qui se cache derrière ces mots : la réalité, la situation
de chaque enfant, la nécessité parfois de réexaminer les normes pour tenir
compte des cas particuliers.
Je pense à une enfant placée de 14 ans à qui l’on a dit qu’elle devait
changer de famille parce que le couple qui l’accueille depuis sa petite enfance
est devenu trop vieux. Elle veut rester avec eux, mais les textes ne le
permettent pas, lui dit-on. Je vous parle avec une grande sincérité :
chacun d’entre nous doit être conscient que nous examinons un sujet très lourd
et que rien ne pourra changer d’un coup de baguette magique. Ce que nous
proposons est probablement insuffisant, mais nous pourrons réussir à faire
bouger les choses si nous travaillons ensemble, convaincus que certaines
actions relèvent du court terme et d’autres du moyen terme – là est toute la difficulté.
Il y a une chose que nous devons à
ces enfants – je leur dis à chaque fois que je les rencontre : nous devons tenir parole,
parce que c’est la condition de
la confiance.
> [Débat sur les politiques publiques de protection de
l’enfance / Intervention à l’Assemblée] Les jeunes vulnérables sont
effectivement des proies faciles pour la radicalisation comme pour la
prostitution. S’agissant de la première, je ne dispose pas de données
permettant d’affirmer que les foyers de protection de l’enfance seraient, à ce
jour, infiltrés. Le groupe d’appui neutralité, instauré dans le cadre de la
protection de l’enfance, est toutefois censé jouer un rôle de veille et de
prévention face aux atteintes à la laïcité et aux risques de radicalisation au
sein de structures accueillant des mineurs. Des référents laïcité et
citoyenneté figurent dans les directions interrégionales et territoriales de la
PJJ, ainsi que dans son école nationale ; vous en trouverez également au
niveau national, rattachés à la mission nationale de veille et d’information.
Ils peuvent être saisis par les professionnels de terrain et analysent les
situations signalées : nous disposons donc d’un instrument en mesure de
prévenir les atteintes à la laïcité, de soutenir les professionnels et de
promouvoir auprès des jeunes les valeurs républicaines.
Je profite de ce que nous évoquons les jeunes vulnérables pour ajouter quelques
mots au sujet de la prostitution, autre attaque très importante qui ne cible
d’ailleurs pas que les jeunes de l’ASE – entre 6 000
et 10 000 mineurs seraient victimes d’exploitation sexuelle dans notre
pays. Concernant l’ASE, nous
soutenons plus de quarante projets, ce qui représente, au titre du budget 2025, 6 millions d’euros.
Il faut former les professionnels, développer
des outils en lien avec la mission interministérielle pour la protection des
femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains
(Miprof), mener un travail de repérage lors de maraudes de rue et dans le monde
numérique. Il faut éloigner les victimes des proxénètes en développant, dans
tout le territoire, une offre d’hébergement, notamment grâce au réseau de
l’association Koutcha ou encore, dans le Nord, à l’accueil Gaïa, qui propose
aux victimes un accompagnement à 360 degrés, aussi bien sanitaire
qu’éducatif.
> [Débat sur les politiques publiques de protection de
l’enfance / Intervention à l’Assemblée] S’agissant des conditions dans
lesquelles les jeunes, à 18 ans, sortent de l’ASE, la loi Taquet contient
des mesures destinées à lutter contre le phénomène des sorties sèches :
obligation pour les conseils départementaux de proposer une solution aux jeunes
de 18 à 21 ans qui n’ont pas de ressources ou de soutien familial
suffisant ; instauration d’un droit au retour ; priorisation de ce
public dans l’accès au logement social ; organisation d’un entretien un an
avant la majorité.
Nous avons longuement évoqué ce sujet avec Isabelle Santiago : il faut que
nous intervenions bien plus tôt, car tout commence dès la sixième. Je repense
au jeune Léo que j’ai mentionné tout à l’heure, qui n’allait plus en cours en
troisième et qui se trouve maintenant dans une situation très compliquée. Il
importe de faire le point à plusieurs reprises sur la vision qu’ont ces jeunes
de leur avenir, en commençant lorsqu’ils sont encore au collège, puisque les
perspectives d’orientation les aident à bâtir cet avenir. Je le répète, ce qui
existe est intéressant, mais un peu tardif.
Nous étudions également la possibilité d’un entretien six mois après la sortie
du jeune et la possibilité de le renouveler à la demande de celui-ci. J’en
reviens à ce que je disais tout à l’heure : les associations d’anciens,
les alumnis, pourraient offrir à ces jeunes un véritable réseau, leur
difficulté résidant dans le sentiment de solitude et dans le fait d’avoir
finalement très peu de références.
Il y a là un travail à faire, notamment parce que toutes les mesures sont
appliquées de façon aléatoire selon les départements. S’agissant du projet de
loi, je compte aller plus loin en matière de versement du pécule. J’ai deux
idées en tête. La première, à laquelle nous sommes un certain nombre à
réfléchir depuis longtemps, concerne les allocations familiales – je sais que ce sujet vous intéresse. L’autre a trait au complément
du RSA pour motif familial :
si le bénéficiaire du RSA ne s’occupe pas de son enfant, je ne vois
pas pourquoi il continuerait de percevoir ce complément.
Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de
la Souveraineté industrielle et numérique)
> Deux an après le lancement de « Je choisis La French Tech », les
grands groupes tiennent parole : plus d’1 000 000 000 d’euros de commandes
passées à nos start-up françaises. Orange, CMA CGM, Groupe BPCE, AXA, Groupe
SNCF et d’autres jouent le jeu. La confiance s’amplifie, l’écosystème français
s’affirme et nos pépites grandissent.
Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> L’aventure spatiale française et européenne continue de s’écrire à
Vernon. Annonce de la création de la future usine de Maia Space sur le campus
de l’espace. Projet soutenu par l’État et la région Normandie, ce sont 160
emplois qui seront créés. Dès 2027, sortira de cette usine le premier lanceur
européen réutilisable, qui permettra plus de 20 lancements de satellites par
an. Ce développement rapide n’est pas qu’une innovation industrielle, mais un
changement d’état d’esprit, un retour à l’esprit pionnier. Pour nous permettre
un accès souverain et réactif à l’espace, domaine de plus en plus militarisé
par nos compétiteurs et essentiel à notre sécurité.
Marie Barsacq (ministre des Sports, de la Jeunesse et de
la Vie associative)
> A l'occasion de la Journée du Service civique, des centaines de
volontaires ont pris la parole sur les réseaux sociaux, par l'intermédiaire de
leur organisme d'accueil, pour partager avec passion leurs engagements et leurs
expériences au service de l’intérêt général.
Tout au long de la semaine, j’ai eu la chance d’échanger avec plusieurs jeunes
volontaires. Leurs témoignages m’ont profondément marquée : leur volonté
d’agir, leur engagement concret au service des autres et leur lucidité sur les
défis de notre société sont une source d’inspiration immense.
Je tiens à remercier chaleureusement chacune et chacun d'entre eux pour leur
énergie exemplaire et leur implication quotidienne. Depuis 15 ans, le Service civique
est devenu un véritable rite de passage républicain, avec plus de 850 000
jeunes engagés depuis sa création.
Chaque mission est une opportunité de développer des compétences essentielles,
de renforcer son engagement citoyen et d’expérimenter concrètement les valeurs
de solidarité et d’altérité.
Le Service civique occupe désormais une place centrale dans la construction des
parcours des jeunes. Le Gouvernement est pleinement mobilisé pour en faire un
outil au service des défis contemporains, en particulier ceux liés à la
transition écologique. C’est tout le sens de la création du Service civique écologique,
qui permet à de nombreux jeunes de s’engager concrètement pour la planète.
Philippe Baptiste (ministre délégué auprès de la ministre
d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche, chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> L’IA est une priorité absolue pour la France et pour être leader, nous
devons donner à nos chercheurs les moyens nécessaires en termes de puissance de
calcul.
> L’IA révolutionne l’enseignement supérieur et la recherche et nous devons adopter et nous adapter à cette nouvelle donne. Nous devons le faire en nous appuyons sur les technologies souveraines que nous devons développer.
> L’État va renforcer son soutien à Maia Space pour permettre la création d'une future usine sur le campus de l'espace à Vernon. Parce que l’accès autonome à l’espace est une condition essentielle de notre souveraineté, nous devons être aux côtés de nos pépites qui innovent et prennent des risques. C’est de cette façon que s’est construite l’histoire du spatiale et aujourd’hui la France entend y être fidèle.
Yannick Neuder (ministre délégué auprès de la ministre du
Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la Santé et
de l’Accès aux soins)
> Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale du donneur de sang. Une journée
particulière cette année : elle marque les 25 ans de l’Établissement français
du sang. Un quart de siècle de vies sauvées. Alors à tous les bénévoles :
Merci. Mais l’été approche, les dons diminuent. Les besoins eux, ne changent
pas. Une heure suffit, trois vies peuvent être sauvées. Alors, allez donner
votre sang !
Charlotte Parmentier-Lecocq (ministre déléguée auprès de
la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée
de l’Autonomie et du Handicap)
Clara Chappaz (ministre déléguée auprès du ministre de
l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique,
chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique)
> On veut une intelligence artificielle durable qui s'entraîne en France
avec de l'énergie nucléaire décarbonée.
> Très heureuse de relancer le Conseil national du numérique qui a tant apporté à mon ministère depuis sa création en 2011. Pour refléter nos priorités, il devient le Conseil de l’intelligence artificielle et du numérique !
> L’IA réinvente la robotique à toute vitesse. La France, leader en IA, est prête à être moteur de cette rupture essentielle pour notre souveraineté technologique et notre réindustrialisation.
Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> Face à la poursuite des bombardements russes, nous avons échangé avec
le ministre ukrainien des affaires étrangères sur la situation sur le terrain
et les prochaines étapes diplomatiques. La France se tient aux côtés de
l’Ukraine pour notre sécurité collective.
> Heureux d’avoir revu la présidente de la Géorgie, Salome Zourabichvili. Alors que les atteintes aux libertés se multiplient en Géorgie, j’ai réaffirmé la condamnation de la France de la dérive illibérale du Rêve Géorgien. La France soutient les aspirations européennes et démocratiques du peuple géorgien.
> L’Ukraine est la première ligne de défense des Européens contre l’agression russe. Ce n’est pas un conflit local : derrière Moscou, des missiles iraniens et des troupes nord-coréennes sont utilisés pour frapper l’architecture de sécurité européenne. Soutenir l’Ukraine signifie défendre nos intérêts sécuritaires.
> Il y a un pays qui continue de refuser la paix et la diplomatie, qui continue d’escalader, c’est la Russie de Poutine. Mettons un maximum de pression sur la Russie : sanctions énergétiques et soutien militaire à l’Ukraine.
> La seule façon d’obtenir ce que nous voulons, c’est-à-dire la fin de l’hostilité et un cessez-le-feu, c’est de mettre la pression maximale sur Vladimir Poutine.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Joséphine Missoffe (députée)
> [Débat sur les politiques publiques de protection de l’enfance /
Intervention à l’Assemblée] Les enfants de la République sont nos enfants à
tous. L’action publique et les investissements en faveur de la protection de
l’enfance n’obéissent pas aux mêmes règles que les autres engagements de
l’État. Protéger nos enfants ne relève pas d’un calcul budgétaire, politique ou
moral. Protéger nos enfants n’est pas un choix, mais une responsabilité :
nous n’essayons pas de protéger nos enfants, nous le faisons à tout prix.
Derrière la République, il y a tous ceux qui se lèvent pour participer à cette
grande mission collective qu’est la protection de l’enfance. Il y a les femmes
et les hommes avec qui j’ai partagé ma carrière d’infirmière puéricultrice, à
l’école, en crèche et en PMI. Il y a les éducatrices et les éducateurs qui
incarnent auprès des enfants protégés la main que tout le pays leur tend. Sans
elles, sans eux, nous projetons nos enfants dans un vide dangereux, aux
perspectives écrasées et au destin refusé.
Alors que nous devons protéger, valoriser et remercier ceux qui prennent soin
de nous au quotidien, nous semblons les oublier. Comme dans presque tous les
secteurs du médico-social, les employés sont en difficulté et l’emploi est en
berne. Nous ne pouvons accepter passivement une société dans laquelle le combat
pour le lien social manque d’attractivité et enferme dans la précarité. Le
secteur de la protection de l’enfance peine à recruter et le recours à
l’intérim explose. Nos enfants ont besoin d’un entourage républicain stable et
disponible. Nous devons le leur offrir.
Éric Woerth (député)
> [Débat sur les politiques publiques de protection de l’enfance /
Intervention à l’Assemblée] Cette semaine, nous avons encore été les témoins
d’une montée de cette ultraviolence qui frappe notre jeunesse, avec le terrible
drame qui a ôté la vie à une assistante d’éducation, poignardée par un élève de
14 ans. Il n’y a pas si longtemps, le jeune Élias était poignardé par un
autre mineur et Lorène, à Nantes, assassinée, frappée de cinquante-sept coups
de couteau. Ces drames ne peuvent laisser personne indifférent. Ils sont
insupportables dans une société aussi mature et prospère que la nôtre.
Nous débattons de ce que la République doit incarner dans ce qu’elle a de plus
essentiel : sa capacité à protéger ses enfants, notamment ceux en
déshérence. Aucun responsable public, aucun citoyen, ne peut tolérer une telle
dérive de notre société. Sur un sujet aussi majeur, il ne peut y avoir de
procès d’intention et chacun, je suppose, s’exprimera avec honnêteté et
sincérité.
La protection de l’enfance vise à garantir la prise en compte des besoins
fondamentaux de l’enfant – lorsque la famille ne peut y répondre –, à soutenir son développement physique,
intellectuel et social, à préserver sa sécurité et à assurer son éducation,
dans le respect de ses droits.
Elle comprend des actions de prévention en direction de l’enfant et de ses
parents, le repérage et le traitement de situations difficiles, des décisions
administratives – aide financière,
aide éducative, contrat jeune
majeur –, des décisions judiciaires – ordonnance de placement –, pour la protection de
l’enfant.
La manière dont une société protège ses propres enfants, dans et au-delà du
cadre familial, est le reflet de ce qu’elle est. Trop de drames ont été rendus
publics : des enfants morts sous les coups alors qu’ils étaient connus des
services, une adolescente décédée seule dans une chambre d’hôtel, loin de tout
encadrement éducatif, une augmentation de la prostitution infantile – qui n’est d’ailleurs
pas toujours celle d’enfants
mis sous la protection publique –,
des lieux d’accueil qui, parfois, ressemblent davantage à des zones de
relégation qu’à des refuges.
Ces récits, ces reportages bousculent nos consciences. S’arrêter au constat ne
protègera cependant aucun enfant – le problème
de notre pays, c’est que nous
sommes beaucoup plus forts pour constater que pour trouver des solutions. Sur
un tel sujet, on ne peut souffrir d’aucune
défaillance.
Près de 400 000 mesures d’aide
sociale à l’enfance (ASE) ont été prises en 2022. Ce chiffre a beaucoup augmenté ces dernières années, ce qui contribue probablement à la dégradation des
prises en charge. Derrière les placements, il y a de grandes tensions, mais
l’autre problème, – tous les acteurs du système nous le disent –
c’est l’impossibilité de
prévoir les besoins. On ignore
si une famille sera mise en cause, si elle est composée d’un ou de
quatre enfants, s’ils sont
nourrissons ou adolescents – la réponse publique doit être
à chaque fois différente. Cela nécessite une grande constance dans les moyens alloués et dans les politiques mises en
œuvre, mais aussi une capacité d’adaptation, dont le service public ne sait pas
toujours faire preuve.
Un quart des enfants protégés sont en situation de handicap et une part
importante des hospitalisations longues en pédopsychiatrie concerne des enfants
relevant de l’ASE, alors que nous manquons cruellement de pédopsychiatres – encore un constat, qui date d’il y a longtemps. Le système actuel ne répond pas aux besoins spécifiques, multiples et souvent
cumulatifs de ces jeunes. Nous sommes face à une crise structurelle et il faut
une refondation complète de la politique de protection de l’enfance.
La loi Taquet de 2022 va dans le bon sens, puisqu’elle vise à mieux encadrer
les placements, à garantir un accompagnement jusqu’à l’âge de 21 ans, à
interdire les placements à l’hôtel, etc. Cependant, nous sommes en 2025 et
beaucoup de décrets d’application n’ont toujours pas été pris – ne pas appliquer une loi, cela
contribue à décrédibiliser la parole publique, à avouer une forme d’impuissance
publique. Vous n’y êtes pour rien, madame la ministre, puisque vous n’étiez pas
au gouvernement quand la loi a été promulguée. Pouvez-vous cependant nous
donner les raisons, peut-être justifiées – nous en discuterons –
pour lesquelles l’administration
met autant de temps à publier
ces décrets ?
J’en profite pour saluer les
travaux de nos collègues Laure
Miller et Isabelle Santiago, ainsi que ceux menés par Perrine Goulet sous la précédente législature. Les deux commissions d’enquête ont débouché sur de nombreuses propositions. Il
faut à présent passer à l’action.
Je le dis solennellement : ce n’est pas possible que, dans un État aussi
puissant que le nôtre, la protection de l’enfance ne soit pas une priorité
absolue ! Certes, on a beaucoup de priorités, mais on ne peut pas faire
des économies, réduire les moyens publics et abaisser la réponse judiciaire
dans un domaine aussi fondamental. On parle d’enfants fragiles, en difficulté,
qui ne sont pas soutenus par leur famille ; leur accompagnement doit être
l’une des premières actions de l’État, lequel doit avoir une obligation de résultat,
et pas seulement de moyens. Il faut que l’on puisse remonter le niveau de la
réponse publique.
Nous faisons face à une crise de gouvernance de cet énorme système, fragmenté,
avec des acteurs multiples. Ce n’est plus tenable.
On accuse toujours l’État, mais en réalité, ce n’est pas l’État qui est
responsable de l’ASE, ce sont les conseils départementaux – l’État a l’obligation
de faire respecter l’ordre
public sur l’ensemble du
territoire. Les départements renvoient la balle à l’État en l’accusant de ne
pas leur avoir donné assez de moyens, l’État les renvoie à leur responsabilité
en la matière, en indiquant que ce doit être leur premier budget, leur priorité
absolue parmi l’ensemble de leurs tâches.
Cela aboutit à ce que la protection de l’enfance avance à plusieurs vitesses.
La réponse à un problème donné ne sera pas la même selon le département, son
traitement sera plus ou moins prioritaire. Tout est fragmenté entre l’agence
régionale de santé (ARS), le rectorat, les associations, les juridictions, la
protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), la protection maternelle et
infantile (PMI), l’ASE, si bien que l’on ne trouve personne pour répondre aux
questions qui se posent. D’ailleurs, peu d’élus viennent endosser leur
responsabilité devant les caméras de télévision lorsqu’un drame a lieu dans
leur circonscription – on voit plutôt
des membres de l’administration
réagir. Il faut les
responsabiliser sur ce sujet plus que sur tout autre, car il s’agit de nos
enfants.
La politique de protection de l’enfance repose sur une articulation trop
complexe. L’État, lui-même, n’est doté de rien : il n’y a pas de ministère
de l’enfance, ni même de consolidation des chiffres – on ignore combien d’enfants sont placés aujourd’hui !
L’idée s’impose aussi
qu’un enfant, une fois pris en
charge par la protection sociale de l’enfance,
ne peut plus en sortir. Entré à l’ASE à l’âge de 5 ans, un enfant n’en
sortira qu’à 18 ans. Ce n’est pas acceptable. On tend
également à penser qu’une fois majeur, l’enfant n’est plus suivi et jeté hors
du système.
Ce cas de conscience doit devenir une prise de conscience. Soit l’État décide
de recentraliser l’aide sociale à l’enfance – une réforme
à laquelle je ne suis pas
favorable car elle poserait d’autres
difficultés – soit on en fait une priorité politique et on clarifie la répartition des financements.
● MoDem
Erwan Balanant (député)
> [Débat sur les politiques publiques de protection de l’enfance
/ Intervention à l’Assemblée] « Le monde dans lequel nous entrons en
naissant n’est pas prêt à nous accueillir. Il doit être renouvelé par chaque
nouvelle génération. » Ces mots de la philosophe Hannah Arendt, publiés en
1961 dans La Crise de la culture, soulignent que le profond mal-être que
ressentent les jeunes est le résultat d’un monde en crise, à son époque comme à
la nôtre. Ce monde ne permet pas à nos jeunes d’envisager leur avenir, de se
projeter à l’âge adulte. Comment expliquer, sinon, cette ère de violence qui
s’est emparée d’une partie d’entre eux ? Comment expliquer, sinon, que certains
aient envie, aient besoin, de venir à l’école avec des armes blanches ?
Comment expliquer, sinon, que d’autres défient l’autorité, notamment l’école,
premier lieu d’apprentissage et de construction de leur esprit critique ?
L’actualité de ces dernières années est criante de vérité. Nous ne comptons
plus les faits divers où la jeunesse est mise à mal, ni ceux où elle est à
l’origine de violences, par exemple vis-à-vis du corps enseignant. La liste en
est malheureusement trop longue. Je m’écarte un peu de la question de la
protection de l’enfance.
Ce n’est pas hors sujet que de parler de l’enfance dans sa généralité ; au
contraire, cela me semble constituer une première base de réflexion pour
aborder la protection de l’enfance !
Notre pays, héritier de l’universalisme des Lumières, ne peut rester de marbre,
sans se remettre en question, face à cette souffrance de tous nos enfants.
Notre jeunesse ressent un vide, elle est en quête de sens. Son mal-être n’est
pas matériel mais sociétal ; sans réponse sociétale, nous n’aiderons
jamais la jeunesse – y compris celle prise en charge par la protection de
l’enfance – à retrouver confiance en l’avenir, nous ne défendrons pas le
commun face à l’individualisme.
Ne nous y trompons pas, la justice pénale des mineurs mise en place au
lendemain de la seconde guerre mondiale est le meilleur exemple à suivre. Elle
s’est fondée sur une idée simple : la primauté de l’éducatif sur le
répressif. Notre politique publique de protection de l’enfance doit d’abord et
avant tout repenser la manière d’aborder notre jeunesse, de la promouvoir et de
lui donner un sens, une existence, une vision – en un mot, un avenir. Antonin Artaud nous dirait que notre
jeunesse est malade non d’un
excès, mais d’un vide. Face à ce malaise dû à un manque de
repères et de perspective,
offrons à nos jeunes des
espaces d’expression où ils puissent partager leurs inquiétudes et leurs espoirs, investissons
dans la prévention, dans l’accompagnement psychologique et dans
l’éducation à la citoyenneté.
Sur la protection de l’enfance,
les travaux de la délégation
aux droits des enfants présidée par Perrine Goulet sont fondamentaux. Il est
urgent que les ministères concernés se saisissent de ses nombreuses
propositions, en particulier des deux mesures qu’elle recommande pour améliorer
la prise en charge des jeunes majeurs ayant eu un parcours en protection de
l’enfance : tout d’abord, faciliter les démarches administratives et
l’accès au logement des majeurs sortant de l’ASE, améliorer leur aide
financière et leur accompagnement éducatif ; ensuite, rendre obligatoire,
pour les départements, le financement des associations d’anciens enfants
accueillis pour leur permettre de soutenir les jeunes ne disposant de contrat
jeune majeur ou qui ne peuvent plus en bénéficier étant donné leur âge. Ces
mesures permettront sans nul doute à ces jeunes de s’ancrer dans la société et
de commencer leur vie d’adulte plus sereinement.
Madame la ministre, quelle politique publique entendez-vous promouvoir pour
redonner à notre jeunesse confiance dans son avenir ? Comment vous saisirez-vous
des propositions formulées par la délégation aux droits des enfants ? Dans
un monde en crise, nos enfants ont besoin de nous. Ne les abandonnons pas.
● Parti radical
> La santé mentale de notre jeunesse est, plus que jamais, une grande
cause nationale
Le drame survenu au collège « Françoise Dolto » de Nogent devrait appeler, une
fois de plus, les uns et les autres, à la prudence et à la modestie.
Les propositions de renforcement des mesures sécuritaires qui ont fusé quelques
minutes après le drame sont mises à mal par le déroulé des faits tel que
présenté par le procureur de Chaumont :
- Les faits se sont déroulés sur la voie publique, aux abords immédiats de
l’établissement ;
- L’auteur présumé n’a pas acheté son arme mais l’a récupérée au domicile
familial ;
- Apparemment, il fréquentait peu les réseaux sociaux.
En revanche, les faits et le compte rendu de la garde à vue font clairement
penser à un profil psychologique problématique qui doit encore être évalué par
les experts.
Dès janvier 2024, Nathalie Delattre, alors sénatrice de Gironde et actuellement
ministre déléguée chargée du tourisme et présidente du Parti radical, avait
proposé une résolution que le Sénat avait adoptée à l’unanimité visant à faire
de la santé mentale des jeunes une grande cause nationale.
Cette grande cause est actée, mais difficile à mettre en œuvre tant le secteur
de la santé mentale est en crise, notamment au sein de l’éducation nationale.
Bien sûr, on pourra toujours regretter qu’il n’y ait pas assez de postes de
psychologues et de médecins ou d’infirmières scolaires mais l’honnêteté oblige
à reconnaître que de nombreux supports budgétaires sont vacants par manque de
professionnels de santé volontaires pour les occuper. Il faudrait aussi
améliorer l’accès et la prise en charge de ces soins, actuellement
insuffisamment rémunérateurs, avec des délais déraisonnables au regard des
besoins qui se font jour. La plupart du temps, la souffrance psychologique est
silencieuse même si parfois, elle tue.
« Au-delà de cette crise des vocations, le drame de Nogent pose aussi la
question de notre capacité citoyenne, à détecter les signaux faibles, dans la
famille, à l’école, dans les temps de loisirs. C’est bien cette mobilisation
générale qui aidera les professionnels à mieux prévenir les passages à l’acte
en leur permettant de mettre en perspective l’ensemble des petits faits,
apparemment anodins, qui auraient dû alerter les adultes », précise Pierre Anselmo,
vice-président de l’Atelier, laboratoire d’idées du Parti radical, président
départemental de la fédération de Haute-Marne.
Un lien n’est jamais plus solide que son maillon le plus faible. Or, la santé
mentale de notre jeunesse est sans doute le maillon le plus fragile de notre
lien collectif. En ce sens et plus que jamais, la santé mentale de notre
jeunesse est une grande cause nationale pour laquelle chaque citoyen, à sa
mesure, devrait s’engager.
> L’œnotourisme, une chance pour nos territoires
Alors que la viticulture française est aujourd’hui confrontée à une des plus
grandes crises de son histoire à cause du dérèglement climatique, des
distorsions de concurrence avec certains pays producteurs, sans oublier le
relèvement des barrières douanières des Etats-Unis et de la Chine, le
développement de l’œnotourisme fait partie des mesures de soutien à la filière
sur lesquelles le gouvernement s’est engagé. La feuille de route a été
présentée ce jour par la Ministre du Tourisme, et s’appuie sur le rapport du
Conseil supérieur de l’œnotourisme. Elle « vise à mettre en place des
mesures opérationnelles et pour certaines directement applicables afin de
permettre à notre pays d’être le leader européen de l’œnotourisme d’ici 2030 »,
souligne Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, présidente
du Parti radical.
Leader du tourisme mondial, la France l’est aussi dans le domaine des vins. Une
position que souhaite renforcer Nathalie Delattre en encourageant le
développement de l’œnotourisme dans chaque région viticole. L’année dernière,
ce ne sont pas moins de 12 millions de touristes qui ont découvert la richesse
et la diversité de nos vignobles, une fréquentation qui augmente d’année en année.
Outre les rencontres avec les vignerons qui leur font découvrir leurs
exploitations et leurs vins, les touristes sont de plus en plus séduits par
l’accueil en chambres d’hôtes et la visite des villages viticoles. Sans oublier
tous les évènements qui célèbrent la vigne et le vin tout au long de l’année.
Pour la ministre et présidente du Parti radical, l’œnotourisme représente un
levier de développement important pour toute la filière viti-vinicole avec
plusieurs enjeux majeurs : la valorisation de notre patrimoine matériel et
immatériel et de nos paysages, la dynamisation de nos territoires ruraux, une
différenciation sur le marché, une réponse à la forte demande pour les produits
locaux en circuit court. « L’œnotourisme permet enfin aux vignerons de
diversifier leurs revenus et d’accroître la fidélisation de leur clientèle en
renforçant leur visibilité et leurs ventes à l’international », précise
Nathalie Delattre.
De plus en plus de vignerons souhaitent intégrer la dimension « œnotourisme »
dans leurs pratiques professionnelles. Pour les accompagner dans leur démarche,
Nathalie Delattre propose d’encourager les programmes de formation et de
labellisation, de libérer les énergies par des possibilités plus élargies
d’ouverture des domaines viticoles labellisés, de simplifier les normes
relatives aux emplois familiaux et à l’urbanisme. L’aide de l’État sera aussi
financière avec l’intégration de l’œnotourisme dans la PAC.
► Autres
● Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie industrielle)
> Chaque pays européen a ses
propres ressources, mais nous sommes tous interdépendants pour remplacer
l’énergie fossile par l’électricité & les énergies propres. La Finlande
démontre la puissance de l’industrie forestière dans nos efforts de
décarbonation.
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Notre rôle essentiel en tant qu’élus ? Protéger nos enfants de toute
forme de menace. Les écrans en font partie. Nous voulons instaurer une majorité
numérique à 15 ans pour les réseaux sociaux. Nous agissons au niveau européen.
> [Extrait de la Tribune: « Pour protéger les plus
jeunes sur les réseaux, établissons en Europe l’âge de la majorité numérique à
15 ans »]
Quatre heures par jour : c’est le temps qu’un adolescent passe, en
moyenne, sur Internet et les réseaux sociaux tels que TikTok ou Instagram.
L’usage des réseaux sociaux, et plus largement du numérique, est désormais
intégré au plus profond de notre société. Sources d’information illimitées,
fenêtres sur le monde, ces plateformes peuvent aussi offrir de puissants outils
permettant aux adolescents de briser des tabous et d’encourager une meilleure
estime de soi.
Mais les risques sont là, nombreux et insidieux, aux conséquences destructrices
pour une jeunesse qui se construit, qui s’émancipe. Nous – responsables
politiques, acteurs numériques mais aussi parents – avons la responsabilité
collective d’offrir aux plus jeunes un développement exempt d’interférences
néfastes pour leur santé et leur esprit critique. Et nous, députés européens du
camp présidentiel, avons l’intime conviction que l’Europe peut et doit protéger
efficacement nos enfants des dérives orchestrées par les plateformes et leurs
algorithmes.
Anxiété. Troubles du sommeil. Troubles du comportement alimentaire.
Mutilations. Troubles de la concentration. Addiction aux écrans. Haine de
l’autre. Désinformation. Cyberharcèlement. Exposition à des contenus
pornographiques. Pédocriminalité. La liste des risques et des effets pernicieux
et destructeurs des réseaux sociaux sur les plus jeunes est aussi longue
qu’alarmante. Leurs conséquences sont dramatiques et peuvent mener au pire,
comme au suicide. Cela doit nous interroger, toutes et tous : quelle société
voulons-nous pour nos enfants et les adultes qu’ils deviendront ?
Certainement pas une société où la maigreur absolue et maladive est prônée à coups
de « trend » sur TikTok. Certainement pas une société où des contenus
masculinistes prolifèrent et s’attaquent à la liberté et à la sécurité des
filles et des femmes. Certainement pas une société où le cyberharcèlement
prospère et multiplie le nombre de victimes. Certainement pas une société où la
haine de l’autre et la violence deviennent la règle, et la tolérance,
l’exception. Certainement pas une société où la pédocriminalité détruit la vie
de nos enfants. Certainement pas une société où les faits sont défaits par la
désinformation massive et les ingérences étrangères. Certainement pas une
société où la santé mentale et physique des plus jeunes est aspirée pas à pas,
sournoisement, par les écrans.
> Cher Nicusor Dan, merci pour votre accueil chaleureux à Bucarest. Tous mes vœux de succès vous accompagnent. À l’heure des grands défis politiques, votre engagement pro-européen est essentiel à la Roumanie et à l’UE. Vous savez que la famille Renew Europe est à vos côtés !
Bernard Guetta (député)
> Vous, peuples israéliens et palestiniens, et nous peuples européens,
avons une responsabilité commune d'établir la paix sur les rives de notre mer
commune.
Pascal Canfin (député)
> Nous sommes mobilisés au Parlement européen avec Stéphanie Yon-Courtin
et notre délégation l'Europe ensemble, pour protéger les plus jeunes et
empêcher l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans, conformément à notre
engagement de campagne européenne.
Quatre heures par jour : c’est le temps qu’un adolescent passe en moyenne sur
Internet et les réseaux sociaux tels que TikTok ou Instagram.
75 % des jeunes de 11-12 ans utilisent régulièrement les réseaux sociaux et la
première inscription sur de telles plateformes intervient à 8 ans en moyenne.
Anxiété. Troubles du sommeil. Troubles du comportement alimentaire.
Mutilations. Troubles de la concentration. Addiction aux écrans. Haine de
l’autre. Désinformation. Cyberharcèlement. Exposition à des contenus
pornographiques. Pédocriminalité. La liste des risques et des effets pernicieux
et destructeurs des réseaux sociaux sur les plus jeunes est aussi longue
qu’alarmante.
La majorité numérique à 15 ans est l’une des solutions pour accroître
considérablement la protection des plus jeunes sur le Web. Les plateformes sont
d’ailleurs nombreuses à fixer un âge minimum de 13 ans pour pouvoir créer un
compte. Or, dans les faits, ces limites d’âge sont aisément contournées du fait
de l’absence d’un véritable système de vérification.
> Retour sur une journée de rencontres passionnantes à Viva
Tech 2025.
Ce que je retiens de ces nombreux échanges :
- Le besoin de passer à l'échelle pour le financement des Startups. On crée en
Europe autant de startup qu'aux États-Unis, mais une grande partie d'entre
elles partent outre-Atlantique pour se financer et se développer. Que ce soit à
travers le rôle des investisseurs institutionnels privés, de la BEI ou de
l'EIC, l'Europe doit se renforcer pour leur donner davantage d'opportunités de
croissance sur notre continent, notamment avec l'Union des marchés de capitaux.
- Les Start-ups doivent pouvoir croître plus facilement en Europe, c'est ce que
nous sommes en train de faire avec le 28e régime, en simplifiant les démarches
pour créer de véritables champions continentaux.
- Les clean techs sont la force de l'Europe. Nous avons les solutions en main
pour gagner la bataille du climat, pour cela nous devons continuer à soutenir
cette filière.
● Personnalités
centristes
Sarah El Hairy (haut-commissaire à
l’Enfance)
> [Tribune à l’occasion
de la Journée mondiale contre le travail des enfants] Nous rêvons tous
d’un avenir radieux pour nos enfants. Une enfance douce et protégée, emplie de
jeux, d’apprentissages, pleine de découvertes et d’espoir. Une enfance où
l’école prime sur le travail, où le jeu précède les responsabilités. Pourtant,
à l’autre bout du monde, parfois bien plus près qu’on ne l’imagine, des
millions d’enfants vivent une tout autre réalité. Chaque jour,
160 millions d’entre eux travaillent, souvent au péril de leur santé, au
détriment de leur sécurité et de leur avenir. Certains cousent les vêtements
que nous portons. D’autres récoltent le cacao de nos goûters, trient à mains
nues les composants électroniques de nos téléphones.
Le textile, l’agriculture, l’électronique, l’exploitation minière… Ces secteurs
familiers nourrissent nos besoins et nos envies. Mais ce que nous savons moins,
c’est que le bas coût affiché ici se paie parfois très cher là-bas, sur le dos
des enfants. Car derrière chaque chaîne d’approvisionnement, il y a des visages
d’enfants. Cela peut sembler lointain, abstrait, presque hors de notre portée.
Et pourtant, chacun de nos gestes de consommation, chacun de nos achats, porte
en lui un impact. Chaque produit que nous mettons dans notre chariot peut soit
combattre, soit perpétuer une forme de travail infantile.
Il ne s’agit pas de culpabiliser, mais de prendre conscience. Nous sommes tous
pris dans des routines, des contraintes, un quotidien parfois accablant. Mais
il est temps de lever les yeux et de questionner ce que nous achetons.
D’imaginer une autre manière de consommer. Et si, dès aujourd’hui, nous
faisions de nos choix un acte de protection et de solidarité, un levier pour
protéger nos enfants ? Et si, à chaque achat, nous nous posions une simple
question : « Un enfant a-t-il dû payer, quelque part, le vrai prix de
ce produit?»
Certains acteurs se lèvent déjà. Certaines marques s’engagent. Des labels
existent. Des entreprises choisissent la transparence. En France, la loi sur le
devoir de vigilance, adoptée en 2017, impose aux grandes entreprises de
prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement tout au long de
leur chaîne d’approvisionnement. La directive européenne en cours vise à
renforcer ces obligations, ouvrant une voie nouvelle vers une économie plus
responsable.
Mais cette dynamique ne prendra sens que si nous, consommateurs, devenons
attentifs, vigilants et exigeants. Acteurs d’un changement durable. En tant que
parents, notre pouvoir est immense. Nous portons la mission sacrée d’éduquer,
d’alerter, d’agir. De transmettre non seulement des valeurs, mais aussi une
cohérence entre nos paroles et nos actes, entre ce que nous disons et ce que
nous achetons.
Alors, en cette Journée mondiale contre le travail des enfants, imaginons un
monde où aucun enfant ne travaille pour que le nôtre puisse jouer, apprendre,
grandir. Un monde où la consommation devient un engagement, un levier pour une
justice plus humaine et digne. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons
construire ensemble cette ambition : une consommation plus juste, plus
humaine, plus digne pour le présent et l’avenir des enfants du monde. Le
haut-commissariat à l’enfance, que je représente, prend les rênes de ce combat
avec une détermination sans faille, pour un monde où chaque enfant grandit dans
la dignité et la liberté.
> Faire participer les enfants, c’est bâtir l’avenir. J’ai réaffirmé cette conviction : leur regard est précieux, chacune de leur voix doit être entendue, maintenant. Régulation des écrans, ville de demain...ces combats se mèneront avec eux.
> L'IA peut être un levier d'émancipation si son usage est compris et régulé. Au Festival des Mini-Entreprises IA, j’ai vu des jeunes oser, créer, innover. Former, accompagner, transmettre : c’est comme cela qu’on prépare une jeunesse confiante.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.