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vendredi 20 juin 2025

Chronique centriste. Dissolution et irresponsabilité des députés


C’est un assentiment largement commun chez les politologues, politistes et autres «experts» es-politique sans parler des journalistes et des sondés: la dissolution est la preuve de l’irresponsabilité de Macron, de sa faute politique et de sa culpabilité dans le chaos que celle-ci a provoqué.

Pourtant le Président de la République n’a fait que redonner la parole aux Français qui, eux, ont élu des députés.

Parler d’irresponsabilité, de faute ou de culpabilité lorsque l’on permet aux citoyens de s’exprimer et d’user de leurs droits démocratiques, c’est donné bien peu de crédit à ceux-ci qui sont pourtant la base même de la démocratie.

Car, quel que soit le résultat de l’élection, c’est bien le choix du peuple, celui-ci étant le fondement même de la démocratie représentative.

Et donc, in fine, s’il y a crise ou instabilité politique, celui qu’il faut critiquer pour son inconséquence, voire pour sa «bêtise», c’est d’abord le peuple.

Et ensuite aux élus que le peuple a choisis.

Ainsi, le chaos qui s’en est suivi avec l’absence de majorité à l’Assemblée et le refus des députés d’être dans le consensus et le compromis est plutôt la démonstration de leur irresponsabilité et de leur incapacité à s’entendre pour faire passer l’intérêt de la France avant leurs intérêts partisans et mais aussi de leur carrière.

D’autant que nombre d’éléments militent pour cette thèse.

D’abord, comme l’a souvent rappelé Emmanuel Macron, nombre de députés, et pas seulement dans l’opposition, étaient de farouches partisans d’une dissolution pour, soi-disant, clarifier la situation politique du pays et faisaient peser sur le gouvernement une épée de Damoclès qu’une majorité d’entre eux avaient semble-t-il décidé de l’utiliser quelques mois plus tard lors du vote du Budget.

Ensuite, devant le résultat de l’élection, les appels aux compromis nécessaires ont été rapidement couverts par les appels à s’opposer et à fragiliser le pouvoir en place en refusant tout consensus pour protéger les intérêts du pays et de la population.

Et le refus de voter le Budget présenté par le Premier ministre d’alors, Michel Barnier, était une manière de prendre date électoralement parlant sans aucune justification pour le bien de la France.

Ici, ce n’est pas Macron qui a agi mais bien les députés nouvellement élus, aidés aussi par les sénateurs…

Car même si Emmanuel Macron avait des raisons de dissoudre pour peut-être retrouver de la légitimité ou pour bâtir une nouvelle majorité ou quoi que ce soit d’autre, il s’est incliné devant le suffrage universel et a fait en sorte de laisser la parole à l’Assemblée nationale nouvellement élue.

Certains le lui ont même reproché, un comble!

S’il y avait eu une majorité quelconque et qu’il ait passé outre, on aurait pu le blâmer de ne pas avoir respecté les résultats de l’élection et donc le choix des Français.

Mais tel n’a pas été le cas.

Dire cela n’est pas défendre Emmanuel Macron sur sa responsabilité politique du choix de dissoudre mais de faire un sort aux accusations déplacées qui lui sont adressées – la seule pouvant lui être adressée est qu’il a manqué de nez, ce qui n’est pas aussi sûr que cela, sachant qu’il a demandé aux Français de prendre leurs responsabilités face aux extrêmes et au score très élevé du RN lors des élections européennes ainsi que dans les sondages.

Non, il s’agit simplement de remettre les responsabilités où elles doivent être – sur les électeurs ainsi que les élus et sur une polarisation politique qui empêche le bon fonctionnement de la démocratie républicaine libérale.

Car celle-ci n’a pas besoin qu’il y ait une majorité absolue d’un camp pour fonctionner.

Elle est le régime du consensus et du compromis par excellence.

Dès lors, lorsqu’il y a absence de majorité, les institutions doivent pouvoir fonctionner en s’appuyant sur le consensus et par le compromis.

Si ce n’est pas possible, la faute en revient à ceux qui ont choisi de ne pas s’entendre, remettant en cause le principe même à la base de l’existence d’une démocratie, la recherche du bien commun avant le clientélisme et l’électoralisme.

Jean-Louis Pommery
Alexandre Vatimbella

 


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