samedi 21 juillet 2012

L’Humeur du Centriste. L’espoir de Bayrou fait vivre, mais qui?!

Comme le dit le dicton populaire, «l’espoir fait vivre».
François Bayrou l’a fait sien et se voit bien en recours après le fiasco des socialistes au pouvoir.
Et il rappelle que François Mitterrand et Lionel Jospin ont pu renaître de leurs cendres.
Il aurait pu dire la même chose de beaucoup d’autres politiques, hommes ou femmes, notamment de Jacques Chirac en 1995.
Mais cette dernière référence serait de droite et ne ferait que rappeler la prise de position de Bayrou pour l’ennemi mortel de trente ans du Corrézien, Edouard Balladur, lors de la présidentielle (un autre échec du président du Mouvement démocrate)…
Ce n’est sans doute pas très gentil d’espérer la faillite de la France pour conquérir le pouvoir mais l’espoir de l’ex-député béarnais lui a déjà permis de vivre depuis dix ans sans aucun résultat significatif (rappelons qu’arriver troisième d’une compétition qui ne qualifie que les deux premiers pour un round final n’a jamais été considéré comme un succès).
Loin de nous de lui ôter ses projets d’avenir que certains pourraient qualifier d’illusions.
Ce qui est plus préoccupant, en revanche, c’est l’identification négative qui se fait désormais entre Centre indépendant et François Bayrou dans l’esprit des Français.
Or, réduire le Centre a un homme, dont le parcours politique depuis 2002 est jalonné de nombreuses défaites n’est guère «porteur» pour ce courant politique.
D’autant que le président du Mouvement démocrate n’a pas toujours été ce défenseur intransigeant et intangible du Centre indépendant qu’il veut incarner aujourd’hui.
De 2007 à 2011, il a navigué à vue, réfléchi pour trouver un autre terme que «centre» pour qualifier son combat politique et ne s’est résolu à revenir au centre du Centre que par pure stratégie même si les positions qu’il défend sont souvent proches de ce lieu politique.
Ainsi, son espoir n’est sans doute pas ce qui va faire vivre le Centre ces prochaines années.
Car l’important pour la France n’est pas que Bayrou soit un recours, c’est que le Centre ait une véritable politique à proposer pour être le recours gagnant face à la Droite et à la Gauche.
Et là, ni Bayrou, ni Borloo, ni les autres n’ont un programme crédible en ce sens.

Le Centriste

jeudi 19 juillet 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Quand un parti islamiste se proclame «centriste modéré»!

Les mots veulent-ils dire (encore) quelque chose?
C’est la question que l’on peut se poser au moment où le parti islamiste tunisien au pouvoir, Ennahdha, vient de se déclarer lors de son dernier congrès, «centriste modéré».
Pour tous ceux qui se réclament du Centrisme, il est impossible qu’un parti qui prône l’application d’une seule religion et qui se dit mue uniquement par les principes de celle-ci puisse s’autoproclamer centriste.
Pour autant, et cette question avait déjà été abordée ici, une certaine notion de centre développée dans les pays arabes lors de leurs «printemps» et les changements de régime qui s’en suivirent, n’est pas exactement la définition que l’on en donne dans les démocraties laïque de la planète.
Une floraison de partis centristes a ainsi éclos en Tunisie depuis le départ de Ben Ali.
Certains se sont positionnés comme des partis centristes tels que l’on peut en trouver en Europe, en Amérique, en Asie ou en Afrique.
D’autres, en revanche, ont expliqué que leur centrisme consistait à se trouver à équidistance des partis religieux et des partis laïcs.
C’est sans doute comme cela qu’il faut comprendre le positionnement d’Ennahdha.
Mais si l’on peut admettre ce positionnement et même qu’il puisse être qualifié de centriste d’un certain point de vue, on ne peut, en revanche, accepter que ceux qui s’en réclament jouent sur les mots pour rassurer une partie de la population (ou, plus grave, la tromper) et la communauté internationale.
D’autant que rien dans la doctrine et les pratiques d’Ennahdha n’a été changé depuis cette annonce.
Rappelons que le parti tunisien affirme, à la fois «garantir la liberté d'expression et de création» et «criminaliser l'atteinte au sacré considérant que c'est une atteinte à la liberté d'autrui», ce qui est évidemment totalement antinomique.
En outre, et même s’il y a renoncé, il souhaitait inscrire la chari'â, la loi de l’Islam issue directement du Coran, dans la future Constitution...
Les centristes – mais aussi tous les autres - ne doivent donc pas tomber dans le panneau et plutôt supporter activement les partis centristes en Tunisie, les vrais, qui, eux, continuent inlassablement à mettre en garde leurs compatriotes et le monde entier contre les dangers pour la démocratie que représente Ennahdha.

mardi 17 juillet 2012

USA élection 2012 vue du Centre. A quel type de campagne allons-nous assister?

En 2004, lors de la présidentielle opposant le sortant George W Bush à son challenger John Kerry, les démocrates se sont faits battre, entre autres, car ils n’ont pas su répondre correctement et avec célérité aux attaques dures, violentes et souvent mensongères des républicains orchestrées par un homme qui devint alors une vedette, Karl Rove, un activiste qui a toujours estimé que tous les moyens étaient bons pour conquérir ou garder le pouvoir.
Ce que les démocrates retinrent de cet épisode, c’est qu’ils ne se feraient pas avoir une deuxième fois.
Ils n’eurent pas vraiment besoin d’utiliser la grosse artillerie lourde en matière d’attaques politiques lors de la campagne de 2008, tellement leur candidat planait sur un nuage.
Barack Obama fut élu sans difficulté même si, rappelons-le encore et encore, il ne fut pas bien élu par rapport au potentiel de voix que tout candidat démocrate possédait face à l’impopularité immense de Bush après huit ans de présidence.
2012 est une autre histoire.
Barack Obama doit défendre un bilan globalement positif mais pas dans le domaine économique et notamment dans le secteur de l’emploi où les Américains préfèrent souvent, dans les sondages, son adversaire, Mitt Romney, même si le programme de ce dernier dans ce domaine et ce secteur brille par son absence.
D’où une campagne beaucoup plus dure.
Mais, avant de continuer, il faut expliquer que, depuis près de quatre ans, les républicains et leurs franges extrémistes, ont lancé une véritable guerre idéologique contre Barack Obama par une communication continue et violente.
Toutes les critiques, toutes les insultes ont été utilisées.
Il a été comparé à la fois à Hitler et Staline, traité de communiste, voire pire pour les électeurs de l’Amérique profonde, de «socialiste européen»!, caricaturé en Joker, le méchant diabolique de Batman.
Il a été accusé encore et encore de ne pas être né sur le territoire américain (et d’avoir falsifié son acte de naissance) et, donc, ne pouvant prétendre être président, d’être un musulman, d’être un ennemi d’Israël, d’être le fossoyeur des Etats-Unis qu’il bradait aux Russes, etc.
Pas un jour où les médias conservateurs et polémiques comme Fox News avec ses éditorialistes haineux ne critiquaient ou, pire, ne traînaient dans la boue le locataire de la Maison blanche.
Celui-ci, après avoir fait le dos rond et essayé vainement d’impliquer les républicains par une politique bipartisane (consensuelle) qui avait sa préférence depuis toujours (il faut relire ses livres, notamment «The Audacity of Hope»), a du se rendre à l’évidence qu’il fallait rendre coup pour coup.
C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre sa déclaration récente selon laquelle un de ses regrets est de n’avoir pas bien communiqué au début de sa présidence, laissant ses ennemis dire tout et n’importe quoi sur qui il était ainsi que sur son action, en particulier la loi sur l’assurance-santé («Affordable Care Act»).
Une démarche assez incompréhensible si l’on se souvient que son équipe de campagne, en 2008, autour de David Axelrod et David Plouffe, savait très bien manier les coups bas «à la républicaine» comme elle le démontra vis-à-vis d’Hillary Clinton lors des primaires du Parti démocrate.
Voilà pourquoi, pour cette campagne, la bataille a commencé tôt, une décision du staff d’Obama, et a été axée sur un affrontement.
D’autant plus que les primaires républicaines ont vu s’affronter des candidats extrémistes (Rick Santorum ou Newt Gingrich, Michelle Bachmann), des opportunistes qui adoptaient des positions encore plus extrémistes (Rick Perry, Herman Cain) et un soi-disant modéré dont les discours étaient les plus extrémistes de tous (Miit Romney)!
Une aubaine pour le camp Obama mais aussi une mise en garde: il n’y aurait pas de quartier d’où la volonté de devancer les attaques et ne pas rééditer les erreurs de John Kerry.
Le changement par rapport à 2004, vient donc de ce que ce sont les démocrates qui ont tiré les premiers.
Ils se sont focalisés sur la personnalité de Mitt Romney, ses déclarations contradictoires, ses retournements de veste et mensonges quant à ses revenus et son travail effectif à la tête d’une société chargée de liquider les entreprises en difficulté, Bain capital, dont on parle beaucoup ces derniers jours.
Sans le dire, ils se sont inspirés de cette campagne nauséabonde parce que totalement mensongère qui avait fait de John Kerry - véritable héros de la guerre du Vietnam qui avait sauvé plusieurs de ses camarades -, un menteur de la pire espèce et, ce, en utilisant des vétérans de la même guerre dans des clips où ceux-ci affirmaient douter du son courage et de la réalité des actes du candidat démocrate.
Ce qu’il a d’amusant, voire de ridicule, c’est que les républicains sont montés au créneau pour reprocher aux démocrates d’utiliser les mêmes artifices scandaleux de Bush alors!
Ce à quoi les démocrates répondent que les allégations de 2004 étaient de la pure diffamation mais que les leurs s’appuient sur des réalités.
Ce que semble d’ailleurs confirmer les nombreuses enquêtes sur les agissements de Romney à la tête de Bain capital mais aussi ses déclarations peu claires, souvent contradictoires et peut-être fausses.
En tout cas, l’ambiance est lourde.
Pour l’instant, Mitt Romney est en difficulté car il refuse de publier les documents qui permettraient de clarifier sa position vis-à-vis de son ancienne société et de ses revenus.
Mais il ne fait aucun doute que les contre-attaques républicaines seront puissantes et tenteront d’inverser le processus, c’est-à-dire que mettre Obama sous le feu d’accusations auxquelles il devra répondre.
Déjà, un groupe de représentants d’extrême-droite tente de faire croire que l’Administration est noyautée par des Arabes américains proches d’ultras tels les Frères Musulmans et d’autres, ce qui serait, selon eux, un grave danger pour la sécurité du pays.
L’inanité de ces attaques portées par des membres du Tea party ne devrait pas avoir de conséquence pour Barack Obama mais l’on voit que tout et n’importe quoi sera utilisé durant cette campagne.
Ce n’est, bien évidemment, pas une nouveauté, diront les observateurs avisés de la politique américaine.
Tout au plus, c’est l’intensité de ces attaques qui augmente d’une élection à l’autre.
Avec les sommes récoltées par chaque candidat et, surtout, les sommes que vont dépenser ces fameux «super-PAC», ces associations «indépendantes» qui ont le droit à un financement infini pour défendre l’un ou l’autre, le combat sera sanglant même si une majorité d’Américains le regrette.
C’est en tout cas ce qu’ils disent.
Tout comme les deux partis et les deux candidats…
Alexandre Vatimbella

dimanche 15 juillet 2012

Une Semaine en Centrisme. Etats-Unis: Les «Nouveaux démocrates» veulent recentrer le Congrès

Les élus centristes sont de moins en moins nombreux au Congrès des Etats-Unis suite à la radicalisation des deux partis, en particulier le Parti républicain, ainsi que par des pratiques électorales souvent controversées.
Ainsi, le charcutage des circonscriptions (gerrymandering) pour les élections des représentants garantit de plus en plus des fiefs aux deux grands partis.
Du coup, ce n’est pas l’élection générale qui est la plus importante mais la primaire qui, dans chaque camp, désigne son candidat.
Et comme les bases des deux partis, républicains et démocrates, sont beaucoup plus marquées idéologiquement, elles choisissent des personnalités bien à droite (républicain) et bien à gauche (démocrate) qui, ensuite, sont assurées d’être élues dans ces circonscriptions de plus en plus nombreuses.
Souvent, également, ces bases préfèrent, dans des circonscriptions plus ouvertes, choisir des candidats plus marqués idéologiquement et qui ont parfois peu de chance de se faire élire, plutôt que tourner le dos à la «pureté» idéologique.
De nombreux exemples de candidats républicains choisit grâce aux membres du Tea Party (association de droite extrême ayant noyauté de Parti républicain) ont été battus par des démocrates dans des circonscriptions pourtant acquises de longue date.
Dans de nombreux Etats les modérés sont l’objet d’une véritable chasse aux sorcières au sein de leurs partis respectifs.
Résultat, les centristes sont souvent laminés lors des primaires même s’ils sont les sortants et même s’ils sont les favoris pour l’élection générale.
Mais si ceux-ci ont pratiquement disparu dans les rangs des républicains, ils en existent toujours au Parti démocrate où deux groupes, les «Blue Dogs» et la «Coalition des nouveaux démocrates» les représentent.
Si les premiers, beaucoup plus conservateurs que les seconds, sont en grande difficulté, l’avenir, quoique délicat, s’annonce meilleur pour les «New Dems» dont les prises de position sont beaucoup plus diverses.
Pour résumer, à l’opposé des «Blue Dogs», ils sont progressistes en matière sociétale, mais ils partagent avec eux un conservatisme dans le domaine économique. Ils ont ainsi voté la loi sur l’assurance-santé mais ils demandent des réductions d’impôts pour les entreprises.
Selon leur vision de la politique américaine, ils affirment que leur heure est bientôt arrivée et, ce, pour plusieurs raisons.
D’une part, les Américains le disent et le répètent, ils en ont marre de la polarisation grandissante à Washington où personne ne veut travailler avec personne, provoquant un blocage institutionnel extrêmement dommageable pour le pays.
D’autre part, les électeurs modérés, les fameux «independents» qui font la différence lors des scrutins, notamment dans les zones suburbaines, sont proches des idées défendues par les «New Dems».
Par ailleurs, aucun groupe comparable n’existe du côté républicain où la radicalisation est beaucoup plus forte que du côté démocrate, ce qui permet de ratisser plus large et de proposer une offre politique plus diverse.
L’espoir des «New Dems» est de permettre au Parti démocrate de retrouver la majorité à la Chambre des représentants dès novembre prochain.
Comme l’explique leur président, le représentant de New York, Joe Crowley au site Politico, «lorsque nous reconquerrons la Chambre, ce sera grâce au rôle charnière joué par la Coalition des nouveaux démocrates».
Alexandre Vatimbella

vendredi 13 juillet 2012

Une Semaine en Centrisme. La nouvelle mode du centre-droit

Pendant la présidentielle et les législatives, les leaders du Mouvement démocrate, du Nouveau centre, de l’Alliance centriste ou du Parti radical se battaient entre eux pour revendiquer dans une sorte de litanie d’être les seuls représentants légitimes du «vrai» Centre.
Deux raclées électorales (présidentielle et législatives) plus tard et les voilà – presque tous à l’exception notable de ceux du MoDem – à revendiquer haut et fort leur appartenance au centre-droit!
De Jean-Louis Borloo à Hervé Morin en passant par Jean Arthuis, pas un seul ne manque à l’appel.
Quelle analyse faire de cette nouvelle mode?
La première serait de la voir comme une sorte de coming-out, «en fait, nous sommes des gens de droite qui se cachaient derrière des étiquettes du Centre».
La deuxième serait de la voir comme un retour naturel au bercail, «en fait, nous nous sommes trompés, le Centre n’existe pas et nous sommes des gens de la droite modérée».
La troisième serait de la voir comme une sorte de constat marketing, «en fait, le Centre n’est pas vendeur, il faut se trouver un autre positionnement pour faire plus de voix, en se décalant un peu vers la droite, on peut espérer récupérer un surplus d’électeurs modérés de droite».
La quatrième serait de la voir comme un opportunisme, «la Droite a perdu, donc elle va devoir se reconstruire et il y a des places ainsi que du pouvoir à prendre; en se positionnant au centre-droit on peut participer à ce chantier et se placer pour les prochaines élections, voire plus».
La réalité est un mélange de tout cela!
Ces analyses s’appliquent globalement à l’ensemble de ceux qui parlent actuellement de centre-droit sauf quelques exceptions.
Mais pourquoi veulent-ils absolument se démarquer du mot «Centre», tout d’un coup?
Est-ce parce que les défaites électorales font de lui un repoussoir?
Est-ce parce que la préemption de ce mot par François Bayrou, validée par les médias, les obligent à se décaler pour exister même après les bides électoraux du Mouvement démocrate?
En tout cas, il ne semble pas que ce soit parce que le mot «Droite» est à la mode, lui, car le voilà avec deux belles défaites électorales sur le dos… comme le Centre.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC