vendredi 31 octobre 2014

Vues du Centre. Jean-Christophe Lagarde – Hervé Morin: Pourquoi je suis centriste

Nous publions ici les entretiens que le directeur du CREC, Alexandre Vatimbella a eu avec Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin. Ils ont été réalisés à l’occasion du deuxième tour de l’élection pour la présidence de l’UDI où les deux hommes, le premier président de Force européenne démocrate, le deuxième du Nouveau centre, sont les finalistes et où l’un des deux sera, donc, le prochain président de la formation centriste à partir du 15 novembre.
Les mêmes questions ont été posées aux deux candidats.
Notre objectif dans cette entreprise n’est ni la polémique, ni une prise de position pour l’un ou l’autre des candidats et encore moins des questions pièges mais de permettre à Jean-Christophe Lagarde et à Hervé Morin de dire ce que sont pour eux le Centre et le Centrisme et pourquoi ils se considèrent comme centristes ainsi que leur projet politique.
Ceci est en rapport avec la mission que s’est assignée depuis maintenant près de dix ans, en 2005, le CREC.
Celle-ci est double:
- Donner un éclairage de ce qu’est le Centre et le Centrisme, d’abord;
- Discuter du Centre, du Centrisme et des centristes dans ce qu’ils sont et ce qu’ils font actuellement par des analyses et des commentaires.
Dans ce cadre, il s’agit de donner la parole à deux leaders centristes qui s’affrontent pour la présidence du principal parti centriste et qui développent deux visions personnelles de ce qu’est le Centre et le Centrisme qui pourraient bien être, l’une ou l’autre, voire l’une et l’autre, celles qui domineront les prochaines années et les prochains rendez-vous électoraux dans l’espace centriste.

- Qu’est-ce que le Centre pour vous?

Hervé Morin: Pour moi, le Centre, c’est une exigence personnelle, intellectuelle et politique. Croire en une communauté de destins là où règne l’individualisme. Croire en une société d’équilibre quand progressent les extrêmes. Croire que la liberté peut se conjuguer avec la justice et la responsabilité. Croire que la force vient de l’équilibre des pouvoirs et non du renforcement de l’un d’entre eux. Croire que derrière les nations il y a l’Europe.

Jean-Christophe Lagarde: C’est la force centrale de la vie politique française. Ce n’est pas les «modérés», le «marais» ou l’«entre-deux». C’est le rassemblement de ceux qui partagent les valeurs de l’humanisme et du fédéralisme.
L’humanisme est le contraire de ce que prône le Parti socialiste, qui privilégie la notion de classe sur l’individu, ou de ce que prône la Droite qui est dans un individualisme cherchant à donner satisfaction à chaque personne, à ses besoins, à ses fantasmes pour essayer de les agréger électoralement. Mais que ce soit pour le Parti socialiste ou pour l’UMP cet individualisme a fini par monter les groupes les uns contre les autres. Pire encore cela a contribué à effacer du discours politique le fait que pour obtenir un résultat il fallait du temps, des efforts et en mesurer l’impact sur les autres et même sur l’environnement.
Ce n’est pas l’accumulation des satisfactions des désirs individuels qui fait une société. C’est au contraire le projet que l’on peut partager et l’environnement que l’on crée autour de chaque personne – environnement économique, politique, social, environnemental – qui permet son épanouissement.
Je ne crois pas que le Centre soit un équilibre, c’est une doctrine politique basée sur l’humanisme et le fédéralisme, doctrine politique qui a été abandonnée par ses acteurs.
J’ajouterai d’ailleurs une troisième valeur moins connue de nos adhérents, le solidarisme qui est commun, à la fois, à la branche démocrate-chrétienne du Centre et à la branche laïque, la branche radicale. Elle n’a plus n’a pas été porté, et depuis longtemps, alors qu’elle nous relie à toute la société mutualiste et à cette idée qu’à chaque fois on préfère le contrat à la loi, que la loi encadre parfois le droit de faire des contrats.
Et puis nous sommes des fédéralistes, qu’il s’agisse de l’Union européenne mais aussi de la reconstruction des territoires.
Depuis la conférence de presse du général de Gaulle, qui nous avait traités de cabris, nous avons fini par nous persuader que le mot fédéralisme faisait peur en France. Résultat des courses, la construction de l’Europe se fait depuis une vingtaine d’années, en tout cas depuis 22 ans, depuis Maastricht, dans une logique qui doit aboutir au fédéralisme sans qu’on n’ose le dire aux français.
Ainsi l’euro est une monnaie fédérale et non commune et la Banque centrale européenne est une banque fédérale et non centrale.
Nous avons peur de quoi? Je souhaite que nous assumions totalement notre identité fédéraliste qui n’est pas la fin de la France. C’est au contraire la reconquête de notre souveraineté, perdue ou illusoire au niveau national, pour que nous ayons dans un gouvernement de la zone euro, ou d’une zone plus restreinte si certains ne veulent pas aller plus loin, qui partage la même stratégie monétaire, la même stratégie industrielle, la même stratégie commerciale et la même stratégie énergétique et de transition énergétique. Ce sont à mes yeux les enjeux les plus importants que nous ayons devant nous pour ne pas subir la loi des grands ensembles internationaux qui sont en train de se constituer.
Et ceci doit être porté. Beaucoup de nos amis ont renoncé à le faire parfois par euro-béatitude. On a pris la sale manie dans la sphère du Centre de dire que tout ce qui venait de l’Europe était bien alors qu’il y a des choses à corriger.
Mais la pire des manies c’est de ne plus dire quel est l’objectif.
Quand les Pères fondateurs de l’Europe ont créé la Communauté du charbon et de l’acier, c’était avec l’idée que tout cela aboutirait à des Etats-Unis d’Europe. Sans doute ma génération ne les connaitra pas, mais ce n’est pas une raison pour ne pas avancer et pour renoncer à montrer un chemin.
Quand on a fait la CECA, la politique agricole commune, le SME c’était une stratégie de petits pas mais il y avait une perspective. Depuis Maastricht, on a cessé de montrer la perspective. C’est de notre devoir de la montrer et de l’assumer de nouveau.
Et puis nous sommes fédéralistes, girondins, quand il s’agit d’écrire les territoires. Cela fait quinze que nous disons qu’il faut réécrire la gouvernance territoriale française avec deux axes.
D’abord avoir des régions qui ont un niveau de pertinence et de dynamisme économique qui est suffisant pour rayonner au moins au plan européen, pour certaines d’entre elles au plan mondial. Cela nécessite des regroupements mais pas arbitraires comme ceux que l’on est en train de faire. Notre fédéralisme se construit à partir de ce que les acteurs politiques, économiques et sociaux d’un territoire portent comme projet. Mais il faut qu’il y ait un projet derrière sinon ce sera un échec.
Ensuite parce que vouloir apporter la même solution à tous les territoires du pays conduit à un échec systématique. Et dans un monde qui est plus souple, plus rapide, il faut être, à partir des territoires, imaginatifs, diversifiés, créatifs, ambitieux et tournés vers l’extérieur.
L’humanisme et le fédéralisme sont les deux valeurs qui sont une réponse à la crise que nous subissons à la fois pour rendre la France plus mobile et pour reconquérir les souverainetés qui nous ont échappé.
Quant au solidarisme c’est une valeur que nous devons réécrire et que nous avons malheureusement laissée de côté alors qu’elle correspond à notre vision mutualiste de la société et également que nous préférons le contrat à la loi.
Quant au Centrisme, pour moi, ce n’est pas un équilibre ou un milieu mais une détermination, un chemin tracé à partir des deux valeurs que sont l’humanisme et le fédéralisme.
Je me bats contre l’héritage d’une génération qui a fait perdre le Centre, qui a dispersé les centristes faute d’avoir conservé et identifié ce qui nous rassemble et ce en quoi cela répond aux problématiques de la société française.
Je veux que l’on reprenne les problématiques de la société française à partir de cette grille de lecture simple que sont nos valeurs. Et je souhaite que l’UDI se dote d’un projet dont la colonne vertébrale sera d’être l’avocat de nos enfants. Nos générations ne peuvent pas plus longtemps acheter leur confort du moment à crédit, au détriment de l’avenir de nos enfants.


- Pourquoi êtes-vous centriste?

Hervé Morin: D’abord parce que je suis un rebelle par nature. J’ai eu une relation conflictuelle à l’ordre et à l’autorité quand j’étais jeune et il m’est resté de cette époque l’exécration du chef charismatique. Je n’aime pas, ce qui est curieux pour un ancien ministre de la Défense, les systèmes top-down, les hiérarchies rigides. J’aime les sociétés participatives, j’aime l’écoute, j’aime la bienveillance.
J’ai beaucoup lu, quand j’étais jeune, la philosophie anarchiste. J’étais très attiré par cette pensée et l’idée qu’il existe quelque chose de plus précieux que tout, l’homme.

Jean-Christophe Lagarde: Parce que je pense que le rôle de la vie politique, c’est deux choses. D’une part il s’agit de tracer des perspectives de long terme pour le peuple français qui est très politique et dont l’identité n’est pas basée sur sa langue, sa culture, etc. mais sur un projet politique depuis la Révolution française. Les Français ont besoin d’un projet qui les porte loin. Un projet qui satisfasse notre envie d’universalité, parce que c’est propre au caractère français, et en même temps qui permette d’avoir une raison sur le long terme de vivre ensemble, de travailler ensemble, de fournir des efforts ensemble. Et pour que vous puissiez avoir des politiques de long terme il faut trouver, après débat, des consensus durables.
On ne peut pas reconstruire l’école, qui n’a plus de républicaine que le nom, si les politiques changent tous les cinq ans. Comme on ne peut pas avoir un système fiscal efficace si on change les lois fiscales tous les ans.
Il y a beaucoup de politiques qui nécessitent du long terme.
Et, paradoxalement, moins la Droite et la Gauche ont de différences entre elles, moins il y a de consensus sur les grandes questions comme l’école, les institutions, la politique de la défense, la sécurité sociale, etc.
D’autre part, parce que la politique est faite pour trancher des aspirations contradictoires d’une société. Je ne pense pas que se faire le défenseur d’une classe – que ce soit les plus aisés ou les plus pauvres – soit une façon de gouverner un pays. Le moment où l’on tranche on doit le faire en équité et en efficacité ce que l’on ne peut pas faire quand on est défenseur d’une classe ou d’une autre.


- Quelles sont les valeurs principales du Centre selon vous?

Hervé Morin: Le caractère sacré de la personne ; l’obsession de la préservation de la liberté d’où l’attachement à l’équilibre des pouvoirs ; l’attachement à la responsabilité mais aussi à la solidarité envers ceux qui doivent faire l’objet de plus d’attention que les autres ; un catamaran qui pour voguer au grand large s’équilibre entre la liberté et la justice.
Je suis très étonné de voir que les Français qui sont très attachés à l’idée d’égalité tolèrent par exemple autant d’inégalités avec notre système éducatif qui n’a jamais été aussi inégalitaire et qui est de moins en moins performant. Regardons aussi ce système de formation professionnelle qui ne donne pas de deuxième chance à ceux qui sont à terre, ce système de retraite lui aussi inégalitaire, ce système de santé qui va progressivement vers de plus en plus d’inégalités. Sans parler des inégalités entre territoires.
Et bien entendu, pour nous, l’identité européenne fait partie de notre ADN. Il nous faut poursuivre notre destin européen. Nous avons été les premiers dans l’histoire de l’humanité moderne à construire un système de coopération entre les Etats reposant sur un ordre juridique qui s’imposent à eux. Ce système c’est le système qui devrait inspirer le monde.

Jean-Christophe Lagarde: L’humanisme, le fédéralisme, le solidarisme, c’est le socle du Centrisme. Et ne pas considérer qu’une idée est forcément bonne parce qu’elle vient de son camp ou qu’elle est forcément mauvaise parce qu’elle vient du camp d’en face. C’est pour cela que l’on est souvent caricaturé, nous les centristes. Mais il s’agit en réalité de la capacité d’une ouverture d’esprit, de se poser la question, sujet par sujet, plutôt que d’avoir un réflexe pavlovien qui voudrait que l’origine de l’idée en ferait la qualité.


- Vous sentez-vous plus de centre-droit ou du Centre?

Hervé Morin: Je me sens du centre-droit parce que le PS tel qu’il est ne peut être une alternative et que le système institutionnel oblige à choisir. Je suis aussi du centre-droit parce que je suis très attaché à la liberté, à la responsabilité. Mais, en réalité, le problème du centrisme, ce n’est pas vraiment les centristes mais les socialistes qui considèrent que leur salut électoral ne vient que de la gauche de la Gauche.
On reproche aux centristes d’être toujours à droite tout simplement parce que les socialistes ne s’imaginent pas être ailleurs que dans une alliance avec leur gauche.

Jean-Christophe Lagarde: Je me sens plus du Centre. Mais nous sommes nécessairement au centre-droit parce que les institutions de la V° République imposent un système binaire.


- Quel est votre projet et votre ambition pour l’UDI?

Hervé Morin: De l’UDI, je veux faire une famille. Nous sommes une organisation mais nous ne sommes pas une famille capable de travailler vraiment en équipe, de prouver que l’on peut faire de la politique avec enthousiasme, gaieté, complicité, que l’on peut à quelques-uns renverser des montagnes.
Et puis c’est aussi démontrer notre capacité à continuer l’œuvre de reconstruction du Centre de Jean-Louis Borloo, c’est-à-dire construire un projet à partir des territoires. C’est enfin ne pas se refermer sur nous-mêmes mais associer à notre projet pour 2017 toutes les forces qui veulent y participer.

Jean-Christophe Lagarde: Je souhaite d’abord que nous retrouvions nos racines. Quinze ans de séparation des différentes racines philosophiques du Centre ont fait perdre de vue à beaucoup ce que nous portons. La démultiplication des aventures individuelles, des parcours individuels, chercher à se placer près de ceux qui détiennent le vrai pouvoir, a fait perdre à nos militants, à nos élus, à nos dirigeants l’idée que nous portions un projet politique et une ambition politique.
Je pense que l’éclatement de l’UDF qui a eu lieu en 1998 et en 2002, est né en réalité dans les années 1985-1990 quand nous avons cessé de réfléchir ensemble. Nous nous sommes contentés de répéter que nous étions européens, décentralisateurs et sociaux, sans mettre de contenu dedans.
Et pendant toutes ces années la France s’est formidablement transformée dans ses structures économique, sociale, familiale, politique, médiatique et nous n’avons pas mis à jour les logiciels centristes.
Pour que nous puissions avoir une ambition et un projet collectifs, il faut que nous mettions à jour ces logiciels, c’est notre première priorité et que nous soyons capables de les expliquer simplement aux Français.
Cette évolution, le Centre doit savoir la faire et il ne l’a pas faite ces vingt dernières années.
Il convient aussi de passer d’un parti de notables modérés et ruraux à un mouvement beaucoup plus urbain et populaire. Dans les quartiers populaires de mon département de la Seine-Saint-Denis, beaucoup de gens sont accessibles et disponibles à ce que nous disons. Je ne peux pas comprendre que certains de nos amis croient que la sociologie détermine le vote d’une population. La politique, c’est d’abord la volonté!
C’est très frappant de voir que mon département qui votait à 25% pour l’extrême-droite il y a encore vingt ans se soit donné autant de maires centristes. Ce qui démontre que nous correspondons à une frange urbaine et populaire de la population à laquelle nous ne parlons pas assez.
D’autre part, la France est parvenue à un tel corsetage de la société, par des règles et des normes dont on croit qu’elles nous protègent contre les changements du monde, alors qu’elles ne font que rigidifier la société française dans un monde plus mobile. C’est ce qui signe notre échec par avance.
On a besoin de dérèglementer, de contractualiser pour garantir les temps longs et de simplifier le fonctionnement de la société française.
Car la société française est beaucoup plus convaincue que ne le croient ses dirigeants politiques que des transformations – je n’emploie plus le mot réforme parce qu’il a été si galvaudé – sont nécessaires pour que nous nous adaptations au monde nouveau.
Il y a un changement dans le monde auquel se refusent les dirigeants car ils ont peur que les Français ne soient pas capables de le comprendre et de l’accepter. Sauf que le peuple français dans sa vie quotidienne, dans son travail, est bien obligé de s’adapter chaque jour. La société française est en avance sur ses dirigeants politiques.
Moi, je souhaite que l’UDI soit le parti de ceux qui vont reprendre de l’avance sur la société et qui vont démontrer quelles sont les transformations nécessaires dans notre pays.
Il faut que nous soyons capables de remettre à l’ordre du jour une république véritable, que ce soit dans le domaine de l’éducation nationale qui doit redevenir un ascenseur social, dans sa fiscalité qui doit être efficace et équitable, dans son pacte économique et social pour ne pas avoir des salariés surprotégés et des chômeurs sur-condamnés.
En réalité, il faut que l’on puisse réécrire la République sur un de ses principes fondateur presque oublié, celui du mérite.
Enfin, je souhaite que l’UDI traite de tous les sujets, y compris ceux que nous n’avons pas l’habitude d’aborder, que nous n’aimons pas aborder. Je pense que c’est parce que nous sommes, nous républicains, absents de champs comme l’immigration, la sécurité ou la laïcité, qu’un boulevard est ouvert à l’extrême-droite.
Il faut aussi que nous sachions remettre en cause des politiques européennes qui ne marchent plus comme Schengen, avec la libre-circulation à l’intérieur de l’Union européenne des personnes qui viennent de l’extérieur. C’est à nous de réparer les horloges européennes qui ne fonctionnent pas. Sinon nous ferons la place belle à ceux qui veulent détruire le projet européen.


- Etes-vous, oui ou non, pour le principe d’une candidature d’un centriste à la présidentielle de 2017?

Hervé Morin: Devons-nous avoir un candidat à l’élection présidentielle? Je réponds non si c’est pour faire 3 ou 5 pour cent. La présidentielle, c’est un objectif mais c’est aussi la résultante d’une dynamique politique. Ce n’est pas une fin en soi et un postulat. Nous verrons en 2016 où nous en serons. En tout cas, je ne veux pas d’aventure individuelle. Elle nous serait mortelle. Je veux que la décision appartienne à la collectivité des militants.
Au moment où je vous parle – même si les choses peuvent changer – le seul qui est en capacité de faire un bon score c'est Jean-Louis Borloo.

Jean-Christophe Lagarde: Je souhaite évidemment qu’il y ait un candidat centriste à l’élection présidentielle de 2017 même si je reconnais que les conditions peuvent apparaître difficiles. Mais j’observe que les Français sont à la recherche d’autre chose et n’ont pas de nostalgie du pouvoir précédent. Cet autre chose ne doit pas être les extrêmes. C’est bien pour cela que l’on a construit l’UDI avec Jean-Louis Borloo. C’est pour que les Français ne soient pas coincés entre d’une part deux mouvements qui ont échoué, alternativement et successivement, et d’autre part les démagogues, les populistes et les extrémistes.
Si je suis élu Président de l’UDI, nous choisirons tous ensemble, en 2016, qui devra porter nos valeurs et nos couleurs et selon quel processus. D’ici là, nous devons nous réapproprier les valeurs qui sont les nôtres, les montrer et traduire ce que cela veut dire dans notre projet politique.


- Les partis centristes peuvent-ils devenir majoritaires?

Hervé Morin: Il y a un temps où les cycles se terminent. Je pense que nous sommes à la fin d’un cycle politique. Notre système institutionnel est à bout de souffle et les Français s’en rendent compte. Il est facteur d’impuissance et de défiance. Par ailleurs, le débat profond qui s’engage au Parti socialiste entre socio-démocrates et socio-collectivistes et le débat entre la droite dure et la droite modérée au sein de l’UMP feront du centre une des clés essentielles de la présidentielle de 2017. Une grande partie du débat convergera vers nous.
Il y a pour nous, centristes, l’opportunité d’écrire ce nouveau cycle politique. L’UDI pourrait ainsi devenir l’avant-garde et le fer de lance d’une nouvelle majorité.

Jean-Christophe Lagarde: Oui. Je pense qu’ils le sont déjà dans la population mais qu’ils ne s’en donnent pas les moyens faute de défendre notre propre vision de la société.
On parle beaucoup en ce moment de notre indépendance. Cette indépendance ne se justifie que parce que nous avons une vision de la société différente des autres partis et de la façon dont elle doit évoluer.
Mais pour que nous le devenions réellement, il faut, à la fois, revisiter nos projets politiques en fonction des trois valeurs que j’ai définies et travailler avec les gens qui nous correspondent.
Nous devons vivre et combattre ensemble, nous centristes, pour lutter contre l’individualisme forcené qui est en train de détruire notre société à travers les projets de l’UMP et du PS.


- Pourquoi le Centre est-il un allié naturel de la Droite selon vous?

Hervé Morin: Parce nous avons des valeurs communes. On en a moins avec les socialistes. La dépense publique nous oppose. Poursuivre l’augmentation des prélèvements obligatoires n’est pas une bonne politique pour la France.

Jean-Christophe Lagarde: Tour simplement parce que dans la V° République, dans un système binaire, l’élection principale qui se trouve être l’élection présidentielle, fait qu’il n’y a qu’une seule personne qui entre à l’Elysée et que ce n’est pas possible autrement. Il se trouve que la Gauche a, à la fois, une alliance avec le Parti communiste, avec une partie de la Gauche qui est collectiviste et qu’en même temps elle a une vision de l’économie qui est profondément décalée par rapport à la réalité. Elle est restée les pieds plantés dans le XIX° siècle c’est-à-dire dans l’idée que nous seuls, dans notre pays, nous allons pouvoir avoir un modèle économique original, différent des autres. C’est faux. Au XXI° siècle, forcément, par les échanges d’informations, de matières premières, de produits manufacturés, de services, nous sommes interdépendants. La France ne peut pas y échapper. Et c’est toute l’escroquerie du tandem décliniste Le Pen et Mélenchon, qui sont les deux faces d’une même «monnaie», qui veulent nous expliquer que la France sera plus heureuse claquemurée dans des frontières illusoires et des lignes Maginot qui n’ont jamais fonctionné, une France rapetissée et ayant peur du monde.
Je pense que c’est, à la fois, contraire à notre esprit national et à notre intérêt. On peut toujours, comme monsieur Montebourg, se poser la question de savoir si c’est bien ou mal la mondialisation. On peut même décider de vivre en autarcie. Sauf que c’est impossible et que ça ne sert à rien car le monde n’attend pas la France pour écrire sa façon de vivre. Alors il faut nous transformer pour dominer la mondialisation et ne plus la subir. Savoir si la mondialisation est une bonne ou une mauvaise chose est aussi stupide que de se demander si le jour se lèvera demain. Comme il se lèvera, vous avez intérêt à vous préparer à ce qu’il se lève. Moi je souhaite que l’on montre aux Français qu’en s’y préparant, on est capable de dominer et d’utiliser à notre profit ce phénomène qui, de toute façon, s’impose à nous.


- L’UDI et le Mouvement démocrate peuvent-ils fusionner?

Hervé Morin: Non et ce n’est pas le sujet. Je pense que nous avons bien fait de faire la campagne européenne ensemble mais qu’il y a aujourd’hui trop de cicatrices pour nous réunir. Je trouve d’ailleurs hallucinant que l’on me reproche d’être le sous-marin de François Bayrou. C’est moi qui ai refusé en 2007 la dérive de son positionnement en créant le Nouveau centre. Si l’UDI existe c’est bien sûr par l’action de Jean-Louis Borloo mais aussi parce qu’il y avait dans le contrat de mariage 12.000 militants centristes qui venaient du Nouveau centre.

Jean-Christophe Lagarde: Je crois que le Centre a vocation à être réuni à terme. Mais, après les erreurs de ces dernières années, les ambitions personnelles qui peuvent renaître peuvent ralentir cette marche. C’est pour ça que je pense que nous devons travailler d’abord sur les idées parce qu’il y a un risque de désaccord sur l’élection présidentielle de 2017.
Je crois aussi que la vie politique française est en train de vivre un renouvellement politique de génération qui a commencé paradoxalement à l’extrême-droite avec la fille qui a remplacé le père. Il se poursuit chez nous aujourd’hui. Il débute aussi au PS. Les seuls endroits où ce n’est pas le cas, c’est au MoDem et à l’UMP. Mais cela se produira forcément dans les années à venir et cela facilitera sans doute les choses pour se réunir entre centristes.
Enfin, il y a une ambiguïté qui a été partiellement levée lors des municipales et qu’il faut totalement lever, c’est celle des alliances du Mouvement démocrate, notamment en vue des élections régionales et départementales. Il n’est pas possible de travailler ensemble s’il y a des alliances tantôt avec un côté, tantôt avec l’autre. L’UDI, elle, est parfaitement claire dans ses alliances, parce que nous ne voulons pas confondre l’indépendance et l’isolement. L’indépendance n’exclut pas une alliance. Mais l’alliance, pour moi, cela veut aussi dire concurrence et non soumission comme c’est le cas depuis dix ans.
Avec le Modem, nous avons des combats communs dont le plus évident est celui des changements institutionnels que nous partageons tous depuis longtemps, c’est à dire une représentation plus juste du choix des électeur et la possibilité pour le Parlement de pouvoir s’opposer aux dérives du pouvoir d’un homme seul.


- Pensez qu’un axe central allant du social-libéralisme au réformisme de droite est en train de se constituer et si oui quelle place doit y prendre l’UDI et son libéralisme social?

Hervé Morin: En 2016, c’est la question qui nous sera posée. Est-ce que nous sommes capables de bâtir une alternative à l’UMP et au PS en rassemblant tous ces courants de pensée. Pour l’instant, on a le sentiment qu’il y a effectivement quelque chose qui peut émerger.

Jean-Christophe Lagarde: Je ne crois pas que ce soit le cas. Manuel Valls veut une maison commune dont, pour l’instant, il est le seul occupant. Même ses amis socialistes n’en veulent pas. Peut-être que la montée de l’extrême-droite y poussera mais ce serait le triste signe d’un échec collectif.
Il est vrai, en revanche, qu’il y a des frontières artificielles entre des gens comme Valls ou Juppé.
Pour autant, une recomposition politique n’est possible qu’à deux conditions. La première est qu’elle ait lieu à l’occasion d’une élection présidentielle. Si j’ai cru comprendre que François Bayrou voulait soutenir Alain Juppé, je doute que ce soit le cas de Manuel Valls. La deuxième est que le Parti socialiste ne soit plus un mais deux puisqu’il y a à l’intérieur des gens qui sont totalement contre la politique prônée par Manuel Valls. Il s’agit d’ailleurs peut-être d’une majorité.
Le discours de Manuel Valls est intéressant mais il n’a pas de base sociologique et politique pour le transformer en actes.
Ce grand axe nouveau demeure manifestement le pari politique de François Bayrou comme il l’a exprimé lui-même ces derniers jours. Mais lorsqu’il a ouvert la porte, on la lui a claquée au nez. Je pense que Manuel Valls, qui a une vision totalement différente du reste du Parti socialiste, a malgré tout ce tropisme socialiste dommageable qui est que les socialistes veulent bien travailler avec les centristes du moment qu’ils ne sont plus centristes.
Les deux familles, qui nous gouvernent depuis 33 ans et nous ont conduit à l’échec, sont traversées par des lignes de fracture idéologiques importantes qui devraient conduire, si chacun respectait ses idées, à des séparations au sein de ce que sont aujourd’hui l’UMP et le PS.
Si leurs idées primaient réellement, c’est à cela que l’on assisterait. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il faudrait voir si une recomposition serait possible.
Globalement, oui, il y a un espace important au centre qui peut accélérer cette recomposition. A mes yeux, plus nous, les centristes, serons capables d’incarner ce que nous sommes à travers nos valeurs et plus nous retrouverons cette ambition collective de gouverner la France, plus nous accélèrerons cette recomposition d’ensembles qui aujourd’hui n’ont plus de cohérence.


- Les centristes ont une image favorable dans l’opinion mais ne sont pas crédibles pour gouverner aux yeux d’une majorité de Français. Comment changer cette perception?

Hervé Morin: L’UDI est le parti le plus populaire en France. Les gens reconnaissent en nous un certain nombre de qualités qu’ils recherchent. Ils savent que nous avons une éthique, que nous ne voulons pas les opposer les uns aux autres. Maintenant nous devons incarner réellement une alternative.

Jean-Christophe Lagarde: Par nature, la position géographique qui est celle du Centre – qui n’est pas sa position politique – fait que vous avez moins d’hostilité pour un centriste chez les gens de gauche que pour un homme de droite et chez les gens de droite que pour un homme de gauche. Cela donne une image artificiellement favorable mais qui ne déclenche pas l’adhésion. C’est cette illusion qui nous rend impuissant. On est plus acceptable par les gens de gauche et par les gens de droite mais cela ne veut pas dire qu’il y a plus d’adhésion. A nous de susciter de l’adhésion en assumant ce que nous sommes !
Le manque de crédibilité vient de ce que l’on nous caricature comme étant mous, hésitants, indécis. Il faut dire que parfois nous nous caricaturons nous-mêmes.
Nous devons répondre à ceux qui ne nous voient que comme un entre-deux. Nous devons apparaître comme une alternative en montrant que nous avons l’ambition de conquérir le pouvoir pour gouverner et d’être capables de donner notre propre lecture de la société française.
En gros, la Droite c’est l’idéologie qui se revendique de la liberté. La Gauche se prétend elle de l’égalité. Nous devons être, nous, la force politique de la fraternité et de la laïcité. Cette dernière est un concept spécifiquement français. Bien sûr que nous sommes favorables à la liberté, bien sûr que nous sommes favorables à l’égalité des chances mais ce qui nous manque le plus c’est la fraternité et la promotion de la laïcité afin que la République marche sur tous ses pieds.


- Que ferez-vous si vous êtes battu lors de l’élection à la présidence de l’UDI?

Hervé Morin: J’ai toujours été pour une formation centriste forte.

Jean-Christophe Lagarde: Je suis très clair dans ma tête depuis le départ. Quand on accepte de se présenter à une élection, on espère être élu mais on accepte la possibilité d’être battu. Je suis convaincu qu’Hervé Morin est dans le même état d’esprit.
Je me suis engagé il y a vingt-neuf ans dans notre famille politique; ce n’est pas parce que celle-ci choisirait autre chose que l’ambition collective que je lui propose que je la quitterais. Je resterais naturellement à l’UDI en aidant comme je peux celui qui dirigera notre famille et je ne solliciterais aucune place nationale. Je le ferais en tant que maire, en tant que député comme je le faisais en tant que militant depuis 29 ans.
Et je n’ai pas de craintes quant à l’explosion de l’UDI. Mon point de vue et qu’on n’est pas là, Hervé Morin et moi, pour nous même mais pour les idées que nous portons et que nous avons vocation à porter ensemble.


- Quelles sont les personnalités que vous admirez?

Hervé Morin: Dans ma vie politique, deux personnalités m’ont impressionné. Au Centre, Valéry Giscard d’Estaing. Une mécanique intellectuelle inouïe et l’engagement de toute une vie pour l’intérêt général. Et bien que je ne l’aie rencontré que lors de deux réunions de travail, Barack Obama possède une présence et un charisme absolument extraordinaire.

Jean-Christophe Lagarde: Le mot admiration est trop fort pour moi. Au niveau politique, dans les personnalités que j’apprécie, je citerai Richelieu, Clémenceau, De Gaulle, Giscard d’Estaing et Barre.
Il y a chez eux une forte détermination d’Etat et en même temps une aspiration à faire progresser la société. Vous allez retrouver cela chez chacun d’entre eux et c’est ma ligne de cohérence.
Je crois dans un Etat fort, décidé et capable de détermination et d’autorité. Et je crois en même temps que l’Etat a le devoir se savoir faire progresser la société, de la faire évoluer. Par exemple, je pense que les six premiers mois de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 sont absolument remarquables et qu’il a su faire avancer la société française tout en incarnant l’autorité de l’Etat.


mardi 28 octobre 2014

L’Humeur du Centriste. La fièvre de la sédition atteint-elle les centristes?!

François Bayrou veut la dissolution de l’Assemblée nationale pendant que Jean-Christophe Lagarde veut la démission du Président de la république.
Et Hervé Morin avait dit de même il n’y a pas si longtemps.
Qu’est-ce qui peut bien pousser certains leaders centristes à vouloir des élections au plus vite alors que la présidentielle et les législatives se sont déroulées selon les règles démocratiques il y a deux ans et demi et que le temps démocratique et républicain court jusqu’en 2017?
Pensent-ils qu’ils vont faire un score historique sur fond de rejet des socialistes et de François Hollande alors qu’ils sortent à peine la tête hors de l’eau après les catastrophes de 2012?
Où est donc leur projet pour la France et leur programme électoral si demain les Français sont appelés aux urnes?
Et, selon tous les sondages, une présidentielle ou des législatives anticipées souriraient peu aux centristes.
Alors, cette rhétorique n’est-elle que de façade afin de démontrer qu’on est le meilleur opposant au gouvernement et au président de gauche?
Et ne serait-ce pas pour balayer toutes leurs ambiguïtés passées et présentes que ces mêmes leaders rivalisent dans une sorte de surenchère.
Car les appels à la démission et à la dissolution à propos de personnalités et de partis légitimement et légalement arrivés au pouvoir sont généralement plutôt l’apanage des formations extrêmes, séditieuses et antidémocratiques que de celles qui se disent humanistes et consensuelles, défendant une démocratie républicaine représentative.
Un Front national qui réclame à cors et à cris le départ de Hollande et le renvoi des députés socialistes, quoi de plus normal.
D’autant qu’il a le vent en poupe dans les sondages.
Mais les centristes…
N’ont-ils pas mieux à faire (avoir un projet solide et des convictions fortes) et d’être un peu plus patients afin de (re)trouver une crédibilité auprès des Français plutôt que d’appeler à des élections que, en l’état, ils sont sûrs de perdre et où ils serviront une fois encore la soupe à l’UMP, pas plus prête d’ailleurs à gouverner, pire au Front national.
Le temps démocratique a été rogné et atrophié ces derniers années par une impatience irresponsable relayée complaisamment par des médias en quête de taux d’audience, ce qui n’est guère propice à la stabilité et à une société apaisée voulue par les centristes.
Alors, pourquoi prêter sa voix à la meute pour le raccourcir encore plus au risque de le faire disparaître?
Et, demain, une fois au pouvoir, comment réagiraient ces mêmes centristes si on leur déniait leur légitimité et leur légalité à l’occuper?...

Centristement votre.

Le Centriste


lundi 27 octobre 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. C’est la Droite qui penche vers le Centre, non le contraire

Le Centre n’est qu’un appendice de la Droite, c’est convenu chez les droitistes et leurs politologues mais aussi pour la Gauche.
De même, pour les mêmes, désormais le Centre penche naturellement à droite (il y a même des centristes pour le dire).
Sans prétendre que la Droite ne serait qu’un appendice du Centre (ce ne serait pas convenable…), discutons la deuxième affirmation.
Parce qu’il se pourrait bien que la Droite penche dorénavant au centre…
Débat crucial, et pour les partis de droite et centristes, tous en quête de leurs identités respectives pour ce XXI° siècle.
Voyons ce qui a fait principalement l’ADN de la Droite depuis la Révolution française jusqu’à nos jours: un conservatisme parfois éclairé, un étatisme revendiqué, un nationalisme parfois exclusif, un bonapartisme où la stature du chef induit un suivisme souvent aveugle, un attachement à des valeurs familiales venues de l’idéal bourgeois du XIX° siècle, une défense de la république avant celle de la démocratie.
Qu’est-ce qui a fait la particularité du Centre en retour?
Un libéralisme politique et économique, une décentralisation des territoires et une ouverture au monde (mondialisme et européanisme), un refus et une méfiance du chef tout puissant, un parlementarisme garant d’une démocratie républicaine, un personnalisme teinté de solidarisme et de tolérance, une reconnaissance de la différence, un réformisme et un progressisme (notamment sociétal).
Or, que constate-t-on ces dernières années: qu’une majorité des droitistes s’est convertie au libéralisme économique, à la nécessité de réformer la société, à la décentralisation, au projet européen et à une certaine acceptation de la mondialisation ainsi que de la différence.
En revanche, les centristes sont demeurés fidèles à leurs convictions et à leur tradition politique sans déplacer leur curseur vers la Droite.
La conclusion est assez limpide, c’est la Droite grâce à son aile «moderne» qui s’est rapprochée du Centre et non le contraire.
Dès lors, c’est bien la Droite qui penche vers le Centre et non le Centre qui penche vers la Droite.
Mais cette victoire des idées a-t-elle bénéficié politiquement et électoralement au Centre?
La réponse ici est clairement non (sauf en 1974 où Valéry Giscard d’Estaing est élu sur des positionnements proches des centristes et qu’il gouverne avec eux sur un pied d’égalité).
L’évolution de la Droite vers les thèses et les idées centristes a permis à celle-ci de se rénover et d’être en phase avec son époque et les Français.
Du coup, elle a pu séduire les électeurs en remportant trois des quatre dernières présidentielles alors que le Centre n’a jamais passé le premier tour de ces élections.
Le problème est que les centristes se sont montrés incapables de profiter de cette gouvernance au centre (et avec des idées du Centre) de la Droite (mais aussi de la Gauche, ce qui est encore plus vrai avec Manuel Valls).
Ce mystère qui n’en est pas un vient d’un individualisme centriste et d’une structuration insuffisante de l’espace centriste après l’échec de l’UDF dès 1995 à devenir, aux côtés du PS et du RPR puis de l’UMP, le troisième grand parti de gouvernement alors qu’elle avait réussi à inverser cette faiblesse structurelle du début de la V° République.
Elle vient aussi d’une absence de personnalités crédibles pour devenir, non seulement, président de la république mais aussi grands personnages de l’Etat ainsi que de leur impuissance à se vendre et à vendre leurs idées (mieux vendues par les autres que par eux…).

En fin de compte, les centristes revendiqués sont globalement des centristes alors que les droitistes revendiqués sont le plus souvent des hommes de centre-droit.

vendredi 24 octobre 2014

Une Semaine en Centrisme. Centre courtisé par Valls et Juppé: jeu de dupes ou recomposition politique?

C’est peu dire que les centristes sont actuellement courtisés à droite et à gauche alors que, paradoxe, c’est un des moments de leur histoire où ils sont les plus faibles en termes de force politique.
Dès lors, il faut se demander si dans les déclarations venues tant de la droite que de la gauche il n’y a pas une volonté de les instrumentaliser ou s’ils sont vraiment considérés comme de possibles partenaires égaux afin de bâtir une majorité nouvelle pour 2017.
Quand Alain Juppé estime que la Droite ne peut gagner sans le Centre la prochaine présidentielle, cela signifie, selon lui, que l’UMP doit absolument s’allier avec l’UDI et le Mouvement démocrate pour remporter l’élection.
Mais cela ne signifie par forcément qu’il souhaite en faire des associés à égalité.
De même lorsque de Manuel Valls déclare qu’il veut ouvrir sa majorité au centre, cela signifie, selon lui, que le PS a besoin de l’UDI et du Mouvement démocrate pour effectuer sa mue afin de pouvoir poursuivre la politique entreprise depuis le début de l’année et d’avoir une chance de rester au pouvoir en 2017.
Mais cela ne signifie pas forcément qu’il veut mettre en place les réformes proposées par les centristes.
Il est certain que le tropisme centriste d’Alain Juppé et Manuel Valls est réel.
Mais il n’est pas certain qu’ils veuillent d’un projet et d’un programme centristes, ni même qu’ils soient prêts à s’inspirer d’un tel projet et d’un tel programme.
En revanche, travailler avec les centristes auraient pour eux de nombreux avantages.
D’abord, cela leur permettrait d’apparaître aux Français comme des hommes d’ouverture face aux caciques de leurs partis arcboutés sur leurs idéologies clientélistes.
Ensuite, cela leur permettrait de se libérer du carcan de leurs partis respectifs qui ne leur assure pas, loin de là, d’être les candidats de la Droite (Juppé) et de la Gauche (Valls) pour 2017 (voire 2022 pour Valls).
De plus, cela leur permettrait de récupérer un électorat, même réduit ces derniers temps, qui ferait la différence au premier ainsi qu’au second tour de la présidentielle ainsi que de renvoyer les extrêmes dans les cordes.
Enfin, cela leur permettrait de réformer la France de manière plus profonde, comme ils prétendent vouloir le faire, les centristes ayant exprimé leurs vœux depuis longtemps de mettre en route des réformes de grande ampleur alors que ni l’UMP avant 2012, ni le PS depuis 2012 n’en ont été capables jusqu’à présent.
Mais qu’auraient à gagner les centristes en s’alliant soit à Juppé (le plus probable des scénarios), soit à Valls?
Aujourd’hui, on parle beaucoup des centristes parce qu’ils sont courtisés de toute part.
Il suffirait qu’ils concluent une alliance dès à présent pour qu’ils retournent dans une sorte d’anonymat peu propice à leur renouveau.
Avant donc de se lancer éventuellement d’un côté ou de l’autre, leur tâche est de reconstruire un Centre crédible et sûr de lui qui sera capable de négocier une alliance gagnante-gagnante dans deux ans.
Et là, cette alliance pourrait être un tournant pour un Centre en reconquête, ses valeurs, ses principes et son projet politique (qu’il n’a pas encore).
A plus long terme, les partis centristes pourraient devenir ce cœur du nouvel axe central dont l’émergence semble de plus en plus possible par les déclarations de Juppé et de Valls.
Néanmoins, les centristes ne doivent pas oublier qu’ils ont souvent été instrumentalisés par le passé et que, ni Alain Juppé, ni Manuel Valls ne sont des centristes.
Qu’ont-ils gagné en 2012 en soutenant Sarkozy (Nouveau centre) ou Hollande (Mouvement démocrate)? Rien.
Et que la meilleure façon de faire gagner le Centre et ses idées, c’est d’avoir un candidat centriste en capacité de remporter la prochaine présidentielle.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


mardi 21 octobre 2014

L’Humeur du Centriste. Mais de quoi à peur Laurent Hénart?!

Le président – contesté – du Parti radical en a sorti une bien bonne au lendemain du premier tour de l’élection à la présidence de l’UDI: il faudrait annuler le second tour et que les différents candidats se mettent d’accord sur une direction collégiale…
Néanmoins, ajoutait-t-il, il faut que cette décision soit consensuelle et que les deux finalistes soient évidemment d’accord, en particulier Jean-Christophe Lagarde (qu’Hénart a soutenu au premier tour) qui devrait en prendre la tête.
Autant dire que cette proposition n’a reçu aucun accueil bienveillant, ni soutien de qui que ce soit…
D’ailleurs Laurent Hénart l’a remise rapidement dans ses cartons ayant d’autres chats à fouetter dans son propre parti où nombre de ses opposants tentent de le mettre en porte-à-faux en profitant de cette élection.
Mais pourquoi une telle déclaration ridicule, au mépris de toute règle démocratique et au risque de donner une image de zozos aux leaders de l’UDI, alors que la formation centriste doit se doter d’un nouveau président et que le premier tour du scrutin s’est déroulé avec une casse relativement limitée?
Est-ce que Laurent Hénart pense que l’UDI n’est qu’une confédération bancale faite de bric et de broc et qu’il vaut mieux ne pas aller au second tour pour que le tout n’implose sous l’œil amusé des adversaires de la formation centriste et la consternation de ses militants?
Car cette question de la solidité de l’UDI, beaucoup se la pose de manière un peu plus sérieuse.
En réalité, personne ne sait ce qu’il en sera au lendemain du second tour.
Et c’est peut-être qui est encore plus abracadabrantesque que de proposer d’annuler le second tour…
En revanche, la solution se trouve dans des mots simples: intelligence, responsabilité et conviction.
Si la bataille pour la présidence de l’UDI n’est qu’une guerre des égos et une lutte à mort entre deux personnalités (ou même entre les quatre présentes lors du premier tour et quelques autres) alors elle n’est pas digne des valeurs et des principes que portent le Centre et le Centrisme.
En revanche, si celles-ci et ceux-là prévalent lors de ce second tour c’est parce que les deux candidats qui restent en lice, Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde, ainsi que leurs soutiens, auront assez d’intelligence politique, une préoccupation forte de leur responsabilité et une conviction qu’il faut avant tout faire gagner les idées centristes (ce qui, d’ailleurs, fera gagner tout ce petit monde, in fine).
Mais, rétorquent les pessimistes, il n’y a aucune chance que les deux hommes s’entendent et, plus largement, les divers constituants de la confédération.
C’est peut-être vrai.
Cependant, en admettant que leur cohabitation à l’intérieur de l’UDI leur pose un problème après les résultats du second tour, prendront-ils le risque de revenir à la situation catastrophique de 2012 avec un Centre en déliquescence et des partis centristes traumatisés par les déroutes électorales?
Ce ciment n’est certainement pas le plus sain mais il ressemble bien à celui qui permet aux courants du PS et de l’UMP de cohabiter.
Et il vaut certainement mieux que rien.
En attendant mieux.

Centristement votre.

Le Centriste


lundi 20 octobre 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Un pôle centriste moteur d’un axe central

Les centristes doivent-ils privilégier l’émergence d’un pôle centriste ou participer à l’élaboration d’un axe central qui semble se dessiner et qui pourrait aller du social-libéralisme de Manuel Valls à la droite réformiste d’Alain Juppé en passant par le libéralisme-social du Centre?
En réalité, ils doivent d’abord bâtir un pôle centriste moteur d’un possible axe central qui pourrait être dans les années à venir l’alternative la plus novatrice de la politique française de ces trente-cinq dernières années et une réponse efficace à la montée des extrêmes et des populismes démagogiques, tant à droite qu’à gauche.
N’étant pas hégémonique, loin de là, les partis centristes doivent donc d’abord créer un pôle centriste fort et crédible avant de pouvoir prétendre à être l’animateur (ou un des animateurs principaux) de l’axe central en train de voir le jour, pour l’instant plus au niveau d’une convergence d’idées que d’une volonté de rapprochements politiques.
Pour autant, aujourd’hui, une redistribution des cartes se met en place.
Alors qu’auparavant les centristes avaient le choix entre une alliance avec la Droite ou avec la Gauche, une troisième possibilité est en train d’émerger, une alliance avec la Droite et la Gauche ou, tout au moins, une partie de la Gauche, celle qui est social-libérale, et une partie de la Droite, celle qui est libérale réformiste, toutes deux modernes et ouvertes.
Il ne s’agit pas d’une union nationale chère à François Bayrou car il n’est pas question de faire une coalition de tous les partis démocratiques. La gauche du PS et la droite de l’UMP ne sont pas solubles dans cet axe central et doivent demeurer pour les centristes une opposition démocratique à leur projet politique.
Il n’est pas non plus question que cet axe central soit une alliance de circonstance afin de régler uniquement et pendant un laps de temps déterminé les graves problèmes qui se posent au pays.
Car les courants politiques qui le constituent doivent travailler ensemble sur le long terme sans pour autant se dissoudre dans une grande formation, chacun ayant son histoire et ses différences.
Libéraux, sociaux, réformistes, pragmatiques – ces quatre qualificatifs se mettant dans un ordre différent selon chaque courant –, ils partagent une vision de la France et de son avenir très proche.
En refusant les réflexes de repli sur soi, la soi-disant irréversibilité du déclin du pays et de la disparition à terme de l’Union européenne, ils veulent créer les conditions d’un renouveau et d’une nouvelle société où le mérite et la solidarité dans une égalité des chances remettront à l’honneur l’ambition de la réussite et du partage.
Bien entendu, pour les centristes, il s’agit d’une opportunité afin de diffuser beaucoup plus largement leurs idées et leurs valeurs, surtout un moyen de les appliquer concrètement.
Si cet axe central n’est pas une vue de l’esprit, il n’existe pas dans les faits actuellement.
De même que le pôle centriste qui le rendra possible.
Dès lors, les centristes doivent se mettre au travail pour le bâtir sur les dépouilles d’une Alternative («organisation coopérative» entre le Mouvement démocrate et l’UDI) qui n’est rien d’autre qu’un cartel électoral sans intérêt.
C’est sans doute là que l’on verra si les centristes sont capables, non seulement, d’être responsables mais d’acquérir cette culture de la gagne qui semble les avoir désertés depuis si longtemps, surtout cette force à vouloir réformer le pays et non plus seulement regarder les autres échouer à le faire.
Si les partis centristes ne sont pas capables de construire d’abord un pôle centriste, ils ne pourront prétendre être le cœur dirigeant de l’axe central et seront, comme à leur mauvaise habitude de ce XXI° siècle, des suivistes et des subordonnés.


samedi 18 octobre 2014

Actualités du Centre. Sondage: les Français veulent un Centre indépendant et l’estiment utile

Selon un sondage de l’institut Odoxa pour iTélé et Le Parisien, 66% des personnes interrogées estiment que le Centre doit demeurer indépendant (32% voulant qu’il s’allie avec la Droite).
De même, 71% déclarent qu’il est utile à la vie politique française et 57% qu’il correspond aux attentes des Français qui ne veulent plus d’un face-à-face Droite-Gauche.
Sans surprise, 79% estiment qu’il ne pèse pas d’un poids politique important.
Quant aux personnalités du Centre, ceux qui l’incarnent le mieux sont François Bayrou pour 48% des personnes interrogées et Jean-Louis Borloo pour 31% d’entre elles.
Viennent ensuite, loin derrière, Hervé Morin avec 11% puis les deux Jean-Christophe, Lagarde et Fromantin, avec 2% et Yves Jégo avec 1%.
Mais il existe un vrai clivage entre le Mouvement démocrate et l’UDI puisque si 89% des sympathisants du premier nommé pensent que François Bayrou est celui qui incarne le mieux le Centre (et seulement 9% pour Jean-Louis Borloo), ils sont 73% des sympathisants de l’UDI à choisir Jean-Louis Borloo devant Hervé Morin (11%) et François Bayrou (8%).
Concernant ces résultats sur l’incarnation du Centre, il faut noter que François Bayrou (trois fois candidats à la présidentielle) et Jean-Louis Borloo (ministre sans interruption de 2002 à 2010), ainsi qu’Hervé Morin (ancien ministre de la Défense) à un moindre degré, squattent les médias depuis des années et sont donc les noms qui reviennent le plus facilement à la mémoire des personnes interrogées au détriment des autres leaders dont les noms ont été proposés par les sondeurs.
Cela ne préjuge pas que d’autres puissent également l’incarner, notamment le prochain président de l’UDI qui bénéficiera d’une couverture médiatique qui lui permettra de se faire connaître.
De même, incarnation ne signifie pas opinion favorable.
Enfin, même si les sympathisants des deux partis souhaitent majoritairement un Centre indépendant, ils sont 83% du côté du MoDem et 53% du côté l’UDI.

(Sondage Odoxa réalisé les 16 et 17 octobre 2014 par internet auprès d’un échantillon de 1.003 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

vendredi 17 octobre 2014

Une Semaine en Centrisme. Présidence de UDI: les deux Centres en compétition

Les parieurs avisés avaient prédit que le deuxième tour de l’élection à la présidence de l’UDI opposerait Jean-Christophe Lagarde à Hervé Morin.
Ce sera donc le cas avec une petite avance de quelques points en faveur du premier nommé ainsi que le supposaient ces mêmes parieurs.
Il est encore un peu tôt pour savoir qui se désistera pour qui (les deux éliminés étant Yves Jégo et Jean-Christophe Fromantin qui ne nourrissent guère de grande sympathie pour les deux finalistes) et qui saura créer une dynamique autour de son nom, sachant qu’Hervé Morin y est relativement bien parvenu lors de ce premier tour.
Mais l’on peut déjà faire deux constatations et comparer les deux candidats finalistes.
La première constatation est que la présidence de l’UDI reviendra à un centriste «historique», ceux que fustigeaient Chantal Jouanno, la colistière d’Yves Jégo au premier tour.
Et c’est déjà un petit événement si l’on se rappelle que l’UDI a été créée par Jean-Louis Borloo qui ne se définissait pas comme centriste mais comme républicain social.
Les centristes vont donc récupérer le leadership de cette confédération où se mélangent centristes, centristes de centre-droit et droitistes de droite-modérée, un peu comme ce fut le cas au début de l’UDF.
Et l’on peut dire que c’est une petite revanche pour ceux qui avaient rejoint Jean-Louis Borloo, contraints et forcés pour ne pas disparaître après les échecs cuisants des élections, présidentielle et législatives, de 2012.
A eux de saisir leur chance pour imposer leur vision centriste et faire grandir l’UDI.
La deuxième constatation est que la présence de Jean-Christophe Lagarde et d’Hervé Morin au second tour recèle nombre de dangers pour la cohésion de la formation centriste, voire un risque d’implosion, tellement les deux hommes se méfient l’un de l’autre (et malgré un pacte de non-agression durant la campagne).
La proximité de leur résultat du premier tour (35,9% pour Lagarde et 31,5% pour Morin) annonce peut-être une proximité lors du deuxième tour.
Si c’est le cas, le perdant aura certainement beaucoup de mal à se ranger derrière le vainqueur.
Seule une victoire nette, voire écrasante, fera en sorte que le vainqueur ne soit pas contesté.
Quant aux différences entre les deux hommes, elles ne sont pas extrêmes mais elles existent.
Jean-Christophe Lagarde se veut un centro-centriste même s’il penche un peu à droite alors qu’Hervé Morin se revendique du centre-droit.
- Hervé Morin représente l’option centre-droit de l’UDI.
Il est un défenseur de l’«alliance naturelle» avec l’UMP comme l’a d’ailleurs fait pendant cinq ans (entre 2007 et 2012) de gouvernement le Nouveau centre qu’il dirige.
Il veut un Centre, certes indépendant, mais pré-positionné à droite quoi qu’il arrive, ce qui fut d’ailleurs le motif de sa rupture officielle avec François Bayrou après la présidentielle de 2007.
Sa vision économique et sociale est très libérale.
Il n’est pas un supporter intransigeant d’une candidature du Centre à la présidentielle de 2017, restant ouvert à la possibilité d’une primaire UMP-UDI.
S’il devient président de l’UDI, il devra d’abord rassurer toutes les autres formations de la confédération de son consensualisme et de sa capacité à les rassembler autour d’un projet commun alors même qu’il n’a pu éviter la scission au Nouveau centre (et que les sécessionnistes font partie de l’UDI…).
Ensuite, pour réussir en tant que président de l’UDI, il devra démontrer aux Français qu’il y a un nouveau Morin, un homme avec plus de personnalité qu’il n’en a montré lors de son passage au ministère de Défense et plus de charisme qu’il n’en a montré lors de sa campagne présidentielle de 2012 complètement ratée.
- Jean-Christophe Lagarde représente, avec toutes les précautions nécessaires, l’option centre de l’UDI.
Il s’est positionné pour une UDI totalement indépendante de l’UMP et, qui plus est, qui doit se confronter avec cette dernière en défendant un programme centriste pour en ressortir vainqueur.
Il veut absolument un candidat du Centre à l’élection présidentielle de 2017.
Son projet politique est à la fois libéral économiquement parlant et teinté de solidarisme, socialement parlant.
S’il devient président de l’UDI, ce sera un véritable challenge pour lui qui n’a été, jusqu’à présent, qu’un éternel espoir de la politique.
A 46 ans, il peut, s’il en a les capacités, insuffler une dynamique politique à la formation centriste et imposer un nouveau visage qui pourrait être celui du renouveau.
Mais, pour cela, il devra améliorer ses sorties médiatiques, à la fois sur la forme et sur le fond.
Quoi qu’il en soit, le duel de ce deuxième tour devrait être un révélateur de ce qu’est l’UDI aujourd’hui, ce que personne ne sait exactement, même pas les deux finalistes...
Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

jeudi 16 octobre 2014

Actualités du Centre. Election présidence UDI: Morin et Lagarde au second tour

Comme on pouvait le prévoir, les deux finalistes de l’élection pour la présidence de l’UDI sont Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin.
Jean-Christophe Lagarde, secrétaire général de l’UDI et président de la FED (Force européenne démocrate) arrive en tête avec 35,9% des voix contre 31,5% pour Hervé Morin, le président du Nouveau centre.
Yves Jégo en tandem avec Chantal Jouanno obtient 21,5% des suffrages et Jean-Christophe Fromantin, 11,1%.
Sur les 28.305 militants inscrits, 16.622 ont voté.

C’est le 13 novembre prochain que le nouveau président sera connu après un vote qui débutera le 7 novembre.

mercredi 15 octobre 2014

Actualités du Centre. Sondage: 12% des Français se disent au centre

Voilà un sondage qui ne va pas ravir les responsables centristes.
Selon l’IFOP pour le site internet de droite Atlantico, seuls 12% des Français interrogés se disent au centre alors qu’ils étaient 16% en 2007 (mais 13% en 2012).
A noter, tout de même qu’il demeure 28% des personnes interrogées qui ne se disent ni de gauche, ni de droite, catégorie dans laquelle se trouve de nombreux sympathisants potentiels des partis centristes si ceux-ci son capables d’affirmer leur indépendance.
Par ailleurs, il est à noter que 86% des sympathisants du Mouvement démocrate se disent du Centre alors qu’ils ne sont que 58% (mais une majorité tout de même) de sympathisants de l’UDI à s’en réclamer (8% des sympathisants du MoDem et 36% des sympathisants de l’UDI se déclarent de droite).
En outre, seuls 40% des sympathisants de l’UDI souhaitent que le parti présente un candidat à la présidentielle de 2017 de manière autonome alors que 60% d’entre eux souhaitent que la formation centriste participe à une primaire ouverte UMP-UDI pour désigner un candidat commun.

(A noter que le site Atlantico ne publie pas la note légale sur le sondage)

mardi 14 octobre 2014

L’Humeur du Centriste. Au pays des centristes heureux tout n’est pas si rose

Lors de la journée parlementaire du Centre qui s’est déroulée à Paris le 13 octobre dernier, on avait l’impression que l’on se trouvait au pays des centristes heureux avec des leaders du Centre qui surfaient joyeusement sur la vague des élections au Sénat (+13 sénateurs), sur celle des municipales (plusieurs villes gagnées), à défaut de le faire sur celle des européennes décevantes (à peine 9,93% des suffrages).
Pourquoi ne pas être optimiste et voir la vie et l’avenir en rose?
Surtout après la Berezina des élections présidentielles et législatives de 2012 qui faisait prédire à certains que le Centre était en quasi voie de disparition.
Pour autant, voilà quelques chiffres qui ne mentent pas pour que les centristes n’oublient pas d’où ils viennent (les échecs cuisants de 2012), où ils sont (la quatrième force politique derrière le PS, l’UMP et le FN) et, surtout, les efforts qu’ils doivent encore consentir pour devenir une force politique qui compte vraiment en tant que telle, c’est-à-dire les efforts afin de convaincre les Français de leur accorder leur confiance.
- 31 députés centristes sur 577 soit 5,37% du total des députés (et moins de 6% des voix pour les candidats centristes au premier tour des législatives de 2012). Pour rappel, l’UDF comptait 215 députés en 1993.
- 43 sénateurs centristes sur 348 soit 12,36% du total des sénateurs. Pour rappel, le Sénat avait un président centriste de 1958 à 1998 (Gaston Monnerville, Alain Poher et René Monory).
- 7 députés européens centristes français sur 74 soit 9,41% du total des députés européens français (et 9,93% des voix à l’élection européenne de 2014). Pour rappel l’UDF comptait 41 députés européens en 1984.
- 9,13% des voix pour le candidat centriste à la présidentielle de 2012 (François Bayrou) et quatrième place derrière les candidats du PS, de l’UMP et du Front national. Pour rappel, Valéry Giscard d’Estaing remporta l’élection présidentielle de 1974 avec 50,81% des voix au second tour après avoir obtenu 32,60% des voix au premier tour.
- 2 villes (Amiens et Nancy) de plus de 100.000 habitants sur 41 ont un maire centriste (soit 4,88% des villes de plus de 100.000 habitants).
- 13 présidents de Conseils généraux sur 101 sont centristes soit 12,87% du total.
Quant au nombre de militants, l’UDI en déclare officiellement 27.355 (avec constat d’huissier) alors que le Mouvement démocrate demeure sur un chiffre invérifiable de 35.000 adhérents qui date de 2012 avant les grandes désertions suivant la présidentielle perdue mais aussi le changement de cap politique en 2013.
Le bilan chiffré est loin d’être aussi dithyrambique que les discours de Philippe Vigier et de François Zocchetto, respectivement président du groupe UDI à l’Assemblée nationale et président du groupe UDI-UC au Sénat, lors de la journée parlementaire du Centre.
Sans oublier les élections à la tête de l’UDI qui sont en train de tourner au pugilat et à la farce après que Jean-Christophe Fromantin, l’outsider de la compétition, ait saisi le juge des référés pour surseoir au vote au motif que de nombreux militants en règle et à jour de cotisation ne pouvaient voter et ait obtenu un délai supplémentaire pour le déroulement des opérations électorales, une reconnaissance du bien-fondé de ses réclamations…
En tout cas, tout cela doit ramener les centristes au principe de réalité et à l’effort qu’il leur reste à faire pour que le Centre retrouve d’abord sa vraie place sur l’échiquier politique et ensuite devienne cette force politique majeure dont la France a besoin.

Centristement votre.

Le Centriste