jeudi 11 juin 2009

L’Edito d’Alexandre Vatimbella: Le courage d’être centriste

Aristide Briand, en son temps, fut victime d’attaques à répétition pour ses positions centristes. Des attaques que l’on retrouve aujourd’hui envers Barack Obama et ses soi-disant hésitations. Car une politique centriste est évidemment attaquée par les idéologues de gauche et de droite qui n’y voient que demi-mesures, pire des mesures qui se contredisent constamment. Bien évidemment, cette vision partisane est de bonne guerre mais elle parvient tout de même à construire une image du Centre et du Centrisme assez négative auprès des médias et des citoyens. D’où la volonté, souvent, des Centristes de sortir de ce piège avec un discours plus idéologique, tantôt à droite, tantôt à gauche, oubliant les valeurs centristes mais aussi un des éléments essentiels du Centrisme, son pragmatisme. Dans les pays comme la France, le pragmatisme est souvent assimilé, à tort, à de l’opportunisme alors que dans des pays comme les Etats-Unis ou la Grande Bretagne, il est reconnu à sa juste valeur, une capacité d’adaptation essentielle à la situation que seul le Centrisme de par ses valeurs peut revendiquer comme tel (la Gauche et la Droite étant généralement, dans ces cas-là, opportunistes…).

Se définir comme Centriste relève donc d’un certain courage pour ces femmes et ces hommes qui sont des militants, des sympathisants et des électeurs des partis qui se positionnent comme des partis centristes. Or ce courage n’est malheureusement pas toujours l’apanage des leaders de ces partis. Les récentes élections européennes sont là pour le démontrer. Une partie des formations centristes a refusé soit d’aller au combat tout court (Radicaux de gauche), soit d’y aller seul (Nouveau Centre, Parti radical, Gauche moderne) tandis que le Mouvement démocrate se pliait aux rêves de son fondateur en faisant une campagne où l’Europe a été presque totalement absente et, surtout, où les valeurs du Centrisme, le respect et la tolérance, ont été complètement dévoyées avec des attaques souvent outrancières contre ses opposants, de Nicolas Sarkozy à Daniel Cohn-Bendit.

Les Centristes méritent mieux que des partis frileux qui ont peur de prendre une claque à des élections (ne doit-on pas faire passer d’abord ses convictions avant les résultats électoraux?) ou qui n’existent que pour une stratégie présidentielle d’un homme. Ils méritent des formations qui ont des valeurs, des principes, un véritable programme, une vision du monde et des convictions qui les amènent à défendre toujours et quelles que soient les circonstances leur fierté d’être centristes. En se comportant comme ils l’ont fait aux élections européennes, les partis centristes ont donné raison à leurs détracteurs qui affirment que les Centristes sont plus intéressés par leurs ambitions politiques que par leurs idées. Mais ce faisant, ils insultent tous leurs militants, leurs sympathisants et leurs électeurs, tous ceux qui croient que les valeurs de respect, de solidarité, de tolérance et de liberté mises en pratique par une politique équilibrée sont celles qui peuvent permettre à la société d’être mieux gouvernée et de permettre à chacun de s’y épanouir du mieux qu’il est possible.

Le Centrisme n’est pas le rebut de ceux qui ne peuvent choisir entre la Droite et la Gauche. ll n’est pas non plus un positionnement confortable qui permet de pencher d’un côté ou de l’autre sans prendre beaucoup de risques politiques. Il n’est pas tout autant un désert d’idées que peut investir n’importe quel ambitieux ou qui permet des alliances politiciennes pour s’assurer quelques strapontins. Non, le Centrisme est une radicalité morale par le respect, l’ouverture sociale par la solidarité, le dynamisme économique par la liberté, le tout dans le juste équilibre.


Alexandre Vatimbella