lundi 19 août 2019

Une Semaine en Centrisme. Majorité centriste: une rentrée politique entre volontarisme et crainte

Le Conseil des ministres de rentrée (qui se tiendra cette année le mercredi 21 août) est le signal de celle, plus générale, de la politique.
Nombre de dossiers attendent le Président de la République, son gouvernement et sa majorité.
Et toutes ces composantes du pouvoir en place jurent que les réformes nécessaires et indispensables vont continuer, que ce soit en matière écologique (comme la Loi anti-gaspillage), en matière sociale (comme le réforme des retraites) ou en matière sociétale (comme l’actualisation de la Loi bioéthique).
D’autant que la majorité peut se targuer de vraies réussites.
On pense ici à la baisse continue du chômage (dont on s’étonne que les médias soient aussi peu réceptifs à ce qu’ils considéraient auparavant comme une question majeure, ce qu’il est), à la résistance de l’économie française, notamment si on la compare avec celle de l’Allemagne ou de la Grande-Bretagne (engluée dans un Brexit qui pourrait avoir, malgré tout, des conséquences pour la France lors de la sortie des Britanniques le 31 octobre) et les bons points des réformes déjà votées et mises en place depuis le début du quinquennat comme celle du code du travail, celle sur la sécurité, celle sur les classes de CP ou celle de la fiscalité.
Dans le même temps, les contestations populistes, catégorielles et sociétales fourbissent leurs armes afin de peser sur l’action de la majorité centriste voire de la contrer tout simplement.
On pense ici aux dossiers des retraites (où les syndicats devraient monter au créneau pour s’opposer à la réforme dévoilée avant les vacances), de la PMA pour tous dans le cadre de l’actualisation de la loi bioéthique (où les associations de droite radicale et d’extrême-droite devraient appeler à des manifestations pour l’empêcher alors qu’une partie de la majorité devrait également s’y opposer), de la taxation du gazole non-routier (avec la grogne des agriculteurs), de la baisse des remboursements du gazole (avec la grogne des routiers) et des problèmes récurrents que connait l’hôpital public, voire le système de santé, où la patience des personnels semble à bout d’une crise qui date maintenant de plusieurs décennies.
Sans oublier le traité de libre-échange avec le Canada, le Ceta, qui sera discuté par le Sénat, majoritairement d’opposition, qui ne manquera pas de refuser sa ratification dans une démarche uniquement politicienne (on rappelle à toutes fins utiles que c’est bien la Droite avec Sarkozy et la Gauche avec Hollande qui ont négocié et approuvé ce texte) et qui sera, évidemment, soutenu, par tous les fauteurs de trouble qui y voient une manière de fragiliser le pouvoir en place.
Il y aura également le débat sur l’immigration et le droit d’asile au Parlement avant l’élaboration de mesures qui seront ensuite présentées à l’Assemblée nationale.
On peut y ajouter la rentrée scolaire avec l’opposition en majorité des professeurs de la gauche radicale et extrême de la réforme Blanquer (notamment à propos du bac).
C’est pourquoi nombre de membres de la majorité centriste craignent la grogne de certaines catégories de la population ou le retour de la violence des fauteurs de troubles (qui n’a pas cessé tout à fait avec les attaques répétées des permanences et domiciles de parlementaires cet été).
Et certains de ceux qui ont été traumatisés par les événements des derniers mois veulent temporiser, voire abandonner la dynamique réformatrice mise en place en 2017 et déjà écornée par des mesures prises par Emmanuel Macron et Edouard Philippe pour apaiser les tensions.
Cependant, ni du côté du Président de la République ou de son gouvernement, ni du côté de LaREM ou du MoDem, on ne veut devenir des gestionnaires d’un quotidien où les indispensables ajustements n’auraient pas été réalisés ainsi que les grandes orientations du futur, notamment en matière environnementale ou sociale.
Pour autant, aucun ne nie les difficultés avec, non seulement, des activistes radicaux qui veulent en découdre sur fond de populisme nauséabond, mais avec des médias toujours à charge et qui n’attendent que de s’emparer de n’importe quel histoire afin de la monter en épingle.
Rappelons enfin que cette rentrée sera aussi celle de la préparation des municipales de 2020, ce qui pourrait causer quelques confrontations entre partis de la majorité centriste.
C’est plus dans les négociations en vue de ces élections que dans les positionnements face aux prochaines réformes que cette majorité pourrait se déchirer et s’opposer.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC