lundi 10 août 2020

Propos centristes. France – Terrorisme au Niger; Liban; Biélorussie; île Maurice; Europe; plan de relance; commissariat au plan; tourisme; proportionnelle; filière sucrière…

Voici une sélection, ce 10 août 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

 

● Emmanuel Macron (Président de la République)

- La Fraternité, la Solidarité, sont au cœur de notre Nation !

- Plusieurs de nos compatriotes et des nigériens ont été lâchement assassinés hier au Niger au cours d'une attaque meurtrière. Je partage la douleur de leurs familles et de leurs proches. Certains étaient engagés pour la plus altruiste des missions : aider les populations. Mes condoléances au peuple nigérien. Nos pays sont frappés mais notre détermination à lutter contre les groupes armés terroristes demeure intacte. Le combat se poursuit.

- L’avenir du Liban se joue maintenant, pour le Liban lui-même, avec ses partenaires internationaux qui sont à ses côtés. Notre offre d’assistance inclut un soutien à une enquête impartiale, crédible et indépendante sur l'explosion du 4 août. C’est une attente forte et légitime du peuple libanais. C’est une question de confiance. Le peuple libanais est libre et souverain. Il appartient aux autorités du pays d’agir pour que Liban ne sombre pas et pour répondre aux aspirations que le peuple libanais exprime en ce moment-même légitimement dans les rues de Beyrouth.

● Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font
partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste
]

Jean Castex (Premier ministre)

[Terrorisme au Niger] J’adresse aux familles de nos compatriotes mes pensées fraternelles et mon soutien. Cette attaque lâche et abjecte endeuille notre pays et tous ceux qui se battent, partout, pour le droit de vivre dignement. Ils ont mon infini respect.

 

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

Je condamne avec la plus grande fermeté l’attaque meurtrière qui a frappé un groupe de travailleurs humanitaires hier dans la région de Kouré au Niger. Je présente mes condoléances aux familles et aux proches des victimes lâchement assassinées, ainsi qu’aux autorités et au peuple nigériens. Les responsables de cette attaque abjecte devront répondre de leurs actes. Le centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et l’ambassade de France à Niamey sont pleinement mobilisés, en étroite coordination avec les autorités nigériennes et l’organisation ACTED, pour apporter tout le soutien et l’accompagnement nécessaire aux familles des victimes dans ce moment tragique. La France est déterminée à faire respecter l’impératif de protection des personnels humanitaires et des personnels de santé. Comme le Président de la République l’a rappelé lors de son entretien avec son homologue nigérien, tous les moyens sont et seront mis en œuvre pour élucider les circonstances de cet attentat meurtrier. Nos deux pays demeurent déterminés à poursuivre la lutte en commun contre les groupes terroristes au Sahel.

 

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)

- Nous allons ainsi instituer un copilotage Ecologie/ Agriculture de la transition écologique de l’agriculture pour mieux anticiper et transformer les pratiques et construire une agriculture durable qui ne laisse aucun acteur sans solution.

- Autoriser par dérogation un usage des néonicotinoïdes n'est pas une décision facile. Mais cette dérogation - temporaire et très encadrée - est la seule solution possible à court terme pour éviter l’effondrement de la filière sucrière en France. Une dérogation limitée : plus de 90% des usages des néonicotinoïdes restent bien sûr interdits. Le cœur de la loi de 2016 n’est pas remis en question et l’interdiction reste la règle. Une dérogation temporaire : la dérogation prévue vaut pour cette année et au maximum les deux saisons suivantes si les alternatives ne fonctionnent toujours pas. Il s’agit de lutter contre une crise exceptionnelle, pas d’installer une pratique pérenne. Une dérogation encadrée : pour limiter les risques, seul l’enrobage des semences est autorisé et non la pulvérisation et il sera interdit de planter des cultures à fleurs lors de la prochaine saison pour ne pas attirer les pollinisateurs. Nous limitons donc au maximum l’impact environnemental de cette dérogation. Mais elle n’est pas satisfaisante dans la durée malgré tout et nous allons nous atteler à trouver une solution pérenne pour nous passer des néonicotinoïdes. Par alternatives, il faut entendre des solutions chimiques moins dangereuses, mais aussi d’autres pratiques, des parcelles plus petites et/ou converties au bio par exemple, qui peuvent contribuer à lutter contre la diffusion de virus.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)

[Plan tourisme] Plusieurs secteurs d'activité pourront désormais accéder au dispositif d'activité partielle jusqu’à la fin de l’année, au fonds de solidarité jusqu’à la fin de l’année, et à l'exonération des cotisations sociales sur la période mars à juin.

 

Florence Parly (ministre des Armées)

Je condamne fermement l'assassinat de plusieurs de nos compatriotes au Niger. Mes pensées vont à leurs familles et à leurs proches. Je pense également aux Nigériens qui ont perdu la vie. Cette tragédie ne fait que renforcer notre détermination à poursuivre le combat contre les groupes terroristes, avec nos partenaires sahéliens. L'opération Barkhane - à la demande du Niger - est en mesure d'aider à suivre la trace des meurtriers.

 

Eric Dupond-Moretti (Garde des Sceaux, ministre de la Justice)

- La lâcheté et la barbarie se sont réunies en frappant 6 de nos compatriotes, leur guide et leur chauffeur. Le parquet national antiterroriste est saisi. J’adresse mes condoléances à leurs familles, à leurs proches ainsi qu’à la communauté des humanitaires à nouveau meurtrie.

- Le Conseil constitutionnel a jugé que le curseur entre l'impérieuse nécessité de sécurité pour les citoyens et la garantie des libertés des individus condamnés pour terrorisme n'avait pas été positionné au bon niveau. J'en prends acte. Il s'agissait d'une proposition parlementaire, présentée en mars par la commission des lois de l'Assemblée nationale et adoptée sans aucune difficulté par les deux chambres du Parlement. Le Conseil d'Etat lui avait donné un avis favorable au bénéfice de plusieurs recommandations dont le gouvernement a veillé au respect intégral. En réalité, le seul débat pour les opposants à ce texte portait sur la pose d'un bracelet électronique, considérant qu'il s'agissait d'une nouvelle peine succédant à la première et pas d'une mesure de sûreté. Je soutenais l'inverse mais j'avais souhaité limiter la mesure à un an renouvelable, au lieu des deux initialement prévus. Je note que le Conseil constitutionnel est de l'avis du gouvernement sur ce point en jugeant qu'il s'agissait bien d'une mesure de sûreté et non d'une "peine après la peine". Le texte représentait même à mes yeux une certaine avancée puisqu'il s'agissait de placer le suivi des anciens détenus sous le contrôle du juge judiciaire dans le cadre d'un débat contradictoire en présence d'un avocat, avec la possibilité à tout moment de faire réévaluer la situation.

- Dans les trois ans à venir, nous allons avoir 164 sorties de prison de détenus condamnés pour terrorisme et tous ne vont pas sortir, c'est une évidence, républicanisés, laïcisés, démocratisés et déradicalisés. Nous les suivons de très près. C'est un enjeu majeur pour la chancellerie et pour nos concitoyens. Dès à présent, nous travaillons à l'adaptation et au renforcement de notre dispositif à l'aune de la nécessité de protéger les Français et des principes rappelés par le Conseil constitutionnel.

- Le Conseil constitutionnel, dont je rappelle qu'il a notamment été saisi par Richard Ferrand, n'inflige ni gifle ni camouflet à qui que ce soit. Ce n'est pas son rôle. D'ailleurs, lorsque le Conseil d'Etat a validé le texte, personne n'y a vu de victoire. Ce projet a été soutenu par les deux gouvernements successifs, par la majorité mais aussi par de nombreux groupes d'opposition qui ont tous travaillé ensemble pour la sécurité de nos concitoyens.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

Le peuple libanais peut compter sur notre solidarité. Plus de 660t. de produits alimentaires sont en cours d’acheminement grâce à la mobilisation des acteurs français (céréaliers, laitiers...).

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)

Nous n'avons jamais eu autant de femmes aux plus hautes fonctions de la République ! Des femmes d'expérience et compétentes. Du chemin reste à parcourir mais nous avançons. Avec le gouvernement, nous sommes mobilisés pour que l'État soit exemplaire!

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)

L’assassinat de six humanitaires français et de leurs guides nigériens touche au cœur des hommes et des femmes engagés dans le soutien aux populations fragiles et au service du développement. Toutes mes pensées vont aux victimes et à leurs familles.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

- Dans le cadre du projet de Loi de finances rectificatives,, 200 millions d'€ ont été débloqués pour l'automobile et 100 millions pour l'aéronautique dès 2020 en anticipation du plan de relance.

- La politique conduite par le gouvernement est claire : la gratuité des masques pour les familles ­modestes et les personnes à la santé fragile. Ce sont 50 millions de masques gratuits qui sont ­envoyés en ce moment à 8 millions de Français.

- La situation a singulièrement évolué : nous produisons des masques chirurgicaux et textile, nous ne sommes plus vulnérables et dépendants des importations.

- Si possible, privilégions les masques textiles [...]. A l'usage, ils coûtent moins cher que les masques chirurgicaux et ils ont une bien meilleure empreinte écologique.

 

Marlène Schiappa (ministre chargée de la Citoyenneté)

Personne n’a le droit d’interdire à quelqu’un de porter plainte. Patron ou pas. Je vous recommande la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr où policiers & gendarmes vous aideront à préparer la plainte. Et une tenue ne justifie jamais une agression sexuelle.

 

Jean-Baptiste Lemoyne (secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie)

- La 10 août 1539, il y a 481 ans, était prise l’ordonnance Villers-Cotterêts. Rappelons-nous combien est précieuse la langue française, socle commun qui unit tous les francophones, apprise et chérie sur tous les continents !

- Hommage aux 6 travailleurs humanitaires Français et à leurs 2 accompagnateurs Nigériens tués au Niger par des barbares. Mes pensées et condoléances vont vers leurs proches et leurs camarades œuvrant partout dans le monde.

- L’été bleu-blanc-rouge est là, mais la reprise est fragile. Nous allons tout faire pour prolonger l’été et ainsi consolider la relance du secteur du tourisme ;

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

- L'emprunt européen va financer 40% du plan de relance français, que la transition écologique, le véhicule électrique, la rénovation des logements, cela sera financé en large partie par l'Union européenne, je crois que c'est un succès important.

- Les libertés fondamentales et les droits démocratiques doivent être respectés en Biélorussie. Les résultats doivent être rendus publics de manière complète et transparente. L’Europe sera vigilante sur ses valeurs essentielles.

 

Bérangère Abba (secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité)

- Sincères pensées aux proches et collègues des victimes de l’attaque au Niger avec notre profonde gratitude à ceux qui s’engagent chaque jour auprès des plus fragiles ainsi qu’aux forces armées qui luttent pour nous protéger de l’horreur et des crimes les plus abjects

- La France est aux côtés des autorités mauriciennes face à l’épisode de pollution aux hydrocarbures qui touche durement le récif corallien, la faune et la flore côtière de l’île.

 

Olivia Grégoire (secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale, solidaire et responsable)

72% des investisseurs évaluent aujourd'hui la performance extra-financière des entreprises, contre seulement 32% en 2018. La responsabilisation de l’économie n’est plus une option. Les critères ESG sont désormais une boussole pour les investisseurs.

 

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

 

Gilles Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)

Les députés LaREM expriment leur consternation après l’attaque meurtrière contre nos compatriotes au Niger. Ils saluent leur mémoire et leur engagement humanitaire comme celui de tous les Français, civils ou militaires, qui risquent chaque jour leur vie au Sahel.

 

Aurore Bergé (porte-parole)

Chaque été, ce sont plus de 60 000 animaux domestiques qui sont abandonnés dans notre pays, un triste record en Europe. Merci à tous ceux qui s'engagent pour lutter contre l'abandon et la maltraitance.

 

●MoDem

François Bayrou (président)

- [Liban] Il y a des vérités qu’il faut dire mais je vais vous dire quel a été mon sentiment quand j’ai vu ces images et quand j’ai entendu ces mots du président Emmanuel Macron. J’ai eu un grand sentiment de fierté. Dans un drame de cette importance, dans cette catastrophe comme on en a peu connu – il y a eu AZF, puis celle-là- qui pulvérise une ville, un port, alors on ne peut pas se contenter des mots habituels. Au-delà de l’amitié qu’il y a entre nos deux pays, le Président a eu des paroles pleines d’audace, de force, de justesse. J’imagine que vous avez vu la réaction d’adhésion de la population. Ça m’a rendu fier de la France. Car si nous ne l’avions pas fait, qui l’aurait fait ? La réponse est : personne.

- [Jean Castex] est un très bon choix, par ce que c’est un homme de terrain. Alors il est très familier du sommet de l’Etat, oui, mais il a eu des expériences de terrain. Maire d’une commune de 6000 habitants, président d’une agglomération de 45 communes, cela compte. Il a été responsable des hôpitaux français, secrétaire général adjoint auprès de Nicolas Sarkozy. Et chargé du déconfinement dans la période récente. Et moi, je suis de ceux qui pensent que l’expérience, ça compte.

- Jean Castex connaît la France d’en haut et la France d’en bas. Y compris Son accent, que certains ont ciblé, qui est l’accent de chez nous, je le trouve rafraîchissant. Surtout, il n’est pas rusé, il ne cherche pas des habiletés pour éviter les questions. Beaucoup de Français pensent qu’il apporte quelque chose.

- Edouard Philippe a exercé ces fonctions pendant 3 ans. Il y a certaines choses sur lesquelles nous étions en désaccord. J’étais très partisan d’une réforme de la haute fonction publique en France. Et je n’étais pas persuadé qu’Edouard Philippe en était lui-même très partisan. Il doit sourire, s’il nous entend. Il était lui-même issu du vivier des grands corps. Jean Castex apporte quelque chose.

- [Commissariat au plan] C’est l’idée que, quand on gouverne, la prise de conscience du temps long est absolument indispensable. Dans une de mes aventures pour la présidentielle, j’avais employé la formulation. Gouverner, c’est prévoir. La Chine gouverne à 30 ans - bien, mal, vous savez que ce n’est pas mon orientation - la perception des problèmes se prévoit sur un temps long. En ce moment, la Chine multiplie les achats de terre à la surface de la planète. Sans-doute devance-t-elle une baisse des ressources. Nous, nous gouvernons à 30 jours, peut-être même à 30 heures. (…) C’est l’idée de faire renaître ce que Jean Monnet avait créé en 1946, après la guerre. Il faut reconstruire avec des lignes directrices qui vont très loin dans le temps, sans la pression de l’actualité. Je n’ai jamais défendu cela en pensant que je pourrais occuper la fonction puisqu’à l’époque c’est une autre fonction que je briguais, vous le savez. Le plan permettrait de contribuer au débat des citoyens et aux décisions qui sont celles des gouvernements. Il ne s’agit pas d’entrer en compétition avec d’autres fonctions, c’est le contraire. Cela permet d’identifier les grands enjeux, sur le long terme. Comme, par exemple, la démographie. On n’en parle jamais. Ça a été l’un des plus grands atouts de la France et quand on compare avec l’Allemagne, cela pourrait l’être de nouveau. La démographie a des conséquences dans de nombreux domaines : une au hasard, ce sont les retraites, par exemple. Le Japon, pays qui vieillit, consacre ses ressources à inventer des robots qui font les courses à votre place. Or, il est formidable pour un pays de se renouveler, c’est une jouvence. C’est là un point vital, qui n’a jamais pris en compte par les gouvernements.

- [Souveraineté économique] C’est absolument indispensable, je défends cela depuis une génération. J’ai fait campagne, pour la présidentielle, sur le thème « Produire en France, produire en Europe ». On croyait les grandes crises du monde derrière nous. On voit aujourd’hui qu’elles sont devant nous. La crise entre la Chine et les Etats-Unis : Personne, il y a dix ans, n’aurait imaginé une si grande crise, que l’on serait au bord de revivre un tel antagonisme. Une ligne directrice, que je défends et que je défendrai dans l’avenir : Il y a des productions stratégiques que l’on n’a pas le droit de désindustrialiser.

- [Désindustrialisation] On peut toujours [rééquilibrer], il suffit qu’on le veuille. Vous savez, je suis quelqu’un qui a mis en alerte sur la question de la dette. Qui aurait-dit, il y a un an, qu’on pourrait trouver 500 milliards tout de suite ? Quand on veut, on peut. Et si l’on sait où l’on va, on peut trouver le chemin.

- Quand je préconisais le « Produire en France », des esprits très bien, m’ont dit que c’était complètement irréaliste. Et je leur disais : mais vous ne comprenez pas, on est en train de désarmer la France, c’est non-assistance à économie en danger.

- C’est tout le secret, dans une démocratie, il faut des voix qui portent. On n’est pas assurés d’en être mais on peut essayer. On voit une remise en cause fondamentale de tous les glissements que l’on a laissés s’opérer. La prise de responsabilité est devenue obligatoire, nécessaire. Comment s’y prend-on ? En identifiant les questions que l’on a oubliées et qui vont se poser. Comme l’explosion de tout ce qui touche aux algorithmes, la pénétration par les machines de nos vies humaines. Cela a une incidence sur la participation, sur le travail. Il faut dire les choses avec simplicité, humilité et sans crainte. Airbus, cette semaine, a annoncé, qu’il avait fait atterrir 1000 fois un avion sans pilote. Souvent les pilotes sont contents de vous avoir sur leur vol, vous le savez comme moi, et ils vous font venir dans le cockpit pour vous montrer comment on fait sans pilote. Lorsqu’il s’agira de la voiture, du camion, cela constituera un changement fondamental. Il y a 1M ou 2M de chauffeurs. On doit réfléchir à l’organisation du travail. J’ai toujours trouvé les 35 heures idiotes où l’on met tout le monde à la même toise. Pour certains, il est besoin de plus d’heures, pour d’autres de moins. C’est une manière différente de salarier. Ça ouvre des perspectives. L’avenir s’ouvre.

- [Convention citoyenne sur le climat] Ça ne va pas me rendre populaire, mais je ne connais pas pire pour choisir les responsables que le tirage au sort. Je viens d’un courant, la démocratie chrétienne, spiritualiste, qui considère qu’il y a autre chose que le matériel et le financier. Je médite souvent cette citation de Marc Sangnier : « La démocratie, c’est l’organisation sociale qui porte à son plus haut la conscience et la responsabilité du citoyen ». Vous êtes pleinement citoyen et vous prenez les choses à bras le corps. C’est le contraire du tirage au sort.

- J’ai réalisé une alliance avec Emmanuel Macron. Si je le regrette? Non, jamais je ne l’ai regretté. J’ai abandonné le ministère de la Justice parce que j’ai examiné en conscience qu’il ne fallait pas nuire à l’équipe que l’on représentait. Quand on m’interroge sur ces questions, je suis frappé d’amnésie, vous remarquez…

- Cette idée que ceux qui ont échoué en tout doivent être maintenus à l’avenir, c’est sans intérêt. Je disais depuis longtemps que ces 2 tours jumelles de la gauche et la droite, étaient vermoulues, qu’elles pouvaient s’effondrer et que l’on pouvait les remplacer par autre chose. On me disait, les journalistes: « Ce n’est pas sérieux, même si un homme du centre était élu, il n’aurait jamais de majorité », on m’a opposé cela pendant des heures de débat et je disais, citant François Mitterrand : « Imaginez-vous que les gens ne sont pas assez bêtes pour élire un candidat de ce nouveau courant Président de la République et après de ne pas lui donner de majorité ? ».

A gauche, on croyait que l’Etat pouvait s’occuper de tout, cette pensée-là s’est heurtée à la réalité. La pensée de droite, nationale-libérale, s’est aussi heurtée au réel. La Banque Centrale Européenne, c’est elle qui nous permet de garantir nos emprunts. Le libéralisme à lui tout seul ne permet pas de répondre aux questions. Ce sont 2 organismes qui ont perdu leur légitimité.

- [Proportionnelle] L’élection présidentielle au suffrage universel, c’est nécessaire. L’incarnation est une nécessité. Mais profiter du grand basculement pour que tout à coup tous les sièges soient occupés par le même courant, c’est dangereux. Il y a un effet présidentiel, mais il faut que tout le monde ait sa place. Ainsi, c’est plus juste et plus serein.

Quel est l’autre choix que l’optimisme ? Si vous voulez être un homme d’action, votre premier choix est de renoncer au pessimisme. Un certain nombre des risques, je les avais désignés à l’avance. Il faut, bien sûr, de la lucidité. Je suis maire d’une ville formidable, dans un pays formidable. Quand vous prenez en main le destin d’une communauté, c’est que vous pensez pouvoir faire bien. La France peut redevenir la première nation d’Europe. Si l’on redevient la première puissance démographique. Quand vous avez les filles et les garçons, c’est une grande richesse.  Nike a choisi un slogan - que je ne vous donne pas en anglais – qui est celui que j’avais choisi pour une campagne présidentielle : Un pays uni, rien ne lui résiste. L’unité du pays, c’est essentiel.

 

Patrick Mignola (président du groupe à l’Assemblée nationale)

- Le plan de relance doit être un plan de relance qualifié. Cela signifie qu’à chaque fois que de l’argent public sera dépensé à travers la relance nationale, la relance par secteur ou la commande publique locale, tous les Français doivent être impliqués, intéressés au sens premier du terme. Si le plan permet au pays de prendre les bons virages en terme de justice, de rééquilibrer le rapport entre la rémunération du travail et celle du capital, nous nous serons donnés les moyens de réussir.

- Depuis une vingtaine d’années, la sur-rémunération du capital a conduit à des injustices notoires, en particulier pour tous les métiers du “faire”, les travailleurs qui étaient en première ligne durant la crise sanitaire. Tout le monde s’est enfin rendu compte qu’ils étaient les moins bien payés. Qu’il s’agisse des salariés du privé ou du public, il faut profiter du plan de relance pour engager l’ensemble de l’économie française vers un meilleur partage de la richesse.

- Il y a l’outil de la participation salariale, que nous proposons de rendre obligatoire y compris dans les entreprises de moins de 50 salariés, où elle est seulement optionnelle aujourd’hui. Attention à ne pas donner de migraines au chef d’entreprise : sa mise en place doit être la plus simple possible. Pour cela, il nous faut trouver un mécanisme pratique. Par exemple, un calcul de l’administration pourrait faire en sorte que sur la base d’un résultat publié par un comptable, le taux de participation des salariés soit automatiquement pris en compte, sans que le chef d’entreprise n’ait à intervenir. Le deuxième levier que nous suggérons au gouvernement est la généralisation de l’intéressement, aujourd’hui optionnel, quelle que soit la taille de l’entreprise. Le système actuel est injuste, puisque les accords d’intéressement sont la plupart du temps réservés aux grands groupes. Les partenaires sociaux et les organismes consulaires pourraient construire des plans d’intéressement type, qu’ils mettraient à disposition des entreprises.

- La meilleure façon de partager la richesse, c’est de faire en sorte que les travailleurs aient un salaire pour leur travail, mais aussi un salaire parce qu’ils sont détenteurs du capital. Et donc que les deux premiers leviers de la participation et l’intéressement puissent être transformés, lorsque le salarié le souhaite, en actions. Participation, intéressement, actionnariat salarié… Ces trois leviers représentent un potentiel d’augmentation de pouvoir d’achat majeur pour les travailleurs. Cela permettrait également d’impliquer directement les travailleurs dans la relance économique. D’abord, il faudra passer par la loi, notamment pour définir préalablement les conséquences fiscales de la généralisation de la participation et de l’intéressement des salariés. Quel sera le niveau du forfait social sur l’actionnariat salarié, sur l’intéressement ? Quelle règle pour le calcul de la participation au sein des entreprises ? Dans un second temps, nous suggérons de laisser la main aux partenaires sociaux, jusqu’à la fin de l’année 2021 par exemple, pour la mise en place concrète des dispositifs dans les territoires et les entreprises. Il y a des secteurs d’activités davantage frappés par la crise que d’autres, des territoires qui ont des besoins particuliers… il faut faire de la dentelle. Ne prenons pas le risque de braquer les acteurs économiques avec des mesures autoritaires et définitives, dès la rentrée. Faire une conférence sociale, c’est un bon moyen de susciter la confiance autour de ce projet.

- Si on veut réussir, il faut engager l’ensemble des Français dans la relance. Les 22 millions d’actifs dont nous avons parlé, mais aussi les retraités, qui sont souvent des épargnants. Au Modem, nous proposons la création de fonds participatifs d’Etat, à l’échelle des régions, qui seraient portés par le gouvernement et garantis par la Caisse des dépôts. Cela permettrait d’orienter l’épargne des Français vers l’économie productive, plutôt que vers des assurances vie qui ne rémunèrent plus. Là encore, c’est un formidable levier pour la relance de notre économie.

 

●Mouvement radical

Bertrand Pancher (député)

Français assassinés au Niger et leurs guides à Kouré, région que je connais bien pour y soutenir de nombreux projets d’aide au développement. Je suis abasourdi et aux côtés des familles des disparus, des populations et des ONG. J’espère que l’on va vite capturer ces terroristes.

 

 

Actualités du Centre. Bayrou ne regrette pas son alliance avec Macron, plaide pour un commissariat au plan, la proportionnelle et la souveraineté économique et croit à une France première puissance européenne

François Bayrou
François Bayrou

Lors d’un entretien sur la radio Europe1, François Bayrou s’est dit en phase avec Emmanuel Macron avec lequel il ne regrette pas d’avoir conclu une alliance avant la présidentielle de 2017 et estime que sa prise en charge de la crise libanaise est une réussite.

Concernant Jean Castex, il se montre satisfait de sa nomination et, en creux, ne regrette pas le départ d’Edouard Philippe.

Le président du MoDem veut une vraie politique de souveraineté nationale, en particulier en matière économique et dans la relocalisation d’un certain nombre de productions manufacturières.

Il plaide pour la création d’un Commissariat au plan (à la tête duquel il devrait être nommé à la rentrée) et une vision à long terme de la politique.

Il estime, en outre, qu’il convient d’introduire la représentation proportionnelle pour les élections législatives.

Il analyse la crise de confiance entre la population et le politique par un manque de prise de responsabilité des dirigeants.

S’il défend le libéralisme, il explique qu’il a été façonné par le courant de la démocratie chrétienne et cite, comme c’est souvent le cas dernièrement, un de ses plus illustres représentants, Marc Sangnier.

Enfin, il se dit optimiste pour le futur et estime, dans une vision nataliste, que si la France possède la population la plus nombreuse en Europe, elle pourra redevenir la principale puissance du continent.

 

Les propos de François Bayrou

 

- Liban

Il y a des vérités qu’il faut dire mais je vais vous dire quel a été mon sentiment quand j’ai vu ces images et quand j’ai entendu ces mots du président Emmanuel Macron. J’ai eu un grand sentiment de fierté. Dans un drame de cette importance, dans cette catastrophe comme on en a peu connu – il y a eu AZF, puis celle-là- qui pulvérise une ville, un port, alors on ne peut pas se contenter des mots habituels. Au-delà de l’amitié qu’il y a entre nos deux pays, le Président a eu des paroles pleines d’audace, de force, de justesse. J’imagine que vous avez vu la réaction d’adhésion de la population. Ça m’a rendu fier de la France. Car si nous ne l’avions pas fait, qui l’aurait fait ? La réponse est : personne.

Le président a continué à incarner la dimension internationale qu’il a depuis le premier jour. Il a voulu s’engager parmi les dirigeants européens pour qu’on écoute et qu’on respecte l’Europe. Il a montré la très grande place que l’Europe pouvait prendre dans les grandes crises internationales, surtout quand c’est lié à notre histoire.

 

- Jean Castex

C’est un très bon choix, par ce que c’est un homme de terrain. Alors il est très familier du sommet de l’Etat, oui, mais il a eu des expériences de terrain. Maire d’une commune de 6000 habitants, président d’une agglomération de 45 communes, cela compte. Il a été responsable des hôpitaux français, secrétaire général adjoint auprès de Nicolas Sarkozy. Et chargé du déconfinement dans la période récente. Et moi, je suis de ceux qui pensent que l’expérience, ça compte.

Je ne sais pas si c’est un métier, pour moi la politique, c’est une vocation. Nous sommes tous, vous comme moi, des citoyens de base, et certains pensent qu’on peut changer le monde, et parmi ceux qui le pensent certains pensent qu’ils peuvent contribuer à y participer. L’expérience, ce serait à mettre de côté ? Nous, nous savons, autour de cette table, que ce n’est pas si simple. Jean Castex possède cette double expérience : de terrain et de capacité nationale. Et puis, il a un style.

Jean Castex connaît la France d’en haut et la France d’en bas. Y compris Son accent, que certains ont ciblé, qui est l’accent de chez nous, je le trouve rafraîchissant. Surtout, il n’est pas rusé, il ne cherche pas des habiletés pour éviter les questions. Beaucoup de Français pensent qu’il apporte quelque chose.

 

- Edouard Philippe

Edouard Philippe a exercé ces fonctions pendant 3 ans. Il y a certaines choses sur lesquelles nous étions en désaccord. J’étais très partisan d’une réforme de la haute fonction publique en France. Et je n’étais pas persuadé qu’Edouard Philippe en était lui-même très partisan. Il doit sourire, s’il nous entend. Il était lui-même issu du vivier des grands corps. Jean Castex apporte quelque chose.

 

- Premier ministre et le président complémentaires

Je le crois, absolument. Dans les commentaires, on a pu entendre qu’Emmanuel Macron effaçait le Premier ministre. Je n’ai jamais cru que le Premier ministre était un collaborateur, comme le disait Nicolas Sarkozy. J’ai eu de très nombreuses discussions avec le Président sur ce sujet. Une complémentarité entre le Premier ministre et le président est utile et nécessaire. C’est comme la stéréophonie pour le son, ou la stéréoscopie. Et ce n’est pas discordant du tout. Il y a une double source de compréhension.

 

- Commissariat au plan

C’est l’idée que, quand on gouverne, la prise de conscience du temps long est absolument indispensable. Dans une de mes aventures pour la présidentielle, j’avais employé la formulation. Gouverner, c’est prévoir. La Chine gouverne à 30 ans - bien, mal, vous savez que ce n’est pas mon orientation - la perception des problèmes se prévoit sur un temps long. En ce moment, la Chine multiplie les achats de terre à la surface de la planète. Sans-doute devance-t-elle une baisse des ressources. Nous, nous gouvernons à 30 jours, peut-être même à 30 heures.

C’est l’idée de faire renaître ce que Jean Monnet avait créé en 1946, après la guerre. Il faut reconstruire avec des lignes directrices qui vont très loin dans le temps, sans la pression de l’actualité. Je n’ai jamais défendu cela en pensant que je pourrais occuper la fonction puisqu’à l’époque c’est une autre fonction que je briguais, vous le savez. Le plan permettrait de contribuer au débat des citoyens et aux décisions qui sont celles des gouvernements. Il ne s’agit pas d’entrer en compétition avec d’autres fonctions, c’est le contraire. Cela permet d’identifier les grands enjeux, sur le long terme. Comme, par exemple, la démographie. On n’en parle jamais. Ça a été l’un des plus grands atouts de la France et quand on compare avec l’Allemagne, cela pourrait l’être de nouveau. La démographie a des conséquences dans de nombreux domaines : une au hasard, ce sont les retraites, par exemple. Le Japon, pays qui vieillit, consacre ses ressources à inventer des robots qui font les courses à votre place. Or, il est formidable pour un pays de se renouveler, c’est une jouvence. C’est là un point vital, qui n’a jamais pris en compte par les gouvernements.

 

- Souveraineté économique

C’est absolument indispensable, je défends cela depuis une génération. J’ai fait campagne, pour la présidentielle, sur le thème « Produire en France, produire en Europe ». On croyait les grandes crises du monde derrière nous. On voit aujourd’hui qu’elles sont devant nous. La crise entre la Chine et les Etats-Unis : Personne, il y a dix ans, n’aurait imaginé une si grande crise, que l’on serait au bord de revivre un tel antagonisme. Une ligne directrice, que je défends et que je défendrai dans l’avenir : Il y a des productions stratégiques que l’on n’a pas le droit de désindustrialiser.

 

- Désindustrialisation

Il s’est passé une chose extrêmement simple : Une idéologie, celle de la primauté du marché, a envahi les esprits.

On peut toujours [rééquilibrer], il suffit qu’on le veuille. Vous savez, je suis quelqu’un qui a mis en alerte sur la question de la dette. Qui aurait-dit, il y a un an, qu’on pourrait trouver 500 milliards tout de suite ? Quand on veut, on peut. Et si l’on sait où l’on va, on peut trouver le chemin.

Pour les textiles, c’est une chose. Mais pour les médicaments, ça nécessite des brevets. De temps en temps, ils les vendent, on peut discuter de la manière dont on peut reconquérir ce genre de choses. Qu’est-ce qui justifie que les génériques soient fabriqués en Inde ?

Il s’agit simplement de décider que ce qui est vital est vital. Quand on est un citoyen conscient, il faut être capable de dire : Il y a des domaines que nous n’abandonnerons plus. Cette reconstruction ; c’est la clé de l’avenir. Quel est l’autre avenir ? Dévaler le toboggan, la pente, avoir le sable qui file entre nos doigts, il faudrait être complètement fous.

Quand je préconisais le « Produire en France », des esprits très bien, m’ont dit que c’était complètement irréaliste. Et je leur disais : mais vous ne comprenez pas, on est en train de désarmer la France, c’est non-assistance à économie en danger.

Le réel est puissant, vous savez. Il y a des vers de ce grand écrivain, un peu oublié, Jules Romain : « L’événement est sur nous, il a le poil et le pas d’une bête quaternaire ». Nous sommes face à un événement totalement paradoxal. L’architecture commerciale, économique, financière, se trouve renversée par quelque chose d’un million de fois plus petit qu’un grain de sable [la covid19]. Ça valait la peine de penser un peu, de réfléchir un peu à l’avance.

 

- Libéralisme

Le « Gouverner c’est prévoir », c’est aussi un moyen de fédérer. Pour moi le libéralisme, c’est la responsabilité des acteurs de terrain, et cela, c’est très bien. C’est la liberté d’inventer, de laisser les énergies se déployer, et c’est très bien. L’idée que les intérêts des actionnaires doivent l’emporter à tout coup, en revanche, non… je suis pour que ce soit rééquilibré, dans le sens de l’intérêt général.

 

- Grands débats de société

C’est tout le secret, dans une démocratie, il faut des voix qui portent. On n’est pas assurés d’en être mais on peut essayer. On voit une remise en cause fondamentale de tous les glissements que l’on a laissés s’opérer. La prise de responsabilité est devenue obligatoire, nécessaire. Comment s’y prend-on ? En identifiant les questions que l’on a oubliées et qui vont se poser. Comme l’explosion de tout ce qui touche aux algorithmes, la pénétration par les machines de nos vies humaines. Cela a une incidence sur la participation, sur le travail. Il faut dire les choses avec simplicité, humilité et sans crainte. Airbus, cette semaine, a annoncé, qu’il avait fait atterrir 1000 fois un avion sans pilote. Souvent les pilotes sont contents de vous avoir sur leur vol, vous le savez comme moi, et ils vous font venir dans le cockpit pour vous montrer comment on fait sans pilote. Lorsqu’il s’agira de la voiture, du camion, cela constituera un changement fondamental. Il y a 1M ou 2M de chauffeurs. On doit réfléchir à l’organisation du travail. J’ai toujours trouvé les 35 heures idiotes où l’on met tout le monde à la même toise. Pour certains, il est besoin de plus d’heures, pour d’autres de moins. C’est une manière différente de salarier. Ça ouvre des perspectives. L’avenir s’ouvre.

Le débat public va exiger que l’on pose ces questions, sans le pessimisme perpétuel. Je suis de ceux qui pensent que les Français peuvent comprendre et même qu’ils vont exiger de comprendre. Il faut garder les yeux ouverts, en parler avec les mots qu’il faut. Des mots simples, graves et optimistes. Les Français ne pardonneront pas à ceux qui vont évacuer les questions.

 

- Convention citoyenne sur le climat

Ça ne va pas me rendre populaire, mais je ne connais pas pire pour choisir les responsables que le tirage au sort. Je viens d’un courant, la démocratie chrétienne, spiritualiste, qui considère qu’il y a autre chose que le matériel et le financier. Je médite souvent cette citation de Marc Sangnier : « La démocratie, c’est l’organisation sociale qui porte à son plus haut la conscience et la responsabilité du citoyen ». Vous êtes pleinement citoyen et vous prenez les choses à bras le corps. C’est le contraire du tirage au sort.

 

- Responsabilité

Il faut l’exercice de la responsabilité quotidienne. Les gens ont voté, très bien, il faut que tous les jours vous soyez en mesure de rendre compte de ce mandat. Pour la première fois depuis très longtemps, les sommets européens font un compte-rendu devant les citoyens. Je parle de cela très souvent avec le président. Au moment de la crise grecque, ce n’était pas le cas, on ne savait pas qui pensait quoi. Aujourd’hui, on nous dit : voilà les forces en présence, en tout état de cause, je vous rendrai compte directement, sans passer par les habituelles images coincées. C’est légitime et nécessaire. Il faut aller de plus en plus vers cette gravité. La démocratie, ce sont des forces et des personnes qui viennent proposer des options, et ce sont les Français qui choisissent.

Les Gilets jaunes, c’est extrêmement simple, il y a eu un aveuglement de l’Etat sur la fiscalité. On a cru avoir trouvé la poule aux œufs d’or, que ça plairait aux écologistes et que cela alimenterait les caisses de l’Etat. Or, on n’a pas pensé aux gens qui habitent à 30km de leur lieu de travail : On leur mettait sur le dos toute la charge que l’on retirait aux autres. Moi je plaidais pour une taxe variable dans le temps sur le prix du pétrole. A cela s’est ajouté le sentiment de l’incompréhension fondamentale de notre société. La rupture entre la base et ceux qui se croient au sommet. Ils ne parlent plus la même langue. Le vocabulaire même est confisqué. Il y a là un danger mortel. C’est cela qui a fait le ressaut de la vague des Gilets jaunes.

 

- Alliance avec Emmanuel Macron

J’ai réalisé une alliance avec Emmanuel Macron. Si je le regrette? Non, jamais je ne l’ai regretté. J’ai abandonné le ministère de la Justice parce que j’ai examiné en conscience qu’il ne fallait pas nuire à l’équipe que l’on représentait. Quand on m’interroge sur ces questions, je suis frappé d’amnésie, vous remarquez…

 

- Administration

La rupture avec ceux qui se croient élites, elle devrait être l’ennemi public N°1. La rupture, l’incommunication, c’est le grand problème. La mise en cause de la légitimité est une vraie question. On ne s’est pas interrogé à temps sur les causes.

L’organisation de l’Etat est nécessaire, mais l’Etat de tous les jours, administratif, en raison de son poids, est un frein à la société. Il y a une idée d’Emmanuel Macron, dans son programme, que j’aimais beaucoup : la 2e chance. Que faites-vous à ce moment ? Et quand on ne vous a pas expliqué là où vous êtes en tort ? L’action publique doit venir en soutien et pas en castration des actions de la société

 

- Centre

Cette idée que ceux qui ont échoué en tout doivent être maintenus à l’avenir, c’est sans intérêt. Je disais depuis longtemps que ces 2 tours jumelles de la gauche et la droite, étaient vermoulues, qu’elles pouvaient s’effondrer et que l’on pouvait les remplacer par autre chose. On me disait, les journalistes: « Ce n’est pas sérieux, même si un homme du centre était élu, il n’aurait jamais de majorité », on m’a opposé cela pendant des heures de débat et je disais, citant François Mitterrand : « Imaginez-vous que les gens ne sont pas assez bêtes pour élire un candidat de ce nouveau courant Président de la République et après de ne pas lui donner de majorité ? ».

A gauche, on croyait que l’Etat pouvait s’occuper de tout, cette pensée-là s’est heurtée à la réalité. La pensée de droite, nationale-libérale, s’est aussi heurtée au réel. La Banque Centrale Européenne, c’est elle qui nous permet de garantir nos emprunts. Le libéralisme à lui tout seul ne permet pas de répondre aux questions. Ce sont 2 organismes qui ont perdu leur légitimité.

 

- Proportionnelle

L’élection présidentielle au suffrage universel, c’est nécessaire. L’incarnation est une nécessité. Mais profiter du grand basculement pour que tout à coup tous les sièges soient occupés par le même courant, c’est dangereux. Il y a un effet présidentiel, mais il faut que tout le monde ait sa place. Ainsi, c’est plus juste et plus serein.

 

- Futur de la France

Quel est l’autre choix que l’optimisme ? Si vous voulez être un homme d’action, votre premier choix est de renoncer au pessimisme. Un certain nombre des risques, je les avais désignés à l’avance. Il faut, bien sûr, de la lucidité. Je suis maire d’une ville formidable, dans un pays formidable. Quand vous prenez en main le destin d’une communauté, c’est que vous pensez pouvoir faire bien. La France peut redevenir la première nation d’Europe. Si l’on redevient la première puissance démographique. Quand vous avez les filles et les garçons, c’est une grande richesse.  Nike a choisi un slogan - que je ne vous donne pas en anglais – qui est celui que j’avais choisi pour une campagne présidentielle : Un pays uni, rien ne lui résiste. L’unité du pays, c’est essentiel.