samedi 30 juin 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Simone Veil au Panthéon, le puissant symbole

La symbolique est particulièrement forte en cette époque troublée.
On ne sait si Emmanuel Macron y a pensé un peu ou beaucoup quand il a décidé de faire rentrer Simone Veil au Panthéon mais cette femme, au parcours de vie extraordinaire, condense tout ce que la résistance humaniste se doit de faire pour empêcher les ombres assassines de toutes sortes de revenir hanter la démocratie républicaine.
Elle est l’incarnation de cette résistance.
Humaniste, centriste, européenne, elle n’a pas calculé ses combats, nos combats: celui contre les extrémismes de droite et de gauche, elle, l’ancien déportée d’Auschwitz; celui pour le droit des femmes, elle, la ministre qui a porté la loi sur l’avortement (dont elle considérait qu’il n’était pas un acte banal) pour éviter des drames épouvantables; celui pour une Europe unie, elle, la présidente du Parlement européen inlassable ambassadrice de l’Union européenne.
Et même celui, qui lui est reproché par certains, d’avoir exprimé des «réserves» quant à l’adoption d’enfants par des couples homosexuels dont on ne sait toujours pas, en l’absence de toute étude exhaustive, si elle a ou pas de conséquences psychologiques négatives sur ceux-ci.
Ministre plusieurs fois, membre du Conseil constitutionnel et de l’Académie française, elle était femme de pouvoir, mais d’un pouvoir qui fait et non qui se montre, d’un pouvoir qui n’est pas partisan ou clientéliste.
Non seulement elle était ouverte à toutes les évolutions de la société – elle a regardé mai 68 avec bienveillance – mais elle voulait avancer – elle fut une promotrice de la réconciliation franco-allemande, refusant le raccourci allemand=nazi – et ne craignait pas de dire qu’elle se sentait à gauche pour certaines questions et à droite pour d’autres.
Femme forte qui n’appréciait guère la mollesse et la trahison, elle savait que le Centrisme n’était pas une pensée sans saveur et sans couleur.
Elle savait que réunir les gens plutôt que de créer des affrontements entre eux, était le meilleur moyen de promouvoir une société humaniste dont nous avons tant besoin aujourd’hui au moment où les harangues haineuses des populistes démagogues, des extrémistes, des autocrates et autres dictateurs menacent cette démocratie libérale pour laquelle elle s’est toujours battue.
Quoi qu’il en soit, les peuples ont parfois une certaine sagesse…
En l’espèce, les Français, pendant des années, l’ont placée comme une de leurs personnalités préférées et, surtout, comme leur personnalité politique favorite et souvent la seule!
Comme quoi, avec des femmes de la stature de Simone Veil, la politique peut retrouver ses lettres de noblesse qui sont d’agir pour le bien de ceux qui vous ont fait confiance en votant pour vous.
Simple à dire, pas facile à faire d’où une panthéonisation amplement méritée.


vendredi 29 juin 2018

L’Humeur du Centriste. Si Macron a séparé les nouilles du gratin, Borloo, lui, aurait du mettre de l’eau dans son vin…

Jean-Louis Borloo & Emmanuel Macron
Or donc, le citoyen Borloo – il insiste bien «je ne suis pas un acteur de la vie politique, j'ai quitté la vie politique, ce qui m'autorise à faire de temps en temps des alertes» – ne serait pas content de la politique du président Macron.
Or donc, cul sec, le citoyen Borloo s’est répandu en critiques sur l’action du président Macron lors d’une réunion dans sa bonne ville de Valenciennes malencontreusement enregistrée – oups! – et diffusée un peu partout.

Ecoutons-le:

«Moi, mon sentiment c'est qu'on est en train de remplacer le vieux monde des solidarités par le jeune monde des abandons de ceux qui ont besoin de la solidarité, en d'autres termes, il faut faire attention à ce que notre pays ne se retrouve pas dans la situation désagréable où le gratin se sépare des nouilles (…) C'est le problème d'une monarchie qui en fait n'a plus de moyens, et ce qui me dérange c'est que les quelques moyens qu'elle a, elle a décidé d'arbitrer pour permettre à ce qui courent le plus vite de courir de plus en plus vite. (…) Cette vision de la société, je la trouve inefficace et dangereuse».

C’est son droit le plus strict de citoyen et sans doute a-t-il quelques arguments à faire valoir et que j’attends avec impatience de la part d’un homme aux convictions de centre-droit, membre inamovible des gouvernements Chirac et Sarkozy et ayant fait fortune en tant qu’avocat d’affaires.

Mais le problème est que le citoyen Borloo disait exactement le contraire il y a peu, notamment lors d’un entretien sur Radio classique, contredisant même ceux qui voulaient qu’il soit en pétard contre ledit président Macron lorsque celui-ci avait semblé mettre son plan banlieue au placard et peut-être même aux oubliettes.

Ecoutons-le:

«J'observe que dans le discours (de Macron) un certain nombre d'éléments (de son rapport) étaient présents et que le président de la République a donné rendez-vous en juillet (…) Je n'ai aucun problème avec le président, vous n'avez pas de problèmes avec quelqu'un qui vous confie une mission sur un sujet aussi compliqué. Quand le Président de la république demande à quelqu'un un rapport pour contribuer à des prises de décision, le Président de la république est souverain. Ce n'est pas à celui qui remet le rapport, construit avec l'ensemble des acteurs, ses ministres, les régions, les départements, les villes, de faire le moindre commentaire».

Mais voilà-t-il pas que juste après ce revirement, le citoyen Borloo intervient tout de go dans Le Figaro pour dire qu’il ne visait pas le président Macron mais les dérives politiques de notre époque, comme si il n’y avait jamais participé…

Ecoutons-le:

«Ce n'était pas un meeting. J'étais dans ma bonne ville de Valenciennes, invité dans une réunion sur la rénovation urbaine où nous avons parlé de l'Afrique et des migrants. C'était une vision globale sur les élites (…) On ne peut pas aborder la question des migrants sans évoquer le sujet de la relation Europe/Afrique. On peut être interrogatif sur la façon dont cette question est gérée! Je maintiens: attention à ce que les élites européennes ne se séparent pas peuples européens (…) Si certains l'ont pris pour eux, ce n'était pas mon propos qui ne s'adressait pas au gouvernement ou au président. Ça n'avait rien à voir avec le président! Si on essaie de faire le lien, c'est juste ridicule (…). On peut sortir une phrase d'une intervention d'une heure! Mais j'ai pris la précaution de dire que je ne parlais pas de la situation française. Je peux avoir une vision globale sans que l'on me mêle aux petites phrases du jour».

Puis, se ravisant encore, le citoyen Borloo dit sur franceinfo, que, quand même, c’était bien un peu, beaucoup, passionnément contre ce que représente le président Macron, sa politique et les élites qui le suivent qu’il a parlé et qu’il en avait gros sur le cœur vis-à-vis de celui qui n’a pas voulu de son plan pour les banlieues – «c'était un moment symbolique, le rendez-vous avec le chef de la nation a été raté».

Tout cette emberlificotage borlooesque est un épisode politicien peu reluisant, teinté de frustration revancharde dont tous les opposants du président Macron se sont emparé, ce que le citoyen Borloo ne pouvait ignorer (on a beau n’être plus qu’un citoyen lambda, quand on a 30 ans de politique derrière soit, on sait jouer le jeu politicien).

De gauche et de droite, le voilà avec beaucoup de nouveaux amis, ce qui le consolera d’avoir perdu celui de l’Elysée.

Déjà, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand l’ont adoubé...

Deux remarques, tout de même, sur le citoyen Borloo dans cette affaire.

La première est que pour un ex-avocat d’affaires parmi les mieux payés du monde (spécialisé dans les entreprises en difficultés) et conseil de Bernard Tapie, sa descente sur les élites est, ad minima, paradoxale.

La deuxième, surtout, est une question simple: le citoyen Borloo, ex-avocat d’entreprises, aurait-il oublié que pour redistribuer la richesse il faut d’abord la créer, crédo centriste s’il en est un qui va à l’encontre de celui de gauche «redistribuons même si l’on ne crée pas de richesse» et celui de la droite «celui qui a créé la richesse n’a pas d’obligation de la redistribuer».

Enfin, un constat:

Si le président Macron a séparé les nouilles du gratin, le citoyen Borloo, lui, a oublié de mettre de l’eau dans son vin.



Centristement votre



Le Centriste




jeudi 28 juin 2018

Regards centristes. 15 – Centrisme et immigration: pragmatisme entre principes humanistes et principe de réalité

Regards Centristes est une série d’études du CREC qui se penchent sur une question politique, économique, sociale ou sociétale sous le prisme d’une vision centriste. Quinzième numéro consacré à la question dont le Centrisme envisage la questions des migrants particulièrement en ce début de XXI° siècle où elle est devenue sujet de multiples controverses dans les démocraties républicaines mais aussi partout dans le monde.




Les migrants et l’immigration sont en train de devenir une des discussions centrales et motifs à controverses et affrontements dans les démocraties occidentales en ce début de deuxième millénaire ce qui n’étonnera que ceux qui ne s’intéressent pas au sort de la planète et qui n’ont pas écouté ni même entendu les spécialistes du sujet qui nous ont alerté pendant des années sur une situation de plus en plus problématique pour que nous nous en saisissions au plus vite afin de trouver des solutions acceptables avant qu’il ne devienne ingérable..

Le phénomène n’est surtout pas nouveau.

Le déplacement de peuples, voulu ou subi par ceux-ci, funestes ou bénéfiques pour les territoires de destination, existent depuis les débuts de l’Humanité et fait partie intégrante de son écosystème.

L’immigration dont on parle actuellement, le déplacement de populations de pays pauvres vers les pays riches constituées de personnes qui viennent d’ethnies différentes, de cultures différentes, de croyances différentes des populations autochtones, a déjà une longue histoire que ce soit pour des raisons économiques, politiques ou suite à des événements dramatiques (famines, guerres, etc.).

Et les spécialistes dont nous parlions plus haut nous ont prévenu voici des décennies que cette question serait au cœur du fonctionnement de démocraties occidentales et des pays riches plus largement et qu’il fallait l’organiser quand il était encore temps et faire en sorte de développer prioritairement les pays d’où ces populations sont issues afin d’éviter que ces vagues – plus ou moins importantes selon les moments mais toujours constantes – posent problème aujourd’hui politiquement, économiquement et sociétalement parlant avant peut-être de susciter de la part des populations un rejet total d’une majorité et la venue au pouvoir de partis et de personnages extrémistes et dangereux et nous y sommes!

Car c’est un bien un problème politique par excellence avant d’être humanitaire.

Ici il ‘agit d’un constat car la venue de l’«autre» est avant tout un problème de sa perception par celui qui est déjà là et du sentiment qu’il inspire et du danger qu’il peut représenter.

Bien entendu, l’urgence devient humanitaire et la vision de ces migrants, de ces femmes, de ces hommes et, surtout, de ces enfants souvent en détresse absolue ou ayant quitté leur pays, leur communauté parce qu’ils n’y ont aucun avenir, voire qu’ils y sont en danger de mort pour des raisons diverses, touchent émotionnellement la plupart des habitants de ces démocraties et de ces pays riches et agit sur notre conscience.

Mais, in fine, devant des flux qui donnent l’impression de n’être pas gérable, c’est l’angoisse, la peur, la crainte qui dominent la majorité des habitants des terres d’immigration provoquant de plus en plus de réactions de rejet, d’ostracisme, de violence quand ce n’est pas, tout simplement, de détournement des regards en laissant faire le sale boulot à d’autres et au destin...



Rappelons que l’immigration possède de multiples facettes, les unes positives, les autres négatives.

Au rayon des conséquences positives de l’immigration, il y a, pour les pays d’où partent les émigrés, un allègement des difficultés liées souvent à la surpopulation et les problèmes qui en découlent dans les pays pauvres, la résolution de conflits ethniques ou idéologiques, la manne financière que ces émigrés pourront amener en s’intégrant dans les pays d’accueil, en travaillant et en envoyant une partie de leurs salaires à leurs familles demeurées «au pays», participant à une redistribution et une aide indispensable à leur terre natale.

Pour les pays d’accueil, les immigrés sont aujourd’hui susceptibles de solutionner la baisse de la démographie, parfois dramatique dans certains pays, avec tous les problèmes qui y sont liés (par exemple, le paiement des retraites), d’apporter leur savoir-faire (notamment pour ceux qui sont les mieux formés et qui ont des capacités souvent d’excellence dans des domaines où l’on manque de main d’œuvre comme par exemple l’informatique), de faire le travail que les populations des pays riches ne veulent pas faire (ce qui est toujours d’actualité malgré le chômage et les tentatives de revaloriser ces emplois), une ouverture sur le monde et un enrichissement avec l’apport positif de leurs cultures respectives.

Au rayon des conséquences négatives de l’immigration, il y a, pour les pays d’émigration une perte de main d’œuvre souvent qualifiée, un appauvrissement du tissu social, une désertification de certaines zones, notamment rurales alors que l’autosuffisance alimentaire est inexistante.

Pour les pays d’immigration, c’est un surplus de population auquel il faut faire de la place, tant dans le logement que dans le travail que dans les services comme l’Education nationale ou la Santé ce qui amène à des coûts parfois élevés sans un retour immédiat sur investissement (même si, à terme, l’intégration de cette population génère des revenus pour les organismes sociaux, des taxes et des impôts pour les collectivités publiques et des dépenses de toutes sortes qui permettent des gains pour les entreprises).

Mais il y a aussi le problème d’intégration culturelle (au sens large, c’est-à-dire tous les comportements particuliers à la population d’un pays, de la manière de se vêtir à la religion pratiquée en passant par la manière d’envisager les rapports sociaux) voire ethnique (et on parle ici, entre autres, bien évidemment de la couleur de la peau, clairement du racisme ou de la crainte que suscite parfois chez certains une couleur de peau différente sans que cela soit réellement du racisme).

Si, par exemple, les immigrés italiens, polonais, espagnols ou portugais qui sont venus en France entre la fin du XIX° siècle et le milieu du XX° siècle posaient des problèmes d’intégration au niveau culturel et moins au niveau ethnique, il faut se rappeler que la chasse au «rital», au «polak», à l’«espingouin» ou au «portos», fut une pratique courante des organisations et individus xénophobes, comme l’est aujourd’hui celle de la chasse aux Arabes ou aux Africains (avec, souvent, une prédominance ethnique du rejet).

Pour autant, l’angoisse et la crainte réelles (c’est-à-dire ressentie) d’une insécurité (souvent fantasmée mais dont in ne peut pas dire qu’elle est inexistante) se nourrit aujourd’hui de différences culturelles importantes et, surtout, revendiquées par certains groupes de populations qui ont immigrées ces dernières décennies dans les pays occidentaux.

On place évidemment ici le problème de la religion et de ceux qui en font une pratique extrémiste et, en même temps, politique.

Sans oublier le fantasme le plus grand, cette peur irrationnelle mais nourrit de quelques éléments rationnels, de voir débarquer des hordes d’immigrés qui vont détruire le tissu social, le tissu économique et le tissu sociétal ainsi que de piller les ressources du pays le faisant retourner des siècles en arrière.

Les chiffres de la population mondiale par continents et zones géographiques sont les éléments rationnels mais si toutes les populations pauvres voudraient vivre comme les populations riches, elles ne souhaitent pas majoritairement quitter leur pays et le voudraient-elles qu’elles ne le pourraient matériellement.

Mais il est tout à fait vrai que les pays occidentaux ne peuvent «accueillir toute la misère du monde» sauf à décider sciemment de s’appauvrir sachant qu’il n’y a pas assez de richesses dans le monde pour que toute sa population vive à l’«occidentale».

Sans oublier que les pauvres des pays riches –souvent les plus opposés à l’immigration et qui estiment être prioritaire – ont besoin que l’on s’occupe d’eux afin de leur permettre de sortir de leur condition.

Reste que cette peur que l’extrême-droite appelle «le grand remplacement» et qui fait des ravages dans tous les pays occidentaux (regardons la peur des blancs des classes populaires aux Etats-Unis depuis qu’on leur a dit que leur couleur n’était plus majoritaire dans le pays) parce qu’elle parle l’émotionnel, aux inquiétudes et aux angoisses, dans un univers parfois fantasmagorique, s’inscrit de plus en plus dans l’inconscient collectif…



Comment une un courant politique comme le Centre et une pensée politique comme le Centrisme envisagent cette question cruciale de l’immigration de ce début du XXI° siècle?



Rappelons les fondamentaux du Centrisme et ce qu’ils nous disent.

La pensée centriste moderne a, en France, trois origines principales au-delà de cette réflexion qui date des débuts de la philosophie politique sur la modération, l’équilibre, la médiété qui viennent des temps forts anciens, d’Aristote, de Confucius et d’autres.

Il y a la démocratie chrétienne qui nous dit qu’il faut de la compassion pour l’autre, qu’il faut l’aider, qu’il faut l’accueillir, tout un agir issu directement du message de Jésus.

Il ya le libéralisme qui prône comme société mondiale idéale, la liberté et l’ouverture par de-là les frontières et les différences dans un monde unique fait de diversité et de mélange.

Il y a le radicalisme qui affirme que la république démocratique est un régime universel dont les valeurs doivent réunir la planète en une grande communauté.

Tous ces courants de pensée incitent à accueillir, partager et intégrer (bien sûr, ils ne sont pas irresponsables en méconnaissant les problèmes que posent cet accueil, ce partage et cette intégration mais leur philosophie est caractérisée par l’ouverture).

Mais faudrait-il encore que la situation le permette.

Ainsi, il faudrait un accord de vue sur les bases de vie des sociétés, ce qui n’est le cas avec les différences culturelles actuelles qui peuvent détruire à terme (et l’on ne parle pas de long terme qui joue plutôt en faveur d’une assimilation réussie mais de court et moyen terme) le vivre ensemble démocratique.

Il faut que les richesses puissent être partagées sans léser ceux qui accueillent, notamment les plus nécessiteux, et permettre à ceux qui sont accueillis de vivre décemment sinon on crée un problème pour les premiers et on ne résout pas le problèmes des derniers.

Il faut que tout cela se passe dans la sécurité, sachant que sans celle-ci aucun des droits de la démocratie républicaine ne peut réellement être effectif.

Ajoutons qu’il faut également une ouverture d’esprit des populations accueillantes, c’est-à-dire un savoir qui ne les amène pas à un rejet par ignorance, par adhésion à de la propagande haineuse et fausse, par l’imagination de faux périls.

Mais il faut également que les dirigeants soient capables d’expliquer les défis et ne masquent pas les réels périls par du politiquement correct qui ouvre souvent la voie au succès des populistes démagogues et extrémistes qui jouent sur les interrogations existentielles de ces populations.



Concrètement, quelles sont les mesures centristes et préconisées par les formations centristes:



Ici, deux lignes directrices fondamentales.

La première est qu’une situation migratoire est toujours particulière par rapport à l’époque où elle se déroule.

Cela ne veut pas dire que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets (les causes de la migration étant souvent les mêmes à travers l’Histoire comme l’absence de travail, la famine, la guerre, les persécutions, etc.) mais qu’il faut remettre celles-ci dans leur contexte afin de trouver les solutions adéquates qui ne peuvent être identiques à un modèle figé.

La deuxième est que si l’émotionnel ne doit pas être éjecté (nous ne serions plus alors des humains), il doit être canalisé, voire supplanté, par des principes de réalité, d’équilibre, de responsabilité et de respect concernant, à la fois, les populations autochtones et les populations migratoires qui toutes deux subissent, même si ils ne sont las identiques, des chocs migratoires.

Le tout doit être accompagné d’un effort d’information afin que les autochtones et les migrants sachent exactement quelle est la situation, empêchant le catastrophisme fantasmagoriques chez les premiers et les rêves chimériques chez les seconds.

Bien entendu, se surajoute à tout cela les raisons pour lesquelles les populations ont décidé de migrer dans l’accueil ou son refus par les pays d’immigration.

Enfin, il faut être clair, à la fois, pour les autochtones et les migrants, que ceux qui viennent doivent s’insérer dans une culture et non le contraire, dans un système politique et qu’il n’est pas concevable que des demandes illégitimes et effarantes puissent être faites comme par exemple celles qui veulent des lois venues d’ailleurs (comme la charia, la loi islamique) s’applique en même temps que les règles de droit de la démocratie républicaine ou celles qui souhaitent que les hommes et les femmes ne puissent se baigner ensemble dans les piscines publiques, tel que cela est demandé par des organisations dans nombre de pays occidentaux.

Ce sont donc ces deux lignes qui doivent soutenir toute décision en matière d’accueil des migrants et elles doivent s’appliquer en regarde de la réalité du moment.



Prenons un exemple concernant l’emploi.

Ici tout et n’importe quoi a été dit entre cette fameuse «préférence nationale» de l’extrême-droite et le refus de regarder la réalité du marché du travail des pays occidentaux par les universalistes intégraux.

Quand il y a un chômage élevé, tout travail qui peut être exécuté par une personne – quelle que soit son origine – vivant légalement sur le territoire d’un pays doit lui être proposé prioritairement.

Si on ne trouve personne pour le remplir pour quelque motif que ce soit, alors il peut être proposé à toute personne capable de l’exercer.

Aujourd’hui, s’il y a de plus en plus de médecins qui ne viennent pas des pays de l’Union européenne dans nos hôpitaux français, c’est parce que l’on en trouve pas et qu’il faut proposer ces postes à tous les étrangers hors UE capables de les remplir.

Ainsi, on ne peut pas dire à une personne qui est née et/ou a grandi et/ou vit dans un endroit qu’on ne va pas lui offrir un travail avant une personne qui vient d’ailleurs parce que cela va être ressentie par la première comme une injustice et provoquera une réaction de rejet de la deuxième, celle qui lui «pique son boulot», pouvant mettre à mal la cohésion sociale et le vivre ensemble d’une communauté, situation sur laquelle surferont avec gourmandise les populistes démagogues extrémistes.

Mais il est tout aussi évident que l’on doit proposer ce travail à une personne venue d’ailleurs en cas de refus ou d’incapacité à trouver quelqu’un de l’endroit pour le remplir.

Ici, d’ailleurs, on ne fait qu’être dans la loi dans le sens où la personne qui vit sur place depuis plus ou moins longtemps est légalement protégée contre une personne venant de l’extérieur et qui n’a pas le droit d’y vivre (sauf à trouver un travail qui régularisera a priori et non a posteriori sa situation personnelle).

Ce n’est qu’en appliquant des règles claires dans ce domaine que l’on évacuera toutes les sources d’incompréhension en matière d’emploi comme dans d’autres domaines.



En conclusion, on peut rapporter les propos récents (juin 2018) du président du Mouvement démocrate, François Bayrou, de culture politique démocrate chrétienne, face à la crise migratoire qui touche l’Union européenne et de la manière de se comporter envers les migrants notamment ceux qui traversent la Méditerranée venant d’Afrique et le plus souvent des côtes de Libye parce qu’ils montrent toute la complexité d’avoir une position ferme entre les valeurs centristes et la réalité:



«Ceux qui peuvent donner des leçons sur le sujet ont beaucoup de chance. Moi, je n'en donne pas parce que je sais très bien que les réactions de l’opinion publique sont des réactions extrêmement violentes. Vous avez vu qu'Emmanuel Macron a trouvé un équilibre entre la fermeté et l'humanitaire. Ce sont toujours des cotes mal taillées, toujours un peu bancal comme équilibre, puisque l'on prendra notre part des immigrés qui seront admis sur le territoire européen. Je trouve que ça c'est un équilibre, mais ça ne vaut pas une règle générale, ça ne vaut pas un code de conduite, de principe, que nous aurions mis au point tous ensemble et qui nous permette d'avoir une doctrine lisible par tous le monde y compris les immigrés. Mais est-ce qu'on lutte contre les réseaux? Comment lutte-t-on contre les réseaux? Parce qu’il y a des pays qui payent parfois les réseaux pour qu’ils ne transportent pas les immigrés… Et qu'est-ce qu'on fait pour les territoires d'où viennent les immigrés, soit pour des raison de guerre, soit pour des raisons économiques ? Tant que l'Europe n'existera pas en tant que telle, alors à cette question, il n'y aura pas de réponse. Et donc pas de réponse à l'immense question des migrants qui se pose sur toute la planète. Trump a été obligé de faire marche-arrière parce qu'il y a heureusement une loi à laquelle personne ne manquera, c'est que nous ne sommes pas seulement des Etats, nous sommes une civilisation: c’est-à-dire des générations qui se sont construites autour d'un certain nombre de principes qui font que quand sur vos écrans on voit le visage d'un enfant abandonné, cela ne résiste pas un quart de seconde.»





Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC



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- Pour le Centrisme, l’humanisme intégral doit régir les règles de bioéthique