mercredi 11 juillet 2018

Actualités du Centre. Les réactions centristes au discours de Macron

Le Parlement en Congrès à Versailles le 9 juillet
Après le discours du Président de la république, le 10 juillet à Versailles, les orateurs des divers groupes au Parlement ont pris la parole.
Voici les extraits des interventions des représentants des groupes centristes.

Richard Ferrand (député / LREM)
Depuis un an, nous n’avons rien cédé, ni à la tentation de l’immobilisme ni à celle du renoncement. Le travail accompli le démontre, nous sommes en marche (…). La majorité à l’Assemblée nationale peut être fière d’elle. D’aucuns ne donnaient pas cher de cette majorité quasi paritaire, composé de membres issus de la gauche, du centre ou de la droite, et plus en prise avec le réel qu’avec les pratiques politiques. Ma fierté est que nous restons dans notre vie institutionnelle les gardiens du réel, que nous portons auprès de l’exécutif, avec une totale loyauté, les préoccupations et critiques de nos concitoyens. (…)
Dès la première année, la feuille de route de la majorité présidentielle a été scrupuleusement respectée. Et que chacun en soit convaincu : notre volonté prioritaire d’efficacité s’arrime aux valeurs de progrès, de justice et de solidarité. Nous irons plus loin, car le contrôle de l’exécution des lois et l’évaluation des politiques publiques sont indissociables de notre conception du mandat parlementaire, dont nous voulons la mutation profonde.
La société du travail que nous appelons de nos vœux consiste à actionner tous les leviers pour redonner à chacun toutes ses chances. Se libérer des carcans et des blocages qui freinent l’activité, c’est renouer avec le mouvement, l’inventivité et le progrès collectif. (…)
Par nos choix économiques et sociaux, nous avons affirmé notre confiance dans la capacité des Françaises et des Français à développer l’activité et à renforcer les solidarités, en redonnant à chacun les moyens de maîtriser son destin.
(…)  En libérant le travail pour redonner l’envie d’entreprendre, en favorisant l’émancipation par l’éducation et la formation, et en mettant le travail au cœur de notre société, nous donnons de l’espoir et des perspectives aux parents comme aux enfants d’aujourd’hui. (…)
(…) La meilleure, la plus juste, la plus efficace des protections sociales, c’est de faire baisser le chômage et de protéger, dans la dignité, nos compatriotes les plus fragiles. Une bonne politique sociale est celle qui rouvre les portes de la société à ceux qui souffrent de l’absence d’emploi, de la maladie ou du handicap, pas celle qui se contente d’améliorer les conditions de survie par les seuls minima sociaux. Une bonne politique sociale consiste à prévenir les inégalités et pas seulement à les corriger, à s’attaquer à leurs racines et pas seulement à leurs effets dévastateurs. C’est ainsi que nous lutterons contre la pauvreté.
Toutes les transformations que nous menons exigent que soient combattues les inégalités territoriales, que notre démocratie soit modernisée et que le lien entre les citoyens et la nation soit consolidé. (…)
Dans notre République laïque, notre société est traversée par des débats éthiques et philosophiques dont le Parlement aura à se saisir pour les faire vivre, pour les éclairer et pour décider.
Il n’est jamais bon que l’avènement du droit soit à la traîne des évolutions sociétales. Les grands débats sont l’hygiène et l’oxygène de la démocratie. (…)
Pour construire en Europe, pour peser sur le cours du monde et pour relever les défis planétaires, la France doit être forte. Sa force, elle la tire de citoyens éclairés, formés, audacieux et créatifs, d’associations nombreuses et fortes, d’entreprises conquérantes. Les complexités du monde nous sont connues, et nous devons nous en saisir, sans que cela n’effraie ni ne bloque l’action. C’est notre honneur de regarder les réalités en face, des désordres mondiaux aux questionnements philosophiques, des enjeux économiques et sociaux aux nécessités écologiques. C’est l’enchevêtrement de ces complexités qui fonde l’action politique et lui confère sa dignité. Notre charge comme notre raison d’être nous conduisent à continuer d’explorer les terres inconnues du progrès et à défricher de nouvelles espérances : voilà les chantiers des marcheurs, députés de l’an II.

Marc Fesneau (député / MoDem)
(…) Depuis un an, la majorité parlementaire et le Gouvernement sont à la tâche. Trop, diront certains ; mais devant l’urgence de la situation, personne, et certainement pas les citoyens français, n’aurait pu comprendre que nous nous complaisions, au pouvoir, dans le confort de ceux qui croient avoir le temps devant eux quand l’urgence est finalement partout. Urgence économique, urgence du chômage, urgence territoriale, urgence sanitaire, urgence éducative, urgence budgétaire, urgence migratoire, urgence écologique et climatique, urgence sécuritaire, urgence européenne : toutes ces urgences sont le fruit d’années d’inaction, de stérilisation par le débat caricatural entre les blocs, d’incapacité à expliquer, de facilité du laisser-aller et du laisser-faire. (…)
Nous devons tirer leçon des échecs de nos prédécesseurs et défendre une exigence simple mais absolument nécessaire : rester fidèle à la promesse de 2017, rester lucide sur les écueils rencontrés et rester invariablement à l’écoute des Français, quand bien même ce qu’ils auraient à nous dire ne sonnerait pas toujours agréablement à nos oreilles. Cette exigence de réussite pour notre pays nous oblige donc, collectivement, à continuer les transformations engagées par le Gouvernement.
Nous avons souvent entendu des responsables politiques ou des commentateurs dire – pour l’exprimer rapidement – qu’après le « libérer » il convenait d’engager rapidement le « protéger ». Mais je suis finalement sceptique vis-à-vis de l’idée qu’il y aurait d’un côté la nécessité de libérer notre économie pour retrouver le chemin de la croissance et d’un autre celle de protéger pour assurer la cohésion du pays. Je n’ai jamais cru à une frontière, voire à une incompatibilité entre ces deux objectifs. L’un et l’autre se nourrissent et se combinent, et c’est cet équilibre-là qu’il nous faut tenir dans la durée.
Pour nous, le travail est l’un des éléments essentiels de l’intégration sociale. Il est un droit fondamental et l’on sait à quel point la déstructuration de l’idéal et de la cohésion française est liée au chômage de masse.
Quelle famille, quel enfant, quel jeune, quelle structure sociale peut résister au chômage et, plus encore, au chômage de longue durée ? Quelle société n’est pas minée durablement par cette absence d’espoir et de perspectives ? Et combien de territoires vivent, à juste titre, la désindustrialisation ou les crises agricoles comme le signe de leur profond et irréversible déclassement?(…)
Et, de même, il n’est pas de société qui ne puisse continuer de se développer et de prospérer durablement sans l’accès à la connaissance et à l’éducation, l’accès à la culture, la solidarité intergénérationnelle, l’intégration réelle ; sans la capacité de tendre la main à celles et à ceux qui connaissent des accidents de parcours, à qui la vie n’a pas toujours souri, à celles et à ceux qui ne viennent ni des beaux quartiers, ni des territoires les plus prospères ou qui n’ont pas eu la chance de connaître un foyer ou un environnement stables.
Enfin, il n’est pas de société durablement prospère sans le sentiment de la justice et des moyens donnés à chacun de trouver sa place et de gravir les échelons, en préservant les fondements de ce qu’est l’histoire française – la solidarité, l’universalité, l’effort équitablement partagé, la récompense de l’effort consenti, l’État providence actualisé –, sans faire du passé table rase, mais sans s’interdire de s’interroger sur l’efficacité réelle des dispositifs. (…)
Montrer le projet global, montrer et démontrer en quoi nos réformes vont changer la vie de chacune et chacun d’entre nous, donner chair à notre projet, parler au cœur des Français, c’est tout le défi que nous avons devant nous.
Dans le monde tel qu’il est, la raison et la rationalité ne suffisent pas. Dans le monde où nous vivons, parfois si technique et si technocratique, nous avons besoin de plus d’empathie. Cette empathie et cette pédagogie doivent s’opposer à la démagogie des temps. (…)
Coudre et recoudre la tunique unitaire déchirée ; tisser et retisser le lien social et politique, en installant la liberté entre les hommes ; inventer et réinventer la règle et le consentement, l’unité d’un peuple, la solidarité, le droit, la juste représentation, une démocratie équitable, adaptée aux temps et aux mœurs : telle est l’ambition que nous devons nourrir, avec l’humilité de ceux qui savent que tout ne découle pas seulement d’eux mais qu’ils doivent, avec détermination, prendre leur part.

Hervé Marseille (sénateur / UDI)
Le quinquennat qui s’est ouvert l’année dernière ressemble aux planisphères du XVIII° siècle. Sur ces cartes du monde, que chacun a en tête, on voit les contours des continents, mais, à l’intérieur, tout est quasiment terre inconnue.
Le pourtour des continents, c’est le programme du candidat Emmanuel Macron. Un an seulement après son élection, ce programme a largement commencé à être mis en œuvre. C’est la première chose que nous pouvons porter au crédit du Président: il tient ses promesses. Cela n’a pas toujours été le cas.
La deuxième chose que nous mettons à son crédit est la nature même des promesses tenues. Depuis un an, des réformes importantes, et longtemps reportées, ont été engagées. Le groupe de l’Union centriste les a soutenues.
Tel est le cas des ordonnances, qui ont assoupli le code du travail pour donner aux entreprises les marges de manœuvre dont elles ont aujourd’hui besoin.
De même, nous avons voté la réforme de l’accès à l’université car, sur ce sujet, le Gouvernement ne s’est pas borné à prendre des mesures techniques. Il a eu l’audace de poser les jalons d’un changement plus profond.
Enfin, le nouveau pacte ferroviaire constitue aussi une réforme substantielle. (…)
Un an après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, il y a donc un bilan. Nous ne pouvions pas en dire autant à la fin du quinquennat précédent.
Par-delà même le bilan législatif du chef de l’État, il y a un troisième élément que nous mettons à son crédit. Avec lui, nous avons gagné en incarnation internationale. La France retrouve une place. Elle suscite de nouveau l’écoute et le respect de nos partenaires étrangers, ainsi que l’intérêt et la confiance des investisseurs. Et l’embellie de la conjoncture économique nous permet enfin de rentrer dans les critères budgétaires européens. Le quinquennat a donc plutôt bien commencé.
Si bien et si vite, d’ailleurs, qu’il semble déjà s’essouffler. «Et maintenant?» sommes-nous tentés de demander. Après un an d’exercice du pouvoir, l’exécutif semble avoir brûlé une bonne partie de ses vaisseaux. C’est là que nous entrons dans la terre inconnue. (…)
Les signes d’un essoufflement prématuré du quinquennat sont nombreux, trop nombreux pour être passés par pertes et profits.
Nous partageons la volonté du Gouvernement d’améliorer les conditions des plus démunis, en luttant d’abord contre le chômage. Oui, on ne réduira la précarité et les inégalités qu’en relançant l’économie, en augmentant le taux d’emploi et en améliorant l’efficacité du système éducatif. Cette stratégie a pourtant des limites. La restriction du périmètre de l’ISF, l’instauration de la flat tax, la suppression de l’exit tax, la baisse de l’impôt sur les sociétés, l’augmentation de la CSG sur les retraites, voire la baisse des aides au logement sont autant de mesures qui ont pu nourrir l’inquiétude sociale. (…)
Même d’un point de vue législatif, la dérive est perceptible. Après les textes intéressants que j’ai mentionnés, nous arrivent des propositions de loi creuses, par exemple sur la manipulation de l’information – les fake news –, le téléphone portable à l’école ou encore les annonces décevantes et retardées sur l’audiovisuel.
Faut-il s’étonner de cet essoufflement? Non, parce que la machine est en surchauffe car le Gouvernement s’est attaqué à trop de sujets simultanément. (…)
Mais aussi parce que tout semble remonter au sommet de l’État. Or, quand tout remonte, il y a thrombose. C’est d’ailleurs la seule ligne de force qui se dégage de l’ensemble de l’action gouvernementale, celle du renforcement de la concentration. Quand on touche au paritarisme, quand on restreint les moyens des collectivités locales et quand on diminue la représentation parlementaire, que fait-on, si ce n’est recentraliser le pouvoir? (…)
Et si l’action gouvernementale marque un peu le pas, c’est sans doute aussi parce que les Français n’ont pas totalement discerné les objectifs à atteindre. Il faut une ambition : le Président vient d’en redéfinir les contours.
Certes, en matière d’éducation, sujet fondamental s’il en est, surtout lorsque l’on parle de s’attaquer aux racines de la pauvreté, le projet gouvernemental se dessine: donner à chacun les mêmes chances au départ, c’est-à-dire en maternelle et en primaire, pour pouvoir orienter et sélectionner dans le supérieur.
Mais ailleurs, où est le cap? Vendre la France à Versailles et Davos ne fait pas une politique économique, privatiser le groupe ADP ne fait pas une politique industrielle, supprimer la taxe d’habitation ne fait pas une politique fiscale, et bénéficier de la croissance ne fait pas une politique de redressement des comptes publics.
Sur ce dernier point, nous restons sur notre faim.
Visiblement, la ligne budgétaire de l’exécutif n’est pas celle de la maîtrise des dépenses, puisque celles-ci augmentent. On ne parle plus de la dette. Elle n’a pourtant pas disparu par enchantement: elle est toujours là, limitant nos marges de manœuvre et obérant la crédibilité de l’action publique.
Le projet de réforme constitutionnelle est emblématique: réduire le nombre de parlementaires n’est pas une fin en soi. L’important, c’est qu’ils aient demain plus de moyens de contrôle. Raccourcir de quelques jours un des segments de la fabrique de la loi est une bonne chose si, derrière, le rythme de publication des décrets d’application suit.
La bonne nouvelle, c’est que la démarche qui fait défaut à l’action de l’exécutif peut venir du Parlement. L’Assemblée nationale et le Sénat n’ont bien sûr pas vocation à être des chambres d’enregistrement. Elles sont là pour inspirer, accompagner et contrôler l’action de l’exécutif. C’est la carte que nous jouerons lors de la prochaine discussion des textes constitutionnels.
Dès lors que nos propositions sont conciliables avec son ambition, nous faisons le pari que le Gouvernement est ouvert à la discussion. Nos lignes directrices sont simple : respect des droits du Parlement et des équilibres institutionnels, si nécessaires dans une Europe où les populismes progressent; respect de la représentation des territoires si malmenés; respect de la primauté de la volonté du politique sur le gouvernement des juges. On ne peut envisager que, demain, toute action publique soit soumise au bon vouloir de juges chargés de hiérarchiser entre les multiples incantations imprécises de notre texte fondateur.
Sans le Parlement, nous ne réformerons pas la France, pas plus que nous ne relancerons l’Europe.
Plus que jamais, compte tenu de la situation allemande, le sort de l’Union dépend de celui de la France. Ce quinquennat est peut-être celui de la dernière chance, à la fois pour notre pays et pour l’Union européenne. Tout laisse à penser que, si nous échouons aujourd’hui, la France pourrait demain connaître le sort de l’Italie, et l’Europe, voler en éclat.
Depuis le traité de Rome, jamais la construction européenne n’a été autant menacée. La pérennité même de l’Europe d’après le Brexit est remise en cause par la montée des peurs identitaires. Réussir signifie donc aussi faire sortir l’Europe de l’impasse.
(…) Le Président Emmanuel Macron a fait campagne sur le thème de «l’Europe qui protège» – la formule nous convient. Une Europe qui protège, c’est une Europe qui coordonne ses politiques migratoires. A ce titre, même si l’accord du 29 juin est encore un compromis fragile et flou, il est encourageant. Il prouve que l’Europe a encore de la ressource, mais il en faudra plus pour qu’elle devienne l’Europe qui protège.
Une Europe qui protège, c’est aussi une Europe dotée d’un modèle assumé, d’un budget accru, d’une fiscalité harmonisée et d’une armée qui lui soit propre – cette Europe que Simone Veil appelait de ses vœux. Même si un bel hommage vient de lui être rendu au Panthéon, la meilleure façon d’honorer la mémoire de Simone Veil est de relancer la construction européenne. (…)

Jean-Christophe Lagarde (député / UDI).
(…) Même si nous n’appartenons pas à (la) majorité, nous souhaitons sincèrement (sa) réussite puisqu’elle suppose celle de la France. C’est pourquoi la ligne directrice du groupe UDI, Agir et indépendants consiste à soutenir (le gouvernement) lorsqu’(il est) sur la bonne voie et à s’opposer lorsqu’(il) déraille. A nos yeux, après le tremblement de terre politique de 2017, c’est ainsi que nous pouvons être utiles à notre pays et respecter la volonté des Français de voir les responsables politiques changer d’attitude, en finir avec les affrontements stériles et les oppositions feintes.
En somme, nous pensons que les Français attendent de nous que nous jouions la politique en vrai et que nous jugions votre action au cas par cas, comme ils le font eux-mêmes chaque jour. Nous savons bien que cela n’entre pas dans les cases du business médiatique dans lequel chacun est censé jouer un rôle convenu d’avance de soutien aveugle ou d’opposant à tout. Mais peu nous importe, car le débat démocratique doit, selon nous, élever le degré de conscience civique des citoyens, et non pas répondre aux objurgations des réseaux sociaux ni aux injonctions d’une information si permanente qu’elle confond l’accessoire élevé au rang d’événement et l’essentiel ravalé au niveau de l’anecdote.
Les clivages d’hier ne sont plus ceux d’aujourd’hui tant ils ont été bouleversés par la mondialisation. Désormais, notre débat politique est scindé en deux. D’un côté, il y a ceux qui voient avec effroi le monde nouveau, le vrai, dans lequel la globalisation rend tous les pays chaque jour plus dépendants les uns des autres, réduisant inexorablement les marges de manœuvre nationales. Ceux-là veulent faire croire que notre pays serait plus fort en se repliant sur lui-même, en se recroquevillant sur son passé, en s’isolant du mouvement général de la planète avec l’illusion de s’en protéger. De l’autre côté, et c’est un point qui nous est commun, monsieur le Premier ministre, il y a ceux qui, comme nous, comprennent que face à cette évolution du monde, il nous faut choisir de transformer profondément notre organisation économique et sociale mais aussi politique, afin de conserver suffisamment de forces pour demeurer libres de nos choix et de nos modes de vie.
C’est à travers ce prisme que nous pourrions souscrire aux nombreuses déclarations du Président de la République qui prônent la transformation et l’émancipation.
Sur le plan international, tout d’abord, nous saluons l’énergie déployée par l’exécutif pour rendre à la France sa place et son rôle dans ce monde devenu multipolaire où s’affrontent quelques grandes puissances continentales au détriment de tous les autres petits États. C’est là que réside le défi majeur de l’Europe, le seul échelon qui, à condition de faire preuve d’une plus grande unité, est en mesure de défendre efficacement les intérêts nationaux des pays qui la composent pour peser face aux grands pays du monde et même face à ces énormes multinationales nées des nouvelles technologies et dont la puissance dépasse celle de nombreux États. Une Europe plus fédérée est notre seule chance de peser dans les relations internationales pour y protéger nos intérêts, nos modes de vie, et notre vision de l’organisation sociale.
Aussi, si nous soutenons l’engagement européen du Président de la République, nous vous invitons à aller plus loin en proposant de transférer au niveau européen des compétences pour lesquelles les politiques nationales montrent chaque jour leur inefficacité. (…) Les prochaines élections européennes seront à cet égard une occasion unique pour nos concitoyens de dire s’ils veulent faire de l’Europe un véritable bouclier face aux dangers et aux enjeux du monde.
En politique intérieure, les sujets sont nombreux et complexes, et le temps de parole qui nous est imparti ne me permettra pas de tous les aborder sereinement.
En résumé, je dirais que s’achève une première période au cours de laquelle se sont enchaînées des réformes nécessaires, utiles et trop longtemps reportées, telles que la refonte du code du travail, la baisse de l’impôt sur les sociétés, la baisse des charges sociales, le prélèvement unique et forfaitaire sur les revenus du capital, l’amputation d’un impôt sur la fortune contre-productif, la transformation de la SNCF, la reconfiguration de l’enseignement primaire, la tentative déterminée de réduction de notre déficit, creusé de manière irresponsable depuis des années. (…)
Ces réformes obéissent à une logique: libérer les capacités de production de notre pays pour rétablir la compétitivité et créer de l’emploi. Nous partageons cette logique résumée dans l’expression «premiers de cordée», chère au chef de l’État. (…)
Au premier tour de l’élection présidentielle, le Président de la République a été choisi par la France mondialisée, celle qui s’en sort bien, qui sait tirer profit des changements du monde, celle qui, finalement, n’a pas besoin de la politique et qui n’attend d’elle que de ne pas être entravée. Mais j’alerte, cette France-là est minoritaire. Et c’est parce que (cette) politique donne l’impression de ne servir que cette France-là que les Français sont passés en un an de l’espoir au doute.
Quels que soient ses talents et sa détermination, le chef de l’État ne peut pas créer une véritable communauté de destin dès lors que ceux qui vivent dans les banlieues et les territoires ruraux ne peuvent prétendre au même avenir que ceux qui ont les moyens de vivre au cœur des métropoles.
(…) Les fractures sont multiples, se croisent, s’accumulent et s’accentuent. (…) Elles peuvent toutes être atténuées, si ce n’est, résorbées par la volonté des pouvoirs publics. (…)

Jean-Claude Requier (Mouvement radical social-libéral)
(…) Ce qui nous rassemble aujourd’hui, c’est d’abord notre engagement indéfectible pour notre pays et nos concitoyens. Notre vision de l’avenir doit partir du réel. (…)
Le Président de la République vient de décrire le cap qu’il a fixé. Face aux décisions à prendre collectivement, je rappelle ce que déclarait Pierre Mendès France devant les députés le 3 juin 1953, lui dont le courage et l’abnégation constituent toujours des références: «Gouverner c’est choisir, si difficiles que soient les choix.»
Oui, nous sommes face à des choix difficiles qui renvoient à notre responsabilité d’élus de la nation. Ne nous dérobons pas! Le chef de l’État l’a rappelé en filigrane: les défis que nous avons à relever s’inscrivent dans une époque complexe, traversée de mutations intenses et profondes, de dangers inédits qui mettent en tension notre cohésion. Nous avions cru être à l’abri des turpitudes du monde, mais le principe de réalité nous a rattrapés, parfois au prix du tragique, hélas. Ce que nous prenions pour des certitudes est ébranlé, et je pense d’abord aux acquis de la construction européenne, que les populismes menacent de leur idéologie simpliste.
(…) Il est urgent de remettre au cœur de nos actions la philosophie de Jean Monnet, à savoir que l’Europe ne coalise pas des États, mais vise à unir des hommes.
Peut-être nous sommes-nous trop éloignés de l’idéal européen. Peut-être avons-nous aussi perdu au passage le consentement éclairé de nos concitoyens, en étirant le lien de confiance. Pourtant, n’oublions pas que l’Europe ne sera jamais la source de nos maux; elle est, au contraire, le creuset du progrès.
Comme l’a rappelé le Président de la République, les crises auxquelles nous sommes confrontés – crise migratoire, lutte contre le terrorisme, nécessité de la relance économique, lutte contre le chômage et pour le progrès social, lutte contre le réchauffement climatique – ne trouveront à tout le moins de réponse pérenne qu’au niveau européen.
(Nous nous) retrouvons bien sûr dans cette approche, tout comme dans cette volonté de réformer, en dépassant les vieux clivages. Nous sommes fiers de faire vivre depuis longtemps la synthèse des principes inhérents à la République, à savoir l’humanisme, la liberté, la solidarité – qui n’est pas antagoniste à la précédente – ou encore la laïcité, en somme d’établir un pont entre l’ancien et le nouveau monde!
En ces temps incertains, qui voient la République et ses valeurs contestées par certains membres du corps social, certes de façon très minoritaire, nous serons intransigeants sur la défense de nos principes. Oui, il faut nommer et attaquer à la racine ce mal qui veut s’instiller pour fissurer l’unité et l’indivisibilité de la République, à savoir la haine de l’autre, de la différence, de l’altérité et de l’universel, une haine qui nourrit l’obscurantisme et le fanatisme religieux et fait le lit du terrorisme. Comme le disait Édouard Herriot, «combattons la haine imbécile, l’immonde haine, qui n’a jamais rien su créer». Faisons de la laïcité le premier rempart aux divisions de la nation.
La meilleure réponse à y apporter, c’est de faire vivre nos principes républicains, à commencer par l’égalité réelle entre tous les citoyens. Nous savons combien cette tâche est complexe, mais le Gouvernement s’y est attaqué, d’abord dans l’éducation, pour permettre à nos enfants de devenir des citoyens éclairés, responsables et autonomes; ensuite, au nom de l’égalité des chances, en matière d’accès à l’emploi, quelle que soit l’origine de chacun; dans la lutte contre la pauvreté et la précarité; en matière de prévention et de répression de toutes les formes de discrimination, notamment des inégalités entre les femmes et les hommes; ou encore dans la lutte contre les fractures territoriales, afin que plus aucun territoire, urbain ou rural, métropole ou ville moyenne, ne se sente abandonné par l’État et écarté de la marche du progrès, qu’il soit économique, social, culturel ou numérique.
Rendre l’égalité effective pour répondre à la haine, voilà notre devoir en tant qu’élus. Nous savons que beaucoup a déjà été fait, et je tiens à le saluer. Bien sûr, il reste de nombreux chantiers. En l’occurrence, il ne s’agit pas de faire de la réforme une politique incantatoire, qui retomberait comme un soufflé.
Soyons donc lucides: notre démocratie traverse depuis longtemps une crise de représentativité; le lien entre citoyens et élus s’est dangereusement distendu; l’abstention n’a jamais été aussi élevée. La réforme institutionnelle à venir ne peut être abstraite de ce contexte, et nous devons restaurer la confiance. Or celle-ci ne se décrète pas. La réforme de nos institutions est certes nécessaire pour moderniser le fonctionnement de notre démocratie, mais elle ne constitue pas une finalité en soi: elle n’est qu’un outil, au service de nos concitoyens. Il importe donc de rendre la décision politique plus efficace, plus transparente et mieux comprise. C’est pourquoi il est essentiel que les territoires, qui, dans leur diversité, font la France, soient justement représentés, pour que leur voix soit entendue.
C’est au Parlement qu’il revient d’incarner le creuset où ces voix se mêlent, débattent et délibèrent.
C’est aussi au Parlement de porter ces voix, dans son dialogue institutionnel avec le pouvoir exécutif, qu’il s’agisse de faire la loi ou de contrôler l’action du Gouvernement. (…).
Notre pays dispose de nombreux atouts, et nous devrions donc regarder l’avenir avec confiance. Tordons le cou aux clichés, surmontons nos inerties et unissons nos volontés d’agir! (…) Comme le disait encore Herriot, «dans une démocratie, il n’y a d’équilibre stable que par le mouvement».

François Patriat (sénateur / LREM)
(…) Ce chemin (proposé par le Président de la république), a été choisi par le peuple qui, en votant pour le projet de transformation que nous portions, avait signifié sa confiance et son espérance, sa confiance dans la capacité de notre pays à affronter les immenses défis qui se dressent devant lui, son espérance en un avenir dans lequel la France continuera de compter en Europe et à l’international. Un avenir où la France sera de nouveau citée avec respect et en exemple.
Depuis un an, nous, parlementaires de la majorité présidentielle, sommes les garants de ce projet. Mais dans nos territoires, nous devons aussi en être les promoteurs acharnés face à des opposants virulents, ceux qui espèrent prospérer sur les peurs, les oppositions stériles, les postures hypocrites et opportunistes.
(…) L’action politique demande du courage. Elle demande du courage et de la constance. Il faut du courage pour dire la vérité à nos concitoyens. Il faut du courage pour oser engager les réformes nécessaires au redressement de notre pays, à son dynamisme économique, à son attractivité. Ce courage, nous l’avons eu face à l’adversité nihiliste, alors que les nombreux appels à tenir bon arrivent du terrain, et vous les entendez comme moi chaque jour. Mais il faut de la constance aussi. Le temps de l’action législative est long; le temps de l’action administrative l’est encore plus.
En un an, nous avons beaucoup travaillé. Il y a les réformes en profondeur qui étaient nécessaires: celle du code du travail, celle de la SNCF, celle de la sécurité intérieure et celle de la lutte contre le terrorisme (…).
Le projet politique que nous défendons (…) est un projet politique à long terme. C’est le projet d’un quinquennat. Ce n’est pas le projet d’une année.
Ceux qui doutent ou qui critiquent sont ceux qui n’ont pas encore compris la pertinence et la portée du projet présidentiel.
Les annonces du Président de la République confirment notre démarche: celle du «en même temps», celle du «protéger», qui s’inscrira toujours à côté du «libérer».
Non, il n’y a pas lieu d’y voir, comme certains le font si souvent, encore une politique qui ne profiterait qu’à certains, une politique qui délaisserait des territoires. Non, Il n’y a pas lieu de caricaturer et de mentir aux Français.
Oui, le projet gouvernemental est un projet de justice et d’équité sociale. Oui, les réformes passées et à venir sont des réformes profitables à tous, en particulier aux classes populaires, aux plus défavorisés et aux classes moyennes. Oui, nous sommes fiers de ce projet. Face aux conservatismes et à l’immobilisme, nous continuerons à œuvrer pour son succès.
La véritable échéance, (…) elle est dans quatre ans. Dans quatre ans, quand les opportunités économiques seront de retour, quand le pays sera (…) réparé, quand notre jeunesse pourra se saisir pleinement de ses chances, quand les comptes publics tendront vers l’équilibre, quand plus personne ne sera laissé pour compte, alors, à ce moment-là, nous pourrons être jugés, mais pas avant.
(…) La réforme constitutionnelle (…) (est) un rendez-vous à ne pas manquer. Les dernières élections, d’abord présidentielle, puis législatives, ont renvoyé une partie de la classe politique à ses luttes internes dont elle semble ne jamais vouloir sortir – c’est même à se demander si elle n’y délecte pas. Et plus encore, le nombre d’abstentionnistes n’est pas à négliger.
Une première étape a été franchie avec l’adoption des lois pour restaurer la confiance dans la vie politique.
La deuxième étape qui s’ouvre doit renforcer l’indépendance de l’institution judiciaire. Elle doit ouvrir les institutions aux citoyens et aux enjeux contemporains. Elle reconnaîtra tous nos territoires dans leurs spécificités, sans préjudice de l’unité de la République. Elle renforcera l’efficacité de la procédure parlementaire.
(…) Après des années de fausses réformes, parfois contradictoires, il s’agit pour nos territoires, non d’un énième grand soir institutionnel, mais d’une série d’adaptations pragmatiques qui permettront de corriger les éléments d’aberration qui remontent du terrain et qui ont été jusque-là négligées.
C’est le droit à la différenciation, c’est le droit à la dérogation qui achèvent le droit à l’expérimentation.
(…) Un dernier mot enfin sur une autre responsabilité collective, qui consiste à garantir l’unité de la République derrière des principes permettant à tous de vivre ensemble et à chacun de s’exprimer dans un cadre apaisé.
Il y a des principes républicains sur lesquels nous ne pouvons pas transiger. Le principe de laïcité en fait partie. (…)
La crise migratoire européenne que nous connaissons est sans précédent et questionne au plus profond de nous nos valeurs, notre attitude, nos anciennes certitudes. Face à la détresse de ces femmes et de ces hommes, nous ne pouvons rester insensibles. L’action du chef de l’État et du Gouvernement, résolus à trouver une solution européenne à cette crise, sans céder aux populismes, doit être saluée. Des avancées ont été obtenues. Nous devons poursuivre pour être à la hauteur des exigences de l’humanité. (…)