mardi 27 septembre 2022

Propos centristes. France – Budget / Réforme des retraites / Utilisation du 49.3 / Harcèlement scolaire / Allongement des études de médecine / Signes religieux à l’école / Victoire de l’extrême-droite en Italie / Guerre de Poutine contre l’Ukraine…

Voici une sélection, ce 27 septembre 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Elisabeth Borne (Première ministre)
> Sur le budget et les réformes importantes, les Français ne comprendraient pas que le pays n'avance pas. Ma méthode est toujours la même : le dialogue et la recherche de compromis. Le blocage ne viendra pas du Gouvernement.

> Le président de la République, la majorité et moi-même considérons que la réforme des retraites est prioritaire.

> Pourquoi la réforme des retraites est prioritaire ?
- Pour préserver notre modèle social qui est unique au monde.

- Pour continuer à investir dans la transition écologique, l’éducation et la santé.
- Parce qu'elle s’inscrit dans notre objectif de plein emploi.

> Il est important de se redire de dire qu'en France, on a un modèle social unique au monde. Santé, école... On ne peut le financer durablement qu'à condition de produire plus de ressources, de travailler collectivement davantage. Cela passe par un décalage progressif de l'âge effectif de départ à la retraite, en prenant naturellement compte des situations de chacun. Tous les organismes nous disent que les équilibres se dégradent. Nous refusons d'augmenter les cotisations, et refusons de baisser les pensions, on a même prévu de revaloriser les plus petites pensions. La solution est donc de décaler progressivement l'âge effectif de départ à la retraite.

> Sur l'âge effectif de départ à la retraite, je souhaite qu'il y ait du débat, du dialogue et de la concertation avec les partenaires sociaux.

> [Réforme des retraites] On n'a pas prévu de décaler l'âge du taux plein et on doit mieux accompagner les séniors qui cherchent un emploi.

> [Réforme des retraites] Nous prendrons en compte les carrières longues et la pénibilité.

> Nous sommes déterminés à protéger les ménages face à la hausse des prix de l'énergie grâce au bouclier tarifaire qui limite la hausse sur le gaz et l’électricité à 15%. Mais aussi à agir au niveau européen pour éviter une flambée des prix de l'énergie.

> [Utilisation du 49.3] Ma méthode, c'est le dialogue, la recherche de compromis. Les Français ne comprendraient pas qu'on soit bloqués. C'est un outil à la disposition du gouvernement si on constate une situation de blocage. Ce n'est pas ma priorité. La priorité, c'est le dialogue, la recherche de compromis. Le blocage ne viendra pas de ma part.

> La loi est très claire, elle interdit le port de signes religieux à l'école. Je suis déterminée à ce que cette loi soit respectée. On ne transige pas avec les lois de la République. Nous ferons respecter la loi, il n'y a aucun flou sur le sujet.

> Le chauffage n'est pas encore allumé à Matignon. La règle, c'est de chauffer à 19°C.

> On a mis cet été en place une aide pour ceux qui se chauffent au fioul, personne ne comprendrait qu'on n'aide que les énergies fossiles. On va le mettre en place (pour le bois). On va aussi regarder pourquoi le prix du bois explose. Il peut être produit sur notre territoire, on va regarder si certains ne profitent pas de la crise.

> Le prix du paquet de cigarettes va augmenter avec l'inflation.

> On demande des efforts aux laboratoires pharmaceutiques. On peut tous constater qu'ils ont effectivement réalisé un chiffre d'affaires important du fait de la crise sanitaire donc je pense que c'est important qu'ils participent à l'effort collectif.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique)
> [Discours lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2023]
Ce n’est pas un budget de rigueur, ce n’est pas un budget de facilité, c’est un budget responsable et protecteur dans des temps de grandes incertitudes.
C’est un budget qui tient la ligne économique qui a toujours été la nôtre et qui a donné les résultats que vous connaissez sur la croissance, l’emploi, l’investissement.

I. Contexte
Jamais les incertitudes économiques n’ont été aussi grandes :
- La poursuite de la guerre en Ukraine a un impact majeur sur les prix de l’énergie
- Les difficultés économiques de certains de nos principaux partenaires (USA, Chine, Allemagne)
- Les mouvements politiques en Europe
Dans ce contexte, je tiens d’abord à rappeler la très bonne résistance de notre économie :
- Nous avons révisé notre prévision de croissance à 2,7% en 2022, contre les avis et les prévisions de certains qui n’envisageaient pas plus de 2,3% pour la France
- La consommation des ménages a rebondi
- Les investissements se maintiennent
- Tout cela nous conduit à maintenir une prévision de croissance positive à 1% pour 2023
Tout le défi, pour la France comme pour les nations européennes, est de faire retomber la pression inflationniste le plus rapidement possible pour poursuivre dans la voie de la croissance durable, de l’innovation et de l’emploi.
II. Lutte contre l’inflation
1) Pourquoi ?
Dans l’immédiat, la priorité absolue est donc de faire reculer l’inflation. L’inflation restera à un niveau élevé dans les mois qui viennent, de l’ordre de 6%, avant de revenir autour de 4% dans le courant de l’année 2023.
Combattre l’inflation est une priorité économique autant que politique. Car l’inflation est une menace directe sur les ménages les plus modestes, les classes moyennes et les retraités. C’est un facteur de désorganisation des chaînes de valeur, qui peut obliger certaines entreprises industrielles à réduire la production voire à fermer les usines.
Une inflation trop forte est un poison pour les démocraties.
2) Comment ?
a) Ménages
- Bouclier énergétique
Depuis l’automne 2021, nous avons adopté un bouclier énergétique qui a maintenu les prix de l’électricité et du gaz à des niveaux raisonnables. Cela nous a permis de conserver le niveau d’inflation le plus faible des pays de la zone €.
Nous maintiendrons donc le bouclier énergétique. Les prix du gaz et de l’électricité augmenteront de 15% au début de l’année 2023, alors que ces factures auraient dû doubler.
Le coût net de ce bouclier est de 16 Md€ : 11 Md€ pour le bouclier gaz et 5 Md€ pour le bouclier électricité. Nous réduisons ce coût brut grâce au prélèvement obligatoire sur les énergéticiens qui tirent une rente de la flambée des prix de l’électricité. Tous les énergéticiens seront mis à contribution tant que la crise durera.
Nous refusons les rentes. Nous faisons en sorte que tous ceux qui bénéficient mécaniquement de la forte augmentation des prix énergétiques reversent leurs gains pour la protection de nos compatriotes et de nos entreprises.

Je me réjouis que la Commission européenne ait repris à son compte ce mécanisme.
- Barème de l’impôt
Nous aurions pu indexer le barème de l’IR sur les salaires. Nous avons fait le choix d’indexer sur le niveau d’inflation hors tabac, soit 5,4 %.
Nous avons donc évité à tous ceux qui sont soumis à l’IR de payer plus d’impôt. Le revenu disponible après impôt restera le même pour tous les ménages même si leur salaire augmente. Nous restons donc fidèles à notre politique du travail qui paie.
b) Entreprises
- TRV
Toutes les entreprises qui possèdent un chiffre d’affaires inférieur à 2 M€, et comptent moins de 10 salariés, continueront à bénéficier du Tarif Régulé de Vente, avec une hausse contenue de 15%.
- Guichet pour les aides aux entreprises
Pour toutes les entreprises, nous avons simplifié le guichet pour les aides à 2 M€. Il sera opérationnel le 3 octobre pour toutes les périodes passées :
- Energie représente 3% du chiffre d’affaires en 2021
- Baisse du résultat d’exploitation sur 1 mois
Pour les entreprises énergo-intensives qui sont éligibles aux aides à 25 ou 50 M€, des négociations sont en cours avec la Commission. J’ai proposé trois modifications majeures :
- Que le critère de la part de l’énergie dans le chiffre d’affaires, qui est actuellement de 3%, soit abaissé et qu’il ne soit plus calculé sur la base de 2021 mais sur la base du chiffre d’affaires 2022 (ou contemporanéisée)
- Le critère simple de la baisse des bénéfices sur 1 mois
- Que le plafond des aides passe de 25 à 50 à et de 50 à 100 M€
La Commission fera prochainement ses propositions. Nous avons déjà obtenu que ces propositions interviennent en octobre plutôt qu’en janvier 2023, pour aider au
plus vite les entreprises.
Pour toutes ces entreprises, les crédits ouverts en 2022 (3 Md€) resteront ouverts en
2023.
Nous n’avons pas laissé la crise du covid19 détruire nos entreprises et nos commerces. Nous ne laisserons pas l’inflation des prix de l’énergie détruire notre outil industriel.
C) Collectivités locales
Un fonds de 430M€ a été mis en place lors du PLFR 2022 pour financer les surcouts de l’énergie des collectivités en difficulté. 20 000 communes sont éligibles. Je rappelle par ailleurs que 30 000 communes bénéficient directement du tarif réglementé, protégé par le bouclier tarifaire.

III. Transformation de l’économie
Dans ce budget, nous poursuivons aussi la transformation de notre économie pour atteindre les objectifs stratégiques de 2027 : le plein-emploi et le passage sous les 3% de déficit public.
Notre stratégie reste la même : les réformes, le soutien à la croissance et les réductions de dépenses.
1) Réformes
Cela exige d’abord que nous tenions bon sur nos réformes.
Réforme de l’assurance chômage. Alors que nous avons 360 000 emplois non pourvus dans notre pays, personne ne comprendrait que nous maintenions les règles existantes. Notre majorité peut être fière d’avoir porté avec Elisabeth Borne des changements majeurs sur l’assurance chômage. Les propositions faites par Olivier Dussopt rendront l’assurance chômage plus incitative pour la reprise de l’emploi.
Réforme des retraites. Le président de la République a été clair : la réforme des retraites doit rentrer en vigueur à l’été 2023. Je suis convaincu que nous pouvons porter une réforme juste et efficace dans des délais raisonnables. Le président de la République a reçu un mandat pour cela au moment de la campagne présidentielle.
Nous ne réformons pas les retraites pour le plaisir de les réformer. Nous le ferons parce que c’est la condition du financement de notre modèle de protection sociale et de notre prospérité collective.
Ces deux réformes doivent s’accompagner d’une réflexion globale sur la place du travail dans notre société : sens, rémunération, attentes de la nouvelle génération qui cherche à concilier vie personnelle et vie professionnelle.
2) Soutenir la croissance
- Baisse des impôts de production
Nous sommes la seule majorité qui a baissé de 10 Md€ les impôts de production. Nous continuerons, avec la suppression de la CVAE : 4 Md€ en 2023, 4 Md€ en 2024.
- Innovation
France 2030 jouera un rôle clef. C’est pourquoi nous avons inscrit 6 Md€ d’engagement dans le budget 2023.
J’attends que ces efforts sur les financements renforcent les grands groupes industriels (automobile, aéronautique, pharmacie) dans leur stratégie de relocalisation.
3) Réduction de dépenses publiques
Nous sommes sortis du « quoiqu’il en coûte », qui était la bonne réponse face à la récession liée au covid19. Le « quoiqu’il en coûte » serait une faute économique face à
l’inflation. Il ne ferait qu’alimenter davantage l’inflation.
Nous avons donc mis fin aux crédits de relance et au dispositif d’urgence.
Par ailleurs, les dépenses publiques restent inférieures de 0,2 pt a niveau de l’inflation. Elles sont donc contenues.

IV. Transition écologique
Ce budget 2023 consacre beaucoup de moyens sur le gaz. C’est une nécessité, en raison de la crise énergétique. Mais il comporte des avancées importantes en matière de climat :
- Le budget de MaPrimeRénov passe de 2 Md€ en 2022 à 2,5 Md€ en 2023. Nous
sommes prêts à réfléchir à une amélioration du dispositif, au profit d’un
mécanisme de rénovation globale
- 1,3 Md€ pour le verdissement du parc automobile. Le bonus pour les véhicules
électriques passera de 6000 à 5000€. Nous maintiendrons les primes à
conversion au même niveau.
Je constate que les Etats-Unis réservent leurs bonus aux véhicules produits sur leur territoire. Nous devons garantir à nos concitoyens que notre bonus ira à des véhicules produits sur le territoire européen ou strictement conformes aux nouveaux standards environnementaux
- 250 M€ pour le nouveau plan vélo
Pour accompagner les collectivités territoriales, un fonds vert doté de 1,5 Md€
sera créé en 2023 (comme annoncé par Elisabeth Borne)
- Enfin, signe que nous embrassons un virage vert ambitieux et structurant : la fin des garanties export. La France ne donnera plus de garanties pour des projets à l’export pour aucune énergie fossile, depuis l’exploration jusqu’au raffinage, en passant par le transport.

V. Finances publiques
Ce budget reste conforme aux engagements pris en matière de finances publiques.
Sur la question des dépenses.
- Les dépenses de l’Etat baisseront de 0,2% en volume par rapport à la loi de
finances rectificative 2022
- Nous tiendrons notre objectif de + 0,6% en volume toutes administrations
confondues, soit le chiffre d’augmentation le plus faible depuis 20 ans
- Cela permettra de tenir le déficit à 5% 2023 et la dette publique à 111,2% en fin d’année
Le rétablissement des finances publiques demande de la fermeté et de la constance. Cette fermeté et cette constance sont d’autant plus nécessaires que les taux d’intérêt augmentent (2,5% pour les obligations à 10 ans). Nous accueillons donc avec intérêt les propositions des parlementaires (Daniel Labaronne) sur ce sujet (exemple: principe d’un ticket modérateur sur le compte personnel de formation).

VI. Conclusion
Je voudrais conclure en évoquant l’état d’esprit avec lequel j’aborde ce PLF 2023. Je souhaite que nous aboutissions à un compromis. Mais je trace aussi une ligne rouge : pas de nouvelles dépenses qui ne soient financées à l’€ près.
A tous ceux qui nous proposent des dépenses supplémentaires en dizaines de millions, en centaines de millions voire en milliards, je le redis : la France est à l’€ près.
C’est la seule condition pour que nous restions une grande puissance économique, respectée par ses partenaires, prête à investir, capable de protéger ses compatriotes.

> D'ici à la fin de l'année, la France stoppe les garanties export pour toutes les énergies fossiles depuis l'exploration jusqu'au raffinage, en passant par le transport. C'est une décision forte et radicale du gouvernement en faveur du climat !

 

Gérald Darmanin (ministre de l’Intérieur et des Outre-mer)
> Le budget 2023 du ministère de l’Interieur est historique, avec une hausse de 1 milliard 250 millions d’euros et plus de 3000 emplois créés, dont 2874 policiers et gendarmes. Cette priorité donnée à la sécurité de nos concitoyens est conforme aux engagements Emmanuel Macron.

 

Catherine Colonna (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> [Budget 2023] Augmenter notre ambition implique d’augmenter nos moyens. L’aide publique au développement continue sa hausse avec 860M€ en plus. L’action extérieure de l’État recevra 160M€ supplémentaires. Pour la 1e fois depuis 1993 nous créerons des emplois avec 100 ETP.

 

Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> Comme prévu dans la loi de programmation militaire 2019-2024, le budget 2023 confirme l’augmentation du budget du ministère des Armées de 3 milliards d’€ afin d'atteindre 43,9 milliards d’€. Cela illustre la priorité donnée pour la modernisation de nos armées par Emmanuel Macron.

 

Pap Ndiaye (ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> Le budget de l’éducation et de la jeunesse pour 2023 connaît une augmentation inédite de 6,5%. Près d’un milliard d’euros consacré à la hausse de la rémunération des enseignants : je me réjouis de cette hausse de nos moyens, qui prolonge et accentue un effort continu depuis 2017.

 

Sylvie Retailleau (ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche)
> La médecine générale est aujourd’hui la seule spécialité à n’avoir que 3 années de formation en 3ème cycle.

> Le 26 septembre 2017, le président Emmanuel Macron détaillait à la Sorbonne sa vision pour une Europe souveraine, unie et démocratique. En 5 ans, quelles avancées pour les étudiants ! Depuis 2017 :
- 44 universités européennes ont été lancées
- 37 établissements français sont impliqués
- doublement du budget européen pour Erasmus
- lancement du programme ALMA pour les jeunes sans diplôme, emploi ou formation.

> En cette journée mondiale de la contraception [26 septembre], je salue l'engagement des professionnels des services de santé universitaires pour qu'une solution de contraception soit accessible à toutes les étudiantes et tous les étudiants.

 

Marc Fesneau (ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> Près de 6 milliards d'euros seront consacrés en 2023 à notre agriculture. Cette augmentation de 20% par rapport au budget précédent est le signe de notre engagement et de notre détermination à agir au profit de nos agriculteurs et pour notre souveraineté alimentaire.
Assurance récolte, plan de relance, pacte d’orientation et d'avenir... 3 axes guideront l'action du ministère :
- soutien aux exploitations et aux filières
- prévention et adaptation face aux risques sanitaires et climatiques
- la formation des jeunes et l'innovation.

Des défis majeurs que nous relèverons collectivement pour améliorer la résilience de notre agriculture et assurer ainsi notre souveraineté.

> Nos éleveurs sont aujourd’hui confrontés à une triple difficulté :
- Hausse des prix des céréales pour l’alimentation animale - raréfaction des fourrages du fait de la sécheresse
- Hausse des coûts des matières premières. Tout ça fragilise en profondeur notre agriculture.
J’ai tenu à me rendre ce samedi dans le Finistère sur une exploitation polyculture-élevage afin d’échanger avec les exploitants et les acteurs agricoles sur la situation actuelle et la mise en œuvre des mesures de soutien pour accompagner nos agriculteurs.
Dans cette situation, préserver notre souveraineté alimentaire constitue un impératif. Et pour y parvenir, nous avons tous un rôle à jouer : agriculteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs. Il en va de l’avenir de notre agriculture.

> [Union européenne] Depuis 2017, une stratégie appuyée sur une vision, des avancées concrètes et la capacité à faire en sorte que les crises renforcent le projet des pères fondateurs plutôt qu’elles ne le détruisent.

> L'agriculture a besoin de travailler sur le temps long dans ce monde qui est irrémédiablement, pour l’instant, mais nous sommes des artisans du temps long et de la pensée longue. Et l'agriculture, elle a besoin aussi qu'on la pense dans le temps long.

> Nous sommes une société, vis-à-vis de l'agriculture, mais vis-à-vis finalement de tous les sujets du monde, qui prône la différenciation, la différence, le respect de l'autre et qui, à longueur de journée, a du mal à vivre avec la différence.
Je suis très frappé de cela en permanence. Nous sommes une société qui vit la différence non pas comme une richesse mais comme une violence, une remise en cause personnelle et qui pense le respect comme le respect de soi-même, mais pas le respect forcément de l'autre. Et nous avons besoin de construire une société qui accepte la différence, pas la sienne, mais qui accepte la différence de l'autre, car, pour moi, c'est un enrichissement. La majorité doit respecter les minorités, les minorités doivent respecter les minorités et les minorités doivent aussi respecter les majorités. C'est cela le respect de la différence et de la bienveillance.

> Notre pays n'est pas le moins armé pour faire face aux tempêtes, il l'a déjà fait, il faut nous tenir prêts enfin parce que, ne sachant ni le moment ni l'heure des combats que nous aurons à mener, non pas les combats des temps sombres, non pas l’heure des collapsologues et des théoriciens du chaos, mais l’heure de ceux qui ont toujours été là pour tracer un chemin, pour lutter contre les extrêmes et qui, inlassablement, ont été prêts à repartir au combat et à remettre en jeu.

 

Christophe Béchu (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires)
> Le budget consacré à la transition écologique est inédit, il répond à l’urgence et aux nombreux défis : lutter contre le réchauffement climatique, notamment en décarbonant notre mix énergétique, préserver la biodiversité et assurer la cohésion de nos territoires.
La France est un pays riche de sa biodiversité. Ce patrimoine commun est capital pour l'avenir. L’eau, la biodiversité et la prévention des risques feront l’objet d’un soutien renforcé en 2023 afin d’amplifier la reconquête des espaces naturels et anticiper les crises.
Accompagnement inédit des collectivités avec le fonds d’accélération de la transition écologique. Ce budget sera à l’échelle des territoires et pourra s’appuyer sur les contrats de relance et de transition écologique.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> [Budget 2023] Des moyens historiquement élevés pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et renforcer notre souveraineté énergétique. Notre priorité : accompagner les Français dans cette transition, tout en les protégeant face à la hausse des prix grâce aux boucliers tarifaires.

> [Plan de sobriété énergétique] C’est une démarche qui vise à répondre à la lutte contre le réchauffement climatique (…) nous voulons sortir des énergies fossiles.

> Accélérer les procédures, libérer les terrains en bord d’autoroute et au-dessus des parkings, partager la valeur : voilà comment nous voulons aller deux fois plus vite sur les énergies renouvelables.

> La sobriété est portée par le GIEC, elle est portée comme un élément nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique.

> La sobriété énergétique est une démarche qui va s’inscrire dans le temps, il faut arriver à une économie d’énergie à 40% à horizon 2050 c’est ce que les experts de RTE nous fixent comme objectif.

> La sobriété énergétique ce n’est pas moins produire mais chercher des économies sur l’énergie pour mieux produire et faciliter la compétitivité des entreprises.

> [Programmation pluriannuelle de l’énergie] Cette programmation a vocation à être revue, la précédente doit évoluer, elle va intégrer une augmentation de notre production d’électricité.

> Je porterai un projet de loi qui permettra d'accélérer l'installation de nouveaux réacteurs nucléaires dans des sites qui sont déjà existants
Nous avons des réserves foncières dans nos centrales (…) et nous lançons le débat public à la fin du mois d'octobre parce que nous voulons tenir notre calendrier sur le nucléaire.
Ces sites, on les connaît déjà d'un point de vue environnemental et d'un point de vue d'archéologie. On sait déjà qu'ils sont artificialisés et donc on peut se dire que nous pouvons aller plus vite sur les phases d'instructions administratives parce qu'on ne va pas apprendre des choses particulières.
C'est au fond, là aussi, une mesure de bon sens pour gagner du temps et faire en sorte de construire l'indépendance énergétique de notre pays
> [EPR] Ce sont des projets de long terme, avec des phases de construction qui sont très complexes. Donc le calendrier nous amène à annoncer un EPR qui ne serait pas en service avant 2035.

> [Projet de loi pour l’accélération du nucléaire] Notre objectif est de faire en sorte d’accélérer les procédures administratives, on peut aller plus vite sur les phases d’instructions administratives, c’est une mesure de bons sens.

> [Eoliennes] Le sujet aujourd’hui c’est de sortir des énergies fossiles, elles tuent la biodiversité et créent une dépendance de notre pays.

> [Importation par l’UE du gaz en provenance de l’Azerbaïdjan] L’Europe a condamné et elle est toujours très claire sur ces principes en matière de droit de l’Homme c’est un des rares continents à prendre ses responsabilités.

 

François Braun (ministre de la Santé et de la Prévention)
> C’est la volonté d’Emmanuel Macron, la prévention tiendra une place centrale dans le budget de la Sécurité sociale en 2023. Bilans de santé aux âges clés, dépistage des IST et accès à la contraception d’urgence facilités : nous passons à la vitesse supérieure pour la santé des Français.

> Comme s’y est engagé le Président de la République, nous allons faciliter l’installation des jeunes médecins généralistes en renforçant leur formation par une quatrième année d’études, en pratique ambulatoire.
Afin d’identifier les conditions de réussite de la réforme, et les leviers les plus efficaces pour accompagner les jeunes médecins, nous lançons une mission dédiée. La concertation de toutes les parties prenantes dans les mois à venir est indispensable.

> [Un an d'internat en plus] Cette quatrième année est faite pour améliorer leur formation. Nous allons inciter fortement à la faire dans des déserts médicaux, avec une rémunération différente, des possibilités de logement, des maîtres de stage bien formés.

> [Lutte contre les déserts médicaux] Un médecin libéral s’installe où il veut. Un médecin qui choisit le service public, il va où il y a un poste.

> [Huitième vague de covid19?] Nous constatons depuis trois semaines une reprise de la circulation du virus. On se dirige vers une nouvelle dose de rappel, pas pour toute la population : les personnes fragiles, les personnes de plus de 60 ans.

> [Retour du masque] Il faut faire confiance aux Français. Le masque dans les transports, les gestes barrières : ça vous protège de la transmission de la grippe, du covid19. Lorsqu’on est les uns sur les autres, c’est plus raisonnable de mettre son masque.

> [Variole du singe] La situation va mieux. Nous avons vacciné plus de 110 000 personnes. Le nombre de cas de contaminations chute de jour en jour, donc oui, nous pouvons dire que ça va mieux.

> [Tri aux urgences : bientôt la norme] Ce n’est pas un tri : on réoriente les patients. Ça veut dire que les médecins de ville puissent accepter les patients en journée. Le principe est simple : avant de vous déplacer, appelez.

> [Trois bilans de santé individuels gratuits] Nous avons énormément de retard sur la prévention en France. Ces bilans s’adressent à tout le monde mais la cible est bien sûr les gens qui sont loin du soin.

> [Déremboursement des arrêts maladie en téléconsultation] On parle de 110 000 arrêts de travail faits par téléconsultation. C’est deux fois plus que l’année précédente. Dans 80% des cas, ce sont des patients qui ont un médecin traitant. Ça interroge.

> [Prix du paquet de cigarettes] Ce que je suis prêt à assumer, c’est que le prix du tabac suive l’inflation. L’ensemble des produits du tabac – tabac chauffé, tabac roulé – vont avoir la même taxation.

> [Taxer les laboratoires pharmaceutiques] On parle de la biologie médicale qui a vu son chiffre d’affaires augmenter de 20% avec le Covid. Ces 20%, c’est payé par la Sécurité sociale donc il est normal qu’ils participent à équilibrer les comptes.

> [Facturer les rendez-vous médicaux non-honorés] Il faut résoudre ce problème. Ce qui est inadmissible, c’est de ne pas prévenir. Il y a une ressource pour regagner du temps médical. Il n’y a pas de tabou.

> [Cyberattaque à l'hôpital de Corbeil-Essonnes] Je condamne très fortement ce type d’attaques que l’on peut qualifier de terroristes. Ce sont des attaques qui mettent en danger la vie des patients. Aucun hôpital ne paiera une rançon.

 

Jean-Christophe Combe (ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées)
> Le budget 2023 marque un engagement fort du Gouvernement pour protéger les familles et lutter contre les inégalités de destin.
Première brique du service public de la petite enfance porté par le
Gouvernement, la réforme du CMG permettra de rendre l'accueil par un assistant maternelle aussi accessible que la crèche et d'harmoniser le reste à charge entre ces deux modes d'accueil.
30% des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté. C’est pourquoi nous agissons encore plus pour qu’elles aient accès aux mêmes droits et aux mêmes services. Avec un objectif : permettre aux enfants d’avoir accès aux mêmes chances.

 

Franck Riester (ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement)
> Concertation, ce n’est pas procrastination ! Du temps pour discuter des retraites, oui, pas pour éviter la réforme. Les Français ont voté pour deux fois. Elle est nécessaire, et même indispensable.

> Si un député d’opposition négocie avec le gouvernement et vote le budget, il ne devient pas pour autant un député de la majorité ! L’intérêt général doit prévaloir sur les traditions politiciennes.

> On veut essayer de trouver une solution par un vote sans passer par le 49/3. On espère réussir à convaincre un certain nombre de députés de l’arc républicain, de voter ou de ne pas contre le Budget.

> Pas de faux débat. Le président de la République a été clair: il a mis réforme des retraites sur la table du débat présidentiel et il a dit qu’il souhaitait le report à 65 ans. Personne ne peut dire qu’il a été pris par surprise. 

> Mélenchon a un comportement de violence vis-à-vis des journalistes absolument scandaleux et une politique qui vise à créer la haine entre Français.

> Jean-Luc Mélenchon se croyait Premier ministre, le voilà dernier sinistre. Son vrai visage, c’est la violence. Violence contre les institutions, contre les journalistes, et maintenant contre les droits des femmes.

> Marine Le Pen n’écoute rien et ne propose rien. A la sortie de son entretien avec Elisabeth Borne, elle ressort ses éléments de langage tout prêts d’opposante systématique.

 

Isabelle Rome (ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Egalité des chances)
> C'est la journée mondiale de la contraception [26 septembre]. En 2023, la pilule du lendemain sera gratuite pour toutes les femmes, sans limite d’âge et sans ordonnance.

> La promotion de l'inclusion et de la diversité dans le monde professionnel sont des enjeux majeurs pour bâtir un monde plus juste et plus durable.

> [Il faut une] nécessaire féminisation des filières énergétiques, en plein essor et qui recrutent. Les femmes doivent être plus représentées dans ces filières d'avenir.

 

Gabriel Attal (ministre délégué chargé des Comptes publics)
> Avoir un budget responsable ne veut pas dire avoir un budget d'austérité.

> Le rythme de réduction de la dépense publique (...), c'est l'effort le plus soutenu depuis 20 ans.

> Nous sommes sortis du quoi qu'il en coûte, et nous sommes dans le combien ça coûte. Un euro dépensé est un euro raisonné, évalué, utile à la protection des Français.

> En cas de nouvelle situation d'explosion des prix, on accompagnera les Français, et on passera sur une aide ciblée pour des raisons de finance publique.

> Au sein du gouvernement, tout le monde est convaincu de la nécessité de faire la réforme des retraites.

> [Discours lors de la présentation du projet de loi de finances 2023]
Ce budget est probablement l’un des budgets dont la
préparation a été la plus exigeante depuis plusieurs années, pour plusieurs raisons.
C’est un budget qui est exigeant du fait du cadre international, du cadre macroéconomique avec un certain nombre d’aléas qui pèsent sur le cadre macroéconomique au niveau international et avec un certain nombre de dépenses qui sont prévues dans ce budget, notamment pour le bouclier tarifaire, qui sont évidemment soumises à l'aléa des évolutions de prix sur le marché. Quand vous devez prévoir une dépense pour l'an prochain pour contraindre la hausse du prix de l'électricité et du gaz pour les ménages, évidemment, il faut être capable d'évaluer ce que sera le prix de l'énergie, l'an prochain et donc ça nécessite un travail extrêmement exigeant.
C'est exigeant aussi du point de vue du contexte de nos finances publiques et du cadre dans lequel nous nous sommes inscrits pour revenir sous les 3 % en 2027.
Exigence, enfin, du fait du nouveau contexte politique et parlementaire, puisque nous n'avons plus la majorité absolue, ce qui implique dans la préparation même du budget – et c'est ce que nous avons fait avec les dialogues de Bercy –, de travailler en amont avec
les différents groupes de la majorité et de l'opposition.
Le budget que nous vous présentons aujourd'hui, c'est un budget de protection.
Protection, d'abord du pouvoir d'achat, dans le contexte de crise de l'inflation et je ne reviens pas sur les chiffres sur le bouclier tarifaire mais qui vont nous permettre de continuer à protéger les Français, à protéger leurs factures d'électricité et de gaz.
La protection ensuite, c'est la poursuite du réarmement de nos services régaliens, de la police, de la justice, de la défense, avec 3 milliards de plus pour la défense nationale, conformément à la loi de programmation militaire, 1,4 milliards de crédits supplémentaires pour nos forces de sécurité intérieure, et un budget du ministère de la justice qui augmente une nouvelle fois de 8 %. Nous continuons à investir dans la mission protectrice de l’Etat. C’est cela qu’attendent les français.
Protection, ensuite, par l’emploi. Nous continuons à investir massivement pour que l'emploi se développe dans notre pays, que l'activité économique se développe. Ça veut dire commencer très tôt en investissant dans l'éducation de nos enfants. 3,7 milliards d'euros en plus l'an prochain pour l'éducation. Aucun professeur ne gagnera moins de 2 000 euros net par mois à partir de la rentrée prochaine.
Continuer à investir aussi pour la formation, pour l'apprentissage. 6,7 milliards d'euros de crédits supplémentaires pour l'emploi et l'apprentissage. Nous avons un objectif, que je rappelle : atteindre le million d'apprentis d'ici 2027.
Protéger les Français, c'est aussi protéger nos comptes publics. C'est évidemment une mission que j'applique à la lettre, conformément à l'engagement du président de la République, de la Première ministre et de Bruno Le Maire.
Je continuerai à défendre le combien ça coûte, après le quoi qu'il en coûte. Dans le contexte, toutes dépenses engagées doit être une dépense immédiatement utile, et nous agissons avec un cadre qui est celui de la réduction de notre dépense publique.
Entre 2022 et 2023, la dépense va baisser de 2,6 % en volume. Entre 2022 et 2023, le poids de nos dépenses dans le PIB va baisser. Il passe de 57,6 % en 2022 à 56,6 % en 2023, et il atteindra 53,8 % en 2027. Nous avons une trajectoire, nous tenons cette trajectoire quand bien même le cadre est évidemment et difficile, avec les aléas que nous rappelions tout à l'heure, les aléas géopolitiques, les aléas économiques. Nous avons donc une détermination absolue dans les débats que nous abordons à poursuivre dans cette direction.
Agir pour la protection des Français, agir pour la protection de nos comptes publics. Il ne s’agit pas d’injonctions paradoxales ; nous l’avons démontré ces dernières années, nous le démontrons encore une fois dans ce budget. Et c’est ce qui va nous guider dans les prochains mois, à l’occasion des débats au Parlement.

 

Olivia Grégoire (ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme)
> Les petites et moyennes entreprises en Europe représentent 99% du tissu économique européen et 2/3 des salariés européens. Leur croissance doit permettre d’assurer plus d’indépendance à l’Europe en faisant émerger des leaders.

> Il n'a jamais été aussi important pour les entrepreneurs de se parler, de partager, de se rapprocher. Les entreprises dans les territoires font la force de la France à l'international.

 

Charlotte Caubel (secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> [Lancement d'une campagne de prévention contre le harcèlement à l'école] On met en avant trois numéros de téléphone essentiels : sur le harcèlement scolaire le 30 20, sur le harcèlement numérique le 30 18 et plus généralement sur l'enfance en danger, le 119.
Il y a une spécificité. Au sein de l'école, le harcèlement scolaire justifie que l'Éducation nationale se soit saisie de ce sujet et que les écoutants soient des professeurs ou des cadres qui accompagnent les enfants avec leur lecture des choses.
En matière de harcèlement numérique, il y a aussi une spécificité. Les écoutants du 119, fondamentalement centrés sur l'enfance en danger, les violences, les maltraitances, n'avaient pas nécessairement toutes les compétences pour accompagner sur le harcèlement numérique, qui est un peu spécifique. Ce sont donc des métiers différents", insiste la magistrate. Les enfants qui appellent ces numéros peuvent bénéficier de l'anonymat.

> [Harcèlement scolaire] Il n'y a pas meilleur ambassadeur pour un enfant qu'un autre enfant. Ils ont une grille de lecture extrêmement adaptée, ils sont à hauteur d'enfant. Donc, l'Éducation nationale a désigné des ambassadeurs et les a formés pour accompagner, repérer. C'est une solution tout à fait efficace.

> [Harcèlement scolaire] Les adultes ne doivent pas hésiter à appeler puisqu'ils ont droit au même processus d'anonymat. (...) J'ai eu l'occasion d'écouter le 119, et il y a des mamans, des grands-mères ou des parents qui peuvent appeler pour échanger avec les écoutants sur la réalité de ce qu'ils ont pu découvrir et la façon dont ils peuvent gérer cela.

 

Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Je mène une délégation parlementaire, toute cette semaine, en Pologne et en Ukraine. Nous sommes venus témoigner du soutien de l’Europe tout entière au peuple ukrainien, qui se bat avec force et courage.
La politique, c’est faire pour les autres. Derrière le conflit, il y a une réalité humaine, il y a des femmes et des enfants forcés de quitter leur maison pour fuir l’horreur. C’est cette réalité, ce sont ces personnes que nous avons voulu rencontrer.

> J’ai trouvé qu’il y avait un grand décalage entre ce que je pouvais lire et ce qui se passait réellement. Certains disaient que l’on ne pourrait rien tirer de cette assemblée, faute de majorité absolue. En réalité, les députés se sont installés, les instances de gouvernance du Palais Bourbon ont été élues, les premiers débats ont eu lieu, on a voté des textes, conclu des accords avec le Sénat… L’Assemblée est gérable ! En faisant différemment, avec plus de dialogue et de concertation, mais elle fonctionne. Et c’est extrêmement intéressant.

> Il faut distinguer le fonctionnement institutionnel de l’Assemblée et les débats politiques sur les réformes que le gouvernement souhaite conduire. S’agissant du fonctionnement, chacun a à cœur d’avoir une institution qui marche. Les réunions internes d’organisation du travail sont donc des moments de collégialité où tous les groupes sont représentés. Il y a un dialogue apaisé et nous parvenons à prendre des décisions communes. Quand on est dans l’hémicycle, c’est autre chose et c’est bien normal. Nous sommes sur du débat politique, d’idées. Il y a de vraies divergences.

> En août, lorsque nous avons acté qu’il n’y aurait pas de session extraordinaire, personne ne s’y est opposé. Et ce n’est pas parce que l’Assemblée nationale ne se réunit pas dans l’hémicycle qu’elle ne travaille pas. Elle est à l’œuvre 365 jours sur 365.

 

Haut-commissariat au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)
> Jamais dans l'Histoire des peuples, une orientation extrémiste n'a apporté du bien-être et de l'épanouissement aux peuples. Jamais. Le seul épanouissement vient de réponses équilibrées et sensibles, pour comprendre et répondre aux sentiments des citoyens.

> Vous sentez bien la vague de dérive qui existe dans toute l'Europe. En Suède, il y a une coalition avec l'extrême-droite. En Italie, Meloni arrive au pouvoir. Il y a une inquiétude chez les peuples, qui tient de l'identité et de la démocratie.

> La France est cosignataire des traités qui ont fondé l’Union européenne donc co-responsable du respect par quelque gouvernement que ce soit des droits fondamentaux.

> [Réforme des retraites] Le Gouvernement et le Président ont à l'esprit ce qui se passe et ce qui est perçu par le peuple. Si cette méthode de passer sans préparation était choisie ça voudrait dire qu’on a pas changé de méthode et ne croiraient plus ce que l'on dit.

> Emmanuel Macron a exprimé lui-même que la méthode devait changer sur les grandes réformes comme la retraite. Le Président a été élu sur cette promesse avec notamment le CNR. Quand une réforme est difficile, les Français doivent être associés à son élaboration.

> [CNR] C’est l’intuition du président de la République et je crois qu’il y a dans cette intuition quelque chose d’absolument juste. Les institutions ne suffisent pas pour prendre en charge les attentes des citoyens.

> Il y a un mouvement de féminisme radical, c’est-à-dire agressif, qui dans ses attitudes laisse croire que les femmes et les hommes ne peuvent pas vivre ensemble. Je crois le contraire. Je ne crois pas que l’on puisse bâtir une société sur la domination.

> Nous devons faire la lumière sur le paiement de responsables politiques français par la Russie. Ces faits là sont des délits et même probablement des crimes contre l'État.

> Regardez ce qui se passe en Iran, vous avez un mouvement admirable de femmes, qui ont vu une de leurs soeurs être tuée par la police. Avec IranProtests2022, des milliers de femmes bravent cette autorité dictatoriale pour leur liberté.

 

Partis politiques

● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stéphane Séjourné (Secrétaire général)
> L’extrême-droite italienne a gagné les élections. Une première dans un pays fondateur de l’UE. Mais si Meloni est capable de gouverner, c’est uniquement grâce à l’alliance avec la droite dite « modérée ». Berlusconi et le PPE sont le marche-pied des extrêmes.
Je pense aujourd’hui aux femmes, aux personnes LGBTI+, aux jeunes, aux réfugiés qui seront les sacrifiés de cette alliance. Nous continuerons de nous battre en Italie et en Europe contre les idées d’un autre temps de Meloni et de Salvini.
Enfin, je félicite nos alliés centristes d’
Azione et d’Italia Viva qui avec près de 8 % se sont installés rapidement au cœur du paysage politique. Ce n’est qu’un début et nous serons avec eux.

 

● MoDem
Maud Gatel (Secrétaire générale)
> Une réforme des retraites globale est indispensable pour garantir la pérennité de notre système et le rendre plus juste : petites retraites, pénibilité et carrières longues doivent faire partie des discussions.

> Oui, [au MoDem] nous sommes exigeants. Oui, nous sommes déterminés dans l'action. C'est le fruit de notre histoire. Et, face à la triple crise que nous traversons, exigence et détermination me semblent être ce dont nous avons besoin.
Crise géopolitique bien sûr. Le 24 février dernier, l'invasion russe du territoire ukrainien fut un tremblement de terre. Depuis plus de 6 mois, le retour de la guerre sur le sol européen fait peser des menaces sur notre sécurité collective, mais également pour la souveraineté alimentaire et énergétique de notre continent et au-delà.
La scène internationale est marquée par la remise en cause de l'intégrité des frontières, l'augmentation de la menace nucléaire, l'exacerbation des tensions dans la zone Indo-Pacifique notamment et à Taiwan, l'émergence de nouveaux territoires d'affrontement autour de l'eau, dans l'espace ou le cyber, un monde en plein bouleversement, où l'aspiration à la liberté des peuples - et je pense particulièrement aux femmes iraniennes - constitue une leçon de courage et une lueur d'espoir.
Le défi climatique ensuite. Pour ma génération, le climat a toujours été une préoccupation centrale. Désormais, l'urgence climatique est partagée par tous. L'impérieuse nécessité de réduire nos émissions de gaz à effets de serre n'a d'égal que notre détermination. Agir plus fort, plus vite, en veillant toujours à protéger les premières victimes du dérèglement climatique, au sein de nos frontières, comme à l'extérieur.
Opposer fin du monde et fin du mois n'a aucun sens, car ce sont toujours les plus fragiles qui sont les premières victimes du dérèglement des climats.
Enfin, nous avons besoin de produire pour financer notre modèle social, au cœur de notre pacte social. Produire différemment, mais sans tomber dans la décroissance.
L'autre fondement du Modem, avec l'écologie, c'est la démocratie.
Nous n'avons eu de cesse d'alerter sur la nécessité de revivifier notre démocratie, retisser le lien distendu entre nos concitoyens et leurs élus, redonner du sens au vote.
Les difficultés économiques et sociales exacerbent les tensions sur le plan démocratique, nourrissent la défiance et la montée des populismes de tout bord, en France comme ailleurs.
Pour la première fois de son histoire, l'extrême droite est au pouvoir en Suède, la Suède qui prendra la présidence du Conseil de l'UE en janvier prochain.
Les digues tombent partout et je veux dire à nos amis Italiens, qui votent aujourd'hui, que l'extrême droite n'a jamais et ne sera jamais la solution aux maux de nos démocraties.
Les enjeux sont immenses. Ce dont il s'agit, c'est de la cohésion de nos sociétés, fondées sur une vision partagée de l'avenir. Pour y répondre, nous devrons écouter, entendre, agir, agir selon une vision ambitieuse pour notre pays, pour l'Europe et dans le monde.
Il faudra du courage. Nous n'en manquons pas et j'ai confiance dans notre capacité collective à œuvrer et à relever tous les défis qui se dressent devant nous. 

 

● Parti radical
Laurent Hénart (président)
> L’extrême-droite en tête des élections en Italie: après la Suède, la dérive se poursuit en Europe. Les votes de 2022 montrent que la France n’est pas à l’abri. Pas de banalisation, combativité pour la République et des résultats pour protéger les Français face aux crises.

 

Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

> Le parti de Giorgia Meloni n’est pas post-fasciste, Orbán est un grand dirigeant, il faut interdire l’avortement… Les sorties de Bellamy [LR], trois ans jour pour jour après la mort de Jacques Chirac qui s’est toujours posé en rempart contre l’extrême droite, sont une insulte.

 

Nathalie Loiseau
> Combien, combien de fois a-t-on accusé en France notre majorité d’exagérer le risque d’une victoire de l’extrême-droite, « d’inventer un match » entre populistes et progressistes? Combien de basculements à l’extrême-droite faudra-t-il en Europe pour qu’on prenne le risque au sérieux?

> Trois ans jour pour jour après la mort de Jacques Chirac, qui n’avait jamais pactisé avec les extrêmes, une partie de la droite l’a bel et bien enterré et ses valeurs avec.

> Vladimir Poutine envoie désormais des hommes en armes contre…son peuple.

> La passion folle de l’extrême-droite pour les dictateurs sanguinaires est la même de part et d’autre des Alpes.

> [Opinion: L’Arménie est sous le feu et l’Europe regarde ailleurs]
C’était le 31 août à Bruxelles. Nikol Pashinyan, le Premier ministre arménien et Ilham Aliev, le Chef de l’Etat azéri se rencontraient sous les auspices de Charles Michel, le Président du Conseil européen. D’après plusieurs témoignages, la rencontre fut difficile mais aboutit à un engagement réaffirmé en faveur de la négociation vers un accord de paix entre les deux pays.
C’était il y a un moins d’un mois, c’était il y a un siècle. Moins de deux semaines plus tard, l’Azerbaïdjan lançait une série d’attaques contre le territoire internationalement reconnu de l’Arménie. Je ne parle pas ici du Haut-Karabakh, région disputée dont le statut définitif n’est pas encore réglé, dont les habitants revendiquent le droit à l’autodétermination mais que l’Azerbaïdjan a partiellement repris par la force en 2020. Non. Ce dont il s’est agi depuis le 13 septembre, c’est d’une série d’attaques contre l’Arménie souveraine, indépendante et internationalement reconnue. Cela vous fait penser à quelque chose ? Vous avez raison. Oui, de même que la Russie bafoue la souveraineté, l’indépendance et la reconnaissance internationale de l’Ukraine, voici que l’Azerbaïdjan bafoue les mêmes principes fondateurs de l’ordre international à l’encontre de l’Arménie. Ce qui diffère, c’est l’absence quasi totale de réaction en Europe.
On n’a presque rien entendu. Des appels à la désescalade, en termes relativement convenus et peu suivis d’actions concrètes. Une tendance générale à renvoyer dos à dos agresseur et agressé, Bakou et Erevan, en leur demandant poliment de bien vouloir régler leurs problèmes rapidement, sans faire trop de bruit ni déranger une communauté internationale occupée ailleurs.
Le plus actif des Européens fut Emmanuel Macron, qui appela immédiatement le Premier ministre arménien et convoqua une réunion du Conseil de Sécurité. Mais pour le reste, l’Europe a obstinément regardé ailleurs.
Pourtant…Pourtant les hostilités ont clairement été déclenchées par Bakou, au prétexte d’actions de sabotage prêtées à l’Arménie qui n’ont pas été confirmées et paraissent improbables. Pourtant, l’offensive a porté sur plusieurs points du territoire arménien, jusqu’à 40 km de la frontière avec l’Azerbaïdjan, y compris sur des villes, Jermuk, Goris, Kapan, y compris contre des populations civiles. Pourtant, des atrocités ont été commises par des soldats azéris, en particulier contre des femmes arméniennes. Le cas d’Anush Apetyan, soldate arménienne faite prisonnière à Jermuk, violée, torturée et assassinée par des soldats azéris transformés en monstres, est d’une barbarie sans limite qui rappelle les crimes commis en Ukraine par les soudards russes.
Dans quel abîme est donc tombée la cause arménienne pour que si peu en Europe y prêtent attention ? Rarement on aura vu pays autant victime de sa géographie. Parce que le président turc Recep Tayyip Erdogan poursuit son rêve d’unification du monde turcique et qu’il n’a jamais voulu reconnaître le génocide dont son pays s’est rendu coupable à l’encontre du peuple arménien, il soutient sans réserve les visées expansionnistes de l’Azerbaïdjan. Bakou de son côté semble échapper à tout contrôle: plus que jamais gavé des revenus de ses hydrocarbures, le régime d’Ilham Aliyev n’écoute plus guère ni Ankara, qui s’enfonce dans une crise économique, ni Moscou, empêtré dans sa désastreuse campagne d’Ukraine. Au Sud, l’Iran des mollahs ne peut être d’aucun secours pour l’Arménie qui, sagement, a toujours repoussé ses offres de médiation.
Beaucoup, en Europe, reprochent à Erevan d’être trop dépendant de la Russie. C’est à la fois une réalité que l’Arménie paye au prix fort et un faux procès qu’il faudrait cesser de lui faire. Une réalité car, en 2020, lorsque l’armée azérie a reconquis une part significative du Haut Karabakh, infligeant à l’Arménie une humiliante défaite, c’est la Russie et elle seule qui a su, voulu et pu imposer un cessez-le-feu. C’est la Russie, et elle seule, qui a envoyé des observateurs pour maintenir le nouveau statu quo et empêcher que les troupes azéries ne marchent sur Stepanakert.
Cela fait-il de Moscou et Erevan des alliés confortables ? En aucune manière. D’une part la guerre de 2020 n’a pu avoir lieu qu’avec l’assentiment au moins passif de la Russie. Il y a de bonnes raisons de penser que Vladimir Poutine n’était pas mécontent de voir Nikol Pashinyan, un Premier ministre qui cherchait, l’impudent, à démocratiser l’Arménie et à l’éloigner de la sphère russe, en proie à d’extrêmes difficultés et obligé de mendier l’aide de Moscou. Tout comme l’Ukraine, l’Arménie est punie par là où elle a péché : s’être tournée vers l’Ouest et vers la démocratie, crimes impardonnables pour le Kremlin.
En 2022, la situation est encore plus sérieuse pour Erevan. Vladimir Poutine a lancé la Russie dans une aventure militaire en Ukraine où il a multiplié les erreurs de calcul. Moscou est aujourd’hui affaibli, isolé et moins respecté qu’il ne l’a été. Bakou et Ankara en ont immédiatement tiré la conclusion qu’un nouvel assaut contre l’Arménie se ferait sans réaction majeure de la Russie et ont eu raison sur ce point. On peut craindre en outre entre Vladimir Poutine et Réception Tayyip Erdogan, autocrates à la fois concurrents et complices, une forme de marchandage et de partage des zones d’influence : à Moscou l’Ukraine, à Ankara le Caucase du Sud. Si tel est le cas, la situation de l’Arménie est encore plus préoccupante qu’il n’y parait.
C’est là, précisément, qu’existe une opportunité dont on attend que l’Europe s’empare. Jamais l’Arménie n’a été aussi seule. Jamais elle n’a autant cherché des Alliés. Les Etats-Unis ne s’y sont pas trompés, qui ont envoyé Nancy Pelosi en visite officielle en Arménie et dont le Secrétaire d’Etat Antony Blinken a envoyé un message de fermeté à l’Azerbaïdjan. Des responsables de l’OTAN ont rencontré Nikol Pashinyan en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies a New York.
Aussi, je repose la question. Où sommes-nous, où est l’Europe ? Certes, le Groupe de Minsk, dont la France est co-présidente, est en sommeil au vu de la difficulté à asseoir ensemble les deux autres co-présidents, les Etats-Unis et la Russie, dans le contexte actuel, mais aussi en raison de l’hostilité manifeste que lui porte l’Azerbaïdjan. Soit. Il n’y a pas de raison d’être attaché par automatisme à un format diplomatique lorsqu’il n’est pas suffisamment fonctionnel, d’autant que le Groupe de Minsk se limite au conflit du Haut-Karabakh. Le Président du Conseil européen Charles Michel a souhaité tenter depuis plusieurs mois une médiation entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie ? Il y aurait eu de quoi se réjouir et le féliciter si elle avait obtenu des résultats et surtout si elle avait réussi à empêcher l’offensive de mi-septembre. Ce n’est manifestement pas le cas.
Pourtant, il n’y a aucune raison de se démobiliser ni de céder au fatalisme, tout au contraire. Ne rien faire face à l’agression azérie contre l’Azerbaïdjan serait accréditer un reproche de « deux poids-deux mesures » en comparaison avec l’engagement fort et légitime de l’Europe au côté de l’Ukraine. Ce serait également courir le risque de voir Bakou pousser ses incursions plus avant en terres arméniennes, dans le corridor entre les territoires que l’Azerbaïdjan contrôle au Haut-Karabakh et son enclave du Nakhichevan, près, très près d’Erevan. Ce serait assumer tous les risques d’un vide sécuritaire créé par la faiblesse actuelle de la Russie. Il existe à l’inverse une opportunité propice à reprendre des propositions et un rôle de stabilisation qu’on attend de l’Europe auprès de ses partenaires orientaux. L’envoi d’observateurs internationaux sur le terrain, la poursuite et la finalisation des échanges de prisonniers, le tracé d’une frontière internationale reconnue entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont autant de chantiers inachevés que l’Europe pourrait et devrait reprendre à son compte, en passant par l’Union européenne ou par l’OSCE.
Aucun autre pays mieux que la France ne connaît et ne soutient la cause arménienne en Europe. Il y a donc un gigantesque travail de conviction de nos partenaires à entreprendre pour convaincre l’Europe de s’engager davantage. Il faudra pour cela que la diplomatie arménienne y consacre les efforts nécessaires. Mais dans la situation sombre que connaît l’Arménie d’aujourd’hui, le moment d’un réengagement européen est à la fois urgent, souhaitable et possible et il doit être saisi.

 

Bernard Guetta
> [Opinion: Aider les déserteurs ou aider Poutine ?]
On ne comprend pas le désaccord. On ne comprend pas qu’il impose de réunir, ce lundi, les représentants des 27 Etats membres tant la question est simple. Si nous souhaitons, nous les Européens, contribuer au succès de la mobilisation décrétée par Vladimir Poutine, nous fermons nos frontières aux candidats à la désertion. Comme nous ne le souhaitons pas et voulons, au contraire, que le plus grand nombre possible de jeunes Russes refusent de prendre part à l’agression contre l’Ukraine, nous leur ouvrons nos frontières.
Il n’y a pas de choix plus clair mais les Pays baltes, la Finlande et la Pologne, des pays dont la dénonciation de Vladimir Poutine et de ses crimes de guerre est pourtant sans ambiguïté, entendent refuser leur protection aux Russes fuyant la mobilisation.
Leur première raison, celle que tous invoquent, est la sécurité. Ils craignent, disent-ils, que les services russes ne puissent mêler aux déserteurs nombre de leurs agents chargés de semer des troubles ou d’assez bien s’intégrer pour devenir d’insoupçonnables espions.
C’est indéniablement un danger mais les services russes ont aujourd’hui tant à faire pour briser, en Ukraine, la résistance des zones occupées et prévenir, en Russie, tout vrai mouvement anti-guerre qu’ils n’ont guère de temps à consacrer à la constitution de nouveaux réseaux en Europe. Ce danger n’est pas à surestimer et l’on pourrait aisément le parer en répartissant ces déserteurs entre les 27 Etats de l’Union qui auraient alors tout loisir d’étudier leur dossier cas par cas.Quant à la seconde raison opposée à l’accueil des candidats à la désertion, elle vient essentiellement des Pays baltes. « Beaucoup des Russes qui sont en train de fuir la mobilisation étaient d’accord avec le fait de tuer des Ukrainiens », déclare le ministre letton des Affaires étrangères. « L’octroi d’une protection aux déserteurs, ajoute le ministre estonien de l’Intérieur, serait en contradiction avec des sanctions visant la responsabilité collective des citoyens russes ».
L’idée est là qu’il faudrait punir tous les Russes pour les crimes du Kremlin, exactement comme si l’on avait voulu imputer les crimes du nazisme à tous les Allemands, même à ceux qu’Hitler avait envoyés en camps. Ce n’est pas la position du président ukrainien qui, en russe, a appelé les jeunes Russes à déserter. Il l’a fait parce qu’il veut évidemment éviter que les effectifs russes ne se renforcent mais, comme beaucoup de leurs compatriotes, c’est à l’après-guerre que pensent ces ministres baltes.
Ils ne veulent pas qu’on puisse dire alors que Poutine n’était pas toute la Russie. Ils veulent, au contraire, que toute la Russie soit reconnue coupable des crimes de Poutine afin qu’elle soit ostracisée, affaiblie, si possible divisée, et ne puisse plus les menacer.

Ce qu’ils veulent, c’est que soit infligé à la Russie le traitement qu’avait subi l’Allemagne à la fin de la Première guerre mondiale et non pas, surtout pas, celui dont elle avait bénéficié à la fin de la Seconde. On peut le comprendre car ces pays ont toute raison historique de n’avoir que méfiance et ressentiment vis-à-vis de la Russie mais le Traité de Versailles avait accouché du nazisme alors que le Plan Marshall a, lui, permis l’émergence d’une démocratie exemplaire.
Les victimes ne sont pas toujours bons juges et, quoi qu’il en soit, la question est simple : veut-on contrecarrer les efforts de M. Poutine ou l’aider à mobiliser ?