vendredi 14 novembre 2014

Une Semaine en Centrisme. Centristes, au boulot maintenant!

Il fallait les voir, les entendre et les lires les éditorialistes dans une sorte de compétition dérisoire à qui serait le plus méchant (et parfois bête) à propos l’UDI juste avant les résultats de l’élection à la présidence du parti.
Deux exemples.
Sur France Inter, un certain Thomas Legrand expliquait qu’ «aujourd’hui, les minuscules notables prétentieux du centre-droit n’inventent pas la politique de demain mais caricaturent celle d’aujourd’hui. Les centristes de l’UDI ne peuvent pas mieux prouver leur désormais inutilité; C’est si vrai que les socialistes (en l’assumant de plus en plus d’ailleurs) font une politique centriste… sans les centristes... D’où l’indifférence générale pour ce scrutin. Une indifférence salutaire qui me ferait presque regretter d’avoir traité ce sujet ce matin…».
Sur RMC, un certain Hervé Gategno n’était pas en reste: «l'UDI est un tout petit parti dont les dirigeants rivalisent de petitesse; un parti qui ne se trouve pas encore assez petit pour ne pas se diviser en chapelles; et un parti qui a été incapable d'organiser une élection claire et incontestable avec moins de 30.000 adhérents. Résultat: les centristes se comptent, mais ils ne compteront pas».
Et comme si cela ne suffisait pas, d’ajouter «les images de la comète Tchouri (s'il y en a) nous seraient plus utiles pour comprendre les enjeux de la politique française que l'élection à l'UDI – on a un espoir de trouver des traces de vie, alors que ce centrisme-là est un astre mort».
Certes, les éditorialistes donnent leurs opinions et ont le droit de préférer un tel à un autre mais comme ils sont avant tout des journalistes, il serait salutaire qu’ils aient, parfois, un peu plus de déontologie avant de vouloir placer un bon (méchant) mot ou une bonne (méchante) formule, ce qui est toujours plus facile qu’une analyse sur le fond.
Néanmoins, si ce flot de hargne et de condescendance est exagéré, il faut bien reconnaître que la situation de l’UDI et du Centre en général a de quoi susciter quelques sarcasmes et beaucoup d’interrogations que nombre de journalistes ont repris en des termes plus sérieux.
Du coup, il y a un boulot énorme dans l’espace centriste d’ici à 2017 et à l’éventualité d’une candidature autonome du Centre à la présidentielle.
La première bonne nouvelle a été qu’Hervé Morin, suite à l’élection de Jean-Christophe Lagarde à la présidence de l’UDI, ne claque pas la porte et affirme vouloir demeurer dans le parti.
Si c’est le cas, alors les centristes de l’UDI, dans l’unité, mais aussi ceux du Mouvement démocrate, bien absents ces derniers temps – à part évidemment leur chef omnipotent –, ont du boulot sur la planche.
Car l’élection à la présidence de l’UDI passée, il n’y a plus aucune raison pour que les partis centristes ne se mettent pas au travail – chacun de leur côté mais aussi en commun – sur leur projet pour la France et leur programme électoral ainsi que sur la clarification de certains positionnements et leur ambition politique pour convaincre les Français de leur accorder leur confiance.
De même, ils doivent réfléchir à la manière de peser beaucoup plus qu’ils ne le font actuellement sur le débat politique et comment faire pour reconstituer une force centriste digne de ce nom.
Ces différentes tâches vont être ardues et compliquées mais elles sont indispensables si le Centre souhaite avoir un avenir et que celui-ci ne soit pas simplement de faire de la figuration pendant que les autres courants politiques mèneront la danse.
Et c’est cette crédibilité auprès du pays qui permettra à un candidat centriste, qu’il s’appelle Lagarde, Bayrou ou d’un autre nom, d’avoir une chance de remporter la mise en 2017, tout au moins de faire par son résultat électoral et ses propositions pour le pays, un Centre qui compte dans le paysage politique par ses idées, ses valeurs et le sérieux de ses leaders.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

Actualités du Centre. UDI: Lagarde et Morin se disent prêts à cohabiter

Suite à l’élection de Jean-Christophe Lagarde à la présidence de l’UDI, le vainqueur mais aussi le vaincu, Hervé Morin, ont déclaré vouloir continuer à renforcer le parti centriste ensemble.
Dans une intervention juste après la proclamation des résultats, Jean-Christophe Lagarde adresse son «salut fraternel» et «tends la main» à Hervé Morin, ajoutant, «je sais que comme il l’a dit lui-même que ‘ce que nous avons construit ensemble est trop précieux pour être défait à cause d’une déception’».
Puis d’expliquer que «dans la campagne, j’ai dit n’avoir que des concurrents et non des ennemis. A compter de cette heure, je n’ai que des partenaires pour conduire l’UDI au succès (…). Ma première responsabilité consiste à créer après les frictions occasionnées par toute campagne interne, les conditions de l’unité. Les militants ont fait un choix. Ils se sont prononcés majoritairement et largement. Ils ont tranché mais tous veulent aussi unanimement l’unité du parti. Je le dis solennellement ce soir, comme je m’y suis engagé : je gouvernerai avec tous et pour tous. La collégialité sera la règle. (…) Dès demain, matin je serai au travail pour constituer une direction plurielle, unie et rassemblée».
Réagissant à sa défaite, Hervé Morin affirme dans un communiqué prendre «acte du résultat même si les manœuvres décrites par la presse ont altéré la sincérité du processus électoral». Mais il précise aussi qu’il demeurera dans le parti: «j’entends poursuive mon action en tant que responsable de l’UDI, avec tous les bâtisseurs qui m’ont accompagné durant cette campagne. Je veux leur dire que ce résultat m’engage et m’incite plus que jamais à porter le message qu’ils ont été si nombreux à soutenir».
Au-delà du congrès du parti du 15 novembre qui avalisera les résultats et intronisera Jean-Christophe Lagarde à a tête de l’UDI, il faudra attendre les semaines qui viennent pour voir si ces déclarations auront une vraie traduction concrète alors que les deux hommes ont nombre de litiges entre eux.
De même, il faudra voir ce que feront les soutiens d’Hervé Morin au premier rang desquels Jean-Christophe Fromantin.
Le député-maire de Neuilly-sur-Seine n’a pas eu de mots assez durs durant toute la campagne pour critiquer son organisation et la sincérité des votes, tant au premier qu’au second tour.
Il a également attaqué durement Jean-Christophe Lagarde, ce qui n’augure pas d’une relation apaisée entre les deux hommes.
Du coup, il pourrait contester la légitimité du nouveau président, peut-être même devant les tribunaux, ou quitter le parti comme il a laissé entendre l’une et l’autre de ces éventualités.
Dans un communiqué de presse publié après les résultats du scrutin, il affirme émettre «de sérieux doutes sur la sincérité de ce scrutin» et «estime que Jean-Christophe Lagarde ne sera pleinement président de l’UDI que lorsque la CNAT (Ndlr: l’autorité chargée de contrôler les élections) aura levé les doutes qui ont pesé et continuent de peser sur le déroulement de cette élection.»

Et de lancer une accusation grave à l’encontre de Jean-Christophe Lagarde: «avant les résultats du premier tour, un huissier a déclaré, en présence des quatre candidats, qu’il avait des éléments de nature à alerter TRACFIN (l’instance de traitement du renseignement et de l’action contre les circuits financiers clandestins). Je n’ai pas reçu les explications demandées suite à ces propos plus qu’inquiétants prononcés par un officier ministériel.»