jeudi 31 août 2023

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Vouloir être respecté implique évidemment et absolument de devoir respecter l’autre

Sondages après sondages, enquêtes après enquêtes, les Français (et les populations des pays démocratiques plus généralement) mettent le respect en tête des valeurs que chacun devrait… respecter!

Plus sérieusement, cette demande de reconnaissance de son individualité et de sa dignité, de ce que l’on est et de notre égalité dans la liberté ou inversement, est des plus réjouissantes sachant que seule une société où ses membres sont respectés est non seulement respectable mais humaniste.

Nombre de philosophes et de penseurs, de Confucius à Jésus, de Pascal à Kant, l’ont dit et redit au cours des siècles.

Or donc dans le dernier sondage publié (*), 96% des Français estiment que le respect est une valeur importante soit le pourcentage le plus élevé (à égalité avec la justice mais, évidemment pas de respect sans justice).

Reste à le mettre en pratique!

Car le vouloir être respecté implique absolument de devoir respecter l’autre.

Or, nous n’avons pas besoin de sondage pour voir que ce n’est pas le cas dans nos sociétés (et cela ne l’a d’ailleurs jamais été).

Un exemple simple permet de comprendre ce qu’est le respect: tenir la porte pour celui qui nous suit est une marque de respect à son encontre qu’il nous rend en nous disant «merci».

Il n’est évidemment pas utile de faire tout une démonstration pour montrer que nous avons tous été victimes soit d’une porte qui se referme sur nous, soit d’une absence de remerciement…

Insultes, agressions, incivilités diverses et variées sont le lot quotidien d’un citoyen d’une démocratie républicaine quand ce n’est pas des comportements à son encontre bien plus graves et qui manifestent une absence de respect de ceux qui les commettent.

Alors, comment se fait-il que nous voulions du respect sans le pratiquer?

En réalité nous demandons à être respecté dans une vision qui, pour la plupart d’entre nous, est tourné vers nous-mêmes.

On peut la considérer comme égocentrique et narcissique chez beaucoup de gens.

Un des exemples les plus emblématiques est venu de bandes de délinquants qui se sont mis à réclamer sans cesse du respect envers eux (voire à l’imposer par la force) tout en expliquant que leur irrespect envers les autres était une sorte de révolte sociale…

C’est donc «à moi» que le respect est dû pour ce que je suis et, surtout, pour ce que je considère que je suis mais il n’est pas forcément réflexif et transitif.

Cette demande de respect est concomitante avec la montée de l’autonomisation de l’individu dans nos sociétés modernes.

Or, celle-ci est largement instrumentalisée par celui-ci à son unique profit et non dans le cadre d’une communauté d’égaux.

La demande de respect est alors une demande de sur-égalité dans le sens où il ne doit s’appliquer qu’à ma personne parce que je suis en droit de réclamer, selon moi, d’être plus égal qu’un autre.

C’est évidemment une perversion de cette valeur mais qui permet de comprendre pourquoi elle est tant réclamée et si peu pratiquée.

Cela ne doit pas nous empêcher à mettre en place cette société du respect, cette «respectocratie» comme je l’ai appelée, qui est le dépassement nécessaire à la démocratie car elle est le seul moyen de permettre à l’individu de vivre réellement son individualité et son projet de vie dans un cadre de liberté et d’égalité maximum.

C’est le seul moyen efficace de pouvoir obtenir la juste reconnaissance à laquelle on a droit et à la dignité qui nous est due.

Toujours est-il que nous sommes loin de cette respectocratie.

Dans une sorte de paradoxe, il semblerait même que plus nous parlons de respect, moins nous le pratiquons!

Il devient alors un slogan qui perd tout sens et permet avant tout de justifier l’irrespect de la société et des individus.

 

(*) Sondage Harris-Interactive réalisé pour le magazine Challenges par internet les 20 et 31 juillet 2023 auprès d’un échantillon de 3025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus / Méthode des quotas / Marge d’erreur non-spécifiée par le magazine

 

 

La quotidienne centriste du 31 août 2023. Mais pourquoi donc les putschistes africains disant agir au nom du peuple ne se sont pas présentés aux élections?!

Les généraux et autres gradés du Mali, du Burkina-Faso, du Niger et maintenant du Gabon affirment qu’ils ont renversé les gouvernements légaux et légitimes de ces pays parce qu’ils étaient corrompus et qu’en l’espèce, ils agissaient au nom du peuple, pour le peuple.

Cette thèse est reprise par nombre de commentateurs et pas seulement les propagandistes de ces putschistes ou les autorités des pays autocratiques et totalitaires.

Mais une question se pose alors: pourquoi ces sauveurs autoproclamés qui affirment avoir le soutien de peuple ne se sont pas présentés aux élections puisque dans les pays cités, tous avaient de gouvernement élus démocratiquement.

On objectera, avec raison, que certaines élections n’étaient peut-être pas si transparentes et honnêtes comme au Gabon.

C’est sans doute vrai mais les militaires auraient pu tout de même se présenter puis contester les résultats et éventuellement faire ensuite leur coup d’Etat et arguant qu’ils avaient au moins essayé de respecter au départ le processus légal mais que cela n’avait servi à rien.

On comprend bien que leurs raisons de prendre le pouvoir sont loin de l’intérêt général et d’une démarche altruiste.

De même que l’on sait nombre de personnes – manipulées voire rémunérées pour une partie d’entre elles – vont soutenir ces régimes militaires qui n’offriront malheureusement pas d’alternatives aux dirigeants déchus souvent vénaux, véreux et incompétents.

Pire, ces putschs nous rappellent l’instabilité chronique d’une Afrique mais aussi que la démocratie que les élites de ces pays avaient dû le plus souvent adopté sous la contrainte de la communauté internationale, n’est plus le modèle prégnant.

L’Afrique nous montre ainsi la régression inquiétante de l’ordre démocratique aungrand plaisir de la Chine et de la Russie.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]