samedi 10 septembre 2011

Actualités du Centre – François Bayrou lance un appel à l’unité du Centre


Enfin, diront les premiers. Mieux vaut tard que jamais, diront les seconds. D’autres se montreront plus circonspects en notant que l’appel à l’unité du Centre de François Bayrou dans Le Figaro d’aujourd’hui vient juste avant une élection présidentielle où il est en quête de soutiens, après cinq années de dédain pour ses ex-amis et d’un éloignement du Centre…
Reste que le Centre ressemble à un grand terrain vague où errent quelques groupes dispersés qui seraient, à n’en pas douter, plus forts s’ils unissaient leurs forces. C’est le sens de l’intervention de François Bayrou qui la relie à son nouveau concept qu’il utilisera pour sa campagne de 2012, la «majorité centrale» dont les contours demeurent flous pour pouvoir ratisser le plus large possible.
Le leader du Mouvement démocrate rappelle d’abord que «pendant des années, les responsables issus du Centre ont pu hésiter et se diviser sur la ligne à suivre. Certains ont pu penser, et cela a donné lieu à de durs affrontements entre nous, que nos idées seraient mieux défendues par l'organisation de courants internes à l'un ou l'autre des deux camps. De préférence à droite».
Mais «oublions ces débats, ils sont derrière nous: la réalité a tranché», dit François Bayrou aux centristes. Car, il y a plus important que les petites querelles du Centre d’autant que «le grand courant au centre de la vie démocratique du pays» doit peser «de son véritable poids dans les temps à venir» pour accomplir une mission historique.
«Regardons seulement les devoirs que nous avons à remplir», déclare François Bayrou. Pour cela, «l'urgence est que les divisions cèdent la place, sur des bases saines, à une unité retrouvée. Non pas seulement pour 2012 comme on le lit trop souvent, mais aussi pour les temps à venir à partir de 2012».
Et le Centre doit être la «clé de voûte» d’une «majorité nouvelle, une majorité de courage (qui) sera forcément une majorité centrale», indispensable pour faire face à «l'urgence de la crise qui frappe notre pays».
«La vocation historique du Centre, selon le président du Mouvement démocrate, est de refuser la bipolarisation, ses caricatures et finalement son impuissance. Aujourd'hui où la bipolarisation va se trouver en échec, la responsabilité décisive d'un Centre reconstruit, digne et fort, sera de rendre possible le nouvel équilibre politique du pays».

Actualités du Centre – Nouveau centre: Jean-Christophe Lagarde règle ses comptes avec Hervé Morin


Dans une interview au site du magazine l’Express, Jean-Christophe Lagarde, président exécutif du Nouveau centre, critique vertement son président Hervé Morin. Il réaffirme, par ailleurs, qu’il soutiendra Jean-Louis Borloo pour l’élection présidentielle et, ce, même si Hervé Morin se porte candidat… Extraits.
Qu'attendez-vous de cette université d'été de l'Alliance républicaine écologique et sociale (Arés)?
Cette université d'été doit montrer aux dirigeants de l'Alliance et au reste du pays que les adhérents et les sympathisants des différents partis qui la composent veulent travailler ensemble à bâtir une candidature centriste à la présidentielle. La population est en attente d'une alternative politique qui ne soit pas celle du parti socialiste. Après la création de l'Alliance au printemps est venu cet automne le temps de construire cette candidature et tout ce qui se fait depuis la fin de l'été ne nous sert pas.
Vous pensez aux critiques d'Hervé Morin à l'égard de Jean-Louis Borloo et des radicaux la semaine passée dans l'Eure. Après les socialistes à la Rochelle et l'UMP à Marseille, le bal des egos se poursuit à la Grande-Motte?
J'espère que non. La stratégie actuelle d'Hervé Morin est nuisible au Nouveau centre et au centre tout court. Depuis un an, il fait le tour de la France pour parler de sa candidature et celle-ci plafonne à 1% d'intentions de vote. Ce n'est pas attractif pour notre formation politique, dont les adhésions et réadhésions faiblissent considérablement. Pourquoi faire semblant d'être en compétition avec un autre candidat que les sondages placent à 8%? Pour traverser le désert, vous choisissez un chameau, pas une chèvre.
Si le but de la manœuvre est d'organiser une négociation, au mieux avec Jean-Louis Borloo, au pire avec Nicolas Sarkozy, c'est une stratégie personnelle qui est contre-productive pour le Nouveau Centre. Notre parti devrait tenir un rôle majeur dans la construction de l'Alliance, notamment ses responsables départementaux, pour bâtir les équipes de campagne et l'élaboration du programme. Pourquoi ne travaillons-nous pas aux investitures aux législatives? Cela aiderait grandement les candidats de se mettre maintenant en ordre de marche plutôt que d'attendre la fin de l'année 2011 ou le début 2012. Tout ceci me désole car pour la première fois depuis 1998, il y a une vraie possibilité pour se regrouper et attirer les 20% de Français qui se sentent proches de nos idées.
Certains au Nouveau Centre réclament des primaires...
Je suis totalement hostile à l'idée de primaires. Regardez le Parti socialiste, les primaires signifient forcément se tirer dessus. Pourquoi refuser de construire ensemble? Je comprenais que lors du départ du Jean-Louis Borloo qu'il y ait un doute sur sa volonté de quitter l'UMP et de reconstruire ensemble notre famille politique. Mais il y a une différence entre la vigilance et la méfiance. Il ne faut pas organiser le divorce juste après le mariage. Jean-Louis Borloo a fait tout ce qu'il avait annoncé et aujourd'hui, il prépare sa candidature: il loue des locaux pour développer les réseaux de campagne, il élabore un programme, il affirme davantage le message. 
Dans les sondages, Jean-Louis Borloo est crédité de 6% à 9% d'intentions de vote. S'il en est encore là en février, l'aventure en vaudra-t-elle le coup?
C'est une bonne base de départ, je me souviens d'élections présidentielles où l'on partait de bien plus bas. En attendant sa déclaration de candidature, sans doute après la primaire PS, on voit bien que l'intérêt pour Jean-Louis Borloo monte.
(…)
Dominique Paillé pense que Nicolas Sarkozy a «dealé» avec François Bayrou pour 2012...
Je ne sais si il y a vraiment un «deal» mais que la candidature Bayrou soit la préférée de l'Elysée est une évidence. Les gens de l'UMP le vomissaient il y a sept mois. Qu'ils lui trouvent aujourd'hui toutes les vertus me laissent pantois. Personnellement, je lui ai toujours trouvé beaucoup de qualités et je lui en trouve encore. Je ne suis pas d'accord avec lui sur son idée d'alliance potentielle avec le parti socialiste, qui n'est pas compatible avec ses propres valeurs et qui de toute façon ne veut pas lui. Nous avons un désaccord stratégique mais j'espère qu'un jour la famille centriste saura se retrouver. Ce ne sera sans doute pas le cas avant 2012 mais cela me paraît nécessaire à l'avenir pour les valeurs que nous portons. 

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. Présidentielle: de la nécessité d’un candidat vraiment centriste


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.

Jacques Rollet est politologue, membre du conseil scientifique de l’Institut du Centre et auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011). Il tient ici une chronique régulière.


Les interrogations sur l’identité et le nombre des candidats se réclament du Centre pour l’élection présidentielle de 2012 agitent les salles de rédaction, les instituts de sondages et le personnel politique. Nous laissons de côté cette question pour nous concentrer sur ce qui fait l’originalité du Centre dans la vie politique, originalité au nom de laquelle la présence d’un candidat peut prendre sens. Deux questions se posent alors: y-a-t-il encore une différence entre le Centre et la Gauche, entre le Centre et la Droite? La question prend –elle sens eu égard au comportement éthique en politique?
I : Les questions de fond
A) Gauche, Centre, Droite
Il est courant aujourd’hui  de déclarer que Droite et Gauche sont des catégories dépassées. Quant au Centre, on le passe volontiers par pertes et profits. La réalité est toute autre et manifeste qu’un clivage continue d’exister au sein de la vie politique française.
Pour ce qui est de la Gauche, une caractéristique fondamentale rassemble ses différentes familles, de l’Extrême-gauche au Parti  Socialiste: l’obsession de l’égalité  telle que l’a décrite Alexis de Tocqueville dans le tome premier de La démocratie en Amérique (voir Jacques Rollet, Tocqueville, Editions Monchrestien, 1998). Cette revendication qui se déploie au détriment de la responsabilité individuelle, a des conséquences multiples. La différence entre les personnes, leur culture, leurs capacités, est niée; par contre la différence entre les autochtones et les immigrés est cultivée au nom d’un multiculturalisme qui n’ose pas dire son nom depuis que P.A. Taguieff a montré dans sa thèse, «La force du préjugé», comment  Harlem Désir à la tête de SOS Racisme favorisait objectivement la Front National qui avait beau jeu de dire: Puisqu’ils sont différents, qu’ils aillent vivre leur différence ailleurs! Ajoutons que cette revendication permanente d’égalité au sens d’uniformité cultive un ressentiment de mauvais aloi qui ne contribue pas à faire reconnaître aux Français qu’ils sont dans le même bateau et que celui-ci commence à prendre l’eau de façon inquiétante…
La Droite française, quant à elle, a des contours idéologiques plus flous dans la mesure où elle est censée être plus libérale que la Gauche. Il se trouve qu’à l’exception d’Alain Madelin, aujourd’hui retiré de la vie politique, ce n’est pas le cas. La Droite est dirigiste et jacobine, en tout cas interventionniste. Elle a le même culte de l’Etat que la Gauche. Elle s’en distingue actuellement par l’insistance sur l’insécurité due à la délinquance et par la fiscalité. Dans la lutte contre la dette, elle a décidé de réduire le nombre de fonctionnaires, mais ses élus locaux ont beaucoup recruté dans les communes, départements, régions et intercommunalité…
Le Centre se caractérise par une mise en valeur de la personne. Il fait appel au sens de la responsabilité individuelle, est favorable à la décentralisation dans la ligne du principe de subsidiarité, est favorable à une Europe fédérale, dont la nécessité se fait sentir chaque jour davantage. On  peut considérer qu’il est plus soucieux que la Droite, de la justice sociale mais se méfie de tout ce qui relève de l’assistanat, au nom précisément de la responsabilité personnelle.
B) Le dimension éthique
C’est sur ce point, le sens de la personne, qu’un centriste sera plus sensible au service que représente le fait d’être un élu. Il sera porté de par son positionnement même, à ne pas tout miser sur la stratégie qui fait fi de la droiture et subordonne la morale à la réussite politique qui consiste avant tout à l’emporter sur l’adversaire afin d’occuper les postes de parlementaire ou de notable local. Cette exigence éthique rendue quasiment nécessaire par le refus de la Droite et de la Gauche, rend difficile l’existence politique du centrisme.
II : La candidature d’un centriste en 2012
Si le Centrisme a, comme nous le pensons, un contenu idéologique (au sens neutre), consistant pour l’essentiel à refuser les idéologies partisanes, il vaut la peine qu’il soit proposé aux électeurs français en 2012. Il ne peut cependant s’agir que d’un candidat se réclamant des valeurs rappelées ci-dessus, soit un candidat s’inscrivant dans la tradition de la démocratie chrétienne. La tradition radicale en effet n’est pas à la hauteur des enjeux dramatiques qui attendent notre pays; les combinaisons de la III° et IV° République ne sont plus de mise.
Concernant le deuxième tour, le candidat du Centre, s’il doit se retirer, devra demander aux deux premiers comment ils envisagent de réduire la dette de notre pays et comment conséquemment ils envisagent de repenser l’Etat-Providence pour mettre fin à l’assistanat coûteux et non efficace qui le caractérise.
Ces quelques réflexions demanderaient un approfondissement; telles quelles, elles invitent chacun à y travailler.
Jacques Rollet