2005-2025: 20 ANS D'INFORMATION SUR LE CENTRE ET LE CENTRISME

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mercredi 25 mai 2022

Législatives 2022. Sondage Harris – Ensemble et Nupes en léger recul / Ensemble obtient la majorité absolue / Nupes en tête dans les intentions de vote

Selon la vague 48 (25 mai) du sondage concernant les élections de 2022 et plus particulièrement les élections législatives des 12 et 19 juin prochains réalisé par l’Institut Harris-Interactive pour Challenges, Ensemble, la coalition de Renaissance (ex-LaREM) et de ses alliés obtiendrait la majorité absolue avec une fourchette de 295 à 345 sièges selon les projections réalisées, une légère baisse par rapport aux résultats de la précédente vague, de même que LFI.

Pour ce qui est des intentions de vote, Nupes arrive en tête avec 28% (-1) devant Ensemble, 26% (=) et RN, 22% (-2).

 

► Résultats:
- Ensemble (Renaissance (ex-LaREM), MoDem, Agir, Parti radical, Territoires de Progrès, Horizons): entre 295 et 345 sièges ↘
- LFI, entre 60 et 86 sièges ↘
- RN: entre 42 et 68 sièges↘
- LR-UDI-Les centristes: entre 32 et 52 sièges ↘
- EELV: entre 20 et 35 sièges =
- PS: entre 18 et 34 sièges =
- PC: entre 9 et 16 sièges ↗
- Reconquête: entre 0 et 3 sièges ↗
- DLF/Les patriotes: entre 0 et 1 siège =
- Divers: entre 3 et 7 sièges =

> Cette projection est obtenue à partir des intentions de vote suivantes:
- Un candidat LO/NPA: 3% (=)
- Un candidat Nupes: 28% (-1)
- Un candidat Ensemble: 26% (=)
- Un candidat LR et UDI: 9% (-1)
- Un candidat Debout la France: 2% (+1)
- Un candidat RN: 21% (-2)
- Un candidat Reconquête: 7% (+2)
- Un candidat divers: 4% (+1)

 

(Sondage réalisé par internet entre le 20 et le 23 mai 2022 auprès d’un échantillon de 2331 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus / Méthode des quotas / Marge d’erreur entre 1,4 et 2,9 points selon l’institut)

 

 

mardi 30 novembre 2021

La quotidienne centriste du novembre 2021. Baker-Zemmour, lorsque le progrès et la réaction se télescopent

Au moment où une icône de la joie de vivre, promotrice de l’universalisme humanisme, défenseuse de la dignité humaine, ennemie des totalitarismes faisait son entrée au Panthéon de la France, un triste sire, décliniste haineux recroquevillé sur un nationalisme étriqué, ami de Poutine et imitateur de Trump faisait sa déclaration de candidature à la présidence de la république

Le souvenir de la femme d’exception, Joséphine Baker, illuminait la nuit parisienne pendant que le polémiste d’extrême-droite, Eric Zemmour, diffusait une vidéo crépusculaire pour se mettre en scène comme un nouveau général de Gaulle, supercherie ultime.

Car lui, il n’a jamais connu l’homme du 18 juin à la différence d’elle qui s’est engagée pour sauver le pays à ses côtés et n’a jamais défendu le maréchal Pétain comme lui l’a fait si souvent.

Oui, en ce 30 novembre 2021, le télescopage entre la France de progrès et celle de la réaction a montré qu’il y avait deux France, celle, belle et attirante de l’humanisme et celle, hideuse et repoussante, de l’exclusion.

Un télescopage qui préfigure ce que devrait être encore une fois la présidentielle de 2022 où face à un candidat démocrate et républicain se trouvera face à un(e) candidat(e) de l’obscurantisme le plus nauséabond.

A nouveau un vrai choix de société comme pendant l’Occupation où il y a ceux qui ont choisi le camp de la liberté et ceux qui ont choisi celui de l’asservissement.

Encore un mot pour dire que, selon certains, Eric Zemmour aurait choisi ce jour pour se présenter parce qu'il y avait cette cérémonie en l'honneur de Joséphine Baker.

Le personnage serait-il aussi ignominieux?

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]

 

vendredi 30 mai 2014

Vues du Centre – Le point de vue de Jacques Rollet. Où en est le Centre ?

 Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

La question n’est pas nouvelle et je l’ai déjà abordée il ya quelques mois. Il est cependant nécessaire d’y revenir après ces élections européennes, alors même que l’attention est focalisée sur le FN et que les médias ne s’intéressent guère à l’Alternative qui réunit comme on le sait l’UDI et le MoDem.
Six remarques vont suivre un constat.
Le constat: l’UDI+le Modem ne font pas mieux que le Modem seul en 2009.
Au plan national, l’Alternative fait 9,9 % en 2014; or le Modem faisait 8,45% en 2009. Un point et demi de plus, c’est insignifiant.
Le score «logique» aurait dû être de 16 ou 17%. On aurait pu attendre en effet de l’UDI un apport de 8 points. (Nouveau Centre, Parti radical, Alliance centriste, adhérents directs). Dans le même temps, l’UMP en crise fait 21%...
Si je considère la circonscription du Nord-Ouest, le score est de 9,38% en 2014 pour l’Alternative alors qu’il était de 8,67% en 2009 pour le Modem. C’est quasiment identique.
En d’autres termes, ce résultat n’est pas bon et on doit se demander pourquoi. Il n’est pas dû seulement à un refus de la construction européenne.
1°) Le Centre n’a pas de leader et dans le système politique de la V° République, c’est un handicap et le retrait de Jean-Louis Borloo n’est pas une explication suffisante. Lui-même n’incarnait pas jusqu’alors ce leadership attendu. Il ya des gens talentueux qui s’expriment à l’Assemblée nationale tels que Jean Christophe Lagarde ou Philippe Vigier mais il faut passer à un niveau supérieur.
2°) Le Centre est partagé entre des visions de la société différentes: vision du radicalisme quelque peu «Old fashioned» qui oscille entre 19° et 21° siècle et reste de la tradition démocrate-chrétienne qui n’ose même pas s’afficher comme telle. S’y ajoutent des membres qui n’ont aucune tradition! Cela ne confère pas une identité.
3°) Le Centre doit donc s’interroger sur sa doctrine, en clair sur sa conception des valeurs nécessaires au vécu d’une société qui ne peut reposer sur l’exaltation des désirs individuels.
On a perçu le problème  lors du vote de la loi sur le «mariage» homosexuel. Il a été très difficile d’expliquer à beaucoup de parlementaires centristes qu’il y avait un problème et qu’il fallait voter contre cette loi. Il apparaît aujourd’hui que les socialistes aux Municipales et aux Européennes ont subi une sanction qui est en partie due à cette loi. Ils sont prêts cependant à récidiver avec une loi Taubira qui est une provocation et ils s’étonneront ensuite du score du FN. Comprenne qui pourra.
L’excès d’idéologie est généralement mortifère…
Les centristes feraient bien de se demander sur quelle philosophie reposent leurs choix en matière éthique.
4°) Il faut donc donner  à un peuple en grande partie désemparé une vision cohérente de ce qu’est le vivre-ensemble. Cela suppose l’acceptation d’un ordre social, le refus de l’assistanat qui prospère en France (les dépenses sociales représentent 33% du PIB!).
Cela ne peut continuer pour des raisons financières mais également pour des raisons morales. De multiples témoignages sont donnés par des gens allant au travail pendant qu’aux fenêtres on se moque d’eux en disant: «Il faut être con pour aller travailler quand on a autant en ne faisant rien».
5°) La notion de bien commun doit être remise au premier plan. Elle est différente de celle d’intérêt général. Il s’agit de bien et pas d’intérêt. On est en train de redécouvrir l’importance de cette notion dans la philosophie politique contemporaine dans les pays anglo-saxons.
Il serait temps que la pensée française s’y mette. Il nous faut une anthropologie basée sur la notion de loi naturelle, celle qui découle de l’essence de l’homme, car il y a une essence ou nature de l’homme.
6°) Le Centre a raison d’être pro-européen mais le réalisme en matière économique et le projet politique du fédéralisme suppose une armature éthique qui fasse tenir ensembles au nom de valeurs, les membres d’une société et ces valeurs ne peuvent être celles du relativisme éthique.
En espérant être entendu.
Jacques Rollet


samedi 9 novembre 2013

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. A propos de l’Alternative

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

L’accord signé entre le président de l’UDI et le président du MoDem ne peut que réjouir tous ceux qui aspiraient à une réunion des Centres depuis la fin de l’UDF due à François Bayrou …On peut espérer que cette alliance sera durable, ce qui cependant, n’est pas garanti, les ambitions présidentielles du président du MoDem étant semble-t-il, intactes. Un certain nombre d’élus UDI ne sont pas ravis de cette introduction de la brebis galeuse qui a voté François Hollande.
Notre propos n’est pas d’épiloguer davantage sur cet évènement mais plutôt de réfléchir à l’absence maintenue de réflexion de fond sur l’identité philosophique du Centre, problème que nous avons déjà évoqué dans des chroniques précédentes. Deux points me semblent poser problème dans le texte du protocole signé par les deux partis: qu’en est-t-il de l’humanisme républicain dont se réclament les signataires? Quelle est cette social-démocratie avec laquelle on déclare pouvoir s’allier éventuellement?
Signalons avant d’exposer notre point de vue qu’une affirmation préalable du texte nous pose problème: il est déclaré que l’alliance a lieu parce que la situation est grave dans le pays, ce qui signifie qu’elle est conjoncturelle alors que selon nous elle doit avoir lieu en tout état de cause: le Centre doit être unique ou ne pas être, sinon c’est qu’il n’a pas de véritable identité…
Mais venons-en au premier problème. Affirmer l’humanisme  et le déclarer identique à la République, c’est très bien mais cela reste flou. J’en veux pour preuve le fait que rien n’est dit sur le rôle négatif joué dans la vie politique française par le vote de la loi sur le «mariage» homosexuel. Faut-il rappeler que le mariage civil en France est une institution et non pas seulement la consécration de deux désirs subjectifs… C’est le mariage républicain qui est mis en cause par cette loi voulue par la Gauche. Le mariage est l’union reconnue d’un homme et d’une femme constituant alors une cellule de la société et donnant naissance à des enfants. C’est tout cela qui est mis en cause totalement par cette loi même si on s’acharne à le nier. Il faudrait bien mesurer le poids de la déstabilisation institutionnelle créée par cette loi. Le doute a été institué par les politiques qui ont voté ce texte, doute portant sur la confiance qu’on peut faire aux élus qui doivent respecter les bases de l’anthropologie et non pas la déstructurer. Un certain nombre de députés et sénateurs centristes ont voté cette loi, ce qui nous semble ahurissant si on considère que le Centre doit incarner l’équilibre et la sagesse politique au sens de la prudence aristotélicienne.
Le deuxième point problématique réside dans le rapprochement jugé possible avec la vision social-démocrate de la société. L’impasse dans laquelle se trouve la France est précisément due à la conception de l’Etat-Providence que développe cette famille politique. C’est bien l’Etat-Providence qui est en crise financière mais également idéologique: prendre de l’argent aux citoyens essentiellement de la classe moyenne pour le donner à d’autres de façon automatique et bureaucratique est tout le contraire d’une véritable solidarité qui doit être un rapport visible entre personnes. L’assistanat se généralise en France et explique une grande part de la dette française: les dépenses publiques représentent en France 56% du PIB contre 46% en Allemagne: cherchez l’erreur. Or les Allemands ne vivent pas moins bien que les Français. C’est bien la social-démocratie ainsi comprise qui est en fin de course. Il serait bon que les centristes le comprennent, ce qui est le cas d’élus comme Jean Arthuis et Christophe Lagarde.
On aura compris, je l’espère, qu’il y a un énorme travail de réflexion et de mise au point à faire au sein de l’Alternative. Bon vent tout de même!
Jacques Rollet.


jeudi 27 juin 2013

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. On a un problème…

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

Cette déclaration souvent entendue à propos de problèmes de la vie quotidienne, peut s’appliquer au Centre et aux partis centristes. Il est toujours aussi difficile d’identifier leur doctrine ou si l’on préfère la formule, leur idéologie. Les déclarations de Jean-Louis Borloo lors du premier Conseil national de l’UDI ne répondent pas à notre question. Parler de dialogue, de travail en réseau est susceptible d’être approuvé par tous les partis ou presque; cela ne constitue pas une identité. J’ai déjà posé cette question lors de chroniques précédentes mais elle se repose plus fortement après le vote de la loi instaurant le mariage pour les couples homosexuels. Plusieurs députés  de l’UDI ont voté cette loi, dont le président Borloo. Il me semble problématique de commencer ainsi l’entrée de l’UDI dans la vie politique. On pourra me rétorquer qu’en matière de questions dites «de société», le vote est libre. Cela signifie d’abord que pour les autres questions, le vote n’est pas libre ce qui déroge à l’article 27 de la Constitution qui stipule que «le vote des membres du parlement est personnel». Il devrait toujours l’être! Mais les questions de société posent un problème d’une nature particulière. Il s’agit de savoir si nous partageons dans une même société, une anthropologie commune. Si la vie est une valeur fondamentale, peut-on considérer que l’avortement est un acte banal remboursable par le Sécurité sociale? Or c’est le cas! La loi Veil de 1975 parlait dans son exposé des motifs de cas de détresse. Elle n’entendait que l’avortement soit banalisé. Il y a environ 250.000 avortements en France chaque année. La loi n’a rien résolu sauf qu’elle a dépénalisé l’acte.
De même, la loi récente travestit le mariage qui a toujours été l’union d’un homme et d’une femme constituant alors une cellule de la société qui se renouvelle ainsi par la naissance d’enfants. Deux hommes ensemble ou deux femmes ensemble ne feront jamais un enfant par les voies naturelles! Le sens commun ou la common decency d’Orwell nous l’enseignent. Or c’est bien le sens commun qui est nié par le parlement. La tradition centriste ne peut accepter cela sans ruiner de l’intérieur ce qui l’a constituée, à savoir la démocratie chrétienne. On peut tourner le problème dans tous les sens, on ne pourra pas l’évacuer. Un Centre qui n’est pas basé sur l’idée qu’une morale commune doit régir une société, quand les questions traitées touchent à l’anthropologie est un Centre qui est déjà mort. A ce sujet on doit interroger les familles qui composent la Franc-maçonnerie dont des membres sont présents dans le personnel politique du Centre. A trop jouer avec le feu, celle-ci pourrait tuer l’humanisme dont elle se réclame.
Au moment  où l’enquête sur les valeurs en Europe est publiée dans Le Monde du 19 juin et où il apparaît que la France se caractérise par un taux d’individualisation de 67% contre 52% en Allemagne, 54% en Grande-Bretagne et 24% en Italie, il serait temps de se demander si ce n’est pas la cohésion sociale qui est atteinte par ce relativisme généralisé dans notre pays. (l’individualisation est repérée par des indicateurs qui se rapportent à la volonté d’autonomie comme affirmation de liberté personnelles et de relativisme). Comment peut-on en appeler à la solidarité comme le font les socialistes et les Verts quand on prône le primat absolu du désir individuel dans la vie sexuelle? La contradiction est flagrante et je me demande comment les centristes ne s’en rendent pas compté. Pourquoi ne pas adhérer à un parti de Gauche dans ce cas? La question est posée à l’UDI et à une partie de l’UMP. Manifestement, on a un problème


Jacques Rollet

mercredi 3 avril 2013

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. La vocation du Centre: ne pas tout attendre de la politique



Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

Il peut sembler paradoxal ou même incongru d’associer une famille politique à l’idée qu’il faut relativiser la politique et pourtant il est nécessaire aujourd’hui de mener résolument cette réflexion. Au lendemain des aveux de Jérôme Cahuzac, il me semble clairement établi que la morale est au fondement de la politique, ce qui déjà relativise cette dernière. Je voudrais argumenter brièvement en trois points: La logique de la volonté générale est dangereuse, la Révolution française a créé la division Droite-Gauche qui fige la vie politique, le Centre incarne la figure du juste milieu qui relativise les mythologies néfastes.
I - La logique de la volonté générale
Nous savons que cette idée vient de Rousseau. Dans Le contrat social, il tente de transposer le contenu de la souveraineté politique, du roi au peuple. Etant donné que dans sa représentation mentale, la souveraineté ne peut être divisée ni partagée, il forge le donné mythologique qu’il appelle «volonté générale». Elle est dans son esprit, différente de la volonté majoritaire et même de la volonté de tous. Elle exprime l’unité du peuple qui n’a qu’un vouloir. Le danger est que cette logique soit porteuse d’un potentiel totalitaire qui va se trouver actualisé sous la Révolution française, prenant la forme de la terreur. Explicitons le mécanisme mortifère qui se met alors en place: si la volonté est générale, elle n’a pas d’adversaire. Elle ne peut avoir que des obstacles qui n’ont aucune bonne raison d’exister. Par conséquent les opposants sont automatiquement jugés comme étant extérieurs au corps social et ennemis du peuple. Ce mécanisme a prouvé sa capacité mortifère en engendrant la terreur sous la Révolution française et le léninisme en Russie et ailleurs.
II - La mythologie a fait son temps.
La Révolution française a développé cette logique de la volonté générale qu’elle a d’ailleurs recouverte par une autre, celle de la souveraineté des représentants du peuple. Il faut savoir en effet que Sieyès a donné aux représentants du peuple le seul véritable exercice de la souveraineté, celui de l’assemblée. La Gauche française et c’est là le point important, a pensé et pense toujours la vie politique comme affrontement du bien et du mal, le bien étant incarné par elle. François Furet, grand historien de la Révolution et du siècle qui l’a suivie a bien montré que le champ politique forgé par la Révolution étant finalement, provisoire et qu’il avait perdu toute crédibilité après l’effondrement de l’Union soviétique et la promotion de l’Etat de droit. Mais la Gauche française continue  de mettre sa vision du monde sous la bannière de l’égalitarisme qui fait actuellement des ravages fiscaux et autres sous le gouvernement Ayrault. Va-t-il en rabattre avec les aveux de Cahuzac? On peut en douter.
III - Le juste milieu
On dit souvent que le Centre incarne le juste milieu. Je pense que c’est profondément vrai au sens où c’est sa vocation. . Le milieu ne désigne pas ici l’égale distance, mais la position qui se construit en rejetant deux logiques néfastes. Celle de la Gauche a été décrite dans les lignes qui précèdent. Il faut donc en finir avec la mythologie issue de la Révolution française qui oppose le camp du bien au camp du mal. Mais il faut en finir également avec la logique de la droite dure qui considère que le cynisme et le machiavélisme sont des bons moyens de gouvernement.
La France a besoin d’une société civile forte qui cantonne la politique dans les limites de l’Etat de droit et de la morale, oui de la morale. En ce sens, les décisions de ces derniers jours: la pilule gratuite pour les mineures de 15-18 ans et le remboursement à 100% de l’avortement sont des signaux très négatifs qui s’ajoutent au mariage homosexuel. Décidemment la Gauche n’a pas compris ce qu’est l’exigence morale. Quand on se réclame du «bien», c’est fâcheux!
Jacques Rollet

jeudi 20 décembre 2012

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. L’objet UDI est-il identifié?



Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

Dans une chronique précédente, j’avais déjà posé cette question. J’y reviens aujourd’hui car je n’ai pas les réponses attendues et je me demande sérieusement si je les aurai un jour…
Résumons-nous. La direction de l’UDI a été établie avec quelle consultation des adhérents? A la place modeste que j’occupe, je suis en état de répondre: aucune. Je suis vice-président de l’Alliance centriste en Seine-Maritime (dirigée par Jean Arthuis). Je n’ai pas été consulté sur l’accession de Mr Borloo à la présidence nationale de l’UDI, mon président départemental ne l’a pas été davantage.
Je suis membre du Conseil scientifique de l’Institut du Centre. Je n’ai aucune information sur une réunion à venir. On parle d’une fusion avec l’Institut Lecanuet mais c’est pour l’instant de l’ordre de la rumeur. Sur ces bases que je livre à la connaissance des centristes qui fréquentent ces chroniques, je considère qu’ironiser sur l’absence de démocratie à l’UMP, est pour le moins léger et affligeant!
D’où vient la difficulté? Selon moi et je l’ai déjà écrit précédemment, elle résulte  du flou total qui règne en matière doctrinale. L’UDI a-t-elle une identité? Pour l’instant elle est partagée si l’on peut dire (car c’est implicite) entre le radicalisme et une inspiration libérale timide, l’enracinement démocrate chrétien étant passé sous silence pour ne pas heurter la franc-maçonnerie.
Sur ces bases, on ne construit rien et on ne construira rien. Or les résultats de l’élection présidentielle étudiés par des géographes dans le dernier numéro de la Revue française de science politique (octobre-décembre 2012) sont très instructifs. J’en isole un point capital: les plus grands progrès du vote Hollande par rapport au vote Mitterrand en 1981 sont repérables dans les terres de la démocratie chrétienne: la Bretagne, la Vendée et les pays de Loire, le Massif central, les Pyrénées atlantiques. Reconquérir ces territoires suppose un vrai programme centriste basé sur les valeurs du personnalisme, une assomption du libéralisme économique accompagné d’une éthique qui permette une vraie structuration de la société autour de la responsabilité personnelle. Cela implique que l’on ne cède pas à toutes les expressions du désir et du prétendu droit à.
Par exemple, cela doit se traduire, selon moi, par un refus du projet de mariage homosexuel. Or le président de l’UDI a déclaré qu’il y aurait liberté de vote...
En bref et en clair, il n’y a pas d’identité de l’UDI  au plan intellectuel et il n’y a pas de démocratie interne. C’est un peu court pour exister durablement sur l’échiquier politique et pour être repérable aux yeux des électeurs.
Jacques Rollet

lundi 24 septembre 2012

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. L’UDI, un objet identifié?


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

Les partis du Centre selon l’appellation reçue se sont rassemblés la semaine dernière sous le sigle UDI (Union des démocrates et indépendants) et ont désigné Jean-Louis Borloo comme président. Il faut noter que les militants des différents partis n’ont pas été consultés; si l’on peut considérer qu’ils étaient d’accord pour un rassemblement, en va-t-il de même pour la désignation du président? Il est à craindre que ce fonctionnement ne nous renvoie aux III° et IV° Républiques.
Poursuivons la réflexion sur trois points: le caractère positif du rassemblement; sur quoi le Centre est-il au clair; l’apport nécessaire de la tradition démocrate-chrétienne.
1) Le positif
La création d’une fédération des Centres est en-soi un phénomène positif. Chacun se lamentait sur la dispersion des partis; il faut donc se réjouir tout en constatant, ce qui n’est pas une surprise, que le Modem n’en fait pas partie. On a envie de dire à Bayrou: «Quousque tandem abutere patientia nostra?» («Jusqu'à quand enfin, abuseras-tu de notre patience?».
Est également positive la claire détermination de se situer au centre-droit, en postulant évidemment qu’on sait de quoi il s’agit quand on parle de centre-droit. Si l’on veut dire que la Gauche n’est pas crédible au plan économique, qu’elle est idéologiquement dépassée et que son laxisme en matière de mœurs est problématique, alors la formule a un sens car ces diagnostics sont portés par la Droite mais cela nous renvoie à notre deuxième point.
2) Face aux tenants de l’Etat-Providence «à la française», le Centre est-il au clair?
Nous ne voyons pas d’alternative politiquement crédible au libéralisme économique. La loi de l’offre et de la demande et la concurrence libre et non faussée nous semblent être les meilleures données pour une économie développée. Il faut que le Centre le dise sans peur, étant entendu que l’adage européen sur la concurrence implique qu’on corrige ce qui fausse la concurrence. Le dumping chinois par exemple peut être combattu au nom du libéralisme.
Cela nous conduit à nous demander si le Centre prend position sur une Europe fédérale et pas seulement sur une fédération d’Etats–nations; On ne peut pas déplorer l’absence de décisions sur l’Euro et refuser le fédéralisme. Il nous faut un gouvernement fédéral de l’Europe de la zone Euro avec une politique économique, financière et sociale, communes. Tout le reste est bavardage et perte de temps, mais une telle avancée suppose des convictions fortes et une conception de l’homme selon laquelle tout n’est pas possible en matière de dépenses. Le réalisme économique suppose l’acceptation humaine des limites. Ainsi beaucoup de Français vivent au-dessus de leurs moyens et ne veulent pas le savoir. L’utopie marxiste règne encore et les empêche de reconnaître la gravité de leur situation. On attend de l’UDI qu’elle soit claire sur ce point.
On attend également qu’elle s’oppose fermement au libéralisme culturel de la Gauche et qu’elle refuse ce qu’on appelle le «mariage homosexuel», qu’elle refuse la procréation artificielle pour les lesbiennes, et qu’elle refuse l’euthanasie.
3) La tradition démocrate-chrétienne
Ce que nous venons de dire  se situe clairement dans l’apport humain et culturel de la démocratie chrétienne. La vision chrétienne de la personne humaine distingue le démocrate chrétien du relativiste de gauche ou de droite et bien entendu des positions antihumanistes de l’Extrême-droite. Ajoutons que la tradition du parti radical fondée sur le laïcisme de la franc-maçonnerie pose problème, c’est le moins qu’on puisse dire. Or Jean-Louis Borloo est dans cette tradition. Cela n’a rien d’exaltant.
Au terme de ces quelques réflexions, on peut donc se demander si l’UDI est bien le parti qui va redonner au Centre la place que François Bayrou lui a fait perdre…
Jacques Rollet