jeudi 30 août 2018

Une Semaine en Centrisme. Macron, rempart contre les populismes européens?


Emmanuel Macron
Quand Viktor Orban, le premier ministre hongrois, et Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur italien, font d’Emmanuel Macron leur principal ennemi, ce dernier leur répond qu’ils ont «raison» en se posant comme défenseur d’une société ouverte et d’une Europe unie face à des populistes démagogues et extrémistes qui prônent un nationalisme étriqué et une xénophobie assumée tout en faisant peser de graves dangers sur la stabilité du continent et du monde.
Depuis son arrivée sur la scène politique, une des constances de celui qui est devenu président de la république française, a été de défendre la démocratie libérale face à la montée des populismes de droite et de gauche.
Pour cela, il s’est fait le chantre d’une mondialisation équilibrée, d’un approfondissement de l’Union européenne et d’une réforme sociale-libérale qui doit permettre à la France d’être en phase avec les défis du XXI° siècle et capable, à la fois, d’avoir en main son destin mais aussi d’être une puissance qui compte à l’international.
Mais, on l’oubli aussi, Emmanuel Macron défend la spécificité française – ce que les Américains appellent leur «exceptionnalisme» – comme il vient de le rappeler lors d’une visite au Danemark:
«La France est profondément attachée à sa culture, à ses valeurs, cette identité profonde et complexe, qui s’est toujours pensée dans l’universalisme. Mais la France n’a jamais été elle-même en étant fermée au reste du monde».
Pour autant, dans une sorte de paradoxe assumé par la volonté de parler à tout le monde, Macron a sympathisé avec Donald Trump dont le populisme, la démagogie et le flirt avec les extrêmes est constant.
Le président français a beau rappeler que le personnage est le président des Etats-Unis d’Amérique, première puissance mondiale mais aussi premier allié de la France, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est aussi un modèle pour Orban et Salvini…
Dès lors, naît un nouveau paradoxe qui est d’être l’ennemi de ceux qui ont le même ami que soi!
Sans oublier, troisième paradoxe, qu’Emmanuel Macron se revendique de Barack Obama, l’ancien président américain, haï par Trump, et qu’il était allé chercher durant la campagne présidentielle pour qu’il lui accorde son soutien.
In fine, reste l’action et les discours où l’hôte de l’Elysée ne ménage pas sa peine pour défendre la démocratie républicaine et l’Union européenne de même qu’une «refondation» de la mondialisation et non une démondialisation.
De même, son affrontement frontal avec les populistes extrémistes en France, tels Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon mais aussi Nicolas Dupont-Aignan ou Laurent Wauquiez, démontrent son engagement pour une démocratie ouverte à l’échelle mondiale, un des combats principaux des centristes.
C’est d’ailleurs ce qui ressort de son discours du 28 août dernier devant les ambassadeurs français en poste à l’étranger.
Cependant, les paradoxes évoqués plus haut ainsi qu’une prudence parfois excessive à éviter de dénoncer les autocratismes et les totalitarismes, notamment en Russie ou en Chine, rappellent qu’il existe parfois une ambiguïté fâcheuse chez Emmanuel Macron dans ce domaine.
Néanmoins, on peut affirmer qu’aujourd’hui, Emmanuel Macron est sans doute le meilleur rempart, mais pas le seul, face aux populismes européens.
Il l’est de par sa volonté politique.
Il l’est également parce que les autres leaders européens qui devraient être en première ligne en sa compagnie sont malheureusement absents ou atones…

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC