samedi 2 janvier 2021

Vues du Centre. Etats-Unis – Le Parti républicain de la honte

Par Aris de Hesselin

A quelques jours de la certification des résultats par le Congrès du vote des grands électeurs puis de la prise de fonction du centriste Joe Biden en tant que nouveau président des Etats-Unis, une part importante des élus du Parti républicain à la Chambre des représentants et au Sénat veulent encore inverser les résultats d’une élection populaire et comptent s’opposer à la volonté des Américains.

Ainsi, par exemple, douze sénateurs dont beaucoup élus lors du scrutin de novembre dernier demandent son annulation mais seulement pour l’élection de Biden mais pas la leur!

C’est une véritable honte pour un parti qui a de moins en moins à voir avec la république malgré son appellation et avec la démocratie.

Il faut se rendre compte de ce que cela signifie de faire barrage à un processus démocratique qui est en place depuis près de 250 ans.

Il faut se rendre compte que c’est le parti fondé entre autres par Abraham Lincoln qui s’est battu lors de la Guerre de sécession pour que la démocratie continue à vivre sur terre (les Etats-Unis étaient alors la seule nation démocratique) et pour en finir avec l’esclavage (la plupart des républicains aujourd’hui luttent pour empêcher les noirs de voter) qui est en train de se battre pour ce qu’il faut bien appeler une dictature puisqu’il s’agit, ni plus, ni moins, de déclarer vainqueur un candidat qui a perdu l’élection présidentielle par plus de sept millions de voix et qui compte près de cent grands électeurs de moins que son concurrent et réel gagnant.

Du jamais vu!

Et cette honte que l’on éprouve pour eux et pour ce parti, ils n’en ont, eux, aucune et se gargarise de leur soi-disant légitimité à agir.

Pendant ce temps, des milliers d’Américains meurent chaque jour de la covid19, des millions n’ont pas de quoi se payer à manger et font la queue devant les banques alimentaires et le pays s’enfonce dans une crise économique sans qu’ils ne s’en émeuvent outre mesure.

Oui, c’est bien de honte dont il faut parler.

D’autant que des individus perturbés et violents n’attendent que ce genre de signal pour tenter de prendre les armes et provoquer un chaos.

Mais le comportement des républicains n’est pas récent et n’est pas essentiellement de la responsabilité de Trump – qui, évidemment les encourage à agir.

Si l’on en arrive à cette situation aujourd’hui, c’est que cela fait depuis des années que le Parti républicain dénie toute légitimité aux démocrates élus, qu’il sabote toutes les règles et les principes démocratiques et qu’il soutient les groupes les plus abjectes comme les suprémacistes, le Tea Party et autres évangélistes réactionnaires sans oublier ces milices armées qui veulent en découdre avec tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux.

Oui, c’est bien de parti de la honte qu’il faut parler parce qu’il faut appeler un chat, un chat.

Il est temps de se rendre compte du danger que représente désormais le Parti républicain pour la démocratie et faire en sorte de mettre en place toutes les digues possibles pour l’empêcher de transformer la plus vieille démocratie du monde en un régime autoritaire de la pire espèce.

Parce qu’il ne faut pas se leurrer, Trump parti, il restera à Washington nombre de ses clones et de ses fans qui n’auront de cesse de subvertir le régime démocratique.

Et si on les laisse faire, des jours sombres se préparent outre-Atlantique.

Aris de Hesselin

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste

 

 

Le Centrisme en France en 2021. L’année de tous les possibles

Qui peut prédire ce qui se passera en 2021 avec les crises sanitaire, économique, sociale, politique et sociétale?

Et qui peut projeter où nous en serons le 31 décembre 2021 alors que le lendemain commencera une année d’élections générales avec la présidentielle et les législatives?

Qui peut donc analyser ce que sera l’année qui vient pour les centristes, pour le gouvernement et pour le président de la république?

Ayant dit cela, voyons ce que nous pouvons en dire!

L’année qui se termine aura été mitigée pour le Centre en France.

Les élections municipales n’ont pas été un grand succès, voire un échec comme pour LaREM (même si n’ayant jamais participé à ces élections, il n’y a pas de comparaison possible avec une norme quelconque).

Mais les conditions de vote, la participation et une quasi-absence de débat démocratique dus à la covid19 ne peuvent être une référence pour les prochaines régionales et départementales qui se tiendront en juin.

Cependant, il semble bien que les partis de la majorité présidentielle ne devraient pas être à la fête comme c’est d’ailleurs le plus souvent le cas quelle que soit la couleur politique de celle-ci.

L’important sera de ne pas grever en 2021 les chances d’un succès en 2022.

La gestion des crises évoquées plus haut sera évidemment essentielle pour éviter une descente aux enfers comme l’ont connu François Hollande et le PS en 2017 et, à un degré moindre, Nicolas Sarkozy et l’UMP (aujourd’hui LR) en 2012.

Si la crise sanitaire est contrôlée, si une reprise économique se fait jour, si la crise sociale est gérée efficacement et si la vie quotidienne retrouve un semblant de normalité, alors la majorité pourra espérer en 2022.

Si tel n’est pas le cas, seule le mérite d’éviter le pire sera alors pris en compte avec des chances assez minimes qu’un pouvoir en place puisse se maintenir.

Néanmoins, le caractère exceptionnel de la crise ne permet pas de dire, en ce début 2021, avec certitude quelle sera le jugement de la population face aux efforts du gouvernement et donc la manière dont elle votera en 2022.

 

► LaREM: oublier 2020

L’année 2021 n’a pas été bonne pour le parti présidentiel qui a fait pâle figure aux municipales, qui a perdu la majorité absolue à l’Assemblée suite à plusieurs défections de députés, qui connait des contestations internes et qui n’a pas semblé être en capacité d’être une force de proposition (même si cela se constate généralement pour toute formation au pouvoir qui suit plutôt l’action du gouvernement qu’elle ne suscite la dynamique dans le régime de la V° République).

Mais il sera difficile à La république en marche de redresser la barre car son délitement progressif est inscrit dans ses gènes, dans ce qu’elle est réellement, un rassemblement hétéroclite qui s’est fait dans la rapidité derrière la candidature d’un homme venu de nulle part et uniquement sur son nom et non sur une réelle adhésion à son corpus idéologique.

Cependant, le pire n’est pas inéluctable, d’autant qu’il demeure un noyau important de fidèles qui ne devraient pas rétrécir et l’implosion n’est pas l’éventualité la plus probable.

Tout le défi des dirigeants de la formation centrale et centriste majoritairement sera de colmater les fuites, de transformer un rassemblement en une vraie formation, de tenter d’insuffler un essentiel liant derrière un projet pour qu’elle soit le pilier du programme présidentiel de 2022 avec (le plus probable) ou sans une candidature d’Emmanuel Macron et qu’elle puisse éventuellement survivre à son créateur.

Les départs et les controverses internes de 2021 seront peut-être un bienfait pour créer une cohésion globale même s’il faut craindre pour LaREM de nombreuses défections supplémentaires, plus les élections générales se rapprocheront en cas de mauvais sondages et /ou d’approfondissement des crises actuelles.

Mais, in fine, si le parti présidentiel maigrit pour trouver une vraie identité, cela pourrait l’aider ainsi que le président de la république en 2022 pour recréer une dynamique sur des bases qui seraient alors plus solides tout en agrégeant autour de la candidature Macron sur une adhésion partisane et idéologique réelle donc forte et non sur un corpus très large et sans contours qui a permis à tous ceux qui l’ont rejoint en 2017 d’y mettre de qu’ils avaient envi et, pour le plus négatif, de rameuter nombre d’opportunistes qui d’ailleurs font la majorité des défections jusqu’à présent.

2022 pourrait donc être une année de vérité pour LaREM et éventuellement salvatrice.

 

► MoDem: continuer la dynamique de 2020

Qui aurait pu prédire fin 2016 que le Mouvement démocrate serait à pareille fête en 2020?

Personne, pas même son président-fondateur, François Bayrou.

A l’époque, le MoDem ne représentait pratiquement plus rien en termes d’élus et électoralement parlant et la quatrième candidature de Bayrou à la présidentielle de l’année d’après ressemblait à la chute finale d’un projet personnel auquel les Français n’accordaient plus d’intérêt et pour lequel l’adhésion était au plus bas.

Et puis, il y a eu le sauveur Macron qui a redonné vie au parti centriste en acceptant le soutien contraint et forcé de Bayrou qui, après avoir été son principal pourfendeur, n’ayant pas de mots assez durs pour le jeunot qui voulait lui piquer sa place, allait devenir un de ses principaux partisans.

Résultat, le MoDem se retrouve aujourd’hui avec un groupe à l’Assemblée nationale de plus de 50 députés, cinq ministres et un Haut-commissaire au plan, une forme qui contraste avec les problèmes de sa grande sœur LaREM.

Cette résurrection qui atteint son summum en 2021 peut-elle se poursuivre et s’amplifier en 2022?

La réponse est oui parce que le parti bayrouiste possède une cohérence solide, notamment due aux années de vache maigre, derrière un leader jamais contesté (même par ceux qui l’ont quitté au fil des ans jusqu’en 2017) et sur un positionnement centriste jamais remis en question fondamentalement (même si les entorses aux canons centristes ont été nombreuses).

Il est sans doute également probable que sa place au sein de la majorité présidentielle se renforce puisque le gouvernement a désormais besoin des alliés de LaREM pour avoir la majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Voilà qui devait donc le consolider.

Peut-être même lui donner une légitimité accrue en cas de bons résultats aux élections régionales et départementales de juin.

Cependant, le MoDem doit prendre garde de ne pas froisser Emmanuel Macron et ses troupes en fanfaronnant de trop, en tentant de prendre un leadership dont il n’est pas le légitime prétendant, voire en manifestant une trop grande indépendance.

Car sa marge de progression reste encore largement liée à son alliance avec LaREM et personne ne peut dire où il en serait s’il décidait de faire cavalier seul.

C’est d’ailleurs le défi principal des dirigeants du Mouvement démocrate en 2022, assoir sa particularité et donc sa capacité à être de plus en plus autonome, un peu comme feue l’UDF, dont elle est une des descendantes, face au RPR dans les années 1980-2000.

D’autant que les points de friction électoraux sont bien réels.

En ne voulant pas mettre tous ses œufs dans le même panier, soi-disant afin d’élargir la majorité présidentielle et préserver son identité propre, le MoDem a conclu des alliances électorales avec des adversaires du pouvoir en place dont il fait partie!

Une incohérence totale qui peut lui donner quelques succès électoraux mais qui est un danger pour son futur, que la majorité actuelle l’emporte en 2022 ou qu’elle soit battue.

Une des plus grandes inconséquences produites par cette volonté attrape-tout est l’alliance dans un même groupe au Sénat avec l’UDI qui est devenue une des principales contemptrices d’une majorité à laquelle le MoDem appartient!

Sans doute que le MoDem gagnerait en crédibilité à clarifier les alliances de ce genre parce qu’il pourrait payer le prix de ce flou qui ressemble plus à de l’opportunisme politicien qu’à un réel positionnement politique et à une capacité de rassemblement du Centre qui demeure encore largement illusoire malgré les tentatives timides de ces derniers mois qui n’ont eu que comme résultat principal de tendre les rapports avec LaREM (l’accusant de vouloir débaucher ses élus) tout en laissant de marbre les autres composantes de l’axe central avec seulement quelques prises mineures.

 

► UDI: de plus en plus vers la droite?

Eh oui, l’UDI existe toujours!

Mais, désormais, la question est de savoir si elle fait vraiment encore partie de la galaxie du Centre ou si elle ne devient qu’une formation de droite à l’instar de ce qui s’est passé pour le Nouveau centre (devenu entre-temps Les centriste) d’Hervé Morin.

Mais cette dérive droitière réelle ressemble plus à l’incapacité d’avoir une réelle identité politique qu’à une réflexion idéologique quelconque.

Car, si en 2020, l’UDI s’est gargarisée de faire partie de la majorité sénatoriale avec LR, on se rappelle de la tentative de rapprochement de son président, Jean-Christophe Lagarde, vers le gouvernement et la majorité présidentielle en deuxième partie d’année 2019 après la bérézina des élections européennes où le parti n’avait pas dépassé les 2,5% de voix et avait perdu toute représentation au Parlement européen.

On ne sait plus trop ce que défend vraiment l’UDI désormais mais on sait surtout ce qu’elle critique à tout va et de manière souvent outrancière: le pouvoir en place, c’est-à-dire un pouvoir central et… centriste!

On pourrait en conclure que cette incohérence sera la perte du parti à court terme, oui mais voilà, tous les indicateurs depuis 2012, date de sa création, ont dit inlassablement la même chose, qu’il allait disparaître et il est toujours là.

Et ce devrait encore être le cas en 2021 avec une position de plus en plus à droite à moins que la majorité présidentielle lui tende la main avec postes à la clé.

Mais cette dernière éventualité a très peu de chance de survenir.

D’une part parce que la majorité actuelle n’a pas besoin de l’UDI et que les sorties souvent incompréhensibles avec souvent une vulgarité choquante de son président, n’incitent pas ses dirigeants à lui faire les yeux doux.

D’autre part, parce que ce même président est en train de s’enfermer dans une opposition dure qu’il pense pouvoir être payante en 2022 (mais toutes ses stratégies depuis qu’il est à la tête du parti ont échoué les unes après les autres).

Oui, l’UDI existera toujours mais quel est l’intérêt pour le Centre?

 

► Mouvement radical: vivoter

Le radicalisme n’a pas réussi à retrouver la gloire de son passé et sa réunification autour du Mouvement radical a été un flop qui n’a, par ailleurs, suscité aucune dynamique dans les adhésions.

2021 a été une année grise et morose pour ce mouvement qui a, en plus, perdu sa place forte lors des municipales, Nancy, là où son président, Laurent Hénart, était maire après avoir succéder à d’autres radicaux.

Ni dans la majorité présidentielle, ni en dehors, le Mouvement radical vivote et devrait encore vivoter en 2021, n’étant principalement qu’un héritier d’un brillant passé et d’illustres personnalités.

On n’est guère inquiet sur son existence car ce passé et ces personnalités ainsi que quelques points forts comme la laïcité permettent encore d’agréger assez de monde pour faire parti.

 

► Personnalités centristes: qui va tirer son épingle du jeu en 2021?

On parlera évidemment beaucoup d’Emmanuel Macron mais celui-ci doit se mettre en position d’être vu positivement, c’est-à-dire de faire ce qu’il faut face aux crises actuelles à défaut de pouvoir les résoudre s’il veut avoir une chance de pouvoir se présenter avec de vraies possibilités de succès en 2022.

François Bayrou va jouer gros lors de cette année car il va devoir prouver deux choses: qu’il a réellement les capacités de réflexion que son nouveau poste de Haut-commissaire au plan lui impose d’avoir et que ce commissariat n’est pas simplement un gadget, voire un os à ronger que lui a jeté Macron pour le faire tenir tranquille, l’amadouer et l’avoir comme soutien obligé en 2022.

S’il s’en sort avec brio alors son avenir politique s’éclaircira et il pourra avoir – si ces démêlés avec la justice n’ont pas de conséquences importantes – des ambitions pour les années à venir.

Dans le cas contraire, 2021 pourrait être une année où tous ses espoirs s’envolent même s’il connait ce que sont les traversées du désert et qu’il a su rebondir à chaque fois jusqu’à maintenant.

Quelques personnalités pourraient avoir un rôle plus significatif au cours de l’année et pour 2022.

On pense plus particulièrement à Jean-Yves Le Drian, voire à Richard Ferrand ou même à Christophe Castaner, figures fortes de la macronie.

Chez ceux qui aspirent à avoir un rôle plus important et donc une visibilité politco-médiatique plus forte afin de se poser en nouveaux leaders d’importance, voire en espoirs du Centre, on peut citer Marc Fesneau, Jean-Noël Barrot, Sarah el-Haïry, Emmanuelle Wargon, Agnès Pannier-Runacher, Aurore Bergé et surtout, Marlène Schiappa et Clément Beaune.

Ces listes sont loin d’être limitatives et sont souvent contredites par les événements…

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

Lire aussi:                        
- Centriste de l’année – Edition 2020. Joe Biden
- L’année du Centrisme en France – Edition 2020. Le pouvoir centriste à l’épreuve de la covid19

- L’année du Centrisme dans le monde - Edition 2020. L’éclaircie américaine

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