mercredi 30 septembre 2009

Actualités – France – Pour le politologue Dominique Reynié, «l'utilité du Nouveau Centre est dans les candidatures autonomes»

Dans un entretien au Figaro, le politologue et directeur de la Fondation pour l’innovation politique a expliqué ce qu’il pensait de la stratégie que devrait adopter le Nouveau Centre au sein de la Majorité présidentielle. Extraits.

Quels enseignements tirez-vous de la législative partielle dans les Yvelines?

La stratégie d'union des droites est performante au premier tour, mais à la peine au second. Pour le candidat de droite, cette stratégie se traduit au deuxième tour par un gain visible (+ 6 points) mais limité, le candidat franchissant à grand-peine la barre des 50 %. En revanche, la candidate écologiste a gagné 30 points d'un tour à l'autre en ralliant à elle, outre ses électeurs Verts, ceux du PS, du PCF et les divers gauches alliés au MoDem. De nouveaux électeurs semblent venus de l'abstention. Nous avons là deux modèles en présence : d'un côté, l'union dès le premier tour, qui est le choix de l'UMP, au risque de favoriser l'abstention et de ne pas progresser suffisamment au tour décisif ; de l'autre côté, la diversité électorale, qui permet à un camp d'offrir à ses électeurs une pluralité de possibilité avant de les réunir au second tour, mais qui expose l'un d'eux au risque d'être éliminé dès le premier tour. Ici, le PS en fait les frais.

Ce résultat condamne-t-il la stratégie de l'UMP?

Non, mais il marque les limites de son caractère systématique. Il faudrait une stratégie plus fine, adaptée aux singularités locales. Dans certains cas, la pluralité de l'offre au premier tour peut permettre d'obtenir une meilleure mobilisation au deuxième tour. Cette mécanique est sans doute plus adaptée aux partis qui gouvernent, parce qu'ils souffrent inévitablement d'une certaine désaffection électorale. En revanche, avec la stratégie d'union, les électeurs désirant voter à droite sans vouloir soutenir l'UMP dès le premier tour, pour manifester impatience ou agacement, pourront avoir le sentiment qu'on leur force la main et choisir l'abstention. Mais si le danger, pour l'UMP, c'est l'abstention, pour le PS c'est le vote Vert.

Le Nouveau Centre n'a-t-il aucune utilité électorale?

Si l'on pense qu'une offre diversifiée de premier tour est d'un meilleur rendement au second tour, notamment auprès des abstentionnistes de droite, alors l'utilité du Nouveau Centre est dans les candidatures autonomes. La question est d'autant plus importante pour l'UMP qu'il faut retrouver au moins au second tour les électeurs que le MoDem a perdu en opérant son virage à gauche. Les partielles indiquent les pertes importantes subies par le MoDem. La géographie du vote UDF donne les contours de la carte pertinente.

© 2009 Le Figaro

lundi 28 septembre 2009

Actualités – Allemagne – Le nouveau gouvernement allemand sera de centre-droit

Angela Merkel, la chancelière chrétienne démocrate a remporté une nette victoire aux élections législatives de dimanche qui vont lui permettre de rompre le pacte de gouvernement qui courait avec le Parti social-démocrate depuis quatre ans. Elle pourra désormais, comme elle l’avait annoncé durant la campagne électorale, gouverner avec les Libéraux dans une coalition qui sera nettement marquée au centre-droit, le centre étant plutôt désormais occupé par la CDU d’Angela Merkel depuis que le Libéraux du FDP ont fait un virage à droite voici quelques années déjà pour se positionner comme des néolibéraux purs et durs en matière économique.

Selon les résultats officiels, les chrétiens démocrates de la CDU/CSU de Merkel, et leurs alliés libéraux du FDP ont remporté une majorité des sièges de 332 sur les 622 que compte le Parlement, selon les résultats officiels communiqués.

La CDU/CSU (centre-droit/droite) a obtenu 33,8% des voix, le SPD (gauche), 23%, le FDP (droite), 14,6%, Die Linke (gauche), 11,9% et les Verts (écologie), 10,7%. A noter que la participation a été très basse pour des législatives en Allemagne avec 70,8% de votants.

Actualités – France – Division des Centristes au Sénat

Après les déclarations de François Bayrou et de Marielle de Sarnez sur une volonté de négocier des accords avec le Parti socialiste, les sénateurs du Nouveau Centre ont décidé de ne pas participer ce week-end à un séminaire du groupe Union centriste au Sénat, considérant qu'ils n'avaient plus les mêmes «orientations générales» que les sénateurs du Mouvement démocrate. Cette décision risque de mettre à mal la constitution du groupe Union centriste où, jusqu’à présent des sénateurs du Nouveau Centre, du Mouvement démocrate et de l’Alliance Centriste cohabitaient ensemble d’autant plus facilement que la plupart des membres du Mouvement démocrate étaient des soutiens de la politique du gouvernement. Cependant, le virage à gauche du MoDem ainsi que l’élection à la tête du groupe de Nicolas About (Mouvement démocrate) contre Jean-Léonce Dupont (Nouveau Centre) a été très durement ressentie par Hervé Morin, le Président du Nouveau Centre, qui, vexé par cette défaite, avait demandé aux sénateurs de son parti de reprendre leur liberté par rapport à l’Union centriste. Si cette décision de ne pas participer à ce séminaire était le prélude à une séparation du groupe, ce serait un coup très dur pour Jean Arthuis (Alliance Centriste) et sa volonté de réunir les Centristes puisque le Sénat était le dernier endroit où ils étaient unis dans une même structure.

dimanche 27 septembre 2009

Une semaine en centrisme: Y a-t-il un pilote dans l’avion de l’Alliance Centriste?

Mais pourquoi donc Jean Arthuis a-t-il créé un parti dont, en plus, il a pris la présidence? Cette question, de plus en plus de politologues qui se penchent sur l’Alliance Centriste, commencent à se la poser sérieusement. D’autant que l’intéressé leur donne du grain à moudre. Pas de déclarations, pas de prise de position, pas une seule référence à l’Alliance Centriste sur son blog et son site internet, aucune mention à celle-ci quand il donne une interview dans la presse, tout est fait pour cacher l’appartenance du sénateur de la Mayenne au parti qu’il a créé.

Selon Jean Arthuis lui-même ceci procède d’une volonté de définir d’abord un programme puis de faire vivre le parti et proposer des candidats aux différentes élections. Fort bien. Mais on peut alors se poser la question de savoir pourquoi il a créé un parti avant d’abord ledit programme d’autant qu’il avait un outil à sa disposition, l’association Rassembler les Centristes qu’il a justement transformée en Alliance Centriste.

Il n’y a pas que du négatif à vouloir se présenter devant les électeurs avec un vrai programme, bien au contraire. D’autres, comme François Bayrou, ont choisi le processus opposé ce qui n’a pas clarifié pendant longtemps le positionnement du Mouvement démocrate avant que son leader soit bien obligé de dire qu’il était désormais à gauche de l’échiquier politique. Néanmoins, le déroulé naturel de la création d’un parti politique procède d’une volonté de proposer aux électeurs une vision politique particulière. Donc, d’abord les idées et ensuite l’outil pour les faire vivre. On a nettement l’impression que Jean Arthuis a fait le contraire, a mis la charrette avant les bœufs. Ou, à tout le moins, que la création du parti s’est faite sur une seule idée, réunir les Centristes dans une seule structure qui, d’ailleurs, ne serait pas forcément l’Alliance Centriste mais une nouvelle formation, voire une confédération. Cependant, créer un parti sur ce seul but semble démesurer. On en revient à l’idée que Rassembler les Centristes étaient bien la structure nécessaire et suffisante à cette entreprise et que la création d’un parti politique ne se justifiait pas à ce stade là.

Néanmoins, l’Alliance Centriste répond bien à une nécessité du point de vue du Centre. En effet, jusque peu, il n’y avait plus de formation du Centre stricto sensu. Il y a des formations de centre-droit, le Nouveau Centre en tête mais aussi le Parti radical. Il y a des formations de centre-gauche, le Mouvement démocrate, les Radicaux de gauche et la gauche moderne. Seule l’Alliance Centriste se veut une formation du Centre. Et dans ce paysage centriste totalement fragmenté, ce parti a une carte à jouer et un espace à occuper. Or, Jean Arthuis a choisi de ne pas communiquer, nerf de toute stratégie politique, et l’Alliance Centriste est en train de passer à côté de sa mission de réunir les Centristes.

Ce n’est pas l’avenir de l’Alliance Centriste qui est important dans ce cadre – on trouvera bien une autre formation de rassemblement - mais bien celui du Centre. Et cela impose plus de volonté que l’on en perçoit chez les dirigeants de l’Alliance Centriste, leur président en tête. Les semaines à venir devrait révéler quelles sont leurs réelles capacités à mobiliser les Centristes. Sinon l’Alliance Centriste ne sera qu’un groupuscule de plus qui disparaîtra dans le marais qui occupe en ce moment la place du Centre.


Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

samedi 26 septembre 2009

Actualités – France – Pour Jean-Louis Bourlanges, François Bayrou n’est pas centriste

Dans un éditorial publié par le magazine L’Expansion, Jean-Louis Bourlanges, ancien député européen UDF et ami passé de François Bayrou, tire à boulets rouges sur le leader du Mouvement démocrate. Intitulé, «La vraie nature de François Bayrou», le texte explique que son virage à gauche était «le terme inévitable de la dérive engagée au congrès de l'UDF à Lyon, en janvier 2006». Car, depuis cette époque, «le grand hérétique assiste au naufrage de son Eglise. Il n'a laissé à ses hommes d'autre choix que le martyre ou l'infidélité. "Elu du centre, pars vite et reviens tard": là où passe le cheval du Béarnais, l'herbe électorale ne repousse pas». Mais cette trahison de François Bayrou n’en est pas une pour Jean-Louis Bourlanges car en fait le député des Pyrénées n’a jamais été centriste. «S'il se moque ainsi de "ses amis", c'est d'abord parce que ce ne sont pas ses amis. Sa dérive se double d'une apostasie. Il a progressivement renoncé à incarner la spécificité centriste. C'est la mission historique du centre que de permettre aux majorités de droite comme de gauche de résister aux poisons de ce que Bernard-Henri Lévy a nommé "l'idéologie française" : refus de la modération et du compromis, culte de l'exception nationale et du souverainisme, exaltation du volontarisme d'Etat, allergie à l'individualisme, à l'Amérique et au marché.»

«L'homme du centre affirme les droits de la société par rapport à ceux de l'Etat. Il préfère le marché aux monopoles, les vertus du face-à-face aux vices de l'arbitrage au sommet et de l'oukase bureaucratique. Il exalte les corps intermédiaires, respecte les élites ouvertes et répugne au pouvoir d'un seul homme. Il privilégie une vie internationale fondée sur la sécurité collective, la coopération multilatérale et le partage juridiquement organisé de la souveraineté.»

«Seulement voilà: François Bayrou n'est pas l'homme de ce rôle. Chez cet antimodéré, tout s'inscrit en faux par rapport aux convictions centristes dont l'opinion le crédite. Sa conception du pouvoir, héroïque, solitaire et prophétique, doit faire se retourner dans leurs tombes Tocqueville ou Benjamin Constant. Son horreur "forrestérienne" du capitalisme libéral le situe plus près de Benoît Hamon que de Pascal Lamy. Son exaltation sans nuance de l'uniformité jacobine fait de lui l'adversaire attitré de toute réforme de l'université et le désigne comme l'ultime défenseur du modèle bureaucratique français. Sa dénonciation, quasi religieuse, de la mondialisation emporte avec elle les derniers articles du credo atlantiste et même européen du centrisme historique.»

Et il conclut son éditorial par cette phrase assassine: «Décidément, ce qui rapproche François Bayrou de la gauche, c'est ce qu'il y a de pire en chacun d'eux». Même si la politique réserve des surprises, gageons que Bourlanges et Bayrou ne vont pas se réconcilier se sitôt…