lundi 22 août 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Pourquoi les centristes ne doivent pas voter Sarkozy

Or donc Nicolas Sarkozy vient d’annoncer sa candidature via… la quatrième de couverture de son nouveau livre, «Tout pour la France»!
Au-delà de cette «nouveauté» ou plutôt cette bizarrerie pour se déclarer candidat, le reste est bien traditionnel et peu engageant.
Ainsi, il déclare: «J'ai décidé d'être candidat à l'élection présidentielle de 2017. La France exige qu'on lui donne tout. J'ai senti que j'avais la force pour mener ce combat à un moment si tourmenté de notre histoire».
Dont acte.
La première anomalie est, bien sûr, qu’il est d’abord candidat à la primaire de LR avant, peut-être, de l’être à la présidentielle.
A moins qu’il soit certain de la remporter alors qu’il n’est pas en tête dans les sondages ou qu’il fera fi du résultat du scrutin même s’il affirme qu’il respectera toutes les règles de cette primaire.
La deuxième anomalie, c’est qu’il continue à appeler cette dernière «de la Droite et du Centre» alors même qu’il n’y a que des candidats de droite qui sont en lice et que les centristes ont refusé d’y participer.
Ce n’est évidemment pas anodin dans sa volonté d’apparaître comme un unificateur de ces deux pensées politiques mais c’est mensonger.
Quoiqu’il en soit, ses priorités sont bien dans la ligne de droite radicale qu’il s’est désormais fixé avec ces annonces de retours à l’autorité contre le «chantage des minorités» et à l’identité, «notre premier combat pour défendre notre mode de vie».
«Law and order» comme dirait un certain candidat républicain à la présidentielle américaine, Donald Trump…
Pourquoi dit-il se présenter?
Pour faire face à la «défiance à l’égard de la parole publique».
Voilà qui ne manque pas de piquant quand on se rappelle qu’il en est un des principaux responsables et c’est une des raisons pour lesquelles d’ailleurs les centristes ne doivent pas voter pour lui que ce soit lors de la primaire ou lors du premier tour de la présidentielle, si jamais il était désigné candidat de LR.
Malgré quelques groupies «centristes» comme François Sauvadet ou Maurice Leroy, Nicolas Sarkozy n’a jamais été et ne sera jamais «centro-compatible».
Il a même répété de multiples fois tout le mépris qu’il avait pour les centristes.
En outre, sa vision et ses priorités politiques sont beaucoup trop à droite.
Ainsi, ce n’est pas de l’autorité qu’il faut mais d’un vrai leadership qui restaure la confiance et soit à même d’entraîner, dans la sécurité, les énergies qui ne demandent qu’à s’exprimer si on leur donne l’opportunité de le faire.
Or, pendant cinq ans, Nicolas Sarkozy n’a absolument pas été un leader consensuel mais continuellement clivant.
Et ce n’est pas d’identité qui est le propre des sociétés fermées qui ont peur de leur ombre dont nous avons besoin mais d’une démocratie républicaine ouverte sûre de ses valeurs humanistes qui fonde son universalisme et qui a foi en son avenir pour être une des gagnantes de la mondialisation.
Enfin, pour quelles raisons lui redonner les clés de la France alors que son quinquennat a été un échec, voire un fiasco dans certains domaines.
Et si les Français l’ont chassé du pouvoir sans avoir beaucoup d’appétence pour François Hollande, c’est bien parce qu’ils ont senti un homme dévoré par l’ambition personnelle et prêt à tout pour garder le pouvoir mais qui n’a pas beaucoup fait pour eux.
Les quelques remarques positives qu’il a faites sur Trump seraient là pour confirmer ce portrait peu amène pour les centristes.
Reste évidemment le cas d’urgence: si au deuxième tour de la présidentielle Nicolas Sarkozy est opposé à Marine Le Pen, alors oui, les centristes devront voter pour lui.
Mais pas avant.



Présidentielle USA 2016. En chute libre, Trump se déguise en «centriste»

Donald Trump lisant son téléprompteur
Ça y est, la grande mystification trumpienne se pare maintenant d’un déguisement centriste…
Alors que les pronostics de victoire donnent entre 87% et 89% de chances à Hillary Clinton de gagner la présidentielle, la nouvelle stratégie de Donald Trump, après avoir clivé la société américaine comme jamais jusqu’à aujourd’hui – sauf peut-être Barry Goldwater en 1964 et encore – tente désormais de promettre tout à tout le monde dans ce qu’il veut une attitude «centriste».
Celle-ci n’est en réalité qu’un vulgaire avatar de son populisme démagogue qui ne s’embarrasse pas de fausses promesses, de mensonges éhontés et d’une croyance que les électeurs peuvent tout gober alors que ses outrance sans fin lui ont détourné une partie de l’électorat même du Parti républicain.
Le voilà dorénavant qui demande aux noirs de voter pour lui – avec cet étonnant slogan, «qu’avez-vous à perdre à m’essayer»! –, qu’il affirme pour séduire les latinos, que le mur qu’il veut construire entre les Etats-Unis et le Mexique ne se fera pas aussi sûrement qu’il le prétendait auparavant, que les musulmans ne sont pas ses ennemis, qu’il aime les femmes et les respecte, qu’il ne pourra pas tout accomplir tout seul mais avec une Amérique consensuelle et ainsi de suite.
La raison n’est évidemment pas une soudaine lucidité ou une soudaine conversion centriste, ni même une prise de conscience lorsqu’il lit les discours qu’on lui écrit désormais et qu’il débite d’une voix monocorde tel un robot sans âme en les découvrant sur des téléprompteurs, mais la seule volonté électoraliste de récupérer les voix des minorités, mais pas seulement, sans lesquelles il n’a aucune chance d’être élu.
Actuellement, les sondages lui donnent 1% du vote afro-américain!
Mais il est également minoritaire chez tous les Américains qui ont un quelconque diplôme et qui sont tous du côté de Clinton.
S’il est trop tôt pour savoir si cette nouvelle stratégie peut réussir, personne ne semble dupe du «nouveau» Donald qui ressemble énormément à l’ancien.
D’autant que l’électorat d’Hillary Clinton n’est absolument pas soluble dans celui de Trump comme l’ont montré plusieurs études.
Reste à savoir comment les médias, qui préfèrent les taux d’audience (donc une compétition serrée) à l’information sérieuse, réagiront devant cette nouvelle supercherie.
Peut-être avec la responsabilité adéquate.


Sondages des sondages au 22 août 2016
Trump toujours loin derrière

Clinton
Trump
Ecart
Election projection
46,4%
41,2%
Clinton 5,2
Five Thirty Eight (1)
43,0 %
38,1%
Clinton 4,9
Huffington Post
47,1%
39,1%
Clinton 8,0
New York Times
43,0%
38,0%
Clinton 5,0
Polltracker
45,3%
40,1%
Clinton 5,2
Pure Polling
43,9%
38,4%
Clinton 5,5
Real Clear Politics
46,8%
41,5%
Clinton 5,3
270 to win (1) (2)
44,8%
38,8%
Clinton 6,0
(1) Prend en compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours de sondages


Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC



Présidentielle USA 2016

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