jeudi 8 février 2018

Une Semaine en Centrisme. Centre ou droite, le pilotage à vue du centre-droit

La victoire d’Emmanuel Macron a provoqué une grande perte de repères dans la sphère du centre-droit.
Pendant que certains de ses leaders se ralliaient avant et après la présidentielle et/ou les législatives à Macron, d’autres jouaient une partition où les couacs sont plus nombreux que les lignes claires où se dessineraient un positionnement et une stratégie cohérentes.
C’est le cas, entre autres, de Jean-Christophe Lagarde (UDI), d’Hervé Morin (Les centristes), de Laurent Hénart (Mouvement radical) ou encore de Jean-Pierre Raffarin (LR).
Tous, sans exception, – et leurs partis respectifs (sauf LR évidemment) – sont dans ce que l’on peut appeler une «opposition constructive» ou un «soutien critique», sans que l’on sache si c’est le premier terme qui est le plus approprié à leurs comportements ou le second.
Ainsi, chaque déclaration positive sur l’action du gouvernement ou du président de la république est suivie quasi-automatiquement d’une critique plus ou moins virulente.
De quoi perturber leurs sympathisants et d’offrir un tableau peu engageant où ce pilotage à vue fait penser à un vide de la pensée politique mais aussi à de l’opportunisme.
Il faut dire que les partis et les hommes que l’on a évoqués ci-dessus ont vécu une «annus horibilis» en 2017 où, faute de pouvoir présenter un candidat à la présidentielle, ils se sont rabattus sur le plus compatible à leurs yeux, Alain Juppé, avant de devoir, plus ou moins contraints, soutenir François Fillon même après la révélation des affaires le concernant et alors qu’il défendait un programme qui n’avait rien de centriste.
De quoi provoquer des confusions et des contradictions qui sont particulièrement fortes actuellement.
Ainsi, Jean-Christophe Lagarde (président de l’UDI) a décidé, pour monter le soutient critique ou l’opposition constructive, de soutenir deux candidats de la majorité présidentielle lors de prochaines élections législatives partielles.
Mais, dans le même temps, il a soutenu deux candidats LR et s’apprêtent à en soutenir un troisième qui est proche de Laurent Wauquiez avec qui il affirme ne plus vouloir s’allier.
Ainsi, Hervé Morin (président de Les centristes), affirme approuver l’action du gouvernement dans de nombreux domaines mais pointe immédiatement ses lacunes avec des accents très à droite, tout en mettant en garde le président de la république contre un ralliement de Jean-Christophe Lagarde qui ne le ferait que par opportunisme.
Ainsi Laurent Hénart (coprésident du Mouvement radical) qui voulait soutenir Emmanuel Macron lors de la présidentielle avant de faire un suivisme total de ses amis d’alors de l’UDI en se rangeant derrière François Fillon et qui aujourd’hui, en créant le Mouvement radical social-libéral avec Silvia Pinel du Parti radical de gauche, adopte une attitude critique vis-à-vis du pouvoir actuel alors que son positionnement est sans aucun doute le même que celui de la majorité présidentielle.
Ainsi de Jean-Pierre Raffarin (LR) qui n’arrête pas de se plaindre du virage à droite toute de LR et des dangereux positionnements de Laurent Wauquiez, son nouveau président, tout en restant dans le parti mais en menaçant de le quitter et en adressant des satisfecit au président de la république.
On pourrait multiplier les exemples, propos et actes à l’appui.
On comprend bien la confusion qui provoque les contradictions pour des personnalités et des partis qui ont soutenu la Droite depuis dix à vingt ans sans discontinuer et qui ont vécu un véritable séisme lors de la dernière présidentielle et des législatives qui ont suivi.
Néanmoins, on comprend moins leur incapacité à prendre clairement position par rapport aux valeurs et aux principes qu’ils affirment défendre.
Car, dans ce cas, sans forcément se rallier à la majorité présidentielle, il est évident qu’ils devraient couper tout lien avec le LR de Wauquiez et qu’ils devraient être dans un soutien d’un pouvoir essentiellement centriste.
A moins que ces personnalités ou ces partis ne s’estiment plus, eux-mêmes, centristes.
Mais alors, il faut le dire pour la clarté du débat politique et l’honnêteté qu’ils doivent à leurs sympathisants, voire à leurs militants.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC