mardi 13 mars 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Nous ne sommes pas trop informés mais trop désinformés!

La démocratie républicaine nécessite des citoyens possédant du savoir et correctement informés.
Ce n’est pas nouveau.
Tous les promoteurs d’un tel régime de liberté ont toujours insisté, à la fois, sur la responsabilité de l’individu et sa capacité à faire des choix.
Et ce qui ferait de lui cette personne responsable et éclairé serait avant tout qu’il soit instruit et informé, d’où la place éminente que l’école a toujours eu dans une démocratie républicaine et que les centristes, depuis Jules Ferry jusqu’à François Bayrou, ont toujours mis en avant de leurs préoccupations.
D’où le rôle éminemment important de tout le système de transmission du savoir, c’est-à-dire l’école et la presse ou, pour faire un clin d’œil à la III° République, l’instituteur et le journaliste.
Nous ne devons jamais oublier que ces deux personnages emblématiques de la démocratie et de la république remplissent des missions de service public et sont essentiels pour la liberté, l’égalité et la fraternité, sans lesquelles pas de respect et de dignité humaine.
On l’a bien vu avec des dictateurs comme Hitler, Staline Mao, pour ne citer que les plus tristement célèbres dont les premières mesures – toujours les mêmes de la part d’une dictature – sont de transformer l’enseignement en endoctrinement et de supprimer la liberté de la presse afin de mettre en place un système de propagande..
On le voit bien, quotidiennement, avec Vladimir Poutine, Xi Jinping, Kim Jong-Un, Bachar Al-Assad, Ali Khameini, Tayyip Erdogan, dans ces régimes où on ne compte plus les journalistes emprisonnés ou assassinés, où les enseignements ne sont souvent que des porte-voix du pouvoir.
Et elles sont constamment menacées dans nos pays démocratiques par des populistes et des aventuriers comme Trump, Le Pen, Kaczynski, Orban, Meuthen, Farage.
L’importance d’une tête bien remplie et irriguée correctement par de bonnes informations est donc primordiale.
Or, avec internet et les chaines d’information en continue, on nous dit surinformés et que cette surinformation tue l’information.
Si cette assertion n’est pas totalement fausse, encore faudrait-il qu’elle soit la réalité que nous vivons.
Ce qui n’est pas du tout le cas.
En fait, nous sommes d’abord sur-mal informés surtout sur-désinformés!
Ici, il faut utiliser les bons termes pour pouvoir saisir et appréhender correctement les problèmes et proposer des solutions justes.
Informer n’est pas désinformer.
Et si la surinformation peut créer de la confusion chez des esprits peu préparés à la mise en perspective d’un nombre de faits importants, la sur-désinformation, elle, par un flot continu de mensonges et de contre-vérités crée l’incapacité de comprendre correctement le monde qui nous entoure et de choisir les comportements adéquats face à la réalité qui est occultée mais aussi par rapport à nos intérêts.
Cette manipulation de nos esprits parvient même à nous tromper et susciter les mauvaises réactions en regard de nos valeurs et de nos principes alors que nous croyons les servir…
L’irruption récente des concepts comme les «fake news», la «post-vérité» ou les «faits alternatifs» ont remis à l’ordre du jour la question, éminemment importante dans une démocratie, de la désinformation.
Mais outre ces concepts mis en œuvre lors des campagnes présidentielles américaine et française (et qui devraient revoir le jour lors des élections législatives américaines de novembre 2018, toujours pilotés par les Russes, selon un rapport du FBI) par des acteurs locaux et internationaux sur internet et plus précisément sur les réseaux sociaux et les sites d’attaques (comme les russes Sputnik et RT), c’est bien toute une conception de l’information citoyenne qui est en jeu.
De ce point de vue, la loi sur les fake news préparée par le président de la république et le gouvernement sera, quoiqu’il arrive, une bien pâle réponse au défi qui est posé (ou une atteinte à la liberté d’opinion si elle va trop loin…) car les médias dits «traditionnels» sont également porteurs de fausse information, de désinformation et de colportage de rumeurs, le tout vieux comme le monde, vieux comme la création des premiers journaux.
Néanmoins, on ne peut que louer la volonté de la ministre de la Culture, François Nyssen, qui veut donner toute sa place à l’enseignement pour contrer la désinformation.
Mais, plus grave et encore venu des Etats-Unis, de faux sites d’information, le plus souvent initié par des membres radicaux du Parti républicain, ont fait leur apparition sur la toile, s’occupant souvent de politique au niveau local en attaquant les candidats démocrates avec des fake news comme dans l’Etat de Rhodes Island où l’une d’elle, affirmant que la candidat démocrate à la mairie de la deuxième ville de l’Etat avait traité ses habitants de «ramassis de racistes», lui a sans doute coûté l’élection (il a perdu avec 145 voix de retard).
Selon les analystes, ces sites dont il est très difficile de remonter l’origine avec l’utilisation de pseudonymes, pourraient être la prochaine étape des fake news qui jusqu’à présent, sur internet, passaient surtout par les réseaux sociaux.
Et la facilité avec laquelle on peut créer ces sites permettraient à tous – dont les Russes – d’inonder la toile avec de fausses nouvelles venues de faux sites d’information…
Sans oublier tous ces trolls payés ou non qui diffusent les fake news pour quelques cents ou pour l’unique volonté de détruire la démocratie républicaine.
79% des Français selon un sondage ont exprimé leur volonté de lutter contre ces fameuses fake news.
Ceux qui prétendent qu’une loi en la matière serait liberticide ou ne servirait à rien, se trompent de combat.
Car la désinformation est bien plus liberticide qu’une régulation de la liberté d’information (branche de la liberté d’expression).
Tromper le citoyen est ainsi souvent beaucoup plus dangereux que de l’empêcher de prendre connaissance d’une nouvelle controversée.
Pour autant, s’il faut sans doute réprimer les informations frauduleuses, les mensonges éhontés et les attaques sans fondement, on n’empêchera jamais la désinformation, la propagande, les fausses nouvelles et les faits alternatifs dans le cadre d’une «post-vérité».
En revanche, on peut réduire leur importance et leur impact, voire les annihilés si l’individu est un citoyen éclairé.
Et celui-ci ne peut exister que s’il a reçu une bonne formation et s’il peut se procurer une information fiable et sérieuse délivrée par des sources identifiables et remplissant une mission de service public (qui cohabitent évidemment avec les médias d’opinion dont il est évident qu’aucun ne doit être interdit ou pourchassé sauf ceux qui appellent au meurtre et qui militent contre le respect et la dignité humaine).
In fine, ce sera toujours, dans une démocratie républicaine, la capacité de l’individu à analyser, à faire un travail critique grâce à son savoir qui lui permettra de choisir ce qu’il veut en toute connaissance de cause et en toute responsabilité.
Cela n’évitera pas les dérives venues des créateurs et des diffuseurs d’information qui sont vieilles comme le monde.
Le progrès dans l’enseignement et l’information n’est pas venu, ne vient pas et ne viendra pas de l’élimination de toutes les tromperies et tous les mensonges, c’est impossible, mais d’individus capables de ne pas en être les victimes, ce qui est largement atteignable.
L’individu instruit et informé est la meilleure réponse à la désinformation.
Mais encore faut-il s’en donner les moyens en n’oubliant pas que c’est une des missions principales, si ce n’est pas la première de tout régime démocratique et républicain.


Actualités du Centre. UDI et MoDem veulent que la réforme constitutionnelle aille à son terme

Les partis centristes se sont tous prononcés pour la réforme constitutionnelle qui devrait baisser le nombre des parlementaires, limiter le nombre de mandats consécutifs d’un élu et voir l’introduction d’une bonne dose de proportionnelle pour les élections législatives.
Outre LREM qui, en tant que parti du Président de la république, défend l’ensemble des propositions faites par le gouvernement et révélées aux partis politiques lors de leurs entretiens avec le premier ministre Edouard Philippe, l’UDI par la voie d’Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat et le MoDem par la voie de Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale ont également réaffirmé leur volonté que cette réforme constitutionnelle aille à son terme.
Dans un entretien dans le magazine Le Point, Marc Fesneau veut 25% de députés élus à la proportionnelle car «ce n'est qu'à ce stade qu'elle permettra de représenter les différentes sensibilités politiques sans remettre en cause le fait majoritaire. Nous n'avons jamais été des ‘proportionnalistes’ intégraux, mais il faut profondément réformer le champ institutionnel. En dessous de ce chiffre, cela ne sera pas possible. Si cela ne concerne qu'une petite cinquantaine de députés, la réforme n'aura pas de sens et serait inopérante.»
Selon lui le pourcentage de 25% provient «de l'accord entre Emmanuel Macron et François Bayrou pendant la campagne.»
Reste à organiser cette proportionnelle:
«Le Premier ministre a démarré les consultations avec les présidents de groupe et ceux des deux Assemblées. Bref, nous travaillons encore. Beaucoup de questions sont sur la table: comment faire en sorte que le même nombre d'habitants soit représenté par un député? Comment s'assurer que la représentativité n'est pas entachée lorsque des circonscriptions sont plus lourdes que d'autres? En disant ‘entre 10 et 25%’, le gouvernement rappelle aussi qu'il est au stade des hypothèses de travail. Il posera ensuite un texte et nous le regarderons. D'ici là nous rappelons que ces 25%, c'est le principe qui avait été posé pendant la campagne.»
Quant à la baisse du nombre de députés (qui devrait passer de 577 à 400), il estime que «diminuer le nombre de parlementaires, c'est un gage pour avoir plus de moyens, pour mieux évaluer, contrôler et faire la loi. Bref, pour faire notre job.»
En revanche, il ne souhaite pas que l’on restreigne le droit d’amendement:
«Toucher au droit d'amendement présente un risque démocratique. C'est un droit démocratique imprescriptible. Il est constitutionnel et il faut le sauvegarder. Cela étant dit, les députés de l'opposition et de la majorité doivent se réguler pour être plus efficaces.»
Néanmoins, il affirme que «la véritable question, c'est l'efficacité parlementaire. Aujourd'hui, vous avez les amendements rejetés en première lecture qui reviennent en seconde après le passage au Sénat. C'est une perte incroyable de temps. Certains députés sont friands d'amendements dits ‘de même nature’. Marc Le Fur en a déposé 52 sur le prélèvement à la source. Je ne vois pas en quoi cela aide Marc Le Fur à mieux exercer son travail de député de l'opposition.»
De son côté, Hervé Marseille affirme que «nous souhaitons le bon aboutissement de la réforme et sommes notamment favorables à toute évolution qui pourrait renforcer un meilleur équilibre entre le Parlement et l’Exécutif. Mais nous serons particulièrement vigilants sur les rédactions finales de chacune des mesures envisagées et leurs conditions de mise en œuvre.»
Dans un communiqué publié après sa rencontre avec le  Premier ministre, il déclare que «les élus centristes sont attachés au bicamérisme, au maintien du lien fort entre le Sénat et les territoires, ainsi qu’à la proportionnelle.»
Dans un entretien au quotidien l’Opinion, il précise même qu’«à partir du moment où l’on ne touche pas au bicamérisme et au Sénat, je ne vois rien d’infranchissable.»
Comme Marc Fesneau, il estime que «le droit d’amendement doit demeurer un droit fondamental du parlementaire».