mardi 31 janvier 2012

L’Humeur du Centriste. Nicolas Sarkozy, de l’électrochoc à l’électrochic

Nicolas Sarkozy, que l’on a connu mieux inspiré, a voulu faire dans l’électrochoc, dimanche soir, lors de son intervention télévisée. Pour ce faire, il n’a pas eu honte de tout promettre et, en plus, n’importe comment, faisant dans la démagogie du catastrophisme décliniste «sauf si…». Une intervention peu courageuse et responsable alors que justement elle devait l’être selon l'Elysée. Le courage et la responsabilité, deux mots que les centristes aiment bien…
De la TVA «emploi» (dont il affirme faussement qu’il ne l’a jamais appelée «sociale» et qu’il affirmait ne jamais vouloir mettre en œuvre voilà à peine quatre mois…) à la taxe Tobin sur les transactions financières (qui sera un handicap pour la France si aucun autre pays ne l’adopte) en passant par une hausse de 2% sur les revenus du capital et sur cette fameuse proportionnelle détestée par les gaullistes, toutes ces mesures auraient pu mises en œuvre il y a bien longtemps si le courage et la responsabilité avait été les deux mamelles de la décision gouvernementale.
Mais il faut dire que les sondages n’étaient alors pas aussi mauvais…
Sur la proportionnelle, par exemple, le président de la république (ou était-ce le candidat à la présidentielle?!) a eu cinq ans pour la mettre en place et il n’a rien fait! Son annonce la concernant est restée très floue par ailleurs. Ce qui est clair, en revanche, c’est qu’elle a pour but de séduire les centristes et les électeurs du Front national, deux électorats que Nicolas Sarkozy cherchent désespérément à s’attacher pour éviter la bérézina dès le 22 avril prochain.
Quant à faire de la France une nouvelle Allemagne (les mots «Allemagne», «Allemand» et leurs adjectifs ont été prononcés sans cesse), cela est bien évidemment impossible vu les caractéristiques différentes de l’organisation économique des deux pays. Mais, de plus, ce serait sans doute une grave erreur. Chacun des deux pays a ses qualités et ses atouts qu’il vaudrait mieux marier pour en faire une force de frappe plutôt que de se copier l’un, l’autre pour se concurrencer et s’affaiblir face à la mondialisation.
C’est tout le challenge d’une Europe fédérale face à une Europe des nations, une Europe de l’avenir face à une Europe archaïque, une Europe centriste face à une Europe gaulliste.
Un sondage réalisé après son intervention montre que Nicolas Sarkozy n’a, non seulement, pas comblé son retard face à François Hollande mais que celui-ci s’est creusé. Les Français semblent moins stupides qu’il l’escomptait…
Car le sauveur de la vingt-cinquième heure, celui qui vient dire que tout va mal aujourd’hui et que tout ira mieux demain, mais qui en a eu vingt-quatre pour agir et ne l’a pas fait, c’est un petit peu trop gros.
Du coup, on se demande bien ce qu’il va pouvoir inventer dans les jours et les semaines à venir comme nouvel électrochoc pour se poser en «sauveur de la France», en «l’homme responsable face aux difficultés», en «le seul capable de faire face à la crise», etc.
Mais n’est pas Winston Churchill qui veut (ni même Angela Merkel dans un autre registre!).
En outre, Nicolas Sarkozy a bien écouté ses conseillers en communication en se présentant comme «chef de l’Etat» - ainsi que le font tous ses ministres groupies - et non «président de la république», il parait que le mot «chef» en impose plus face aux électeurs que l’on prend décidément pour des c…
Sauf que la phraséologie pompeuse ne remplace pas les résultats de l’action.
Et là, manifestement, notre président de la république se trouve bien démuni comme la cigale de la fable et n’a plus grand-chose à présenter depuis que le nombre de chômeurs a augmenté de plus de 150.000 personnes l’année dernière et que le gouvernement vient de réviser à la baisse les prévisions de croissance de 1% à 0,5% (alors que les experts estiment qu’elle sera sans doute de 0%).
Il s’est même fendu d’une sentence bien ficelée en expliquant que «ce qui inquiète les Français, c’est qu’on leur raconte n’importe quoi sans aucune solution, mais qu’on leur propose seulement des rêve à bon marché». Parlait-il de son intervention? Parlait-il du «travailler pour gagner plus»?
A moins, qu’in fine et devant l’accumulation de nouveaux sondages désastreux, Nicolas Sarkozy décide de faire dans l’électrochic en décidant de se retirer de la course à la présidentielle. Car s’il a bien expliqué qu’il avait fait de nombreuses erreurs, il en a oublié une, celle d’avoir cru que les Français n’auraient pas de mémoire…

Le Centriste

Actualités du Centre – Sondage présidentielle: Bayrou à 11,5%; le Centre à 12,5%

La deuxième vague du sondage IFOP pour Europe 1, Paris Match et Public Sénat donne 11,5% des intentions de vote pour François Bayrou (soit un point de moins que la précédente). C’est le deuxième sondage consécutif depuis le mois de décembre à donner le président du Mouvement démocrate en baisse par rapport à la vague précédente.
Il demeure à la quatrième place derrière Marine Le Pen (19%), Nicolas Sarkozy (24,5%), en deuxième position et François Hollande, en tête (31%).
Hervé Morin et Corinne Lepage sont crédités chacun d’0,5% d’intentions de vote. Le Centre réalise un score cumulé de 12,5%.
(Sondage IFOP réalisé du 29 au 30 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 1387 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

dimanche 29 janvier 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. De la patience d’être centriste

Ceux qui, honnêtement et sincèrement, se déclarent des centristes ont bien du courage et de la patience. Non seulement, ils sont attaqués et raillés pour leur positionnement soi-disant «mou» et «frileux» (sauf au moment des élections où leurs voix sont courtisées avec un empressement proche de l’indécence) mais ils doivent essayer de suivre les circonvolutions, les retournements de veste, les allées et venues des politiques qui se réclament du Centre.
Pour ne pas donner le tournis et désespérer ceux qui croient encore au Centre, nous ne prendrons comme exemple de notre démonstration que les cinq dernières années.
Or donc, tout commence pour nous en 2007, lorsque le Centre, c’est-à-dire l’UDF, présente un candidat unique à l’élection présidentielle, François Bayrou, dont la particularité alors est d’essayer de parler le moins possible de son positionnement centriste et de se dire plutôt «démocrate» ou «progressiste», allant même jusqu’à affirmer lors d’une conférence de presse que le mot «centriste» ne fait pas partie de son vocabulaire.
A ses côtés, on trouve le président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, Hervé Morin, qui, en tant que fidèle lieutenant (parmi d’autres lieutenants, toutefois) fait sienne toutes les déclarations et les postures de son chef. Ce qui ne l’empêchera pas, entre les deux tours de la présidentielle de le lâcher en rase campagne pour mettre sur pied une nouvelle formation politique, le Nouveau centre (après une longue cogitation pour le nom…), et s’allier sans problème avec Nicolas Sarkozy, fustigé pendant la campagne par François Bayrou qui hésitera même à se désister en faveur de Ségolène Royal.
Un Nicolas Sarkozy qui a déjà avec lui de nombreux centristes, en particulier ceux qui ont rejoints l’UMP depuis 2002, comme Pierre Méhaignerie ou Philippe Douste-Blazy.
A la sortie de la présidentielle et des législatives qui l’ont suivie, le paysage du Centre est ainsi totalement modifié. L’UDF n’existe plus et est remplacée par deux partis (en attendant un troisième…). Il y a d’abord le Mouvement démocrate créé par François Bayrou dont l’analogie avec le Parti démocrate américain ou certaines formations «démocrates» européennes de centre-gauche n’a rien de fortuit, voulant ainsi signifier un positionnement plutôt à gauche et écologiste.
Il y a ensuite le Nouveau centre, qui n’a rien de particulièrement nouveau puisqu’il regroupe des députés UDF déjà bien connus mais qui ont fait allégeance à Nicolas Sarkozy et se situent clairement au centre-droit. Il n’existe alors plus de formation se réclamant d’un positionnement centre-centre.
Une des particularités de cette scission c’est que le Mouvement démocrate a enregistré très rapidement un nombre conséquent d’adhésions et compte ainsi de nombreux militants mais n’a que peu d’élus, trois députés seulement, alors que le Nouveau centre compte 30 députés mais n’a pratiquement aucun militant…
Alors que François Bayrou s’enferme dans son splendide isolement, se réservant déjà pour les prochaines présidentielles de 2012 (ce qui lui fera passer par pertes et profits les élections «intermédiaires» au grand dam des militants et des élus du MoDem) les renégats de l’UDF entrent dans les ministères avec, comme figure de proue, un Hervé Morin, ministre de la Défense.
Restent alors en déshérence, de nombreux militants centristes qui ne se reconnaissent dans aucune des deux voies choisies par les anciens responsables de l’UDF.
Trois ans après cette scission, ils vont avoir la possibilité d’adhérer à une nouvelle formation, celle de Jean Arthuis, l’Alliance centriste. Par une incapacité de se situer entre les pro-Bayrou et les pro-Morin, le sénateur de la Mayenne reste dans un entre-deux trouble. S’il confie qu’il veut faire un putsch au Mouvement démocrate pour virer Bayrou, il ne dit pas s’il ferait autrement que ce dernier. Toutefois, sa volonté est de réunir tous les centristes ensemble ce qui séduit des centro-centristes qui le rejoignent.
Nous sommes donc en 2010 et les centristes de l’UMP commencent, de leur côté, à montrer des signes de mécontentement. Non seulement ils estiment qu’ils ne sont pas bien servis de leur fidélité à cette UMP sensée regrouper sur un pied d’égalité la Droite et le Centre, mais ils enragent de voir que le Nouveau centre, ce parti de «ralliés du second tour», est mieux considéré par Nicolas Sarkozy.
Il ne s’agit, au départ, aucunement d’une revendication au niveau des idées mais des postes. Pour autant, l’échec de plus en plus flagrant de la politique du président de la république sur fond de crise économique et de montée inexorable du chômage, permet aux centristes de l’UMP de demander une nouvelle politique plus responsable sur les déficits publics et plus volontariste socialement.
C’est aussi le cas du Nouveau centre qui, depuis 2007, peine à se distinguer de sa grande sœur l’UMP et qui sent bien que, les élections approchant, il faut pouvoir exister de manière autonome.
Mais c’est aussi le moment où François Bayrou réalise que sa stratégie du splendide isolement risque de l’isoler totalement et définitivement des Français. Il décide donc de revenir dans l’arène politique en se déclarant le seul et unique centriste, le seul capable, en tout cas, de réunir tous les centristes.
Entre ses quatre courants (Mouvement démocrate, Nouveau centre, Alliance centriste, centristes du gouvernement), les ponts sont jetés mais les oppositions demeurent fortes, surtout au niveau des personnes et de la stratégie à emprunter pour parvenir au pouvoir, plus que sur les idées où les réelles synergies existent.
C’est à ce moment-là, qu’un des déçus du sarkozysme, celui qui avait opiné du chef à toutes les décisions de l’Elysée depuis 2007, se rebelle après avoir été roulé dans la farine. Jean-Louis Borloo, président du Parti radical par défaut (il lui fallait un parti pour avoir quelques troupes), enrage de n’avoir pas été nommé premier ministre alors que des promesses lui avaient été faites. Pour se venger, il entre en guerre larvée avec l’UMP et crée l’Alliance républicaine écologiste et sociale avec le Nouveau centre et la Gauche moderne, micro-parti dirigé par Jean-Marie Bockel.
Le but de cette alliance est de regrouper tous les centristes sauf François Bayrou et de présenter un candidat à l’élection présidentielle. Mais, dès le départ, deux hommes qui ne se vouent aucune sympathie, s’affrontent avant même que les statuts de cette alliance ne soient déposés: Hervé Morin et Jean-Louis Borloo.
Après une série de péripéties qui ne sont pas à l’honneur de ceux qui y ont pris part, Jean-Louis Borloo décide de ne pas se présenter à la présidentielle et laisse Hervé Morin aller au casse-pipe avec des intentions de vote ridicules.
Pendant ce temps, Jean Arthuis, après avoir signé un accord avec Hervé Morin pour créer une Confédération des centres qui ne verra jamais le jour, se jette dans les bras de François Bayrou, ce qui lui permet d’éviter que l’on remarque le fiasco total de son entreprise Alliance centriste.
Un François Bayrou qui avance ses pions mais qui ne décolle pas dans les sondages jusqu’en décembre dernier où, après l’annonce officielle de sa candidature, il fait un bond de quatre à sept points pour se camper en quatrième position avec 13% à 15% des intentions de vote pendant qu’Hervé Morin demeure scotché à 1%.
Et, après ce court résumé forcément réducteur, nous voilà donc fin janvier 2012…
Pendant cinq ans, le Centre s’est donc fait plus remarqué par toute une série de manœuvres politiciennes que par une activité politique digne de ce nom. Non pas que ses leaders n’aient pas de programmes ou de visions politiques mais leurs chamailleries les ont nettement plus occupés que leurs projets pour la France. En tout cas aux yeux des Français.
Pourtant, une dynamique, certes encore mesurée, a permis à François Bayrou de présenter une alternative de plus en plus crédible face aux trois autres «grands» candidats (Hollande, Sarkozy, Le Pen). Cependant, avouons-le, c’est plus parce que ceux-ci apparaissent plus ou moins incapables de répondre à la crise économique que par le programme du président du Mouvement démocrate que ce dernier a fait un bond dans les sondages.
Reste que, pour les centristes, ceux qui se désolent de voir le Centre dans un état de délabrement depuis cinq ans, le sentiment est mitigé. Oui, il y a un espoir que le Centrisme puisse jouer un rôle dans la présidentielle. Et ce rôle pourrait être prééminent. Non, rien n’a changé réellement entre les centristes et il n’y a pas encore d’unité ni même un programme du Centre digne de ce nom.
Du côté du Mouvement démocrate, on penche un peu trop sur les thèses nationalistes. Du côté du Nouveau centre, on oublie un peu trop les préoccupations sociales. Du côté des centristes de l’UMP, on est avant tout préoccupé à ne pas prendre une veste lors des prochaines législatives…
Pour autant, ces cinq années de déshérence centriste nous ont appris quelque chose de fondamental et qui demeure un réel espoir pour l’avenir. Malgré toutes les attaques, dont beaucoup venues de l’intérieur, le Centre a résisté.
Donné pour moribond depuis les débuts de la V° République, son acte de décès étant souvent publié par ses opposants, il est toujours là et représente une force non-négligeable de la politique française. Une force qui sera absolument nécessaire à celui qui se fera élire à la présidence de la république, qu’il soit centriste ou d’une autre mouvance partisane.
Mais, comme on le dit souvent ici, ce ne sera pas grâce aux leaders centristes. A eux de changer cette donne.
Faudra-t-il encore cinq ans de patience?!

Alexandre Vatimbella

samedi 28 janvier 2012

Une Semaine en Centrisme. L’implosion inévitable du Nouveau centre

Bien que rien ne soit jamais définitif dans la sphère politicienne, bien que les haines éternelles font souvent place le lendemain aux amours infinis, on voit mal comment le Nouveau centre va pouvoir sortir indemne de la bataille de chiffonnier qui oppose Hervé Morin et ses lieutenants à propos de sa candidature à la présidentielle.
Après avoir tenté de discréditer la candidature de leur président pendant des mois, François Sauvadet, Maurice Leroy, Jean-Christophe Lagarde avec quelques seconds couteaux sont passés à la vitesse supérieure. Ils ont publié en début de semaine une tribune dans Le Figaro dans laquelle ils appellent à voter Nicolas Sarkozy dès le premier tour de l’élection présidentielle où devrait se trouver pourtant le représentant de leur propre parti…
Mais, ils l’ont fait alors même que le président de la république actuel ne s’est même pas déclaré candidat et que le congrès du Nouveau centre devant décider si le parti présentera ou non une candidature ne s’est pas encore tenu!
En politique où l’on manie souvent l’euphémisme, on appelle cela de la trahison en bonne et due forme. Et pour enfoncer le clou, ces mutins ont ouvert un site où l’on peut venir les supporter et dire que l’on fera comme eux, voter Sarkozy au premier tour.
De son côté, Hervé Morin a refusé de rentrer dans le rang et continue son aventure présidentielle avec des sondages qui lui donne au maximum 1% des intentions de vote quand ils ne lui donnent rien du tout tellement peu de sondés se déclarent en sa faveur. Un entêtement qui a ses raisons mais qui risque de décrédibiliser définitivement le Nouveau centre et le faire passer pour un parti fantôme qui ne doit son existence qu’à la volonté de l’UMP de lui faire de la place lors des élections législatives. La preuve, donc, que les mutins ont raison de prôner l’alliance avec la Droite dès le premier tour de la présidentielle…
Le jusqu’au-boutisme des deux factions n’a qu’une seule victime, le Nouveau centre, un parti déjà né d’une scission et qui pourrait se scinder lui-même ou disparaître. Voilà qui ne serait pas une nouveauté dans la galaxie centriste où les ralliements à la Droite furent légion dans les années 1960 et 1970 mais qui fait malgré tout désordre.
D’autant qu’il s’agit là, avant tout, d’un conflit de personnes et non d’une opposition d’idées ou de vision politique. On n’est que dans la politique politicienne, celle que le Centre se doit toujours de refuser parce que, justement, ses adversaires, l’accuse d’en faire trop souvent.
Quant au devenir du Nouveau centre, actuellement, on ne voit pas très bien comment il pourrait éviter l’implosion, comment Hervé Morin pourrait s’assoir demain à la même table que ceux qui l’insultent et le ridiculisent. Savoir si ce parti peut se permettre cette tragicomédie semble être le cadet des soucis de ceux qui la jouent.
In fine, quel que soit l’épilogue de ce micro-événement politique, le Centre aura été écorché par ceux qui prétendent le servir et défendre ses valeurs. Un peu désespérant…

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

Actualités du Centre – Pour Hollande, Bayrou est du centre-droit et ne peut gouverner avec lui

Pour François Hollande, il n’y a pas de doute, François Bayrou est un homme du centre-droit, donc de la Droite. Lors de l’émission «Des paroles et des actes» sur France 2, il a estimé que le président du Mouvement démocrate, «fait plutôt une campagne de centre droit que de centre gauche», affirmant, dans le même temps «j'ai du respect pour François Bayrou mais moi, je veux être dans la clarté».
Il a ajouté que «François Bayrou trouve que mon projet n'est pas bon, il l'a dit. Donc, je ne vois pas comment il pourrait participer à un gouvernement pour appliquer un projet qu'il ne trouve pas bon. C'est à cette contradiction qu'il sera confronté s'il n'est pas au second tour».

vendredi 27 janvier 2012

USA élection 2012 vue du Centre – Obama lance sa campagne avec son discours sur l’état de l’Union / Elire Obama, tout autant pour ce qu’il fera que pour ce qu’il empêchera les républicains de faire?! / Romney empêché de se recentrer face à la meute des conservateurs de la droite extrême


«Populiste», Barack Obama? C’est ce que certains commentateurs ont conclu en écoutant ses propos lors du troisième Discours sur l’état de l’Union que le président des Etats-Unis a prononcé en début de semaine. Et si certains affirment qu’être traité de populiste est moins négatif aux Etats-Unis qu’en France, cela signifie, tout de même, que, selon une partie de la presse américaine, Obama a choisi le petit peuple contre les élites, notamment financières, et que c’est un tournant dans sa vision politique.
Pourtant, ce n’est pas aussi simple. Il est vrai qu’Obama a décidé de passer à l’offensive depuis quelques mois face au Parti républicain qui a largement bloqué sciemment sa présidence depuis sa victoire à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de novembre 2010 et dont les membres, notamment les candidats à la primaire qui doit désigner leur candidat pour la présidentielle de novembre prochain, n’ont que mépris et, souvent, insultes à la bouche envers sa personne (la dernière offense en date vient du gouverneur de l’Arizona, Jan Brewer, qui a pointé, mercredi dernier, un doigt vengeur en direction du président lors d’une discussion semble-t-il animée, ce qui lui a valu d’être applaudie par l’extrême-droite républicaine qui demande maintenant à Newt Gingrich d’en faire sa colistière pour les présidentielles…).
On comprend, dès lors, que, d’une part, il doit se montrer conquérant et que, d’autre part, il n’a aucun cadeau à faire à des adversaires aussi virulents dont le seul mot d’ordre demeure encore de faire de lui un «one-term-president».
Mais les propos qu’il a tenus devant le peuple américain mardi soir n’ont été souvent que le rappel de sa position depuis sa campagne de 2008. Comme nous l’avons dit ici, c’est avant tout le déplacement vers la droite extrême des républicains et leur matraquage incessant sur son «socialisme» qui ont fait croire que Barack Obama s’était déplacé vers la gauche.
Disons qu’il a mis en avant, ces derniers temps, plutôt des mesures de justice sociale qui ont «gauchisé» un discours qui demeure largement centriste.
Car, pour l’essentiel, Barack Obama est resté sur ses positions de modéré cherchant le consensus et demandant avant tout que le rêve américain permette à chacun une part équitable de celui-ci s’il donne en retour son dû équitable et qu’il joue le jeu avec les mêmes règles que les autres.
Une formule qu’il va maintenant décliner jusqu’à l’élection en se posant comme le défenseur des classes moyennes, celles qui ont été les chouchoutes des présidents depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’à la présidence de Ronald Reagan, surtout jusqu’à celle de George W Bush, ce dernier détruisant le consensus social américain établi dans les années 1950, cher à l’économiste Paul Krugman, pour favoriser, à la place, l’enrichissement des plus riches qui, en retour, devait entraîner l’enrichissement de toute la société mais qui a produit l’effet inverse, creusant de plus en plus un fossé entre les très riches et les autres, la crise économique ayant accentué ce mouvement.

Même si les sondages s’améliorent en ce moment pour Barack Obama, il se pourrait que son élection soit plutôt un vote contre les républicains plutôt qu’un vote en sa faveur.
Le spectacle, parfois piteux, des primaires républicaines où les candidats s’insultent avec une rare violence tout en prenant des positions idéologiques proches de l’extrême-droite et le blocage des institutions à Washington dû essentiellement aux élus républicains élus en novembre 2010 avec la vague populiste conservatrice du Tea Party (qui a très largement reflué depuis dans l’opinion publique), sont en effet deux des grands atouts actuels d’Obama pour sa réélection.
Ils pourraient permettre de mobiliser toute une frange des «liberals» qui, actuellement, ne veut pas se rendre aux urnes, déçue par le centrisme du président mais aussi faire pencher les «independents» modérés qui pourtant sont plutôt enclins à sanctionner Obama pour, selon eux, sa responsabilité dans l‘échec du gouvernement à faire baisser largement le chômage.
C’est en tout cas une arme que ne se privera pas d’utiliser l’équipe de campagne du président.

La prochaine primaire républicaine aura lieu mardi 31 janvier en Floride. Après deux débats d’une rare violence, le dernier ayant vu Mitt Romney demander à Newt Gingrich d’arrêter de l’agresser en racontant des mensonges (ce dernier l’attaquait sur ses positions «anti-immigrés» dans un Etat, la Floride, où le vote des immigrés cubains est très important…).
Romney, selon un dernier sondage, remporterait cette primaire avec 38% des voix contre 29% à Newt Gingrich. Mais, jusqu’à présent, les sondages ont souvent été démentis par les résultats des urnes…
Toujours est-il qu’en attaquant sans cesse Mitt Romney, les autres candidats de la primaire (Newt Gingrich, Rick Santorum, Ron Paul) empêchent l’ancien gouverneur du Massachussetts de se recentrer afin de ratisser large, ce qui lui sera obligatoire s’il veut remporter la présidentielle de novembre (mais qui est un handicap pour remporter les primaires…).
Et toutes les déclarations qu’il est obligé de tenir en ce moment pour gagner son certificat de bon conservateur de la droite extrême seront évidemment des armes dans les mains d’Obama par la suite.
Cependant, Mitt Romney, s’il demeure le favori de cette course républicaine, n’est pas du tout sûr de l’emporter. Même si peu de gens voient en Newt Gingrich le candidat du Parti républicain (et beaucoup de républicains espèrent qu’il ne le sera pas), celui-ci n’a pas dit son dernier mot, loin de là.

Alexandre Vatimbella

Actualités du Centre – Sondage présidentielle: Bayrou à 14%; le Centre à 16%


La nouvelle vague du sondage Opinionway pour Le Figaro et LCI donne 14% des intentions de vote pour François Bayrou (soit un point de moins que la précédente). C’est la première fois depuis le mois de décembre qu’une vague d’un même sondage donne le président du Mouvement démocrate en baisse.
Il demeure à la quatrième place derrière Marine Le Pen (17%), Nicolas Sarkozy (24%), en deuxième position et François Hollande, en tête (27,5%).
Hervé Morin et Corinne Lepage sont crédités chacun d’1% d’intentions de vote. Le Centre réalise un score cumulé de 16%.
(Sondage Opinionway réalisé du 23 au 25 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 1087 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

2012 -Carnet de campagne centriste – La percée réelle mais fragile de François Bayrou / Le courage mais surtout l’honnêteté, qualités principales demandées à un président

François Bayrou se situe actuellement entre 13% et 15% des intentions de vote dans les différents sondages. Cela lui vaut une progression significative de 5 à 7 points depuis début décembre et l’a campé en quatrième position, encore loin derrière François Hollande et Nicolas Sarkozy mais beaucoup moins de Marine Le Pen.
Ce qu’il y a également de remarquable, c’est la progression de sa popularité puisqu’il a gagné de nombreux points dans les différents baromètres (Paris Match, Le Point, Le Figaro Magazine) disputant la première place à François Hollande ou l’occupant.
De même, il a gagné en crédibilité. Dans un sondage CSA (1) pour BFMTV, RMC et 20 minutes, il arrive souvent en deuxième position (toujours derrière François Hollande, le premier, sauf en matière d’insécurité et d’immigration où Le Pen arrive en tête). C’est le cas sur les thèmes de l’éducation et de la lutte contre la dette qui lui sont chers mais aussi sur celui du pouvoir d’achat.
Selon l’enquête ISPOS (2) pour le Cevipof (Centre d’étude de la vie politique française de Sciences Po Paris), la Fondapol, la Fondation Jean Jaurès et publiée par Le Monde, il devance les autres candidats en matière qualitatif dans plusieurs domaines. Ainsi, il est en tête pour les affirmations, «est sympathique» (65%), «est honnête» (64%), qualité principale demandée par électeurs (voir ci-dessous), «est sincère» (61%).
Par ailleurs, 52% des Français estiment, selon un sondage SOFRES (3) pour iTélé qu’il a gagné des points récemment dans sa course à l’Elysée. Ce qui se concrétise dans un sondage BVA (4) pour Le Parisien Aujourd’hui en France avec un potentiel électoral du leader du Mouvement démocrate qui est passé de 29% à 36% (21% des électeurs actuels de François Hollande pourraient voter pour lui, 24% de ceux de Nicolas Sarkozy et 28% de ceux de Marine Le Pen).
Néanmoins, la percée de François Bayrou demeure fragile pour plusieurs raisons.
La première vient de son électorat qui est le plus volatile des cinq grands candidats. Dans le sondage IPSOS pour le Cevipof, 77% de ceux qui voteraient pour lui si l’élection avait lieu aujourd’hui se déclarent prêt à changer leur choix. Dans le sondage CSA pour BFMTV, pour les électeurs sûrs de leurs choix, ils sont 68% de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, 67% de celui de François Hollande, 59% de celui de Nicolas Sarkozy, 56% de celui de Marine Le Pen mais seulement 30% de celui de François Bayrou (contre 70% qui déclarent qu’ils peuvent encore changer d’avis.
La deuxième tient à ce que, jusqu’à présent, ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy n’avaient présenté leurs programmes respectifs, demeurant dans le flou au grand dam de leurs supporters qui s’impatientaient, ce qui avantageait celui qui offrait un moyen de marquer cette impatience devant ce vide programmatique (François Bayrou). François Hollande vient de dévoiler largement son programme. Cela devrait être bientôt le cas de Nicolas Sarkozy. Et il faudra voir si les primo-déçus de François Hollande et de Nicolas Sarkozy rentrent au bercail ou s’ils ont trouvé une nouvelle maison plus accueillante à leurs visions politiques.
La troisième c’est que les Français sont encore dubitatifs sur ses chances de parvenir au second tour et de remporter la présidentielle. Selon l’étude IPSOS pour le Cevipof, seuls40% des sondés pensent qu’il possède la stature présidentielle. De même, ils demeurent circonspects sur comment il pourrait gouverner alors que son parti, le Mouvement démocrate, ne compte que deux députés dans l’Assemblée nationale actuelle. Et il y n’y a encore que 42% d’entre eux qui veulent le voir au second tour selon un sondage SOFRES pour Canal Plus(5).
Pour fortifier sa position, François Bayrou a donc besoin d’un deuxième rebond dans les sondages et d’une fidélisation de son électorat. Comme l’explique dans Le Figaro Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d’Opinionway et spécialiste du Centre, «on peut parler de consolidation de son électorat, mais à un niveau encore très insuffisant pour espérer accéder au second tour». Il doit absolument, dans les jours et les semaines qui viennent venir titiller Marine Le Pen et lui chiper la troisième place pour ensuite s’attaquer à ceux qui sont à l’heure actuelle les deux finalistes.
Peut-être que ce rebond pourra venir lorsqu’il aura dévoilé son programme. Mais le président du Mouvement démocrate n’était pas pressé jusqu’à présent de le faire, préférant attendre que François Hollande et Nicolas Sarkozy se dévoilent avant lui. La présentation du programme d’Hollande changera peut-être la donne.

Quelles sont les qualités que les Français souhaitent de leur prochain président? Et qu’est-ce qui est le plus important pour le vote. Deux sondages en apportent des réponses.
Pour un sondage CSA (6) pour Terrafemina, c’est l’honnêteté qui vient en premier avec 53% et, loin derrière, le courage avec 23%. Quant à ce qui motive un vote c’est d’abord le programme du candidat (60%), puis sa personnalité du candidat (19%) et enfin le parti auquel il appartient (18%).
Pour l’enquête IPSOS pour le Cevipof, ce sont d’abord ses propositions et ses idées (64%), sa capacité à vraiment changer les choses en France (63%), sa capacité à faire face à la crise économique (52%), sa personnalité ne venant qu’en cinquième position (25%) et son appartenance à un parti politique en huitième et dernière position (9%).
Donc, si c’est bien la rencontre d’une personnalité avec la France et les Français, comme le dit François Bayrou, ces derniers attendent tout de même qu’il ait des articles en magasin…

Alexandre Vatimbella

(1) Sondage CSA réalisé les 18 et 19 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 974 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
(2) Sondage IPSOS réalisé du 12 et 16 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 4910 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
(3) Sondage SOFRES réalisé les 17 et 18 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 961 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
(4) Sondage BVA réalisé les 23 et 24 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 1011 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
(5) Sondage SOFRES réalisé les 17 et 18 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 961 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
(6) Sondage CSA réalisé les 18 et 19 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 1007 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

jeudi 26 janvier 2012

Actualités du Centre – Sondage présidentielle: Bayrou et le Centre à 15%

La nouvelle vague du sondage CSA pour BFMTV, RMC et 20 Minutes donne 15% des intentions de vote pour François Bayrou (soit deux points de mieux que la précédente).
Le président du mouvement démocrate demeure à la quatrième place derrière Marine Le Pen (17%), Nicolas Sarkozy (23%), en deuxième position et François Hollande, en tête (31%).
Hervé Morin et Corinne Lepage ne sont crédités d’aucun pourcentage d’intentions de vote. Du coup, François Bayrou réalise l’intégralité du score attribué au Centre.
A noter que l’électorat de François Bayrou demeure le plus volatile des cinq principaux candidats. Pour les électeurs sûrs de leurs choix, ils sont 68% de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, 67% de celui de François Hollande, 59% de celui de Nicolas Sarkozy, 56% de celui de Marine Le Pen mais seulement 30% de celui de François Bayrou (contre 70% qui déclarent qu’ils peuvent encore changer d’avis).
(Sondage BVA réalisé les 23 et 24 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 1011 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

mercredi 25 janvier 2012

L’Humeur du Centriste. Amis: trop-plein de Bayrou versus vide de Morin


Cela n’a rien à voir avec François Bayrou et Hervé Morin, ni à leurs qualités ou leurs défauts en tant qu’hommes. Il s’agit de politique politicienne, celle que les électeurs détestent mais dont ils se délectent pour avoir l’impression de s’encanailler…
Alors que les ralliements à François Bayrou se multiplient (et dureront s’il continue à monter dans les sondages, c’est mécanique), les désertions vis-à-vis d’Hervé Morin connaissent la même explosion (et dureront s’il continue à faire du sur-place, c’est aussi mécanique).
Entre une Rama Yade en perdition politique qui menace de rallier Bayrou (au fait, combien de divisions, Rama?!) et la conspiration des trois, Lagarde, Sauvadet et Leroy, qui vient de publier une tribune appelant à voter dès le premier tour pour Sarkozy alors que le congrès devant se déterminer sur une candidature autonome du Nouveau centre n’a pas encore eu lieu (bonjour le déni de démocratie!), les petites ambitions ne connaissent pas la crise…
Mais, tout autant que le manque de soutien, un trop-plein peut faire désordre. Car il faut, au moins, une certaine logique politique à tout cela qui ne semble pas toujours évidente.
D’un côté, ceux qui lâchent Morin en rase campagne montrent une image peu valorisante d’eux-mêmes mais mettent aussi leur parti dans une position désastreuse d’assisté à l’UMP. De l’autre, les frustrés du sarkozysme, qui trouvent soudainement des qualités extraordinaires à François Bayrou après l’avoir combattu pendant des années, sont assez ridicules.
Bon, c’est vrai, c’est plus facile pour Hervé Morin de gérer le vide (pas de couacs dissonant à part les propres bêtises que l’on peut dire…) que pour François Bayrou de gérer le trop-plein et les intentions cachées de ses nouveaux amis.
En revanche, les amis, même intéressés, ça peut amener leurs amis et ainsi de suite. Alors que zéro + zéro = zéro et même pas la voix de la tête à toto en bonus!

Le Centriste

mardi 24 janvier 2012

Actualités du Centre – Une partie du Nouveau centre appelle à voter pour Sarkozy dès le premier tour


Dans une tribune publiée par le quotidien Le Figaro, Les ministres François Sauvadet et Maurice Leroy, le président exécutif du parti, Jean-Christophe Lagarde, ainsi que huit députés du Nouveau centre (Hervé de Charette, André Santini, Christian Blanc, François Rochebloine, Pascal Brindeau, Raymond Durand, et Francis Vercamer) appellent à une candidature de Nicolas Sarkozy qu’ils soutiendront dès le premier tour.
Une démarche qui intervient alors que le congrès du Nouveau centre sur la candidature d’Hervé Morin ne s’est pas encore tenu et qui affirme que «les différentes familles du Centre aujourd'hui dispersées devront nécessairement se retrouver», mais «après la présidentielle»…
Voici le texte de cette tribune:
«Au cours des cinq années écoulées, nous avons participé loyalement et activement à l'action de la majorité constituée autour du Président de la République. La constitution à l'Assemblée nationale, d'un groupe parlementaire autonome nous a permis de faire entendre notre voix sur chaque réforme, sur chaque débat intéressant l'avenir des Français.
Nous avons ainsi pris toute notre part aux réformes dont le pays avait tant besoin. Nous avons fait valoir nos valeurs, nos convictions, nos différences et selon les cas nos désaccords. Pleinement engagés et libres de nos choix.
La question de la dette et la nécessité de réduire nos déficits sont désormais au cœur du débat public. La règle d'or, c'est dès les premiers jours du quinquennat que l'avons portée en soumettant au vote de l'Assemblée nationale une proposition de révision constitutionnelle. Aujourd'hui, nous avons été rejoints par la majorité.
La marche vers plus de justice et d'équité face à l'impôt, nous l'avons engagée en proposant loi de finances après loi de finances une évaluation méthodique de l'ensemble de nos niches fiscales. Ce mouvement est désormais sur les rails et nous devrons, dès demain, le prolonger en faisant de la solidarité et de la justice fiscale la véritable boussole du renforcement de notre compétitivité. La aussi, nous avons été rejoint par la majorité.
Notre famille politique n'a eu de cesse de plaider pour une Europe plus intégrée pas seulement sur le plan économique mais d'abord et avant tout sur le plan politique. Il fallait sortir l'Europe de l'ornière institutionnelle dans laquelle elle s'était progressivement enferrée mais il faut à présent aller plus loin. Seule réponse à la crise que traverse aujourd'hui l'euro, l'Europe politique que nous appelons de nos vœux semble enfin à portée de main. Il faudra, demain, un Président en mesure de s'engager clairement sur cette voie.
L'échéance de l'élection présidentielle prochaine pose désormais avec urgence les questions de nos choix et de notre attitude dans la campagne électorale à venir.
La perte du triple A, l'aggravation du chômage, la situation de crise exceptionnellement grave de notre pays, créent des obligations nouvelles et doivent conduire chacun à considérer l'élection présidentielle avec un sens élevé des responsabilités.
L'éparpillement des voix de la majorité ne pourrait mener qu'à des désillusions avec le risque, comme en 2002, de voir une fois de plus les Français privés de leur choix alors que chacun comprend la gravité des temps que nous vivons.
Nous sommes convaincus que les épreuves qui attendent notre pays et l'ampleur de l'action qui devra être menée pour son redressement , exigent que se constitue un large rassemblement, une «entente nationale» sur des objectifs partagés et un dialogue approfondi avec l'ensemble des forces sociales et politiques de la Nation. Nous souhaitons que soit ainsi élaboré un contrat de gouvernement à la définition duquel nous souhaitons participer.
Au lendemain de l'élection présidentielle, les différentes familles du Centre aujourd'hui dispersées devront nécessairement se retrouver. Nous y travaillerons sans a priori et dans le respect des choix des uns et des autres. Mais aujourd'hui, dans la période de fortes turbulences mondiales et européennes que nous traversons, la sagesse, c'est de faire le choix de l'unité et du rassemblement, car ce qui a été engagé hier doit se poursuivre demain. Là est à nos yeux la nécessité absolue car rien ne serait pire pour notre pays que la victoire du mensonge.
Nous voulons faire valoir notre exigence d'équité dans les efforts à fournir pour redresser la France, notre volonté de moderniser notre système politique en introduisant la proportionnelle pour que tout citoyen soit représenté, notre ambition de moderniser la formation des jeunes pour gagner la bataille de l'emploi. Nous pensons que la France ne surmontera ses épreuves que par la transparence et la vérité qu'on doit à nos concitoyens.
C'est donc avec l'ambition de voir la France au rendez-vous de la vérité que nous souhaitons que le Président de la République, Nicolas Sarkozy, se porte candidat à l'élection présidentielle pour construire une majorité renouvelée, élargie et mieux équilibrée. Nous souhaitons dès à présent travailler en toute clarté avec nos partenaires à la définition d'un nouveau contrat de gouvernement pour les cinq années à venir.
5 années pour que la France domine la crise. 5 années pour que l'Europe prenne en main son destin.»

dimanche 22 janvier 2012

Une semaine en Centrisme. Mais qui Bayrou peut-il embêter le plus?!


Voilà une bonne question! C’est en tout cas celle des stratèges de l’UMP et du PS et de leurs relais médiatiques.
A l’UMP on pense que François Bayrou est un concurrent direct de François Hollande alors qu’au PS on estime que toute voix supplémentaire qui se portera sur le président du Mouvement démocrate en sera une de moins pour Nicolas Sarkozy…
Du coup, les organes officieux des candidats, tels le Figaro pour Sarkozy ou Libération pour Hollande, par exemple (liste non-limitative puisque l’on pourrait citer Valeurs Actuelles et Le Nouvel Observateur, Le Point et l’Express et quelques autres), font une publicité à François Bayrou bien au-delà de ce que justifierait son score actuel dans les sondages et multiplient les gentillesses à son égard, le ménageant beaucoup plus que le simple respect dû à tout candidat à la présidentielle qui n’est pas de son camp.
Sans oublier qu’il faut également le ménager pour récupérer son soutien puisqu’il a affirmé qu’il appellerait à voter pour un des deux candidats du deuxième tour s’il n’y est pas présent. Mais il faut également ménager les électeurs du député béarnais, ne pas trop les braquer afin que Nicolas Sarkozy et François Hollande puissent récupérer leurs voix pour le deuxième tour au-delà d’une consigne de vote.
La couverture et le dossier spécial du Figaro magazine de cette semaine participent de la stratégie du «Bayrou capable de barrer la route à Hollande» (puis, évidemment, de ne pas être capable de battre Sarkozy au deuxième tour s’il est présent ou, mieux encore, de barrer la route à Hollande et de faire qualifier Le Pen au deuxième tour qui sera, bien entendue» écrasée par Sarkozy comme son père l’a été en 2002 par Chirac).
Le problème, évidemment, est de faire en sorte de promouvoir la candidature Bayrou mais pas trop, juste ce qu’il faut pour embêter l’adversaire et, éventuellement, le faire perdre mais en évitant qu’il soit trop fort et qu’il élimine son propre poulain.
C’est pourquoi, tout en assurant une couverture médiatique surabondante, les organes officieux hollandais et sarkozistes lancent quelques piques au président du Mouvement démocrate qui n’aurait pas de programme, qui n’aurait pas de majorité pour gouverner, etc. mais sans jamais le diaboliser (il sera toujours temps, pensent-ils s’il devient trop dangereux).
Mettre Bayrou dans les pattes de son adversaire tout en espérant récupérer les voix qui se sont portés sur lui, cela ressemble à une certaine quadrature du cercle.
Cela dit, peut-être qu’il n’y aura même pas besoin de trouver l’équation improbable, Bayrou les embêtant in fine tous les deux en s’installant à l’Elysée. Et il sera temps alors pour les stratèges de l’UMP et du PS de faire leurs valises et de s’inscrire au chômage…

Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

USA élection 2012 vue du Centre – Décidément les républicains n’aiment pas le «modéré» Mitt Romney / Les «independents» dubitatifs hésitent encore à (re)voter Barack Obama / Discours de l’Union: Obama parlera d’une société équitable et prospère


En Caroline du Sud, où se déroulait la dernière primaire en date pour la désignation du candidat républicain pour la présidentielle du 6 novembre prochain, un des paradoxes les plus étonnants de la politique américaine se vit quotidiennement.
C’est en effet dans le Parti républicain, celui créé par Lincoln, l’homme du Nord, le président de la lutte contre la sécession du Sud et de l’abolition de l’esclavage, que l’on trouve les pro-confédérés les plus virulents, ceux qui n’ont pas accepté la défaite il y a cent cinquante ans, ceux qui vivent encore dans le fantasme d’un Sud autonome en lutte contre l’Etat fédéral de Washington, ceux qui haïssent les Yankees (les gens du Nord).
Ceux, surtout, qui ont revisité l’Histoire en racontant la fable improbable des gentils sudistes, bons avec leurs esclaves, et qui furent agressés et massacrés par des hordes de soldats ressemblant plutôt à des bêtes sauvages, souillant à jamais la virginité de cette terre bénie de Dieu. Un thème repris, rappelons-le, par l’un des plus grands succès du cinéma américain, Gone with the wind (Autant en emporte le vent)…
Et ces mêmes défenseurs de la Confédération, sont les ennemis jurés du Parti démocrate, celui qui les défendait alors, celui qui fut le lieu où se trouvaient tous les sudistes réactionnaires et racistes jusque dans les années 1960, jusque dans les années du mouvement des droits civiques et des mesures prises par le président démocrate, texan d’origine, Lyndon Johnson, pour faire cesser la ségrégation honteuse qui rejeta ces militants peu recommandables dans les bras du Parti républicain grâce à la stratégie de «dirty dick», le président Richard Nixon.
Une Caroline du Sud qui vient, par ailleurs, de relancer les primaires républicaines…

Car, en début de semaine, la course des primaires républicaines semblaient bien être définitivement pliée. On prédisait alors un long fleuve tranquille pour le mal-aimé Mitt Romney. A défaut de soulever l’enthousiasme des militants et des sympathisants, il devenait le candidat inévitable, le seul capable de battre Barack Obama, le honni, récupérant ainsi le vote utile.
Mais, comme dans un mauvais film B, tout s’est écroulé en quelques jours. Bombardé «premier prétendant à la candidature républicaine qui ne soit pas un ‘sortant’ (président ou vice-président) à avoir remporté le caucus de l’Iowa et, dans la foulée, la primaire du New Hampshire», on apprenait qu’un recomptage final des voix le mettait en deuxième position derrière le très conservateur et très fondamentaliste Rick Santorum.
Est-ce la conséquence de ce petit séisme politique? Toujours est-il qu’un séisme nettement plus important s’est produit. Alors qu’il caracolait en tête des sondages pour la primaire de Caroline du Sud qui devait lui permettre de remporter sa troisième victoire consécutive et de distancer quasiment définitivement ses adversaires, ceux-ci ont commencé à afficher une remontée spectaculaire de Newt Gingrich. Celui qui se morfondait au fin fond des sondages et dont on se demandait quand il allait jeter l’éponge, semblait reprendre du poil de la bête malgré son image de marque désastreuse.
En tout cas, pour tous les républicains qui ne se résolvent absolument pas à voir Mitt Romney, le «modéré» élitiste, représenter le parti en novembre prochain, cela a été un signal. Fini le vote utile, finie la désignation d’un candidat «électable», fini le renoncement à l’idéologie.
Mitt Romney a subi une défaite cuisante face à Newt Gingrich de plus de dix points (les dernières estimations donnent 41% à Newt Gingrich et 27% à Mitt Romney alors que ce dernier caracolait avec vingt points d’avance il y a encore quelques jours).
Du coup, il n’est plus qu’un candidat comme Santorum et Gingrich, c’est-à-dire à avoir remporté une primaire.
Tout cela est du pain béni pour Barack Obama qui espère que les primaires républicaines vont durer le plus longtemps possible, qu’elles vont devenir de plus en plus idéologiques, que les candidats vont s’écharper de plus en plus et qu’elles vont diviser le parti irrémédiablement.
Ce scénario qui semblait avoir été rejeté par les républicains, redevient d’actualité et la prochain étape des primaires, la Floride, le 31 janvier, va être très chaude et ne règlera pas définitivement la compétition.
Car la faiblesse de Mitt Romney démontre, non seulement, qu’il n’est pas imbattable mais qu’il est incapable de faire passer son message auprès des militants de son parti, fait de sérieux (je suis le seul compétent en économie) et de renoncement à tout ce qu’il était ou à fait lorsqu’il était aux affaires (je suis contre l’avortement alors que j’étais pro-choix, je suis contre une assurance maladie universelle alors que j’ai été le premier à en créer une dans le Massachussetts, etc.).
Il a beau prendre des positions extrémistes, dignes des conservateurs les plus durs, et de taper constamment sur l’hôte de la Maison blanche, il ne parvient pas à se faire accepter comme un membre de la famille, ce qui n’est pas le cas de ses opposants malgré, parfois, leurs scores très bas.
«Pire» pour lui, Romney est bien le candidat des républicains modérés, ce qui est un avantage pour la présidentielle mais pas pour la nomination du représentant des républicains à cette même présidentielle…
Ainsi, les sondages de sortie des urnes ont montré qu’une majorité de votants se disant «modérés» ou «liberals» ont voté pour lui alors que ceux qui se disent «conservateurs» ou «très conservateurs» ont voté pour Newt Gingrich.
De même, l’ancien gouverneur du Massachussetts a séduit les opposants au mouvement populiste Tea Party et les personnes les plus éduquées.
Ce qui est aussi très préoccupant pour Mitt Romney c’est qu’il a perdu cette primaire après avoir été balayé par Newt Gingrich lors des débats télévisés comme le montrent ces mêmes sondages «sortie des urnes». Il y a eu deux débats en Caroline du Sud qui ont renversé totalement la tendance et il y en aura deux en Floride également…
Du coup, à la fin de cette semaine, Mitt Romney n’est plus le flamboyant qui a remporté les trois premières étapes des primaires mais le Mitt Romney sans grand charisme et peu aimé qui n’en a remporté qu’une sur trois. Ce n’est évidemment pas du tout la même chose!

Barack Obama peut donc se délecter de cette bataille de chiffonnier qui oppose les républicains d’autant que les sondages sont meilleurs pour lui qu’il y a quelques mois, surtout ceux qui le donnent gagnant quel que soit son adversaire.
Cependant, les sondages montrent aussi que les «independents», ces fameux électeurs modérés et pour la plupart centristes, ceux qui ne se reconnaissant dans aucun des deux grands partis (c’est pourquoi l’on y trouve également des personnes se déclarant à l’extrême-droite ou à l’extrême-gauche) et qui sont primordiaux pour gagner la présidentielle, ne sont pas satisfaits de sa présidence et notamment de sa gestion de l’économie. De même, ils se disent incapables de savoir ce que veux faire le président sortant s’il est réélu.
Seuls 31% ont actuellement une opinion favorable de Barack Obama et les deux-tiers estiment qu’il n’a pas remis l’économie sur les bons rails.
Reste que ces «independents» demeurent encore plus sceptiques sur les prétendants républicains, ce qui est une chance pour l’hôte de la Maison blanche. Par ailleurs, plus de la moitié d’entre eux attendent d’en savoir plus sur Mitt Romney, le plus modéré des républicains, pour se faire une opinion sur lui.
De même, ils estiment qu’il est plus apte à prendre des décisions dans la plupart des domaines que les républicains et que ce sont ces derniers qui sont responsables du blocage des institutions en s’opposant systématiquement aux initiatives du président.
En 2008, Barack Obama avait gagné 52% des voix des «independents» contre 44% pour son rival républicain, John McCain.

Mardi 24 janvier, Barack Obama prononcera le traditionnel discours sur l’Union (State of the Union address). Ce sera son troisième et, surtout, son dernier avant la présidentielle de novembre. A cette occasion il devrait mettre l’action sur le rôle de l’Etat dans la mise en place d’une société prospère et équitable.
Dans une vidéo adressée à ses supporters, le président dévoile un peu la tonalité de son discours. Il s’agira, selon lui, de prendre des mesures afin de bâtir une économie américaine forte et résistante avec un gouvernement qui aidera le secteur privé et les personnes pour que tous puissent avoir la chance de réussir mais aussi aient une part équitable de la richesse produite et que tout le monde joue le même jeu avec les mêmes règles.
Il devrait ainsi appeler à «un retour aux valeurs américaines d’équité pour tous et de responsabilité de tous», comme il le déclare dans la vidéo.
Une des mesures emblématiques qu’il devrait à nouveau défendre est de faire payer plus d’impôts aux très riches, mesure qui est défendue par une large majorité d’Américains.
De même, Barack Obama devrait affirmer que l’évolution, ces dernières années, des républicains vers la droite extrême fait de l’élection de 2012, un événement d’une énorme importance. Et s’il y a bien un thème consensuel entre démocrates et républicains, c’est bien cette dramatisation du scrutin du 6 novembre prochain...

Alexandre Vatimbella

samedi 21 janvier 2012

Actualités du Centre – Sondage présidentielle: Bayrou à 13%; Le Centre à 14%


La nouvelle vague du sondage BVA pour les quotidiens régionaux donne 13% des intentions de vote pour François Bayrou.
Le président du mouvement démocrate demeure à la quatrième place derrière Marine Le Pen (18%), Nicolas Sarkozy (23%), en deuxième position et François Hollande, en tête (30%).
Hervé Morin est à 1% des intentions de vote alors que Corinne Lepage n’est créditée d’aucun pourcentage d’intentions de vote. A noter que lorsque Hervé Morin est crédité d’intentions de vote, Corinne Lepage est le plus souvent en-dessous des seuils d’erreur pour pouvoir être, elle aussi, créditée d’intentions de vote et inversement lorsque Corinne Lepage apparaît dans un sondage, Hervé Morin en est souvent absent…
Le Centre est à 14 % des intentions de vote.
(Sondage BVA réalisé les 18 et 19 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 974 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

vendredi 20 janvier 2012

2012 -Carnet de campagne centriste – Quelles terres François Bayrou laboure-t-il? / Le combat «honnête» d’Hervé Morin / Jean-Louis Borloo a-t-il une utilité pour la présidentielle?


François Bayrou a délivré à Dunkerque son premier grand discours de la campagne présidentielle. Porté par des sondages assez favorables (n’oublions cependant pas qu’il n’a pas encore dépassé les 15% d’intentions de vote et qu’il se trouve toujours en quatrième position à distance respectable des deux premiers) et par des journalistes qui rééditent leur intérêt de 2007 (où il avait été, malgré ses dires, omniprésent dans les médias), il s’est présenté, une nouvelle fois, en rassembleur dans le cadre d’une union nationale.
Il semble que le président du Mouvement démocrate ait, à peu près, la même stratégie qu’il y a cinq ans, la seule, sans doute, à ses yeux qui lui permette d’espérer atteindre le second tour: ratisser le plus large possible et dramatisant l’élection pour se poser en recours.
Ce positionnement est encore plus marqué en 2012 où il peut s’appuyer sur son score de 2007 (18,55% au premier tour) pour provoquer une dynamique non plus de «divine surprise» mais de confirmation de sa «stature de possible vainqueur».
Mais, pour cela, il lui faut un discours qui soit capable de lui ramener un pourcentage assez conséquent d’électeurs de gauche et d’électeurs de droite, donc avec un contenu le moins idéologique possible, le moins détaillé également et le plus centré sur la personne du «sauveur», lui en l’occurrence.
C’est son seul moyen, après être passé de 7% à 14% des intentions de vote dans les sondages de progresser fortement dans les semaines à venir et éviter de plafonner, voire, plus grave, de régresser.
Il sera toujours temps de pencher à droite ou à gauche si les sondages désignent, toujours dans les semaines à venir, le candidat le plus fragile entre Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Tout cela est de bonne guerre électorale et de bonne stratégie politique. Pour autant, François Bayrou s’est présenté comme le héraut d’une pensée politique, le Centrisme. Et s’il doit évidemment dépasser cette posture pour rallier à lui une majorité de Français puisque le Centre n’est pas majoritaire dans le pays (ce qui est le cas également de la Droite et de la Gauche), il se doit néanmoins de demeurer fidèle à ceux qui sont son socle électoral.
Est-ce le cas?
Les centristes sont des gens qui aiment le consensus et qui se voient en modérateurs dans le sens où ils s’estiment des personnes responsables qui sont opposés à la démagogie et au populisme. De ce point de vue, ils sont prêts à confondre les positionnements centriste et d’union nationale.
De même, ils estiment que la gestion du pays ne peut pas prendre des libertés trop grandes avec les fondamentaux, notamment en matière économique.
En revanche, les centristes ne sont pas très sensibles à une glorification de l’Etat et s’ils sont patriotes, ils ont plus une envie d’Europe que d’un nationalisme étriqué.
Le discours de François Bayrou les rassure et les trouble à la fois. Ils reconnaissent en lui, un des leurs, défendant une vision humaniste. Cependant, si le «produire français» ne pose pas trop de problème, notamment en période de crise où il faut reconquérir une place sur l’échiquier mondial, ils sont nettement plus réservés sur l’«acheter français» et la préférence nationale qu’ils associent plutôt à une rhétorique aux aspects dangereux. C’est sans doute pourquoi le président du Mouvement démocrate parle dorénavant plus du «produire» que de l’«acheter».
Quant au nouveau crédo développé à Dunkerque, «Résister», il sera intéressant de voir, dans les semaines à venir ce qu’ils en pensent. A l’heure de la mondialisation et d’une nécessité de relancer la construction européenne, les centristes sont généralement plus proches de la vision tournée vers le présent et l’avenir de Sun Yat-sen, le premier président de la République de Chine dans les années 1910, qui disait: «les courants mondiaux sont puissants, ceux qui les suivent prospèrent, ceux qui tentent de les remonter périssent»…

Pour Hervé Morin, l’important n’est pas de contrer ses adversaires, c’est de contenir ses ennemis. C’est d’autant plus difficile que ceux-ci sont dans le même parti que lui. On se croirait revenu aux batailles Mitterrand-Rocard ou Chirac-Balladur, sauf que là, on se bat pour 1% à la présidentielle (Morin) contre quelques strapontins dans un futur (et hypothétique) gouvernement de droite (Lagarde, Sauvadet, Leroy et consorts).
Dès lors, on peut se demander si se battre pour 1% n’a pas plus de panache que de se battre pour des strapontins. Car, lorsque l’on se bat à ce niveau d’intentions de vote, on est généralement plus honnête dans son combat politique et dans les idées que l’on défend.
Bien entendu, la politique ce n’est pas un jeu pour ingénus. Mais il est rafraîchissant que les idées et l’engagement passent avant le calcul politique.
Evidemment, il ne faut pas être dupe et croire qu’Hervé Morin serait devenu l’homme politique français le plus honnête. Rappelons qu’il a lâché Bayrou en 2007 pour ces strapontins dont on parlait plus haut.
Néanmoins, l’occasion faisant le larron, le voilà dans une posture où il est plus payant d’être honnête que d’être calculateur. Cela rappelle la traversée du désert de certains politiques comme Nicolas Sarkozy après la défaite d’Edouard Balladur à la présidentielle de 1995. On se bat alors pour ce que l’on est et non plus pour ce que l’on voudrait faire croire que l’on est.
Malheureusement, cela ne dure souvent pas très longtemps. Le temps que les sondages remontent ou que les strapontins soient à nouveau disponibles…

Jean-Louis Borloo, ancien candidat soi-disant centriste, sera peut-être une arme anti-centriste pour Nicolas Sarkozy si François Bayrou continue à monter dans les sondages et menace la présence du président de la république au second tour (soit en lui piquant des voix qui le ferait passer derrière Marine Le Pen, soit en prenant lui-même cette place de qualifié pour le second tour). Plus on entend le président du Parti radical, plus on est mal à l’aise face à quelqu’un qui, manifestement, s’est perdu lui-même et tente d’exister sans savoir comment.
Il se dit libre et refuse de dire pour qui il va voter aux présidentielles, affirmant que seule les législatives l’intéressent.
Evidemment, personne ne le croit, et sur ses interrogations quand à son choix le 22 avril prochain (on le voit mal appeler à voter pour Hollande et il déteste Bayrou et Morin) et sur son intérêt unique pour les législatives.
Non, la seule chose qui semblent préoccuper les politiques et les journalistes est de savoir s’il aura le courage de s’opposer à Nicolas Sarkozy (ce qu’il n’a pas fait en retirant sa candidature à la présidentielle) ou s’il rentrera, comme jusqu’à présent, dans les rangs afin de récupérer quelque poste ministériel (et pourquoi pas le premier en cas de réélection de Sarkozy), tout en prétendant être ailleurs.
Ailleurs, une posture qui ne permit pas grand-chose à Michel Jobert et qui fit de Michel Rocard un éternel second et looser dans l’histoire politique française…

Alexandre Vatimbella

mercredi 18 janvier 2012

Actualités du Centre – Sondage présidentielle: Bayrou à 14%; Le Centre à 14,5%


La nouvelle vague du sondage LH2 pour Yahoo donne 14% des intentions de vote pour François Bayrou (13% lors de la précédente vague soit une progression d’un points).
Pour autant, il demeure encore à la quatrième place derrière Marine Le Pen (17% et qui gagne trois points), Nicolas Sarkozy (23,5%, en baisse de 2,5 points), en deuxième position et François Hollande, en tête (30%, en baisse de 1,5 point).
Hervé Morin semble incapable de sortir sa campagne des profondeurs puisqu’à nouveau, il n’est crédité d’aucun pourcentage d’intentions de vote (comme dans le sondage IPSOS réalisé au même moment) alors que Corinne Lepage est à 0,5%.
Le Centre est à 14,5 % des intentions de vote.
(Sondage LH2 réalisé les 13 et 14 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 966 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

L’Humeur du Centriste. Non, le Centrisme n’est pas un Gaullisme!


Les références et les postures nombreuses et répétées d’un candidat au centre de l’échiquier politique au gaullisme ainsi que, récemment, l’incroyable amalgame de certains journalistes entre celui-ci et le Centrisme laisseraient à penser que ces deux courants de pensée politiques auraient des liens de parenté. Et que s’ils ne sont pas frères, ils seraient néanmoins cousins.
Voilà qui doit faire pleurer de rire ou faire rire à en pleurer Jean Lecanuet et quelques autres dans leur paradis!
N’oublions pas que les centristes, tous les centristes, ont combattu, de tout temps, la vision politique emphatique et monarchique du Général de Gaulle pour la France.
Ils ne voulaient pas d’un président omnipotent.
Ils ne voulaient pas d’un Parlement fantoche.
Ils ne voulaient pas d’un nationalisme rampant au moment où on construisait l’Europe.
Ils ne voulaient pas d’une société fermée sur elle-même et regardant vers un passé glorifié à l’extrême, voire n’ayant jamais existé.
Ils ne voulaient pas d’une intervention forte de l’Etat dans l’économie.
Ils ne voulaient pas d’un ordre moral s’abattant sur une société civile étouffée.
Rappelons-nous aussi qu’une grande partie des succès du Général après 1958 étaient dus à la formidable croissance instaurée dès la IV° République (diabolisée à l’extrême par les gaullistes) par des décisions prises le plus souvent par des gouvernements centristes.
La stature présidentielle n’est pas de chausser les bottes du Général d’il y a cinquante ans, c’est de proposer un vrai projet du XXI° siècle aux Français et pour une France dans l’Europe, prête à être une gagnante de la mondialisation, prenant en compte le présent et regardant vers l’avenir, non de regarder vers un passé mythifier.
Le Général de Gaulle était un grand homme qui a fait de grandes choses à un moment difficile de l’Histoire de France. Mais il n’était pas un centriste. Et un centriste, un vrai, ne sera jamais gaulliste.

Le Centriste

mardi 17 janvier 2012

Actualités du Centre – Sondage présidentielle: Bayrou à 14%; Le Centre à 14,5%


La nouvelle vague du sondage IPSOS pour Le Monde, France Télévisions et Radio France donne 14% des intentions de vote pour François Bayrou (7% lors de la précédente vague, début décembre, soit une progression de sept points).
Pour autant, il demeure encore à la quatrième place derrière Marine Le Pen (18%), Nicolas Sarkozy (23%), en deuxième position et François Hollande, en tête (29%).
Hervé Morin n’est crédité d’aucun pourcentage d’intentions de vote alors que Corinne Lepage est à 0,5%.
Le Centre est à 14,5 % des intentions de vote.
(Sondage IPSOS réalisé les 13 et 14 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 948 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

lundi 16 janvier 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Centrisme, responsabilité des citoyens et populisme


On parle beaucoup ces derniers temps de la nécessaire responsabilité des hommes et des femmes politiques et avec raison. Ceux-ci, dans une démocratie républicaine, se doivent de prendre des décisions justes et courageuses, qui plus est dans l’époque difficile que nous vivons, sans tomber dans le populisme facile. C’est la vision du Centrisme. Mais cela ne dispense pas les citoyens de leurs propres responsabilités. C’est aussi la vision du Centrisme.
Si les politiques nous ont amené où nous en sommes, c’est aussi parce que les citoyens le souhaitaient. Croire que le monde politique vit en vase totalement clos et qu’il prend des décisions sans prendre le pouls des desideratas des citoyens est une incongruité, voire une stupidité.
Toutes les élections passées ont confirmé que le choix des citoyens était de continuer à bâtir une société de plus en plus opulente quel qu’en soit le coût économique, sociétal, financier et environnemental (seul l’aspect social, avec le risque d’une remise en cause des droits acquis, pouvaient représenter un frein à cette fuite en avant).
Rejeter, dès lors, la seule faute sur les politiques, en se défaussant à peu de frais de notre responsabilité de citoyens, au moment où nous nous trouvons au pied du mur, serait faire preuve de malhonnêteté intellectuelle et de lâcheté. Ce serait une auto-validation de nos comportements irresponsables.
Pire encore, serait pour ces mêmes citoyens, dans une démarche encore plus irresponsable, de laisser empirer les choses en se tournant vers des extrémistes qui promettent tout et n’importe quoi comme c’est le cas avec le Front national ou le Front de gauche en France, le Tea Party aux Etats-Unis, les nationalistes britanniques ou finlandais.
Pourtant, c’est une tentation forte.
Or, le vote dans une démocratie représentative, ce n’est pas qu’un droit civique, c’est aussi un devoir moral dans le sens où l’électeur se doit de voter avec discernement pour son bien mais aussi pour celui de la collectivité. Le mouvement d’humeur n’est pas de mise s’il consiste à voter de manière irresponsable pour des irresponsables, soi-disant pour donner un avertissement à la «classe politique» dont, par un tour de passe-passe assez extraordinaire, ne feraient pas partie les extrêmes.
Certains rétorqueront que c’est le seul moyen de se faire entendre, parlant de système bloqué. Ils oublient que tous ceux qui veulent participer à la vie de la cité peuvent s’investir dans des partis politiques ou des associations, militer pour leurs idées et convaincre les autres de leur justesse.
La démocratie représentative n’est pas un système passif comme le croient beaucoup de citoyens. Selon eux, on met un bulletin dans une urne et puis on s’en remet totalement à ceux que l’on a élus.
Il n’est pas question de parler de «mandat impératif» (l’élu doit absolument obéir aux désidératas de ses électeurs) qui n’a aucun sens. Mais il s’agit de contrôler l’action des élus, de faire entendre sa voix quand des décisions sont prises, de participer à la vie démocratique, d’être des citoyens éclairés et agissant.
De même, c’est aussi se tenir au courant, comprendre dans quel monde nous vivons, analyser ce qui est possible ou non.
Prenons un exemple. Les délocalisations qui font couler tellement d’encre ces dernières années. Bien sûr que les entreprises ont délocalisé pour avoir des coûts de fonctionnement moins élevé. Mais les citoyens y trouvaient aussi leur compte, eux qui réclament toujours des prix plus bas et des salaires plus élevés.
Or si le coût de la main d’œuvre augmente, les prix aussi, mécaniquement (sauf en cas d’amélioration de la productivité ou d’innovations technologiques qui font baisser les coûts de production). Pour un certain nombre de produits, ce n’est qu’en produisant dans des pays à la main d’œuvre bon marché que l’on peut proposer dans nos hypermarchés des prix défiants toute concurrence.
Les citoyens doivent donc faire des choix et ne pas réclamer le beurre et l’argent du beurre puis de critiquer ceux qui, par démagogie, leur ont assuré qu’ils pouvaient le faire sans se remettre également eux-mêmes en question.
Cet examen honnête éviterait sans doute le poujadisme et le populisme. Et permettrait de se pencher sérieusement sur les problèmes pour trouver de vraies solutions, surtout à la mettre en place même si elles sont douloureuses. Quitte, alors, à congédier les mauvais représentants du peuple pour en mettre d’autres plus responsables et non moins…