jeudi 4 septembre 2008

Actualités du Centre. France François Bayrou devrait parler des axes de son projet politique à la fin de la semaine

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Samedi et dimanche prochains, à l’occasion des universités d’été du Mouvement démocrate, son président, François Bayrou, dévoilera les «axes» de son projet politique. Pour François Bayrou aborde la rentrée devrait lui être favorable, «entre l'état du PS et l'État Sarkozy, ça va bien». Sur le Parti socialiste, sa thèse est simple, le PS traverse une crise de fin de cycle. «Aujourd'hui, plus personne au Parti socialiste ne peut dire aux Français que l'avenir c'est le PS. Cette thèse, développée dans les années 1980, est épuisée», estime-t-il. Le «spectacle» donné par les socialistes le week-end dernier, autour de la succession de François Hollande, le conforte dans sa certitude d'incarner aujourd'hui «l'alternance» politique à laquelle, aspireraient, selon lui, les Français. François Bayrou, que certains dans son propre camp jugent parfois trop autocrate, a toujours considéré qu'un parti politique ne peut réellement peser que s'il possède un véritable leader ou une idéologie politique forte. Notant qu'aujourd'hui le PS ne dispose ni de l'un, ni de l'autre, le député du Béarn admet donc sans difficulté que «ce qui [ lui] aurait davantage posé de problème, en termes de concurrence, c'est que le PS ait réglé son problème de leadership». Or, «là, on le voit, la guerre va continuer», observe-t-il.
Toute la difficulté pour le président du MoDem, face à cet espace laissé vacant par un PS replié sur lui-même, est donc de savoir s'opposer tout en apparaissant constructif. Le risque en effet, pour lui, serait de s'enfermer dans un rôle de simple contestataire, ce qui est le cas aujourd’hui. Conscient, enfin, que c'est plus sur ses propositions que sur une simple dénonciation de l'action gouvernementale, qu'il sera jugé, François Bayrou devrait révéler les «grands axes» de son projet pour préparer «une alternative». De leur côté, Jean Peyrelevade parlera de l'«économie sociale», Corinne Lepage et Jean-Luc Bennahmias, d'écologie, Marielle de Sarnez d'Europe, Philippe Morillon de politique internationale. À noter encore la présence de «grands témoins», tels que la juge franco-norvégienne Eva Joly ou encore le journaliste Jean-François Kahn, dont les noms sont cités comme candidats possibles du parti centriste aux européennes de juin prochain.

Une semaine en centrisme. John McCain quitte le centre politique

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Avec le choix de Sarah Palin comme colistière pour l’élection présidentielle américaine du 4 novembre, le candidat républicain, John McCain a fait un virage à droite qui l’éloigne de ses positions de centriste conservateur. Du coup, Barack Obama reste le seul fidèle à ses convictions centristes. Ce n’était sans doute pas le désir de John McCain de se droitiser mais il n’a pas eu le choix. Ici, ce n’est que de la pure stratégie électorale et politicienne. John McCain est perçu depuis toujours comme un conservateur modéré qui aurait pu avoir sa place à l’aile droite du Parti démocrate. D’ailleurs, il a de très nombreux vrais amis du côté démocrate. Et il a même failli rejoindre, même s’il s’en défend, le Parti démocrate en 2000 après la campagne des primaires républicaines qui avaient vu la victoire et la nomination de George W. Bush comme candidat républicain grâce à des campagnes de diffamation particulièrement violente à son encontre, orchestrées par l’éminence grise du Texan, Karl Rove.
Il est resté depuis une sorte d’indépendant au sein même du Parti républicain, un « maverick », un franc-tireur, qui a toujours gardé sa liberté de parole. Mais, en se présentant aux primaires républicaines, il savait qu’il devrait donner des gages à la base électorale du parti. Non pas qu’elle soit la plus nombreuse, mais celle-ci, composée essentiellement d’évangélistes conservateurs, est celle qui, depuis l’élection de Richard Nixon et la conquête du Sud profond par les Républicains, autrefois démocrate, qui fait la différence. Aucun candidat républicain ne peut se passer de cette base sauf à aller chercher des voix du côté des Démocrates. Et c’était bien un des points clés de la stratégie de McCain. Bien sûr, il ne fallait pas fâcher cette extrême-droite pour limiter les dégâts, mais il savait qu’il ne serait jamais considéré comme un des leurs et, d’ailleurs, il ne le souhaitait pas au-delà d’une rhétorique électoraliste. En jouant la carte du républicain modéré qui allait transcender les clivages (comme espère le faire Barack Obama de l’autre côté), il espérait gagner de ce côté-là ce qu’il allait perdre de l’autre côté. Et sa volonté était de choisir comme colistier et candidat à la vice-présidence l’indépendant Joe Lieberman, récemment en congé du Parti démocrate et ancien colistier d’Al Gore en 2000.
Mais il s’est heurté à un mur de la part de la droite extrême du Parti républicain notamment parce que Lieberman n’est pas opposé à l’avortement et au mariage gay. Et il s’est rendu compte qu’il aurait beaucoup de mal à compenser la perte des électeurs évangélistes par un afflux massif d’indépendants de centre-gauche et de démocrates déçus de la défaite d’Hillary Clinton lors des primaires. Dès lors, il ne lui restait plus qu’à jouer la carte d’une femme jeune et très à droite : Sarah Palin, dont on affirme qu’il ne l’a vu qu’une fois avant de la choisir ! Femme pour attirer les électrices d’Hillary Clinton, jeune pour compenser son âge (il a 72 ans, elle en a 44) et très à droite pour rassurer une bonne fois pour toute l’électorat républicain d’extrême-droite qui s’est d’ailleurs bruyamment réjoui de ce choix.
On verra si cette tactique est gagnante dans les semaines qui viennent. Ce qui nous intéresse ici est le fait qu’en la choisissant, John McCain s’est éloigné – au moins durant la campagne électorale – de positions centristes. Et l’on peut dire, en effet, que seul Barack Obama peut prétendre désormais à l’appellation de candidat centriste d’autant que son colistier, Joe Biden, est aussi un démocrate modéré. Evidemment, si John McCain parvient au pouvoir, il est certain qu’il ne sera pas un extrémiste et qu’il devra, comme la plupart des candidats élus, recentrer son discours et « centrer » sa politique (ce que Bush n’a pas vraiment fait dans de nombreux domaines), ce qui ne sera sans doute pas pour lui déplaire. Mais s’il venait à lui arriver malheur, ce serait Sarah Palin qui prendrait sa place dans le bureau ovale de la Maison Blanche. Et au vu de ses premières déclarations, on peut être inquiet de ce qu’elle y fera lorsque l’on est du Centre…
Jean Gripari
Chef du département Etats-Unis du CREC