vendredi 1 décembre 2006

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Tout se passe-t-il au centre?

Où va se passer l’élection présidentielle ? A Droite, à Gauche, au Centre ? Sur les valeurs, sur l’économie, sur la sécurité, sur le social ? Au regard des qualités des candidats ou de leur image sur papier glacé (un femme, un fonceur, un rassembleur, etc.). Il est souvent difficile de prédire ce qui sera, en fin de compte, l’élément essentiel qui déterminera le corps électoral à choisir un candidat parmi les autres. Reste que plusieurs indices montrent que le positionnement au centre risque de (re)jouer un rôle majeur en 2007.

Bien évidemment, comme d’habitude, les candidats vont ratisser large avec un discours à la fois « marqué » pour mobiliser l’électorat traditionnel de leur camp et « consensuel » pour ratisser le plus large possible, vers cet électorat « modéré » qui se situe au centre de l’échiquier politique. Mais, ce qui risque d’être nouveau en avril prochain, c’est le rôle central du discours consensuel.

Alors que les temps étaient récemment à une distinction tranchée, droite contre gauche, il semble que le balancier politique soit de nouveau stabilisé au centre. C’est ce que semble, en tout cas, signifier les résultats des récentes élections à mi-mandat américaines et c’est ce que semblent montrer les positionnements des différents candidats à l’élection présidentielle de 2007. Serions-nous enfin dans l’universalité de la « Troisième voie » chère à Bill Clinton, celle qui fut reprise par un Tony Blair qui édifia son « blairisme » sur ce socle ? Universalité qui serait d’autant plus prégnante que l’évolution de la Droite et de la Gauche se fait, depuis des années, vers le Centre et non vers les extrêmes, ce qui permet, d’ailleurs, la résurgence des partis extrémistes des deux côtés du spectre politique. Mais, même s’il ne faut pas nier ce mouvement, reste que Droite et Gauche ne sont pas le Centre.

Qu’est-ce donc que le Centre exactement ? Cette question est loin d’être sans intérêt puisqu’un candidat à l’élection présidentielle, François Bayrou, revendique cette étiquette (« centriste révolutionnaire », précise-t-il) et que les médias – en attendant, peut-être, les électeurs – lui porte de plus en plus une attention particulière. Rappelons, rapidement, que le Centre est aussi vieux que la Droite et la Gauche. Il naquit, comme ses deux compères, lors de la Révolution et fut même la force politique dominante à l’Assemblée Constituante.

Souvent, le Centre a été défini comme une mouvance souple qui pratiquait le compromis, voire la compromission. Ses dirigeants étaient plutôt associés à des hommes politiques ambitieux qui, comme un Edgar Faure, pouvaient naviguer sans aucun scrupule de gauche à droite selon les modes politiques et les strapontins offerts (même si Edgar Faure fut un homme politique des plus brillants).

Ce serait faire injure aux militants centristes que de ramener le Centrisme au seul opportunisme politique. Car, être au Centre, c’est se définir comme un humaniste qui recherche avant tout à réconcilier les citoyens, à les faire avancer tous ensemble, même si leurs intérêts individuels peuvent être divergents, afin de bâtir une société équilibrée où chacun doit avoir la sensation qu’il compte et que ses revendications sont prises en compte. C’est bâtir une communauté réconciliée parce qu’unie dans un même élan solidaire permettant l’épanouissement de chacun.

Dès lors, le Centre est une pensée éminemment unitaire et pragmatique, un libéralisme social par évidence. Libéral parce que le Centre reconnaît que le moteur du progrès et de l’évolution de la société passe par la liberté. Social parce que le Centre sait que la sécurité des citoyens, à tous les niveaux, passe par la solidarité et une organisation qui ne laisse personne sur les côtés de la route.

Une fois le Centre défini, on voit que n’y est pas qui veut. Et si l’élection se fait au centre, ceux qui essaient de ratisser large ne le font souvent que pour obtenir les quelques voix qui feront la différence. Car la plupart des candidats sont des diviseurs et non des rassembleurs même s’ils affirment le contraire. Proposer, par exemple, dans des slogans réducteurs de « faire payer les riches » ou de « remettre la France au travail », c’est nier, d’un côté, la liberté nécessaire au bien être du pays et, de l’autre, injurier ceux qui travaillent dur ou ceux qui ne parviennent pas à trouver un emploi.

C’est pourquoi, seul le Centre, dans une politique de juste équilibre, peut réconcilier les Français entre eux, réconcilier les Français avec leur pays, réconcilier les Français avec la politique. Seule cette dernière réconciliation peut permettre de gérer le présent en pensant à l’avenir et de prévoir l’avenir en construisant le présent. Et les défis ne manquent pas…


Alexandre Vatimbella