vendredi 25 avril 2008

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Loin d’une France réconciliée…

Un an après l’élection de Nicolas Sarkozy, force est de reconnaître que, justement, les Français ne se reconnaissent pas beaucoup dans ce président « bling-bling » dont l’action ne semble pas avoir été très efficace en regard des défis du moment si ce n’est de ceux du futur. Et, comble d’ironie et de cruauté pour le Président de la république, une majorité relative de Français aimeraient bien qu’il prenne son opposant le plus virulent, François Bayrou, comme Premier ministre.
Au-delà du fait que nous ne savons toujours pas quel est le programme du fondateur du Mouvement démocrate, ceci démontre bien le fiasco de l’action gouvernementale et, plus surprenant, de la communication du pouvoir en place. Sans doute que les Français souhaitent, comme toujours, être gouvernés au centre à défaut d’être gouvernés par le Centre, le vrai, mais cela ne doit pas cacher la méfiance des citoyens à une équipe qui quand elle ne s’engueule pas, a du mal à agir et à changer les choses pour lesquelles elle s’est faite élire.
Evidemment, Nicolas Sarkozy est encore là pour quatre ans et il serait malvenu de tirer un bilan de son action au bout de 365 jours. Mais, lui-même, a senti le malaise et son intervention télévisée récente l’a bien montré. Bien sûr, il peut invoquer comme beaucoup de ses prédécesseurs, la situation économique difficile voire la crise qui se profile et il n’aurait pas tout à fait tort. Bien sûr, il peut invoquer les pesanteurs de la société française mais justement il avait juré de s’y attaquer alors que ses réformes ont été des compromis peu dynamiques voire de pitoyables compromissions avec les tenants du blocage économique, social et sociétal, l’affaire des OGM en étant une caricature. Bien sûr, il peut invoquer la jeunesse de son équipe en place en pariant que son baptême du feu va lui donner un peu plus de consistance mais encore faudrait-il qu’il y ait une ligne directrice cohérente que l’on a bien du mal à trouver.
Dès lors, c’est à une véritable réflexion sur quoi faire, comment faire et comment le dire que Nicolas Sarkozy et ses conseillers doivent s’atteler. Si, comme le prétend le Président de la république, il na que faire de l’impopularité car il a une mission à accomplir, celle de réformer durablement la France pour lui permettre d’être un acteur majeur dans les décennies qui viennent, alors il doit aller de l’avant dans les réformes et il doit choisir les personnes qui sont capables non seulement de les mettre en place mais de les comprendre et de les supporter. La longue litanie de couacs dans l’action et la communication des conseillers et des ministres a jeté une suspicion sur la qualité et la capacité de l’équipe en place. Le Président doit absolument réagir quitte à mettre dehors tous les incompétents ou tous ceux qui tirent dans un sens inverse de l’action qu’il veut mener ou qu’il a affirmé vouloir mener. Le temps des jeunes sans compétences mais tellement « peopolisables », des gens de gauche venus dire tout le bien qu’il pense d’un homme de droite et récupérer quelques strapontins, de gens du Centre qui, malheureusement, ne sont guère écoutés, doit laisser place à une équipe soudée qui va de l’avant.
Quoiqu’il en soit, nous devons attendre encore pour entreprendre une analyse critique du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Tout ce que l’on peut dire pour l’instant c’est que les Français sont inquiets tout autant par la situation économique et sociale que par l’incapacité gouvernementale. Mais l’on sait aussi qu’il en faut peu, ou en tous cas qu’il faut quelques résultats positifs, pour qu’une opinion publique change de vision radicalement. Sans doute aujourd’hui Nicolas Sarkozy est le plus impopulaire des Président de la V° République. Rappelons-nous cependant qu’en 1986 personne ne donnait une chance à François Mitterrand de faire un deuxième mandat et qu’il remporta une large victoire en 1988. La politique est faite de méandres qui permettront peut-être à Nicolas Sarkozy de renaître à la manière mitterrandienne. Reste à espérer que cela sera à cause d’une action politique efficace et non d’une communication bien menée si chère à Mitterrand…
Alexandre Vatimbella

Actualités du Centre. Etats-Unis Présidentielle 2008 Les Américains commencent à douter des chances de Barack Obama


Le bowling et les verres de bière n'ont pas suffi. Ni d'ailleurs les gaufres et les "cheesesteaks". Pourtant, le projet de Barack Obama de faire souffler un vent de changement sur la Maison blanche pourrait dépendre de sa capacité à séduire la classe ouvrière blanche, restée pour l'instant sourde à sa campagne. La défaite mardi d'Obama en Pennsylvanie, qui a relancé sa rivale Hillary Clinton, est un revers de plus pour le sénateur de l'Illinois dans un gros Etat, qui s'explique en partie par son incapacité à remporter les voix des ouvriers et des personnes à faibles revenus. Cette défaite a prolongé le marathon des primaires démocrates et soulevé des interrogations sur les chances du sénateur métis s'il était finalement désigné pour affronter le républicain John McCain en novembre prochain. "Obama n'a pas réussi à rallier l'électorat ouvrier - des femmes et des hommes blancs qui n'ont pas fait d'études supérieures - et cela pourrait poser un vrai problème pour le Parti démocrate en novembre", estime Clay Richards, directeur-adjoint de l'institut de sondage du Quinnipiac College.
En Pennsylvanie, les sondages de sortie des urnes ont montré que Clinton avait remporté les voix de deux électeurs blancs sur trois dans les foyers dont les revenus annuels sont inférieurs à 50.000 dollars et chez ceux qui n'ont pas fait d'études supérieures. Elle a ainsi accru sa domination dans cet électorat, déjà visible dans les consultations organisées dans les Etats à forte population comme la Californie, l'Ohio et le New Jersey. Obama ambitionne de devenir le premier président noir des Etats-Unis, et cela constitue une partie du problème si l'on en croit certains sondages de sortie des urnes selon lesquels près de 20% des électeurs en Pennsylvanie jugeaient importante la question raciale. Ces derniers ont voté en masse pour Clinton.
"Disons le franchement, une partie (du problème) tient à la question raciale", déclare le sondeur John Zogby. "Chez certains électeurs (...), il y aura des difficultés à accepter un Afro-Américain, surtout si son message ne passe pas et s'il est sur la défensive comme Obama l'a été ces dernières semaines". Avant la consultation en Pennsylvanie, Obama a dû revenir à plusieurs reprises sur ses déclarations sur les habitants "amers" des petites villes, qui lui ont valu d'être taxé d'élitiste par Clinton et McCain. Obama a également du calmer la polémique sur les discours enflammés de son ancien pasteur, qui a notamment affirmé que le gouvernement américain avait répandu le sida parmi les noirs. Obama n'arrive pas à nouer un lien personnel avec cet électorat alors qu'il n'a pas ménagé ses efforts pour y parvenir. Il s'est arrêté dans des bars pour boire une bière, il s'est essayé (de manière peu convaincante) au bowling et il est souvent allé manger des gaufres ou des "cheesesteaks" dans des "diners" (restaurants bon marché). "Ils n'arrivent simplement pas à s'identifier à lui, ils n'ont pas trouvé de lien", explique Richards. Des sondages de sortie des urnes montrent qu'un quart des partisans de Clinton pourraient voter pour McCain ou ne pas voter du tout si Obama est désigné par les démocrates. La sénatrice de New York prétend que sa série de victoires dans des Etats à forte population démontre qu'elle est la mieux placée pour remporter ces scrutins cruciaux pour la victoire en novembre. Obama rejette cette idée, en faisant valoir que le scrutin présidentiel face à McCain sera totalement différent de nature et portera sur d'autres enjeux.
David Axelrod, stratège d'Obama, souligne de son côté que l'électorat ouvrier s'est largement détourné des démocrates lors des dernières élections et il estime que la capacité d'Obama à rallier les voix des noirs, des jeunes et des indépendants sera un facteur beaucoup plus important. "La classe ouvrière blanche vote pour le candidat républicain depuis de nombreuses élections", a déclaré Axelrod sur la radio nationale publique. "Ce n'est pas nouveau. Les candidats démocrates ne dépendent pas que de leurs voix." Les ouvriers de tendance conservatrice ont quitté le parti démocrate pour se rallier au républicain Ronald Reagan dans les années 1980. Beaucoup de ces électeurs, surnommés les "Reagan Democrats" ne sont jamais revenus. McCain ambitionne de réaliser un très bon score en novembre dans cet électorat s'il est opposé à Obama. Le sénateur de l'Arizona effectue d'ailleurs une tournée dans les régions économiquement sinistrées, où les candidats républicains ne se rendent habituellement pas. "Notre (...) analyse du paysage politique en 2008 place les électeurs qui sont dans le bas de l'échelle sociale au coeur de toute coalition politique victorieuse", explique Rick Davis, le directeur de campagne de McCain, dans une note rendue publique mercredi. "Les problèmes d'Obama dans les médias ont contribué à son incapacité à établir un lien avec les électeurs directement touchés par cet environnement économique difficile", a-t-il dit.