lundi 3 décembre 2018

Vues du Centre. Je n’ai pas voté Macron pour que Bayrou se prenne pour le président ou le vice-président!

Par Jeanne Valsami

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jeanne Valsami se définit comme une centriste engagée. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.



François Bayrou & Emmanuel Macron
Monsieur Bayrou, vous avez décidé de ne pas vous présenter en 2017 à l’élection présidentielle.

Non pas par altruisme ou don de votre personne mais parce que vous n’aviez aucune chance d’être élu.

Après beaucoup d’hésitations, vous avez rejoint Emmanuel Macron comme beaucoup d’autres centristes avant vous et vous avez bien fait.

Mais, aujourd’hui, alors que le Président de la république et son gouvernement connaissent des attaques d’une dureté indécente et que leur légitimité se trouve remise en cause par des casseurs et des extrémistes, voilà que vous intervenez un peu partout pour dire ce qui devrait être fait par le gouvernement par des «conseils» que vous lui donnez mais que, moi, j’appelle plutôt des critiques.

Je lis un peu partout tous les reproches que vous et vos lieutenants, adressez au président de la république et au premier ministre.

Ne croyez-vous pas que l’heure est plutôt à une solidarité avec ceux-ci parce que nous savons, nous centristes, que si l’on ne réforme pas enfin le pays, nous nous préparons à des lendemains extrêmement difficiles.

N’est-ce pas de votre responsabilité d’homme politique centriste de ne pas céder à la pression de la rue ou de l’utiliser pour votre propre carrière.

Si vous avez vraiment rejoint Emmanuel Macron parce que vous souteniez son programme et son projet pour la France, montrez-le vraiment au lieu d’agrémenter vos éloges à son encontre de remarques choquantes.

Voyez-vous, monsieur Bayrou, en 2017, en tant que centriste, j’ai voté pour Emmanuel Macron parce qu’il se proposait de réformer le pays en profondeur.

Et je n’ai pas voté pour que vous soyez son vice-président et encore moins un président de substitution médiatique!

Surtout que vous soyez celui qui dresse sans cesse ces réquisitoires même quand l’heure est grave.



Jeanne Valsami




Actualités du Centre. «La majorité, ce n’est pas un syndicat de défense du pouvoir»: Bayrou en rajoute une couche

François Bayrou
Une majorité en matière politique, c’est celle, composée d’un parti ou plusieurs qui détiennent le plus de sièges au Parlement (en France, à l’Assemblée nationale) ainsi que de personnalités indépendantes, voire d’autres organisations, qui soutient le pouvoir en place, qui est solidaire de celui-ci et qui le défend.
Et bien, pour François Bayrou, pas du tout!
Lors d’une interview à Europe 1, le président du Mouvement démocrate qui s’était déjà fait remarqué quelques jours auparavant en expliquant, parlant du gouvernement et plus particulièrement du premier ministre, Edouard Philippe, qu’«on ne gouverne pas contre le peuple», affirme désormais que «la majorité, ce n’est pas un syndicat de défense du pouvoir» et  en rajoute donc une couche sur sa solidarité pour le moins conditionnelle à l’exécutif.
Ces propos viennent en complément de nombre d’articles où l’on apprend tout le mal que Bayrou pense de ce même Edouard Philippe, toute la frustration qui l’anime encore après la victoire d’Emmanuel Macron qui aurait du être, selon lui, la sienne, et le dépit de ne pas avoir été nommé premier ministre, poste qui devait, toujours selon lui, légitimement lui revenir.
Rappelons que le centriste s’est fait une spécialité dans les propos «off» et que tout ce que l’on vient d’écrire, il le dit à ses interlocuteurs, notamment les journalistes, pour ensuite prétendre que ce sont les inventions médiatiques (ce qui arrive mais est rarement le cas…).
On se demande, encore une fois, quels sont les desseins personnels du président du MoDem.
Il peut s’agir de se présenter en recours pour le poste de Matignon tout comme il peut s’agir de se démarquer d’un pouvoir actuellement en difficultés afin de se préserver en jouant sur deux tableaux, une sorte de solidarité dans la critique ou de critique dans la solidarité, être dedans et dehors en même temps.
La première possibilité montre qu’il est toujours à la recherche de son destin politique, la deuxième qu’il pourrait manquer de ce courage politique qui fait les hommes d’Etat.

Extraits de l’interview:
François Bayrou: Il y a une triple revendication (des gilets jaunes): il y a un premier élément autour des taxes du carburant – c’est de là que le mouvement est parti. Il y a un deuxième élément qui est un élément qui tient à la situation sociale, aux difficultés qui sont celles des bas salaires, des retraites, d’un sentiment de décrochage de la part d’une partie des Français qui est réelle et qui doit être naturellement prise en compte. Et il y a une troisième chose qui est: on veut être entendus. Je crois qu’en effet, il faut répondre autant que possible et Dieu sait que ce n’est pas facile.
- On ne leur répond pas jusqu’à présent?
François Bayrou: Pour l’instant, c’est sans doute des réponses qui soit sont insuffisantes, soit ne sont pas encore trouvées.
- Edouard Philippe doit recevoir des représentants des gilets jaunes. Quels sont vos conseils ? Les mesures jusque-là annoncées sont-elles suffisantes?
François Bayrou: Vous savez bien que ce n’est pas exactement mon sentiment encore que je sache que la tâche du Premier ministre n’est pas facile. Le mouvement que nous avons sous les yeux vient de très loin. Mon sentiment, c’est qu’on doit prendre en compte une question qui est l’acceptabilité des décisions qu’on prend. Les charges, les taxes que l’on indique, est-ce qu’elles sont supportables par ceux à qui on les inflige.
- Vous avez demandez un moratoire la semaine dernière, vous réclamiez un moratoire sur la hausse des carburants. Si le gouvernement vous avait écouté, vous croyez que cela aurait apaisé la colère des gilets jaunes?
François Bayrou: Je ne crois pas aux solutions simples et qui résolvent tout donc je ne suis pas en train de vous dire que j’avais la clé, une baguette magique, parce que ce ne serait pas du tout à l’échelle de ce que nous sommes en train de vivre. Je pense qu’il y a une question: c’est qu’à un moment, on ne peut pas gouverner contre le peuple et qu’il faut de ce point de vue-là, ne pas ajouter des charges aux charges. Il y a un moment où il faut dire: il faut stabiliser les charges ou les prélèvements qu’on impose aux gens. Il y a une deuxième chose, c’est qu’on est devant une question de modèle. C’est la société tout entière qui est interrogée et même prise à partie par ceux qui sont en train de manifester et qui disent: c’est une société dans laquelle nous, on a pas de place, comme consommateurs car la vie et chère et on a pas de place comme citoyens; on ne nous écoute pas on ne nous entend pas. Et ces trois éléments-là, les charges immédiates, le modèle de société et le modèle démocratique, ces trois éléments-là méritent une réponse mais ça ne peut pas se faire du jour au lendemain.
- Et est-ce que ça peut se faire – même si je sais que vous ne voulez pas diviser davantage – avec Edouard Philippe à Matignon, Gérald Darmanin et Bruno Le Maire aux finances, aux comptes publics, des postes clés tenus par des hommes venant de la droite: est-ce que ce n’est pas pour cela qu’il n’y a pas de fibre sociale?
François Bayrou: Je ne crois pas que ce soit une question d’étiquette. Mais vous savez bien - puisque c’est un débat que nous avons depuis des mois - que je pense qu’il ne peut pas y avoir en 2018, 2019, 2020, un projet politique qui ne soit pas en même temps un projet qui prenne en compte l’attente sociale. C’est impossible parce que tout va ensemble. Vous voyez bien lorsqu’une société se fracture comme la nôtre depuis 30 ans – j’entends des responsables politiques qui font des remontrances, qui donnent des leçons et qui ont été aux responsabilités il y a très peu de temps - vous voyez bien que cette question de l’unité de la société de la cohésion de la société, c’est la question la plus importante y compris pour notre production et notre économie.  
- Vous évoquiez les divisions dans cette majorité. Dans le Canard enchaîné, on peut lire cette semaine, qu’Edouard Philipe vous qualifierait d’«emmerdeur». Vous êtes le gilet jaune de la majorité?
François Bayrou: Non, je n’emploie pas des phrases de cet ordre. Ce que je sais c’est que l’écho de ce qui se passe dans le pays, des inquiétudes qui sont celles de nos concitoyens, nos amis d’enfance, de jeunesse et qui sont autour de nous puisque on est en Béarn ici, cette voix-là doit être relayée y compris à l’intérieur de la majorité. La majorité, ce n’est pas un syndicat de défense du pouvoir. La majorité, c’est l’expression du pays dans ce qu’elle doit, qu’elle a, dans ce qu’elle doit avoir de plus authentique. Si je suis cette voix-là, je ne crois pas que ce soit un moins. Je pense que c’est un plus pour la majorité.



Actualités du Centre. Réactions centristes aux violences du 1er décembre

Voici les réactions de plusieurs personnalités centristes aux manifestations violentes des gilets jaunes, samedi 1er décembre, notamment celle qui s’est déroulée à Paris avec les importantes dégradations qui ont été commises par les manifestants qui ont blessé de nombreux policiers et gendarmes.

LREM
- Stanislas Guerini (délégué général)
Nous devons maintenir l'ordre républicain et continuer à dialoguer avec ceux qui sont en colère. En tant que Délégué général de La République En Marche, je prendrai toute ma part à la grande concertation lancée par Emmanuel Macron cette semaine.
Je ne confonds pas ceux qui se déguisent en gilets jaunes et ceux qui expriment une colère légitime. Il faut que les gilets jaunes s'en détachent et s'organisent pour que l'on trouve ensemble des solutions. La porte du gouvernement leur sera toujours ouverte.
Les violences envers les forces de l'ordre, les dégradations et l'atteinte choquante aux symboles de notre République sont inadmissibles. Soutien total à nos policiers et à nos gendarmes face à ceux qui cassent et ne respectent rien.
- Gabriel Attal (porte-parole)
Des personnes qui contestent depuis 2017 la légitimité de l’élection se servent du mouvement des gilets jaunes. Des français souffrent, ils attendent des solutions, pas le renversement de nos institutions.
Hier, des policiers ont été défigurés à l’acide. La préfecture du Puy-en-Velay a été incendiée et les policiers ont été empêchés d’y accéder. Des statues dans l'Arc de Triomphe détruites. Ce week-end, je n’ai pas entendu tout le monde condamner ces violences. »

MoDem
- Saral El-Hairy (porte-parole)
Mes pensées vont ce soir à la police nationale, à la gendarmerie et à nos pompiers. Souiller nos symboles n'a pas sa place en république, et rien ne justifiera jamais la violence qui doit être condamnée. Je crois dans le dialogue.
- Erwan Balanant (député)
La violence, le chaos ça suffit! Il y a mille espaces pour dialoguer dans notre pays! Je l’ai fait avec des citoyens dans ma permanence et je continuerai à le faire! Nous avons le même combat. Réformer ce pays! Transformer le monde!

UDI
- Jean-Christophe Lagarde (président)
On peut trouver une solution politique avec des organisations représentatives. Il faut que les gens normaux, qui ne sont pas des casseurs, puissent être satisfaits et puissent rentrer chez eux.
 Il faut qu’Emmanuel Macron fasse un pas en arrière sur les taxes qui ne permettent pas aux gens de s’en sortir.
Les cortèges comportent beaucoup de retraités. Le travail des forces de l’ordre est impossible.
 Les images de Paris aujourd’hui sont choquantes. Je ne comprends pas que le gouvernement prenne le risque de voir s’agréger autant de frustrations.
- Sophie Auconie (vice-présidente)
Je souhaite que le gouvernement entende et propose des réponses concrètes au Français Mais rien ne saurait justifier la violence ou les dégradations de notre patrimoine: l’Arc de triomphe est un haut lieu de la mémoire et s’y affronter est aussi irrespectueux qu’indigne.
Je témoigne aux forces de l’ordre mon soutien plein et entier, parce qu’elles sont une nouvelle fois tellement engagées pour nous protéger Je ne reconnais pas en ces casseurs, les gilets jaunes de la Touraine qui revendiquent parce qu’ils ne vivent plus dignement de leur travail.
Si je comprends la souffrance qui émerge des revendications des GJ, je veux apporter mon soutien aux forces de l’ordre et je m’insurge contre les violences et dégradations qui émanent de groupuscules J’apporte également mon soutien aux acteurs économiques qui sont pénalisés.
- Maurice Leroy (député)
Tombe du Soldat inconnu. Il est urgent de rétablir un véritable dialogue avec les gilets jaunes qui expriment une vraie souffrance des territoires oubliés de notre République.
- Olivier Henno (sénateur)
Le Président et le Premier ministre prennent un risque majeur de ne pas tenir compte de la colère des Français. C’est la République qui s’affaisse devant nous. Réveillez vous ! Ouvrez les yeux bon sang!

Mouvement radical
- Bertrand Pancher (député)
Notre pays, blessé depuis tant d’années par les inégalités et les injustices, se retrouve face à une violence intolérable. Il nous appartient d’en tirer vite les conséquences par des signes fort et la reconstruction d’une démocratie enfin proche des territoires
- Guillaume Lacroix (secrétaire général)
La promesse républicaine de liberté, égalité, fraternité, tendue aux Français à la révolution est devenue une dette exigible. Le pouvoir doit répondre, non pour se sauver lui même, mais pour sauver la République.
- Jean-Bernard Bros (conseiller municipal de Paris)
Des images insoutenables, des dégâts considérables, une violence intolérable et des réponses de fond à apporter, notamment sur la fracture territoriale de notre République.