samedi 5 mars 2016

Actualités du Centre. UDI: l’heure du règlement de compte d’Hervé Morin a sonné

Si l’on avait encore des doutes sur la volonté d’Hervé Morin et de ses amis du Nouveau centre de faire la peau à Jean-Christophe Lagarde et à l’UDI, il suffisait de se rendre au congrès que cette composante de la confédération centriste organisait le 5 mars à Vendôme, quinze jours avant le congrès de Versailles qui devra déterminer si cette dernière aura un candidat indépendant à la présidentielle de 2017.
Tout d’abord en écoutant Morin au pupitre de la tribune sur lequel on pouvait lire sur une pancarte «Rassemblons le Centre» (ce qui n’était pas une plaisanterie) accusant Lagarde de lui avoir «volé l’élection» à la présidence de l’UDI.
Ensuite en laissant traîner ses oreilles dans les travées où on accusait ouvertement le président de l’UDI de tricherie et autres méfaits, comme d’habitude.
Enfin, en lisant la motion finale adoptée, soi-disant votée dans l’optique de reconstruire «un grand parti central de la modernité et de la rénovation» (sic) après les rendez-vous électoraux de l’année prochaine.
Ainsi, dans celle-ci, le Nouveau centre menace ouvertement de «reprendre sa liberté» si l’UDI présentait une candidature unique à la primaire de la Droite et du Centre.
Cette hypothèse qui n’a jamais été envisagée officiellement est une manière de menacer Jean-Christophe Lagarde d’une scission s’il avait l’intention de se présenter à cette primaire.
Mais elle pose un problème majeur: comment une composante de la confédération peut menacer de la quitter si un vote démocratique de tous les militants va à l’encontre de sa position qu’elle a fait exprès de prendre juste avant cette consultation?!
Jean-Christophe Lagarde, on l’aura compris, n’était évidemment pas présent à ce congrès alors que l’on y trouvait les représentants des diverses composantes de l’UDI dont Laurent Hénart, président du Parti radical et principal soutien de Lagarde – mais aussi chaud partisan d’une candidature indépendante de l’UDI à la présidentielle – ainsi que des représentants du Mouvement démocrate qui buvait du petit lait, eux qui se sont toujours proclamés les seuls légitimes du Centre.
Et, sans rire, Philippe Vigier, le président du groupe UDI à l’Assemblée nationale, pouvait affirmer que leur présence montrait que le Nouveau centre était le vrai rassembleur du Centre et ce, au moment, où il menace de détruire l’UDI.
Ce que ne réalise sans doute pas les leaders du Nouveau centre, sauf ceux qui ont déjà leurs valises prêtes pour rejoindre LR, c’est qu’en agissant ainsi, pour se venger de Jean-Christophe Lagarde mais aussi de Jean-Louis Borloo et assouvir leur haine, ils risquent aussi de s’autodétruire.



Présidentielle 2017. UDI: l’interview pleurnicharde de Lagarde vis-à-vis de LR

Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Lagarde
Par une phrase alambiquée dans une interview au Monde, Jean-Christophe Lagarde vient officiellement de se prononcer en faveur de la primaire de la Droite et du Centre.
A la question «Serez-vous candidat à la présidentielle si les adhérents de l’UDI s’opposent à une participation à la primaire?», il répond que «Si c’est le cas du fait du refus d’un accord de la part de LR, l’UDI devra préparer son projet présidentiel et législatif. Les militants choisiront ensuite comment le porter devant les Français et par qui».
Décryptage: ce sera parce que LR refuse un accord que l’UDI demande sans relâche pour les présidentielles qu’alors, éventuellement, il pourrait y avoir un candidat indépendant du parti à la présidentielle.
Et, un peu avant, à la question, «Quelles sont vos conditions pour que l’UDI participe à la primaire de la droite?», il ne répond pas «Il faut attendre de savoir ce que veulent nos militants qui vont voter bientôt pour ou contre une candidature indépendante de l’UDI» mais «Nous avons conclu des accords aux municipales, départementales et régionales qui nous ont permis de gagner ensemble. Nous souhaiterions un accord pour une alternance nationale».
Bon, donc, il n’y aura pas de candidat UDI en 2017, même si les militants votent pour qu’il y en ait un.
Voilà donc un rétropédalage complet de monsieur Lagarde qui avait fait sa campagne pour être élu président de l’UDI sur le thème, en particulier, de cette candidature.
Mais le plus désespérant dans cette interview n’est pas cette renonciation, ni même qu’elle soit formulée de telle façon que personne ne comprenne réellement ce que le président de l’UDI veuille dire.
C’est plutôt le ton pleurnichard qui en émane, d’un centriste qui quémande en vain un accord avec LR pour soutirer le plus de députés possibles lors des législatives qui suivront la présidentielle ainsi que le plus de postes de ministres en souhaitant que cela se fasse le plus vite possible avant que la Droite ne réalise enfin que l’UDI va sans doute imploser et qu’elle ne représente pas grand-chose électoralement parlant.
Et Jean-Christophe Lagarde de se plaindre du méchant président de LR qui ne daigne même pas répondre pas à ses courriers tout en affirmant qu’il est libre 24 heures sur 24 pour aller le voir, dès qu’il le voudra: «J’ai écrit il y a un mois et demi à Nicolas Sarkozy. A ce jour, je n’ai toujours pas de réponse. Nous resterons disponibles pour un accord jusqu’au dernier moment».
Et de se plaindre encore: «LR dit matin, midi et soir qu’il veut une primaire de la Droite et du Centre, mais semble refuser de construire une coalition d’alternance avec les centristes».
La vraie raison d’un accord en bonne et due forme se trouve dans cette affirmation qui montre toute la faiblesse de l’UDI: «Sans un tel accord, nous ne serions pas écoutés, comme du temps où l’UMP décidait seule».
Oui, c’est sans doute triste pour les militants UDI qui pensaient qu’ils allaient construire un parti centriste fort et, surtout, indépendant, qui ne serait pas à jouer les marchands de tapis et les épiciers pour exister face à LR.
Mais Jean-Christophe Lagarde n’a pas (plus) grand-chose à offrir.
La plupart des leaders de l’UDI ont déjà exprimé leur volonté que le parti participe à la primaire et fasse un accord avec la Droite.
Nombre d’entre eux ont déjà pris fait et cause pour un des candidats de LR à cette primaire.
Tous les jours, Hervé Morin détruire avec une masse les fondations en carton de l’UDI et attend son effondrement avec jubilation.
Du coup, Lagarde veut éviter d’être un président croupion, sans pouvoir, obligé d’obéir à ses adversaires faute d’avoir les troupes nécessaires pour résister.
D’où ce ton pleurnichard.
Et cette évidence: c’est Sarkozy qui peut sauver le soldat Lagarde…

Alexandre Vatimbella



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