dimanche 8 mai 2022

La quotidienne centriste du 8 mai 2022. Réécrire l’Histoire, l’exercice des nationalismes autoritaires

De la Chine à Turquie en passant évidemment par la Russie, la réécriture de l’Histoire est un des exercices préférés des régimes autocratiques et totalitaires en place.

La guerre de Poutine contre l’Ukraine est directement justifiée par un récit fictionnel du passé où les bons deviennent les méchants et inversement.

L’Union soviétique était déjà une orfèvre en la matière avec notamment le mensonge sur son comportement lors de la Deuxième guerre mondiale où elle fut d’abord, par la volonté de Staline, l’alliée de l’Allemagne hitlérienne contres les démocraties occidentales puis dut de ne pas être écrasée, non pas seulement à cause des millions d’hommes envoyés à l’abattoir par le même Staline mais par les erreurs des troupes allemandes et l’aide matérielle décisive venue des Etats-Unis et du Royaume-Uni.

Tout cela a abouti dans les livres d’Histoire russes à ce que la guerre n’a commencé qu’en 1941 – date de l’opération Barbarossa et pacte germano-soviétique oblige – et que la victoire est essentiellement présentée comme celle de l’Armée rouge contre un monde nazi qui allait devenir petit à petit tout le monde occidental qui serait accusé d’être les héritiers d’Hitler pendant la guerre froide…

Ajoutons à cela la falsification sur le rôle de Staline qui fit, au-delà de sa confiance qu’Hitler n’attaquerait jamais l’URSS, des fautes capitales dans la conduite de la guerre et qui s’attendait même à un moment du conflit d’être arrêté et fusillé pour son impéritie!

Voilà ce que Poutine va fêter demain 9 mai alors même que la fin de la guerre a été signée à Reims, en 1945, le 7 mai et que la cessation des combats a été fixée au 8 mai!

Autre falsification russe pour pouvoir affirmer que la victoire lui revenait principalement.

Bien sûr, les histoires nationales apprises dans les écoles et commémorées par les Etats sont toujours tendancieuses et glorifient un roman national largement fictif dans l’invention d’une sorte de continuité linéaire dans l’enchaînement des événements qui aboutissent au présent et fixent une perspective d’avenir.

Néanmoins, ce roman, dans les démocraties, est largement discuté et fait face à des thèses critiques et à des opinions divergentes.

Point de cela dans les régimes autoritaires et l’on sait que nombre d’historiens se retrouvent désormais interdits d’exercer voire en prison dans la Russie poutinienne.

C’est également le cas dans la Chine de Xi Jinping.

Quand réécrit le passé, voire qu’on l’occulte, on crée une imposture qui trompe les peuples, le plus souvent pour absoudre les dirigeants, anciens et nouveaux, de leur responsabilités ainsi que pour inventer une mémoire collective qui provoque souvent des sentiments agressifs et belliqueux dans les populations.

Et c’est un objectif des régimes à visées totalitaires parce que cela permet de souder celles-ci autour du régime en place.

En ce 8 mai où le nazisme, responsable de la guerre la plus horrible que l’Humanité ait connue, fut battu mais non éradiqué de la surface de la Terre et où le communisme léniniste et stalinien put se répandre par la force dans certains pays européens mais également ailleurs, notamment en Chine, où il causa des millions de morts, il est bon de ne pas oublier et d’inlassablement rétablir les faits face aux fictions idéologiques des nationalismes brutaux pour empêcher ce qui s’est passé mais également pour combattre avec détermination ce qui se passe encore aujourd’hui.

 

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