samedi 9 décembre 2006

Une Semaine en Centrisme. De la déclaration de François Bayrou

François Bayrou s’est donc déclaré candidat à l’élection présidentielle et l’UDF, dont il est le seul candidat déclaré, devrait confirmer cette candidature avant la fin du mois de décembre. S’engagera alors un long parcours semé d’embûches pour le président de l’UDF et il ne semble pas, en l’état actuel de l’opinion, qu’il est une grande chance de figurer au second tour. D’ailleurs, le croit-il, lui qui semble privilégié un bon score de premier tour afin de monnayer son désistement pour un poste de Premier ministre voir de ministre important ? Evidemment, il ne faut pas limiter cette candidature à cette stratégie car l’on peut donner crédit à François Bayrou d’avoir évolué sur ses convictions politiques et, surtout, sur son courage politique, en se situant de plus en plus au centre de l’échiquier politique et en prenant des postures centristes. Bien sûr, diront les mauvaises langues, c’était la seule voie qui lui restait pour exister politiquement et son score à l’élection présidentielle sera un révélateur et déterminera à cours sûr sa future existence politique.
Néanmoins, grâce à François Bayrou, le Centre possède une voix et il est important que celle-ci puisse se faire entendre même si certaines postures du candidat sont assez loin d’une véritable pensée centriste dans le sens où, par exemple, l’union nationale qu’il prône est plutôt une dilution des valeurs centristes (puisque chacun reste sur ses positions extrêmes mais accepte de gouverner ensemble pendant un cours laps de temps) qu’un ralliement à celles-ci qui, rappelons-le existent et sont fortes.
De ce point de vue, François Bayrou peut apparaître plutôt comme étant au centre et non du Centre, ce qui n’est pas du tout la même chose. Mais, répétons-le, le grand mérite de François Bayrou est de porter des valeurs centristes et de faire exister le Centre dans le débat à l’élection présidentielle.
Reste que l’image du Centre risque d’être brouillée s’il s’agit d’empiler des promesses électorales (ou de définir un « projet » comme le dit François Bayrou sans véritables promesses) pour faire plaisir à tout le monde et aller dans le sens du poil des électeurs. Déjà, le projet centriste (qui n’est pas encore totalement finalisé) recèle de nombreuses contradictions entre un constat assez clair et juste de la société – bien qu’un peu trop alarmiste – et des propositions qui ne règlent absolument pas les problèmes cruciaux auxquels la France va être confrontée dans les mois et les années à venir.
Cependant, une élection est un moment fort de la politique et, en particulier, l’élection du président de la république française. Et il est incontestable que le seul représentant du Centre est François Bayrou.

Actualités du Centre. François Bayrou: "Je ne crois plus à la guerre gauche contre droite"

N'y a-t-il pas un décalage entre le positionnement tranché au niveau national et celui des élus UDF qui collaborent avec leur partenaire de la majorité sur le terrain ? 
Le débat national est une chose et la vie locale une autre. Dans le débat national sur GDF-Suez, sur la privatisation des autoroutes, sur le CPE, nous avons dit notre désaccord, et nos choix n'étaient pas des choix d'opportunité, mais de lucidité. Si le clivage droite-gauche est déjà stupide au niveau national, le recopier dans tous les exécutifs locaux serait d'une totale absurdité. Le jour reviendra, j'en suis sûr, où l'on pourra avoir des majorités plus larges, plus rassembleuses, selon les villes ou les régions, comme dans les pays qui nous entourent.
Dans votre discours de candidat, vous évoquez des « objectifs raisonnables et républicains » : lesquels? 
D'abord de nouvelles institutions, avec une vraie représentativité des élus et une séparation réelle entre le législatif et l'exécutif. Une réforme de l'État avec un rééquilibrage des finances publiques. Une politique active de soutien à l'entreprise, surtout à la petite entreprise. Une politique obstinée de lutte contre l'exclusion par le retour à l'activité. Une politique d'éducation qui retrouve l'excellence républicaine sur tout le territoire, etc. Si je devais résumer tout cela dans une formule, je dirais : « Un pays fort où tout le monde a sa place. »
Vous dites vouloir « prendre le meilleur et les meilleurs ». Qu'entendez-vous concrètement par là? 
La France a besoin de toutes ses forces et, en particulier, de rendre compatibles les valeurs justes des camps différents. On a coutume de dire que l'esprit d'entreprise et l'ordre sont des valeurs de droite, que l'égalité et la solidarité sont de gauche, que la fraternité et la tolérance sont du centre. On a besoin de toutes ces valeurs-là, ensemble. Je propose de prendre le meilleur là où il se trouve, sans s'occuper de quel camp il vient.
Comment parvient-on à cela, alors que vous n'avez jamais été jusqu'ici un rassembleur? 
Je suis rassembleur par nature, et je vais le démontrer. Je ne crois plus à la guerre gauche contre droite. Si l'une des deux gagne encore en 2007, quelle qu'elle soit, la déception sera terrible au bout de six mois. Leur base est trop étroite et leur attitude trop sectaire pour faire partager aux Français une vision constructive capable de rassembler le pays
Propos recueillis par Jean-Yves Boulic et Roland Godefroy pour Ouest France

Actualités du Centre. 35 % des 18-30 ans se déclarent au centre

Les 18-30 ans sont plus nombreux à se déclarer politiquement à gauche ou au centre qu'à droite, particulièrement les femmes, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest France. Selon cette étude, 35% des personnes de 18-30 ans interrogées disent se situer à gauche, 35% au centre, 22% à droite, 4% à l'extrême gauche et 2% à l'extrême droite.
Le positionnement à gauche ou au centre est particulièrement remarquable chez les femmes. Elles sont ainsi 40% à se dire à gauche (contre 28% pour les hommes), 35% au centre (contre 36%), 21% à droite (contre 25%), 2% (contre 5%) à l'extrême gauche et 0% à l'extrême droite (contre 2%).
D'après le même sondage, 92% des 18-30 ans considèrent que l'élection présidentielle de 2007 est une échéance « importante », dont 51% « très importante » et 41% « assez importante », avec de faibles écarts entre les hommes et les femmes.
Quatre-vingt cinq pour cent des sondés disent qu'ils iront « certainement » voter, 9% « probablement », 3% « probablement pas » et 3% « certainement pas ».
Après l'élection, les 18-30 ans souhaitent notamment des changements sur les questions de l'accès à l'emploi ou du parcours professionnel (51%), du pouvoir d'achat (34%), du prix et de l'accès au logement (30%), de la sécurité (23%) et de l'environnement (22%).
Les 18-30 ans sont 56% à se dire pessimistes pour l'avenir et 44% optimistes.
(Sondage réalisé du 23 novembre au 1er décembre auprès de 502 personnes âgées de 18 à 30 ans).