jeudi 24 décembre 2020

Propos centristes. France – Réconcilier les Français; France-idée et patriotisme; communauté nationale et communautarisme; covid19; Brexit; violences conjugales; industrie; accord commercial avec la Chine et droits de l’humain…

Voici une sélection, ce 24 décembre 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

► Emmanuel Macron (Président de la République)

- Comme président de la République, je ne reconnais qu'une communauté qui est la communauté nationale. Mais je ne dénie pas aux autres communautés le droit d'exister. C'est la vie de chacun ! Qui ne se réunit pas en fonction de son appartenance ­géographique, culturelle, familiale ?  En même temps, et c'est la beauté de notre République, il faut de la transcendance. La Nation française a toujours connu une tension forte entre le particulier et l'universel : c'est le cheminement séculaire de la langue française avec ses patois, le cheminement de la République avec ses municipalités et ses territoires, il suffit de se plonger dans Maurice Agulhon pour retrouver l'histoire longue de ces mouvements.  L'intelligence des séparatistes est de proposer une forme d'appartenance radicale. C'est un totalitarisme idéologique parce qu'il sépare, il est exclusif, il annihile la raison et réduit la personne à l'état de minorité en niant sa capacité à s'ériger en un individu libre. Mais il séduit car il propose à la fois une appartenance et une transcendance à ceux qu'il convoite. 

- Je crois que cette "nation-idée" dont parle Mona Ozouf peut s'incarner concrètement. En particulier en célébrant les héros passés et présents qui ont porté haut les valeurs françaises. C'est pour cela que j'ai tenu à panthéoniser Maurice Genevoix et tous ceux de 14, ces fils de France qui sont morts pour notre liberté. Pour cela aussi que je rends hommage aux héros contemporains qui, comme Arnaud Beltrame, Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello ou, récemment, Samuel Paty sont les visages contemporains de la République en actes.  Après, le patriotisme, c'est aussi un quotidien. Je lisais Gaspard Proust qui se plaignait qu'on lui parle toujours de République alors qu'il aime les fleuves, la littérature, bref tout ce qui constitue les formes sensibles, presque charnelles, de l'attachement à la France. Je partage ce qu'il dit.  A côté de l'idée, il faut une forme sensible. Et il faut aimer. Ce rapport sensible, c'est ce que le patriotisme apporte : ce n'est pas seulement l'attachement à des valeurs. c'est un attachement charnel, à des textes, des poèmes, une histoire, des paysages. Et cela justifie et porte un engagement. 

- On m'a souvent caricaturé en prétendant que je croyais uniquement à la "start-up nation". Mais je suis persuadé que, dans tous les domaines, il nous faut renouer avec notre capacité à nous projeter dans l'avenir, à retrouver une confiance en nous et en chacun et la certitude que nous pouvons bâtir.   Pas simplement éviter que les choses ne se détricotent encore davantage mais reconstruire, inventer. Renouer avec l'esprit de conquête. 

- [Sentiment que la France, pourtant le pays des droits de l'homme, est complètement incomprise et regardée par l'étranger comme une nation en pleine déroute] Mais attendez ! Nous, Français, quand l'étranger ne nous comprend pas ou nous attaque, c'est un motif de combat !  Et quand je m'exprime sur la chaîne Al-Jazeera, quand j'écris au Financial Times pour défendre notre liberté d'expression, notre laïcité, c'est bien ce combat que j'assume, celui, séculaire, des Lumières.  J'assume aussi ce combat chez nous. Car ne vous trompez pas : le camp de la défaite, des corporatistes, des égoïstes a toujours été très fort dans le pays. Ceux qui ont de l'ambition pour le pays, qui veulent relever le gant, qui croient en la grandeur, n'ont jamais été la majorité. L'esprit de capitulation, les gens qui doutent sont légion. Un défaitisme est là depuis longtemps et sa responsabilité est énorme : je pourrais vous renvoyer à Marc Bloch. Il y a une immense trahison des clercs dans ce malaise français que j'évoquais. Beaucoup d'intellectuels n'ont pas su penser un avenir français durant ces décennies de crises, l'élite économique s'est mondialisée, ce qui aurait pu être une excellente chose si cela avait consisté à aller tirer le meilleur de l'étranger pour le ramener chez nous. Sauf qu'elle est partie ! Elle s'est nomadisée, elle est devenue de nulle part.  Mais le monde change, la génération qui est là n'est pas celle d'hier. Les patriotes sont de plus en plus nombreux. Patriotes et européens, qui sont portés par la volonté de créer, d'entreprendre, de prendre pour notre pays et notre continent des risques pour bâtir un avenir commun.  

- Nombre d'intellectuels sont attachés au pays et à ses valeurs. Mais il existe un hyper relativisme contemporain, on regarde au scalpel les crises et les troubles qui sont les nôtres. On perd tous les repères jusqu'à affirmer que la France vit une crise des libertés, en nous caricaturant comme un pays qui s'effondrerait sur lui-même. Là-dessus, soyons clairs, il faut essayer de garder un solide bon sens et ne pas tout confondre. Pendant la crise sanitaire, ce que nous avons fait n'est pas une privation de libertés. Nous avons librement et collectivement consenti à réduire certaines de nos capacités à faire, à interagir pour protéger les autres. Une espèce de fantasme consisterait à dire que la liberté est un absolu qui ne connaît pas de contraintes. Ma liberté ne vaut rien si c'est la liberté d'infecter l'autre, elle ne se tient que dans un système de responsabilités. Et au contraire nous avons collectivement montré un humanisme véritable en renonçant à des plaisirs, à des facilités, pour protéger les plus faibles, nos soignants et notre système de soins parce que la liberté ne vaut que quand la liberté des autres s'articule. 

- Nous avons à faire face au terrorisme et à une société de plus en plus violente. Nous devons apporter une réponse. Notre réponse est-elle disproportionnée ? Non. Elle s'est toujours faite sous le contrôle du juge. Moi-même j'ai soumis au Conseil constitutionnel les grands textes qui ont conduit à sortir de l'état d'urgence. Nous voyons des tensions très dures au quotidien, entre les forces de l'ordre, des black blocs, etc. Mais le cœur du sujet à mes yeux, ce qui me laisse penser que certains tombent dans la facilité d'une grammaire qui n'est plus celle du moment, est : comment faire vivre notre démocratie et penser ses libertés dans un temps d'une extrême violence ? C'est un défi auquel nous n'avions jamais été confrontés avant. Le fait terroriste a toujours été là, mais il est internationalement mieux organisé et donc plus menaçant. Cette violence des séparatistes et en particulier de cette idéologie islamiste me conduit à apporter une réponse dans le cadre de notre Etat de droit absolument et complètement. Et j'y suis très vigilant. Mais nos ennemis utilisent nos libertés pour nous tuer, ils sont d'une sophistication extrême, ils utilisent nos libertés pour nier cette liberté. Quand des petites filles ne vont plus à l'école et se retrouvent, voilées, dans un état de servitude dans des madrasa où on les assoit par terre en leur interdisant de dessiner des visages, c'est au titre de la liberté d'instruction. On devrait laisser faire ? Je m'y refuse.  

- Nous sommes confrontés à une violence de rue parfois inouïe. Ont resurgi un mouvement d'extrême droite et plus encore dans notre pays un mouvement d'extrême gauche qui prône une violence anticapitaliste, antipolicière, avec un discours structuré, idéologisé, et qui n'est rien d'autre qu'un discours de destruction des institutions républicaines. C'est très grave car la démocratie et la République ne tiennent qu'aussi longtemps qu'il y a dans le débat démocratique la fin de la violence. Précisément parce que ceux qui sont élus peuvent être chassés, parce que vous avez élu ceux qui font vos lois, qu'il y a des rendez-vous électoraux réguliers et des principes d'équilibre. La démocratie exige la fin de la haine. Or, sous couvert d'une espèce de tolérance à tout, nous avons fini par accepter la haine et la violence. Pour moi, c'est la ligne rouge. Et je considère que toutes les forces politiques qui justifient la violence en arguant que ceux qui la pratiquent sont des victimes de l'ordre établi font une erreur existentielle d'un point de vue démocratique. Ils sont en train de tuer la démocratie. Nous pouvons exiger de chaque citoyen la non-violence parce que chaque citoyen a la possibilité de choisir ses dirigeants, et chaque voix compte. Et chaque citoyen a la liberté de s'exprimer, de critiquer le président, d'être publié, de manifester librement. Mais par la violence extrême qu'ils créent, ils menacent ces libertés parce qu'ils en détruisent les fondements. Ils détruisent par exemple progressivement la liberté de manifester. Le véritable débat démocratique à avoir ne porte pas sur l'organisation des policiers - ce sont des aspects opérationnels sur lesquels le ministre de l'Intérieur est fortement engagé - mais sur les moyens et les façons d'éradiquer cette violence dans la société à laquelle les forces de police sont confrontées. L'inacceptable dans notre société contemporaine, c'est le retour de la violence extrême qui consiste à blesser ou tuer celui ou celle qui est là pour défendre l'ordre républicain. Si on ne prend pas cette hauteur, si on ne repense pas les choses en ces termes, c'est l'anéantissement de toute autorité légitime, de tout ordre et, par voie de conséquence, de toute liberté. Car seul l'ordre démocratique et républicain assure l'avancée des libertés individuelles et collectives. Le désordre, ce n'est pas la liberté, mais bien la barbarie. 

- Je suis frappé par cette espèce de mélasse intellectuelle qui tout à la fois dénonce toute forme d'autorité, la défense de l'ordre républicain, justifie la violence de rue sans jamais l'interroger et ne vient pas au secours de la défense de la liberté d'expression et de nos principes fondamentaux quand ils sont menacés. Au fond, certains aiment la liberté qui crée la chienlit mais ne défendent pas la liberté d'expression. C'est un biais extraordinaire, quand même ! Je pense exactement le contraire. Je serai toujours l'allié, le combattant déterminé du respect des libertés individuelles dans notre pays, du respect des migrants, de la défense du droit d'asile, de la lutte contre ses détournements, de la protection des libertés individuelles de nos concitoyens, mais jamais au nom de ces libertés je ne justifierais quelque désordre que ce soit. Je serai toujours du côté de l'ordre républicain mais je serai aussi le combattant de notre liberté d'expression qui ne cédera rien à un relativisme contemporain. Il y a dans tous ces commentaires tout à la fois la défense du violent et la justification de l'intimidation : "Pour ne pas choquer, on ne devrait pas vraiment dire." Etonnant, quand même. Etonnant ! 

- [Un président français], c'est un président qui se bat pour les valeurs qui sont les nôtres dans un monde en bascule. Présider notre pays, c'est porter ici et à l'international l'universalisme français, l'attachement au multilatéralisme, le combat contre les injustices, contre le dérèglement climatique, pour l'éducation, pour la santé. C'est aussi le combat pour tous les combattants de la liberté dans tous les pays du monde. Etre président, c'est pour notre pays deux choses. Essayer de contribuer à révéler une idée : les raisons profondes que nous avons de vivre ensemble, et retrouver le fil d'un destin français sous le signe de l'optimisme. Aujourd'hui, être président français, c'est essayer de bâtir avec la Nation ce chemin vers une ambition collective qui ne soit pas une adaptation au monde car ce monde est en fracas, mais qui soit la construction d'une voie qui nous est propre. 

- Beaucoup disent : "Il avait dit qu'il réconcilierait les Français, regardez dans quel état est le pays." Je pense que, depuis le début de mon quinquennat, se sont révélées beaucoup de divisions ancrées depuis longtemps et c'est un processus profond qui est remonté avec la crise des gilets jaunes. Nous n'en avons pas fini avec ce mouvement de notre Nation. La réconciliation ne se décrète pas. Mais le combat qui est le mien ne consiste pas à essayer de réconcilier en ayant des mots émollients, les Français savent que ce ne sont pas seulement des mots qui les ­réconcilieront, mais l'action.  Il nous faut en particulier réconcilier nos mémoires, retrouver une fierté apaisée dans notre histoire et rebâtir la trajectoire de progrès pour l'ensemble de la société française et de nos provinces. En quelque sorte, agir tous ensemble pour retrouver foi dans le progrès et l'avenir qui nous permettra de choisir notre vie et de vivre mieux.  Dans cette démarche, l'Europe a un rôle central. Et elle évolue. Qui aurait dit il y a trois ans que l'Europe adhérerait si vite à la relance budgétaire par l'endettement commun, à l'autonomie stratégique militaire et technologique, etc. C'est essentiel car la capacité française à retrouver son destin passe par cette Europe, plus souveraine. Et donc ce "Nous, Français" ne se construira qu'en retrouvant le goût de l'avenir dans ce monde si incertain. Ce "Nous, Français" est un principe d'action, à la fois une identité narrative, historique, culturelle et une praxis pour aujourd'hui et pour demain.  

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)

- L'équivalent d'un camion de déchets plastiques est déversé chaque minute dans la mer. Dans quelques jours, nous franchirons une étape supplémentaire pour changer la donne et sortir progressivement des plastiques à usage unique.

- Le Traité sur la Charte de l’Energie protège les énergies fossiles et ralentit l'atteinte de notre objectif de neutralité carbone en 2050. Nous venons d’écrire à la Commission européenne pour étudier une sortie coordonnée de l'UE de ce traité.

 

Florence Parly (ministre des Armées)

- Je rends hommage aux trois gendarmes qui ont trouvé la mort dans l’exercice de leur mission dans le Puy-de-Dôme. Toutes mes pensées vont à leurs familles, à leurs proches, à leurs camarades et frères d'armes. Toute la communauté militaire est aujourd'hui en deuil.

- Nos militaires de l'opération Sentinelle sont bien présents pour la protection des Français en cette période de fêtes de fin d'année. Sentinelle ce sont 7000 militaires, partout en France, qui veillent, dissuadent et protègent en toutes circonstances.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)

- Au nom du Président de la République et du Premier ministre, je suis venu présenter mes condoléances aux camarades des 3 gendarmes décédés cette nuit. La Nation est en deuil. N’oublions jamais que ceux qui nous protègent risquent leur vie tous les jours.

- Cette nuit, la Gendarmerie a perdu trois des siens, animés par le service de la France. La Nation s’incline devant leur courage et leur engagement. Je présente mes condoléances à leurs familles et à leurs camarades. Tout est mis en œuvre pour interpeller l’auteur des faits.

 

Eric Dupond-Moretti (Garde des Sceaux, ministre de la Justice)

Alors que le pays est frappé d’effroi après l’annonce de la tragédie de Saint-Just, je m’incline devant la souffrance des familles et des proches endeuillés de nos 3 gendarmes. La France se souviendra que 3 militaires ont payé de leur vie le fait d’avoir protégé une femme menacée.

 

Roselyne Bachelot (ministre de la Culture)

Nous préparons un modèle résilient de fonctionnement des lieux culturels, qui protège la santé des Français pour qu’ils savourent en sécurité, toutes les formes de culture. Depuis plusieurs jours nous travaillons avec les professionnels à bâtir ce modèle.

 

Olivier Véran (ministre des Solidarités et de la Santé)

- La vaccination contre la covid19 ne sera pas obligatoire. Le projet de loi qui vise à renforcer les moyens de la France face aux épidémies ne servira pas de prétexte à ceux qui veulent semer le trouble. Son examen est reporté à la fin de la crise sanitaire.

- La France a fait le choix d’une vaccination progressive, privilégiant en premier lieu les personnes les plus à risques de faire des formes graves, et fondée sur leur consentement. Nous ne confondons pas vitesse et précipitation.

- La vaccination débutera dans toute l’Europe ce dimanche 27 décembre : elle commencera dans un petit nombre d’établissements pour personnes âgées, en région Parisienne et en Bourgogne Franche-Comté, et s’élargira progressivement à toute la France en janvier.

 

Frédérique Vidal (ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)

Dans sa décision du 21 décembre 2020, le Conseil constitutionnel a jugé la loi Recherche conforme à la Constitution. Merci à tous les députés et les sénateurs qui ont travaillé à enrichir ce texte. La loi sera ainsi promulguée très prochainement.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

- Un animal de compagnie n’est pas un jouet ! En cette période de cadeaux de Noël, soyons responsables et prenons conscience qu’un animal implique des responsabilités.

- La forêt est un patrimoine pour notre pays. Elle souffre aujourd’hui du changement climatique. Nous lançons un plan massif de renouvellement forestier de 150 millions d’euros.  Objectif : planter 50 millions d’arbres

 

Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la fonction publique)

J'en ai assez d'entendre certains responsables politiques comme Ségolène Royal nous accuser d'infantiliser les Français. Face à la crise sanitaire, notre méthode ce n’est pas la peur du gendarme c'est la responsabilité et la transparence.

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)

- Les violences conjugales sont un fléau qui tue. Hommage à la gendarmerie et à ses héros du quotidien. (…) Aujourd'hui, les gendarmes Rémi Dupuis, Arno Mavel et Cyrille Morel ont perdu la vie en portant secours à une femme victime des coups de son conjoint. Pensées attristées aux familles de ces trois héros qui ont consacré leur vie à protéger celle des autres.

- Il y a beaucoup d'actions dites de gauches prises par ce Gouvernement.

- Comme l'a annoncé Emmanuel Macron, nous lancerons en début d'année une consultation en ligne sur les discriminations. L'objectif, mieux cerner les discriminations pour mieux les combattre.

- Les discours de haine virtuelle engendrent fatalement des blessures réelles. (…) Les réseaux sociaux ne sont que le reflet de ce qui se passe dans notre société. C'est pour ça qu'il faut que les réseaux sociaux se sentent responsables de ce qui se passe sur leurs plateformes. (…) Je veux accuser les plateformes qui refusent de prendre leurs responsabilités lorsque cela arrive, je les accuse de se cacher derrière leur petit doigt et d'être passives face à la haine.

- Il y a des moyens d'agir, mon combat pour lutter contre la haine en ligne repose sur trois axes. Soutenir et enrichir le projet de loi confortant le respect des principes de la République (...), mais aussi la directive européenne 'Digital Services Act', portée par Thierry Breton. Dans l'attente de l'adoption de cette directive européenne, nous pouvons, en France, adopter au niveau national des dispositions contre la haine en ligne. Pour cela nous pouvons reprendre certaines dispositions de la proposition de loi de Laetitia Avia sur le retrait des contenus illicites.

- Miss France est un moment de fête suivi par des millions de Français, qui aurait dû apporter de la joie mais qui a été gâché par ces relents antisémites qui n'ont pas leur place dans notre pays. L'antisémitisme est un fléau qui nous concerne tous, parce qu'il touche à la dignité humaine.

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)

- Répondre à l'urgence climatique est un enjeu central pour notre politique commerciale. La renégociation du Traité sur la Charte de l’Energie n'avance pas assez vite: il est temps d'envisager un retrait coordonné avec nos partenaires européen.

- [L’Union européenne négocie depuis 2013 un accord sur les investissements avec la Chine] Cet accord sera un pas significatif vers le rééquilibrage de nos relations d’investissements avec la Chine. Il offre d’abord à nos entreprises et à nos investisseurs un meilleur accès au marché chinois, en leur ouvrant certains secteurs comme ceux de l’informatique, des télécommunications ou des transports. Il leur garantit également des règles de concurrence plus équitables et loyales. Le sujet de la protection des investissements ne sera pas tranché dans l’accord, or il est important de mettre à l’abri nos entreprises des risques de nationalisation soudaine. Nous voulons donc une clause dite de « rendez-vous » où l’UE et la Chine s’engagent à boucler les négociations sur ce sujet d’ici deux ans. Il faut savoir qu’il y a aujourd’hui, en Chine, d’importantes restrictions préjudiciables aux investisseurs européens. Pékin exige d’eux des coentreprises avec des partenaires du pays, des transferts de technologie, la nomination de dirigeants chinois à la tête de leurs filiales, et fixe même des plafonds de participation. Le marché européen est au contraire très ouvert et nous voulons davantage de réciprocité. Pour que la France soutienne cet accord, il faut des engagements clairs de la Chine en matière de développement durable. C’est le cas dans le domaine de l’environnement, où elle s’engage à respecter l’accord de Paris. En revanche, nous n’avons pas encore obtenu d’engagements suffisants sur la ratification des conventions fondamentales de l’OIT, notamment celles qui concernent l’abolition du travail forcé. (…) De nombreux pays partagent nos positions, comme la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Je sais aussi que l’Allemagne est très attachée à ces questions. On ne peut pas faciliter les investissements en Chine si nous ne nous engageons pas à abolir le travail forcé ! Nous sommes donc très clairs : Pékin doit ratifier les conventions auxquelles nous sommes attachés et doit s’engager dans l’accord à les appliquer. Je l’ai affirmé à nos partenaires, ainsi que cette semaine encore à Valdis Dombrovskis, le commissaire européen chargé du commerce.

- [L’Union européenne négocie depuis 2013 un accord sur les investissements avec la Chine] L’Union européenne propose quelques ouvertures dans des secteurs comme celui de l’énergie, tout en protégeant nos intérêts stratégiques. Nous disposons d’ailleurs d’un nouveau dispositif de filtrage des investissements étrangers mis en place par l’Union européenne en octobre 2020, qui complète celui que nous avons renforcé en France récemment. Mais toutes les entreprises étrangères qui investissent dans l’Hexagone créent de l’emploi, elles permettent aussi de relocaliser des industries, nous avons donc tout intérêt à rendre notre économie plus attractive et à simplifier les procédures dans le respect de notre souveraineté.

- [L’Union européenne négocie depuis 2013 un accord sur les investissements avec la Chine] L’objectif est d’assurer à nos entreprises un meilleur accès au marché chinois. Elles ont besoin de s’implanter localement, notamment dans le secteur des services et de la santé, et l’accord leur permettra par exemple d’y ouvrir des cliniques privées. Il ne faut pas se replier sur soi, mais au contraire aider nos entreprises à se déployer à l’international et à s’implanter sur les marchés étrangers, sans naïveté. Nous soutenons par ailleurs, dans le plan de relance, la relocalisation industrielle.

- [Relations avec la Chine] Il faut avancer en même temps sur tous les fronts : ceux des investissements, du commerce, de l’ouverture aux marchés publics, du développement durable et bien sûr des droits de l’homme. Nous sommes très attentifs à la situation à Hongkong, en Mongolie intérieure, ou à celle des Ouïgours au Xinjiang, et le Conseil de l’UE a d’ailleurs pris des mesures en juillet pour accroître la vigilance sur les exportations de matériel sensible, notamment de cybersurveillance, vers Hongkong. Avec le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, nous avons également décidé de ne pas procéder à la ratification de l’accord d’extradition entre Hongkong et la France. En ce qui concerne l’accord sur les investissements qui est en train d’être négocié, nous avons une ligne rouge : la ratification des conventions fondamentales de l’OIT. Les accords commerciaux servent aussi de levier pour faire avancer les sujets sociaux, pour lutter contre le travail forcé en particulier des Ouïgours.

- L’une de nos priorités en matière de politique commerciale: il faut un cadre robuste de règlement des différends, et des garanties solides pour être certain que les engagements de la Chine dans l’accord soient bien respectés.

- L’Union européenne doit être capable de négocier des accords avec ses partenaires sans demander à d’autres pays leur aval, même les Etats-Unis. L’échelle européenne nous permet justement de rééquilibrer par le haut notre relation économique avec la Chine, c’était d’ailleurs l’un des messages d’Emmanuel Macron à Shanghaï en 2019. Nous aurons à cœur d’avancer avec les Etats-Unis sur les sujets du développement durable, de la modernisation de l’OMC ou pour faire évoluer les pratiques commerciales d’acteurs mondiaux comme la Chine ou d’autres. Nous nous réjouissons bien sûr que la future administration de Joe Biden veuille réintégrer les instances multilatérales et l’accord de Paris, mais nous voulons prendre nos décisions en toute souveraineté.

 

Olivier Dussopt (ministre chargé des Comptes publics)

Fonds de solidarité: Déjà plus de 750 000 demandes payées au titre des pertes du mois de novembre pour un montant total de 3,4Mds€.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

- L'industrie est en train de vivre une révolution sans doute équivalente à celle de la fin du 19e siècle avec les transitions écologique et numérique. Ces deux tendances de fond étaient présentes avant la Covid19. Certes, la pandémie a eu un impact conjoncturel très fort sur l'économie, mais elle a mis en lumière des éléments de fragilité qui étaient présents depuis déjà longtemps. Le premier, c'est que les chaînes logistiques mondiales ne résistent pas à tout et peuvent s'interrompre. L'idée qui a prévalu pendant des années selon laquelle l'éclatement de la chaîne de sous-traitants dans le monde entier est nécessaire pour gagner en compétitivité, s'est finalement révélée naïve. La seconde vulnérabilité, ce sont les capacités de production et d'approvisionnement insuffisantes de produits à faible valeur ajoutée apparente, mais qui ont fait cruellement défaut dans un contexte de forte demande, partout et en même temps. Evidemment tout le monde pense aux masques. Mais j'ai un exemple dans l'électronique : quand nous avons eu le projet au printemps de produire avec Air Liquide 10 000 respirateurs, notre grande angoisse a été de savoir si nous allions trouver rapidement et en quantité suffisante les cartes électroniques nécessaires pour le montage ! Le roi Europe étant pour ainsi dire nu. Partant de là, le confinement a déclenché une accélération et une prise de conscience sur deux fronts. D'abord le numérique : les commandes se sont envolées sur les dispositifs de numérisation, de contrôle à distance... Ensuite, la nécessité de la transition environnementale. Ce virus n'est pas étranger aux atteintes qu'a connues la biodiversité dans un contexte mondialisé. Beaucoup d'entreprises voient également dans la transition écologique, non pas une contrainte, mais une opportunité. Dans l'aéronautique, le premier qui mettra au point le moteur décarboné sera prédominant pendant plusieurs décennies. Donc je ne crois pas que cette récession profonde bloque les changements en cours. Au contraire, elle les accélère ! 

- Le plan de relance a quatre ambitions : décarbonation, innovation, modernisation de l'industrie et relocalisation dans le sens de densification de la production française par rapport aux productions étrangères, notamment en réinternalisant de la sous-traitance. La ruse de l'histoire, c'est l'industrie 4.0 : les nouvelles technologies améliorent la compétitivité de notre industrie par rapport aux pays à bas coûts. En outre, cette crise s'est aussi révélée une opportunité pour mettre en place la politique industrielle dont nous avions, avec Bruno Le Maire, déjà écrit les grandes lignes en préparant le Pacte productif voulu par le Président de la République. Et tout cela en pleine cohérence avec les priorités du plan de relance européen en faveur de la numérisation et la décarbonation des entreprises. A ce jour, les résultats sont très encourageants. 3 900 entreprises ont déposé des projets complets, 599 ont déjà été acceptés pour un montant d'aides de plus de 550 millions d'euros et un total de 2,5 milliards d'investissements industriels. Plus de 10% des entreprises industrielles ont toqué à la porte de l'Etat en trois mois. C'est gigantesque ! Sur le dispositif à destination des territoires d'industrie, 86% des projets sont portés par des PME et des ETI et le montant moyen de subventions atteint 655 000 euros (soit l'équivalent de 37% du montant de l'investissement prévu). 

- [Aides versées et effets d'aubaine] Ces dispositifs ne sont pas ouverts à tous les vents. D'abord, nous avons aujourd'hui un taux de sélectivité de l'ordre de 40%. Nous recherchons des dossiers où l'aide de l'Etat va permettre de faire ou d'accélérer un investissement qui n'aurait pas eu lieu sinon. Une entreprise qui nous présenterait la facture d'un investissement planifié avant la crise ne sera pas retenue. De la même façon, une entreprise qui n'était pas viable avant la crise ne sera pas aidée. Enfin, nous avons prévu des clauses de remboursements de sommes versées si les investissements ne sont pas réalisés conformément aux conditions que nous avons validées au programme. Et évidemment les sommes sont versées au fur et à mesure du projet, sur présentation des factures en fonction des dépenses réellement réalisées. 

- [Délit d'écocide] Nous assumons qu'il faut sanctionner les pollueurs de mauvaise foi et les comportements illégaux, ce qui n'est pas assez fait. Bien sûr il y a le droit à l'erreur qui permet à l'industriel ou à l'agriculteur de bonne foi de se remettre en conformité dans les temps impartis. Mais il importe aussi de s'assurer que des sanctions effectives soient prononcées. D'ores-et-déjà, la création de pôles spécialisés environnement dans les parquets va y aider. Et nous poursuivons le travail.  Plus largement, en matière environnementale, il ne faut pas se concentrer uniquement sur notre droit national en votant des réglementations que peuvent contourner allègrement les entreprises moins-disantes, en installant leurs usines juste de l'autre côté de la frontière française sans rien changer à leur fonctionnement. Nous croirions avoir pris nos responsabilités mais en réalité nous perdrions sur les deux tableaux, l'économie et l'écologie. Nous devons donc porter ces combats au niveau européen avec les autres pays membres pour faire en sorte que nos exigences environnementales soient partagées sur tout le continent. 

 

Marlène Schiappa (ministre chargée de la Citoyenneté)

- Tous les jours, il y a des policiers, des gendarmes, qui interviennent dans les foyers, qui poussent les portes pour aller sauver des femmes et des enfants au péril de leur vie au sens premier du terme. (…) Il y a une responsabilité globale de toute la société y compris des témoins.

- Les hommes violents avec leur femme ou avec leurs enfants sont un danger pour toute la société et pas uniquement pour leur famille.

- Grenelle des violences conjugales: les forces de l’ordre ont des grilles d’évaluation du danger, sont formées, peuvent saisir les armes du conjoint violent et nous recrutons des intervenants sociaux. Tous les jours, policiers et gendarmes sauvent des femmes.

- Immense tristesse d’apprendre la mort de ces héros de la gendarmerie venus sauver des victimes de violences intrafamiliales. Tous les jours les forces de l’ordre protègent femmes et enfants face aux violences conjugales au péril de leurs vies. Soutien et admiration.

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

- [Vaccins contre la covid19] C’est un vrai succès européen : on est mieux protégé, à un coût moins élevé, avec une vaccination coordonnée en Europe. (…) e Royaume-Uni paye les premiers vaccins 1,5 à 2 fois plus cher que l’Union européenne ! Acheter en européen, c’est moins cher et plus sûr.

- La dépendance est beaucoup plus forte du côté britannique à l'égard de l'Europe que l'inverse.

- [Brexit] Si l'accord est mauvais, on ne l'acceptera pas (…) il y a des lignes rouges que nous ne franchirons pas.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)

Regarder en face notre Histoire, dans sa pluralité, pour mieux éclairer nos priorités pour demain. En nous relevant de cette crise, nous devrons rependre et intensifier notre combat pour l'égalité des chances.

 

Christophe Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)

Le projet de loi sur l’état d’urgence sanitaire doit tirer des enseignements de la crise actuelle pour mieux nous préparer à l’avenir. Les députés LaREM y veilleront, pour lever toutes les ambiguïtés si besoin. Non, la vaccination contre la covid19 ne sera pas obligatoire. Pour éviter toute confusion, le projet de loi ne sera examiné par le Parlement qu'une fois la crise sanitaire passée. Il sera adapté le moment venu, avec un objectif : nous préparer à d'éventuelles nouvelles crises. Les députés LaREM y travailleront, en rassemblant largement.

 

Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)

Décédés pour avoir protégé une femme victime de violences conjugales. Ce n'est pas seulement la gendarmerie qui est en deuil. Nous le sommes tous. Reconnaissants pour leur action au quotidien. Que ceux qui refusent de soutenir nos forces de l'ordre et les jettent régulièrement à la fureur des réseaux sociaux méditent ce que nous venons de vivre.

 

● UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

Jean-Christophe Lagarde (président)

Pour tirer les leçons en cas d’un éventuel 3ème confinement, j’observe que les commerces de proximité ont rouvert depuis 3 semaines et qu’il n’y a pas de rebond épidémique, malgré le rush de Noël. Preuve que leur fermeture est inutile!

 

● Mouvement radical

Laurent Hénart (président)

- La dette ne s'efface jamais (...) Faisons de la question de la dette une opportunité pour avoir une puissance publique plus agile, une réorganisation du pays pour qu'on vive mieux.

- Oui le Brexit est légitime. Mais on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Les Anglais ont mis quatre ans à l'admettre.

- [Covid19] En temps de crise, il faut une forme d'union nationale. Tous les pays mettent en œuvre le vaccin.

- [Covid19] Je crois au dépistage massif. Il faut l'associer à 2 autres piliers du combat sanitaire contre la Covid19 : l'éducation thérapeutique et sanitaire (gestes barrières, masques, distanciation) et la vaccination.

- La proportionnelle est une respiration indispensable.

- Face aux violences, qu'il s'agisse de faits divers tragiques, du maintien de l'ordre lors de manifestations ou d'actes terroristes, nous devons un soutien constant aux forces de l'ordre.

 

► Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance 
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

 

Véronique Trillet-Lenoir

Des négociations communes avec les industries pharmaceutiques à la livraison de vaccins à tous les États membres au même prix, l'UE a montré sa capacité à choisir l'unité et la solidarité plutôt que toute forme de nationalisme dans la lutte contre cette pandémie. Ce vaccin est un succès européen ! Il s’agit également du premier pas vers une véritable Union européenne de la santé. Pour la première fois, 27 gouvernements ont décidé de négocier avec l'industrie, se sont mis d'accord sur un prix et ont garanti l'égalité d'accès aux vaccins à tous les Européens. C'est la meilleure façon de garantir la disponibilité, l'accessibilité et, enfin et surtout, le caractère abordable d'un vaccin. Cette ´première´ devrait ouvrir la voie à une coopération plus régulière entre les États membres et les entreprises pharmaceutiques afin de garantir une évaluation transparente et un prix équitable des vaccins et des médicaments.

 

 

L’année du Centrisme en France – Edition 2020. Le pouvoir centriste à l’épreuve de la covid19

Peut-être que 2020 est la pire année vécue par les générations qui n’ont pas connu vécu les guerres mondiales du XX° siècle (en gros celles dont l’âge va jusqu’à 75 ans) comme l’a mis sur sa couverture le magazine américain Time.

En tout cas, cette année demeurera comme une date pivot pour ce troisième millénaire et ce XXI° siècle, peut-être même dans l’Histoire tout court.

Tout à coup pour nous les gens ordinaires – mais guère surprenant pour les spécialistes des épidémies qui guettaient avec angoisse la prochaine crise sanitaire mondiale – un virus, plus spécifiquement un coronavirus appelé covid19, sorti on ne sait toujours pas d’où en Chine, est venu frappé de manière identique partout sur la planète (une première) l’Humanité entière puisqu’aucun continent, aucun pays, n’a été épargné.

Et nos certitudes que nous étions dans un monde où notre science et notre médecine étaient capables de maîtriser un tel phénomène se sont effondrées instantanément avec parfois de grands désarrois ouvrant la porte aux théories les plus complotistes.

Non pas – pour l’instant – que la covid19 soit particulièrement mortelle face à la peste, le choléra ou la grippe espagnole (en réalité américaine), mais nous pensions que nous étions à même de nous protéger efficacement contre un virus alors que ce dernier continue allègrement de se propager malgré toutes nos décisions, nos traitements médicaux et notre savoir, c’est-à-dire notre intelligence.

Sans doute avions-nous oublié que l’apparition du VIH dans les années 1980 nous avait mis dans une même crise de confiance en nos connaissances et de peur face à l’incompréhensible.

Sans doute avions-nous oublié que des virus particulièrement mortels, comme Ebola, rôdent et n’attendent qu’un concours de circonstance pour se transformer en large épidémie, Ebola ayant été contenu à certaines zones jusqu’à présent mais jusqu’à quand?

Oui, nous avions oublié notre fragilité dans un monde que nous croyons, à tort, plier à notre seule volonté et où notre capacité à trouver des solutions serait plus puissante que cet environnement contre lequel nous avons dû pourtant lutter sans cesse depuis notre apparition sur Terre mais que nous devons également protéger pour que nous ne disparaissions pas en tant qu’espèce.

Oui, nous faisons partie de la nature mais cette meilleure amie dont nous ne prenons pas assez soin est également une ennemie mortelle et il en sera toujours ainsi à moins de découvrir la pierre philosophale et l’équation du tout.

Du coup, partout, les populations ont vécu l’angoisse et, partout, les gouvernants se sont retrouvés désemparés face à une crise pour laquelle ils n’étaient pas préparés même si des plans d’urgence sanitaires pouvaient exister ici ou là.

Mais comment réagir de la bonne manière dès qu’une menace de cette sorte se fait brusquement jour lorsque l’on ne connait pas d’avance quel sera votre ennemi et qu’il faut un certain temps pour l’identifier?

Aujourd’hui, nous savons ce qu’est la covid19 et nous avons réussi le tour de force de mettre au point en des temps records des vaccins et à trouver des traitements qui ont ralenti le taux de mortalité.

Mais, comme le montre les mutations du virus dans certains pays comme la Grande Bretagne, nous ne savons pas si la covid19 ne sera pas, in fine, plus forte que nos efforts actuels, d’où cette angoisse qui continue malgré nos capacités à continuer à vivre vaille que vaille en période de confinement, de déconfinement et de reconfinement depuis maintenant une année si l’on prend comme point de départ les mesures prises la province du Wuhan par les autorités chinoises.

Dans ce contexte mais pas seulement, l’Histoire ne s’étant pas arrêté depuis l’apparition de la covid19 et n’ayant pas effacer les questions politiques, économiques, sociales et sociétales qui faisaient et continuent à faire notre quotidien, comment ont réagi les centriste français en cette année 2020?

Ni mieux, ni moins bien que les autres courants politiques, ni mieux, ni moins bien que les centristes des autres pays et, comme ils gouvernent le pays, ni mieux, ni moins bien que les autres gouvernements.

En réalité, l’ensemble des gouvernants de la planète sauf les exceptions des populistes démagogues (Trump, Erdogan, Bolsonaro, voire, dans un premier temps Boris Johnson) et des autocrates (style Poutine) ont pris des mesures pour lutter contre la crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales.

Mais tous ont fait des erreurs plus que des fautes et/ou se sont trouvés démunis dans un premier temps de réponse efficace (comme l’absence de stocks de masques en France).

In fine, la France et ses gouvernants centristes ainsi que la majorité centrale qui les ont soutenus, ne s’en sont pas mal sortis.

Il faut dire que la présence forte de l’Etat et une protection sociale étendue et des administrations dédiées ayant une pratique longue et donc une efficacité certaine, ont permis d’amortir plus qu’ailleurs les conséquences de l’épidémie sur la population, son quotidien et les difficultés matérielles des moins riches.

 

► Emmanuel Macron: globalement centriste

Pour certains, il n’y a plus aucun doute, Emmanuel Macron est devenu un homme de droite, autant par conviction que par stratégie électorale pour la présidentielle de 2022 où, bien entendu, il se présentera.

Derrière cette analyse qui est souvent portée par des affirmations partisanes plutôt que par des constats réels, il y a quelques indices qui laisseraient penser que le positionnement central et le «en même temps» ne sont plus ce qui caractériserait la politique du président de la république actuel.

Comme s’en gargarise ses opposants de gauche et trouble ses opposants de droite, les références à Nicolas Sarkozy plutôt qu’à François Hollande, dont il fut pourtant le ministre, en serait une preuve.

Son hommage appuyé à Valéry Giscard d’Estaing lors de son récent décès où il s’est surtout focalisé sur les réformes libérales et le combat européen de son prédécesseur à l’Elysée montre toutefois que le virage à droite n’est pas aussi certain que certains le disent.

Les accusations d’autoritarisme et d’«illibéralité» portées par ses adversaires les plus déterminés sont évidemment à balayer parce qu’il n’existe aucune preuve concrète d’une restriction des libertés.

La comparaison qu’ils font avec le Hongrois Viktor Orban est même une honte.

Et ce n’est pas parce que l’on lutte contre les débordements d’une violence extrême des gilets jaunes ou des black blocs dans les manifestations que l’on devient un Poutine ou un Erdogan.

Ni même parce que l’on impose des restrictions aux déplacements lors d’une crise sanitaire comme celle que nous vivons à cause de la covid19.

De même, ce n’est pas parce que l’on défend la laïcité et que l’on prend des positions d’une grande fermeté face au terrorisme que l’on n’est plus un démocrate.

A l’inverse, certains dénoncent ses prises de position sur le racisme, sur les violences policières, sur les privilèges de l’homme blanc pour l’accuser de virer vers la gauche.

Quant à sa politique économique, ses détracteurs n’en finissent pas de faire le grand écart entre les critiques de sa politique keynésienne mise en place face à la crise et les dénonciations de ses réformes.

Reste que si l’on peut en conclure qu’Emmanuel Macron demeure central (mais un peu moins centriste dans sa glorification de l’Etat et de la Nation), ses prises de positon parfois contradictoires et paradoxales permettent toutes les attaques dont on vient de parler et floutent quelque peu sa pensée politique.

Néanmoins, on ne peut parler de changement de cap ou de retournement de veste d’autant qu’à chacune de ses interventions reviennent, au milieu de déclarations plus ambigües, les fondamentaux de la défense des valeurs humanistes et des principes démocratiques et républicains avec toujours le même crédo qu’il a martelé lors de la campagne présidentielle de 2017, permette à chacun d’avoir les opportunités réelles de réussir son projet de vie.

 

► Axe central: dernier lieu de la démocratie libérale?

Devant la radicalisation des extrêmes mais aussi d’une partie de la Gauche et de la Droite, l’axe central (qui va des réformateurs de droite aux libéraux de gauche en passant par les libéraux sociaux du Centre) devient, par la force des choses le dernier lieu de la défense de la démocratie libérale, le seul endroit où l’on ne transige pas avec ses valeurs, ses principes et ses règles.

On l’a vu en 2019 avec le mouvement de foule des gilets jaunes, on le voit en 2020 au moment des événements terroristes qui ont émaillé l’année et dans les débats culturels où seul l’axe central n’est pas dans le relativisme et une défense tiède de la liberté.

On l’a dit souvent ici que l’axe central, réunion plus ou moins forcée des défenseurs de la démocratie républicaine, sera pour les années à venir ce point de fixation où il n’y aura pas de concession et de recul par rapport à tous les ennemis de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

Reste à savoir ce qu’il en sera de sa force politique et électorale.

Une des réponses clés à cette interrogation essentielle pour le futur de la démocratie républicaine en France sera donnée en 2022 lors des élections présidentielle et législatives, soit dans un an et demi.

 

► LaREM: une fragilisation inscrite dans ses gènes

Les municipales ont été un moment difficile pour LaREM mais ce n’est pas l’essentiel de la fragilisation que le parti présidentiel a connu en 2020.

Non, ce sont plutôt les phénomènes génétiques qui ont montré tous ses points faibles avec une ligne peu claire sauf celle d’être toujours derrière le gouvernement et le président de la république ainsi que la défection d’un nombre important de ses élus partis ailleurs, souvent vers le MoDem ou dans la création de formations bancales.

Parce que si le parti demeure central et essentiellement centriste, il n’est pas inutile de rappeler que le recrutement de l’ossature de ses cadres et de ses élus s’est effectué en 2016 et 2017 dans une sorte de happening où beaucoup sont venus sans positionnement politique affirmé, voire avec de simples ambitions personnelles où l’opportunisme l’emportait sur les convictions.

Un tel état de fait ne pouvait que dériver vers la situation actuelle où, à part un noyau dur de macronistes, les paroles et les actes se télescopent et aboutissent à des clans à l’intérieur de la formation ou à des départs de personnes dont on s’aperçoit soudainement qu’ils n’ont jamais été dans la ligne politique définit par Emmanuel Macron!

Et il est à craindre pour LaREM que cette situation demeure identique jusqu’aux prochaines présidentielle et législatives où il faudra une remise en ordre si le parti veut avoir une chance d’être compétitif voire même de continuer à exister si Emmanuel Macron ne se représentait pas ou s’il était battu.

 

► MoDem: l’année faste

François Bayrou nommé Haut-commissaire au plan, cinq ministres et ministres délégués au gouvernement, un groupe à l’Assemblée nationale qui s’est étoffé à 54 soit un gain de huit députés supplémentaires depuis 2017, le Mouvement démocrate a connu une année faste.

D’autant que, dans le même temps, LaREM perdait la majorité absolue à l’Assemblée nationale ce qui, mécaniquement, donne plus de poids au MoDem.

On a d’ailleurs vu le parti présidentiel être beaucoup plus à l’écoute et aux petits soins du parti bayrouiste que précédemment…

Mais le problème est que ce faste qui a surpris même ses dirigeants et les a parfois embarrassés vis-à-vis de leur alliée et grande sœur LaREM, doit être fixé dans la durée et n’être pas qu’un feu d’artifice sans lendemain.

Et cela sera sans doute difficile parce que la force actuelle du MoDem n’est dû qu’à Emmanuel Macron et LaREM.

D’où un dilemme presque sans solution: soit demeurer au plus près de LaREM au risque de perdre son identité (et partager ses succès mais aussi ses échecs); soit s’émanciper et jouer de plus en plus sa partition au risque de s’éloigner de LaREM tout en étant incapable d’exister réellement indépendamment notamment en matière électorale.

D’où d’ailleurs les circonvolutions qui laissent parfois pantois des dirigeants du parti centriste dont celles de son chef, François Bayrou.

Reste que, en cette fin de 2020, s’il y a vraiment eu un gagnant sur la scène politique, c’est bien le MoDem (EELV, lui, a été le gagnant sur la scène électorale avec ses succès lors des municipales).

D’où, sans doute, une année 2021 pleine d’interrogations qui peut déboucher pour la formation centriste sur le meilleur mais aussi sur le moins bon.

 

► UDI: de plus en plus à droite, de moins en moins du Centre

En 2019, pour tenter de ne pas sombrer, l’UDI s’était rapprochée de Macron comme nous l’avions écrit dans notre analyse de l’année.

En 2020, pour tenter de ne pas sombrer, l’UDI s’est opposée à Macron!

Voilà donc une formation, comme nous le disons depuis plusieurs années, qui, sous la direction d’un fantasque et inconstant Jean-Christophe Lagarde, pour survivre, tente constamment de changer de ligne politique et faire des coups politiques qui n’ont pratiquement aucune résonance médiatique – ce qui provoque l’ire de ses dirigeants vis-à-vis de la presse qui ne ferait pas son travail en les ignorant superbement – dont on ne comprend pas exactement les motifs politiques mais dont on perçoit certainement les objectifs politiciens.

Or donc, en cette année 2020, les critiques de l’UDI vis-à-vis, rappelons-le, d’un pouvoir centriste et central, ont été souvent d’une virulence extrême et, surtout, sur des arguments – quand il y en avait – peu centristes.

Dès lors, la formation qui se prétend toujours de centre-droit s’est rapprochée constamment de la Droite.

Elle s’enorgueillit d’ailleurs de faire partie avec celle-ci de la majorité au Sénat, lieu de résistance de tous les instants à la majorité centriste en charge du pays dans une irresponsabilité totale puisque n’ayant pratiquement aucun réel pouvoir, ce qui lui permet des déclarations le plus souvent démagogiques et de remplir des pages de rapports pour stigmatiser le gouvernement en place, souvent avec l’aide de la gauche…

Une situation que semble apprécier l’UDI.

Depuis 2012, l’UDI a manqué tous ses rendez-vous avec l’Histoire et n’a dû sa survie qu’à des combinaisons électorales qui ne sont souvent pas à son honneur.

Pourtant, force est de reconnaître que ce cartel électoral, à défaut d’être un véritable parti politique, continue cahin-caha à exister même si les 2,5% obtenu lors des élections européennes de 2019 ont montré sa réelle force – et faiblesse – électorale puisque c’était la première fois depuis sa création qu’elle se présentait seule à un scrutin national.

On posera donc la question rituelle qui taraude tous les spécialistes de la politique: l’UDI passera-t-elle l’année qui vient?

Et nous prendrons bien soin de ne pas y répondre avec une affirmation péremptoire mais en disant que tous les possibles sont sur la table surtout qu’après 2021, il y a 2022 et ceux qui choisiront le bon camp pourront alors escompter des récompenses pour avoir fait le bon choix.

 

► Mouvement radical: éviter l’extinction du radicalisme

On a l’impression que le Mouvement radical, depuis le départ de son aile gauche juste après cette réunification de la famille radicale pour quelques mois, n’existe que pour empêcher le radicalisme de n’être plus qu’un objet d’étude d’histoire politique tellement celui-ci est dans une grande faiblesse, les élections municipales de 2020 l’ayant encore prouvé avec la défaite emblématique de son président, Laurent Hénart, dans la ville dont il était le maire et qui était jusque là une place forte du radicalisme, Nancy.

On aimerait bien pouvoir faire un bilan de l’action de ce parti mais son existence est plutôt – et malheureusement – fantomatique même si une prise de parole plus constante s’est faite jour en cette fin d’année.

Mais c’est trop peu pour une formation qui voudrait jouer un rôle national et retrouver son lustre d’antan.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

 

Lire aussi:                         

Bientôt:
- L’année du Centrisme dans le monde - Edition 2020                   

- Le Centrisme en France en 2021                    
- Le Centrisme en dans le monde en 2021