mardi 9 juillet 2013

L’Humeur du Centriste. Le sketch consternant de l’UDI à Paris

Christian Saint-Etienne a un égo surdimensionné et vient à nouveau de le prouver. Ce professeur d’économie qui a acquis une petite notoriété en prédisant tous les jours que Dieu fait et depuis dix ans que la France est sur le point d’imploser, a une grande ambition politique mais il demeure jusqu’à présent un des seuls à croire en sa bonne étoile en la matière.
Depuis des années, il tente de trouver une place quelque part. D’abord chez François Bayrou puis chez Hervé Morin puis chez Nicolas Sarkozy mais aucun de ceux-ci ne lui donnèrent un poste à la hauteur de ce qu’il croît être son talent.
La voilà maintenant chez Jean-Louis Borloo à revendiquer une fonction qui le mettrait enfin en pleine lumière médiatique.
Il pensait que l’UDI, parti en construction, était propice pour se faire la place qu’il n’avait pas obtenue ailleurs, comme le font tous les militants qui estiment n’être pas jugés à leur (grande) valeur et lorgnent sur les nouvelles formations pour espérer enfin être correctement servis.
Voilà des mois qu’il tente ainsi d’être tête de liste pour les municipales à Paris.
Petit hic, pratiquement personne ne pense à lui et sa légitimité ne saute pas vraiment aux yeux.
Heureusement pour lui, il va être aidé par un autre second couteau à l’égo tout aussi surdimensionné, Yves Pozzo di Borgo.
Ce dernier, qui navigue dans les eaux centristes depuis l’époque de Valéry Giscard d’Estaing s’est également déclaré candidat. Il a, toutefois, une carte de visite plus fournie au niveau électoral ayant réussi l’improbable en se faisant élire sénateur parisien puis réélire alors qu’il était donné battu à chaque fois.
Devant cette candidature, l’obscur président de la fédération parisienne de l’UDI a estimé, de son propre chef et alors que le sénateur avait reçu l’investiture de Jean-Louis Borloo (mais il semble qu’il en donne à tour de bras…), que le manque de glamour de monsieur Pozzo di Borgo imposait que l’on fasse barrage par tous les moyens à sa candidature.
A défaut d’une pointure, il a donc mis dans les pattes du sénateur, l’économiste, trop content d’exister politiquement soudainement.
Dès lors il a pris ses rêves pour des réalités.
Mais, comme les choses n’allaient pas assez vite, il a déclaré (alors que personne ne lui avait rien demandé) que «j’ai été recommandé à l’unanimité par le bureau de la fédération de Paris qui est la plus grosse fédération de France pour l’UDI. Le 25 juin, j’ai été recommandé et le 2 juillet j’ai été nommé par la commission nationale d’investiture pour conduire les municipales».
Sauf que c’était un gros mensonge.
En prenant connaissance de cette auto-investiture, le secrétaire général de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, a failli s’étrangler et a immédiatement twitté à l’intéressé, «Christian, j'ignore qui t'a induit en erreur mais la commission d'investiture de l'UDI ne t'a pas du tout investi chef à Paris».
C’est ce qui s’appelle une belle claque (politique) voire un sacré aller-retour!
De son côté, Yves Pozzo di Borgo a publié ce communiqué cinglant: «Le président et la majorité des membres du groupe UDI au Conseil de Paris ont appris avec étonnement (…) la candidature de leur collègue Christian Saint-Etienne à la mairie de Paris sans qu’ils aient été prévenus».
Et de préciser de manière assassine que l’auto-investiture de monsieur Saint-Etienne n’a «aucune valeur».
Tout ceci est digne d’un comique troupier et on attend le prochain épisode de cette guéguerre picrocholine.
Mais tout centriste est en droit d’être un peu énervé car voilà encore des élus qui se prétendent responsables et affirment partager les valeurs du Centre qui se ridiculisent en public et montrent d’eux une face bien pathétique, ridiculisant au passage la fameuse union sans faille de tous les composantes de l’UDI, rabâchée sans cesse par Jean-Louis Borloo.
Rassurons les deux prétendants tout de suite. Que ce soit vous, monsieur Pozzo di Borgo, ou vous, monsieur Saint-Etienne, vous ne ferez que quelques maigres pourcents lors du premier tour de la municipale puis vous vous rallierez sans condition et pour quelques strapontins à Nathalie Koscuisko-Morizet.
A moins, in fine, que ce soit Rama Yade qui aille au charbon comme elle le laisse sous-entendre, attendant sans doute que quelques sondages lui démontrent qu’elle ne prendra pas la même claque (électorale) que ses deux collègues.
Ici, tout centriste a le droit de préférer les deux personnages précités de notre drame car, eux, au moins, se sont toujours présentés comme du Centre à l’opposé de Rama Yade qui a dit et redit qu’elle n’en était pas jusqu’au jour où Jean-Louis Borloo lui a expliqué qu’elle faisait partie d’une formation politique qui s’en revendique.
Du coup, on se dit, tout ça pour ça.
Eh oui, tout ça pour ça…

Centristement vôtre


Le Centriste