Voici une sélection,
ce 10 juin 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias
ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Alors qu’elle veillait
sur nos enfants à Nogent, une assistante d’éducation a perdu la vie, victime
d’un déferlement de violence insensé. Tous, nous sommes aux côtés de sa
famille, de ses proches, de ses collègues et de l’ensemble de la communauté
éducative. La Nation est en deuil et le gouvernement mobilisé pour faire
reculer le crime.
> L’accord obtenu à
Nice nous permet de dire que le Traité sur la haute mer sera bien mis en œuvre.
C’est donc gagné !
> L’océan est un
bien commun qui nous engage tous. Le moratoire sur les grands fonds marins est
une nécessité.
> Merci à tous nos
scientifiques. Sans eux, pas de bataille pour protéger nos océans. Nous sommes
et resterons engagés à leurs côtés.
> Chaque action
pour protéger nos océans est une transformation des consciences pour maintenir
les équilibres et préserver la biodiversité. Faisons ensemble de la conférence
de Nice un succès.
> Nous sommes une
trentaine d’États engagés pour un moratoire sur l’exploitation des grands fonds
marins. Notre objectif : protéger la biodiversité marine et préserver les puits
de carbone.
> À bord du
Thalassa. Cap sur Nice pour un rendez-vous très important pour le pays et la
planète : la Conférence des Nations unies sur l’Océan. Un Océan protégé,
c’est un Océan qui nous protège. Ce lien fondamental est fragile. J’appelle
tous nos partenaires, toutes les bonnes volontés, à écrire avec nous une page
décisive pour l’Océan. Agissons pour que nos enfants puissent entendre le chant
du large comme une promesse et non comme une menace. Le géant bleu régule notre
climat, nourrit des milliards d’êtres vivants, et abrite la vie. Apportons dans
nos actes une réponse à ceux qui, des rivages d’Afrique aux archipels du
Pacifique, voient chaque année la mer gagner sur leur terre, menacer leurs
foyers, bousculer leur quotidien. L’Océan nous donne tant : de l’oxygène, des
emplois, des idées, des espoirs. Il est à la fois berceau et horizon. Pourtant
nous l’épuisons. Alors à Nice, dix ans après l’Accord de Paris, franchissons un
cap ! Le Plan d’action pour l’Océan que nous allons préparer doit être à la
hauteur des promesses de l’Océan lui-même : généreux, puissant, tourné
vers l’avenir. Avec les scientifiques, les États, les entreprises, avec toutes
les organisations, et surtout avec les voix des peuples de la mer :
faisons de Nice le lieu d’un sursaut, d’une alliance nouvelle entre l’humanité
et l’Océan. J’ai confiance en nous.
> [Conférence des
Nations unies sur l'Océan] Les États-Unis, finalement, ont décidé d'être
représentés à un niveau, qu’on appelle technique et de travail, mais il y a le
chef du bureau de la Maison-Blanche en charge de l'environnement. Mais aucun
ministre ce qui n'est pas une surprise. On sait la position de l'administration
américaine sur ces sujets. Est-ce que ça doit nous empêcher de bouger ? Non. Je
suis, je vous le dis toujours, très stoïcien en la matière. J'estime que nous,
on doit faire ce qui est en notre en haute capacité et entraîner le maximum de
monde. La 1re puissance maritime n'est pas là. La 2e puissance maritime au
monde, c'est la France, grâce à nos territoires ultramarins, et en particulier
la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie, la Guyane, nos Antilles, la Réunion,
Mayotte. Et il y a eu des décisions très fortes qui ont été prises par le
gouvernement polynésien. Et puis tout le reste du monde est là. On a la Chine
qui est présente au niveau très haut gouvernemental, et on a tous les pays qui comptent
pour ce combat.
J'ai dit la même chose qu'en 2017. L’absence de Trump ne nous arrêtera pas. Et
donc, moi, je respecte. Le peuple américain a élu le président Trump. D'abord,
je pense que c'est bien qu'il y ait une présence et c'est mieux que la chaise
vide. Et ensuite, on va continuer à avancer. Ça ne nous a pas empêché de signer
un traité pour protéger la Haute-Mer. Vous savez, ça fait 15 ans qu'on
attendait de signer un traité pour protéger la Haute-Mer. On l'a signé il y a
quelques mois. J'annoncerai demain le fait qu'il va enfin pouvoir rentrer en
vigueur parce qu'on s'est mobilisés, qu'on a assez de ratifications. Donc ça ne
bloque pas le travail.
> Les
parlementaires travaillent et il y a beaucoup de choses qui ont été faites. La
France a été aux avant-postes pour interdire le plastique à usage unique. On
l'a fait, ça a été une vraie révolution. On a passé avec la loi d'AGEC, qui
était le fruit de la Convention citoyenne. C'est ça. On a passé aussi des
choses pour améliorer les systèmes de consignes. Il faut maintenant le mettre
en œuvre. On n'y est pas encore. On a des chiffres de consignes qui varient
selon les régions et qui ne sont pas forcément très bons. Et après, je pense
que c'est le travail du gouvernement et des parlementaires de continuer
d'avancer. Ce qui est vrai, c'est qu'on doit, en tout cas, à chaque fois qu'on
interdit quelque chose, avoir des solutions alternatives et on doit réussir
partout où il y en a à enlever le plastique à usage unique et surtout à
recycler le plus rapidement possible. (…)
Si le recyclage connait des problèmes c’est parce qu'on n'a pas mis en place
encore les systèmes de consignes. Pardon de le dire aussi bêtement que ça, mais
il y a des pays qui l'ont fait en 2 ans et ils ont réussi à arriver au
résultat. La loi est passée. Moi, je trouve ce qui est formidable dans la
période que nous sommes en train de vivre, c'est que beaucoup de gens qui m'ont
expliqué qu'on n'avait rien fait sur le climat découvrent au fond qu'il y a
beaucoup de choses qui ont été faites au moment où ils sont en train de les
détricoter. Mais tous ceux, y compris d'ailleurs l'extrême gauche, qui a voté
la suppression de ZFE. Non, encore, il est plutôt cohérent. Et il a plutôt été
toujours derrière. Mais je pense que depuis 8 ans, on a une action d'écologie
concrète. Alors pour les uns, ça ne va pas assez vite. Pour les autres, ça va
trop vite. Et j'essaie, moi, que le pays avance dans une même direction. Mais
on a multiplié par plus de 4 la baisse des émissions de CO2 par an. Quand j'ai
été élu en 2017, on réduisait d'1 % par an les émissions de CO2. L'année
dernière, on les a baissées de plus de 4,5 %. Ce n'est pas tombé du ciel. C'est
qu'on a changé les pratiques, c'est qu'on a investi sur l'énergie renouvelable
et le nucléaire, c'est qu'on a commencé à changer les pratiques dans nos
entreprises, c'est qu'on a accompagné des ménages pour changer leur véhicule ou
pour changer leur logement. Et c'est la même chose.
> [MaPrimeRénov’] Je pense qu'il faut qu'il y ait
un travail rapide pour qu'elle soit mise en place. Parce qu'il y a des ménages
qui en ont besoin, en particulier des ménages modestes. Et que cette rénovation
des logements, j'étais dans le bassin minier il y a quelques jours, on a rénové
plus d'une dizaine de milliers de logements. Les gens nous ont surtout remercié
dans le bassin minier parce que ce sont des familles qui n'ont pas beaucoup
d'argent, qui vivent dans des conditions très dures. Personne n'a envie de
vivre dans des logements où il y a ce qu'on appelle de la précarité
énergétique. Parce que très concrètement, ça veut dire que vous avez très chaud
l'été et que vous avez très froid l'hiver et que vous dépensez beaucoup
d'énergie pour un peu compenser. Donc c'est utile et ça crée de l'activité. Il
y a des retours en activité, en emploi, en TVA. Donc c'est de la bonne dépense,
c'est de la dépense d'investissement.
Simplement, il faut qu'on soit tous conscients que notre société vit une
transition. On doit accompagner cette transition. Et donc c'est ça aussi le
combat pour nos océans. Et ce que je veux vous faire comprendre avec cette
mobilisation extraordinaire, c'est que tout ce dont on parle est lié. Et les
océans, c'est au cœur de cette bataille pour le climat, Pourquoi ? Parce que
les océans, ils capturent à peu près un quart du CO2 qu'on émet. Les océans,
ils absorbent une bonne partie, majorité, de la chaleur qui est dégagée. Donc
c'est un système de refroidissement naturel. Les océans, c'est un trésor de
biodiversité. Et donc pour toutes ces raisons, si on recule sur l'océan,
c'est-à-dire si on les pollue, si on fait de la pêche illégale et en trop
grande quantité, si on ne préserve pas leur biodiversité, ça nous fait reculer
sur la bataille biodiversité, ça nous fait reculer sur la bataille climat.
> Regardons, soyons
lucides avec nous-mêmes. Chaque jour, on court après des événements, des
petites polémiques. Essayons collectivement d'avoir un débat où on progresse.
C'est-à-dire de se dire, on vit dans une société qui a des défis. On a un défi
démographique, écologique, technologique, d'unité du pays, parce qu'il y a en
effet de la violence, mais qui vient aussi de divisions et tout ça, ce sont des
problèmes de fond. Et moi, je trouve, dans nos débats publics, d'abord, on
s'intéresse qu'est-ce qui va mal ? Et on a cette espèce de passion pour le
drame permanent, et pas assez aux débats qui nous permettent collectivement de
faire mieux. Moi, ce qui m'intéresse, c'est qu'on fasse collectivement mieux,
c'est-à-dire qu'est-ce qui va nous permettre d'être mieux ensemble, de vivre
mieux ensemble, qu'est-ce qui va nous permettre de mieux protéger notre
biodiversité, de moins émettre de CO2, d'accompagner nos enfants pour qu'ils
soient mieux éduqués. C'est ça, les débats qu'on doit avoir. Voilà.
> On a un discours ambiant climato-sceptique tenu
aux États-Unis. On a des pays qui en profitent pour se détourner du combat
climatique. Et on a, du coup, un débat ambiant, même dans notre pays, on le
voit bien, où il y a une forme de recul. C'est un travail formidable qui a été
fait par tous ceux qui ont préparé cette conférence, parce que c'est à la fois
une remobilisation de la France, de tous ces territoires ultramarins. Moi,
j'étais très fier d'être aux côtés des Polynésiens, des Calédoniens, des Réunionnais,
des Antillais, des Guyanais.
Mais c'est aussi inédit. On n'a jamais rassemblé dans l'histoire de l'humanité
autant de mondes pour les océans. C'est-à-dire qu'on a une centaine d'États qui
sont représentés, on a une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement, on
a toutes les organisations internationales. Il n'y a jamais eu dans notre
histoire ça. Et donc la France doit être très fière, et Nice peut être très
fière d'accueillir une conférence de cette taille, de cette ampleur qui va
permettre cette mobilisation. Parce que d'ores et déjà, on a eu des résultats
grâce à cette conférence, je le disais. On n'aurait pas eu la signature et
demain la ratification de cette protection de la haute mer sans cette
conférence. On n'aurait pas réussi à monter cette coalition pour le moratoire
sur l'exploitation des grands fonds marins. On n'aurait pas remobilisé la
science internationale et le financement avec la mission Neptune. Et on
n'aurait pas réussi à mobiliser autant contre la pêche illégale et non mesurée.
> [Intervention à
l’occasion de la restitution des trois événements spéciaux organisés dans le
cadre de la Conférence des Nations unies sur l’Océan]
Je vais essayer de synthétiser ce que j’ai compris, pour qu’on agisse de
manière utile collectivement et vous dire comment je vois la situation. Mon
sentiment, c'est qu'on est à peu près au pire moment, parce que j'ai compris
que la science avait établi – je me réfère aux travaux de l'IPES, qu'on était à
un nexus. Ils ont très bien travaillé ça dans leurs travaux. Ils disent, au
fond, on a une crise qui est cinq crises en même temps : biodiversité, eau,
alimentation, santé, changement climatique.
Ces cinq crises se nourrissent, elles créent de la complexité entre elles, et
on ne peut pas régler l'une sans les autres. Notre sujet, les océans, est au
milieu de ces cinq crises. Et après, l'IPES a fait vraiment un très bon travail
avec 70 options de réponses. On est à un moment de grande complexité, de
multicrise. Et pas de chance, si on est à peu près lucides, on est à un moment
où la science internationale, qui dépend quand même beaucoup des financements
américains, retrait de ces financements, où on a beaucoup de gens qui sont en
train de remettre en cause le multilatéralisme et ses agences, où on a
aujourd'hui une remise en cause aussi de la priorité dans le débat public donné
au climat et à tous ces sujets, y compris d'ailleurs en France, il faut être
lucide. On dit que ce n'est plus la priorité, passé, il n'y a rien à voir. On
s'en occupera, on gérera crise après crise, au fond. Énorme erreur.
Il y a, si je puis dire, du management disruption, parce qu'on est dans un
monde où on a, justement, beaucoup de guerres, et en fait, le grand risque,
c'est qu'on soit tous avalés par les symptômes de ces multi-crises. Parce que
tout ce que je suis en train d'évoquer, ça crée de la crise plurielle
internationale. On a tous été arrêtés par une pandémie qui était, et c'était il
y a très longtemps, on y était encore il y a 4 ans, qui était la conséquence de
cette multicrise que j'évoquais. Le continent africain est plein de multicrises
qui sont liées à des problèmes cumulés d'eau, de gestion d'environnement et
autres.
Alors même qu'on a de plus en plus de complexités et une urgence à gérer ce
nexus, les cinq problèmes liés entre eux, on a un ordre international qui est
en train de se disloquer, pas assez d'argent, pas assez de coopération, et au
fond trop de monde occupé à faire autre chose. Et rien que pour ça, ce que vous
avez fait cette semaine dernière, ce qu'on est en train de faire, est très
important, parce qu'on se refocalise sur ce qui est clé.
Ce qui est clé, c'est de remettre du multilatéralisme et de le faire avec le
GIEC, l'IPES, avec les grandes agences, dont l'UNESCO, qui permet sur le plan
scientifique de coordonner et donc, au fond, de mettre autour de Nations unies
les agences scientifiques, les acteurs du multilatéralisme qui ont permis de
bâtir à travers le temps cela, parce que c'est plus nécessaire que jamais, et
c'est d'avoir une approche, comme on dit, multi-stakeholder. C'est exactement
ce que vous avez fait là. C'est de se dire, on a besoin, face à des sujets
complexes, d'avoir les scientifiques, le monde de la finance et de l'économie,
les acteurs gouvernementaux, ce sera à partir de demain, tous les acteurs
locaux, les villes, les régions, les gouvernements, etc. Et la société civile,
les organisations non gouvernementales, les étudiants, nos jeunes, parce que
tout ça, ça produit de la compréhension commune et de l'action commune. On ne
doit rien laisser de côté.
Au fond, face à cette espèce d'incohérence qu'on est en train de vivre, comment
traiter ce nexus : eau, alimentation, santé, changement climatique,
biodiversité ? D'abord, en continuant de financer une science libre et ouverte.
Et donc, je veux remercier le compte-rendu qui a été fait. Moi, j'ai essayé de
suivre, de bien comprendre. Et je veux vous dire ici qu'on va continuer. On est
arrivés par le bateau de l’IFREMER, Thalassa, et on était avec beaucoup de
collègues. Je veux vous dire qu'on va se mobiliser, toute la communauté
internationale, pour continuer d'avoir une science libre, ouverte,
indépendante, qui puisse justement nous permettre de continuer à comprendre.
Pour ça, j'ai noté quand même dans vos travaux, dans ceux de l'IPES et de
plusieurs acteurs, les priorités, on a besoin de continuer à comprendre les
grands fonds marins, Et donc merci à ceux qui sont prêts à nous aider pour le
faire dans notre Polynésie chérie et dans tant d'autres territoires.
On a besoin de continuer de consolider les données de recherche, les séries
longues et l'indépendance de ces données. C'est le grand sujet vraiment qu'il
nous faut tous traiter au moment où il y a des retraits de financement, la NOA
ou autre, c'est qu'on peut perdre des données qui ont été accumulées. Et donc
là, on doit faire un gros travail au niveau...
La France, elle est prête à se mobiliser, à prendre le leadership, mais on a
besoin de financements européens et du monde entier pour aller dans ce sens.
Avec ces données, on a évidemment besoin des infrastructures de recherche qui
sont en particulier les capacités d'observations spatiales, mais aussi les
capacités nouvelles qu'on va créer pour analyser la colonne d'eau. Alors, on a
des initiatives formidables, Tara est là, on a SeaOrbiter, on a le Polar Pod
qu'on veut lancer, mais plus largement, on va multiplier les capacités pour
comprendre justement et analyser la colonne d'eau jusqu'au plus profond des
fonds marins. Et c'est pourquoi la mission Neptune est si importante, et je
parle sous le contrôle des sachants, mais c'est celle qui va être un peu, qui
va nous permettre de consolider toutes ces initiatives.
Et donc, banco, nous, on est prêts, on avance, je veux que la France prenne ses
responsabilités, mais il nous faut agréger toutes les bonnes volontés
publiques, privées, les financements européens, internationaux, mais on ne doit
rien lâcher. Rien lâcher sur les grands fonds marins, colonnes d'eau, données,
capacités d'observation.
Il y a aussi un point qui est très important, c'est le lien entre, justement,
la compréhension des océans et la recherche biologique et génétique marine.
Là-dessus, il y a quand même un continent d'innovation sur lequel je veux qu'on
continue à investir. Et puis on a aussi les méthodologies. Je ne veux pas
oublier les sciences humaines et sociales, parce que si on veut réussir le
changement, il faut comprendre le fonctionnement des sociétés, l'acceptation,
et donc on a besoin aussi d'agréger derrière ce programme scientifique des
océans la capacité à avoir des méthodologies, à organiser le changement, à
avoir justement cette méthodologie qu'ont très bien mise en place les
chercheurs, éviter, réduire, compenser, qui suppose de convaincre les gens de
bouger. On en reparlera, je pense, dans ces prochains jours.
Quand on parle de nos pêcheurs, on veut, dans certains endroits, qu'ils
n'aillent plus pêcher, par exemple dans les fonds marins, etc. Ça ne marche pas
si on le fait dans des conférences comme ça tout seul. Il faut les concerter,
les associer avec les scientifiques, et puis il faut leur donner la capacité
d'avoir d'autres débouchés. Ça m'a été présenté il y a quelques semaines. C'est
le cas formidable de Paimpol, par exemple. Je suis un peu chauvin, c'est en
France, mais il y a des tas de cas.
La Polynésie a fait un travail formidable avec ses pêcheurs, avec, justement,
nos populations. Les peuples autochtones, les peuples indigènes ont une
connaissance, un savoir-faire. Quand on marie la connaissance, le respect des
peuples autochtones, des peuples indigènes, la science, le respect de chacun,
et ça, c'est les sciences humaines et sociales, on arrive à tout faire bouger.
Donc, vous voyez, il y a ces priorités scientifiques, mission Neptune, et puis
tout ce que je viens d'évoquer, qui est absolument clé, sur lequel on doit
mettre du financement, mais ça doit être la base de notre action aujourd'hui
comme demain. Pas de bonne action si elle ne repose pas sur la science.
Vous avez parfaitement résumé les conclusions du Blue Finance and
Economic Forum qui s'est tenu à Monaco, on a besoin de mobiliser tout le monde.
Je félicite à la fois le financement
multilatéral, le financement privé qui s'est mis en place. On a des premiers
fonds qui arrivent, des philanthropes. Franchement, merci. Plusieurs sont ici
autour de la table. Vous faites un travail formidable. Vous êtes extrêmement
vocaux et passionnés, et ça inspire, je dirais, tout le monde. On doit
continuer de consolider. Au fond, on a ce que les philanthropes ont fait en
avance de phase, ce que les fondations sont en train de consolider. Plusieurs
sont dans cette salle. Elles sont méditerranéennes, elles sont américaines,
elles sont asiatiques. Puisqu’aujourd’hui, les agences de financement et les
grands Asset manager sont en train de commencer à faire, Et donc, il faut qu'on
ait un suivi chaque année. Le prince Albert II, je le remercie, a accepté de
faire un suivi. Et donc, il y aura une nouvelle conférence l'année prochaine
qui fera le suivi des annonces d'aujourd'hui.
C'est fondamental. Et donc, on ne va pas lâcher ce qui a été lancé.
Et derrière, je veux aussi qu'on bâtisse, à travers les projets pilotes qu'on a
mis en place, justement ces crédits biodiversité et toute cette méthode
nouvelle. Au fond, ce qu'on veut faire sur la biodiversité et les océans, c'est
ce qu'on a historiquement fait sur le carbone. Mais il faut bien le dire, sur
le carbone, on a eu parfois une méthodologie qui s'est un peu relâchée. Et donc
là, il y a un travail formidable qui a été fait par Madame Goulard et Madame
Amelia Fawcett, à la demande du roi Charles et de votre serviteur, qui est
d'avoir ces crédits biodiversité. Et on a mis des projets pilotes en Polynésie,
au Kenya, aux Philippines, etc. Andrew en a financé d'ailleurs plusieurs, et
qui permettent d'attirer justement les financements privés et de les valoriser,
et de permettre d'inciter des grands financeurs.
Et ce faisant, dans la dynamique internationale qu'on veut avoir, qu'est-ce
qu'on veut faire ? On veut inciter ceux qui ont des activités qui ne sont pas
bonnes pour le carbone et la biodiversité à financer ces activités qui sont
bonnes. S'il y a une bonne méthodologie, on va accélérer la transition. On ne
passera pas du jour au lendemain à un monde qui pollue et qui est mauvais pour
la biodiversité, à un monde qui est bon et qui la protège et qui la restaure.
Par contre, si on a les bons systèmes de mesure et d'incitation, on y arrivera.
Ça, c'est sur le pilier économie finance. Il est fondamental, et je remercie
tous ces acteurs.
On a besoin de mobiliser l'action locale. Vous êtes le dernier kilomètre, le
dernier mètre. Et vous êtes exactement les acteurs qui organisent, pour moi,
les 4 pointes du carré magique, qui est d’éviter, réduire, compenser et
adapter, malheureusement, parce que beaucoup de ces territoires ont déjà à
vivre avec les conséquences de la montée des eaux, du réchauffement, les
conséquences de l'acidification des eaux et donc de la perte de leur récif
corallien, de l'érosion du trait de côte, de la fragilisation des habitats. Et
donc c'est au niveau le plus local qu'on arrive à éviter les émissions, les
mauvaises pratiques qui bousculent la biodiversité, qu'on arrive à convaincre,
à changer les pratiques pour les réduire quand on n'arrive pas à éviter tout de
suite, que quand on n'arrive pas à les réduire assez, on peut avoir les bonnes
stratégies pour les compenser, et donc restaurer, compenser, et puis
malheureusement aussi qu'on mette en place les dynamiques pour adapter. Ce
carré magique, il se construit par l'action locale. Et donc les gouvernements
vont s'engager demain, mais je voulais dire l'importance de ces acteurs.
Et puis enfin, il y a tout le travail des organisations non gouvernementales,
des jeunes, de la prise de conscience, des actions citoyennes. Vous le
rappeliez tout à l'heure, Madame la députée, et merci de la mobilisation qui a
été conduite, qui est la stratégie du colibri adaptée à nos océans : rien ne
doit être laissé à part. Et chaque petite action, c'est une transformation des
consciences, et ça permet de retrouver ces équilibres. Et donc c'est ça, ce que
vous avez fait, ce qu'on est en train de faire. C'est, au fond, de se dire, par
rapport à ce paradoxe qu'on vit, on a une multicrise à 5 dimensions, et c'est
en train de se désagréger. On remobilise, on remet du financement, on remet de
l'engagement. Et je voudrais conclure par une chose. Il y a 3 ans, on était à
Lisbonne, c'était l'UNOC 2.
1) BBNJ, le fameux accord pour protéger la haute mer, qui est quand même juste
les deux tiers des océans du globe, on n'avait pas fini cette négociation, elle
durait depuis 15 ans.
2) On nous disait : Vous n'arriverez pas à mobiliser les gens pour vraiment
protéger 30 % de nos aires marines. C'est sympathique, vous êtes à quelques-uns
avec le Costa Rica et d'autres, on s'en souvient, mais bon, allez, continuez,
vous n'y arriverez pas. Et puis, on nous disait également sur les grands fonds
marins : c'est sympa, vous êtes quelques-uns. Il n'y avait pas un gouvernement
qui avait vraiment pris une option. On écoute les ONG et les scientifiques,
mais enfin, c'est quand même sympa, on va d'abord aller forer parce qu'on va
sans doute trouver des nodules, des choses qui sont très bonnes, et surtout de
la valeur et de l'activité économique.
3) on continue la pêche illégale, illicite, non enregistrée, qui est, je le
rappelle, un poisson sur 5 pêché aujourd'hui dans le monde. Et bien, 3 ans
après, parce qu'on s'est mobilisés, parce qu'il y a eu un travail
d'arrache-pied pour arriver justement à Nice, au moment où je vous parle, on a
bâti une coalition d'acteurs. On est une trentaine de chefs d'État et de
gouvernement qui se sont engagés pour dire, nous : moratoire de l'exploitation
des grands fonds marins. Non, on n'y va pas. J'avais annoncé ça à Lisbonne. On
est déjà une trentaine qui sont venus. On ne va rien lâcher et je veux qu'on
arrive à un accord pour toute la planète. Parce que c'est complètement fou,
c'est complètement fou d'aller exploiter, d'aller forer un endroit qu'on ne
connaît pas. C'est de la folie furieuse. Pourquoi ? Juste, moi, je ne suis pas
un grand scientifique, mais j'ai compris parce qu'ils m'ont expliqué. Parce que
dans ces endroits qu'on ne connaît pas, il y a des puits de carbone
irrécupérables, parce que dans ces endroits qu'on ne connaît pas, il y a une
biodiversité qu'on ne mesure pas encore. Et donc on va aller détruire de la
biodiversité même pas encore enregistrée, parce qu'on va aller libérer du
carbone alors même qu'on ne le réduit pas assez. C'est une folie furieuse. Et
donc on recule de 3 cases à chaque fois qu'on fait ça. Donc le cœur de la
bataille, c'est mission d'exploration Neptune, mobiliser les financements et
moratoires sur l'exploitation. Mais ça, on a déjà fait une avance formidable.
On a une trentaine de gens dans le club, on continue. On a réussi, entre
Montréal et Kunming, à bâtir justement cette coalition et à dire, maintenant, à
passer au niveau international : 30 % d'aires marines protégées. Demain, vous
verrez, on va mobiliser encore plus de gouvernements. La France, entre-temps, a
fait ses 30 %. Grâce à ce qu'a annoncé Moetai Brotherson et son gouvernement,
on dépasse largement, je donnerai les chiffres demain, les 30 %. La Polynésie a
fait un travail formidable.
Mais surtout on va aller plus loin dans la très forte protection et on va ainsi
pouvoir protéger complètement, en particulier sur des activités qui sont, on le
sait, les plus prédatrices pour la biodiversité, pour la stabilisation des
fonds marins. On va avoir de la protection forte, et je vous donnerai les
chiffres demain, mais on a augmenté. Et là, demain et après-demain, on va
encore mobiliser davantage de gouvernements. Et dans les semaines qui viennent,
parce que j'ai encore quelques collègues qui m'ont demandé du temps de
concertation, on va continuer. Maintenant, c'est inarrêtable. On va y arriver
au 30 %. Et on ne lâchera rien. Et on les mesure et c'est scientifiquement
observé. Et on fait travailler ensemble les scientifiques, les pêcheurs, les
peuples autochtones et indigènes dans le respect. Là où c'était bloqué depuis
15 ans, on a signé, il y a quelques mois, BBNJ. Formidable ! Et je vous
annoncerai les choses, mais on va, avant la fin de l'année, réussir à ce que ça
rentre en vigueur. Et ça, c'est une mobilisation de nous tous et toutes. Et
enfin, c'était l'appel, le travail qui a été fait par la FAO, par l'Organisation
mondiale du commerce, nous l'avons signé, nous l'avons ratifié, et on est en
train d'engager de plus en plus de gouvernements pour justement avoir la
transparence, lutter contre la pêche illicite, non enregistrée, non surveillée,
avoir la transparence pour protéger nos espaces, nos pêches et nos espèces.
Tout ça, c'est pour vous dire, en trois ans, tout le chemin qui a été fait,
alors même que c'est très difficile, alors même qu'on a plein de gens qui nous
disent, ce n'est plus la priorité. Le travail collectif qu'on a fait pour
mobiliser tous les acteurs nous a permis d'avoir des résultats.
Et c'est grâce à vous toutes et tous. Et je sais le boulot que vous faites,
vous ne lâchez rien. Je suis avec vous, on ne lâche rien. Et donc cette
conférence, elle arrive après des années de mobilisation, sans mauvais jeu de
mots, un peu à contre-courant. Mais ce qui paraissait impossible il y a trois
ans, on l'a fait durant ces trois ans. Et donc cette troisième conférence va
nous permettre de franchir encore des étapes avec la science et sur la base de
la science, mais avec les gouvernements, les acteurs locaux, la société civile,
le monde privé, les fondations et toutes celles et ceux qui sont prêts à
s'engager pour nos océans.
> [Conclusions du
Forum sur l’économie et la finance bleues] Je voudrais revenir sur quelques
enjeux. D'abord, soyons clairs, ceci n'est pas une opinion et nous n'avons pas
le choix. Je m'explique. Ça fait quelques mois, de manière plus prégnante, mais
ça fait quelques années qu'on entend dire qu'au fond, le changement climatique,
la menace sur la biodiversité, la question des océans, tout ça, ce serait une
affaire d'opinion. En fait, on pourrait s'en passer. D'ailleurs, on n'en est
pas tout à fait sûr. Et je constate même que certains coupent les financements
pour poursuivre la recherche en la matière. Je vais vous dire, non, on n'a pas
le droit de faire ça. Parce que ça n'est pas une opinion, mais c'est
scientifiquement établi. Parce que nous avons tous besoin de connaître et de
comprendre le monde, l'univers dans lequel nous vivons et on a besoin de
comprendre comment évolue notre planète, notre climat, nos océans, nos forêts,
notre température, notre biodiversité.
Et donc, c'est un devoir politique, éthique, scientifique de continuer à
financer une science libre et ouverte et qui coopère, de continuer à
comprendre, à chercher et à baser nos décisions sur cette science libre.
Ceci, c'est indispensable et nous continuerons à le faire. C'est ce que
l'Europe porte comme message, c'est ce que, à l'instant, nos compañeros
latino-américains viennent de porter, et
pour le Brésil et pour le Costa Rica, mais qui est suivi par tant et tant,
c'est ce que le Vietnam ici défend, c'est ce que tous les pays européens à nos
côtés disent, c'est ce que de Madagascar aux confins du Pacifique, toutes et
tous, nous portons ensemble. Et quand on regarde la science, elle est
claire : à 2 degrés de réchauffement, la hausse des mers est d'environ 50
centimètres. Mais dans les pires scénarios et les scénarios les plus dégradés
qui, malheureusement, sont aujourd'hui ceux de nos trajectoires, nous
approchons, voire, nous dépassons un mètre. Et nous savons que les changements
sont, à ce moment-là, dramatiques. Pour plusieurs pays, États côtiers, îles,
villes vulnérables. Et nous avons une coalition qui s'est réunie à Nice ces
derniers jours et qui a mobilisé pour commencer, évidemment, à trouver les
voies et moyens de s'adapter.
Nous voyons dans nos pays déjà les traits de côte qui sont en train de reculer.
Et nous savons qu'aussi, les conséquences sont dramatiques pour la biodiversité
d'ores et déjà aujourd'hui. Des récifs coralliens, vous l'avez évoqué, à tant
et tant d'espèces, qui, à cause de la montée de la température, à cause de l'acidification
de nos océans sont en train d'être menacés, disparaître, et nous savons les
défis qui existent aussi dans les deux pôles, et je suis très heureux qu'on ait
ici le Premier ministre du Groenland et des îles Féroé qui vivent de manière
très directe aussi les conséquences de ce réchauffement, de cette grande
bascule du monde qui menace nos écosystèmes. Et donc, je vous le disais, ceci
n'est pas une opinion, c'est établi.
Ce qu'on est en train de dire, c'est sûr, nous le savons, c'est documenté. Nous
savons aussi que nous surexploitons nos océans. Il n'y a pas besoin d'en
débattre, ça a été encore montré par des travaux cinématographiques ou
scientifiques remarquables. Nous les surexploitons, pourquoi ? Parce qu'il y a
encore des comportements de pêche sur intensive qui sont là, mais surtout, il y
a une pêche illégale, non réglementée, non documentée. On estime qu'un poisson
sur cinq qui est pêché dans notre planète, c'est cette pêche-là. Et donc au
fond, on a besoin maintenant d'agir parce que nous en dépendons. Notre planète
dépend de nos océans parce que c'est un puits de carbone extraordinaire, parce
que c'est un puits de chaleur, ça capture aujourd'hui énormément du
réchauffement que nous émettons par ailleurs, parce que c'est un trésor de
biodiversité.
Et donc oui, on a besoin de préserver nos mangroves, nos fonds marins, de
continuer à capturer ce carbone. Oui, on a besoin d'avoir cette capacité à
absorber une partie de la chaleur qu'on crée par ailleurs. Oui, on a besoin de
garder cette biodiversité remarquable qui est dans nos océans. Et on en a
besoin aussi, et vous l'avez compris à travers ce forum, parce que ce sont 2
600 milliards de dollars d'économies mondiales. Parce que ce sont des milliards
d'habitants de la planète qui vivent par nos océans et des produits de nos
océans. Et à cet égard, plus de 50 entreprises ont signé un appel à l'action
qui les engage avec des politiques ambitieuses. Je les en félicite lors de ce
forum. Mais au fond, nous avons tout pour agir. On a la science et on sait où
on en est. Et on connaît les trajectoires. Et on va continuer à financer cette
science libre. On y reviendra à Nice. On a la dépendance, donc on n'a pas le
choix. Et nous avons autour de la table tout le monde : les scientifiques, les
gouvernements, les ONG, les peuples qui en dépendent et qui en vivent, et tous
les acteurs économiques qui dépendent des produits de la mer vivent de
celles-ci et doivent bouger. Et donc, en effet, nous avons une démonstration à
faire, collectivement, c'est celle d'agir. Ça a été parfaitement dit.
Alors, nous aussi, en France, nous avons décidé d'agir. C'est pour ça que nous
avons décidé de prendre cette co-responsabilité. Et avec plusieurs pays
européens, nous avons mené ensemble, il y a quelques années, cette grande
coalition pour la protection de la nature et cet objectif pour 2030. Nous avons
déjà dépassé les 30 % de protection des aires marines. Et à Nice, on aura
l'occasion d'annoncer un renforcement de ces objectifs avec en particulier de
la protection forte sur une partie de celle-ci qui va très largement augmenter
et qui va nous permettre de beaucoup mieux protéger en particulier nos fonds
marins de toutes les pratiques. Et c'est un travail qui a été fait comment ?
Mais c'est un travail qui a été fait par nos scientifiques, nos ministres et
nos élus, nos pêcheurs, et tous les acteurs mis autour de la table qui décident
d'aller ensemble et d'avancer. Et rien n'est simple. Mais je le dis très
clairement, on n'arrivera pas à leur demander ces efforts collectivement si quand
on se retourne à côté, on a les copains qui ne font rien. C'est pour ça qu'il a
totalement raison. Parce qu'on ne peut pas à quelques-uns sauver la planète. Et
la France, pourtant, a la deuxième zone exclusive économique, ce qui fait de
nous la deuxième puissance maritime du monde grâce à nos territoires
ultramarins. Mais si on n'a pas les autres qui bougent, si on continue à
laisser la pêche illégale se faire juste à côté, si on continue d'avoir des
comportements complètement non coopératifs, on n'y arrivera pas. D'où
l'importance de ces coalitions d'acteurs et d'avancer. Et donc oui, on fera des
annonces très fortes en la matière.
Et je veux remercier en particulier nos amis de Polynésie française qui ont
pris, et les ont officialisés, il n'y a même pas deux jours, des décisions
historiques de protection. Et parce qu'il faut avoir aussi l'humilité de se
dire que tout ce qu'on est en train de dire, nos pêcheurs, nos peuples
autochtones l'avaient compris bien avant nous. Et tout ce qu'on est en train de
faire, eh bien, si je prends la Polynésie française, ils l'avaient fait bien
avant nous. En décidant des aires éducatives protégées, nos pêcheurs avaient
commencé à repérer que l'océan se régénère très vite quand on le protège.
Simplement, on améliore avec ce que l'IUCN, ce que les chercheurs du monde
entier nous ont permis de dire et on renforce ces protections. Mais on doit
beaucoup aussi à nos peuples autochtones, nos peuples indigènes qui nous ont
beaucoup appris et qui sont des acteurs essentiels de ces transitions.
Maintenant, ce qu'on va continuer de faire et ce sur quoi on va se mobiliser
pour terminer mon propos sur deux axes, c'est les grands secteurs économiques
et la finance. Les grands secteurs économiques, c'est rentable, il y a un
modèle économique et il faut donc, si vous me permettez de le dire, foncer.
D'abord sur la décarbonation du secteur maritime. Ces derniers mois, on a eu
des avancées majeures à l'Organisation maritime internationale, c'était en
avril dernier, avec un accord pour définir un chemin de réduction des émissions
de gaz à effet de serre du secteur maritime. C'est historique, on l'attendait
depuis longtemps. Au minimum 20 % de réduction des émissions de gaz à effet de
serre d'ici 2030 et neutralité en 2050 avec un mécanisme simple permettant de
récompenser ceux qui agissent et investissent dans les voiles, les carburants
durables avec une forme de bonus et un malus pour ceux qui traînent dans la
transition. Et c'est exactement ce qu'on est en train de faire collectivement et
ça marche. Je donne un exemple très concret. Pour produire nos fusées, y
compris lancer des satellites qui nous permettent l'observation de la Terre, du
climat, de nos océans, jusqu'alors, on le faisait avec d'immenses bateaux qui
étaient assez polluants. Maintenant, avec des navires comme la Canopée, qui
transporte la fusée Ariane, la Canopée utilise l'énergie du vent et 30 % de CO2
en moins. Eh bien, un tel bateau est récompensé et c'est tout l'écosystème qui
va être encouragé dans ce sens. C'est pourquoi pour accompagner cette décision
de l'Organisation maritime internationale d'avril dernier, la France a pris la
décision de flécher les recettes du marché carbone européen des transports au
bénéfice du financement de la décarbonation du secteur maritime.
À côté de ça, nous avons mis en place un fonds de décarbonation de notre flotte
qui a été initié et poussé grâce à l'investissement de CMA-CGM et qui permet
d'accompagner pour nos pêcheurs la décarbonation de leur flotte et leur
transformation. Et puis, nous continuons le travail qui avait été lancé en
marge du G7 2019 à Biarritz, de décarbonation de la flotte européenne et d'un
engagement qui a été lancé par le cluster maritime français et par nos grands
transporteurs, qui est un engagement de réduction de la vitesse. Et j'insiste
sur ce point pour tous les grands transporteurs, à chaque fois qu'on arrivera à
engager, sur toutes les routes du monde, les grands transporteurs à réduire
leur vitesse, on réduira d'autant les émissions. Et donc, ne lâchons pas cet objectif
de réduction de la vitesse, il est clé.
Et puis au-delà de ça, de tout ce qui est fait en mer, il y a évidemment ce qui
est fait lors des escales. Je veux rappeler un chiffre : les émissions à quai
représentent plus de 20% des émissions totales. Et donc nous pouvons les
éliminer très simplement, Monaco est exemplaire à ce titre, par de l'énergie
bas-carbone sur les quais, à base de nucléaire, d'énergie renouvelable,
d'innovation, comme on l'a vu ce matin avec la thalassothermie. C'est ce que
nous faisons dans nos ports : à Marseille, au Havre, à Dunkerque, à Bordeaux,
ça fonctionne. Et donc la décarbonation de nos ports, leur électrification,
leur électrification avec un mix électrique décarboné, c'est essentiel pour
réduire les émissions et décarboner le transport maritime également. Et donc,
je veux ici saluer la très forte mobilisation des plus grands ports, des
armateurs mondiaux, des efforts cruciaux. Mais allons-y et mettons en place
partout ce système de bonus-malus pour poursuivre cet effort.
Au-delà du transport mondial, il y a bien entendu le tourisme, avec les
pollutions qui accompagnent cette activité. La pollution plastique, l'atteinte
à la biodiversité. Et à cet égard, je veux ici vraiment dire mon soutien et mes
félicitations à la coalition Ocean Tourism Impact que vous avez créée ici, lors
du BEFF, et qui contribuera à répondre à ce défi majeur qu'est le développement
du tourisme durable. Là aussi, mettons en place et développons les labels,
encourageons à développer un tourisme qui respecte la biodiversité, qui régule
les activités qui sont prédatrices ou qui détruisent ou menacent notre
biodiversité et accompagnons nos territoires insulaires ultramarins les plus
vulnérables sur ce chemin. La France, qui est la première destination touristique
mondiale, a aussi cette volonté d'aller vers un tourisme durable, et également
nous favorisons les bons comportements. MSC Croisière a annoncé à Choose
France, il y a quelques semaines, la commande de deux nouveaux navires qui
seront construits sur les chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, et bien
ces bateaux de croisière, sont l'illustration d'un tourisme durable. En effet,
parce qu'ils seront les plus économes en énergie au monde, avec des carburants
innovants, mais aussi des technologies environnementales de pointe, pour
limiter l'impact, tant pendant les escales, que pour éviter par exemple, on l'a
encore vu ce matin au musée océanographique, les collisions avec les grands
cétacés. Ce qui est, on le sait, un défi fondamental. Et donc, oui, il y a un
chemin possible, mais dans tous ces secteurs, changeons les comportements,
mettons en place les bonnes incitations, transformons, du transport au
tourisme, les comportements.
Et puis, et je conclurai là-dessus, pour accompagner ce mouvement, il nous faut
inventer de nouveaux modes de financement pour protéger nos écosystèmes. Et je
veux ici féliciter le Blue Economy and Finance Forum d'avoir repositionné
l'océan comme espace d'opportunité économique. À ce titre, c'est ce que nous
sommes en train de faire avec l'Agence Française de Développement qui a mis
près d'un milliard d'euros en 2024 au bénéfice des peuples et de la planète sur
la question de l'économie bleue durable et je me félicite que dans le cadre de
l'association des banques de développement du monde entier, Finance in Common,
l'AFD, avec ses collègues, ait aussi, dès 2023, lancé une grande coalition en
faveur de l'économie bleue. Cette coalition a permis l'adoption d'une
déclaration ambitieuse au BEFF, notamment celui d'engager plus de 5 milliards
de dollars par an pour les océans. Cet engagement, c'est un jalon essentiel
pour réaliser l'ODD numéro 14 et avoir des résultats concrets là aussi. Et
donc, bravo à vous. On a aussi certains mécanismes qui ont prouvé leur
efficacité pour préserver nos écosystèmes, le label bas carbone par exemple. Je
voudrais également insister sur un point, quand on parle justement de mode de
financement vertueux, c'est ce que nous avons en commun avec le Royaume-Uni,
votre Altesse, lancé et sa majesté le roi Charles a beaucoup fait en la
matière, en 2023, le Royaume-Uni et la France ont lancé un ambitieux travail
sur les crédits biodiversité. Et les travaux du panel, pilotés par Sylvie
Goulard et Dame Amelia Fawcett, ont permis la mise en place d'une méthodologie
très importante qui a été présentée l'année dernière et que nous continuons de
suivre, mais surtout maintenant, et j'insiste, des projets pilotes qui montrent
que cela marche, notamment pour la préservation d'écosystèmes aquatiques, les
herbiers sous-marins au Kenya ou en Australie, des coraux aux Philippines ou
encore des mangroves aux Émirats Arabes Unis. Et ces projets, je l'espère,
serviront de fondation sur ces questions de financement de projets de
restauration et de protection de nos océans, de la nature et de la
biodiversité.
Au fond, nous avons mis sur la biodiversité une méthode, qui je crois
d'ailleurs encore maintenant, parce que vous avez été toutes deux extrêmement
rigoureuses, plus fortes, plus rigoureuses, avec une bonne méthode qui est de partir
des projets pilotes, pour essayer de reprendre la même approche que nous avions
eue sur les crédits carbone, mais qui, il faut bien le dire, a parfois été un
peu divertie de ses ambitions premières. Parce qu'on s'en est parfois joué,
parce qu'on en a mis de toutes les couleurs, et parce qu'on a mis des crédits
carbone qui étaient des vrais à côté de crédits carbone qui étaient des faux.
Et il faut rester extrêmement rigoureux dans la méthode pour ne pas perdre la
confiance des opérateurs. Eh bien en matière de biodiversité, c'est ce que nous
sommes en train de récupérer aussi en matière de carbone, cette méthodologie,
c'est celle qui va permettre de donner des vraies incitations de marché à des
projets qui sont essentiels pour la préservation de notre biodiversité et de
nos climats. Et je suis très heureux aujourd'hui que ces travaux se
poursuivent, se pérennisent, pour pouvoir continuer d'accompagner le
développement de ces instruments et attirer le secteur économique vers ses
objectifs.
Je n'oublie pas à cet égard les grands philanthropes qui s'engagent. 10
milliards de dollars sont déjà sur la table d'ici 2030 grâce au BEFF. Cette
première mobilisation est déjà une bonne nouvelle mais nous devons aller plus
loin. Et je veux remercier ici les financeurs, les philanthropes, les grandes
fondations présentes qui sont déjà dans cette initiative et je les invite à
rejoindre cette initiative que nous avons portée également et nous mobiliserons
en octobre prochain à nouveau les grands fonds souverains, les asset managers
mais aussi les fondations et les philanthropes dans cette même direction.
Voilà les quelques convictions que je voulais porter. Nous avons le devoir de
nous mobiliser parce que la science est claire et que les faits sont là. il n'y
a aucune fatalité. Et donc, à quelques gouvernements, nous allons, dans les
prochains jours, porter des décisions déjà fortes, mobiliser la communauté
internationale, mais il est essentiel de mobiliser les secteurs financiers et
économiques du monde entier. Il y a la possibilité d'avoir une pêche durable,
il y a la possibilité d'avoir un transport maritime durable, il y a la
possibilité d'avoir un tourisme durable, il y a la possibilité d'avoir un
modèle économique pour notre planète et nos océans qui soit soutenable. C'est
une question de choix, de responsabilité et de mobilisation collective. C'est
ce que nous avons commencé de faire. Ce forum, Monseigneur, est une étape
essentielle et je vous en remercie. Je vous donne rendez-vous dans quelques
heures à Nice mais nous ne lâcherons rien à ce combat.
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre
centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un
côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un
gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le
Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
●
Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> À nouveau, l’horreur. Cette fois, c’est un collège de Nogent, où une
assistante d’éducation a été poignardée, tuée par un élève de 14 ans. Nos
pensées vont à son petit garçon, à sa famille, aux siens et à toute la
communauté éducative.
La menace des armes blanches chez nos enfants est devenue critique. Comme
décidé le 27 mars et le 29 avril, il nous revient de faire de ce fléau répandu
partout, un ennemi public.
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Un drame terrible a frappé ce matin un collège de Nogent : une
assistante d’éducation a été victime d’une attaque au couteau par un élève de
l’établissement. J’exprime tout mon soutien à la victime et à ses proches. Je
salue le sang-froid et l’engagement de celles et ceux qui ont agi pour
maîtriser l’agresseur et protéger les élèves et les personnels. Je me rends sur
place en soutien à l’ensemble de la communauté scolaire et des forces de
l’ordre.
> Nous restons mobilisés pour la santé mentale de nos
jeunes ! Dès la 4ᵉ, les enseignants pourront s’appuyer sur 5 séquences de la
série Adolescence. Mettant en scène des situations de violence, d’usages des
réseaux sociaux et de mal être, cette série est un support pédagogique utile
pour sensibiliser et accompagner les élèves.
> Nous faisons preuve d’une fermeté absolue face aux
actes et propos antisémites qui visent les écoles de la République. J’ai décidé
d’actualiser les guides d’accompagnement à destination des chefs
d’établissement et des professeurs pour les aider à mieux faire face à ces
actes et notamment aux nouvelles formes d’antisémitismes.
> Face au recul mondial de la prise de conscience
écologique, il est urgent d’agir ! Le dérèglement climatique, l’effondrement de
la biodiversité et leurs impacts sur notre santé sont déjà là. La solution
réside dans une approche globale et la planification écologique, pour répondre
efficacement à ces défis majeurs.
> Vous êtes venus exprimer les voix de millions de vos
compatriotes du Pacifique qui ont déjà à vivre de manière très directe les
conséquences du dérèglement climatique. Vous êtes en première ligne de ce
combat. Merci pour ce long voyage jusqu'à Nice pour la Conférence des Nations
unies sur l'Océan et le Sommet France - Pacifique. Votre présence nous rappelle
cette urgence à agir. Ensemble, continuons à nous mobiliser pour porter de
hautes ambitions sur le climat et sur l’environnement. Vous pouvez compter sur
le soutien de la France pour maintenir ces ambitions et promouvoir la justice
climatique. Portons ces objectifs à Bélem à la COP30 ! La France mettra
toute sa force et sa diplomatie pour défendre nos intérêts communs dans le
Pacifique. Nos trois territoires, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et
Wallis-et-Futuna, sont mobilisés dans les instances régionales et plus que
jamais attachés au dialogue avec tous les membres du forum des îles du
Pacifique.
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> Le traité de la Haute Mer (BBNJ / Biodiversity Beyond National
Jurisdiction) entrera en vigueur d'ici la fin de l'année. En 2 ans, plus de 60
pays l'auront ratifié. Une immense victoire pour la protection de l'Océan. Un
tour de force de la diplomatie française.
> Notre consul a pu voir cette nuit les 6 ressortissants
français arrêtés par les autorités israéliennes. Leurs proches ont été
contactés. L’un d’eux a accepté un départ volontaire et devrait rentrer
aujourd’hui. Les cinq autres feront l’objet d’un processus d’expulsion forcée.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> La France est mobilisée. Sous l’impulsion du Président de la
République, et aux côtés de mes collègues, nous faisons front commun à la
Conférence des Nations Unies sur l’Océan. Le Président de la République l’a
rappelé : l’Océan n’est pas un espace de non-droit. Il est temps d’en finir
avec l’impunité et l’inaction. Il est temps de le protéger, sur tous les pans :
juridique, environnemental, régalien.
> Il y aura un avant et un après Nice pour la protection
des océans. La France n’est pas venue faire des discours à la Conférence des
Nations Unies sur l’Océan, elle est venue fixer un cap : celui d’une protection
efficace, renforcée et partagée des mers et des océans. Nous avons montré que
la volonté politique peut et doit rimer avec ambition écologique. Une dynamique
est désormais enclenchée. L’enjeu, maintenant, c’est de l’amplifier.
> Les pays réunis à Nice pour Conférence des Nations
Unies sur l’Océan représentent plus de 90 % de la surface des océans, que ce
soit au titre de leurs eaux territoriales ou de la haute mer. C’est un succès
massif de la diplomatie française. Et sur cette haute mer, ces zones qui
n’appartiennent à personne, nous allons obtenir la ratification du traité BBNJ (Biodiversity
Beyond National Jurisdiction) d’ici la fin de l’année, pour y imposer enfin des
règles internationales.
> La France est à la pointe du combat contre la pollution
plastique. Sur le plan diplomatique, nous portons des positions fortes pour que
le traité mondial sur les plastiques ne se limite pas au recyclage, au tri ou à
la collecte des déchets — mais qu’il s’attaque au cœur du problème : la
production de plastique. Pour construire un traité ambitieux, il faut
convaincre et embarquer les autres pays. C’est ce que je fais, comme la semaine
dernière en Chine, pour rallier de nouveaux soutiens.
> Lors de la Conférence des Nations unies sur l’Océan, nous
espérons en finir avec le « far-west » océanique ! Aujourd’hui,
60 % de la planète n’est pas couverte par des règles multilatérales. Avec
cette conférence nous souhaitons envoyer un signal puissant aux pays qui
souhaitent la jouer solo, notamment ceux qui, comme les États-Unis, lorgnent
l’exploitation minière sous-marine.
Nous espérons des avancées dans quatre domaines. Premièrement : la
gouvernance de la haute mer, à travers la mise en œuvre du traité BBNJ (Biodiversity
Beyond National Jurisdiction). Il nous faut au moins 60 ratifications pour le
faire entrer en vigueur. À ce jour, 32 ont été obtenues. Une salle de dépôt des
instruments de ratification a été installée sur place – c’est inédit dans une
enceinte onusienne – pour encourager les États à s’engager avec nous.
Deuxièmement, la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non
réglementée. Ce ne sont pas de petits pêcheurs isolés auxquels nous
souhaitons nous attaquer : ce sont des flottes organisées qui pillent les
ressources. Un poisson sur cinq est concerné. C’est massif. Troisièmement, nous
travaillons à étendre les aires marines protégées, avec des engagements
concrets à venir, notamment en haute mer. Et dernier point, nous souhaitons
accélérer la décarbonation du transport maritime. Des avancées importantes ont
été obtenues en avril à l’Organisation maritime internationale (OMI).
> [Pollution plastique] C’est un sujet essentiel... et
très clivant. Nous préparons la prochaine session de négociation sur le futur
traité international sur les plastiques, prévue début août. Deux visions
s’affrontent : ceux qui veulent un traité ambitieux, traitant l’ensemble
du cycle de vie du plastique, et ceux qui veulent se limiter à des mesures plus
consensuelles, comme le recyclage.
Notre rôle est de rassembler les 100 pays favorables à une régulation
ambitieuse et de maintenir la pression diplomatique. Parallèlement, nous
lançons une alliance d’expertise technique, animée par l’ADEME, pour coordonner
les efforts contre la pollution plastique à l’échelle internationale.
> C’est une erreur stratégique de croire que l’écologie
est un frein à la compétitivité. Regardez la Chine : elle réduit l’intensité
carbone de sa production tout en augmentant ses capacités industrielles. L’écologie
devient un levier de puissance économique! Ne pas y aller, c’est être sûr de
perdre cette guerre industrielle et commerciale.
> Dès 2022, j’ai lancé à Lens une initiative sur ce
sujet, avec le commissaire Thierry Breton et Philippe Varin. Elle a nourri le Critical
Raw Materials Act européen. Trois piliers structurent cette stratégie : le
recyclage sur le sol européen ; l’extraction maîtrisée en Europe, avec des
normes environnementales élevées ; la sécurisation d’approvisionnements
extérieurs, via des accords internationaux. Tout cela doit être fait avec une
exigence écologique forte, à la fois pour des raisons de valeurs, mais aussi
pour garantir l’acceptabilité sociale et la durabilité économique de ces
projets.
> [Suppression des zones à faibles émissions et
réintroduction de l’usage de certains pesticides] Je suis en colère même si ces
reculs ne sont pas encore gravés dans le marbre.
Ce qui m’inquiète, ce sont les discours politiques, parfois très désinvoltes,
voire irresponsables, autour de l’écologie et de l’énergie. On reste
massivement dépendants des énergies fossiles : à 60 %. Oui, notre
électricité est décarbonée à 95 %, mais on ne chauffe pas encore tous les
foyers à l’électricité, et tous les moteurs ne sont pas électriques. Aujourd’hui,
on dépend encore du gaz et du pétrole — de Russie, d’Algérie, des États-Unis —
ce qui pose une vraie question de souveraineté.
Face à cela, certaines formations politiques restent dans le déni. Que le
Rassemblement national ou La France insoumise ignorent ces enjeux, ce n’est pas
une surprise. Mais quand ce sont Les Républicains, qui parlent pourtant sans
cesse de réindustrialisation et de souveraineté, là, oui, c’est préoccupant.
Parce que sans transition énergétique, il n’y aura ni indépendance ni puissance
industrielle.
Si de Gaulle était encore là, il ferait à la fois du nucléaire et des
renouvelables. Il ne resterait pas les bras croisés.
> On est à un moment où la France peut rater deux virages
majeurs : celui de l’indépendance énergétique et celui de la compétitivité
industrielle. Refuser d’investir dans l’avenir, c’est enfermer notre économie
dans le passé, c’est rater les marchés de demain — les technologies propres,
l’innovation, les filières durables.
Et ce serait une trahison de notre devoir de protection
envers les Français. Protéger, c’est aussi agir contre la pollution de l’air,
responsable de dizaines de milliers de décès chaque année. C’est anticiper les
aléas climatiques qui frappent déjà : submersions marines, crues,
sécheresses, effondrements glaciaires… On ne peut pas dire qu’on ne savait pas.
> [Sommet sur les océans] C'est l'occasion de sonner la
mobilisation générale.
> Présente dans quatre des cinq océans, la France dispose
de la deuxième plus grande surface maritime au monde et ses 11 millions de km2
abritent une biodiversité extraordinaire que nous avons à cœur de préserver.
Alors que près de 34 % de cette surface participe d’ores et déjà à des
programmes de conservation, je souhaite saisir l’opportunité de la Conférence
des Nations Unies sur l’Océan pour accélérer et consolider la protection de nos
océans. Car à mesure que nous connaissons nos aires marines protégées, nous
mesurons l’ampleur des pressions auxquelles elles sont exposées et des efforts
que nous devons fournir pour les préserver. Ces pressions, ce sont les
pollutions d’origine terrestre ou marine, le dérèglement climatique, les
extractions de minerais ou d’hydrocarbures, certaines activités de loisirs ou
de pêche. Diminuer voire lever ces pressions passe par un renforcement du
niveau de protection, comme le Président de la République, Emmanuel Macron, s’y
était engagé lors du One Planet Summit dès 2021. Avec la stratégie dédiée à la
protection des fonds marins, nous allons lever les pressions qui s’exercent sur
les habitats, quelle que soit leur origine, et ce sera chose faite dès 2026
dans nos parcs nationaux et réserves naturelles nationales. Nous élèverons
également le niveau de protection de nos aires marines protégées avec 14,8 % de
notre surface maritime placée sous protection forte dès 2026 et veillerons à ce
que ces efforts soient reconnus par la communauté scientifique internationale.
Au-delà des merveilles végétales et animales présentes dans nos abysses et sur
nos côtes, nos écosystèmes marins régulent notre climat, fournissent la moitié
de notre oxygène et nous nourrissent. Nous avons donc une responsabilité
particulière dans leur protection et un devoir d’exemplarité envers tous les
pays que nous accueillons pour cette conférence. Protéger l’océan, c’est
protéger un puits de carbone essentiel et protéger toutes les populations qui
en dépendent directement. Je suis fière du chemin que nous avons parcouru
depuis huit ans : la France a rattrapé son retard en matière de baisse des
émissions de gaz à effet de serre (- 20% depuis 2017) et renforcé ses efforts
en matière de protection de la biodiversité (Stratégie nationale Biodiversité
2030). Nous nous sommes engagés pour une économie plus circulaire, la loi
anti-gaspillage pour une économie circulaire (dite AGEC) ayant permis de
changer de modèle et de mieux lutter contre les pollutions plastiques. Et nous
avons engagé la Stratégie Ecophyto 2030 pour réduire de moitié l’usage et les
risques liés aux produits phytosanitaires, pour ne citer que ces quelques
exemples. Au plan international, avec le Président de la République, nous avons
pesé sur les négociations en initiant de nouveaux formats conduisant à des
engagements forts des pays hors Europe (One Planet Summit, Pacte de Paris pour
les Peuples et la Planète, etc.) et avons influé sur les résultats des COP
Climat (COP28) et Biodiversité (COP 15 et 16). Nous devons désormais aller plus
loin et poursuivre nos efforts pour maintenir et renforcer la vitalité et la
résilience de ces écosystèmes essentiels que constitue la biodiversité marine.
C’est tout l’enjeu de cette Conférence des Nations Unies pour l’Océan que la
France coorganise avec le Costa Rica.
> Oui, nous n’avons pas de leçon d’écologie à recevoir.
Et oui, nous ne céderons pas. Ni à la fatalité. Ni à la facilité. Et surtout
pas à tous ceux qui nient la science et attaquent la protection de
l’environnement par pur électoralisme. Parce que la responsabilité d’un
responsable politique, c’est d’anticiper les risques et de protéger sa
population. Et c’est ce que nous faisons. Merci au président de la République
d’appeler à la remobilisation. Et de rappeler les enjeux essentiels de ce
combat parce que face à la crise climatique, face aux pollutions, tout retour
en arrière serait criminel vis-à-vis de ce ceux qui ne sont encore aujourd’hui
que des enfants ou des adolescents. L’écologie que nous portons n’est ni
punitive, ni dogmatique. Elle est lucide, ancrée, structurante. Nous avançons
avec les territoires, avec les acteurs économiques, avec les citoyens. Et nous
avançons avec la science qui éclaire nos choix et fonde notre action. Ce que
nous devons aux Français, ce sont des actes. Et de la cohérence.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> Les réseaux sociaux ne sont pas des zones de non-droit. La haine
antisémite, raciste, homophobe, l'incitation à la violence contre les femmes
n'y ont pas leur place. J’ai tenu à leur rappeler leur devoir de vigilance et
leurs obligations légales.
> Les seuls otages sont ceux qui ont été kidnappés le 7
octobre 2023. Ceux qui sont retenus dans les tunnels du Hamas. Ceux qui
subissent le terrorisme islamiste. Reprendre ce terme est une honte de plus de
la part de LFI. Ce n'est pas un nouveau dérapage, c'est une stratégie
électorale (écœurante).
Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée des Comptes publics)
> Deux sujets marchent et il ne faut pas y toucher, la garde d'enfants
et l'accompagnement des personnes âgées.
> [Maprimerenov’] Tous les dossiers des honnêtes gens,
qui ont été déposés, seront payés. Tous les dossiers des fraudeurs seront
exclus.
> Ce n'est pas tabou, ce n'est pas explosif : nous
voulons moins de fonctionnaires mais mieux payés.
> [Déficit] Nous devons prendre des décisions
historiques, c'est le dernier moment pour avoir du courage. Il y a un risque de
tutelle des institutions internationales et de nos créanciers.
Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre
des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> [Né dans le camp de Ravensbrück, Guy Poirot, 80 ans, est l'un des cinq
bébés à avoir survécu sur 850 naissances] Bébé de l’espoir. Né au cœur de
l’horreur, sauvé par la solidarité des déportées, devenu le fils de toutes ces
femmes. Aujourd’hui, Guy Poirot témoigne : « Je veux que cette génération ait
conscience du vécu de toutes ces femmes. » Son engagement nous rappelle que
transmettre la mémoire, c’est faire vivre l’humanité là où elle a failli
disparaître.
Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> À Nogent, une assistante d’éducation a perdu la vie sous les coups
d’un élève. Ce drame bouleverse chacun d’entre nous. Je pense à sa famille, à
ses collègues, aux élèves choqués, et à toute la communauté éducative. Ce crime
appelle évidemment une peine, mais aussi une action vigoureuse afin de prévenir
la violence chez les jeunes. Nous devons renforcer l’encadrement éducatif et
psychologique. L’Ecole doit rester un lieu de confiance, de sécurité, de
respect.
Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des
Français de l’étranger)
> À l’UNOC, le Président de la République a tracé une ambition claire,
en annonçant la future entrée en vigueur du traité sur la haute mer : protéger
les océans tout en soutenant l’innovation & les échanges durables. Notre
diplomatie économique sera au rendez-vous.
> Les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de
près de 20% en France depuis 2017. Je partage les mots de Emmanuel Macron:
notre ambition environnementale est inédite et assumée.
> La guerre commerciale n’est bonne pour personne, à
commencer par les Etats-Unis. Nous devons à la fois chercher la désescalade
avec les Etats-Unis et diversifier nos partenariats avec d’autres pays. C’était
l’une des raisons de la visite de Lula cette semaine à Paris.
Thani Mohamed Soilihi (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de la Francophonie et des Partenariats
internationaux)
> Coup d’envoi du Forum mondial des îles que j’ai l’honneur de
présider dans le cadre de l’UNOC3 avec le Président de Palaos et la Première
ministre de la Barbadec qui rassemble les États insulaires du monde entier et
nos territoires d’outre-mer. En présence du premier ministre de Niue , des
ministres de Jamaïque, Samoa, Fidji, de la présidente du Congrès de Nouvelle
Calédonie, de la directrice exécutive du Fond vert pour le climat, du
secrétaire général de l’OEA ainsi que des représentants de l’ONU, de la Banque
mondiale et de ALIPH, ce premier panel était dédié à la vulnérabilité des
territoires insulaires.
J’ai à ce titre annoncé que la France , dans le cadre de la feuille de route
lancée par le Pacte pour la Prospérité, les Peuples et la Planète 4P, rejoint
la coalition de bailleurs pour une meilleure prise en compte de la
vulnérabilité multidimensionnelle dans le financement du développement. Ce
premier World islands forum est fondateur : plus de 730 millions de personnes
vivent sur les territoires insulaires à travers le monde et sont les premiers
impactés du changement climatique. Protéger leur avenir est l’affaire de tous !
● Autres
ministres
Gérald Darmanin (ministre d’Etat, Garde des sceaux, ministre de la Justice)
> Mise en place de peines minimales, suppression du sursis et de
l’aménagement de peine obligatoire, mise en place d’une peine unique de
probation, développement du recours au jour-amendes comme en Allemagne,
expérimentation des ultra-courtes peines de prison, différenciation du type
d’incarcération selon la dangerosité des détenus et adaptation des prisons en
conséquence comme en Angleterre…
J’adresserai cette semaine aux groupes politiques et aux diverses institutions
concernées des propositions fortes pour une révolution pénale, afin d’échanger
ensemble sur ces sujets si importants pour nos concitoyens. Il faut permettre
aux magistrats d’apporter une réponse rapide, ferme et proportionnée, dès le
premier acte de délinquance, en leur donnant un cadre juridique cohérent autour
de quatre peines seulement, prononcées ab initio : la prison, la peine de
probation, les amendes et jours-amendes, les interdictions/obligations.
Notre fonctionnement actuel, par manque de moyens et par excès de complexités,
fabrique de la récidive qui mine notre société et porte atteinte à l’autorité
du juge, qu’il est essentiel de respecter. Parallèlement à ces évolutions, j’ai
d’ores et déjà engagé l’accélération des constructions de places de prison et
le doublement du nombre de places de semi-liberté. Je suis évidemment à
l’écoute de tout ce qui pourra encore accélérer ces constructions.
Conformément à la lettre du 12 mai dernier adressée aux agents du ministère de
la justice, engageons des mesures simples, concrètes et efficaces pour répondre
au besoin du Peuple Français. À la suite de ces concertations, je proposerai
cet été au Premier ministre et au Président de la République, des changements
de loi que le Parlement pourrait rapidement adopter.
Bruno Retailleau (ministre d’Etat, ministre de
l’Intérieur)
> Il faut faire payer les casseurs ! Il faut engager une véritable
réforme pénale de la justice des mineurs, avec des peines courtes, mais fermes.
Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de
la Souveraineté industrielle et numérique)
> [Extrait d’un appel cosigné avec le ministre de l’Économie espagnol, et
les ministres des Finances portugais et luxembourgeois : « L’Europe
doit investir davantage chez elle »]
L’Union européenne (UE) est la troisième économie mondiale, et le taux
d’épargne des ménages y est l’un des plus élevés. Pourtant, lorsque nos
entreprises se développent, elles se tournent souvent vers les marchés
financiers étrangers. Pourquoi ? Parce que nous exportons une grande
partie de notre épargne, soutenant ainsi l’innovation ailleurs, alors que
nombre de nos propres start-up peinent à accéder au financement nécessaire à
leur croissance.
Le temps du changement est venu et l’Europe doit investir davantage chez elle.
C’est pourquoi sept pays européens, représentant plus de la moitié de
l’économie de l’UE, se sont associés, jeudi 5 juin, pour améliorer notre
cadre d’épargne afin de canaliser cette épargne vers davantage d’investissements
dans l’économie de notre continent.
En 2024, l’économie de l’UE a généré une production de
17 900 milliards d’euros. La richesse et la valeur sont donc
manifestement créées en Europe à très grande échelle. Parallèlement, les
ménages européens comptent parmi les plus grands épargnants au monde, mettant
de côté environ 13 % de leurs revenus chaque année, soit cinq points de
plus que les ménages américains. Cela représente 1 000 milliards
d’euros d’épargne privée nouvelle chaque année, dont une grande partie reste
sous-utilisée, en liquide ou sur des comptes de dépôt à faible rendement. Au
total, cela a constitué un capital de 35 000 milliards d’euros au fil
des ans.
Dans le même temps, l’Europe doit investir au moins 5 % de son économie,
soit jusqu’à 800 milliards d’euros par an, pour combler le fossé
technologique et de productivité qui la sépare de ses principaux concurrents.
Si l’on ajoute les nouveaux besoins en matière de défense et de sécurité, ce
chiffre pourrait facilement dépasser les 1 000 milliards d’euros.
En cette période de tensions géopolitiques croissantes et d’augmentation des
obstacles au commerce et aux flux financiers dans le monde, cette épargne est
un atout stratégique pour l’Europe, que nous devons mobiliser pour aider à
combler ce déficit d’investissement.
Philippe Baptiste (ministre délégué auprès de la ministre
d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche, chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Lancement hier soir à Nice de la plateforme internationale IPOS,
nouvel exemple de coopération internationale des acteurs de la science pour
aller plus loin dans l’étude de l’Océan. IPOS a vocation à apporter les
réponses scientifiques qui permettront aux politiques publiques de se fonder
sur l’expertise et le consensus de la science. Une initiative soutenue par la
France depuis ses débuts il y’a trois ans et que nous continuerons à soutenir
en investissant 600 000 euros au cours des deux prochaines années pour faire
grandir et réussir IPOS.
> Nous mettons autour de la table les acteurs
internationaux du spatial qui veulent travailler ensemble pour mieux comprendre
et préserver l’océan. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin que la
coopération internationale prenne le relais alors que les investissements des
États-Unis en matière de recherche spatiale sont désormais incertains. C’est le
sens et la mission de l’alliance Space4Ocean.
> La recherche et la science libre au cœur du combat que
nous devons mener ensemble pour comprendre et préserver l’océan. Pour cela,
l’observation spatiale est un atout maître : avec la mission océanographique
spatiale internationale Corsaire, avec la mission Neptune, qui regroupe tous
les acteurs mondiaux de la recherche océanographique et spatiale, Emmanuel Macron
réaffirme que c’est aussi de l’espace que nous devons regarder l’océan pour
mieux le comprendre.
> Pour mieux connaître, mieux comprendre et mieux
protéger les océans, nous devons nous appuyer sur la science ! (…)
À son arrivée à Nice pour l’UNOC 3, le Président de la République l’a dit : il
nous faut une science libre, ouverte et indépendante qui puisse nous permettre
de continuer à comprendre. (…)
À l’heure où des financements importants sont retirés à la recherche, la France
est prête à se mobiliser et à prendre le leadership de tous ceux qui s’engagent
pour préserver la science et la recherche. (…)
Pour comprendre l’océan, nous avons besoin de capacités d’observation spatiale.
Emmanuel Macron indique que la mission Neptune permettra d’agréger les
initiatives qui visent à mieux comprendre la colonne d’eau, de la surface
jusqu’au plus profond des fonds marins
Yannick Neuder (ministre délégué auprès de la ministre du
Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la Santé et
de l’Accès aux soins)
> La France doit être souveraine dans la formation de ses professionnels
de santé. Fin du numerus apertus, réforme des filières PASS/LAS, réintégration
de 5 000 étudiants français formés à l’étranger via une procédure de
vérification des compétences… nous devons former plus, mieux et partout : c’est
le sens de mon engagement pour garantir l'accès aux soins de chacun de nos
concitoyens !
> En tant que ministre de la santé des Français, mon
engagement vise à apporter des réponses concrètes à court terme et à définir
une vision de long terme. Mon ambition pour notre système de santé : construire
la santé de demain, pour que chaque Français, où qu’il vive, ait un accès réel
aux soins.
> Au congrès de MG [syndicat des médecins généralistes],
j’ai réaffirmé une conviction forte : la médecine générale est une grande
spécialité - elle mérite reconnaissance, respect et moyens. Le soin ne s’impose
pas, il s’accompagne en formant plus, mieux et partout. Pour cela : → dès 2026
: 4e année d’internat pour mieux former, mieux soigner, partout. → jusqu’à 4
500€ nets/mois pour les docteurs juniors en zone sous-dense. → un forfait de 2
600€/mois pour les maîtres de stage. Une méthode de co-construction qui se
poursuit avec le comité de suivi de la réforme pour un cap clair : soigner
mieux, partout et durablement !
> Les quartiers prioritaires concentrent beaucoup de
fragilités. L’accès aux soins y est plus difficile. Avec le Premier ministre et
la ministre Juliette Méadel, nous lançons un appel aux élus locaux pour relever
le défi de l’accès aux soins. Ensemble ! L’objectif : 1 000 terrains de stage
pour les docteurs juniors dans les quartiers prioritaires les moins dotés
en médecins dès novembre 2026 !
Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> Rien n’a changé: Marine Le Pen reprend au mot les éléments de langage
de Moscou pour attiser les peurs et mentir aux Français.
> À l’UNOC3, l’Union européenne lance le Pacte bleu pour
l’océan, porté avec la France. L’Europe doit montrer le chemin : mieux protéger
nos océans, investir dans l’économie bleue, défendre notre souveraineté.
- Protéger ce qu’on ne connaît pas. C’est le but de la mission Neptune, portée
par la France. Explorer les grands fonds, cartographier les reliefs, identifier
les espèces : cette connaissance est la première condition de l’action. Notre
objectif : restaurer 20 % des écosystèmes marins d’ici 2030.
- Poser des règles claires. Le Pacte veut mieux encadrer ce qui se passe en mer
: surpêche, trafics, pollution, exploitation minière. Il soutient l’entrée en
vigueur du traité sur la haute mer, pour protéger ces espaces hors juridiction
et réduire de moitié la pollution plastique d’ici 5 ans.
- Construire une économie bleue durable. Ce Pacte prévoit d’investir dans
l’éolien flottant, la modernisation des ports, la décarbonation du transport
maritime et la recherche. L’objectif : produire 50 % des produits de la mer
consommés en Europe.
Protéger l’océan, c’est défendre notre climat, notre sécurité, notre
souveraineté. L’Union européenne investira 1 milliard d’euros dans 50 projets
concrets dans le monde. Il faudra aller plus loin lors du prochain budget. La
France continuera de porter cette ambition, avec ses partenaires européens et
internationaux.
> L’Europe doit porter l’ambition d’un partenariat fort
entre les deux rives de la Méditerranée.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Comme mère, comme citoyenne, je sais ce que l’on attend de l’École :
qu’elle soit un lieu sûr, exigeant, protecteur. Aucun mot n'est à la hauteur de
l'horreur de la mort de la surveillante poignardée par un élève en Haute-Marne.
J'adresse mes condoléances à ses proches et à toute la communauté éducative.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, secrétaire
général de Renaissance, président du groupe Ensemble pour la république à
l’Assemblée nationale)
> Dans un collège de Haute-Marne, une surveillante est décédée,
mortellement blessée au couteau par un élève. Ce drame est effroyable. Je veux
dire toute ma solidarité aux proches de la victime, à tous les membres de la
communauté éducative et à tous les élèves de France. C'est toute l'Éducation
nationale qui est en deuil. Reconnaissance pour nos gendarmes présents sur
place qui ont permis de stopper immédiatement l'agresseur. La violence débridée
est un fléau qui ravage notre jeunesse. Nous ne nous habituerons jamais. Nous
n’accepterons jamais. Nous devons continuer à nous battre, à agir.
Roland Lescure (député)
> [Majorité présidentielle] Aujourd’hui, nous sommes dans une situation
durable mais pas stable. Il faut passer d’une union libre à un mariage avec
contrat.
> [Opinion : Vers la proportionnelle : pour une
culture française de la coalition]
es élections législatives anticipées de 2024 ont pu être interprétées comme la
fin du pouvoir hégémonique de la figure du Président de la République sur les
institutions françaises.
À la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, la majorité
présidentielle, à laquelle j’appartiens, a perdu près de 100 députés (166
députés contre 250 lors du scrutin de 2022). Cet affaiblissement apparent n’a
pourtant pas été le synonyme d’un rééquilibrage du pouvoir au profit du
Parlement et, singulièrement, de l’Assemblée nationale — à la différence du
Sénat, qui a su intelligemment tirer parti des divisions de la Chambre basse.
Loin de devenir le centre névralgique de la vie politique et démocratique française,
l’Assemblée nationale, aussi incontrôlable qu’imprévisible, est reléguée à un
rôle sans grande portée normative structurante.
En parallèle, les Allemands ont connu une crise politique d’une ressemblance
déconcertante (convocation anticipée des élections, percée de l’extrême droite
et désaveu de la majorité en place) mais sont parvenus, quant à eux, à un
dénouement à la fois plus intelligible et plus constructif.
« C’est un signal pour les citoyens et pour les partenaires de l’Union
européenne : l’Allemagne a un gouvernement capable d’agir et fort »
déclarait Friedrich Merz, le 9 avril 2025, jour de la signature de
l’accord de coalition.
Le nouveau chancelier allemand a conclu un contrat de coalition entre son
parti, arrivé en tête, l’Union des chrétiens démocrates (CDU-CSU) et le parti
Social-démocrate allemand (SPD), son rival déchu. Après des semaines de
négociations, leurs discussions ont abouti à un texte long de 146 pages,
négocié ligne à ligne. Ce texte constitue le contrat de gouvernement de la
nouvelle « grande coalition » (große Koalition), détaillant tout ce
que les « nouveaux mariés » s’engagent à faire ensemble dans les
années à venir pour gouverner l’Allemagne.
Les réponses sont puissantes. Elles permettront notamment de lever le frein budgétaire
constitutionnel (obtenu grâce au soutien des verts « Bündnis 90/Die
Grünen »), de financer l’effort inédit de défense, de soutenir
l’endettement commun en Europe, de relever le niveau du salaire minimum et de
durcir la politique migratoire. En d’autres termes, deux partis rivaux
politiquement, qui se sont affrontés dans les urnes et dont l’un des leaders a
renversé son prédécesseur, arrivent à s’accorder pour reprendre certains
éléments de programme des uns et des autres.
Dans une logique gagnant-gagnant, envers et contre l’extrême droite, le
Parlement allemand se hisse à la hauteur de l’histoire et des défis de notre
temps.
Au même moment, l’Assemblée nationale française n’a adopté que quatre projets
de loi importants. Les députés ne sont pourtant pas désœuvrés. À défaut
d’examiner des textes que lui soumet le gouvernement, elle contrôle son action
en organisant des commissions d’enquête, des séances de questions et de débats
et inscrit à son ordre du jour des textes, propositions de loi et propositions
de résolutions, rédigées par ses membres. Mais, comme le fait remarquer sa
Présidente, Yaël Braun-Pivet, « force est de constater que nous pourrions
faire bien plus ».
Étrange situation où, dotée d’un pouvoir important (l’initiative), positionnée
face à un Gouvernement aux pouvoirs étendus (maîtrise de l’ordre du jour) mais
politiquement faible, l’Assemblée nationale semble s’auto-limiter. Elle
s’interdit d’agir sur les défis auxquels la France fait face : nécessaire
investissement massif dans la défense, recherche corollaire d’économies
budgétaires, lutte contre le dérèglement climatique, etc. Autrement dit :
elle s’auto-censure sur ce qui compte vraiment.
L’Assemblée nationale se pense comme si elle était en « état de
minorité », au sens kantien du terme.
Pourtant, il y a là une opportunité inédite pour le parlementarisme français.
Pourquoi, alors, une telle occasion manquée?
Seule la recherche d’une majorité, obtenue par la coalition, la sortira de cet
état de minorité pour enfin agir à la hauteur de l’histoire.
« Clef de voûte » du régime pour Michel Debré, le Président de la
République tient une place prépondérante dans la vie politique et
institutionnelle française. Doté de « pouvoirs propres » inscrits
dans la Constitution de 1958, d’une légitimité renforcée du suffrage universel
direct en 1962, son arme la plus forte est celle du « fait
majoritaire ». Cette colonne vertébrale lui assure un alignement politique
des deux têtes de l’exécutif, du Gouvernement et de l’Assemblée nationale,
renforcée par la réforme de 2000 qui a synchronisé les calendriers
électoraux.
Hors période de cohabitation, l’emprise politique du Président de la République
s’exerce aussi bien sur le pouvoir exécutif que, a minima, sur la moitié du
Parlement — et ce, sans préjudice de la lettre de l’article 20 de la
Constitution qui attribue au Premier ministre, chef de la majorité
parlementaire, la responsabilité de « déterminer et conduire la politique
de la nation »
De plus en plus fortement, c’est la tête
présidentielle de la diarchie qui impose son pouvoir, œuvrant ouvertement dans
les compétences du Gouvernement.
L’Assemblée nationale issue des urnes après les élections législatives de 2017
n’a pas dérogé à la règle. Avec 317 députés de la République en Marche, le
Président de la République nouvellement élu avait bénéficié, avec son seul
parti, d’une majorité absolue à la Chambre basse. Souvent considéré comme
« caporalisé », composé de « députés Playmobil », le groupe
majoritaire était perçu comme aux ordres de Matignon et de l’Élysée.
Loin d’être une anomalie historique, cette tendance préexistait et rares furent
les majorités qui se sont retournées contre leurs gouvernements. L’interdiction
du cumul des mandats et l’ouverture à la société civile ont toutefois accéléré
l’installation de députés moins politisés, moins ancrés localement, moins
expérimentés et donc, marginalement, plus faibles face à l’exécutif.
Suivant cette logique de primat sur la chambre basse, on constate — et
l’histoire récente nous l’a confirmé — que le Premier ministre et son
Gouvernement sont d’abord le produit d’un choix du Président de la République,
plus qu’une émanation de la majorité à l’Assemblée nationale.
Il s’agit d’une différence frappante avec le système de nombre de nos voisins,
notamment anglo-saxons et canadiens, où le Premier ministre est
systématiquement un parlementaire, chef de son groupe à la Chambre basse,
appelé par le Chef de l’État à exercer sa primature après qu’il a gagné les
élections législatives. En France, si le Premier ministre s’adosse sur une
majorité à l’Assemblée, sans laquelle il s’expose à être renversé, sa
nomination est le seul fait du Président qui détermine quelle sera la
personnalité capable, a posteriori, de rassembler autour de lui.
Si la différence est essentiellement théorique par temps calme, cette
conception prend tout son sens face à des majorités incertaines, comme c’est le
cas depuis les élections de l’été 2024.
Le Président a respecté à la lettre l’article 8 de la Constitution qui lui
confère le pouvoir propre de « nommer le Premier ministre », seul et
sans contrainte ni de temps, ni de majorité. C’est ainsi qu’il n’a ni choisi un
chef de gouvernement issu du Rassemblement national, pourtant premier parti
issu des urnes, ni pioché dans les rangs de l’alliance électorale du
« Nouveau front populaire » (NFP) revendiquant pourtant la victoire.
Dans son adresse aux Français en décembre 2024, il saisit la mesure de la
situation : « Aucun parti, aucune coalition présentée aux
électeurs en effet ne peut prétendre avoir seul la majorité, et cette situation
exige une nouvelle organisation politique (…) j’ai largement consulté, d’abord
pour tenter de convaincre les forces politiques de travailler ensemble, comme
cela se fait chez beaucoup de nos voisins, puis pour choisir un Premier
ministre qui ne soit pas censuré dès sa nomination. »
Pris dans un temps de consultation, face à des acteurs au jeu trouble, il se
résout à nommer un homme sans mandat électif, issu d’une famille politique
arrivée en cinquième position à la dernière élection, comptant sur lui et son
expérience politique pour former une majorité ad hoc.
Dans d’autres systèmes démocratiques, cela aurait pu passer pour une anomalie —
une partie de la gauche a d’ailleurs tenté des démarches, sans fondement et
sans issue, de destitution du Président de la République. En France, c’est
faire application stricte de la Constitution.
Cette primature se manifestait déjà avec la nomination d’Elisabeth Borne à
Matignon à l’été 2022. Alors même que le bloc central dans son ensemble
(Renaissance, associé au MoDem et à Horizons) était majoritaire relativement,
la Première ministre, émanation théorique de cette majorité, n’a pas engagé un
vote de confiance après sa déclaration de politique générale, comme l’y
autorise l’article 49 alinéa 1 de la Constitution. Son exemple a depuis été
suivi par tous les Premiers ministres qui se sont succédé — Attal, Barnier et
Bayrou. La situation de 2022 semblait annonciatrice de la suite car la majorité
de l’époque a, de nombreuses fois, tendu la main à la droite républicaine pour
la convaincre de former une entente, dans des propositions restées lettres
mortes. Or, il faut être deux pour danser le tango : ces tentatives
conduiront, deux ans plus tard, à une dissolution qui contraindra, in fine, ces
groupes à une forme « d’union libre ».
Du reste, la situation s’équilibre : si le Président de la République
décide seul de l’identité du locataire de Matignon, une majorité absolue à
l’Assemblée nationale peut renverser ce dernier. C’est ce qui s’est passé à
l’hiver 2024, quand la gauche et le Rassemblement national réunis ont censuré
le gouvernement Barnier.
Dans ce cas, comment assurer la stabilité du Gouvernement face à une Assemblée
fractionnée, sans majorité naturelle ?
Le cas est assez inédit : depuis 1958, le Président de la République
disposait presque systématiquement d’une majorité absolue. Au besoin, il se
l’assurait en procédant à une dissolution de l’Assemblée nationale après son
élection, comme l’avait fait François Mitterrand en 1981. À cet égard, la
situation politique issue des élections législatives de 2022 est rare. Le
précédent le plus proche semble être les élections législatives de 1988,
puisque dans les deux cas, une majorité relative a émergé des urnes, forçant
les groupes majoritaires à élargir leur socle, qui aux communistes, qui aux
forces centristes et de droite.
En revanche, la situation de 2024 se distingue par l’incapacité à former des
majorités naturelles liées au parti arrivé en tête (le RN) et formant le groupe
le plus important à la chambre.
Le « socle commun », faute d’être une coalition, sert donc de
majorité relative « la plus forte » à un Gouvernement néanmoins
susceptible de se faire renverser quotidiennement si la gauche et l’extrême
droite unissent leurs voix. Cette hypothèse était si imprévisible dans notre
système institutionnel que personne ne semble avoir jamais imaginé la méthode
pour y répondre.
En effet, depuis plus de 60 ans, la théorie formée par Maurice Duverger dans
Les Partis politiques est la suivante : il existe une interaction directe
entre le mode de scrutin et le développement des partis politiques.
Les scrutins uninominaux majoritaires à un tour, à l’image de ceux qui se
pratiquent au Royaume-Uni ou aux États-Unis, favorisent généralement le
bipartisme (« two-party system ») et donc, un nombre limité de partis
politiques. À l’inverse, les scrutins proportionnels dispersent les voix des
électeurs et tendent vers la multiplication de petits partis. Le scrutin
uninominal majoritaire à deux tours, largement pratiqué sous la Vème
République, agit comme un entre-deux, rationalisant la vie politique sans pour
autant la limiter à une opposition bipartisane.
Le schéma classique produit par ce mode de scrutin est ce que Duverger nomme
un « quadrille bipolaire », opposant un bloc de gauche à un
bloc de droite, respectivement divisés entre socialistes et communistes d’un
côté, conservateurs et libéraux-centristes de l’autre. Avec le temps, le
découpage a évolué, les communistes laissant la place aux écologistes puis aux
insoumis, et les centristes et les conservateurs s’unissant sous la pression de
l’extrême droite. Notre mode de scrutin reste cependant fait et pensé pour
produire des majorités et des oppositions.
Si la règle de ce scrutin a façonné les majorités, elle a aussi
institutionnalisé un certain nombre de pratiques.
Dans un tango, où l’un est majoritaire et peut, sauf cas de force majeure,
imposer systématiquement sa volonté, et où l’autre, sauf exception, est
condamné à perdre toutes les batailles parlementaires, le jeu de rôle conduit
vite à s’enfermer dans des postures. La majorité, parce qu’elle est
majoritaire, part du principe qu’elle a raison sur tout. L’opposition, parce
qu’elle est minoritaire, estime que la majorité a tort sur tout, sans n’être
jamais comptable de rien. Chacun tient son rôle, la majorité assénant sa
vérité, rappelant au besoin sa légitimité issue des urnes dans une «tyrannie de
la majorité»; l’opposition s’opposant, à tout, tout le temps et sans réserve, y
compris à ce qu’elle a pu défendre par le passé.
Le mode de scrutin participe d’une forme de « rigidification » du
combat politique, suggérant des antagonismes de façades tournant parfois à la
caricature.
C’est ce que rappelle l’historien Michel Winock, dans un article consacré à
« L’interminable querelle des modes de scrutin » : « il
existe bien un esprit différent entre le scrutin majoritaire et le scrutin
proportionnel. Le premier est celui de l’affrontement en vue d’une victoire
totale : il facilite la bipartition de la vie politique, camp contre
camp. Le second est davantage porté à la coopération, dans la mesure où la
proportionnelle freine l’hégémonie d’un seul grand parti et favorise la
coopération sous forme de coalitions ».
Cette opposition a changé de manière, sans changer de matière, avec l’arrivée
au pouvoir d’Emmanuel Macron.
En renversant positivement ce que Marine Le Pen avait qualifié
d’« UMPS » plusieurs années auparavant, c’est-à-dire un continuum
d’idées centristes, libérales-sociales et pro-européennes partagées par les
élites politiques du centre droit et du centre gauche, Emmanuel Macron a
eu l’intuition de déplacer le clivage — sans casser la mécanique d’opposition
systématique. Il a poussé la frontière, mais ne l’a pas abolie.
L’Assemblée nationale de 2017 à 2022 a poursuivi sa pratique traditionnelle du
pouvoir législatif : une majorité absolue forte qui impose ses vues à des
oppositions minoritaires ; des oppositions qui promettaient de défaire dès
la prochaine élection tout ce qu’avait réalisé la majorité.
Les élections générales de 2022 marquent un premier mouvement. Contre la pensée
commune qui a vu dans le Gouvernement dirigé par Elisabeth Borne le règne du
recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, un rééquilibrage important
au profit de l’Assemblée nationale s’est en fait dessiné. Le Gouvernement
devait désormais composer plus qu’il n’en avait l’habitude, discutant avec les
oppositions, cherchant des majorités « texte par texte » selon la
formule consacrée.
Comme membre du Gouvernement, je me suis appliqué à rechercher le consensus
transpartisan autour de la loi que je portais — Industrie Verte — organisant
des groupes de travail en amont et apportant un soin particulier à écouter tous
les groupes politiques pour faire adopter aussi des mesures portées par
l’opposition.
La rupture profonde a lieu en juillet 2024.
Les élections législatives post-dissolution de l’été 2024 produisent un
résultat surprenant du point de vue de la logique des scrutins développé par
Maurice Duverger.
L’Assemblée nationale est alors fragmentée à un niveau record. Onze groupes y
sont représentés — sans compter les non-inscrits. Quatre d’entre eux décident
de se déclarer dans la « majorité » alors même qu’ils ne sont pas
majoritaires et que le Premier ministre chargé de construire la majorité n’est
pas encore nommé. Le « NFP » s’inscrit dans l’opposition tout en
revendiquant la majorité, tandis que la Présidente de l’Assemblée nationale,
issue du parti présidentiel, est mise en minorité dans son Bureau.
La situation est inédite. Si l’on suit la logique de Duverger, l’Assemblée
produite passerait presque pour issue d’un scrutin proportionnel — les
avantages en moins.
Un tel paysage politique aurait naturellement dû conduire à rechercher une
majorité absolue par la construction d’alliances, à l’image de ce que font nos
voisins allemands en quête d’une « GroKo ».
Cela aurait pu, par exemple, mener à l’association du bloc
central (Renaissance, MoDem, Horizons) avec la droite républicaine, les
socialistes et les écologistes, soit une majorité absolue de 317 membres sur
577 (majorité absolue à 289), avec les communistes à la place des écologistes
(296 membres), ou même l’ensemble du centre allié aux écologistes, socialistes
et communistes avec l’appoint de quelques non-inscrits (autour de 290). Une
alliance de cette nature, bien que complexe à réaliser, aurait favorisé la
stabilité politique nécessaire au bon fonctionnement de l’Assemblée nationale
et du Gouvernement. Elle aurait également évité la chute d’un Premier ministre
en moins de 100 jours. Elle aurait évité, enfin, que l’équilibre de l’ensemble
repose sur le bon vouloir de partis extrêmes comme le Rassemblement national et
La France Insoumise.
D’ailleurs, dans son adresse aux Français du 5 décembre dernier, le Président
l’annonçait : « C’est pourquoi je nommerai donc dans les
prochains jours un Premier ministre. Je le chargerai de former un gouvernement
d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un arc de
gouvernement, qui puissent y participer ou à tout le moins qui s’engagent à ne
pas le censurer. Le Premier ministre aura à mener ces consultations et former
un gouvernement resserré à votre service. »
Ce type d’association n’a pas pu être noué, pour au moins trois raisons.
La première tient aux conséquences pratiques de notre mode
de scrutin.
Le scrutin uninominal à deux tours favorise la logique d’alliances
pré-électorales : si deux candidats appartenant à un même ensemble
politique se présentent dans la même circonscription, ils vont disperser les
voix et ne pourront se qualifier pour le second tour. Pour maximiser les
chances de victoire d’un camp politique, il est donc préférable de se
« répartir » les circonscriptions dès l’avant premier tour. Cette
logique a présidé aux alliances électorales du Nouveau Front Populaire et
d’Ensemble, qui ont eu pour principal objet de répartir en amont du scrutin,
les circonscriptions entre les différentes forces de gauche ou du centre pour
éviter la dispersion des voix.
Une fois les élections acquises, que deviennent ces alliances ? Si elles
ne disposent d’aucune existence formelle, elles agissent comme une forme
d’engagement moral entre ces partis et restreignent le champ des possibles en
matière d’accord post-électoral.
La force centrifuge du parti le plus à gauche du NFP, la France Insoumise,
contraint tous ses alliés à un sinistrisme qui agit comme un « Bad
Godesberg » inversé, bloquant les discussions avec les autres acteurs du
jeu politique.
Le moment de sidération collective qui a suivi le renversement du gouvernement
Barnier, étant à mon sens un facteur déterminant dans la prise de distance
courageuse des socialistes de leurs alliés insoumis, n’a malgré tout pas été
suffisant pour conduire à la formation d’une réelle coalition avec une
participation au gouvernement. Si la Constitution rappelle que le mandat n’est
pas impératif, les accords, eux, le sont souvent.
La seconde raison tient à notre histoire et à la pratique politique.
La logique partisane de la Vème République est celle de l’opposition
systématique entre bloc majoritaire et bloc minoritaire. La prise de position
de Jean-Luc Mélenchon à 20h05, le 7 juillet 2024, soir du second tour des
élections législatives est à cet égard symptomatique : « Aucun
subterfuge, combinaisons, ne serait acceptable, les leçons du vote sont sans
appel (…) Le Nouveau front populaire appliquera son programme, rien que son
programme, mais tout son programme ».
Sortir d’une tradition si ancrée suppose de prendre un risque politique majeur
devant ses électeurs. Dans les démocraties parlementaires classiques, que l’on
retrouve dans le reste de l’Union européenne, c’est chose logique : les
électeurs cherchent d’abord à voir leur camp gagner la compétition électorale
puis, à défaut, soutiennent les initiatives qui permettent de pousser le
vainqueur à reprendre une partie de leurs idées. C’est ainsi que l’électeur du
SPD qui a perdu les élections le 23 février 2025 se réjouit lorsque la CDU/CSU
inscrit dans son contrat de coalition la hausse du SMIC deux mois plus tard et
vote sa participation à la coalition.
La dernière raison est la méthode.
En France, nous ne savons pas faire ce type d’alliances, nous n’en avons pas
l’expérience. Les questions sont nombreuses : Comment négocier ? Que
négocier ? Faut-il nommer le Premier ministre d’abord et le laisser
constituer la majorité, ou faut-il laisser la chambre discuter et produire
d’elle-même une majorité ? Faut-il se préparer à renoncer aux points les
plus sensibles de son programme ou faut-il discuter les lignes rouges ?
Dans un débat public ultra-polarisé autour de la question des retraites,
comment unir des points de vue si différents ?
Contrairement à ce qui semble inextricable vu de France, les méthodes existent
et sont pratiquées dans de nombreuses démocraties. Elles permettent de faire
surgir l’esprit de coalition.
Après avoir échangé avec des responsables politiques qui rencontrent ces
questions au quotidien dans leur pays, notamment Jacinda Ardern, ancienne
Première ministre de Nouvelle-Zélande, on peut dégager sept règles essentielles
:
- D’une part, il convient de déterminer « who makes the
call ? », à savoir, qui fait l’effort de prendre ses responsabilités
pour se tourner vers les autres forces politiques et engager la négociation. En
Allemagne, c’est Friedrich Merz, chef de la CDU/CSU arrivée en tête des
élections qui a pris la responsabilité d’engager la négociation. En France, on
aurait pu imaginer que plutôt que d’appeler à être nommé à Matignon au plus
vite, le Nouveau Front Populaire, l’alliance pré-électorale sortie majoritaire
relativement, décide de prendre attache avec d’autres forces politiques pour
ouvrir des négociations capables d’accoucher d’une majorité stable 18.
Côté Renaissance, bien qu’arrivé en deuxième position, la démarche a été
entamée sans succès. À défaut du Chef de l’État, c’est au vainqueur de prendre
attache et de rechercher qui serait prêt à dialoguer et à construire à ses
côtés. Du reste, si le Nouveau Front Populaire avait passé cet appel en juillet
et convaincu d’autres groupes de se joindre à lui, le Président aurait
certainement été contraint de nommer Lucie Castets à Matignon. Ne pas l’avoir
fait était, en creux, l’aveu de sa volonté de ne pas gouverner.
- D’autre part, il est nécessaire de s’entendre sur le fait que les futurs
alliés ne se censureront pas sur la question budgétaire. Le pays a besoin d’un
budget, celui-ci doit être concerté au sein de la coalition, mais devra in fine
être voté. C’est un point qui ne peut être négocié et doit donc recueillir
l’accord de chacun pour point de départ.
- Ensuite, il est indispensable que les partis fassent preuve d’irénisme et
recherchent ce qui les unit plutôt que ce qui les divise. La juxtaposition des
lignes rouges est le meilleur moyen d’empêcher toute forme de compromis. Il est
certain — et la réforme des retraites en est le parfait exemple — qu’il sera
toujours possible de bloquer un compromis par l’irruption d’un sujet irritant.
Il est donc indispensable de chercher les points de convergence et les
concessions acceptables. En outre, il est aussi indispensable de hiérarchiser
les sujets : ceux que l’on portera ensemble, ceux qu’une branche de la
coalition portera sans opposition des autres, ceux que la coalition portera
mais en laissant sa liberté de vote à chacun. Concrètement, on pourrait
imaginer que le budget serait porté par chacun, un meilleur contrôle de
l’immigration illégale serait porté par le centre-droit sans opposition
frontale des membres de gauche de la coalition, et un texte sur l’aide à mourir
dans la dignité pourrait être présenté et laissé à la liberté de conscience de
chacun.
- Nonobstant le dernier point, il convient également de ne jamais perdre de vue
sa base électorale. Les négociateurs de chaque camp ne doivent jamais engager
leur parti au-delà de limites acceptables pour leurs électeurs car, s’il est
indispensable de négocier pour obtenir des victoires, il ne faut jamais y
perdre ses convictions.
- Par ailleurs, il est indispensable de s’entendre sur une instance de
concertation qui sera mobilisée tout au long de la vie de la coalition pour
offrir un espace permanent de dialogue où traiter les questions nouvelles quand
elles se présentent.
- En outre, il est conseillé de répartir à l’avance, dans le cadre de la
négociation de l’accord, les portefeuilles entre forces politiques. Des
stratégies diverses peuvent s’appliquer, tournant autour d’une idée
simple : attribue-t-on les postes selon les thèmes de prédilection des uns
et des autres — ou non ? Pour le dire simplement, dans la coalition
allemande précédente, l’écologiste (Grünen) Robert Habeck portait les questions
climatiques (et économiques), tandis que le libéral (FDP) Christian Lindner
portait les questions budgétaires. Dans la coalition menée par Friedrich Merz,
c’est l’inverse qui semble se profiler. Les deux logiques ont leurs
vertus : d’un côté, par exemple, un ministre de gauche accepte de
participer à une coalition avec la droite car il portera des mesures dites
« de gauche » dans un ministère social. Ainsi, il lui est plus facile
d’assumer sa participation à la coalition car elle lui offrira des victoires
symboliques qui parleront à son électorat. De l’autre, nommer des ministres en
miroir de leurs familles politiques d’origine est un moyen de s’autolimiter en
démontrant que la coalition n’est pas qu’une association visant à porter les
mesures de son camp mais bien celles de chacune des parties dans l’intérêt de
la nation.
- Enfin, je propose de négocier l’accord de coalition avant la désignation du
Premier ministre. C’est le cas en Allemagne, où Friedrich Merz était pressenti
pour être le futur Chancelier, sans avoir été formellement nommé, au moment où
se déroulaient les négociations. Une autre hypothèse consiste à s’appuyer sur
un « préfigurateur » qui organise les débats et s’assure qu’un accord
soit trouvé. Dans les deux cas, le chef du futur Gouvernement ne participe pas
à la négociation, de telle sorte que l’enjeu de sa survie politique ne soit
jamais évoqué comme une condition du deal final. C’est ici une fragilité à
laquelle a dû faire face François Bayrou à sa nomination : il entamait les
discussions avec le point faible de devoir défendre sa place, c’est-à-dire
convaincre les autres partis de ne pas le censurer, avant même de négocier le
moindre point programmatique.
Les trois blocages à la formation d’une coalition en France précédemment
évoqués, peuvent être collectivement dépassés, en changeant quelques éléments
simples de nos règles et de nos pratiques institutionnelles.
Le sociologue des organisations Michel Crozier nous apprend combien le
comportement des individus est influencé par la règle du jeu organisationnel.
Le député est prisonnier d’un système et d’une pratique institutionnelle qui le
conduisent mécaniquement à l’affrontement plutôt qu’à la collaboration. Ce
faisant, même s’il souhaitait collaborer avec des députés d’un autre bord
politique que le sien, il serait rapidement perçu comme un traître, un
franc-tireur ou un acteur isolé du jeu politique.
Pour autant, en dehors du théâtre de l’hémicycle où l’affrontement politique et
rhétorique est porté aux nues par la longue tradition de la joute
parlementaire, les parlementaires de tous bords peuvent se parler, s’apprécier,
converger et il est toujours étonnant de voir la surprise des profanes qui
découvrent des amitiés transpartisanes. Comme si, pour « le peuple le plus
politique du monde », le combat idéologique imposait des frontières que
rien ne saurait effacer.
La règle du jeu politique français affirme que l’opposition serait une victoire
et le compromis une défaite.
Critiquer dans l’opposition est une pureté qui a trop de valeur pour
l’abandonner au profit d’un compromis incertain — quand bien même celui-ci
pourrait conduire à faire avancer les idées défendues. L’irresponsabilité
totale de la minorité d’opposition apparaît comme un meilleur investissement
pour demain, pour enfin conquérir tous les pouvoirs sans partage.
La vie politique française se présente alors comme un théâtre où il n’existe
que deux personnages, le vainqueur et le vaincu, qui inversent leurs rôles à
chaque élection.
Cette dialectique absurde maintient chacun dans la minorité.
Le Rassemblement national sera en position de l’emporter à la prochaine
élection présidentielle. Face à lui, il faudra une union large des républicains
et démocrates sincères pour ne pas lui laisser les clefs de l’Élysée.
Mais ne nous y trompons pas : si tant est qu’il soit possible, le seul
appel au front républicain, maintes fois répété ces dernières années, ne
suffira plus. Les électeurs de « barrage » ont trop souvent vécu un
sentiment de frustration, ayant l’impression de confier leur voix pour la
défense d’un idéal ne cherchait plus à satisfaire leurs aspirations par la
suite.
Dans ce contexte, comment résister à la vague réactionnaire de l’extrême
droite qui, ces dernières années, emporte des victoires partout dans le monde
et en Europe ?
La réponse est la même depuis toujours : l’union des forces fondée sur une
juste représentativité de la pluralité des idées. Il s’agit de faire la
promesse que nous pouvons sortir de la dialectique mortifère du vainqueur et du
vaincu pour basculer dans celle, mature et responsable, de la coopération — et
de la tenir.
Transformer le comportement des acteurs, nécessite de faire évoluer la pratique
et la règle.
Les deux premières causes de notre instabilité parlementaire actuelle sautent
aux yeux.
Si les gouvernements successifs s’exposent à être renversés, c’est d’une part
en raison de leur incapacité à susciter l’adhésion de la Chambre basse à
l’occasion de leur déclaration de politique générale, et d’autre part, en
raison d’une motion de censure activable sans conséquences pour les
oppositions.
Il est nécessaire de clarifier d’entrée de jeu un élément
essentiel : notre système constitutionnel est dual, avec des aspects
présidentialistes et parlementaristes, parfois décrit comme
« semi-présidentiel ».
Cette proposition n’a pas vocation à changer la nature de notre régime qui a de
nombreuses vertus, mais à incliner vers plus de parlementarisme.
Pour ce faire, il me semble indispensable que les Premiers ministres s’exposent
au vote de confiance.
Le vote acquis, le Gouvernement tirera pleinement sa double légitimité, du
Président comme de la Chambre, rendant son action politiquement fondée. Nous
proposons par ailleurs que ce vote acquis immunise le Gouvernement du risque de
motion de censure dans les six mois qui suivent. Dès lors, chaque Premier
ministre, s’il n’a pas la majorité absolue dans son camp, serait contraint de
faire l’effort de rechercher une majorité par la coalition.
Toutefois, la responsabilité devra être partagée. Afin d’éviter une situation
de blocage, nous proposons que, si un chef de Gouvernement échoue à obtenir la
confiance, le Président de la République puisse le nommer à nouveau pour qu’il
tente une nouvelle fois de former une coalition. Si par deux fois il n’arrive à
obtenir la confiance de la Chambre basse au moment de sa déclaration de politique
générale, celle-ci lui serait réputée acquise, sauf à ce qu’un candidat
alternatif, porté par une majorité alternative, recueille la majorité simple
des suffrages de la chambre.
Ainsi, les oppositions seraient placées en responsabilité et auraient intérêt à
négocier un accord avec le groupe ou l’alliance relativement majoritaire :
soit elles apportent leur pierre à l’édification d’une majorité dont elles
seraient parties, avec des victoires à la clé pour leurs électeurs ; soit
elles sont contraintes de construire une coalition alternative. De son côté, le
Gouvernement serait incité à obtenir la confiance pour disposer de l’immunité
contre le risque de censure dans les six mois qui suivent.
Cela dit, cette mesure limiterait doublement les pouvoirs du Président de la
République. D’une part, elle l’exposerait au risque de se voir imposer un
Premier ministre issu de l’opposition qui aurait renversé le Gouvernement.
D’autre part, la connaissance de ce risque serait de nature à affecter le choix
initial du Président, qui inclinera à rechercher le Premier ministre le mieux
à-même de former une coalition. Aussi, cette proposition supposerait
certainement une modification de l’article 8 de la Constitution.
Suivant la même logique, nous proposons que ne puissent être recevables que les
motions de censure dite « constructives », dont le dépôt serait
conditionné à la proposition d’une majorité de gouvernement alternative.
Cette règle, qui existe chez plusieurs de nos voisins — notamment allemands
(« konstruktives Misstrauensvotum ») et espagnols — prévoit qu’une
motion de censure ne peut être déposée et n’est effective que si les
oppositions proposent un chef du Gouvernement alternatif à celui en place et
que celui-ci obtient la majorité des suffrages sur son nom. Ici encore, la
logique est de permettre au pouvoir parlementaire de s’affermir, en
responsabilisant à la fois la majorité et les oppositions — les premiers étant
contraints de toujours s’assurer de disposer d’une majorité la plus large
possible, et les seconds ne pouvant exercer leur pouvoir de censure qu’en étant
prêt à assumer la responsabilité de gouverner.
Nous pouvons d’ores et déjà créer des coalitions.
Même si peu de choses nous y incitent, rien, dans notre système institutionnel,
ne nous en empêche. Je suis d’ailleurs convaincu que ce sont les mentalités,
autant que les règles, qui feront évoluer notre pratique.
Ce qui se pratique au Canada en est la preuve.
Les élections fédérales, comme celles qui viennent de se tenir et de porter les
libéraux de Mark Carney au poste de Premier ministre, sont au scrutin
uninominal à un tour. Le nombre de partis y est limité, libéraux et
conservateurs se partagent l’essentiel des postes. Il est courant, dans le
système canadien, que le parti arrivé en tête n’obtienne pas la majorité
absolue, il est alors réputé être à la tête d’un « Gouvernement
minoritaire ». Dans ce cas, la majorité conclut généralement un
« accord de non-censure » avec un ou plusieurs partis minoritaires,
qui n’est pas à proprement parler une coalition qui fixe une feuille de route
commune entre les partis mais une entente sur le budget et des victoires
législatives pour l’opposition.
Du reste, je partage la prévention du constitutionnaliste Julien Jeanneney qui
nous ferait revoir les règles du scrutin dans un seul intérêt tactique :
« l’histoire des réformes électorales est celle de lucidités prétendues,
de prévisions déjouées et de paris regrettés ».
La mise en place de la proportionnelle
faciliterait toutefois ces évolutions.
Plébiscité par les Français, le scrutin proportionnel donne une vision
objective des forces politiques en présence dans le pays. Il postule que chaque
électeur vote pour une liste de candidats et que ces candidats seront envoyés
au Parlement à la proportion des scores réalisés par leurs listes.
Si le principe est d’une simplicité biblique, sa mise en œuvre est d’une
subtilité diabolique, selon les modalités qu’on lui applique. À cet égard, un
rapport de Terra Nova publié en 2023 par Thierry Pech, Jean-François Laslier,
Jérôme Lang et Manel Ayadi décrit avec force détails tous les scénarios
applicables. Ce que Gilles Finchelstein résume efficacement : « il
faut réfléchir aux conditions pour bien poser le débat in concerto ».
La mise en place d’une proportionnelle intégrale a d’abord une vertu
majeure : elle prive d’effet les accords pré-électoraux.
Les candidats aux élections législatives ne sont plus tenus de se lier les
mains à l’avance pour avoir une chance d’être élus. Ils « font leurs
voix » sur leur nom, sur leur liste, et non en raison d’un accord. Dès
lors, leur élection les rend libres de discuter, une fois élus, avec qui ils
veulent, dans l’intérêt de la Nation.
Si la proportionnelle avait été appliquée aux dernières élections législatives,
l’Assemblée est déjà si morcelée que les résultats n’auraient pas été in fine
pas très différents. En revanche, la dynamique post-élection aurait été
totalement modifiée.
Il n’y aurait pas eu de coalitions de partis comme le
Nouveau Front Populaire, mais plutôt des groupes contraints de se parler pour
former l’alliance la plus pertinente en vue d’obtenir la majorité — ce qui
aurait poussé chacun à obtenir le meilleur compromis pour leurs électeurs.
À ce titre, il me paraît indispensable que le scrutin proportionnel soit
« intégral ».
Sans cet aspect, deux problèmes se poseraient. D’une part, la création de deux
types de députés, comme en Allemagne — ceux issus d’un scrutin de liste et ceux
ayant gagné une circonscription sur leur nom propre. Ce double mode d’élection
des députés fait craindre une différence de statut qui serait préjudiciable aux
uns comme aux autres. D’autre part, maintenir une partie de l’élection au scrutin
uninominal majoritaire signifierait probablement que des alliances
pré-électorales auraient toujours lieu.
Il semble également important que les députés conservent un ancrage
territorial.
Même si leur mandat est national, il s’agit d’assurer la représentativité de
tous les territoires de France. Nous pourrions alors imaginer que les listes
soient établies à l’échelle locale la plus pertinente, qui pourrait être
départementale — favorisant un ancrage local permettant aux électeurs de
facilement identifier leurs parlementaires mais limitant l’impact de la
proportionnelle dans les plus petits départements — ou régionale, comme le
propose la Sénatrice Mélanie Vogel, éventuellement avec un panachage
départemental des listes pour une meilleure représentativité.
Dans cette hypothèse, il paraît indispensable de ne pas prévoir de prime
majoritaire. D’une part elle n’encouragerait pas la logique de coopération,
d’autre part cela n’aurait pas grand sens sur une multitude d’élections
locales. Par exemple, dans une proportionnelle à l’échelle régionale, la prime
majoritaire s’appliquerait-elle région par région ? Dans ce
contexte, elle renforcerait la majorité socialiste en Bretagne et la majorité
Les Républicains dans le Grand-Est, sans clarifier la majorité à l’échelle
nationale. Si, à l’inverse, on retenait une prime majoritaire au national,
alors on retirerait arbitrairement des élus dans des régions où étaient mieux
représentées les oppositions.
Enfin, je propose de rendre obligatoire des listes paritaires, à l’image
d’autres scrutins de liste, pour assurer une meilleure représentativité des
femmes à l’Assemblée nationale.
Du reste, je m’étonne de l’argument de l’instabilité régulièrement avancé au
sujet de la proportionnelle —Angela Merkel, qui a connu six premiers ministres
français, doit trouver l’argument bien étrange. La Vème République a connu 27
Premiers ministres, là où l’Allemagne n’a eu que 9 chanceliers fédéraux. La
longévité moyenne d’un gouvernement français est d’environ un an et demi en
France, quand il est de trois ans en Allemagne et en Espagne.
La proportionnelle et les coalitions peuvent donc être des facteurs de
stabilité.
Forts de ces analyses, nous pouvons envisager d’ores et déjà des applications
concrètes qui seraient de nature à répondre aux défis que nous rencontrons.
Le récent changement de Premier ministre aurait ainsi pu être l’occasion d’une
nomination par le Président de la République d’un « préfigurateur » —
qui aurait rempli les fonctions désignées sous les termes
« d’informateur » et « formateur » en Belgique et aux
Pays-Bas.
Il s’agit souvent d’une personnalité politique d’expérience et d’envergure dont
le rôle est de rapporter au Chef de l’État les options de coalition les plus
probables. Le formateur est un « deal maker » dont la fonction est de
faire converger les différents groupes politiques identifiés pour rédiger un
contrat de coalition.
Comme évoqué à la septième règle de la formation d’une coalition supra, il me
semble que ces personnalités devraient intervenir en amont de la désignation du
Premier ministre, précisément pour que la fonction de celui-ci ne soit pas un
élément de la négociation. Cela étant dit, rien ne fait obstacle à ce que, par
la suite, le préfigurateur, s’il a fait la démonstration de son talent de
négociateur, soit nommé à la tête du Gouvernement par le chef de l’État.
Cette première phase d’identification de la coalition pertinente nous aurait
probablement mené à la conclusion que l’alliance la plus stable, celle qui
aurait permis d’obtenir une majorité absolue et donc d’éviter la dépendance aux
extrêmes, aurait été une « GroKo », coalition à l’allemande,
réunissant autour du centre, la gauche et la droite de gouvernement, dans une
forme d’union nationale.
Dans cette hypothèse, la nouvelle coalition aurait mis autour de la table les
forces du bloc central (163 députés), de la droite républicaine (48 députés),
des socialistes (66), soit 277 députés avec, éventuellement, l’appoint des
écologistes (38), des LIOT (23), des communistes (17), ou encore d’une partie
des non-inscrits. L’ensemble aurait constitué une majorité absolue tournant
autour de 290 à 315 membres.
Un accord à trois ou quatre forces politiques est évidemment complexe à
négocier.
Cependant, des valeurs communes profondes irriguent ces partis : leur
attachement à la République, l’État de droit, la défense de la démocratie, des
corps intermédiaires et des libertés individuelles. Tous sont attachés à la
construction européenne, à la crédibilité de la France, aux services publics, à
notre prospérité économique. Du reste, ces coalitions, de type « feu
tricolore » en Allemagne, sont fréquentes.
Par ailleurs, s’il est toujours compliqué de faire une projection de la
proportionnelle intégrale de listes nationales sur les résultats obtenus au
premier tour des élections législatives de 2024, on peut estimer que
l’équilibre des forces aurait légèrement plus avantagé le RN mais n’aurait pas
remis en cause les grands équilibres, de telle sorte que la recherche d’une
coalition centrale aurait reposé sur les mêmes acteurs.
Dans cette hypothèse de travail, le Président de la République aurait donc
nommé un préfigurateur de la coalition dont la fonction aurait été de réunir
des négociateurs issus de chacun des groupes identifiés et de coordonner les
débats pour :
- S’assurer que chacun est conscient que l’objectif recherché est la
constitution d’un Gouvernement stable, en capacité de faire adopter un budget,
portant des mesures soutenues par chacun des groupes participants ;
- Organiser thématiquement les débats pour discuter des points d’accord qui
pourraient être portés par tous, selon les modalités évoquées à la troisième
règle supra ;
- S’assurer une répartition des postes entre les forces politiques au moyen
d’une clef de répartition conçue par le préfigurateur et acceptée par
eux ;
- S’assurer de la production d’un accord, entériné par tous, qui fixera le résultat
de cette négociation.
À ce stade de la procédure, les partis auraient tout intérêt à soumettre au
vote de leurs adhérents le projet de coalition.
Cela peut apparaître comme un risque de plus de faire échouer l’opération dans
un scénario déjà complexe, mais il me semble que c’est une manière utile de
redonner de l’importance aux partis politiques ainsi qu’à la responsabilisation
de leurs militants. Ce vote leur conférerait un pouvoir important et une
responsabilité lourde, mais les replacerait au centre de la fabrique du
pouvoir.
Il est ici primordial de préciser que l’accord de coalition n’est en aucun cas
une fusion.
Les partis, les groupes, ne se confondent pas. Chaque partie à l’accord garde
son identité, ses combats, son électorat, ses finances, ses candidats, son
programme. Ils décident juste, temporairement, de s’unir pour gouverner
ensemble. C’est à l’opposé de la pratique du débauchage individuel dont nous
sommes si friands.
Par la suite, le Premier ministre désigné, désormais chef d’une majorité
scellée contractuellement, demanderait systématiquement la confiance de
l’Assemblée nationale pour appliquer l’accord dont il est responsable. Une fois
celle-ci obtenue, il bénéficierait alors de six mois avec la garantie de ne pas
être renversé par une motion de censure.
Enfin, et conformément à la cinquième règle, je suggère que le Premier ministre
installe autour de lui une instance de dialogue avec les autres forces
politiques pour assurer une concertation continue sur les sujets du quotidien
et pour trancher des questions nouvelles qui se présenteraient en cours
d’exercice de la coalition.
Ces quelques propositions formelles constituent une opportunité de changer
notre pratique des institutions et pourraient utilement servir de guide dans la
perspective des prochaines grandes échéances — notamment la rédaction du budget
2026, la préparation des élections municipales de l’année prochaine, ou encore
les bases d’une méthode pour organiser la convergence des forces républicaines
au second tour de la future élection présidentielle en 2027.
Pour l’essentiel, une première étape serait facilement entreprise en ne
modifiant que la loi ordinaire, le constituant ayant souhaité qu’un simple
consensus au sein de l’Assemblée nationale suffirait à modifier le mode de
scrutin et la tradition voulant que le Sénat s’abstienne de s’immiscer dans les
règles électorales des députés.
Pour la suite, une réforme des institutions plus ambitieuse, portée dans le
cadre de la présidentielle, pourrait conduire à mettre en œuvre les autres
propositions que je formule.
Du reste, plusieurs autres mesures pourraient utilement renforcer le rôle du
Parlement dans son rapport à l’exécutif.
Je pense notamment à la réforme portée par le Président de la République durant
la campagne présidentielle de 2017, relative à la diminution du nombre de
parlementaires, corollaire à la hausse des moyens qui leurs sont attribués.
L’expérience nord-américaine nous montre la force dont disposent les
« congressman » face au pouvoir exécutif. Cet impact est d’abord
nourri par la qualité et la quantité de leurs équipes — souvent plus de 20
personnes, pilotées comme un cabinet de ministre en France —, offrant expertise
et ressources précieuses à leurs élus. Ce principe se retrouve à une moindre
échelle au Parlement européen où les « MEP » bénéficient d’enveloppes
importantes pour embaucher des collaborateurs d’expérience.
Augmenter le nombre d’administrateurs des assemblées, fonctionnaires d’une rare
qualité au service des deux chambres, qui accompagnent avec une efficacité
impressionnante les élus, pourraient aussi être une piste de renforcement du
Parlement.
Marinette Valiergue, constate que la culture du compromis et l’esprit de
coalition s’est mieux développé dans les pays les plus décentralisés, à l’image
de l’Allemagne et de l’Espagne. Elle ajoute que les réflexions autour d’un
changement de mode de scrutin pourraient être conduites dans le cadre d’une
convention citoyenne. Ces deux idées tissant le lien entre la culture du
compromis et le rapprochement du citoyen de la décision politique me paraissent
être des pistes intéressantes.
Enfin, il me semble que le rôle fondamental des parlementaires est de protéger
la Constitution.
La clarification de son article 89, qui assure qu’eux seuls peuvent engager sa
révision, rendrait incontournable le Parlement et conforterait les élus de la
Nation dans leur rôle capital.
Sylvain Maillard (député)
> Alors que les Français sont inquiets, il faut que nous, élus,
puissions répondre à leurs préoccupations. Cela passe par un budget pour 2026
qui sache porter des propositions fortes, afin de redonner confiance en
l’avenir.
> Un an plus tard, le bilan des députés européens RN :
Zéro ! Les députés européens RN ne servent à rien et ne pèsent dans aucune
orientation à Bruxelles.
> Rima Hassan, Greta Thunberg et tous leurs copains
n’avaient qu’un objectif : se faire arrêter par les Israéliens…. Et
heureusement pour elles! Imaginez vous un bateau de tourisme
« accueilli » à Gaza par les terroristes islamistes du Hamas. Elles
auraient été en danger de mort et le savent très bien.
Tout cela n’est qu’une mascarade médiatique antisémite, qui n’apporte rien à la
seule solution politique possible :
- Libération immédiate des otages israéliens,
- De l’aide humanitaire massive pour les Gazaouites,
- Désarmement du Hamas et abandon du pouvoir.
Jean-René Cazeneuve (député)
> Un déficit des retraites de -7 Md€ en 2030 (et proche de -50 Md€ qd on
intègre les contributions exceptionnelles de l'Etat pour ses agents). Qui peut,
sans mentir, encore faire croire aux Français qu'on peut revenir à 60 ou 62 ans
?
Pierre Cazeneuve (député)
> Planification, ZFE, Loi AGEC, relance du nucléaire et des
renouvelables, ZAN, Ma Prime Renov'... Ceux qui critiquaient hier un «manque
d'ambition», tentent aujourd'hui de détricoter toutes les avancées en matière
d'écologie. Nous défendrons ces mesures !
Antoine Armand (député)
> L’annonce du gouvernement sur MaPrimeRénov’ n’est pas acceptable. Je
suis le premier à défendre le rétablissement des comptes publics. Et bien sûr
le système doit être revu, les contrôles renforcés, l'efficacité avérée. Mais
interrompre en cours d’année un programme aussi structurant, alors que des
milliers d’artisans ont déjà engagé une série d’investissements, c’est déloyal
et, surtout, c’est prendre le risque de mettre en danger toute une filière.
Notre économie subit assez d'incertitudes. Le gouvernement doit tenir
l'engagement pris dans la loi de finances tout au long de l'année et jusqu'à la
prochaine.
> En plein débat sur LCI, la gauche refuse encore de
condamner clairement des faits de délinquance. Quand on s'attaque aux forces de
l'ordre avec des mortiers, ce n'est pas un fait divers. La réponse doit être
immédiate, ferme et sans ambiguïté. Arrêtons d'excuser l'inexcusable !
Prisca Thevenot (députée)
> La flottille de Rima Hassan n’est pas un projet humanitaire mais
une opération de communication qui ne sert finalement qu’une chose : le Hamas.
Ouvrons les yeux. Ils ne défendent ni la paix, ni les otages et encore moins
les Gazaouis.
Pieyre-Alexandre Anglade (député)
> Soit nous bâtissons maintenant l’indépendance et la souveraineté de
l’Europe, soit nous serons effacés. Nous n’avons pas le choix !
> Aujourd’hui Le Pen n’était pas seulement accompagnée du
pire de l’extrême-droite, elle a aussi propagé mot pour mot la propagande russe
sur l’Ukraine Ensemble avec ses alliés européens, ils représentent le plus
grand danger pour la France et l’Europe. Ne leur cédons rien!
> 10 ans après les accords de Paris, le monde se retrouve
à Nice pour protéger les mers et les océans. Face à ceux qui veulent freiner la
lutte pour pour le climat, ne cédons rien du combat pour la protection de la
planète et de la biodiversité !
David Amiel (député)
> Merci à Emmanuel Macron qui ne défend pas l’écologie seulement quand
elle est à la mode ! Non au détricotage, non aux démagogies, non aux lâchetés.
> Quand on regarde le programme du RN, il y a un an, on
n’a pas l’impression d’avoir affaire à Nostradamus.
Marie Lebec (députée)
> Baisse de 18,5% des émissions de gaz à effet de serre depuis 2017,
relance du nucléaire et développement des énergies renouvelables, passage à une
économie décarbonée. Nous n’avons pas à rougir de notre bilan en matière
d’écologie. Gardons le cap !
Olga Givernet (députée)
> Alors que notre bilan écologique se détricote, le message d’Emmanuel Macron
appelle au sursaut. La majorité présidentielle doit se ressaisir et le
gouvernement ne pas céder aux chants des sirènes.
Anne Genetet (député)
> Se réarmer est une exigence stratégique. Pleinement d’accord avec M.
Rutte, SG de l’OTAN : 5 % du PIB de l’UE pour notre sécurité, dont 3,5 % pour
le capacitaire et 1,5 % pour les infrastructures. L’Europe a les moyens. Il est
temps qu’elle assume pleinement sa puissance.
> Poutine ne veut ni cessez-le-feu, ni paix : il veut la
guerre. Les Ukrainiens, eux, tiennent, résistent, innovent. Nous ne devons pas
faiblir. Soutien sans faille, rejet des discours capitulards. La liberté ne se
brade pas.
● MoDem
Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> Un drame terrible a frappé ce matin un collège de Haute-Marne : une
assistante d’éducation a perdu la vie, victime d’un acte de violence révoltant
de la part d’un élève. À sa famille, à ses proches et à l’ensemble de la
communauté éducative, j’adresse au nom de l’ensemble de mes collègues du groupe
Les Démocrates tout notre soutien et nos plus sincères condoléances. La
violence n’a pas sa place dans la République, encore moins dans son cœur
battant qu’est notre école. Nous devons tout faire pour protéger celles et ceux
qui accompagnent nos enfants au quotidien et condamner avec la plus grande
fermeté l’horreur absolue de cet assassinat odieux.
Perrine Goulet
(députée)
> Si la violence n’a pas sa place dans notre société, elle l’a encore
moins à l’école. Nous devons protéger les élèves, les personnels, les
enseignants. J’adresse mes pensées aux proches de la surveillante, décédée
aujourd’hui en Haute-Marne.
Erwan Balanant (député)
> Contre l'instabilité, contre le blocage de l'action publique, le
scrutin proportionnel favoriserait le dialogue, le compromis et la culture de
la recherche de solutions collectives et partagées.
Bruno Fuchs (député)
> A Nice pour l’ouverture de la Conférence de l’ONU sur l’océan. Moment
décisif pour protéger notre bien commun : l’océan: Préservation de la
biodiversité, lutte contre la pollution, gouvernance des hauts fonds.
Mobilisation de tous les acteurs.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> En présence de ses amis européens pro-russes, xénophobes et
homophobes, Marine Le Pen ressort mot pour mot la propagande de Poutine. Il y a
un agresseur : la Russie. Un pays agressé : l’Ukraine. Et parce que ce conflit
concerne notre propre sécurité, nous soutenons l’Ukraine et nous nous réarmons
pour dissuader la menace.
> [Tribune: « Un an après la dissolution : travaillons
ensemble, en responsabilité »]
2021. Bureau exécutif du parti de La République en marche. Nous discutons du
serpent de mer de la proportionnelle et de notre manière de gouverner en
France. Je plaide pour changer d'esprit et valoriser la culture de coalition :
travailler ensemble, tendre la main à des partis avec lesquels nous ne
partageons pas tout mais avec lesquels nous nous retrouvons sur l'essentiel, au
service des Français. Un élu me répond que c'est une belle idée mais que ça
n'est pas cela, la Vème.
Et pourtant... Nous y sommes. Quatre ans après, une présidentielle et une dissolution
sont passées par là. La dissolution prononcée le 9 juin dernier par le
président de la République a été un choc pour le pays. Incomprise par les
Français, elle n'a pas donné les résultats escomptés. Est-ce à dire qu'aucun
enseignement n'est à en tirer ? Non.
Premier enseignement : s'ils sont de plus en plus nombreux à se laisser séduire
par les discours de l'extrême-droite, les Français ne veulent pas la porter au
pouvoir. Le front républicain s'est opéré naturellement. En responsabilité.
Deuxième enseignement : en ne donnant la majorité à aucune formation politique,
les Français demandent aux forces républicaines et démocratiques de travailler
ensemble. En responsabilité. Ce qu'a d'ailleurs immédiatement proposé le bloc
central au lendemain des législatives.
Troisième enseignement : une fois à l'Assemblée, les partis
et les parlementaires refusent de tenir compte de la nouvelle réalité
politique. Ils refusent d'essayer de travailler ensemble, chacun trouvant le
meilleur argument pour décliner une main tendue. Obnubilés par 2027,
enferrés dans des postures, ils offrent en spectacle leur irresponsabilité.
2024 a ainsi révélé la maturité politique des Français et l'immaturité de trop
nombreux politiques.
Mais pourquoi le personnel politique français serait-il incapable de faire ce
que pratiquent presque toutes les démocraties d'Europe ? Dans la majorité
des pays d'Europe, les partis concourent aux élections, s'affrontent, avant se
mettre autour de la table pour négocier leurs priorités. Ils signent un contrat
de coalition ou forment des majorités de projets, au service du pays.
Au Parlement européen, nous, centristes, travaillons tous les jours avec la
droite, les socialistes et les Verts européens. Sommes-nous d'accord sur tout ?
Non. Est-ce que les portes claquent ? Oui, parfois. Mais nous
négocions et nous savons nous retrouver sur l'essentiel : un agenda
pro-européen au service de la compétitivité, des emplois, de la protection du
climat, de la protection de nos démocraties ou encore du soutien à l'Ukraine.
La configuration politique nationale exige, plus que jamais, un sens des
responsabilités et du courage. La responsabilité de créer les conditions de la
réindustrialisation et du réarmement du pays, celle de résoudre l'équation
budgétaire et sociale. Le courage de sortir des jeux d'appareil si éculés.
L'humilité de reconnaître qu'aucun parti ne peut, seul, apporter une solution à
tous nos problèmes.
Un an après la dissolution, à la veille de discussions budgétaires à haut
risque, je le dis à mes collègues parlementaires nationaux membres de l'arc
républicain : parlez-vous, bon sang ! Soyez responsables ! Dans l'intérêt du
pays et même dans le vôtre.
Si l'on ne changera pas l'Assemblée nationale en l'état, changeons notre façon
de fonctionner. Ne croyez-vous pas que les Français sauront récompenser ceux
qui accepteront enfin de sortir des jeux d'appareil et qui auront
contribué à la stabilité du pays ? Personnellement, je le crois. C'est le
moment du sursaut. Saisissons-le pour changer enfin notre culture
politique et faire murir la démocratie française. Au service des Français et de
notre avenir.
Bernard Guetta (député)
> [Opinion: Merci, Musk] Je n’aurais jamais imaginé l’écrire mais,
oui : merci Musk ! Merci à cette brute droguée et mégalomane, merci à
l’homme qui pensait réduire les déficits américains en s’appuyant sur des
commandos d’imbéciles prépubères, merci à l’incarnation du pouvoir de l’argent,
oui, merci à cet homme si profondément détestable car grâce à lui, Trump
apparait enfin pour ce qu’il est : une grotesque baudruche, incompétente
et destructrice.
Grâce à Elon Musk, parce qu’il a dit et même hurlé l’évidence, les Etats-Unis
et le monde ont maintenant réalisé que ce président qui disait vouloir réduire
l’endettement des Etats-Unis ne faisait que le projeter à des sommets jamais
atteints. L’homme le plus riche du monde l’a fait comprendre alors même qu’il
n’y a pas de différence de fond entre son ami d’hier et lui. L’un aurait voulu
que les nouvelles réductions d’impôt sur les plus grandes fortunes soient
compensées par la baisse de l’investissement public et des dépenses sociales alors
que l’autre, parce qu’il doit penser à ne pas perdre les élections à venir, n’a
pas osé toucher aux plus populaires des budgets sociaux.
Entre eux, il n’y a qu’une différence sur les moyens de favoriser les
plus riches mais cette querelle n’a pas seulement fait voir que
Donald Trump faisait absolument n’importe quoi. Elle a du même coup fait
comprendre, dire et écrire que les finances des Etats-Unis sont dans un tel
état que ce géant a désormais des pieds d’argile.
L’image de Donald Trump s’en modifie. On voit soudain qu’au lieu de rendre sa
grandeur à l’Amérique, il la réduit allègrement, qu’il ne cesse de mentir et de
se mentir à lui-même, et qu’en bientôt cinq mois de pouvoir, d’absolu pouvoir
puisqu’il contrôle les deux Chambres, il n’a rien réussi et échoué sur tous les
fronts.
Le relèvement des barrières douanières ? Ce qu’on a fini par en retenir
est que Trump se déballonne à chaque fois, que Trump always chickens out,
« TACO » en version courante.
La fin de la guerre d’Ukraine en un jour ? On en rirait si ce n’était à
pleurer.
La réduction du déficit budgétaire ? On sait.
La nouvelle riviera de Gaza ? Cette obscénité n’a pas fait long feu.
En revanche, l’Alliance atlantique est ébranlée jusque dans ses fondements,
l’image internationale des Etats-Unis et leur démocratie sont durablement
atteintes, la division de ce pays n’a jamais aussi grande depuis la guerre de
sécession et les agences de notation comme les banques centrales commencent à
s’interroger sur la solidité de l’économie américaine.
Comme bilan, on ferait difficilement pire. C’est pour tenter de le faire
oublier que Donald Trump a envoyé des troupes à Los Angeles mais Musk n’a pas
fait que dire la nudité du roi. Il a clairement laissé entendre qu’il pensait
susciter et financer un troisième courant politique américain, ni démocrate ni
trumpiste. Ce genre de tentative n’a jamais connu de vrai succès dans
l’histoire américaine mais outre que Donald Trump a libéré un espace en faisant
main basse sur le Parti républicain, il suffirait qu’Elon Musk déplace quelques
pourcentages de voix pour que Donald Trump perde sa majorité à la Chambre et
sans doute même au Sénat.
C’est une deuxième raison de le remercier car rien n’est plus urgent pour la
démocratie que d’affaiblir l’idiot utile du Kremlin.
> Si c’était M. Bardella et non Mme Le Pen, je ne pense
pas du tout que ce serait une bonne affaire électoralement parlant
Fabienne Keller (députée)
> « L’Europe doit être forte » dit Orbán. Le même Orbán qui
passe son temps à affaiblir constamment l’Europe et à tresser les louanges de
Poutine. Quand arrêtera-t-on d’appeler "patriote" cette extrême
droite qui n’a de cesse d’agir contre l’intérêt des Européens?
● Personnalités
centristes
Sarah El Hairy (haut-commissaire à
l’Enfance)
> L’exploitation sexuelle des enfants cible les plus vulnérables
: enfants de l’ASE, victimes de cyberharcèlement. Mais aucun milieu, aucun
territoire n’est épargné. Les maraudes numériques recréent un lien de
confiance. Elles permettent aux enfants d’en parler.
> Le service public de la petite enfance (SPPE) est un
engagement pris, au plus haut niveau, par le président de la République. La
qualité d’accueil, l’offre de places en nombre suffisant sont des engagements
de la République nécessaires pour le bon fonctionnement de la cohésion sociale.
Il manque encore au moins 200 000 places d’accueil. Il y a de fortes inégalités
entre les territoires. Accompagner le déploiement du SPPE, dans le contexte des
nouvelles compétences, c’est d’abord rappeler qu’on ne laisse pas les communes
seules. L’État, les départements et les Caf sont et seront à leurs côtés. Le
SPPE, c’est une opportunité pour redonner aux communes les moyens d’agir. (…)
C’est un accompagnement en ingénierie et financier.
Pour l’appui en ingénierie, je pense particulièrement aux plus petites
communes, les plus démunies, mais pour qui la présence d’enfants est vitale…
car c’est la pérennité des écoles et des commerces de proximité.
Quant aux aides financières et à leur mode de calcul et de répartition, les arbitrages
relèvent de la responsabilité de la ministre Catherine Vautrin, mais je serai
hyper vigilante. Je souhaite vraiment que les solutions retenues soient
équitables et ne fassent pas de différence de traitement entre les communes.
(…)
Je mettrai en place un accompagnement fort. Je travaille en étroite
collaboration avec les AMF départementales et les Caf. Même si je l’envisage,
annoncer la relance d’une Tournée France Familles axée sur le SPPE me semble
prématuré.
En revanche, il va bien y avoir une mobilisation territoriale sur ce sujet via
le réseau des Caf et des services de l’État qui ont, d’ailleurs, déjà initié un
travail d’information important auprès des communes.
Parallèlement, je travaille sur l’attractivité des métiers. J’ai la conviction
que c’est en créant une nouvelle dynamique autour de ces métiers que nous
donnerons toutes les chances au SPPE de se déployer. (…)
Mon objectif est de réussir à recréer, réinviter ces métiers. De les faire
redécouvrir. Je travaille principalement sur la VAE. Et notamment, avec France
Travail, sur la VAE inversée qui permet d’entrer dans un emploi avec, dès le
départ, la vocation d’évoluer vers un autre emploi. C’est une VAE inversée,
puisque d’habitude, c’est après un long temps d’expérience dans un métier qu’on
décide d’évoluer vers un autre métier. Là, c’est un postulat de départ. C’est
ce qu’on appelle un pré-recrutement sur statuts.
Le deuxième axe sur lequel je suis engagée est celui de la qualité d’accueil et
de la pédagogie, qui peuvent redonner du sens au travail des professionnels de
la petite enfance. Je pense à l’inclusion, à la place de la nature… autant de
pistes qui peuvent, à leur façon, permettre de renforcer l’attractivité des
métiers du secteur, voire attirer de nouveaux profils.
Tout comme j’ai la conviction que la valorisation de l’accompagnement et du
soutien à la parentalité dans le champ de la petite enfance peut attirer de
nouveaux profils de professionnels.
Et tout cela concerne évidemment aussi bien l’accueil collectif que l’accueil
individuel. Il ne faut pas opposer les modes d’accueil, mais les articuler et
surtout laisser aux parents la liberté de choisir celui qui lui convient le
mieux. (…)
Je pense que si on reste obsédé par le nombre de places, on n’y arrivera pas.
Il faut, en revanche, par ce SPPE, apporter une diversité de réponses aux
besoins d’accueil des parents. Et que ces réponses innovantes et multiples
(amplitudes horaires, accueil occasionnel, itinérance, etc.) s’inscrivent aussi
dans un continuum de parentalité.
Si nous restons à la surface des choses, on en restera au compteur. Or, la
philosophie du SPPE est tout autre. Il s’agit de donner un maximum de chances à
tous les enfants de moins de trois ans, c’est augmenter les chances d’insertion
professionnelle des parents. Et plus on ira chercher de la spécificité, plus on
ira vers une offre qualitative et innovante, plus et mieux le SPPE se
déploiera.
> Le soutien à la parentalité, c’est à tout âge, en tout
lieu, et pour les toutes les familles de toutes les classes sociales.
L’accompagnement à la parentalité se doit d’être universel, il faut plus de
lieux pour cela avec une diversité de profils de professionnels très large.
Mais, bien sûr, un soutien spécifique pour les parents rencontrant des
difficultés particulières ou en situation d’extrême fragilité reste utile et
nécessaire.
Je souhaite qu’on réussisse à changer les regards sur le besoin d’être accompagné.
Il faut déculpabiliser les parents ! Tous, à un moment donné, peuvent avoir
besoin d’un conseil, d’un échange, d’un soutien. Parce que dans un parcours de
parent, le doute est omniprésent.
> Le rôle des professionnels de l’accueil du jeune enfant n’est
pas exclusivement de faire grandir les enfants, mais bien aussi d’accompagner
leurs familles. Donc, par exemple, de prendre le temps de discuter avec les
parents quand ceux-ci en ressentent le besoin, qu’il s’agisse du sommeil, de
l’alimentation ou encore des écrans par exemple. Je pense aussi qu’il faut
imaginer dans les crèches, les PMI, etc., des espaces d’accueil pour que les
parents se sentent à l’aise et en confiance pour échanger avec les
professionnels, tant ce sont des lieux très privilégiés du soutien à la
parentalité. Par ailleurs, une multitude d’informations de qualité peuvent être
transmises via l’affichage.
> Depuis le rapport « A la recherche du temps perdu », il
y a eu une prise de conscience générale sur les dangers d’une surexposition aux
écrans.
Une certitude : il ne faut pas exposer un enfant aux écrans entre 0 et 3 ans.
En tout cas, pas de façon répétée et régulière. Dédramatisons également : un
parent qui fait une Visio, de temps en temps, avec son enfant parce qu’il en
est éloigné, ne le met pas en danger !
Mais, il y a des lieux conçus pour les enfants (lieux d’accueil, salles
d’attente de pédiatres, espaces aménagés dans les gares, etc.) et ces lieux-là
doivent être exemplaires et apporter des alternatives aux écrans (aménagements
spécifiques, jeux, livres etc.)
C’est en réflexion, mais oui, personnellement, je suis favorable à ce que, dans
ces lieux les écrans soient interdits. Cela pose un cadre. Mais cela ne
signifie pas que j’accuse les professionnels de l’accueil du jeune enfant !
> Aux professionnels de la petite enfance qui se sentent,
en ce moment, un peu abandonnés de dis deux choses. Avec ma casquette de maman
: merci. Ce sont les premières personnes que l’on voit le matin et les
premières que l’on a envie de retrouver le soir pour savoir comment s’est passé
la journée. Ils ont une place immense dans nos vies.
Avec ma casquette de haute-commissaire : les professionnels de la petite
enfance peuvent et doivent prendre la place légitime qui est la leur. Nous
devons accompagner la reconnaissance et la valorisation de ces métiers et de
ceux qui les exercent. Et ce, en montrant leur qualité professionnelle et la
qualité de nombreux projets d’accueil innovants.